My Hero Academia RPG
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Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Victoire au goût amer + Bakugo
Mer 15 Mai - 17:23
L’air froid brûle ses poumons chaque fois qu’il foule l’un des immenses terrains d’entrainement de l’U.A. Pourtant, l’adrénaline se répand comme une trainée de poudre prête à exploser à la moindre provocation, au moindre geste trop brusque qui se mettrait en travers de son chemin. Il était devenu moins rare de voir Shinsou en compagnie d’élèves des classes héroïques que de constater l’absence d’un certain blond cendré. Et si le malaise occasionné par les derniers évènements de l’affaire Bakugo était fort présent, celle de ses apparitions intempestives dans son champ de vision et de son air plus renfrogné que jamais l’agaçait encore plus. Le violet s’était demandé s’il était normal de n’avoir que très peu de compassion à l’égard d’inconnus, ce qu’était l’explosif à ses yeux, hormis cette célébrité gagnée lors du festival et leur toute première altercation les premiers jours de leur rentrée scolaire… Bakugo Katsuki restait un parfait membre de foule, aussi criard soit-il dans sa démarche, ses cris et ses détonations. Mais alors, cet alter puissant, certes, avait été pris pour cible pour l’entièreté du personnage et le blasé s’était plus reconnu en ce vilain qu’en Bakugo. Il avait été difficile de s’identifier à lui en tant que futur héros, cependant, en tant qu’individu, cela aurait pu arriver à n’importe qui. Les réactions auraient été diverses, celle du blond avait été exécrable de prime abord…. Oui, seulement au premier coup d’œil. La compréhension que Shinsou en avait lui faisait réaliser à quel point il aurait été mauvais pour lui de croiser l’étudiant dans sa vie, à quel point elle aurait pu mal tourner s’il avait eu le malheur d’user de son alter sur lui pour soumettre ce caractère dissident et bien trop autoritaire pour qu’il s’y soumette. L’idée l’avait fait frissonner et serrer les dents. Avait-il un comportement de vilain ? Il se le demandait trop souvent. Mais il n’œuvrait pas malgré ses sombres idées, il restait là à s’entraîner et profiter de l’air frais qui venait mordre ses joues.

Bouger avec ses bandelettes le rendait impossible à capturer à moins de s’en approcher. Il devait encore apprendre à les gérer et partager le terrain lui imposait de régulièrement bouger pour ne pas se faire écraser parmi tant d’autres possibilités de mort ou de blessure imminente selon l’alter. Bien entendu, il y aurait des soins dans le pire des cas. Tomber, se faire mal, récolter bleus, courbatures et pansements ne lui avait jamais fait peur. En ce sens, il pouvait comprendre ceux qu’il méprisait. Mais eux n’avaient pas fait l’effort et voir la tête blonde sur le banc de touche avait quelque chose de satisfaisant. Il l’avait toujours été, lui, brimé par des chants peu glorieux attendant le plus petit des écarts pour confirmer l’étiquette collée dans son dos où se lisait « vilain ». Son sourire n’avait rien d’aimable par ailleurs et il ne l’arborait pas souvent. Mais aujourd’hui, durant une longue pause, il allait peut-être se permettre d’apprécier le changement. Montrer une forme de compassion, il ne le ferait pas, parce que ce ne serait pas totalement sincère et également parce que ça ne rendrait pas service à l’explosif. D’ailleurs, Shinsou l’imaginait mal accepter le minimum de gentillesse dont il aurait pu faire preuve.

Accroché par l’une de ses bandelettes, il dérive légèrement, voguant dans les airs jusqu’à glisser d’un mur pour atteindre ledit banc. Il avait soif et même si ce n’était qu’un prétexte, le geste joignit la pensée. Dans le silence de leurs deux auras s’affrontant et se jaugeant, le nouveau dans le cursus ne porte d’abord aucun regard à celui qui est à deux pas de lui. Extrêmement proche, peut-être trop, il adopte ce comportement en connaissance de cause. L’appât avait été lancé et il ne restait plus qu’à le faire mordre…

L’eau coule, dans un bruit rassurant, il encapuchonne sa bouteille, puis la garde entre ses mains, les yeux rivés sur le terrain. « Ni coups ni goût de poussière, aucune anticipation, juste des tentatives de prédictions quand on essaie de se mettre à la place de ceux qui sont sur le terrain. Je dirais bien que je n’imagine pas ce que c’est que d’être à ta place, mais c’est faux. Sauf que toi, tu ne sais rien faire sans ton alter »
Shinso Hitoshi
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Jeu 23 Mai - 15:31

Victoire au goût amer
ft Shinso Hitoshi

°°° What it means to lose °°°



Sur les différents terrains d'entraînement, des membres des trois classes de seconde s'exercent et s'affrontent.

Dans le vacarme qui résulte d'un tel déchaînement de pouvoirs, manque le tonnerre familier de géantes explosions. La tête brûlée de 2deA, Bakugou Katsuki, toujours prompt à attirer l'attention et clamer la victoire, ne se trouve pas au centre de l'action. Depuis une semaine, les pétarades et les aboiements braillards se sont tus. Les rumeurs, elles, ont gonflé. Certes, tout le monde ne se soucie pas du sort du blond survitaminé et de son sale tempérament. Les gens ont une vie, et parfois, le bon goût d'éviter les troubles fêtes. Mais quand on est le major de l'examen d'entrée de sa promotion et le numéro 1 d'un grand festival sportif nationalement retransmis, c'est une mauvaise idée d'avoir une soudaine absence, de revenir gravement blessé, d'être interdit de pratique. Difficile de passer à côté des bandages qui entourent les mains de la petite terreur, rendant toute sa stature de brute bâtie pour l'action inutile en l'absence de son alter. Les poupées de gaze l'empêchent de bouger les doigts et il n'est pas question de se battre, ni même d'écrire lui même ses cours, et même porter son plateau au self s'avère une épreuve pour l'adolescent qui semble échanger les explosions de nitro contre des chapelets de jurons plus vulgaires encore qu'à l'ordinaire. Ses camarades, malgré le risque, se sont évidemment proposés pour l'aider à prendre ses affaires et lui faciliter la vie, mais ont été repoussés par des menaces de mort (rien d'étonnant) et un comportement frôlant l'hystérie (déjà plus inquiétant) qui a découragé la plupart d'entre eux d'insister, plus pour éviter de blesser davantage sa fierté que par peur des représailles. Il est manifeste que sans son alter, Bakugou n'a que ses cris et sa hargne pour éloigner les autres ; et dans sa classe les élèves ont la bienveillance de ne pas l'humilier en le mettant face à son impuissance. Quand à Kirishima, il semble qu'il n'ait pas suivi cet avis et ses interactions avec Bakugou sont rares en public ; mais il n'hésite pas à s'avancer et l'aider quand il est en difficulté, ou à intimider quiconque aurait le front de se moquer de lui. La tension est palpable entre eux et loin de le remercier, l'égocentrique l'ignore et ravale son amertume, et on pourrait croire que le faux roux est responsable de son état aux regards meurtriers qu'il lui lance.

Dans ces conditions, il aurait mieux valu que l'étudiant explosif soit arrêté plus longtemps, mais on peut supposer qu'il a refusé tout repos ; en dehors du week end son absence n'a duré que deux jours avant qu'il ne ressurgisse en cours, exténué, affaibli et sur les nerfs. Tout le monde sait que les mains de Bakugou sont, basiquement, son alter. Ses plaies, et le temps de guérison inhabituellement long alors que Recovery Girl l'examine interrogent. Pressé de question, il a fini par lâcher qu'il s'était stupidement blessé en forçant sur son alter, mais ça n'a pas convaincu grand monde.

Katsuki ne fait guère de bruit. Il est bien trop calme. Quand on claque toutes les portes qu'on ferme, qu'on prend toute la place et qu'on est toujours le premier intrépide à crier de toute la puissance de ses poumons qu'on va gagner et que tous les autres sont des nullards, soudainement passer en mode silence radio, c'est le meilleur moyen d'attirer l'attention, quelle que soit la volonté de se faire discret. Paradoxalement, le blond cendré fait les frais de son assurance. Il a toujours été une telle nuisance sonore que son soudain changement est un soulagement pour beaucoup.

Et les langues s'agitent, et la rumeur gonfle.

On dit qu’il aurait été battu par un vilain. On raconte qu’il a failli y passer. On parle d’enlèvement, et même de torture. Ceux qui croisent l’adolescent vindicatif dans les couloirs ont du mal à le croire. Il n’a été absent que deux jours ; et il semble toujours déterminé et plein de rage, donc tout va bien… Il faut mieux le connaître, ou bien l’observer, pour voir qu’outre une humilité qui n’a rien de naturelle chez lui et qui le pousse à fuir l’attention qu’il a toujours briguée, son comportement est plus altéré qu’il n’y paraît.

Le problème, avec Bakugou, c’est que la plus simple défaite pourrait produire amertume, ressentiment et ce cocktail délétère. Son égo est très développé, sa susceptibilité se heurte à la moindre éraflure, alors prêter foi à ces rumeurs…
Pourtant, il fuit les confrontations, quittant les lieux avant d’exploser. Garde les murs dans son dos. S’assied face aux entrées. Semble trop éveillé malgré les cernes qui bordent ses pupilles nerveuses.

Et on parle d’une vidéo sur le net, une vidéo interdite et inaccessible, où un vilain malmène et humilie le blondinet jusqu’aux portes de la mort. Un disciple de Stain, un sans alter, un fou au masque à gaz… Ceux qui prétendent l’avoir vue, ceux qui inventent, répètent ou amplifient les sévices, et ceux qui trouvent cela ridicule… Les discussions vont bon train et peu à peu tous s’accordent à dire que, quelle que soit la vérité, quelqu’un a manifestement donné une leçon au petit roquet de 2deA, assez violemment pour qu’il l’écrase un peu. Et comme il est en vie, qu’il n’a perdu l’usage de son alter que momentanément et qu’il ne parlera de toute façon pas de ce qui s’est passé, pour la masse des gens qui n’a qu’une idée vague des événements… il était peut-être temps que quelqu’un le remette à sa place.


Bakugou se tient à l’extrémité nord du terrain, près de la sortie. Assis par terre jambes écartées, ses affaires avec celles de camarades sur le banc derrière lui qui lui sert d’appui. Ce n’est pas le meilleur poste d’observation ; il se trouve sur la largeur et proche du coin, ce qui signifie que sa vue en diagonale ne lui permet pas de distinguer chaque action de façon panoramique ; mais il peut saisir tout d’un seul coup d’oeil et c’est ce qui lui convient actuellement, malgré le manque de lisibilité.

Peu d’heures de sommeil ; il ferait mieux de rentrer vu le début de migraine, étau qui lui enserre les tempes, mais il s’acharne à suivre les mouvements des combattants de ses petits yeux rouges. Il est conscient de prendre un retard colossal et terrifiant. Être privé de pratique pendant une semaine ressemble à la pire punition qu’on puisse lui faire subir ; observer ses camarades de classe travailler, progresser sans lui lui noue les entrailles. Au moins, il doit apprendre un maximum de leurs stratégies, leurs lacunes et leurs éventuelles faiblesses pour les exploiter dans de futurs matchs. Les premiers jours, il n’avait pas le coeur de mettre les pieds ici ; à ce moment, il n’était pas encore sûr de retrouver l’usage de son alter. Il s’applique à ne pas repenser à cette sombre période et au désespoir profond qu’il a ressenti.

Recovery Girl lui a finalement promis une guérison progressive ; sa technique habituelle, en créant un tissu cicatriciel en accéléré, risquerait de boucher ses glandes sudorifères. Autrement dit, il faut respecter un subtil mélange de soins traditionnels à bases d’onguents et de gras, et des interventions mesurées chaque jour… Les autres plaies ont disparu, ne laissant que des cicatrices, mais pour ses mains, c’est une question de jours avant de passer des poupées qui immobilisent totalement à des bandages un peu plus souples. L’insensibilité laisse peu à peu la place à d’horribles démangeaisons et des sensations de brûlure : très pénible, mais c’est bon signe. D’ailleurs, il n’a jamais eu autant envie de se gratter que depuis que ses deux bras sont en écharpe.

Parmi les élèves, un nouveau a retenu son attention. Des bandages offrent à Shinsou Hitoshi une étonnante agilité, et son style de déplacement, lié à cette arme, permet de deviner aisément qui est son mentor. Le grand maigre exhude, dans l’aisance avec laquelle il manie sa technique et sa vitesse de déplacement, la jouissance d’une puissance, d’une liberté nouvelle, d’un potentiel qui se découvre à lui même et est heureux de parader parmi les fameux héroïques. Il n’a pas fallu longtemps pour que l’oeil acéré du blond se fixe sur lui et qu’il cherche avec difficulté dans sa mémoire où cette sale tronche d’opossum a été enregistrée. Cela revient. Il ne savait pas qu’un transfert avait finalement eu lieu ; et c’est avec un mélange de perplexité et de curiosité qu’il a observé l’entraînement de l’ancien élève de générale. Bakugou avait déjà développé un intérêt pour les techniques des autres après la rentrée ; avec son incapacité il ne peut pas faire grand chose d’autre que les observer pour progresser et il risque de virer comme Deku si ça continue… S’il pouvait écrire, il aurait sans doute déjà pris des notes ; heureusement sa mémoire, lorsqu'il se concentre, est assez excellente pour qu’il enregistre et classe toutes ces informations.

Le combattant blessé suit Shinsou du regard et devine son arrivée imminente ; il se retient de sauter sur ses pieds, action qui s’avèrerait difficile sans pouvoir prendre appui sur ses bras dans la position, décidément peu adaptée, qu’il a choisie. Avec ses abdominaux, il pourrait y arriver, mais la perte d’équilibre équivaudrait à une ouverture et l’instinct lui dicte de juste rester plaqué là, tous les muscles tendus et prêts à se battre.
Bam, l’autre atterrit, proche, très proche, farfouille en quête d’une bouteille. Il ne regarde pas Bakugou, mais ce dernier, lui, concentre toute son attention sur les jambes et la silhouette au dessus qui flotte, à droite de son champ de vision. Le reste s’obscurcit légèrement. Son souffle s’est un peu raccourci.

Son corps lui envoie, à coups d’adrénaline, des signaux “prêt à l’attaque”. Comme souvent ces derniers temps, il doit se concentrer pour écouter à travers le sang qui semble bouillonner dans ses oreilles et ralentir consciemment son souffle pour éviter à son coeur de s’emballer. Il sait que le danger est relativement faible : ce n’est pas un vilain ; mais son organisme n’est pas de cet avis. Avec recul, c'est presque un soulagement qu'il soit actuellement sans alter car dans cet état il serait peut-être un risque pour les autres, incertain d'avoir des réactions mesurées ou rationnelles quand il se sent menacé. Il a l'air plus calme, oui, mais intérieurement son impulsivité semble avoir débordé toutes ses limites. Comme si chaque abruti qui l'approche ou fait un geste brusque était en fait Tsuyo et qu'on lui criait "Putain mais bouge toi ! Attaque avant d'être encore pris de court !". La puissance de ces instincts meurtriers a quelque chose de terrifiant. On lui a souvent reproché sa violence mais c'est la première fois qu'il redoute d'aller trop loin et de se voir retirer ses chances d'obtenir son diplôme. Il faudrait qu'il en parle au psy, mais l'adolescent craint qu'on le juge inadapté, il n'est pas fou, il est maître de lui, il est capable de se contrôler.

Tandis qu’il s’efforce de regarder droit devant lui et de masquer la suée qui, soudain, colle sa chemise contre sa peau entre ses omoplates, l’autre finit de boire, puis contemple le spectacle devant eux et lui adresse la parole.
Il était là le jour avant le championnat sportif. Venu les défier ; prétendant que ceux de générale pouvaient gagner leur place en héroïque, et que les désignés héros pouvaient aussi perdre la leur.
Ces types là n’ont aucune importance, tant qu’on est au sommet.
Voilà ce qu’à répondu le "porte-parole" de la 2deA. Et maintenant le revoilà, ce grand type avec sa tronche de punk, qui s’était fait battre par Deku.

Ses premiers mots sont calmes, dits d’une voix grave et souple, de simples observations. Ce qu’il décrit… est la position actuelle de Bakugou, amenant automatiquement les pupilles vermillon sur lui. La frustration, il la résume en quelques mots, les efforts de projection également. Il les compare ; témoignant de l’époque où il n’était encore qu’en générale et n’avait pas le privilège de s’entraîner sur ce terrain. Et puis cette feinte empathie vole en éclat quand il assène, insultant, sa dernière phrase, un mini missile conçu pour blesser l'égo de sa cible.
Il faut quelques secondes pour que le blond percute et que ses yeux s'écarquillent, alors que revient une voix froide et cruelle, détachée et insistante, qui a clamé son impuissance.
La sensation d'immobilisation de ses mains devient insupportable. Contre les recommandations du médecin, le garçon sort ses bras de leur atèle et les place de chaque côté de son corps pour respirer. Il hait ces liens qui rappellent ses pires souvenirs. Ce n'est pas vrai, ce que prétend ce nouveau rival, mais ça n'empêche pas qu'il le ressent dans son corps. Son alter est sa marque de fabrique, sa fierté et son identité. Pour lui c'est une aptitude aussi naturelle que de parler ou de marcher. Il se sent incomplet et vulnérable et aucune rationalisation ne peut supprimer ce sentiment de mutilation dans ses entrailles.

Ça pourrait être une simple pique méchante de quelqu'un ravi d'appuyer où ça fait mal, profitant de sa blessure pour rabaisser celui qui n'a jamais caché son complexe de supériorité. Mais les mots sont bien choisis, trop précis, et à la remarque venimeuse il se tend et lance au jeune homme qui le surplombe et ne daigne pas le regarder une œillade où se mêlent rage ravalée et incompréhension.

Il ouvre la bouche un instant, mais retient sa voix, ne crie pas. Prend une longue inspiration sifflante, expire par la bouche, le souffle inaudible. A nouveau il observe les apprentis héros qui pratiquent sous leurs yeux, et eux isolés hors de cette mêlée. Celui qui a échoué l'examen d'entrée parce qu'il ne pouvait pas affronter des robots, lui, il peut y retourner à tout moment.

Alors que chaque nerf semble décidé à tendre son corps comme si cette agression était une atteinte à sa vie, il se répète qu'il s'agit là d'une simple revanche, basse, mais il n'irait pas prétendre qu'il est au dessus de ça. Il n'a jamais voulu se soucier de l'avis de ceux qui étaient en dessous de lui et il savait qu'il se faisait des ennemis.

Il ne répond pas tout de suite.

“Je sais me battre sans mon alter, quand je peux bouger les mains. Tu ne pouvais pas en dire autant il y a quelques mois. J'ai vu ton match. Toutes ces provocations et tu n'étais même pas capable d'endurer quelques coups sans te faire sortir du ring ? C'était pitoyable.”

C'est vrai. Il trouve ça minable de prétendre à la compétition et de ne pas être prêt. Mais il efface le pli méchant de sa bouche et lève les yeux vers le jeune homme, la sanguine de son regard se diluant, plus claire comme elle reflète les lueurs des spots.

“Mais on change, j'imagine. Ces bandes, c'est l'arme de capture d'Aizawa ? C'est une bonne combinaison avec un alter comme le tien. Beaucoup se contenteraient d'un rôle de support mais tu vas vers un style offensif. Je trouve ça intéressant.”

Comme on tourne une page, son visage maussade passe de son habituel air mauvais à une incertitude. Peut-être l'ennui que lui cause le fait de discuter peut être interprété comme du mépris, mais derrière la voix traînante, les regards sont nerveux. Le comportement nouveau, admettre brusquement les qualités de l'autre, semble le mettre mal à l'aise par manque d'habitude.
Il vient de laisser passer une insulte et de montrer patte blanche. Dans son langage, c'est faire preuve de faiblesse. Mais il le fait pourtant.
La vérité, c'est qu'en ce moment, il ne se sent nullement au dessus de l'ancien élève de générale. Sa réussite est une preuve de plus que ses vieilles croyances sur un monde figé de gagnants et perdants nés sont fausses. S'il est honnête avec lui même il est impressionné, voir choqué que cette grande asperge mollassonne ait pu acquérir ce degré de maîtrise d'un équipement aussi spécifique en l'espace de si peu de temps. Sur le plan physique et technique il n'est plus la même personne. Comme le nerd, la vitesse à laquelle un tel amateur rattrape celui qui s'est entraîné toute sa vie pour dominer au combat a quelque chose de terrifiant. Il a l'impression de faire du surplace quand les autres fusent dans l'espace et son cœur se serre à l'idée d'être dépassé, d'être laissé derrière.

Le collégien qu'il était se serait sûrement moqué d'un alter de manipulation. Il se serait mis en avant comme héros né face à quelqu'un qui n'avait qu'un alter de vilain. Parce que ce qui n'est pas physique, visuel, spectaculaire n'est pas populaire. Parce que la ruse et l'intellect ne sont pas virils, bons pour les serpents, les nuisibles, les faibles qui rampent pour s'écarter face à l'éclat des lions. Ces valeurs n'ont rien de nouveau. Elles continuent à modeler une société injuste sous une apparente noblesse.
Mais Bakugou n'a plus envie de rentrer dans ce jeu puéril. Le garçon est loin d'être mature mais il est temps qu'il abandonne des attitudes de poseur qu'il gardait par peur de paraître faible. Momo l'avait averti, à frapper les autres gratuitement pour protéger son statut, il risque de tout perdre.
S'il y a une chose qu'il a compris après sa cruelle expérience d'enlèvement, c'est qu'opprimer et rabaisser les autres ça n'a rien d'héroïque. Et malgré l'instabilité de son esprit, il essaye de faire mieux.
La violence lui a trop coûté. S'il est privé de son pouvoir, c'est parce qu'il a lui même blessé ses mains, aveuglé par la haine en apprenant qu'il s'était fait écraser par un vilain sans alter.
Une personne aussi stupide aurait peut être mieux fait de ne pas s'en sortir. Ce genre d'idées noires traverse son esprit. Mais il est là. Alors il faut qu'il devienne meilleur. Il n'a pas d'autre choix.

“Mon style de combat repose entièrement sur la puissance de mon alter parce que c'est mon point fort. Si j'orientais mon équipement et mon entraînement pour devenir plus polyvalent, je perdrais mon principal atout et je serais moins efficace. C'est une question d'optimisation.”
Il parle d'une voix sourde mais sur un ton détaché assez proche de celui qui est venu l'asticoter. Justifiant de ses choix stratégiques sans rabaisser l'autre, du moins il essaye. De sortir de cette compétition d'alters. Il sait que leur valeur comme individus n'est pas égale à leur pouvoir. Même s'il doit combattre le sentiment d'indignation que cela réveille en lui. Même si cela veut dire que ce qui sécurisait sa fragile estime de soi n'a soudain plus de sens.
Admettre la fin du règne de l'inné, du talent, veut dire qu'il n'a rien d'un élu et que rien ne le protège du gouffre de l'échec. Qu'il est responsable de ses inconduites.
Tu ne vaux rien sans ton alter.
C'est exactement ce qu'il ressent depuis une semaine. Peut être plus. Mais ce qu'il ressent et ce qu'il est n'est pas le plus important, s'il veut survivre.
Alors quand il répond, il parle de leur valeur de héros. Leur capacité de combat qui détermine leur utilité. Sur ce plan, ils sont égaux. C'est le message qu'il essaye de faire passer, en tout cas.
Mais proposer la paix dans un conflit que l'on est sûr de perdre, n'est-ce pas que de la mauvaise foi ?



Bakugou Katsuki
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Victoire au goût amer + Bakugo 19042108193839885


Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Ven 24 Mai - 13:06
Ça n’avait rien de prémédité, ce goût amer il l’avait toujours eu et le sentait encore frôler son palais et teinter ses victoires d’une certaine rancune persistante. Devenir un héros implique de faire des choix qui moralement ne sont pas ceux qu’il aurait eu tendance à faire. La confiance, l’ouverture d’esprit, la cohésion en équipe, une collaboration aux concessions pour le bien d’un groupe et non de soi. Mais plus que cela il y avait le fairplay et l’apport mutuels entre ces représentations diverses qui sont l’inspiration des graines de héros comme lui. Chacun a son propre motif. Le sien est né des « On dit » en désaccord avec l’avenir qu’il se dessinait lorsqu’il était enfant. Rentrer dans le moule, ça avait toujours été ce qu’on attendait de lui et il ne l’a jamais fait totalement, malléable d’apparence, il se forgeait un caractère de fer dans l’ombre, nourrissant des questions qui le faisaient danser d’un pied sur l’autre pour savoir où était la limite, s’il pouvait jouer avec un peu plus longtemps, si le fil qui la démarquait allait se briser un jour. On l’a craint dès lors que son don s’était manifesté, on s’est amusé à ne plus lui répondre, à lui faire jouer le rôle du vilain lorsqu’il n’y voyait là qu’un jeu d’enfants innocent. L’inconscient collectif poussant à l’isolement de tout ce qui n’est pas conforme dans une micro société. De classe en classe, toujours ce même schéma, ne plus lui répondre et retenir son souffle. On ne sait jamais, il pourrait attaquer à n’importe quel moment, malgré son assurance. La confiance devait être mutuelle, mais elle n’a jamais été présente et ce seul point avait marqué la plus grande erreur qu’il n’ait jamais commise au travers de son parcours malgré tout plus dégagé qu’il y a encore deux, trois mois en arrière ?

Sans alter, ou quasiment dès qu’on l’ignore. Quelles solutions ? Le combat ? Pourquoi faire lorsqu’on peut forcer un mot, un seul à sortir, rien qu’en provoquant à coups de mensonges ou de faits ? Utiliser l’esprit plutôt que la force, un crédo qu’il voulait creuser davantage, mais qui demeurait incomplet tant qu’il n’avait pas de moyen de parer ou d’égaler en combat sans. Un sans alter, inutile ? Non, mais la difficulté est insurmontable quand le seul point de vue d’un homme domine. Ce monde, ce symbole de la paix dont le volume à lui seul impressionne… il l’a fasciné. Égérie d’une société à pouvoirs. Un héros qui n’a jamais donné son point de vue et n’avait jamais été interrogé sur les alters psychiques. Pourquoi ? Ce n’était peut-être pas nécessaire à la population, mais lui voulait savoir. Il ne l’a pas approchée, observant ce rêve de ressembler à cette force de la nature se dissoudre dans une eau trouble et sombre. Il s’y est débattu longtemps avant que l’homme aux bandelettes ne le remonte par le col et fasse cogner son fessier sur le marbre rassurant d’un sol complètement sec inondé par la seule lumière d’un soleil aveuglant. La porte s’était ouverte sur un nouvel horizon et avec elle d’autres, claquaient qu’il n’avait pas tenté de forcer, même avec ce culot qu’on lui prêtait souvent comme caractéristique de son arrogance. Baisser les bras lui arrivait, douter était son quotidien et il le gérait plus ou moins dépendant de facteurs divers. Son interlocuteur ou adversaire, son humeur, ses aptitudes sur le terrain, des petits succès personnels débloqués à mesure de l’expérience qui le surprenaient plus qu’il s’y attendait.

Fouler le terrain immense était l’un de ces succès, mais le défi en lui-même ne faisait que commencer chaque fois qu’il mangeait la poussière où qu’il se remît debout pour parer, pour analyser, pour esquiver où rendre. Périlleuse était la mission, faisant pulser l’adrénaline et battre à tout rompre cet organe vital qui ne semblait pas actif à en juger son indifférence apparente. Il n’était plus sur le banc de touche et comme une revanche, il s’y était posé pour satisfaire un besoin entre deux cours. Une longue pause, agonie de rester là à ne rien faire… supplice révolu qu’il partage quelques secondes avec celui qui en a hérité pour quelques maudites journées encore. Ce n’était pas n’importe qui et sa connaissance sur le sujet restait limitée aux interactions, rumeurs et combats visionnés. Un personnage haut en couleur dont l’alter aussi puissant que sa voix portait lorsqu’il était d’humeur. Une irrésistible envie d’appuyer sur la leçon pour être certaine qu’elle avait été apprise, car sortir d’une agression il le lui aurait souhaité, cependant sans rien en retenir aurait été une perte de temps dans les deux cas. Les mots n’avaient pas été vains, il jugeait le cendré apte à en déduire le sens, qu’il s’agisse des siens où de ce vilain.

Ce qui détonne ne sera pas le bruit de l’explosion, inutile de craindre un chien en muselière, n’est-ce pas ? Pourtant, ce calme apparent est une surprise agréable au regard des améthystes luisantes qu’il posait sur lui. Un sourcil arqué, la réplique le heurte. Comparaison juste, précise. Shinsou esquisse un sourire dévoilant la rangée de dents droites dans son expression sévère. C’est un fait qu’il ne peut nier et qui blesse son égo autant que cette estime qu’il avait de lui. Il voulait y répondre. Mais le temps passe et les secondes se pressent jusqu’au moment où le 1-A tourne ses orbes d’un rouge estompé pour un échange particulier. Des compliments, un constat dont il ne doutait pas de l’intelligence, seulement de la formulation. Cependant, rien à redire et c’était bien là le problème. Où était celui qui promettait de tuer quiconque portait atteinte à son alter ? Au fond, tout au fond, il voyait bien cette lumière vacillante d’un feu qui crépitait pour tenter de survivre. Une cassure que le violet n’appréciait pas pour l’indésirable sentiment d’avoir agi stupidement, bien plus que cette entrave à son projet de toujours. N’était-il pas sensé prôner la supériorité de son alter celui-là ? Dans son agacement, le nouveau masse sa nuque et claque sa langue contre son palais en haussant les épaules. Flatté et pourtant mécontent, il soupire. « Disons que je n’inspire pas la sympathie ni la confiance et je ne tends pas à ce que ce soit le cas » autant être honnête, s’il avait effectivement eu cette démarche de soutien, il aurait possiblement occasionné plus de problèmes que de solutions et il préférait de loin mettre à profit les lames de rasoir qui venaient titiller les nerfs d’un adversaire qu’user ses partenaires à les angoisser de ses interventions. Dépendre d’un autre, c’était sans doute la pire des choses pour ne pas dire que c’était à l’encontre de ses principes. Il devait y parvenir seul pour ne pas devoir son ascension et réduire l’impact de son message.

« Quant au festival, je ne dirais pas que c’est entièrement la faute de la façon dont on perçoit mon alter qui a influencé ma façon de combattre, mais il y a de ça. Mais j’assume l’erreur d’y avoir cru aussi et je compte sur ceux qui le croient encore pour persévérer sur cette voie et m'avantager» tant d’années à croire exactement de la même façon que ce Bakugo Katsuki qu’il était supérieur et qu’il n’avait besoin de rien d’autre que de son alter pour y parvenir ? S’en convainquant jusqu’aux jours des examens où les robots à détruire étaient aussi gigantesques qu’infranchissables. Des murs qui se dressaient et qui l’ont arrêté dans sa progression, prévoyant un plan de secours en cas d’échec… c’était ce qu’il avait fait. Mais l’humiliation avait été aussi grande que son manque de jugeote en matière d’héroïsme. Il y avait quelque chose de commun à leurs caractères qu’il ne s’expliquait pas vraiment. Faire ami-ami avec ce type ? Il ne voulait pas de tous ces joyeux et inconscients élèves pleins de bonnes volontés et voilant des objectifs personnels derrière l’entraide et l’altruisme qu’il ne possédait pas. Alors celle d’un adolescent qui une fois son alter retrouvé n’en ferait qu’une bouchée ? C’était encore plus fou. La confiance, une fois encore, il ne la lui accorderait pas.

« Une question d’optimisation… » répète l’étudiant, le dos droit, les mains toujours autour de sa bouteille, il regarde en l’air, semble chercher un écho lointain à cette affirmation. « Il est vrai que pour un alter comme le tien, ça ne semble pas nécessaire. Mais dans l’idée, si tu n’es pas en mesure de l’utiliser, il te faut un plan B » ce n’était pas un reproche, lui-même avait fait l’erreur. Cette considération manquante pour le non-emploi d’alter était une faiblesse chez tout héros et en devenir. Ses yeux reviennent sur les bras emprisonnés du blond, caressant du regard le tissu abimé et pourtant propre de son interlocuteur à l’aura sombre. Là où il cherchait la confrontation démesurée, il n’obtient qu’un reflet et le dilemme se pose entre calmer ses propres ardeurs du fait qu’il y ait une mise à jour 2.0 de l’explosif où s’indigner de ne pas avoir plus d’action, d’être satisfait quelque part. Il n’avait rien contre l’idée d’être l’initiateur de la conversation, ça ne le perturbait pas tant, habitué à manipuler, rusé comme un serpent, pourtant désireux de muer en quelque chose de plus… glorieux ? Ça n’arrivera jamais, contrairement à ce type. La jalousie demeure, Katsuki progresse, même quand il se noie, lui.

Assis sur le banc, il se laisse glisser pour être à la hauteur de son homologue, déposant la bouteille entre eux. Un geste, un seul, qui n’est pas dans l’agression ou le mépris d’indifférence qu’il offre habituellement.
Shinso Hitoshi
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Sam 25 Mai - 0:40

Victoire au goût amer
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La première réponse du nouvel élève, qui semble déconcerté par le manque de répondant de l'explosif, justifie de son choix offensif par une inaptitude au travail de groupe.
Les autres ne lui font pas confiance avec son alter... Compréhensible. Du moins, à leur âge. Chez des héros expérimenté, la capacité de Hitoshi pourrait valoir de l'or si elle était bien exploitée. Il représenterait un side-kick très utile avec le bon partenaire ou un membre précieux pour une équipe sachant exploiter des aptitudes complémentaires. Du moins, dans une agence qui ne se soucierait pas de l'aspect impopulaire de son alter. La plupart des usages qui traversent l'esprit du blond sont stratégiques et tirent parti de la confusion d'un champ de bataille. Mais vouloir agir en solo, c'est plutôt couillu de la part de l'insomniaque et c'est cette ambition qui suscite son approbation et sa curiosité. Il se rappelle du mordant de leur première rencontre et cette volonté de s'imposer et de montrer ce qu'il vaut n'a semble-t-il pas quitté l'ancien élève de générale.

Il repense au match ; l'autre ne nie pas son incompétence d'alors, mais il a du mal à comprendre la justification qu'il lui donne. La façon dont les autres voient son alter a influencé sa façon de se battre ?
Un léger pli apparaît entre ses sourcils. Il ne connaît pas bien ce type, tout ce qu'il a c'est ce combat d'alors et son aptitude d'aujourd'hui.
Peut-être qu'il veut dire par là qu'on avait tendance à le sous-estimer. En même temps, il vient d'affirmer qu'on se méfiait excessivement de lui...
Ça a l'air d'être un mec compliqué, pétri de contradictions. Il a amorcé la conversation avec méchanceté et on dirait à présent qu'il se retrouve pris au piège, forcé de la poursuivre de sa voix basse, lente, ennuyée.

Sa dernière explication sur son alter semble le faire réfléchir. A travers lui, Bakugou répond à bien d'autres questions, certaines qui lui ont été rabâchées, d'autres sous-entendues avec mesquinerie, et enfin, celles qu'il s'adresse à lui-même. Tout revient toujours à cette question d'alter, et bien longtemps, il n'a pas voulu en entendre parler. Il n'a pas voulu discuter.
Maintenant encore, il pourrait éviter le dialogue, éviter les questions, éviter tout ce qui fait mal à son égo et à son statut de gagnant supérieur à la moyenne. Le nouveau-venu semblait chercher un défouloir à sa frustration... Un besoin que le blond peut comprendre. Un besoin de petite frappe, en fait. Il aurait pu lâcher la bride à son propre désir d'agression, réagir à la provocation et trouver l'occasion pour un combat comme il l'a toujours fait. Relâcher la violence est jouissif. Ne pas avoir d'inhibition... C'est la base de son fonctionnement. Mais l'occasion est passée. Et quand on se bat pour des choses qui n'en valent pas la peine, quand on suit juste son instinct, on brise plus de choses qu'on ne peut réparer. Parfois, pour ne pas perdre, mieux vaut ne pas combattre ?
Mais au fond, quand sa raison fait taire la peur et la paranoïa qui lui donne envie de mordre, ce qui l'envahit, ce n'est qu'une immense lassitude. Concrètement ? Il n'a pas l'énergie.
La réponse de Shinso sur sa question d'optimisation le fait ciller. Clair et précis ; il n'est pas forcément d'accord avec ce qu'il dit, mais il ne trouve pas de sous-texte moqueur dans ses mots.
Des situations où il ne pourrait pas utiliser son alter... S'il subit le pouvoir de quelqu'un comme leur professeur. S'il est blessé aux mains. Si ses mains sont enfermées dans un goulot de métal.
Il déglutit.
Son alter est très puissant. Mais il est intégralement concentré dans ses paumes. Les pouvoirs de Deku, de Kirishima ou de Yaoyorozu, en comparaison, sont difficilement mutilables. Lui fait partie de ceux qui peuvent voir leur alter détruit. Il ne peut laisser personne remettre la main sur lui. Il ne se fera plus capturer. Il est bien trop vulnérable. Il a bien trop à perdre.

“Mon équipement optimise mon timing pour que je puisse faire un max d'explosions. En stockant la sueur, j'ai deux giga-explosions d'avance dans chacun de mes brassards, et j'ai quelques grenades de lancer... Le tout sans activation de mon alter. C'est sensé me donner la marge nécessaire pour réagir à un pouvoir bloqueur d'alter, et pour le reste, je compte sur mes aptitudes physiques.”
Il est extrêmement athlétique, il faut ça pour endurer le recul de ses explosions et ses acrobaties. Mais c'est vrai que depuis son plus jeune âge, il n'a jamais fait grand cas de la règle qui interdisait l'usage de l'alter ; dans les bagarres, il ponctuait ses attaques d'explosions. Frapper d'une détonation et puis porter le coup dans la foulée, c'était sa marque de fabrique. Sans l'alter, ça serait moins efficace, mais il a confiance dans son instinct du combat.

Le grand dadais se laisse glisser à côté de lui et pose la bouteille entre eux. Allons bon. Il ne veut donc pas retourner s’entraîner et profiter de son privilège fièrement acquis ? Bakugou ne sait pas s'il doit se détendre, ou se sentir plus menacé par cette proximité accrue. Son regard saute du terrain au jeune homme désormais installé juste à côté.

“Un plan B, je vois pas... A part la fuite ?”
Il dévoile généreusement sa dentition dans un sourire amer. Sa voix sourde résonne du mépris pour lui même, de la défaite intérieure que représentent ces paroles. Lui, suggérer la retraite, l'abandon ?
Le grand Bakugou, qui dit qu'un héros peut reculer face à l'adversité ?
Il ferme les yeux et vient appuyer sa nuque sur le rebord métallique du banc, sentant la fraîcheur se plaquer contre la racine de ses premiers épis.
S'il avait eu le bon sens de s'éloigner quand le vilain l'a blessé au bras et a utilisé le fumigène, au lieu de chercher la confrontation par excès de confiance en ses capacités, Tsuyo n'aurait pas pu le capturer.
Peu importe combien il veut ressembler à All Might. Lui n'est pas invincible. Il n'est pas immortel.

Eijiro dirait que c'est raisonnable de prendre la fuite quand la bataille est perdue, pour pouvoir remporter la guerre. Qu'ils sont des héros en apprentissage. Que leurs failles d'aujourd'hui sont leurs forces de demain.
Mais lui hait cette vision, cette réalité, cette impuissance.
Vouloir, c'est pouvoir. Croire, c'est réaliser. Et quand on affirme qu'on est le numéro 1, on n'a plus d'autre choix que d'y parvenir.
En se laissant aller à admettre combien il est faillible, il voit s'écrouler le chemin de la victoire, sa volonté inébranlable. Eijiro dirait ces choses, mais Eijiro est celui qui l'admirait pour son ambition sans compromis.
Qui va l'admirer, maintenant ? Même ses ennemis préfèreraient qu'il soit fier pour disposer d'un adversaire à abattre.



Bakugou Katsuki
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Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Mar 28 Mai - 4:31
L’interrogation qu’il lit dans son regard au-delà de la méfiance, Shinsou s’en délecte bel et bien et l’admettra sans honte. Un alter de vilain lui avait-on répété, pourquoi ne pas lui en donner l’aspect après tout ? La gentillesse fait moins peur que le sarcasme et les réactions sont bien plus rapides quand le sang bouillonne. Mais rien. Celui de Bakugo Katsuki est une mère morte où les vagues forment un motif lisse à la surface comme une paroi glacée impénétrable.  Son alter, il avait beaucoup trop compté dessus et s’était laissé voiler par cette définition parfaite et infaillible que représentent les héros. Mais sans lui, il persiste, d’autres voies s’ouvrent, plus périlleuses et renforçant d’autant plus son mental déjà amoché par les mœurs.  Sans son alter, il n’avait pas été en mesure d’endurer les mots, d’endurer la violence et le violet savait qu’il n’était pas en droit de juger. Comment aurait-il lui-même réagi ? Ça n’avait cependant pas lieu d’être, cette cible qu’il avait été… c’était un choix de la part de Deadline. Judicieux dans la mesure où le manque de contrôle avait rendu ce garçon fou. Si sûr de lui lors de leur première rencontre, il était maintenant réduit au silence. Un confrère, un possible partenaire ? Ce n’était qu’une ombre, une tâche qui le faisait retrousser sa lèvre légèrement, ses yeux en amande presque rieurs.

« Ton équipement, tu ne l’as pas forcément lorsque tu es en civil et encore plus en étant étudiant. Et ça, c’est quand il n’est pas à moitié détruit. Quant aux grenades, ce sont des diversions, question de timing donc ? Ton plan B c’est fuir sans ces conditions ? » c’était une perspective intéressante, mais elle n’égalait pas la sienne, puisqu’obligée de compenser son attrait surhumain par une mobilité amplifiée grâce aux bandelettes d’Aizawa… il s’était demandé si agir comme un sans-alter n’était pas une solution en soi. Leur professeur lui avait fait passer ce test de lancée de balle avec et sans alter. Pour Shinsou il n’y avait pas grande différence et il n’avait pas été le seul dans ce cas. Son professeur avant lui s’y était sans doute confronté. Comment s’en était-il sorti alors ? La première fois, en essayant de toutes ses forces. La seconde, en calculant. La troisième, en utilisant ses bandelettes. La différence ? Les deux derniers avaient révélé deux compétences distinctes : anticipation et précision. Les deux combinés ou alternés rendaient Shinsou moins prévisible et de ce fait il obtenait l’avantage seulement en réfléchissant. Il ne rivalisait pas avec l’alter de Bakugo sur la puissance ni son entraînement acharné au corps à corps, mais ça ne l’empêchait pas d’être le gagnant. Enfin… dans la mesure où il y avait affrontement, mais le cendré s’était résigné à calmer son jeu, le faisant soupirer d’inconfort.

« Je n’arrive pas à comprendre » son regard avait suivi les combats éclatant un peu partout sur le terrain, mais ce n’était qu’une façon de revenir un peu plus sur la silhouette tassée sur le côté. « Qu’un individu, selon son alter puisse légitimer une supériorité, quand en réalité privée de son jouet il n’a rien d’exceptionnel » c’était assez direct pour quel l’explosif le prenne pour lui, mais ça n’était pas son but premier. « Et l’ironie c’est qu’une fois ce privilège injustifié retiré, on remarque tous les petits défauts qui sont passés à la trappe et qui ne sont plus tolérables. Exactement comme quelqu’un jugé insignifiant dès le départ, mais la méprise reste présente » il passe une main contre sa nuque, remonte lentement en penchant sa tête, quelques mèches passant entre ses doigts. « Je ne comprendrais jamais cette hypocrisie de hisser quelqu’un au sommet pour des raisons aussi superficielles puisqu’une divergence se créera forcément au niveau des attentes et de cette soif de pouvoir. Encore moins comment l’erreur peut n’être incombé qu’à l’idiot qui a accepté de profiter de quelques instants de gloire » il dérivait beaucoup, il accusait le coup à la fois du côté de son interlocuteur et de ceux qui, tout comme pour lui se sont permis de le juger. Mais bonne ou mauvaise étiquette, le résultat est le même : ce n’est qu’un leurre et s’en détacher au plus vite reste le meilleur moyen de ne pas finir en morceau, que ce soit écrasé par le poids du jugement ou par la chute du haut du piédestal. L’idiot par ailleurs, comme les gens sont aveugles et il a en horreur de commettre des erreurs, mais les voir venir et ne pas être en mesure de les assumer est à son sens plus inconcevable encore. Il lui disait autrement : je n’arrive pas à comprendre comment tu as pu y croire.
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Mar 28 Mai - 16:18

Victoire au goût amer
ft Shinso Hitoshi

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Il plisse les yeux, agacé par cette insistance sur le cas "sans-alter", particulièrement sensible puisque c'est temporairement sa situation. Le point de vue qu'il défend lui parait parfaitement raisonnable : il a construit son image et sa stratégie de héros autour de son alter. C'est un fondement évident et l'autre a beau chercher à le remettre en cause, il a fait exactement de même. C'est le constat de ce qui n'était pas couvert par son alter, le combat et le déplacement, qui l'a conduit à compenser ces aspects par une technique et une arme adaptée. Si on veut vraiment adopter une pensée sans préjugés, dans le cas extrême où tout le monde pourrait vraiment devenir un héros, on peut considérer le fait d'être "sans-alter" comme une forme d'alter, et à partir de ces paramètres...
Pfeuh, à quoi il se retrouve à réfléchir. Ce n'est pas son problème.
Dans tous les cas, c'est problématique de mettre à niveau égal des choix basés sur les capacités permanentes, et une stratégie qui s'applique à une situation donnée, qui a moins de chance de se produire. Bakugou justifie de sa façon de se battre parce que c'est la seule qui fasse sens pour lui. Ca ne veut pas dire qu'il renie complètement l'intérêt d'envisager des parades à d'autres situations.
Mais en soit, envisager ce cas de figure sans alter est bienvenu dans sa condition. Peut-être qu'il pourra profiter de sa mobilité retrouvée dans quelques jours pour s'exercer dans cet esprit. Ouais, c'est une perspective plus constructive : s'entraîner pour être capable de réagir sans alter ou équipement... Sera plus positif que de se concentrer sur ce qui lui manque et la façon dont il est actuellement privé de sa source de puissance.
Devrait-il pour autant remercier ce jeune homme aux manières sournoises et réfléchies ? Non, sûrement pas. Parce que dans ces comparaisons suinte toujours, subtilement, un jugement de valeur, un reproche : qu'il n'ait jamais envisagé cette perspective par arrogance, qu'il soit en tort pour ne pas s'être identifié aux gens moins dotés, voir aux sans-alters.

Shinso rétorque en rappelant qu'il ne peut pas toujours compter sur son équipement. Oui, en civil, il a moins d'endurance et doit réduire la puissance de ses explosions et il ne peut pas compter sur ses charges. Bakugou clape de la langue. Ce type le prend pour un idiot ? Est-ce qu'il croit qu'il n'en est pas conscient, qu'il n'a jamais pensé à ça ? Il a déjà été face à un vilain sur lequel son alter était inefficace ; il a plusieurs fois ressenti le blocage d'Aizawa, et il y a une tonne de situations et d'alters face auxquels il peut être désavantagé. Ça n'empêche pas sa réponse initiale d'être juste. Tirer parti au maximum de son alter, s'adapter ensuite à chaque situation. Si on retire l'équipement de l'équation, quelle marge de manœuvre il a en tant qu'individu ? Compter sur son intelligence, et prendre les bonnes décisions. Un point sur lequel il a clairement du progrès à accomplir, mais on ne l'y prendra plus. Ça fait déjà un moment qu'il ne sous-estime plus ses adversaires ; désormais il va cesser de se surestimer et de trop lâcher la bride à l'animal en lui qui veut voir le monde brûler. C'est le plus difficile, de trouver le juste milieu entre sa violence désinhibée, le carburant de sa confiance en lui, qui dope son intuition, lui permet de réagir instantanément, sans doutes, sans réflexion, par instinct... Et l'analyse froide de la situation, qui implique qu'il se retienne et mesure ses actions. Mais s'il s'entraîne sans relâche, l'adolescent sera capable de cette fluidité, les gestes suffisamment automatiques pour qu'il puisse rester maître de lui-même, conscient à chaque seconde sans se laisser emporter, sans pour autant douter et hésiter comme les personnes trop intellectuelles ont tendance à le faire.
Il peut progresser. Il peut y arriver. Quand il pense à ces choses pratiques, ces choses concrètes, il arrive à oublier le reste. Même s'il n'a plus envie de se battre, même si pour le moment cet appel et ce besoin sont lettre morte, il sait, au fond de lui, que c'est sa raison d'être. L'entraînement est le seul endroit où il peut s'oublier lui-même dans l'effort. Tendre vers quelque chose de plus. C'est pourquoi être blessé et condamné à l'inaction est actuellement une torture pour l'apprenti héros défait. Comment, dans ces conditions, s'arrêter de penser ?

“C'trop général pour répondre. Si y a une chance de retourner la situation à mon avantage, de débloquer mon alter, d'utiliser l'environnement... Par exemple, contre Aizawa, se servir d'un obstacle du terrain ou jouer la montre pour qu'il cligne des yeux...”
Il se renfrogne davantage, pointant la lèvre en avant dans une petite moue, puis balance avec impatience, haussant légèrement la voix :
“Ca dépend, de la puissance et du nombre des adversaires, de si je suis seul à me battre, ou si y a des renforts ? De si y a des victimes potentielles, des gens à défendre, de pourquoi je me bats et de ce que j'ai à perdre ! Mais si je suis désavantagé et que l'adversaire est trop puissant, oui, je battrai en retraite, t'as un problème avec ça ? Sans alter, je serais un poids sur un champ de bataille, et je veux pas me faire prendre en otage ou handicaper les autres !”
Il grince des dents, mécontent de laisser ainsi apparaître sa frustration. L'insistance de Shinso et la simple répétition du mot fuite a appuyé sur sa susceptibilité et il est évident dans son éclat qu'il éprouve le besoin de se justifier, mal à l'aise avec cette idée.
Il lance un dernier regard défensif au nouvel héroïque qui semble, derrière son calme, retenir un sourire. Prenant une grande inspiration, il reporte son attention sur la vision des combats qui se déroulent devant eux. Il ne devrait pas aboyer de la sorte mais son caractère ressort. Une forme d'indignation qu'il ne peut pas retenir, comme il projette sur autrui son propre jugement, que sa faiblesse, son insuffisance est inacceptable.

Lorsque l'ancien élève de générale reprend la parole, Bakugou met quelques instants à réagir, et se tourne vers lui avec un regard incrédule, pupilles réduites, sourcils froncés, bouche entrouverte sur ses dents dans une mimique de chat sur le point de se hérisser. C'est que les mots de Shinso ont l'effet d'une douche froide, où l'eau gelée s'insinuerait lentement sous l'envers des vêtements gorgé de liquide. Le blond cendré lui même est déconcerté par le calme avec lequel l'autre expose sa véritable pensée, ne pouvant pas réagir comme s'il s'agissait d'insultes mais bien comme la suite d'une conversation...
Ce détachement, cette froideur lui en rappelle une autre, et ses yeux effilés s'arrondissent progressivement comme un jugement se détache, objectivant, réifiant, quand son existence est sujet de dissertation pour ces inconnus à qui il n'a pourtant rien réellement fait de mal.
Ce ne serait pas quelque chose auquel il prêterait attention, si le traumatisme récent ne venait le faire frissonner.
Quelqu'un avec ces mots qui tranchait dans sa chair sans même se soucier de ses cris, pour qui il n'était qu'un pion sacrifié, un exemple d'injustice sur pattes, mais sûrement pas un être humain.

Il fixe le garçon ébouriffé, le choc lisible dans ses yeux alors qu'il ne peut même serrer les poings. Il ne peut pas savoir... une coïncidence ?
Le clou qui dépasse appelle lui-même le marteau... Est-ce ce proverbe qui lui vaut tant d'hostilité, ou bien est-ce qu'il est haïssable à ce point ?
Mais ce n'est même pas de la haine... La haine implique une reconnaissance. Qu'il a une importance. Or les yeux de Shinso ne sont même pas sur lui. Il déblatère des généralités faites pour toucher l'explosif, et elles trouvent bien leur cible. Ce n'est pas bien difficile.

Quelqu'un jugé insignifiant dès le départ... une fois doté d'un pouvoir, obtient la reconnaissance de toutes ses qualités qui ont été niées jusque là. Deku. Et lui. On voit les petits défauts qui ne sont plus tolérables ? Il a toujours été jalousé et on l'a toujours traité d'enfoiré, la seule différence c'est qu'il était entouré de gens trop effrayés pour répliquer... Mais actuellement, est-il si... "intolérable" ? Il grimace en replaçant son bras droit dans son support. Le plus douloureux dans le discours de cet élève, c'est son sous entendu qu'il n'a aucune valeur. Aucune qualité rédemptrice. On le prive de son alter, et tout ce qu'il reste c'est... quelque chose de petit, haineux et méprisable. Oui, c'est ça la leçon gravée dans sa chair par Deadline, étouffante de honte, d'une cruauté que Shinso, pour toute son intelligence, ne peut pas ressentir. Ce que ça fait d'être exécuté sous le regard des autres, ses faiblesses disséquées, tout ce qui le rend coupable dévoilé, et pas de salvation. Personne pour lui tendre la main.
Il se fait traiter d'imbécile. Ses yeux rouges se posent sur le sol du gymnase. Il aimerait bien répliquer mais il est le premier à se traiter d'idiot actuellement. Ses mains bandées en sont la preuve. Idiot. Le terme est plutôt faible par rapport au dégoût qu'il ressent.


“J'étais déjà au dessus de la moyenne avant que mon alter apparaisse...” souffle-t-il, même si ça n'explique rien. “Etre doué donne confiance en soi, et la confiance en soi attire les autres. Si tout le monde pense que t'es génial et que tu réussis tout, pourquoi tu croirais pas que c'est vraiment le cas ? Et puis, les alters, les super-pouvoirs... C'est juste vraiment cool... Tout le monde réfléchit pas autant que toi.”
Un sourire narquois flotte sur ses lèvres, sans être suivi par ses yeux.
“Toi aussi, tu veux montrer au monde ce que tu vaux, ce dont tu es capable avec un alter comme le tien, non ? C'est pas de l'orgueil peut-être ? Si tu méprises les alters et leur inégalité, peut-être que tu devrais arrêter de faire cette fixette... Tss...”
Ses paupières voilent ses yeux dont les cernes n'égalent pas celles du grand maigre à côté, mais semblent anormales sur son visage encore immature. Il cesse de sourire et les coins de sa bouche penchent vers le bas. C'est trop douloureux de faire les efforts, de faire semblant de croire que quelqu'un comme lui pourrait être clément, qu'une communication pacifique est possible, que peut-être, il pourrait se racheter à ses yeux. Sa voix rauque s'exténue, se fait plus basse, un souffle que Shinso est le seul à pouvoir entendre.
“Ce n'est pas la peine de faire semblant d'être neutre et raisonnable et de s'indigner de, oh, la grande injustice de ce monde. Si tu as un problème avec moi, dis-le clairement. J'ai pas assez dormi pour jouer la comédie et suivre des putains de sous-entendus.”
Les cercles rouges fusent, il regarde Shinso directement dans les yeux. Sa mâchoire se fait saillante.
“Une fois le privilège retiré, on remarque quoi ? C'est quoi qui est intolérable ? Vas-y, je veux savoir.”


Bakugou Katsuki
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Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Mer 29 Mai - 3:13
Il avait parfaitement saisi la déchirure entre l’ancien et le nouveau personnage en face de lui et son esprit tordu s’enroulait autour pour en décortiquer le raisonnement. Mettre le doigt sur la pièce du puzzle qui pouvait le faire basculer d’un état à l’autre. Fragile petit homme, tout comme lui, comme tout le monde d’ailleurs. Il ne le voyait pas ? C’était intéressant. Encore cette question d’alter et de timing, de puissance et de justification autour de cette fuite anticipée dont il ne voudrait pas, mais qu’il envisageait malgré tout. Le violet sourit légèrement avant de hausser les épaules, faussement gêné par ce comportement réfractaire à son égard. Parfaitement normal de par son attitude tout à fait détestable. Il était dans l’analyse plus que la provocation, pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait de se jouer de lui. « C’est une idée… je me demande si, de ton point de vue tu penses que les autres sont un poids ? » c’était ce qu’il en avait déduit. En dépit du fait qu’ils conversaient sur l’un et l’autre, inclure des coéquipiers pour se déculpabiliser d’une fuite rendait le portrait plus précis. Bakugo Katsuki n’assumait pas. Shisnou n’en laissa rien paraitre, légèrement amusé. Il se contente de méditer cette théorie et de la faire murir en jetant son dévolu sur le terrain.

Cependant son intérêt dérive toujours vers l’explosif et il ne peut retenir quelques bribes de ce qu’il pense, non sans voir les pupilles rouges se rétrécir d’inconfort face à son agression calme et maîtrisé. N’était-il pas censé l’être ? Cette façon d’aborder les choses, elle lui ressemblait bien, mais elle manquait d’un soupçon d’agressivité. Doué, il l’était incontestablement, pourtant si pathétique à l’heure actuelle qu’il pouvait en douter. C’était grisant. D’autant plus qu’entendre cette justification le confortait dans ce qu’il avait brièvement confié. « Parce que les autres pensent que tu es génial, tu le crois forcément ? Mais qu’en est-il en réalité ? Si je me base sur ce que tu viens de dire, c’est le même principe que pour moi. Un alter de vilain » un alter comme le sien, comme il venait de le dire, faisant luire un éclat dangereux dans le regard sombre et curieux du violet. « Un alter comme le mien n’aurait pas eu sa place si j’avais pensé comme toi » Il ne fait pas fi de la seconde partie de son intervention, acquiesçant malgré tout. « Dis-moi, si tu n’étais pas actuellement en difficulté, tu penses que tu aurais compris un minimum à quel point il est difficile de se hisser ne serait-ce que dans une classe héroïque pour moi ? Ne me parles-pas d’orgueil, ça n’a pas eu l’air de te convenir ces derniers-temps » quand pour lui, cette motivation a été bénéfique, mais il a bien conscience d’être poussé actuellement par une colère et une frustration qui s’en éloignent par conséquent et le rende moins concentré sur son objectif.

Ses pieds rabattus contre lui, genoux saillants et avant-bras posés dessus dans une posture étrange, il profite du silence passager pour observer ses mains et la lumière filtrer au travers. Il ne pouvait la capturer, pourtant elle était bien là, pourtant, lui-même dans cette lumière ne profitait pas du temps ou de l’exercice, préférant parler à un étudiant qui n’avait pas la possibilité de s’y rendre, lui, mais qui pouvait l’atteindre, cet astre mystique. Il inspire, renverse sa tête en arrière, observant en biais l’explosif qui se réveillait enfin de sa torpeur. Des excuses, toujours, même si le nouveau ne pouvait douter de sa parole concernant l’état de fatigue visible de son homologue. « Je me demande juste, comment tu as pu te bercer d’illusions à ce point. Tu t’es laissé berné par les autres et voilà où ça te mène. Tu es autant responsable que ceux qui t’y ont conduit malgré tout, donc disons que la moitié c’est toi et l’autre le reste, ce qui est lamentable puisque tu l’as dit toi-même tu as démontré plus d’intelligence que les autres et tu t’es reposé dessus » c’était si fluide qu’il en claqua la langue, sourcil froncés de devoir expliciter ses mots, bien qu’il ne craigne pas les représailles, pourquoi ? Qui ? Bakugo ? Il était bien trop fier et sans admettre être légèrement pareil, sa fierté il l’a ravalé à bien des reprises et s’était brisé pour pouvoir manipuler sans être lui-même atteint. Décidément pas très malin ce garçon.

L’adolescent se saisit de la bouteille, dévisse d’une main, boit une gorgée d’eau. Sa pomme d’Adam roule lentement à chacune d’elle, marquant les muscles formés de son coup et dévoilant ainsi cette possibilité de développer plus sa résistance physique et sa prise de masse. Shinsou n’est pas le héros idéal et ne le sera jamais, mais à ses yeux, celui tant admiré n’en était pas un non plus. Pas à part entière. Lorsqu’il repose la bouteille, il prend soin de faire patienter en agitant ses doigts autour de la capsule de plastique bleue, lentement, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus serrer. « D’abord que ça aboie plus que ça ne mord. Puis… que le discours s’avère bien plus drastique, intransigeant qu’il n’y parait. C’est la désillusion d’avoir cru en quelque chose qui n’existe pas. Tout ce qui brille n’est pas forcément joli à voir après tout… et quand je t’écoute, ce que j’entends c’est cette considération pour les autres, complètement absente » il cligne, ne détourne pas les yeux de sa cible. « Je n’en ai pas beaucoup non plus, mais je ne cherche pas la reconnaissance et l’admiration des autres comme tu le fais et en ce sens tu es contradictoire. À traiter les autres comme inférieurs, tu dois te sentir bien seul. Sans égal donc ? Et sans alter, qu’est-ce qui te dissocie de la masse que tu méprisais plus ou moins ? » en ce fait, il en revient toujours à ce point, et pourquoi ? Se demandera le cendré… parce qu’il l’a vu et qu’il l’a compris. « Est-ce que ça valait le coup finalement, de chercher à te libérer plutôt que d’accepter d’être réduit à un individu sans alter ? Sachant que c’est lui qui t’a blessé bien plus que Deadline… » il n'y avait ni sourire, ni dégoût, seulement l'attente de sa réaction. Il l'avait vue cette vidéo et il l'affirmait. ça n'était pas pour se moquer ou jubiler du sort qu'il n'aurait souhaité à personne et pouvait arriver
à n'importe lequel d'entre eux... enfin, pour peu qu'ils aient un comportement adéquat, mais ça ne restait qu'un détail. Shinsou l'avait visionné pour analyser, comprendre le raisonnement d'un vilain et se demander ce qu'il aurait fait à sa place. Il en était venu à la conclusion que si Deadline avait obtenu un semblant de calme et de rédemption vis-à-vis de la condition de prisonnier de Bakugo, ce dernier n'aurait peut-être pas subit de telles humiliations.
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Shinso Hitoshi
en bref
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Jeu 30 Mai - 16:57

Victoire au goût amer
ft Shinso Hitoshi

°°° What it means to lose °°°



Je me demande si, de ton point de vue tu penses que les autres sont un poids ?

Bakugou tique, se demandant ce qui dans son discours a pu mener l'étudiant à cette conclusion.
Est-ce parce qu'il craint lui-même d'être un poids s'il n'a pas d'alter ? Pourtant il a parlé d'alliés et de renforts en pensant précisément à la possibilité de se reposer sur les autres. Elle lui déplaît, mais dans son esprit, si ses alliés sont suffisamment forts, il n'aura pas forcément besoin de battre en retraite car il pourra se reposer sur eux... Pourtant, à la fin, il exprime malgré tout son amertume à l'idée d'être pratiquement inutile, ce qui reflète son sentiment actuel : bon pour le banc de touche, un boulet incapable de se battre. Peut-être qu'il y a des sans alters comme le vilain qui peuvent réellement se défendre, mais ce n'est pas son cas, pas pour l'heure. Les rares fois où il n'a pas pu se reposer sur son alter, s'est senti horriblement impuissant. Il ne peut pas imaginer ce que ça fait d'être comme ça en permanence, mais pour humiliant ou frustrant que ce soit, les sans-alters qui sont nés comme ça ne connaissent pas non plus l'expérience d'être privé d'une partie de soi. Ce n'est pas un privilège que l'on retire ; c'est une mutilation. In fine, ni lui ni les gens qui le jugent n'ont une idée correcte de l'expérience des uns et des autres ; et la leçon administrée par Tsuyo, voir un sans-alter lui retirer le sien pour mieux l'écrabouiller, a un effet paradoxal. Qu'il l'admette ou non, un sans-alter l'a battu, dominé et traîné dans la boue. Mais l'expérience d'être sans alter ? Ça reste une expérience d'impuissance, de victimisation, ça reste sa hantise et son repoussoir.
La raison pour laquelle Katsuki n'aime pas les sans-alters n'a rien de compliqué, à la base. Ce n'est pas parce qu'il craint ce qui est différent de lui. C'est parce qu'il a peur d'être pareil.

Voit-il les autres comme un poids ? Ce qu'il pense est presque autant un mystère pour lui que pour son interlocuteur : il n'a pas sondé son esprit pour connaître son opinion sur tel ou tel sujet. S'il y a un truc qu'il déteste, c'est perdre son temps à s'interroger sur lui-même, la façon dont ses actions influent les autres, et comment on le voit. Enfin, faire l'impasse sur tout ça a été le luxe de sa jeunesse. Je suis super, je suis balèze, mes défauts n'ont aucune importance et si quelque chose na va pas c'est la faute des autres. Quelque chose comme ça.
Dans le genre, son jugement à l'emporte pièce est : les autres sont chiants. Je n'ai besoin de personne. Ils sont dans mes pattes. Ce genre de pensée lui vient tout naturellement même aujourd'hui, inscrit par des années d'habitude dans les circuits de son cerveau. Pourtant s'il réfléchit cinq minutes il peut dire sans peine que les autres sont en fait nécessaires et qu'il a besoin d'eux, que ce soit pour apprendre ou se battre. C'était une vérité objective et si on lui posait la question dans un contexte neutre, sans doute pourrait-il faire un discours sur l'importance de collaborer et d'apprendre des autres. Est-ce hypocrite ? Qu'est ce qui est vrai, ça ou le sentiment de frustration dans ses entrailles de dépendre d'autrui ? Lorsque Deadline l'a interrogé sur les sans alters, le résultat a été similaire. Il y a ce qu'il considère comme une vérité objective (mais qui n'est bien sûr que son opinion) ; et puis il y a l'intolérance, le rejet pulsionnel, ces sentiments tranchants qui rodent en lui et qu'il fait taire depuis son entrée à UA.
Il a beaucoup changé au cours de ces quelques mois, et ne s'est jamais arrêté pour faire le point. Il a toujours sa fierté, et admettre qu'il s'est trompé, cela fait mal. Alors il se pousse de l'avant en sacrifiant sans y regarder à deux fois des pans entiers de sa psyché. Ça s’appelle grandir, ça s’appelle progresser.
La difficulté même, qui s'apparente à un obstacle écrasant, il se précipite dessus à s'y fracasser le crâne et il crèverait plutôt que reconnaître qu'il a sous-estimé l'épreuve, surestimé sa valeur, crèverait plutôt qu'échouer ou admettre à quel point c'est dur. Pas pour les mêmes raisons que pour d'autres ; il a son alter sa puissance ses réflexes, faisant partie de ceux qui dominent la compétition sur le plan combatif, mais il n'est que 3ème de sa classe et ça en dit long sur son aptitude réelle à être un héros, qui n'est pas la meilleure.
Sa véritable faiblesse est invisible, traduite dans son comportement : colère, arrogance, perfectionnisme, manque d'empathie. Un esprit est parfois plus fragile qu'un corps et apparemment, le jeune homme maniéré assis à ses côtés a conscience de ces failles.
Une lame, aussi acérée qu'elle soit, brise sous les chocs si l'acier est trop dur. C'est le danger qui menaçe Bakugou. A frapper encore et encore, s'acharner sans s'interroger sur l'alliage qui compose son être, il ne fait pas montre que d'une volonté sans faille, mais aussi d'un aveuglement qui le mène à sa perte.
Des fissures apparaissent dans le métal, fractures augurant du pire ; personne ne pourrait dire depuis quand l'arme est défectueuse car il persiste à la brandir, à se battre... Peut-être est-elle brisée, peut-être depuis un moment. Mais le reconnaître ? Et admettre que la matière même est fautive, que l'acier est mal trempé, que tout est à refaire ? Et si le métal ne convient pas ?
Si, derrière le fil acéré, derrière la surface brillante, ce n'était, en définitive, qu'une mauvaise épée qui n'a pas et n'a jamais eu la trempe d'un héros ? Si forger, reforger était inutile, si la matière même est fautive ?
Qui voudrait, dans ces conditions, admettre les fissures de l'épée de son âme ?

Cela peut-être est la réponse aux questions de Shinso. Katsuki, lui, n'a jamais su se dissocier de lui même. Une lame ne se regarde pas elle même, après tout.
C'est une expérience nouvelle, sans doute rendue possible parce que son égo a volé en plusieurs éclats.
Plus simplement, ces derniers temps, il se pose des questions qu'il ne s'est jamais posé.

Alors qu'il tente maladroitement d'expliquer comment et pourquoi sa supériorité lui a toujours paru naturelle, Shinso rétorque pour mettre à bas cette prétention et ses fondements. Ce qui était positif pour Katsuki : un à priori qui le portait aux nues ; la même chose pour Shinso le destinait à devenir un vilain, le tout basé sur des capacités innées qu'ils n'ont pas choisi.
C'était peu ou prou ce qu'il défendait au collège. S'il méritait sa position au sommet de la pyramide alors les autres devaient rester en bas. Chacun sa place.
Il n'a pas besoin de Shinso pour voir ce qu'une telle opinion a de puéril.
Mais ce qu'il a dit, que les alters étaient cools... C'est aussi une vérité qu'il ne sait pas comment exprimer. Tout le monde semble amer autour de cette question ; le mot que l'autre garçon emploie, "jouet", a de quoi le hérisser.
Quand ils étaient enfants, ils rêvaient d'être des super-héros. Ils vivent dans un monde où ils sont dotés de super-pouvoirs. Ils sont des X-mens, ils ont chacun cette aptitude unique qui dépasse les limites de l'impossible. Comme ces aptitudes sont répandues, elles sont aussi la norme ; pourtant il y a quelque chose de simplement merveilleux à découvrir son pouvoir, à apprendre à le développer, à découvrir les possibilités offertes...
Alter. Un mot qui met en avant la différence, l'unicité. Il est fier de son alter parce qu'il est sien et que oui, il est exceptionnel. Mais est-ce que chacun ne devrait pas chérir son pouvoir comme cette part de son identité qui lui est propre et lui offre des avantages uniques ?
Non, ce n'est pas comme ça que les choses marchent et il est le premier coupable de cette échelle de hiérarchie mise en place. Seulement il aime, aimera toujours son alter, cet magie chimique qui lui est propre, ce tour de passe passe qui impressionnait ses amis. Ce n'est pas un jouet ou un privilège... C'est comme son visage, c'est comme son corps, c'est lui et même la part de lui qu'il adore le plus ; pour le bruit, la destruction, les reflets d'admiration dans le regard des autres. Pour la capacité à se battre et forger son propre destin. Pour tant de choses, indissociables de sa personnalité, il ne serait pas lui, sans son alter.
Il a clamé tant et plus "vous n'êtes pas comme moi" pour se hisser hors de la masse ; seulement maintenant commence-t-il à se dire ; peut-être sommes nous semblables ? Alors peut-être que ce garçon discrètement narquois, il aime aussi son alter, il le voit comme une part essentielle de lui, et il souffrirait de se le voir retirer. Même s'il est qualifié "d'alter de vilain". Ce ne sont que des impressions vagues ; une sorte de regret, de ne pouvoir se faire comprendre, car les quelques perches qu'il tend, les opinions plus tolérantes qu'il essaye, lui sont toutes renvoyées avec violence. On ne peut pas sortir de cette logique de perdants et de gagnants, en définitive.
Et s'il essaye - c'est presque cynique à ce stade - de prêcher en faveur de l'égalité, ce n'est que de l'hypocrisie dans sa bouche, parce que ça l'arrangerait bien de dire tardivement que tous les alters ont de la valeur et qu'il faut respecter chacun dans sa spécificité ; précisément au moment où on lui reproche son privilège, ses avantages, son injustice.
Rien d'étonnant à ce que Shinso n'accepte pas ses remarques sur son alter et sa volonté de s'imposer avec ce dernier.
Même si c'était une certaine provocation, le blond cendré était en train de dresser un parallèle entre eux.
Tu ne serais pas un peu comme moi ?
C'est le fait même qu'il ose cette comparaison qui attire l'attention de l'insomniaque. Il attire l'attention sur le fait qu'en temps ordinaire, Katsuki n'aurait même pas l'idée de se mettre à sa place. Aurait-il pu réaliser la difficulté que cela représente d'atteindre héroïque ?
Et bien, non. La petite brute cille, ne s'attendant pas à ce reproche. Même à présent, il ne mesure pas bien cette difficulté là. Shinso met le doigt sur quelque chose que l'adolescent tombé de son piédestal ne réalise pas, et que celui qui joue au chat et à la souris pressent comme une faiblesse sans probablement en mesurer l'enjeu.

Katsuki cherche un miroir. Le sien est brisé, et maladroitement, il tâtonne pour tenter d'atteindre quelqu'un.
Les illusions ayant volé en éclat, il a besoin du regard de l'autre. Instinctivement, il désire que quelqu'un qui a une opinion négative de lui l'accepte.
C'est pour ça qu'il tend vers Shinso et s'efforce d'avoir un vrai échange avec lui, de se mettre sur un pied d'égalité. Il ne pourrait pas le faire avec quelqu'un de gentil, ironiquement. Parce qu'il préfère le mépris à la pitié. Et parce que Tsuyo a laissé en lui l'empreinte d'un masochisme qui le pousse vers le pire.
Il n'a pas conscience de ça.
Ses efforts maladroits sont infructueux, la main qu'il tend se coupe sur des débris de miroir, et il la ramène à lui, échouant à toucher l'autre.

Non, il ne comprend pas Shinso. Il ne peut pas mesurer ce qu'il a traversé. Il est impressionné par ses progrès physiques et il note ce qu'il fait pour compenser ; il peut aussi comprendre pourquoi, face aux robots de l'examen d'entrée, Shinso ne pouvait marquer de points là où il a explosé tous les records.
Mais de là à dire qu'il comprend ? Non, son discours le montre bien. Il pense que Shinso veut faire valoir son alter, individuellement. La cause sous-jacente, le rétablissement de la justice, lui échappe. Il ne sait pas comment fonctionne ce garçon qui ne lui donne aucune prise pour mieux l'appréhender... il ne comprend pas bien où il veut en venir. Mais le fait que son propre orgueil l'a mené à sa perte, ça... il le sait bien.

Il baisse les yeux, renonçant à répliquer davantage. Cette partie de la discussion ne mène à rien en définitive, aucun semblant de compréhension.
Alors il repart à l'attaque, plus agressif, essayant de mettre un terme à l’ambiguïté qui lui porte sur les nerfs. De toute façon ça ne sert à rien d'être sympa, d'être calme, de faire des efforts.


L'étudiant à son côté ne répond pas immédiatement, ses gestes lents, cryptiques, pouvant évoquer la réflexion ou une forme de... regret ? L'hostilité ne gagne pas son visage, ses yeux tombants et fatigués brillent toujours d'autant d'intelligence, et ses pensées semblent partir trop loin pour que Katsuki puisse les suivre.
C'est rare que le blond cendré observe son entourage avec autant de concentration ; et si l'étudiant de 2deC semble aussi louche et machiavélique qu'il se plait à clamer l'être, il dégage aussi, probablement à son insu, une impression de tristesse.
La nervosité du petit blond augmente alors que sa question reste sans réponse ; demander à quelqu'un qui est venu l'insulte à la bouche, ce qu'il juge mauvais chez lui ? C'est s'exposer au pire, mais il préfère en avoir le cœur net...
Il plisse les yeux comprenant que ce sale type fait exprès de le faire poireauter, prenant tout son temps pour refermer sa bouteille.

Le jugement tombe, sous forme d'une fausse question. "Je me demande..." Il est évident, au discours qui lui est servi, que pour le nouvel élève, sa situation actuelle est lamentable, un échec et une punition conséquence de son arrogance passée.
Depuis "l'incident", Bakugou essaye de faire bonne figure et a l'illusion, en restant sur la défensive, en développant cette humeur acide, qu'il y parvient. Il va en cours. Il assiste aux entraînements. Même là, il parle. Ce n'est pas comme si il se roulait en boule dans un coin ou se tapait la tête contre les murs.
Comme il a toujours prétendu, il agit comme si ce n'était qu'une mauvaise passe... Comme si une part des rumeurs ne revenaient pas à ses oreilles.
Shinso vient lui dire à quel point cette image ne tient pas la route.
Juste parce qu'il le regarde, et que la conclusion de son discours est : tout ça pour en arriver là.
Et là... c'est bas, très bas. Katsuki le sait. Shinso le sait aussi.
A nouveau l'interrogation traverse ses yeux anxieux, de quoi parle-t-on exactement ? Pourquoi ce type veut à ce point lui faire la morale ?
Il sonne comme cette enflure de Tsuyo. Moins bavard mais sentencieux ; en fait son discours tient en une phrase. Comment tu as pu être aussi con ?
Et l'accusation que les autres sont aussi responsables que lui n'a rien de réconfortant ; autant dire qu'il n'est qu'une marionnette.

Il se raidit. Il en a la quasi-certitude en entendant ses mots.
"Voilà où ça te mène ?"
Quelqu'un qui ignorerait comment il s'est blessé les mains... quel type de vilain est responsable... oui, quelqu'un qui ne serait pas au courant ne synthétiserait pas comme ça.
Même si son angoisse croît à mesure qu'il devine que ses craintes sont justifiées, et alors que son esprit se tord pour repousser l'inévitable prise de conscience, Katsuki reçoit aussi le froid message transmis par l'étudiant.

Il fait écho aux mots du vilain. Qui lui a dit et répété que son égo surdimentionné était la cause de sa mésaventure. Que s'il n'avait pas été repéré au tournoi sportif par son comportement inadapté, témoin de son quasi narcissisme, il n'aurait pas été sa cible.
Rien de tout ceci ne serait arrivé, s'il n'avait pas été choisi pour être sacrifié comme le symbole de l'injustice, un gamin trop grande gueule, trop arrogant, qui ne sait rien à rien.
Et par la suite, lorsque Katsuki avait compris que Deadline était le produit de violences scolaires similaires à celles qu'il avait perpétuées, il était devenu impossible de prétendre n'être qu'une victime d'un vilain et des circonstances.
Ce qu'il était, ce qu'il représentait, et ce qu'il avait fait. Tout cela l'avait conduit à être choisi comme cible, à devenir la pièce manquante dans le plan de cet homme, qui tout en se propulsant dans sa carrière de vilain, accomplissait au passage une énième vengeance contre les oppresseurs...
Les muscles de l'adolescent se contractèrent comme il frémissait, ses cheveux se hérissant sur sa nuque. Là, sous son maillot, quelques cicatrices entaillaient son dos. La torture aurait pu être pire, sans doute. Il était vivant, après tout.
Mais alors qu'il essayait tant bien que mal d'oublier et de reconstruire quelque chose dans le fouillis infâme qu'était sa conscience de soi suite à ces évènements traumatiques, voilà que surgissait un mec qui reprenait ce discours. Mettant en pièces en un instant les tentatives de l'élève à problème pour se chercher une place, quelque chose de plus constructif.

C'est de ta faute si c'est arrivé. Cette idée pesa comme une pierre dans son bide. Comme les pierres que le chasseur coud à l'intérieur du ventre du loup avant de le jeter dans la rivière pour qu'il se noie.
Pour qu'il se noie...

Le regard aux yeux rouges chavira un instant, un éclat de panique lancé à l'attention de Shinso, reproche, et surprise, malgré tout, même s'il l'avait soupçonné...
Ne pouvait-il pas voir qu'il essayait ? Il n'avait pas cédé à la rage qui était comme un poison prêt à jaillir... Il n'avait rien dit de cruel, et pas un instant il n'avait prétendu être supérieur ou cherché à rabaisser l'autre.
Juste parce qu'il en était écœuré.
Juste parce qu'il n'y croyait plus.
Il aurait pu donner le change mais non, il avait eu cette honnêteté avec le "pseudo-vilain", il n'avait *même pas* caché ses failles.

Quel pauvre con. Quel petite merde. Petit, méprisable, faible. Et il rampait dans l'espoir qu'on l'épargne ? Il était assez stupide pour faire confiance et jouer les gentils ? Tendre la main, la joue et pourquoi pas se faire mettre tant qu'il y était ? Il agissait comme Deku, ferait mieux de crever, trop faible pour dominer, préférer se soumettre... La vague de haine le fit trembler, la brûlure qui montait en lui perlant sous forme de sueur à son front et rougissant son teint.
Allait-il pleurnicher parce que c'était pas juste ? Non ! Il méritait de s'en prendre une, méritait tout parce qu'il se comportait comme une putain de victime - et la position de Shinso était claire, soudain, tout comme était la sienne.

Après une nouvelle pause, l'adolescent élancé passa à l'attaque. Les mots condescendants étaient prononcés avec indifférence. Cela attaquait la fierté blessée comme de l'acide : simples remarques, qui n'affectaient pas celui qui les faisait... Seulement leur cible. Comme s'il était indigne même d'une méchanceté ouverte, comme si cette attention lui était refusée.

Comparé à un petit roquet une fois de plus, le blond explosif serra les dents, incapable de le faire taire. Il y aurait longtemps qu'il aurait usé de ses poings et de sa nitro pour se faire respecter mais il ne pouvait même ouvrir ou fermer les mains. Dans sa position, se relever était difficile ; il était tellement désavantagé que s'en était risible, et se sentir aussi vulnérable ici à UA, c'était une énième insulte qu'il n'était pas sûr de pouvoir soutenir. Pour lui, ne pas être le meilleur était à chaque fois une gifle. Alors comment le qualifier, d'être inférieur à tous, seul dépourvu d'alter, et de se faire moquer par un putain d'extra ?

Que ses paroles soient radicales, cyniques même, il ne s'en cachait pas. A l'entendre, il exprimait ainsi l'amertume d'avoir perdu la foi dans quelque chose qui n'existait pas. Ce qui brille n'est pas joli à voir... Et lui brillait par manque de reconnaissance d'autrui ?
Cela répondait à sa question : ce que ça révélait, quand on lui ôtait son alter, son privilège, cette illusion de supériorité. Ce qu'il jugeait mauvais. Autrement dit, pourquoi il considérait qu'il n'avait, sans ce "jouet", pas de véritable valeur. Pourquoi il ne mériterait pas son statut.

La formulation déconcertait quelque peu Bakugou, mélange de franchise et de métaphores plus ou moins explicites. On aurait des fils qu'il devait saisir et tirer pour comprendre le rapport avec lui, ouvrant différentes interprétations possibles et trop de questions pour sa conscience.

Aucune considération pour les autres.
Avide de reconnaissance.
Seul.

Ces trois points suffisaient à ouvrir grand ses yeux sous un choc évident. Shinso était doué pour disséquer la personnalité des autres.
Alors que le 2deA cillait, ne pouvant repousser ces défauts ; ces lignes de failles qui risquaient de le déchirer de toutes ses contradictions, sa bouche était une mince ligne, et l'espace d'un instant naissait en lui l'envie de tuer ce salaud si dangereux qui voyait clair en lui, comme la haine semée en lui par Tsuyo avait fini par nourrir son envie de meurtre.
Qu'est-ce que tu as de différent ?
Rien, je suis juste moi.
Tu es en fait pire qu'eux. Tu es en dessous d'eux - disaient les yeux de Shinso, les gestes de Tsuyo.

Et son nom de vilain fut prononcé, froidement dans la bouche de celui qui le fixait comme le quelconque produit d'une expérience, lui qui tremblait là de rage et de choc, de choses qu'il n'avait pas le moyen d'identifier.

Shinso parlait de sa blessure aux mains ; demandait s'il aurait dû subir plutôt que chercher à s'échapper, conservant ainsi son alter.
Autrement dit, on pouvait dire que c'était de sa propre faute s'il était actuellement sans alter.
Mais Katsuki ne pensait même pas à cette question.
Il entrouvrit la bouche et balbutia quelques syllabes dans le vide. Aucun son pourtant. L'incrédulité le paralysa pendant plusieurs secondes.

Il recula brusquement, contre le banc, et manqua de tomber en se relevant, arquant ses jambes, grimaçant de douleur comme sa main heurta le bois quand il se hissa en appui sur son coude. Il glissa à demi, appuya l'autre main complètement prise dans les couches de bandage et porta son poids dessus malgré l'interdit de Recovery Girl pour finir de se redresser. L'action grotesque ne dura pas. Il était debout, chaque muscle tendu comme une corde, fixant Shinso avec une telle intensité qu'on aurait dit qu'il ne l'avait encore jamais vu. Ses mains ballantes de chaque côté l'encombraient et lui donnaient un air d'albatros pataud qui semblait ridicule, vu son habileté ordinaire.

Il savait que la vidéo existait. Il se rappelait trop bien avoir été filmé, et les enquêteurs en avaient parlé. Mais malgré toute la psychose que son existence potentielle suscitait chez lui, il n'avait jamais rencontré quelqu'un qui l'avait regardée. Le déni et l'espoir qu'elle soit véritablement hors d'atteinte ; que, si ses souvenirs, sa personne en étaient altérés, au moins sa réputation pourrait y survivre ; que personne ne l'ai vue, que personne n'ait vu. Cette mince protection qui l'autorisait à continuer, faire, comme si. Avec cette illusion mourut quelque chose à l'intérieur, un espoir de pouvoir un jour faire comme avant.
Le poids de ce qui s'était produit l'écrasait entièrement, sans plus nulle part où fuir.

Il était blanc comme un linge. Repassaient dans sa tête les moments où le voyant rouge était allumé, et il imaginait ce type à l'air malsain, cet élève et sa figure de craie, ses grandes mains, face à son écran, contemplant... ça.

Katsuki jeta ensuite un regard confus de détresse alentour, comme si quelqu'un allait surgir et dire que c'était une blague, comme si les étudiants s'entraînant plus loin avaient pu par leur réalité effacer celle là.
Ils étaient à UA.
Le lieu où il était sensé être chez lui, à sa place.
Ce n'était pas un inconnu, un pervers quelconque, mais un camarade de classe. Un camarade de classe qui avait recherché, puis regardé une vidéo dans laquelle il se faisait torturer.
Pourquoi ? Il ne comprenait pas. Un peu de harcèlement comme une revanche pour ses discours du tournoi, il pouvait l'envisager. Une curiosité morbide conduisant à chercher une vidéo interdite ? Peut-être... Mais que cette personne ait pu regarder son supplice, et l'observer de ce regard dénué d'émotions, d'empathie, de quoi que ce soit de...
Les paroles revinrent comme un boomerang. Toute la conversation qui venait d'avoir lieu.
Tu es responsable.
La seule raison pour laquelle tu es moins imbuvable c'est parce que tu es dans cette situation.
Tu ne sais rien faire sans ton alter.

Il haletait, le désespoir le rendant physiquement nauséeux. Ce n'était pas possible. Il voulait disparaître dans l'instant pour échapper à ces yeux. Savoir qu'il était assis tout ce temps à côté de ce mec qui savait l'avait frappé comme un coup de poignard. Tout son environnement s'en trouvait altéré. Plus d'équilibre possible. Ses peurs, ce qu'il avait voulu cataloguer comme parano était réel. Il n'y avait plus de sécurité possible. Nulle part. Jamais. Jamais ne s'effaceraient ces instants, jamais ils ne tomberaient dans l'oubli, il serait toujours dans le risque de croiser quelqu'un qui avait vu. Cette image là enregistrée était ce qu'il restait de lui.
Pas le fait d'avoir été le premier de son collège à rentrer dans une école prestigieuse. Pas le fait d'être le numéro 1. Il ne l'était pas. Pas le fait d'avoir sauvé, gagné ou quelque exploit héroique qu'il n'avait pas à son actif. Non, sa marque dans l'histoire était un vilain l'étouffant en public à la limite du viol, une place sur un podium attaché comme une bête sauvage et une vidéo, une putain de vidéo qui enterrait son rêve, piétinait la tombe de ce dernier et lui pissait dessus.
Comment pourrait-il jamais regarder quelqu'un dans les yeux après ça, au risque d'y retrouver cette image ?
Des gens, des gens l'avaient vu hurler, chialer et supplier. Se faire anéantir. Des inconnus. Des gens qu'il connaissait de vue. Son entourage, peut-être, et, probablement, ses professeurs. Ce garçon qui se trouvait juste là... S'il le voulait, il pourrait la voir juste après et la revoir encore, et lui ne pouvait l'en empêcher.
Son estomac se souleva et un goût de bile envahi sa bouche.

Choqué au delà des mots, Bakugou balaya de ses yeux le jeune homme assis juste là comme si de rien n'était. Sur le visage de la petite brute, horreur, peur, désespoir. Comme les pupilles rouges tremblaient à présent, comme si le fil de sa raison, après tous ses masques, risquait de rompre à son tour. Il ressemblait à un animal pris dans les phares d'une voiture. Dans sa tête repassaient en boucle les souvenirs violents. Comme si la scène se déroulait à nouveau. Il suffoquait, suffoquait et ça n'en finissait pas. Face à lui, il n'y avait rien qui puisse le tirer de là ; face à lui se trouvait une personne qui connaissait ces images, alors comment dire : cela n'est pas réel ?

Une explosion aurait pu le tirer de son état post-traumatique, mais les bandes qui comprimaient ses mains étaient le rappel cruel de toute son impuissance. Il ne pouvait ni partir, ni s'arrêter de trembler comme une feuille ; après un moment, il cessa se respirer et s'immobilisa.
"Guh..." un souffle bizarre s'extirpa de la gorge sur laquelle se tendait la corde de ses muscles, nouée à une mâchoire saillante, le dessin des veines où la pression s'accentuait traçant des serpents bleutés sous la surface de sa peau moite.
Les yeux en amande perdirent leur fixité ; devinrent troubles, vitreux. La figure pâle semblait hésiter, vaciller sans expression, et on pouvait pratiquement entendre une flamme à l'intérieur se faire moucher. Un léger crépitement, un son mat, et puis plus rien.
Finalement, cela se stabilisa, sourcils froncés, air mécontent, les plis de chaque côté de la bouche, un fantôme de colère. Il ne pouvait pas ne pas se battre, même quand il lui restait à peine l'énergie de tenir debout. Il n'y avait pas d'autre rôle pour lui qu'être ce connard qui crachait sur les autres, non ? Sinon l'étrange énergumène aux pupilles mauve allait l'écraser sous son talon et faire volte face comme s'il n'avait pas existé.
“Tu es répugnant. Tu mates ce genre de truc et tu oses te pointer dans une école de héros ? C'est pas en générale qu'est ta place, c'est dans une cellule ou un asile de fous !”
Bien entraînés, les muscles de son visage se tordaient dans un vilain sourire. Mais le dégoût exprimé n'était qu'une habitude, une grimace de singe. Rapidement, les yeux plissés d'une méchanceté artificielle s'arrondirent et une détresse aux relents de désespoir vint accentuer sa voix.
“Tu me connais pas et tu te permets de juger ? Tu l'as vue, tu l'as vue, et après ?! Tu me connais pas !” Son torse se soulevait avec effort et ses poumons retrouvant leur capacité le faisaient aboyer, il forçait sur sa voix, qui crissait légèrement au bord de l'hystérie. Il secoua la tête, déni, indignation, rejet, ses paupières effaçant le rougeoiement de ses yeux. Il usait ses dernières forces dans cette faible défense. Sa bouche se tordit d'amertume, son menton se plissa alors que lui échappait sur un ton plus plaintif, l'air commençant à manquer :
“Pourquoi...?”
Il adressait la question à lui même autant qu'à Shinso. Ses bras se replièrent comme ses mains bandées venaient se recroqueviller en croix devant son torse, plaquées là à écraser son coeur. Faibles mots, faible voix, moins imprécations que prière, hésitantes, suppliantes, que Shinso seul pouvait entendre, que personne n'allait écouter.
“C'est ce que j'ai dis quand on s'est rencontrés ? Le... le discours du tournoi ? J'aurais dû accepter la médaille sans rien dire...? Pourquoi... Tu me connais même pas...!”
Sa voix craqua avec cette dernière phrase, et il vacilla là, ses yeux écarquillés sur Hitoshi Shinso, ne comprenant plus rien à rien.
Il avait tout vu. Il voyait tout. Comme si on avait pris l’intérieur de son être et qu’écorché, on l’avait retourné vers l’extérieur. C’était aussi grotesque, comme procédé. Ce qu’il voyait… était-ce si laid ? Etait-ce si laid qu’il ne mérite pas un répit, qu’il faille le poursuivre pour lui rentrer dans le crâne qu’il méritait son sort ?
Il aurait dû partir dès qu’il avait réussi à se mettre debout. Mais comme hypnotisé par la fixité des yeux indigo, il ne pouvait se détacher de celui qui, d’un mot et d’un regard, avait le pouvoir de le broyer si facilement, sans même recourir à son alter.




Bakugou Katsuki
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Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Ven 14 Juin - 1:33
Dans le fond de la pièce, les basses résonnent sur un rythme étriqué d’une mélodie rétro. Le couloir immense et large s’étend à perte de vue jusqu’à n’en plus savoir la fin. Véritable labyrinthe aux chemins sinueux à peine distinguable sur le fond du passage. Les portes sur les côtés sont closes, mais le papier qui les compose est assez fin pour projeter en ombres chinoises les silhouettes derrière dans une ambiance tamisée. Chacune d’elle dispose d’un éclairage différent, tamisant l’ensemble de l’allée. Les pas ne font aucun bruit sur la moquette tandis qu’il traverse la galerie pour en découvrir chaque fois de nouvelles parties de lui. Les contours sont parfois de fins tracés nets où les couleurs filtrent en aquarelle sur les irrégularités du panneau. D’autres ne sont que des formes voilées et dansantes pour attirer le regard. Sinistre. Les rouages de son esprit n’autorisent pas tous les miroirs à déchirer les parois fines pour gagner l’original. Tel est construit l’esprit de Shinso dont la peau se réchauffe à la lueur au seuil de tableaux dangereux.

Il n’est pas en mesure d’imaginer à quoi ressemble l’esprit de l’explosif. Pourtant, tel qu’il le voit, il sent au creux de sa main les fissures et entend le craquement de celles qu’il occasionne. Dans l’absolu, le violet ne souhaite pas détruire la sphère entre ses doigts, seul moyen pour lui d’atteindre son interlocuteur. Comme l’instrument d’un médium, il ne peut voir l’être fragile qu’au travers de cela et creuse, creuse encore pour en savoir davantage, pour chercher dans cette logique qu’il ne comprend pas et qui l’agace la moindre parcelle de ressemblance ou a contrario de particularité qui satisferait cette soif de l’autre. Plus il cherche, plus il y a de fissures et ça ne l’arrête pas. Bakugo Katsuki se montre docile, la conversation n’a pourtant rien de confortable pour lui et il la mène malgré tout. Ça, le violet ne peut l’ignorer, remarquant l’exploit de ce calme apparent qui laisse parfois place à la verve sanglante si bien connue des étudiants de l’U.A. Ce discours court et net du festival était resté plus pour cette confiance et le non-respect d’une pensée commune à tous ces futurs héros : concurrence loyale. En quelques mots, la division des troupes, la remise en question d’une échelle de puissance et pour couronner le tout il avait été vainqueur.

Un soupire passe la barrière de ses lèvres tandis qu’il poursuit. Décortiquant l’élève dans sa façon d’agir, dans ses mots, déduisant de ce qu’il connait, de ce qu’il a pu voir, de ce ressenti qui est le sien. Pour finalement aboutir à cette conclusion qu’il n’était pas lui-même et que c’était navrant. Passer pour le méchant parce qu’il avait trouvé un moment de répit suffisant pour se glisser dans l’esprit du cendré c’était ce dont il serait accusé. Pourtant, dans les failles qu’il parcourait avidement, il y avait des pistes bien plus intéressantes que le petit numéro servi d’ordinaire. Des nervures authentiques qu’il voulait toucher sans risquer que les parois ne s’effritent. C’était agaçant. Devoir en arriver là pour obtenir quelque chose de réel de Bakugo Katsuki. C’était affligeant que cette conversation soit plus sincère parce qu’ils n’avaient pas d’affinité quelle qu’elle soit ou bien parce qu’il était à bout. En venir à cette conclusion le rendait plus désagréable que jamais et son aura gagne en force tandis que l’autre cherche à s’en défaire, patinant avant que la douleur ne le force à se redresser au plus vite. Le nouveau n’a pas bougé, observant du sol le garçon qui se dresse comme un faon en quête de ses premiers pas pour parvenir enfin à s’assurer sur ses jambes. Le souffle est court, les yeux sortiraient presque de leurs orbitent. Bakugo perd le contrôle non pas parce qu’il a perdu, mais parce que quelqu’un l’a vu. Le spectacle est horrifiant, rien d’agréable à lire le mal traverser une personne, qu’elle lui soit familière ou non, c’est la sueur qui coule sur la tempe de Shinso. Il déglutit, faisant danser sa pomme d’Adam. Devait-on toujours remettre en cause sa personne en fonction de son alter où était-ce parce qu’il est né ainsi ? Son apparence transpire-t-elle la malhonnêteté où est-ce juste l’influence des autres ? Le regard ? Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’il a bien pu faire de mal pour être jugé ? Son index tape frénétiquement sur le goulot de la bouteille en plastique, sourcil arqué, il attend la suite. Non, il ne le connait pas. Il ne peut pas nier et pourquoi le ferait-il ? Mais il voudrait bien, le connaître et briser la première couche de protection qui rend son détenteur aveugle du monde qui l’entoure. Comment peut-il avoir une vision si déformée du monde ?

Le violet prend une grande inspiration, ses mains à plat derrière lui, il observe toujours l’autre adolescent dressé sur son côté dont la voix ne porte pas assez pour alerter qui que ce soit. Neutre, c’est ce que Shinso laisse paraître quant au fond, il encaisse mal le boulet de canon qui lui a traversé l’estomac et fait vibrer son échine. Il calme le rythme effréné de son cœur, fixant le moindre détail du blond dont la peur est palpable. L’air devient plus lourd, mais il le chasse presque d’un revers en se levant lui aussi, plus paresseusement que son camarade. Ses mains gagnent ses poches et il penche la tête sans détourner son regard. « Prend ça comme tu veux, en attendant, si elle avait été facile d’accès, une bonne partie de tous ceux que tu crois être bienveillant et pensant aurait été répugnants » il n’était pas un monstre et il n’avait pas à le justifier et pire auraient été les médias s’ils en avaient appris plus. Eux qui ont un réel pouvoir sur les mœurs auraient pu faire de Bakugo la victime ou le bourreau. Les mots d’un simple élève alors auraient été le cadet de ses soucis parce que la cruauté pour affamer le peuple de ragot était bien plus facilement acceptée quand elle desservait les desseins de ces journalistes. Faire du champion un être plus fragile aurait fait parler d’eux, aurait alimenté les débats longtemps encore. Mais pour l’heure, ce n’était que lui, cet étudiant à l’alter de vilain qui parlait d’une façon nonchalante et qui n’affichait ni sourire ni animosité. « Tu te permets également de me juger sans me connaître. Très franchement c’est lassant de constater que tu penses légitime de le faire. Tu crois peut-être que ton opinion fait office de vérité pour tous ? Ou que toi seul sois en droit de juger ? » Ce comportement, il ne l’appréciait pas et retrouvait le mécanisme de défense qui animait son opposant. Il venait de comprendre d’où venait le problème et ne connaissait que la surface de ce qu’il restait du garçon à la grande gueule. De quoi avait-il peur ? Pourquoi tant de honte ? Il laisse claquer sa langue et masse sa tignasse aux mèches folles. Shinso entrouvre sa bouche. « Enfin, tu veux savoir et je ne pense pas que ça t’apporte grand-chose ni que ça me serve réellement puisque quoique je te dirais tu penseras toujours que je ne mérite pas d’être là, pas vrai ? »

Ça a toujours été ainsi et parfois, sa volonté faiblit lorsque les réflexes sont toujours de l’insulter vis-à-vis de son comportement. Il y est habitué, il n’est pas touché, dit-il, mais c’est lassant et sa langue claque contre son palais alors qu’il observe le creux de sa main. « Ton attitude tout entière, je t’en ai déjà parlé et elle m’importe peu dans la mesure où tu payes bien assez à cause de ça » Il ne dira pas qu’il le mérite ou non, laissant le soin au jeune homme de penser bien ce qu’il veut en ayant conscience que ce n’était pas correct et que semer le doute actuellement n’était pas la meilleure des façons pour obtenir sa sympathie. Mais en même temps, il ne la cherchait pas. « Je voulais savoir qui avait été capable de te mettre dans cet état et pourquoi et même si je ne cautionne pas, il y a un raisonnement qui n’est pas incohérent » c’était à lui qu’il s’en était pris pour une raison précise, tous deux le savaient, Bakugo avait été choisi. Sans s’approcher, Shinso se balance sur ses talons. « Je comprends pourquoi c’est un étudiant qu’il a choisi plutôt qu’un héros et c’est lâche de sa part, pourtant c’est judicieux parce qu’en s’en prenant à toi, il donne un exemple à suivre à ceux qui ont notre âge et qui sont dans sa situation… hm où dans celle qui était la mienne comme bien d’autres cas, je ne pense pas t’apprendre quelque chose de nouveau jusque-là et je doute que tu veuilles vraiment que je détaille le raisonnement de ce psychopathe ou même ce que je comprends de cette vidéo ? » avait-il besoin de lui pour ça ? Non. Le regard d’une personne extérieure était insupportable pour le nerveux et ça, le manipulateur l’avait bien compris. Il tire doucement sur les bandages à son cou et caresse le tissu en soupirant. « Il y a quelque chose qui me dérange avec toi, c’est que tu es la victime et je ne t’imaginais pas réagir avec autant de pudeur. À moins que tu ne te considères pas comme tel ? »
Shinso Hitoshi
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Dim 16 Juin - 0:51

Victoire au goût amer
ft Shinso Hitoshi

°°° What it means to lose °°°



Curieux être que celui-ci, qui observe à distance, mais avec une attention plus acérée que ne le laisse paraître son attitude nonchalante. On sent un esprit vif, qui veut saisir le monde qui l'entoure, interroger les limites de sa compréhension. Et Bakugou se trouve à cette frontière.

Il ne s'attendait manifestement pas à sa réaction, ni au choc, ni aux paroles venimeuses qui ont suivi. Il étudie les attitudes du blond colérique comme un zoologiste se penche sur un animal singulier, et s'il ne manifeste aucun trouble quand ce dernier frappe, ses premiers mots montrent qu'il n'a guère apprécié de se faire insulter. Il ne réplique pas avec l’agressivité et la susceptibilité de Bakugou, plutôt une détente qui masque ses failles, quand il se relève et que ses sourcils se froncent légèrement.
Shinso affirme que son acte n'a rien d'exceptionnel, sa curiosité n'étant pas répugnante comme l'a dit Bakugou, et son argument... Il tient peut-être la route, sans la censure, beaucoup plus de monde l'aurait vu, comme son aggression par le vilain gluant a été largement diffusée dans les news, quelle que désagréable qu'ait été l'expérience pour lui. Quelque part, c'est une chance qu'il n'ait pas encore été étudiant à l'époque ou cela aurait eu encore plus d'impact. Il peut s'estimer chanceux que les méfaits de Deadline aient été globalement étouffés.  
Les pupilles rouges, déjà effarées, vacillent. Même s'il n'a jamais eu de grandes illusions sur la bienveillance des hommes, c'est une autre chose de constater la cruauté en étant la victime. C'est cette croyance qui justifiait ses abus à ses yeux. Dominer pour ne pas être dominé. Pour ne pas se retrouver dans la position où le monde vous tourne le dos. Il ne faut surtout pas le voir, l'envers du monde. Il n'a pas confiance dans les autres, et dieu sait qu'il est tout sauf blanc comme neige. Alors quand Shinso dit que n'importe qui en ferait autant, il le croit. En fait, il se demande si ce n'est pas le cas. L'égocentrisme, ça marche dans les deux sens. Il imagine un monde hostile, persécuteur. Incapable de sortir de son point de vue, la douleur ne faisant qu'accroître les différences, l'isolement. Un trou où il s'enfonce dans des ténèbres illusoires.
Katsuki frissonne. Pour lui, l'acte de regarder cette vidéo ne peut venir que d'une envie malsaine de le voir se faire rabaisser. Il l'a vécu. Evidemment que c'est répugnant. Et s'il était témoin d'un tel spectacle, sans doute affecterait-il l'indifférence et se croirait assez fort pour en ressortir inchangé. Il aimait mettre ses amis au défi de regarder des slashers et d'autres images choc quand il était au collège. Mais une personne réelle ? Dans le fond, il aurait honte, cette culpabilité sourde qui ne fait qu'attiser ses sourires arrogants et ses provocations. Dans ce cocktail d'émotions que suscite chez lui la violence, il y a du sadisme, il y a de la fascination, et l'adolescent sent bien combien cette facette de lui ne saurait être plus éloignée d'All Might. Il n'a pas le recul de Shinso ; il suit ses pulsions, mais il écoute plus qu'avant la petite voix qui murmure que ce n'est pas bien. Juste regarder, ça ne fait pas de quelqu'un un vilain. Mais les émotions qui sont recherchées, est-ce que ce n'est pas la raison pourquoi certains mettent ce mot sur Katsuki et sur ce nouveau-venu ? Amoralité, immoralité, manque d'inhibition, peut-être une forme de méchanceté que les autres ont au moins le bon sens de cacher. Il n'est pas étranger à ce qu'il reproche à l'ancien élève de générale : il a lu dans les yeux fous de Deadline une cruauté qu'il connait bien. Il avait conscience que c'était une revanche, et que pour lui, c'est une punition, un juste retour de destin parce qu'il a maltraité un camarade et oppressé en se servant de son alter, de sa supériorité et de sa puissance, ceux qui étaient en son pouvoir.
Il sait cela. Mais les autres ne sont pas sensés le savoir. Et il est encore assommé par le contrecoup, commence juste à mesurer l'horreur de ses actes passés. Il savait quelque part, mais il ne le ressentait pas. Il avait des barrières en place pour le protéger de cette réalisation.
Mais... il a beau le crier tant et plus, il ne voulait tuer personne. Si le sadisme est quelque chose qu'il partage avec ce sociopathe, il ne serait jamais allé aussi loin. Et s'il avait vu une telle vidéo sans en être l'objet ? Il aurait sans doute été très mal à l'aise, justement parce qu'il se reconnaîtrait dans la position du bourreau, et qu'avec ce recul, le mal commis est évident.
Alors pourquoi est-ce que si c'est lui qui prend, des gens semblent soudain juger ça presque acceptable ?
Bakugou a toujours craint la pitié, mais l'indifférence manifestée par Shinso à son égard rappelle trop celle de son tortionnaire pour ne pas creuser ses failles.
On en revient à son attitude, qu'il paye.
C'est froid, et, quelque part, objectif, puisque c'est cela qui a poussé le vilain à le prendre pour cible. On croirait que Shinso veut appuyer là où ça fait mal, presque pour s'assurer que le message de Deadline a bien été encaissé par l'explosif.

Le jeune homme aux cheveux violets l'accuse avec agacement de le juger, comme s'il se croyait supérieur. Les questions de Katsuki, qui demandait pourquoi il avait fait ça, ont l'air peu intéressantes à ses yeux, mais elles ne faisaient qu'exprimer la détresse de l'adolescent immature. Pourquoi des gens qu'il ne connait pas cautionnent ce qu'il a subi ? Pourquoi quelqu'un comme Shinso, ayant été témoin de cette navrante descente aux enfers, vient-il le voir pour répéter le jugement porté sur lui par Deadline ? La neutralité soigneusement maintenue par le manipulateur ne sert à rien : il sait ce qu'il a vécu, et pourtant la première chose qu'il lui a dit c'était qu'il était bon à rien sans alter... L'écho cruel de ces paroles a transpercé la petite brute jusqu'aux os. Si ça t'es arrivé, c'est de ta propre faute. Voilà où ça te mène.

Mais enfin, il donne une explication différente, qui scotche le blond cendré sur place. Savoir qui avait été capable de le mettre dans cet état ?
Donc, il a d'abord constaté les dégâts, et cela l'a conduit à chercher le responsable ? Katsuki déglutit, le balayant du regard, ses pensées s'enchainant de plus en plus vite. C'est presque pire. Il faut avoir apprécié le "résultat", non, pour poursuivre une telle démarche ? Même si Shinso prétend ne pas cautionner, c'est difficile de ne pas imaginer quelqu'un ravi de sa chute, pressé de découvrir qui est responsable de ce petit exploit. Il faut au moins qu'il ait ressenti une affinité d'idées dans les rumeurs qui circulaient...

Il le confirme ensuite en disant que c'est un bon exemple pour les jeunes comme ce qu'il a pu être, ce qui arrondit légèrement les yeux du blondinet qui souffle par le nez.
Et la dernière phrase de Shinso le fait ricaner faiblement en secouant la tête, à demi incrédule. Il est largué, trop d'adrénaline dans son corps, des relents de souvenirs qui soulèvent en lui des vagues de nausée. Une vive envie de prouver sa valeur, de relever le défi, de se défendre qui point. Toujours l'indignation, toujours cette main qui enserre sa poitrine, comme si on pressait son coeur, cette voix plaintive d'enfant aux échos qu'il méprise tournoyant dans sa tête... l'envie qu'il a d'être aimé. L'illusion naïve qui lui a fait confondre force et valeur. Envie et admiration. Peur et respect. Il a toujours plus ou moins accepté qu'il était un connard, mais au fond ? C'est sensé n'être qu'un genre qu'il se donne. Les autres n'étaient pas sensés le haïr. Il ne savait pas faire autrement, et il croyait que ça marchait.
Et puis la résignation, une sorte de pellicule qui vient se coller sur sa peau comme de la poussière, quelque chose de très léger, quasi imperceptible. Recouvrant de sa chape chaque espace sur son corps, et ternir de son filtre toutes les couleurs du monde. Etouffant, mais juste un tout petit peu. On a seulement retiré un peu d'oxygène de l'atmosphère et désormais, jamais aucune inspiration ne sera complète. Ce sentiment, ou quelque chose.
Shinso, la nouvelle qu'il apporte, ce qu'il parait penser, cela se brouille... ce n'est pas nouveau. La colère, c'est un masque, c'est une fuite, c'est le rejet vers l'extérieur de la frustration et du négatif, la colère, ça a toujours été de la faiblesse.
En vérité, personne ne reconnait les efforts qu'il a fait pour changer, et il ne les a pas mis en avant, parce que cela serait reconnaître ses faiblesses, que c'était nécessaire... Cela ne se voit pas, il se met toujours en colère, est toujours prétentieux, prend toujours trop de place. Et quand il émet des avis plus neutres en se détachant de son égo, on l'accuse d'être hypocrite. C'est insignifiant, et la mentalité en noir et blanc de Bakugou ne lui offre qu'une conclusion.
Il a tort.
Et pour lui, c'est tout. Il ne peut être que parfait, ou sans valeur.
Il a essayé d'ajuster sa vision de ce qu'était le bien pour devenir compatible à cette école, à son idole, et ces gens qu'il peine tant à comprendre. Prisonnier de cet étroit chemin ; rejeter la critique ; s'adapter néanmoins.
Et il a échoué à regagner la reconnaissance qui lui est plus vitale que l'air.
Il ne supportait pas l'échec ; et combien de revers ? Ce jugement, qui vient clouer en place ses impressions confuses... C'est juste la touche finale d'un effondrement qu'il n'a fait que retarder et qui, franchement, n'en demandait pas tant. Bakugou, laissé à lui même, ne peut que se détruire. Il l'a évité grâce à des idéaux, des professeurs, des amitiés qui se nouent... Mais ses liens sont fragiles, lui déséquilibré, entre un ancien modèle qui l'emprisonne et des possibles qui le libèrent mais sappent les fondements de sa confiance, de son identité...
L'histoire racontée par Tsuyo, l'histoire que semble gober Shinso, elle est beaucoup plus simple, même pour lui.
Cela devait arriver.
Il n'a que ce qu'il mérite.
Seulement il a peur, désormais. La meute est à ses trousses, les érinyes, il avait raison depuis le début, s'il tombait, s'il était faible, il serait pris pour cible, il n'y a que deux possibilités dans ce monde, bourreau ou victime, et parce qu'il croit ça, il n'est pas un héros.
Juste un imposteur, qui crie encore et encore "je suis meilleur que vous" pour que personne ne voit les failles, les fautes, la haine et la laideur qu'il refuse d'admettre et qui grandissent en conséquence.

"Comment veux-tu que je réagisse ?" Il retrousse un peu la lèvre. "C'est pas comme si c'était, je sais pas, un combat que j'avais perdu et que tu matais pour te foutre de ma gueule. C'est..." Ferme les yeux, à court de qualificatifs pour l'impuissance, la torture, la joie malsaine et la mesquinerie de son bourreau ; frissonne. "C'est juste dégoûtant, merde... Tu balances ça comme ça, et je devrais pas te dire que c'est mal ? Moi, là, je fais du préjugé ?"
Katsuki secoue la tête, aussi blasé semble-t-il que le jeune homme qui lui fait face.
"Tu m'excuseras si c'est encore un jugement mais t'as l'air de te victimiser, c'est pas parce que t'as une gueule chelou ou que ton alter manipule que j'ai dis ça, mec, c'est parce que tu viens me rappeler le pire truc qui est arrivé dans ma vie qui date d'il y a même pas une semaine, que la plupart des gens seraient au fond de leur lit en train de chialer à ma place, et toi tu me balances ton avis et tu veux juste que j'en discute calmement avec toi ? J'ai pas un jugement universel, je te traite de connard, t'agis comme tel, point barre, ou alors ça compte pas vraiment juste parce que c'est moi ?"
Il donne un coup de pied dans le banc en jurant, et souffle l'air sifflant par le nez, refermant les yeux. Il a dit que Shinso n'avait pas sa place dans une école de héros.
Il se sent dans son droit. Mais c'est bel et bien un jugement. Il l'a dit.
"Je suis légitime de rien du tout. Je dis juste ce que je pense. Je t'ai rien fait de mal, on s'est parlé une fois, je sais même pas comment tu t'appelles, pourtant tu viens chercher la merde, et..."
Il expire à nouveau bruyamment.
"Ok. J'ai des à prioris sur toi, c'est vrai. Je trouve ça bizarre que tu sois aussi curieux des actions d'un vilain, que tu me tiennes le même discours que lui, et que tu t'amuses à me provoquer. Et quand tu me dis que tu as vu ce que tu as vu, ça me fout la haine, ça me fout la gerbe, et je me demande à quel point ça t'a fait prendre ton pied, le grand Bakugou trainé dans la boue, bien fait pour sa gueule...!"
Inspiration. Expiration.
"Maintenant. Je crois pas mon avis plus juste. J'en sais rien. Je comprends plus rien à rien. Alors, si tu es digne d'être dans cette école, j'en sais rien, foutrement rien, je... "
Il jugeait que Deku n'avait aucune valeur. Et c'est le protégé d'All Might. Pourquoi les gens écoutent son avis, quand il ne fait que gueuler sous le coup de l'émotion ? Passant d'un pied sur l'autre comme un animal qui renâcle, il replie ses bras pour les faire reposer dans l'écharpe à son cou, les croisant devant lui.
"Deadline m'a attaqué parce que je suis à UA, et qu'il peut... démontrer l'injustice des institutions, leur faiblesse, à travers moi."
Les yeux rouges se relèvent pour rencontrer ceux de l'étudiant qui lui fait face. Malgré son épuisement, ses cernes ne sont pas aussi marquées que celles de Shinso.
"Sa logique, je la pige. Il y a deux types de personnes qui vont mater son discours. Ceux comme moi, qui sont sensés haïr et craindre les marginaux davantage et redoubler d'oppression. Et ceux comme toi, qui sont sensés se dire que c'est possible de mettre à bas tous ces connards, que c'est possible de... faire quelque chose comme ça. "
Il passe la langue sur ses lèvres, les yeux vacillant un instant avant de revenir sur Shinso.
"Je pense que t'as répondu à ma question. Y a des gens qui ont dû te dire des trucs pas cools. Comme y a des gens qui ont fait du mal à Deadline. A des tas d'autres gens. Et je leur ressemble, c'est tout. Ce que j'ai fait ou pas compte pas, je sais pas pourquoi je me fatigue à débattre."
Il secoue la tête et sourit bizarrement.
"En tout cas c'est la première fois qu'on dit que j'ai de la pudeur, même si je pige pas bien ce que tu veux dire. J'ai aucune envie d'être une victime. Ça craint. Et puis un apprenti héros qui se fait capturer, c'est pas une victime." Il crache la phrase suivante, du dégoût au fond des yeux. "C'est un échec."






Bakugou Katsuki
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Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Mar 18 Juin - 22:53
La nature humaine était ainsi faite aux yeux de Shinso. Personne ne peut être innocent, pas même les enfants qui dans leur crédulité se montrent cruels sans le savoir. Sans même comprendre ce qu’est la méchanceté. Les jeux d’apparence, les règles de vies qui ne sont pas respectées, celles qui sont écrites et qu’il semble pourtant évident de suivre. Ne pas tuer, ne pas toucher sans consentement, ne pas voler. Les beaux sourires qui cachent les vils desseins d’un être. La manipulation dont lui-même se sert. Tant de preuves. Mais tout n’est pas noir ou blanc et la lutte acharnée qui prend place en chaque être humain fait parfois triompher le mal en pensant être le bien. Comme un bug dans la matrice, comme un raisonnement logique qui mènerait à la mauvaise solution. Pourquoi donc ? Ceux qui font le mal ne pensent pas le faire non plus, voilà la grande vérité. Certains ont bien conscience de n’être pas faits du même bois et aspirent à détruire ce qui ne leur correspond pas. Quand d’autres agissent par facteurs logiques ou émotionnels et aboutissent aux limites de leur propre sens moral. Il est plus illogique pour le nouveau du cursus d’être assez crédule pour croire en la bonté naturelle de ce monde et en même temps la craindre. Il est évident qu’un choix est à faire. Vouloir croire en la bienveillance de ses camarades… Bakugo ne se préparait donc pas au pire des scénarios. Qu’en aurait-il été si cette vidéo avait été publique ? L’impact aurait été bien plus douloureux étant donné ses réactions. Le souffle coupé, les épaules qui se dressent et s’abaissent par vagues de tempête. La respiration est régulière, mais elle est faite de beaucoup trop d’air pour être naturelle. Le regard vif et les vaisseaux qui s’y dessinent comme les branches nues d’un arbre. Les larmes ne coulent pas, mais la haine est palpable. La honte avec elle. Contraste étonnant avec le calme olympien du violet dont la lassitude atteignait elle aussi des sommets avant que les mots ne dessinent une ligne en un éclair dans le cadre sombre derrière lui.

Il était certain que l’apprenti héros jouait un peu trop avec les nerfs du cendré. Il n’appréhendait pas le traumatisme évident, se préoccupant davantage de comment cette maîtrise de lui-même explosait peu à peu au profit d’un comportement bien étrange. Il avait marqué des points en énonçant qu’il jugeait facilement et le fait étant que Bakugo poursuivait sur le même sentier ne l’étonna pas. Il avait touché sa fierté. Le banc derrière eux se souleva pour se replacer dans un bruit sourd sur ses quatre pieds. Shinso l’observa sans ciller, reportant ses yeux améthyste pour un duel de regard. Croisant les rubis sanglants de l’explosif, il ne bouge toujours pas, le laisse poursuivre et s’enfoncer dans les sables mouvant de l’incertitude. Des préjugés finalement avoués qui le soulagent, parce qu’il n’aime pas avoir tort non plus et que c’était la seule chose d’agaçant. Pourquoi s’encombrait-il de tant de manières quand lui n’enfilait pas de gants pour le dépouiller de tout ce qui gênait ses observations ?

Puis cette réflexion, certes justifiée par la façon dont Shinso avait amené le sujet. L’élève de 1-A n’en demeurait pas moins aussi manipulateur que lui finalement. Il voulait l’énerver et ça fit légèrement sourire l’antipathique qui baissa légèrement la tête en la penchant. C’était intéressant comme réaction. Ses pupilles s’animent, rétrécissent en quelques secondes pour revenir à la normale. S’il n’appréciait pas la sensation, il était au moins sûr que toute l’essence de son interlocuteur n’était pas partie en fumée. Piqué par les remarques qui n’étaient pas injustifiées, mais qui ne rendait pas compte de ce qu’il voulait réellement exprimer.

Un sourcil s’arque. Surpris, il en demeure hautain dans sa façon de regarder le blondinet à se demander si ce dernier se méprenait souvent sur les intentions des autres. Le voile épais que l’étudiant avait emprunté pour se couvrir, se protéger de la réalité était inutile avec lui, mais brainwash n’allait pas le lui arracher tout de suite, attendant la suite sagement, comme il le faisait toujours malgré son envie de répliquer. Il avait une façon de décrire la vision des autres qui le mettait à la fois en position de victime et de bourreau. Était-ce ce que lui aurait fait ? Si Bakugo avait été la victime d’un bourreau, aurait-il fini comme Deadline à vouloir éliminer la menace ? Finalement, peut-être que le blond comprenait bien plus son assaillant que Shinso lui-même qui en avait pourtant quelques traits communs, comme il le lui avait fait remarquer si gentiment. Peu à peu, le voile tombe, glisse aux pieds du blond et quand le violet redresse la tête il voit le masque se craqueler. La fragilité de ce qu’il y a derrière et qu’il pourrait s’il le voulait détruire réellement. En avait-il seulement envie ? Ce n’était pas le but et c’était ce contre quoi il luttait le plus après ses doutes et son sens moral. Non, l’ancien général n’avait pas pour projet de broyer dans son point la sphère aussi agaçante avait-elle pu être, il n’avait rien concrètement contre ce type. Juste un pion de plus, juste un garçon qui avait reçu bien plus qu’une gifle pour comprendre le sens de toute une vie d’illusion.

Shinso hausse les épaules « Tu n’as pas vraiment besoin de moi pour t’en rappeler, c’est le fait que je l’ai vu qui t’a mis dans cet état. » Et si la cruauté de ses paroles était certaine, ce n’était pourtant que la stricte vérité.  « C’est assez récent cependant et même si tu te montres brave en venant en cours ce n’est pas parce que tu t’en es remis, en quel cas tu ne m’en parlerais pas de cette façon. Peut-être que tu aurais dû prendre plus de repos et pleurer et je dis ça sans méchanceté. Tu t’exposes bien plus maintenant à ce qui te fait le plus peur dans cette histoire… » qu’était-ce donc ? De l’eau vient foncer le sol, la secousse avait eu raison de sa bouteille. « Tu te soucies beaucoup de ce que les gens pensent de toi et ton assurance, ce n’est que du vent à ce que je vois, en quel cas tu ne te méprendrais pas autant sur ce que peuvent bien penser les gens. Ça n’a pas forcément d’impact négatif. Par exemple… » Une main se place pour agripper sa taille l’autre bras s’appuie dessus, main tendue, paume offerte à son interlocuteur. « Prendre du plaisir à voir un apprenti héros se faire torturer ? Si j’avais été motivé par cette curiosité malsaine, je n’aurais effectivement rien à faire dans ce cursus, ni même à l’U.A. Je t’expliquerai ça plus tard, j’aimerais revenir sur autre chose en priorité. » il prend une inspiration. La révélation ne sera pas si simple, il s’attendait à la réticence du nerveux, mais il ne reculerait pas pour lui dire le fond de sa pensée. « Sans cette violence, son discours t’aurait quand même atteint. C’est ce que je voulais dire plus tôt quand je t’expliquais que je me demandais comment il avait pu y parvenir. » Bien sûr, les blessures physiques n’étaient pas négligeables, cependant, ce sont les mots du vilain qui avaient su troubler la victime. Les cicatrices seront là, mais elles ne sont qu’un rappel malheureux qui peuvent d’autant plus le rendre confus aux yeux de Shinso et lui faire assimiler que seule la douleur lui permet de changer, de réaliser. Il n’avait cependant pas les compétences pour apporter son aide et aucune envie de cette charge puisqu’il ne s’en sentait pas capable. En lui sonnait l’alarme agaçante du remords, de cette limite qu’il franchissait peut-être. Il n’était pas insensible à ce qu’avait dit le blond. Il l’avait cherché, puéril, voulant confirmer la théorie d’un vilain. La violence plus forte que l’esprit ? Il se refusait à le croire et pour cette raison était venu titiller les nerfs à bout d’un élève encore sous l’influence de son traumatisme.

Élève qui fait durcir les traits indifférents du violet par ce rejet de la réalité. Le nouveau savait pertinemment pourquoi Bakugo avait été choisi et il se doutait bien qu’à s’être demandé la même chose, son homologue en était arrivé à la même conclusion. Il claque sa langue et répond « Ne cherche pas à me faire croire que tu n’as pas compris pourquoi tu as été choisi par Deadline, tu es loin d’être idiot » Index et majeur viennent frotter contre l’arête du nez du manipulateur. « Il y a bien plus de raisons de regarder cette vidéo que tu ne te l’imagines. Certains chercheront le frisson, l’horreur, d’autres sont un peu plus vicieux, il y a les curieux et qui sait comment ils y réagissent ? On ne peut pas prévoir comment sont les gens ni pourquoi ils agissent, ça dépend de chacun. » Il soupire, s’octroie quelques secondes de répit. « Et pour ma part, si j’avais ne serait-ce que voulu nuire au profil que tu décris comme bourreau, j’aurais très bien pu le faire sans. » Une triste réalité qui pourtant n’avait pas été son choix, démontrant qu’il n’avait aucune intention d’appuyer pour faire mal. Ce n’était pas le but. « Je veux juste comprendre comment éviter qu’une personne comme toi puisse se retrouver victime d’une personne comme Deadline, pas par bonté, je te l’accorde, mais parce que ça ne ferait qu’alimenter une guerre entre oppresseurs et oppressés au lieu de l’annihiler. » Reproduire le schéma inverse reviendrait à faire des victimes les bourreaux et inversement, ce qui perpétuerait le cercle indéfiniment. Que les sans-alters et rejetés prennent le pouvoir pour faire entendre leurs voix ne rendrait pas service. Les forces pures ne sont pas négligeables et puisque le jeu des vilains n’était pas loyal, c’était un équilibre qu’il fallait. Les a priori moins présents aideraient à ce que des personnes comme Deadline ne deviennent justement pas des vilains.

Il ne restait plus qu’un point à éclaircir, un qui n’était une fois de plus pas à laisser pour compte tant il était important dans la logique du blond hérisson. « C’est un échec seulement si tu t’obstines dans la voie qui t’a poussé vers Deadline. Et de ce que j’entends, tu cherches encore à comprendre, ce qui te rendra plus fort parce que plus honnête avec toi-même » Il soupire de nouveau et réduit ses lèvres en une ligne. Il n’appréhendait pas, mais c’était épuisant de chercher à entrer dans la tête d’un autre. Avait-il le droit ? Certainement pas. Il pouvait salir un peu plus l’étudiant mis à mal s’il ne faisait pas attention. Peut-être aurait-il dû prendre plus de précautions ? Mais son but n’avait pas été honorable dès le départ. Il ne comptait pas l’aider, pourtant… c’était lui rendre service que d’exposer ainsi ces points faibles, même si la réaction promettait d’être violente. Ou pas… dépendant du bon sens de l’élève de 1-A et de leur confiance mutuelle…

« Tu me donnes cette impression de ne pas dire réellement ce que tu penses, une fois tu vois rouge, l’autre tu t’adoucit. » C’était aussi perturbant pour lui que pour l’explosif sans toute. Sans parler du traumatisme, il y avait quelque chose, une peur qui fit plisser les yeux de Shinso. « C’est un peu comme si… tu cherchais à me retenir. Je me trompe ? Qu’est-ce que tu ne dis pas et qui te semble si inapproprié ? »
Shinso Hitoshi
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Jeu 18 Juil - 19:51

Victoire au goût amer
ft Shinso Hitoshi

°°° What it means to lose °°°



Pourquoi supportait-il l'échange avec cet énergumène au juste ? Peut-être qu'ironiquement il avait besoin de se décharger, d'en parler, et Shinso était le premier à venir vers lui qui savait, qui l'avait vue. Les questions et la haine s'enchainaient sans repos dans son esprit dès qu'il ne s'occupait pas ; il voulait penser à tout sauf à ça et cela le pourchassait sans relâche. Finalement, c'était plus facile de saisir cette occasion que de supporter la gentillesse des autres. Face à eux, rien n'aurait pu sortir. Il se confisait de honte juste par la proximité de Kirishima, dont la familiarité faisait plus durement ressentir tout ce qui avait changé. Tous portaient en eux l'ombre de qui il avait été. Ils s'adressaient à lui sans s'apercevoir qu'ils appelaient un fantôme, et s'ils avaient pu deviner la puissance de l'écho, tout au fond du puits dans lequel il était tombé, il aurait préféré disparaître qu'affronter leurs questions, dévoiler la blessure. Kirishima l'avait admiré, et s'il avait eu en lui quelque chose de confus qui aurait pu se transformer, devenir digne de ça... Tout avait brûlé, il ne restait que, très nets, les os, ces arètes tranchantes du pire, dont il repassait le contour, la dépouille d'un monstre qu'il ne parvenait même pas à pleurer. Des illusions et rien d'autre, de la suie, des doigts noirs de poix fouillant les cendres à la recherche de quelque chose de brillant, d'un peu de couleur, d'un trésor qu'il avait chéri quand il était enfant, naïf au point de croire pouvoir porter dans son cœur une graine de soleil. Il était juste vide, et il ne voulait pas que les autres, ceux qui croyaient en lui, s'en aperçoivent.  

Ce type qui ne l'aimait pas, ça n'était rien en comparaison de cet écart. Ce n'était pas si différent de lui-même.

Par moments, c'était trouble, et il avait du mal à se concentrer, comme si quelques vis avaient été déboulonnées à l'arrière de son crâne. Et puis ça revenait comme tout à l'heure, si vivement qu'il semblait projeté dans la scène et que chaque mot, chaque mimique de l'homme au masque le hantait.
Il se souvenait, mais voulait oublier, arrêter de repasser ces moments comme un imbécile impuissant, tétanisé sous le choc... Tout ça pour un simple enlèvement, c'était ridicule. Combien de héros avaient été torturés par des vilains ? Les pros arrivaient à garder des informations, à se sacrifier, à garder la face et à remettre le couvert, alors pourquoi lui surréagissait de la sorte ? Eijiro lui même avait failli crever à cause d'un vilain, il s'était fait quasiment couper en deux lui, des blessures dix fois plus graves que les siennes, alors pourquoi lui seul faisait ce cinéma comme une gamine hystérique ? All Might se serait relevé, il aurait balayé le vilain comme un fétu de paille, et tous les doutes, d'un simple sourire. Mais Katsuki, non. Il fallait qu'il pleurniche pour trois coupures et une petite baignade forcée, oui c'était humiliant, mais il ne pouvait pas endurer au moins ça au nom de son rêve et de ses prétentions ? Il était écœuré de lui-même. Sa fragilité, sa dévastation ; comme quand il avait dit à Eijiro de "faire plus d'efforts", il ne pouvait se pardonner de ne pouvoir surmonter tout, avec un peu de volonté.

« Tu n’as pas vraiment besoin de moi pour t’en rappeler, c’est le fait que je l’ai vu qui t’a mis dans cet état. »


Cette simple remarque fit aussitôt baisser les yeux au petit roquet, comme le claquement d'un fouet au loin. Si l’événement lui-même n'avait pas été assez pour endommager durablement l'égo fragile du garçon, son enregistrement et sa diffusion donnaient un caractère objectif, indéniable, à sa faiblesse. Il se mordit l'intérieur de la joue quand l'autre lui suggéra de prendre du repos et de... pleurer ? Est-ce que c'était sensé régler quoi que ce soit ? Il fallait qu'il combatte sa faiblesse, qu'il fasse front, et s'il n'allait pas en cours... Et bien, il ne voulait pas savoir ce qui se passerait. Tenir le coup, carrer les épaules et faire bonne figure le mettait au supplice, mais la perspective du week-end semblait une telle menace qu'il gérait heure par heure.

Les yeux rouges revinrent balayer le visage de renard et son halo mauve : peut-être que Shinso avait fini la phase d'observation, en tout cas il sortait l'artillerie lourde et assénait ses quatre vérités à Katsuki à une vitesse à laquelle il n'était pas préparée.
« Tu te soucies beaucoup de ce que les gens pensent de toi et ton assurance, ce n’est que du vent à ce que je vois, en quel cas tu ne te méprendrais pas autant sur ce que peuvent bien penser les gens. Ça n’a pas forcément d’impact négatif. Par exemple…  Prendre du plaisir à voir un apprenti héros se faire torturer ? Si j’avais été motivé par cette curiosité malsaine, je n’aurais effectivement rien à faire dans ce cursus, ni même à l’U.A. Je t’expliquerai ça plus tard, j’aimerais revenir sur autre chose en priorité. »

Il encaissa, tête rentrée dans les épaules, le fixant de ses yeux de chat malveillant. Il n'avait jamais nié vouloir être populaire. C'est juste qu'il n'allait pas mettre l'accent dessus quand ce n'était pas le cas. La célébrité, la reconnaissance sociale, il avait fantasmé dessus comme tout jeune garçon qui répète le mot "héros" comme s'il était fait d'or et rayonnait de toute part. Regardez-MOI. Et tremblez ou admirez. Lui aurait le luxe de les ignorer, de surfer sur le chatoiement de gloire sans jamais baisser les yeux sur eux. Puisqu'il était suffisant, parfait, et ne devrait jamais se remettre en question.
Ah, la bonne blague. Même si on était loin de la réussite attendue, il croyait que ses capacités de combattant et son côté... badass lui valaient une certaine réputation. Seulement "une certaine", ce n'était pas suffisant. Il s'avérait que dans "une certaine" il y avait une image de vilain, de l'antipathie et tout un tas de complications qui n'étaient pas dans le plan. Mais bon, tant que les gens ne l'ignoraient pas, tant qu'il comptait, il s'estimait satisfait. Vous n'êtes pas contents, vous m'aimez pas ? Affrontez-moi.
Il avait été jusqu'au bout de cette logique d'affrontement et il avait perdu.
Alors peut-être que c'était bel et bien une voie qui l'avait mené à Deadline, ou Deadline à lui.
Dire que son assurance n'était que du vent, ce n'était qu'une gifle destinée à celui qui avait toujours clamé avec arrogance sa supériorité. Tsuyo aussi avait glissé quelque chose du genre. "Complexe d'infériorité".
Il était fort, il le savait. Jusqu'à ce que tous ces gens qui étaient forts aussi lui fassent de l'ombre et que son objectif paraisse s'éloigner au fur et à mesure qu'il devenait réel. A partir du moment où la moitié de son énergie servait à combler le gouffre de ses doutes, peut-être, oui pouvait-on dire que son assurance était feinte. Un tank roulant à toute bringue sur un échafaudage branlant. Voilà à quoi on aurait pu comparer la confiance de Katsuki. Il ne pouvait pas plus stopper le tank que renforcer la structure, juste l'étayer et monter toujours plus haut en criant "banzai" comme un triste imbécile, parce que s'arrêter et faire le constat de combien sa personnalité était merdique était tout bonnement impossible.
Il ne se sentait pas sûr de lui en cet instant, en tout cas. Et il ne voyait pas le rapport entre sa difficulté à lire les intentions des autres, et le reste.

Il était à côté de la plaque ? Shinso prétendait ne pas avoir une once de voyeurisme malveillant ? D'un côté, c'était réconfortant de ne pas voir là une vengeance personnelle mais... Il n'y croyait qu'à demi. Les sourires et mimiques de l'olibrius n'avaient rien de rassurant. Ce n'était pas parce qu'il ne lui voulait pas spécialement du mal qu'il lui voulait du bien.
Et puis, qu'on souligne son erreur lui rappelait trop les précédentes, avec miss Airbag, et Tête d'Ortie, et qui sait combien avant ça. S'il prêtait, à tort, les pires intentions aux autres, qu'est-ce que ça disait de lui ?

« Sans cette violence, son discours t’aurait quand même atteint. C’est ce que je voulais dire plus tôt quand je t’expliquais que je me demandais comment il avait pu y parvenir. »

Il entrouvrit la bouche à cette remarque, ses sourcils se relevant sous la surprise, lui donnant un air à la fois moins teigneux et plus vulnérable. Il ne s'attendait absolument pas à ce que le discours de l'étudiant prenne ce tour, et se trouvait désarmé par ses paroles.
« Peut-être... j'en sais rien... »
Une lumière se fit dans sa conscience. Peut-être... peut-être que Shinso cherchait autre chose qu'à le rendre misérable. Certes, sa méthode consistait plus ou moins à trifouiller d'une baguette les entrailles d'un rat qu'un autre aurait disséqué avant lui... Mais il voulait comprendre comment on en était arrivé là. Et comment on aurait pu l'éviter. Et c'était pathétique, que juste cette idée fasse chavirer quelque chose dans sa poitrine, un éclair de tristesse qui le parcourut tout entier.
Pathétique, qu'il espère tant de si peu. Que quelqu'un lui dise que la violence n'était pas nécessaire. Qu'il n'était pas un chien à dresser par la peur. Que tout ce qu'il avait été, ne méritait pas d'être détruit - pour que marche le monde - pour que justice soit faite.

C'était peu, mais bien mieux que s'il était venu applaudir à sa chute, et la gloire de Tsuyo, au moins avait-il une raison.

« Ne cherche pas à me faire croire que tu n’as pas compris pourquoi tu as été choisi par Deadline, tu es loin d’être idiot »

« C'est clair que je suis un génie » grinça-t-il en secouant le support de ses mains brûlées.
Question stupide, réponse stupide. Et puis il n'allait pas admettre qu'il geignait juste sur son sort. En considérant Deadline comme un vilain sociopathe dérangé, il comprenait parfaitement. Le problème c'était que des gens sensés trouve cela logique, voir justifié. Là, ça n'allait plus du tout.

Ça, c'était ce qui se déroulait à la surface, dans cet espace de discussion normal où il tentait de projeter les choses qui devaient être, comme on cherche le résultat d'une équation, la "vérité", la justice, un truc comme ça comme un compromis entre le monde et lui. Faire valider un chemin qu'il puisse suivre, dessiner un sens qu'il puisse croire... De brefs éclats tranchants saillaient depuis les ombres du fond, l'intelligence est relative, et pour le pire plus que pour le meilleur, sa capacité à morceler et fonctionner sur plusieurs niveaux de sens et de réalités parallèles l'isolait même quand il tentait d'être honnête. Les autres ne valaient juste pas la peine qu'il réfléchisse, la plupart du temps. Shinso, lui, semblait différent. Sa réplique pouvait être une raillerie superficielle... ou voyait-il davantage ?

« Il y a bien plus de raisons de regarder cette vidéo que tu ne te l’imagines. Certains chercheront le frisson, l’horreur, d’autres sont un peu plus vicieux, il y a les curieux et qui sait comment ils y réagissent ? On ne peut pas prévoir comment sont les gens ni pourquoi ils agissent, ça dépend de chacun. Et pour ma part, si j’avais ne serait-ce que voulu nuire au profil que tu décris comme bourreau, j’aurais très bien pu le faire sans. Je veux juste comprendre comment éviter qu’une personne comme toi puisse se retrouver victime d’une personne comme Deadline, pas par bonté, je te l’accorde, mais parce que ça ne ferait qu’alimenter une guerre entre oppresseurs et oppressés au lieu de l’annihiler. »

Un pli se creusa entre ses sourcils quand l'autre lui annonça ses motivations, toujours plus obscures. Cela dépassait manifestement de loin son cas et sa personne, le sens de la justice de Shinso le projetant dans cette cause déclamée par Deadline, mais cherchant des solutions pacifiques. Bakugou n'était pour lui comme pour le vilain qu'un pion, un exemple concret d'une argumentation à grande échelle. Et ses paroles montraient que si l'idéologie était proche, l'apprenti héros était loin de partager la méthode. A ce stade il était difficile de savoir si c'était une sincère opposition, ou un veto de principe ; on ne pouvait pas dire qu'il paraisse indigné par ce qui s'était produit.

Enfin, sur ce point, Bakugou se sentait d'accord. Sans pleinement comprendre, il ne voulait pas voir une guerre sanglante, une révolution. Était-ce parce qu'il voulait conserver son statut ? Il se sentait toujours dépassé par ce conflit ; ça avait toujours été héros contre vilains à ses yeux, et la vision d'un monde plus nuancé, dont les injustices ne se réglaient pas à coup d'explosions, était dure à adopter parce qu'il n'y avait pas le beau rôle. Il devinait qu'il faudrait prendre parti dans tous ces conflits sociétaux ; Stain, Deadline, et les Vengeurs, tous ces hors la loi qui venaient mettre à mal la société héroïque, ses valeurs nobles et figées, son mercantilisme. Quelle était sa justice ? Sa place, dans tout cela ? Cette question, cruciale pour Shinso, il ne se l'était jamais posée.

« Genre, arrêter la haine, l'oppression et la vengeance ? Bonne chance avec ça... »
Un sourire railleur, mais fatigué, fit pencher ses lèvres. C'était courageux, quelque part, de la part du désigné vilain de poursuivre ce but. Mais la façon dont il l'aiguillait, l'ayant profilé à partir de ces archives cuisantes pour son égo, poussait le blond cendré dans ses retranchements. "Une personne comme toi", quel était vraiment le poids de ces mots ?

« C’est un échec seulement si tu t’obstines dans la voie qui t’a poussé vers Deadline. Et de ce que j’entends, tu cherches encore à comprendre, ce qui te rendra plus fort parce que plus honnête avec toi-même »

Shinso réagissait à sa dernière remarque, quand il avait durement affirmé qu'il n'était pas une victime mais un échec comme étudiant de UA, pour avoir été capturé. Mais il déportait le sens de sa phrase sur un tout autre domaine, comme si l'échec de cette aventure était le couronnement de sa trajectoire et la conséquence de ses choix. Une version difficile à entendre.
Katsuki, lui, considérait comme une défaite impardonnable d'avoir été vaincu par le sans alter et kidnappé ; c'était encore un jugement désignant la faiblesse comme le mal à éradiquer. Et puis il avait mis en péril la réputation de l'école, et l'impact potentiel de cette vidéo, qui le dépassait, pesait sur sa conscience. Si Tsuyo réussissait à recruter, si son discours portait, serait-ce de sa faute ?

Il prit quelques instants pour essayer de décrypter le sens de ces mots et ne pas réagir à chaud : d'où tu me juges, d'où tu me conseilles ? Voilà ce que lui dictaient ses nerfs. Surtout, cela le révoltait d'envisager que quoi que ce soit de positif puisse ressortir de son enlèvement. Ce n'était pas un apprentissage, ce n'était pas un leçon dont il avait besoin, il refusait de changer grâce, ou à cause de ça. Et pourtant il n'était plus le même, et cette mutilation l'assommait et le répugnait à la fois, alternance de dépression et de rage noire.
Quant à Shinso, que ce soit l'énigme du caractère de Katsuki, cette catastrophe qui s'était produite pour lui, son sens, sa justice ou son injustice... Tout cela il voulait le fouiller, sans se soucier de plonger le blond dans une grande confusion mentale et émotionnelle.
Rien à faire, Katsuki ne trouva d'autre réplique que serrer les dents pour retenir sa hargne. Ces paroles étaient peut-être justes, mais elles faisaient trop mal. Comme recouler du plomb dans les sillons de ses plaies.

Et Shinso précisait sa pensée, cherchant à percer plus avant, à le pousser à parler :
« Tu me donnes cette impression de ne pas dire réellement ce que tu penses, une fois tu vois rouge, l’autre tu t’adoucit. C’est un peu comme si… tu cherchais à me retenir. Je me trompe ? Qu’est-ce que tu ne dis pas et qui te semble si inapproprié ? »

Il écarquilla ses paupières en amande, donnant à ses yeux un air inhabituellement rond. Ne pas dire ce qu'il pense vraiment ? Il était franc, Eijiro l'avait dit.

« Qu'est-ce que tu racontes, tronche de hibou ? Tu affirmes que je mens ? » s'esclaffa le blond avec un rictus féroce, déformé, sa voix dangereusement brûlante.

Il secoua sa tête ébouriffée et ses yeux gonflés cillèrent.
Le ciel à travers le dôme, l'ocre du gravillon du terrain, et les jolis éclats de lumière résultant des alters... On aurait dit le gribouillage d'un enfant, une approximation de crayons de couleur, quand se pressaient les ténèbres derrière tout ce délire pastel.

Des vérités, il y en a plein comme autant de nuances d'une palette. Mais il suffit de couper la lumière, faire chuter le soleil, fin du grand luminaire, et tout se fond dans une réponse facile à comprendre.
« Je réfléchis pas à tout ce que je dis, moi. Si on vient m'accuser d'être une espèce de nuisible, bien sûr que je me défends. »
Il se dressait de toute sa carrure, plus dense mais moins grande que Shinso, et l'éclat de son sourire n'atteignait pas ses yeux. Les pupilles dansèrent, hésitantes, points rouges à contrejour, et dans sa posture provocatrice se lisait une tension prête à rompre.

« Je peux pas dire qu'il a raison, Tsuyo. Deadline, je veux dire. Je vais pas dire qu'il a raison, ça serait dingue... »
Le rire silencieux qui le secoua le courba à partir de la colonne, plié sur ses mains blessées, mèches cendres et crocs grinçants.
Et puis tout mouvement cessa, et les lèvres revinrent sagement à leur place, neutres.    
« Il a raison. Pas sur la société. Sur moi. »
Aveu d'une voix rauque. Atone, l'adolescent incliné décilla ses yeux pour laisser filtrer l'image du sol. Rien ne bougeait.
Les dents revinrent dévorer la lèvre à la recherche d'une façon de le dire. Il se laissa tomber accroupi sur ses talons pour ne pas rester planté là comme un con, offrant l'appui de ses genoux à ses bras fatigués. Le menton se baissa sur son torse, plus bas, dissimulant son visage.

« Tu l’as vu déblatérer ses trucs. J’ai pas pu en placer une. »
Un silence.
La tension au coin des lèvres s'accentua, visage marqué, pupilles trop mobiles. Les mouvements brusques sur le terrain attiraient son attention, faisant frémir le duvet blond sur sa nuque.

« Je demande pourquoi les gens veulent voir ça, pourquoi toi, pourquoi c’est arrivé, ça te parait débile, naïf, que je crois que les gens m’apprécient ? On voit que t’as jamais été populaire… Je peux être agaçant et j’ai une grande gueule, ok, mais qu’on me déteste à ce point ? Je percute pas. Je veux pas comprendre. »
Sa voix était trop claire, trop excitée. Les iris voilés d'un grenat sombre se levèrent et fusèrent un instant dans un coup d'oeil furtif.
C'était comme se foutre à poil, inapproprié et bizarre, le malaise imprégnant la silhouette recroquevillée, comme submergée par ce qu'elle s'apprêtait à vomir. Il secoua plusieurs fois la tête pour se donner du nerf, déglutit, et une moue tendit ses joues en ombre de sourire.
Replié sur lui-même, Bakugou n'attendait pas de secours ou d'empathie. Des flashs du passé illuminaient l'arrière de ses paupières et il pressa contre son nez comme pour éprouver la douleur.
Il souriait cruellement.
« Parce que tu vois, c’est pas comme si j’avais pas fait d’efforts pour le cacher, pour changer… Alors je me demande, est-ce qu’ils voient au travers ? Ou bien c’est tellement évident, dans mes os, dans ma peau, dans ce que je suis, que tout le monde peut le voir, à part moi ? »
Il leva son visage blême vers lui, accusateur, railleur, et désespéré.
Le sourire qui partait et revenait folâtrait dangereusement avec la démence. Continuait à parler, d'une hystérie croissante, à tirer sur ce fil, tous ces fils de sens qui s'étaient entrelacés et se refermaient comme un nœud coulant.
Il referma les yeux, se balançant un coup, entraîné par le rythme, et articula, syllabe après syllabe, jusqu'à ce que ce soit dehors.
« Je me demande, si les gens devinent ce que j’ai fait, ou si c’est juste le genre de personne que je suis. Ce que je dis pas ? Je savais exactement de quoi il parlait, ce connard. »
Sa tête bascula en arrière et s'il avait pu les émettre, des explosions auraient surement ponctué ses mots, promesses de violence recueillies au creux de ses paumes ouvertes vers le ciel. Le masque d'une bête, le masque d'une brute, glissa sur son visage, et ses terrifiants orbites flamboyants jaillirent ouverts, fixant non pas Shinso mais une ombre entre deux, une ombre qu'il avait baptisée Deku et qui le hantait chaque jour.
« J’aurais pu être celui qui l’a rendu comme ça. "Tu as pas de valeur. Tu es tellement nul. Tu ferais mieux de crever. Je vais te donner une leçon, t’apprendre à rester à ta place…" hahaha… »
Le ricanement étranglé le secoua comme il singeait ses railleries, triste parodie, suffisante pour comprendre. La haine et ce désir d'écraser filtraient encore aujourd'hui dans ses mots. Et puis il referma les yeux, le sourire hagard plissant sa bouche, dans un dernier paravent pour un égo absent, épuisé, à présent, de cet effort inutile.
Il ne regardait pas dans la direction du jeune étudiant qu'on avait accusé à tort d'être une graine de vilain. Le violet le visage se mêlaient sur sa silhouette floue, et il ne voulait pas discerner sur ses traits l'expression du dégoût. Lui parlait trop, d'une voix altérée, plus gutturale qu'à l'ordinaire, au débit trop rapide. Il parlait pour remplir le silence et que Shinso ne parle pas.
« Tu t’en doutais, non ? Tsuyo devait s’en douter. J'ai beau faire comme si c'était normal, comme si c'était l'ordre des choses... Même si j'y pensais pas, je voulais pas le penser, même si j'ai voulu l'effacer et rester loin peu importe... Tu peux le raconter, je suis sûr que ça surprendra personne... »
Une grande respiration le traversa comme un frisson. Sa voix s'enrouait et se faisait plus faible malgré la haine qui perçait dans ses accents.

« Je me disais, t’étais juste un sale gosse prétentieux qui te croyait spécial, grandit un peu... Mais au final, j’ai rien compris, je comprends toujours pas, et face à lui, quand il a dit qu’il était sans-alter, j’ai juste craqué, j’ai rien appris, j’ai pas changé d’un iota ! »
Sa voix craqua comme quand il muait. Plus de voix. Il avala ses lèvres et déglutit bruyamment, les yeux cherchant refuge sur le côté.
Il regrettait d'avoir ouvert ces vannes, de chaque fibre de son corps. Il aurait voulu ravaler toutes ces sales paroles et les cadenasser tout au fond de son cœur. La rougeur qui brûlait son visage n'avait rien d'attendrissant.



Bakugou Katsuki
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Victoire au goût amer + Bakugo 19042108193839885


Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Mar 23 Juil - 21:02
L’évènement duquel il avait été témoin de son propre chef en allant s’en quérir d’une vidéo illégalement avait des conséquences sur le blond qui étaient naturelles et dont il n’avait pas tenu compte dans ses paramétrages de langue. C’était comme trouver le remède miracle aux maux d’une personne quand on n’est pas en mesure d’imaginer ne serait-ce qu’un pour cent de ce que l’individu a traversé. L’aspect psychologique avec lequel Shinso aborde Bakugo l’a dépouillé du minimum de compassion dont il était censé faire preuve. Mais de son point de vue, ménager l’explosif et le conforter en le plaignant n’était ni sa façon de faire, ni celle nécessaire à son rétablissement… qui lui importait peu aux premiers abords d’ailleurs. Cependant, le violet n’était pas dépourvu de sentiments bien humains. Le traumatisme était bel et bien présent et le désavantage clair de Bakugo blessé par cette position de victime qu’il ne pouvait malgré tout nier faisait un rappel dans un coin de sa tête. Aucun son, juste une lueur qui brille à répétition comme les feux d’une sirène prévenant les limites à ne pas franchir et avec lesquelles il jouait pourtant. Échouer en tant que futur héros, voilà ce qui importait au teigneux plus que le reste. Mais ce n’était une fois de plus qu’un jeu d’apparences, un tissu de mensonges que Shinso commençait à entrevoir comme un rideau épais que Bakugo ne voulait pas franchir. Il avait peur d’être moins crédible, d’être jugé moins admiré… moins craint dans cette quête vers le sommet. Ce qui était certes, un obstacle évident, qui ne devrait pas servir de justification à ce mal-être pour autant, car il y avait bien des raisons pour lesquelles il devait se sentir mal et ça ne devait couvrir qu’une infime partie… mais c’était le contraire… en apparence, une fois de plus. Le mal n’avait pas été traité et devait surement lui donner de l’urticaire au quotidien. Cette honte qui prenait trop de place n’avait rien d’anodin. L’étudiant baisse les yeux quand son interlocuteur reprend pourtant pour creuser plus derrière ce rideau. Il n’était pas bon de les passer dans un geste violent à les faire virevolter, il n’était pas bon non plus d’insister autant. Il n’avait pas le choix. Du vent, cette assurance n’était que du vent. Fort heureusement, ça n’entachait pas vraiment ce qu’il pouvait y avoir au plus profond.

Dans quelques gestes de main mesurés, Shinso exprime son sentiment sur le message. La violence n’est pas salvatrice, d’aucune façon et en rien Bakugo ne doit pâtir de cela au nom d’une cause. Il était bel et bien victime d’une injustice impardonnable, mais ça, le violet se garda de l’énoncer, non pas par peur de froisser l’égo déjà fragilisé du blond, mais parce que ce n’était pas le sujet. Défendre l’opprimé, c’était en soit une cause juste, mais le faire en piétinant d’autres individus ne l’était pas.

« Peut-être... j'en sais rien... »

La bouche entrouverte et le regard interrogateur de Bakugo le mènent à détailler plus amplement le fond de sa pensée. Il a touché un point sensible et bien que revenir sur les atouts d’une personne qu’il ne connait ni qu’il n’apprécie n’est pas dans ses habitudes pour n’en avoir jamais reçu, le nouveau fait l’effort. Lente agonie d’être aussi vigilant de ce qu’il dit afin qu’il n’y ait pas méprise « Tu n’en es pas sûr ? Étrange, mais soit. Je le crois fermement à ta place alors. » sans vouloir le pousser, Shinso statue que Bakugo n’a pas d’autre choix que de satisfaire ses idéaux et derrière cette raison égoïste se cache bien un compliment. Il ne peut en être autrement, car en dépit de son tempérament, la brute est tout à fait capable de raisonnement logique. La méthode employée avait un impact qui ne pouvait être nié, cependant ça n’était qu’un doigt qui avait appuyé sur le poussoir, le mécanisme lui était propre à chacun et celui de Bakugo était bien différent des autres.

C’était agaçant de tourner autour du pot, de prendre des détours pour mieux revenir et d’être accueilli de sorte à dévier de nouveau. Ne pas vouloir approfondir sur la raison de cet enlèvement était compréhensible pour tout l’aspect psychologique qui en découlait. Mais il se laissait avoir. Bakugo voulait préservait une image pour pouvoir mieux y croire, mieux se cacher derrière et c’était terriblement frustrant qu’il n’admette pas de but en blanc avoir été pris pour des pensées, pour un comportement qui n’inspirait pas ou ne correspondait pas à une vision controversée de la justice.

« C'est clair que je suis un génie »

C’était clair également pour Shinso qui ne put empêcher sa main de se loger contre sa nuque à en masser nerveusement la peau. Il n’y répond pas, mal à l’aise, reprenant son plaidoyer pour défendre ce qu’il y a de meilleur dans le discours d’un psychopathe proche du sien. La sensation désagréable de devoir encore déblatérer des heures sur sa différence avec lui le pris, beaucoup trop enclin à se taire en raison de cette lassitude à le faire… mais il avait mis les formes à quelque chose prêt pour ne dégager que ce que lui voulait. Il avait sa place à l’U.A. il la méritait et c’était tout, pas d’autre comparaison hâtive, pas d’autre justification à mener en raison de cette vidéo.

« Genre, arrêter la haine, l'oppression et la vengeance ? Bonne chance avec ça... »

Ce sourire lancé dans des encouragements qui n’ont pas de sens tira au nouveau un sourire fin et très peu perceptible, mais l’étincelle dans ses yeux brillait intensément. Comme complice, dans cette confidence. Il hausse les épaules. Comme si tout avait toujours été facile, pensa-t-il. Que ce soit pour Bakugo ou pour lui, le chemin était encore loin vers ces rêves qu’ils ne faisaient que frôler. Mais cette réplique seule avait suffi à le faire rire intérieurement. Une moquerie supplémentaire qui ne l’atteignait pas, qui le confortait dans l’idée d’être l’un des pionniers de ce monde moins bordé par l’importance du visuel. Le masque tombe peu à peu, le violet souligne et encourage davantage la conversation à se tourner vers l’abcès à crever. Mais il n’y a plus un mot. Il finit par se tourner, las de devoir tirer les vers du nez pour obtenir des informations, certes précieuses, mais qui font bien plus de mal que de bien. Il ne cachera pas avoir une certaine satisfaction à pouvoir s’entretenir avec le rageux chronique, mais ça n’a rien d’amusant de piquer pour chercher s’il y a une once de rédemption. Il ne veut pas non plus être celui qui expira les pêchers d’un autre, il avait déjà bien à faire avec sa propre morale chaotique. Pourtant, pourtant le mensonge, cette appellation, une défense qu’il avait envie de briser au plus profond de lui pour enfin voir le visage de Bakugo Katsuki. « Mentir à proprement parler non » se voiler la face, oui. De nouveau tourné, il l’écoute attentivement, des accusations, il en a lancé, Shinso ne le niera pas, il se contente d’observer la danse d’un adolescent beaucoup trop vif. Dressé devant lui, Bakugo occasionne un malaise dont il n’a pas conscience.

Le violet se voit acculé d’une confrontation dont il ne voulait pas. Déstabilisés, ils l’étaient tous les deux.

« Je peux pas dire qu'il a raison, Tsuyo. Deadline, je veux dire. Je vais pas dire qu'il a raison, ça serait dingue... »

Imperceptible, il acquiesce. Il comprend. Non, il n’a pas raison et de bien des manières, il n’approuve pas le comportement de Deadline, dont le nom a été révélé. L’idée était appropriée, le mal avait été fait au nom du bien, tant de choses qui désespèrent l’étudiant. Il ne voulait pour rien au monde s’identifier à ce vilain et pourtant, il savait pourquoi il avait sombré.

« Il a raison. Pas sur la société. Sur moi. »

Les pupilles claires se posent sur le plus petit. Curiosité malsaine de savoir en quoi il avait raison, même si c’était évident pour Shinso, il ne s’était pas imaginé une seconde y faire face. Un sourcil s’arque de surprise tandis qu’il attend, observant le nerveux se plier et mordre sa lèvre. Accroupi quand lui est encore droit, un geste qu’il dénonce. Le blessé a encore besoin de reposer ses bras, cependant ça n’est encore là qu’une interprétation qui ne justifiera pas tout.

« Tu l’as vu déblatérer ses trucs. J’ai pas pu en placer une. »

Une violence qui le fit de nouveau acquiescer. Sur ce point, il avait besoin d’être clair à son tour et d’apporter à Bakugo une lumière qu’il ne semblait pas avoir. « Tu aurais pu dire n’importe quoi ça n’aurait rien changé » il hésite. Ne s’abaisse pas à son niveau, observe la danse de quelques rayons se profiler dans les piquants cendrés. Le silence est une tension supplémentaire qui l’étouffe. Cette vérité ne dessert pas sa cause. Elle ne fait que minimiser le coup porté à l’élève. Un dérangé malgré tout intelligent qui s’est servi d’un apprenti pour faire le buzz. De l’extérieur… et de bien d’autres façons, c’était ce que servait Shinso et qui ne rendait pas justice aux opprimés comme le bourreau l’aurait voulu. Bakugo reprend non sans éviter son regard, volontairement ou non.

« Je demande pourquoi les gens veulent voir ça, pourquoi toi, pourquoi c’est arrivé, ça te parait débile, naïf, que je crois que les gens m’apprécient ? On voit que t’as jamais été populaire… Je peux être agaçant et j’ai une grande gueule, ok, mais qu’on me déteste à ce point ? Je percute pas. Je veux pas comprendre. »

Ça l’agace. Il claque sa langue contre son palais, cette fois c’est perceptible, c’est flagrant dans son comportement tandis qu’il se baisse afin d’être plus en phase et de pouvoir dire dans le blanc des yeux ce qui est agaçant. Populaire… il ne l’a jamais vraiment été et cette jalousie enfouie ne ressurgie que pour lui susurrer de tendres menaces pour piquer un peu plus la chair meurtrie d’un certain blondinet. « Populaire tout le monde veut l’être et personnellement, je m’en fiche pas mal. En revanche, associer l’appréciation que les gens ont de toi en fonction de ta popularité… même si c’est banal, ça n’est pas lié » Il penche sa tête, cherche son regard sans parvenir à l’obtenir et retiens un soupire.

« Dans sa tête tu représentais l’injustice, mais entre ce que l’on voit de toi et qui tu es vraiment, ce type n’a pas su faire la différence. Cibler quelqu’un pour une raison précise ça revient à lire le titre d’un bouquin et croire ça suffisant pour dire qu’on l’a lu » il ne pouvait en être autrement, malgré ce comportement agaçant et provoquant, ce n’était qu’un adolescent dont l’idéal était tout comme lui de devenir un héros. Ne le devient pas qui veut, ça, il savait en connaissance de cause que les places étaient extrêmement rares en dépit du nombre de postulants. Le silence est sourd après ses mots. Il est bien plus difficile d’être prévenant que ce qu’il pouvait imaginer. Une fois calmé, il se redresse et le regard de l’ange déchu suit sa silhouette, trop vif, beaucoup trop agacé… dans ce regard, il ne perçoit qu’un stress intense, une démence qui grandit et pourtant qui n’est pas dominante.

« Parce que tu vois, c’est pas comme si j’avais pas fait d’efforts pour le cacher, pour changer… Alors je me demande, est-ce qu’ils voient au travers ? Ou bien c’est tellement évident, dans mes os, dans ma peau, dans ce que je suis, que tout le monde peut le voir, à part moi ? »

Voir quoi ? A-t-il envie de dire, mais il le sait déjà, il sent venir cette révélation dont il ne veut pas porter le fardeau. Il ne le fera pas de toute façon, se contentant de prêter l’oreille en se renfrognant, soudainement moins bavard et plus anxieux.  

« Je me demande, si les gens devinent ce que j’ai fait, ou si c’est juste le genre de personne que je suis. Ce que je dis pas ? Je savais exactement de quoi il parlait, ce connard. »

Un nœud se forme en le regardant agir. Intérieurement, il panique, il supplie de ne pas continuer… mais il avait déjà compris, il était trop tard et son cœur bat si vite qu’il en déglutit à répétition pour tenter de faire disparaître la boule logée dans sa gorge.

« J’aurais pu être celui qui l’a rendu comme ça. "Tu as pas de valeur. Tu es tellement nul. Tu ferais mieux de crever. Je vais te donner une leçon, t’apprendre à rester à ta place…" hahaha… »

Une réminiscence de ce qu’il a vécu, mais à la différence que son sourire arrogant et ses mots aussi cinglants que le tranchant de couteaux avaient su se frayer un chemin pour atteindre ses bourreaux. Son indifférence restait la meilleure arme possible, calme et impassible on ne voyait plus en lui la faiblesse d’un presque sans alter au pouvoir de vilain. Il était une menace et c’était ce que décrivait le numéro un du festival… Dans une inspiration plus forte, Shinso ne bouge pourtant pas, la limite a été rompue… et comme un enfant grondé, le violet rentre presque la tête dans les épaules d’inconfort.

« Tu t’en doutais, non ? Tsuyo devait s’en douter. J'ai beau faire comme si c'était normal, comme si c'était l'ordre des choses... Même si j'y pensais pas, je voulais pas le penser, même si j'y pensais pas, je voulais pas le penser, même si j'ai voulu l'effacer et rester loin peu importe... Tu peux le raconter, je suis sûr que ça surprendra personne... »

Oui il y avait pensé il ne peut pas nier que ces choses-là se sentent. Mais ce n’était pas écrit sur son front et par-delà les apparences, Shinso n’avait jamais pensé à se mettre à la place de ces oppresseurs. Etait-ce le mélange mortel d’une culpabilité mordante et d’avoir été puni par le fait accompli qui mettait son interlocuteur dans cet état ?

« Je me disais, t’étais juste un sale gosse prétentieux qui te croyait spécial, grandit un peu... Mais au final, j’ai rien compris, je comprends toujours pas, et face à lui, quand il a dit qu’il était sans-alter, j’ai juste craqué, j’ai rien appris, j’ai pas changé d’un iota ! »

Il y avait bien plus que cela. Les iris rubis brillent autant que la peau opaline de son détenteur. Shinso est pris au piège. En demandant accès à un secret d’État, il se retrouve complice et d’une façon qu’il n’aimait pas. Il se sent bête, il n’a pas les épaules pour soulever d’une traite le plus musclé des deux. Pourtant, cette fragilité l’attire autant qu’elle le rebute. Le silence pèse plus lourd que l’air et plus l’étudiant réfléchit, plus il se demande pourquoi il n’y avait pas pensé plus tôt. Non pas ce crime qu’avait commis le blond, non pas cette hargne qui lui appartenait et qui ne cachait rien de bon, mais se mettre à sa place.

« C’est honnête » dit-il, attendant que le regard rouge se pose sur lui et le détruise pour ces simples mots. Il ne conclura pas de cette façon. « Avouer quand on merde ou qu’on pense différemment de la norme c’est pas une tare. Je te ferais remarquer que je ne suis pas vraiment un exemple parfait et dans aucun des cas en plus » il penche sa tête, une main posée sur un coude, l’autre le long de son corps. Il y avait quelque chose chez Bakugo qui le rappelait à l’ordre. Cette pulsion presque meurtrière de le voir payer s’était envolée à la minute où il avait fini par saisir pourquoi. Pourquoi est-ce qu’il était comme ça. « Je ne sais pas pourquoi tu flippes qu’un sans alter soit capable de quelque chose. Mais plus tu vas flipper et plus tu vas te pourrir la vie tout seul. C’est ce que tu as déjà fait. La leçon, elle est là ». Avoir été ciblé pour cette raison, subir toujours la pression d’être inférieur ou d’être moins considéré… pourquoi ? Il ne pouvait pas faire le lien et n’était pas certain d’en avoir follement envie, curiosité éteinte par la frayeur qu’il niera avoir eu de ce visage déformé par la haine, par le doute, le remord. « T’as pas changé. Et qui te demande de le faire ? » on ne le lui avait pas demandé, excepté pour sa façon de combattre, mais ce n’était pas tout remettre en question, c’était élargir des champs d’action et dans tous les cas, ça ne le changeait pas lui. Quant à Bakugo… « T’es désagréable, une vraie grande gueule, tout ce que je ne supporte pas vraiment. Pourtant, tu es là et je parle avec toi » c’était honteux. Il était venu dans l’unique but de le provoquer, l’état dans lequel le mettait l’étudiant en le faisant passer d’agacement à panique et frustration n’était pas désagréable dans l’avancée que cela représentait. Il avait eu tort. Il avait jugé également et il s’était mépris à tel point que la surprise de découvrir le vrai visage de l’étudiant était… plaisant. Ils étaient foncièrement différents dans ces catégories d’oppresseurs et oppressés, n’appartenant d’ailleurs pas au même groupe et pourtant, de nombreux points communs. Pinçant l’arête de son nez, Shinso reprend. « Ce que je veux dire, c’est que tu réfléchis, mais tu ne creuses pas au bon endroit et parfois ça doit même être volontaire » ce qu’il lui avait littéralement craché dessus, cet aveu d’un crime mineur ayant malgré tout son importance… il y avait eu une réflexion, mais elle avait été évité, non dites, tassée au fond du crâne du blondinet. « Tu as un sérieux problème avec la façon dont tu perçois les autres et leur regard. Tu te prends la tête en étant capable de recul, mais en ne le prenant pas et ça me perturbe beaucoup » pour quelle raison ? C’était mal ? Mais encore ? Sans forcément rendre publique cette affaire, pourquoi n’avait-il pas assumé ne serait-ce que d’y penser ? Comment gérait-il cela ? De nouveau, il s’assoit sur le banc, abdiquant face à l’adversaire. Bakugo devait être épuisé et ils étaient loin d’avoir terminé leur conversation. Maintenant ? Il n’était pas près de le laisser lui filer entre les doigts, serrant avec moins d’hésitation le tissu sous ses doigts pour qu’il ne s’enfuie pas. Il y était presque et sans avoir cette prétention ni cette volonté d’être un soutien pour Bakugo… il était bel et bien en mesure de l’aider à se comprendre.
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Mar 31 Déc - 19:09

Victoire au goût amer
ft Shinso Hitoshi

°°° What it means to lose °°°



Les paroles étaient sorties sans qu’il les ait pensées. Une rivière qui sort de son lit. On ne sait pas d’où a surgi l’eau, gonflant les nappes phréatiques jusqu’à déborder des souterrains.
Jusque là, il avait toujours contourné les critiques. Oui, mais. Tant qu’on est premier, ça n’a pas d’importance. Fait taire la peur que les gens puissent avoir raison sur lui.
Le soleil crée une ombre. La réussite induit la peur de l’échec. Et l’autosatisfaction de Bakugou avait toujours masqué le sentiment d’imposture. Deku - il lui avait fait porter ce poids, payé ce prix. Il ne le comprenait pas, comment aurait il pu ? Pendant qu’il s’accrochait toujours plus à ses apparences, l’ombre à l’intérieur de lui, promesse du vide, gagnait en puissance.
Si la force n’était pas une valeur, il n’avait rien d’un héros. Evidemment qu’il ne voulait pas se remettre en question : car il était déjà damné, pour ce qu’il avait fait à Deku.

Il s’était accroupi parce qu’il devait se recroqueviller, et cacher les grimaces de son visage déformé par le dépit sous ses épis sauvages.
Le moment où il avait fait explosé ses mains - Deku, Tsuyo, tout s’était superposé. Alors bien sûr que c’était sa faute. Bien sûr qu’il le méritait. C’était évident, le point charnière sur lequel Shinsou avait mis le doigt : tout - toute la cruauté dont il avait été victime, avait été décidé à ce moment, parce qu’il méprisait les sans alters, parce qu’être à la merci d’un sans alter était plus que son égo ne pouvait endurer. Une explosion de plus qui reflétait tant d’insultes mesquines et de coups, et peut-être que le harceleur avait éclaté parce que c’était ce qu’il avait toujours redouté, tout au fond… Être impuissant, devenir la victime. Ironiquement, il avait scellé son destin.

Si ses révélations secouèrent Shinsou, il ne s’en aperçut pas. Lorsqu’il écarquilla son regard effaré dans sa direction, le jeune homme aux cheveux violets parlait avec son calme habituel, comme s’il ne venait pas de mettre à un secret qu’il n’avait jamais été pleinement conscient de porter.

« Avouer quand on merde ou qu’on pense différemment de la norme c’est pas une tare. Je te ferais remarquer que je ne suis pas vraiment un exemple parfait et dans aucun des cas en plus »
Il pinça sa lèvre, se rappelant le goût du sang. Il… s’attendait à ce qu’on lui assène le coup de grâce, après ça. Parce que n’importe quel héros digne de ce nom aurait été horrifié par ses actes, non ? C’était une zone grise - sourde culpabilité - nouvelle morsure mais il ne savait pas exactement mesurer la réalité de cette faute. Il aurait nié autrefois, minimisé. Si quelqu’un lui en avait fait reproche il n’aurait pas écouté. Mais le discours de Deadline avait été bien intégré. Malgré lui, il voyait désormais ses actes passés avec une netteté accrue. Et ce n’était pas seulement parce qu’il avait soudain reçu un châtiment démesuré qu’il comprenait à quel point c’était mal. C’était parce qu’il avait sous les yeux l’exemple de camarades qui protégeaient et sauvaient, parce qu’il était entouré de personnes à l’âme héroique et… soudain, le terme “héros né” n’avait plus le même sens. Les plus grands des héros ont à leur actif un acte de bravoure avant même le lycée, il se plaisait à mentionner cela… En définitive qui avait fait cet exploit ? Le sale nerd imprudent, et sous les yeux d’All Might. Cela prenait sens… Il croyait que gagner était le propre des héros, mais au final son idole n’avait d’yeux que pour sa victime, et il devait bien admettre qu’il s’était trompé.
Grâce à Deadline, la dernière pièce du puzzle s’assemblait. On peut gagner par la force, par le talent, la technique ; en définitive tout revient à l’alter. Un mérite relatif fondé sur l’injustice. L’autre vision il ne la comprenait pas. Il ne pouvait que voir combien il s’en éloignait.
Est-ce que cela aussi ce n’était pas injuste, en un sens ?
Mais Shinsou lui non plus n’était pas dans ce groupe de camarades chaleureux et rayonnants pour qui l’amitié tenait de l’instinct et l'héroïsme d’une évidence. Alors à sa plus grande surprise il ne le jugeait guère. Puisque Shinsou croyait aux mêmes valeurs que Deadline, cela devrait… logiquement… le disqualifier comme héros à ses yeux… Alors pourquoi relativisait-il au lieu de l’enfoncer ? Il ne comprenait pas. Pourquoi les yeux parmes semblaient le regarder d’une façon différente.
Comme s’ils le voyaient. Comme si pour quelque raison Shinsou avait laissé de côté sa théorie pour le contempler pour de bon.
« Je ne sais pas pourquoi tu flippes qu’un sans alter soit capable de quelque chose. Mais plus tu vas flipper et plus tu vas te pourrir la vie tout seul. C’est ce que tu as déjà fait. La leçon, elle est là ».
Ses yeux se dégagèrent un instant puis revinrent à la charge, couleur brique, sans éclat. Flipper ?... Lui ? Cela l’avait mis en rage. A chaque fois… Il pensait frapper en représailles, et il se disait que c’était la faute de Deku, de se mettre en travers de son chemin, parce qu’il ne restait pas à sa place. Mais Uraraka aussi avait dit quelque chose comme ça… “On dirait presque que tu as peur de lui”. Il fit la moue sans répondre. Il n’avait pas grand chose à répliquer. Même en étant bienveillant, s’en prendre aux sans alters quand on a l’avantage était au mieux mesquin. Il ne pouvait pas l’expliquer, mais il savait bien que c’était stupide. Ca restait pourtant difficile de se débarasser de son aversion pour Deku. Et aux yeux des autres, cela n’avait pas de rapport qu’il pouvait expliquer, alors que c’était toujours son agaçant visage naif qui se présentait à ses yeux à chaque fois qu’ils employaient ce mot.

« T’as pas changé. Et qui te demande de le faire ? T’es désagréable, une vraie grande gueule, tout ce que je ne supporte pas vraiment. Pourtant, tu es là et je parle avec toi »
Que de contradictions chez la tronche d’opossum. Après avoir écroulé ses défenses voilà qu’il l’insultait, et pourtant il reconnaissait lui même un échange, par delà leur différence. Et à contrecoeur soutenait l’élève au bord de l’implosion, comme pour le récompenser d’avoir finalement vomi ses vérités les plus douloureuses.
Et Shinsou paraissait lutter avec lui même, incertain à son tour de la conduite à suivre.

Katsuki se mordillait la lèvre, mal à l’aise, le regard fuyant. Une part de lui avait envie de tout faire exploser. Une révolte primitive qui voulait juste déchirer les voiles de décence et exprimer la violence, la laideur, tout ce qu’il avait réprimé si fort depuis qu’il était arrivé à UA. Il n’aurait su dire si elle était sa force ou sa faiblesse, cette valkyrie rapace et cruelle, prête à planter ses serres dans lui et dans les autres, avide de faire couler le sang.
Peut-être qu’une part de son coeur voulait juste exploser et savourer sa défaite quand tout le monde pointerait le doigt vers lui en disant : regardez, un vilain, je l’ai toujours dis.
Egoiste, rebelle, violent, désinhibé, individualiste, avide et dominateur, tout ce que ce que ce monde et cette société célèbre et rejette dans le même temps…
Seulement… contre toute attente, Shinsou ne rejetait pas ce petit monstre grinçant et batailleur, ne niait pas ses fautes, ne condamnait pas ce qu’il était.
Etre contradictoire, il acceptait la corruption. Il semblait juste prendre acte de ce qui se trouvait sous ses yeux. Incompréhensible, comment s’exposer en tant que petite brute rende Katsuki plus humain à ses yeux, et pourtant…
Il fronçait le nez comme si le problème du blondinet était son problème. Comme s’il était une équation à résoudre, mais maintenant… Katsuki n’était plus sûr qu’il soit venu seulement pour vérifier qu’il était “bien puni”.
Le fil d’une vague curiosité suivie jusqu’au bout, c’était sans doute la signature du kitsune insomniaque. Une quête personnelle qui faisait des cercles entre un vilain radical et un étudiant trop bruyant…
“S’ils sont tous comme toi en héroique”, tel était le premier jugement - provocation - que lui avait asséné ce garçon lors de leur première rencontre. Mais à la décharge du disciple d’Aizawa, il venait approfondir les choses, creuser les frontières de son monde. Une habileté que Katsuki devait encore acquérir.

« Ce que je veux dire, c’est que tu réfléchis, mais tu ne creuses pas au bon endroit et parfois ça doit même être volontaire. Tu as un sérieux problème avec la façon dont tu perçois les autres et leur regard. Tu te prends la tête en étant capable de recul, mais en ne le prenant pas et ça me perturbe beaucoup »

A ces mots, il se rassit sur le banc. Katsuki soupira, puis s’assit carrément sur le sol pour délester ses jambes. Pivotant vers lui, il reposa ses bras blessés sur ses genoux et, buste penché, menton appuyé sur son torse, fixa le sol et l’ombre du banc et de son occupant qui s’étirait entre eux.
Les mots sonnaient juste, et il ne savait pas trop s’il voulait s’exposer à une analyse psy ou une connerie du genre. D’habitude, les gens restaient loin ou s’arrêtaient à l’évidence, et lui aussi.
La dernière phrase étira un presque sourire sur ses lèvres. Allons bon. Au moins il pouvait se vanter de déphaser cet énergumène. Sa curiosité devenait presque - presque - flatteuse (si elle n’avait pas été la dernière d’une longue liste de jugements et d’humiliations).

“Tu as dis toi-même que si tu prenais plaisir à voir quelqu’un souffrir tu aurais rien à faire en héroïque. Alors pourquoi quand je te dis que j’ai fait souffrir des gens, tu réagis pas ? C’est pas logique…”
Il eut un faible exclamation de dérision.
“Je me demande ce que tu as fais de mal, pour être aussi tolérant… Mais tu étais pas là. Tu as peut-être vu… ça.” Sa bouche se tord d’amertume et de dégoût. “Mais ce qui me rend malade, c’est pas… à quel point ça faisait mal, ou… honte, comme si j’étais rien du tout.” Sa voix se fait rauque, sourde. Il s’arrête pendant un trop long moment.
“Tu es l’élève d’Aizawa, pas vrai ? Et Deku, tout le monde sait qu’il est le chouchou d’All Might. Vous n’êtes pas les meilleurs, mais pourtant des pros vous ont choisi parce que vous aviez quelque chose de spécial. Moi, les gens me désignent parce qu’ils veulent me donner une leçon. A chaque putain de fois. Faut croire que je le mérite. Mais Deadline, il voulait juste me tuer. Pour démontrer sa logique de merde. Et j’ai rien trouvé à répliquer. Ca faisait mal, et peur, mais ce que je peux pas oublier… C’est qu’il n’y avait rien à racheter. Rien à sauver. Personne n’est venu pour moi, même après que j’ai abandonné tout ce que j’avais de fierté... Et si je m’étais pas enfui comme un lâche, je serais mort, et ça aurait rien changé !”
Ses épaules tremblent ainsi que ses lèvres et de petites perles s’accrochèrent au cils blonds serrés de toutes ses forces ; il les balaye de la manche, rageur.
“Pourquoi tu restes là à me parler ? Je pige pas ! Tu es content ? Tu as assez vu ? J’ai assez appris, hein ? J’ai assez retenu la leçon ?!”





Bakugou Katsuki
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Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Ven 10 Jan - 23:22
Il reste silencieux celui qui crie aux loups, il a retenu la leçon, s’est défait de son costume de fauve pour arborer les couleurs dépouillées d’un chaton errant tandis que Shinso se délecte d’en décortiquer le moindre détail pour imprimer ses contours, ses regards. Il presse des boutons pour déclencher un mécanisme qu’il ne fait qu’effleurer, obtient des orbes fuyant l’intensité faible de ses améthystes, les grimaces et les morsures infligées à ses lèvres, il les voit. Ce n’est pas tant qu’il apprécie de voir la douleur sur un visage, mais au minimum savoir qu’il parvient à le faire réagir lui sans le mettre à bout, parce que ce n’est pas ce qu’il souhaite désormais. Alors, lorsque le silence revient et qu’il se pose sur le banc, Bakugo l’imite et se laisse tomber, reposant ses bras, ses jambes et laissant les mots s’étouffer dans sa gorge, de sa voix brisée un peu plus que la normale.

Cette logique implacable que Bakugo prenait à la lettre lui revenait comme une gifle à presque l’en faire rire si la gravité de la situation avait été moindre. L’envie n’est pas là, au contraire, il se trouve plus humain qu’il aurait dû l’être avec quelqu’un « comme lui » mais ça ne voulait plus rien dire à présent et ça le désespérait d’admettre que ce qu’il prenait pour de la confiance n’était qu’une illusion, un besoin d’attention qui jamais ne lui aurait traversé l’esprit s’il n’avait pas creusé.

« C’est vrai que t’as l’air de véritablement prendre ton pied… » Laisse finalement entendre le violet, de son regard le plus blasé, son corps pivotant de sorte que ses jambes soient positionnées de part et d’autre du banc, tourné vers l’étudiant qui ne daignait lui adresser un regard. La honte était lisible, les sons ne laissaient aucun doute sur les pleurs, mais lui ne s’y attardait pas, non pas pour lui lever ce crédit d’être après tout comme tout le monde, plus parce que ça n’était pas dans son intérêt, il en serait d’autant plus humilié, Shinso le savait pertinemment.

« Tu t’attendais à ce que je te dise que c’est mal ? Tu sais déjà que c’est le cas, c’est ce qui te différencie du vilain : ça te ronge, même si tu as du mal à l’admettre » là où normalement, un criminel n’aurait eu ni remord, ni culpabilité, lui avait enterré l’affaire comme un garçon qui cherche à cacher sa bêtise, était-ce condamnable de franchir les limites pour apprendre à ne pas les dépasser ? Il se demandait bien pour quelle raison cette règle n’avait pas été fixée plus tôt, mais une fois de plus ses traits se firent lents, ses paupières se fermèrent quelques secondes, se remémorant lui-même les injustices subies et les yeux clos de ses professeurs. Il n’allait pas jusqu’à dire que Bakugo n’avait aucune part de responsabilité, mais il fallait une règle de mesure et si elle-même était humaine, elle était faussée dans tous les cas.

Qu’on lui dise être tolérant flattait son égo autant qu’il l’insultait, parce que ce n’était pas vraiment ce qu’il pensait. Il essayait de ne pas juger, pour ne pas faire l’erreur de sous-estimer une énième fois ceux qui ont gravi les échelons avant lui et qui ont autant de difficultés en dépit des apparences.

« J’ai pensé très mal. J’aurais très bien pu être à la place de Deadline dépendant des circonstances et toi un héros qui ne supporte pas les sans-alters » le nouveau masse sa nuque, privilégiant l’honnêteté. Rien n’empêchait Bakugo au même titre que lui de basculer sévèrement sur une voie qui n’était pas du tout celle qu’ils s’étaient fixée.

« Ce n’est au fond qu’une question de limites à ne pas franchir trop souvent. On est tous faillibles et c’est personnellement un vrai défi de ne pas céder parfois à l’envie d’utiliser mon emprise pour humilier des personnes que j’aime pas » ce qui l’empêchait de passer de ce côté, c’était sa morale, c’était ceux qui croyaient en lui pour le peu qu’ils étaient, mais c’était avant tout cette soif de justice pour lui comme pour bon nombre qui auraient pu porter les couleurs d’un monstre comme l’agresseur du cendré.

C’était difficile et les limites de Shinso avaient été atteintes depuis longtemps, pourtant il restait pour les dépasser, dans le bon sens, pour se battre contre sa propre conscience. Il avait provoqué ce déluge, il allait devoir l’assumer au risque de subir les foudres de ce professeur. Son mentor était bel et bien admirable aux yeux de Bakugo, rassurant pour Shinso qui ne le voyait pas porter réellement son attention sur un alter certes puissant, mais discret. Dans ce tourbillon qui assaille l’élève de 1-A, le violet se redresse et cherche à y entrer, se posant accroupie en face de lui pour lui faire face. Il ne voulait pas le voir pleurer, c’était une façon de lui faire comprendre que ça ne servait à rien et qu’il se trompait sur la façon dont lui le voyait. Il n’allait pas l’humilier, il aurait pu, mais non.

« Le nombre de fois où il m’a étranglé avec ses fichues bandelettes… je me demande encore ce qu’il a pu voir en moi » Aizawa n’était pas du genre à prendre n’importe qui sous son aile et cet honneur qui lui avait été réservé, il avait envie de le rendre. Il ne savait pas pourquoi lui au même titre qu’il ne comprenait pas pourquoi Midoriya Izuku avait été choisi par All Might, pour lui c’était une question d’alter, les similarités pouvaient fortement jouer et ça lui semblait être un argument valable.  

« Ils te désignent parce que t’as un comportement qui plait pas, mais t’es pas le premier héros dans ce cas je te ferais remarquer… » Ce n’est pas parce qu’il a commis des erreurs, mais parce qu’il ouvre trop sa bouche, voilà ce que pense Shinso, ce qui ne l’empêchera pas d’être dans les sélectionnés parce qu’il avait ce même tempérament qu’un certain Endeavor, que ça lui plaise ou non. S’il voulait changer, il avait les clés en main dorénavant. Il n’avait cependant pas de directives et se pensait seul, ce qui agaça assez Shinso pour que sa langue claque contre son palais et que son regard se fasse plus dur.

« Si je comprends bien tu penses que personne n’est venu parce que c’est toi ? Je pense plutôt que c’est ce qu’il a voulu te faire croire et qu’il a l’air d’avoir réussi son coup. Mais… dans ce cas » il désigne du menton le côté du terrain, montrant les autres élèves qui s’entraînaient.  « Dis-moi, pourquoi tu as eu des soins, pourquoi les gens prennent des pincettes ? Parce qu’ils se soucient bien de toi tous ces gens, ils ne savent juste pas comment te le faire comprendre et une part de toi refuse surement de le voir, parce que tu n’y crois pas » et pourtant, il sentait les regards pensant sur lui, non pas parce qu’il était une menace, mais parce que les compétitions entre classes n’aidaient pas à ce que la confiance règne. Il pourrait prendre l’avantage sur un élément fort et déjà à terre… il aurait pu. Une fois de plus, il ne l’a pas fait.

« Quant à All Might, j’ai bien compris que c’était ton modèle et sans vouloir t’offenser, il a pas l’air de savoir y faire dans le social… c’est pas pédagogue du tout » Shinso soupire, dans un comportement lassé de devoir expliciter « Ce que je veux dire c’est qu’il doit surement te voir comme la majorité, t’es assez fort et assez grand, ce type-là à l’air d’aimer les poussins qu’il faut couver, or toi t’es plutôt le genre qui a besoin d’être dirigé sans qu’on lui tienne la main » C’était peu dire. All Might est un héros qu’il admire lui-même, mais qu’il ne peut pas encadrer en tant qu’enseignant, en tout cas il ne pourrait pas et sur ce point, c’est sans doute parce qu’il arrive à voir les petits défauts que la majorité des fans inconditionnels ne sont pas en mesure d’accepter. Allait-il se remettre à crier ?

« Arrête d’aboyer pour rien » Bingo… ça n’était pas pour les mêmes raisons, cependant ça restait le propre du cendré. Il n’appréciait pas son mode défensif, parce qu’il savait qu’il allait devoir le percer pour mieux l’aider à le recréer et c’était fastidieux. Casser pour reconstruire sur des bases plus solides sans en changer le mode, après tout, pourquoi changer ? Il lui donna ses propres raisons d’agir par la même occasion.

« J’apprends à dépasser le stupide stade des préjugés et je ne suis pas mécontent de ce que j’apprends sur toi, en effet. Sans parler de leçon. Comme je l’ai souligné, c’est ton recul qui est important, pas les erreurs que tu peux bien faire » la leçon, en somme, certes, mais elle avait déjà été assimilée, il ne restait plus qu’à avancer s’il le voulait bien. Dieu que Shinso détestait devoir relever ses manches, encore plus quand ça n’était pas pour lui. Il avait poussé Bakugo dans un moment où il était vulnérable, dans une situation assez grave, qu’est-ce qu’il cherchait au juste ? Stupide, il avait été stupide.

« Si t’es une grande gueule, c’est parce que tu veux qu’on te regarde et si on te pointe du doigt d’autres raisons que celles que tu cherches, c’est parce que le message passe pas comme tu voudrais. Comment le faire passer alors ? » parce qu’il était évident que les autres ne le comprenaient pas. « C’est l’avantage qu’il y a lorsqu’on parle au lieu de crier, mais ça reste difficile, pas vrai ? Pourtant… j’ai compris »
Shinso Hitoshi
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Lun 25 Mai - 3:55

Victoire au goût amer
ft Shinso Hitoshi

°°° What it means to lose °°°



Shinsou continua à minimiser le tort de Bakugou ; du moins il n’avait aucune volonté de l’acculer.
Cela décontenança complètement le blond. Non, il ne s’attendait pas à ce qu’on lui dise que c’était mal : il s’attendait à ce qu’on dise qu’il était mauvais.
Pourtant c’est Shinsou qui se mettait à un genre de mea culpa. A admettre qu’il n’était pas reluisant lui-même. On le voyait comme un vilain à cause de son pouvoir, et la tentation d’agir, de remplir la prophétie, il la ressentait.
Quand Katsuki cita Aizawa comme un exemple avec Shinsou, ce dernier confirma qu’il était son élève, même sans savoir pourquoi. Il s’acharna à défaire les idées mal cousues du 2deA, ces raccourcis qu’il faisait, tant d’entorses à la logique qu’il ne voyait pas. Bakugou avait parlé sans réfléchir, c’était un soulagement, de vider son sac, il allait plus loin, près du vide, autant fermer les yeux et sauter sans plus se soucier des apparences. Alors il avait beaucoup parlé, oui, laissant s’extirper de sa gorge nouée les obsessions qui le tourmentaient ces derniers jours, et peut-être même avant, avant que tout se cristallise.
Shinsou ne pouvait pas connaître le passé qui avait forgé cette logique inadéquate, ces pulsions sous-jacentes. Peut-être que c’était mieux comme ça, qu’il pouvait ainsi sortir la tête de l’eau et voir avec le recul ce qui comptait vraiment.
Peut-être qu’à son insu Bakugou ne voulait pas de logique, de raison ou d’avancées, mais l’occasion de cracher le venin qu’il portait à l’intérieur.
Des émotions trop lourdes, frelatées- la même logique qui l’avait poussé à s’en prendre à un sans-alter justifiait sa haine de lui-même. La mesure, il ne connaissait pas.
Alors bien sûr il se remit à crier, pas parce que Shinsou avait fait quoi que ce soit de mal ; l’inverse plutôt. Il ne supportait pas les échos de son silence, de la façon dont il évitait le conflit. Parce qu’il avait honte de ce qu’il venait de dire, de montrer, et que quelqu’un aurait dû le faire taire.
Celui qu’il était avant, s’il se voyait maintenant, il se giflerait. Il chuchotait en lui avec sa voix vicieuse : tu aurais dû rester là-bas.
La part qui savait ce qu’il avait fait de mal n’était même pas lui. Une sorte de greffe bizarre. Des valeurs qu’il se rentrait de force dans la tête. Sauver les autres. Aider. Protéger. Aimer.
Non, lui il était dans le frémissement de mépris – tu me dégoûtes, tais-toi, tais-toi, tais-toi- et Shinsou aurait dû le frapper (comment il pouvait tomber si bas, une putain de victime, ces émotions de faible)
Shinsou disait – d’arrêter d’aboyer. Il se tut, uniquement parce qu’il était assommé par tout ça, incapable de penser froidement comme le faisait l’autre élève. Son attention venait et partait de ses paroles aux souvenirs, et il n’arrivait simplement pas à s’accrocher à leur sens. Le cynisme, et un certain tranchant avaient donné au pseudo vilain l’illusion que Katsuki avait du recul, mais il s’agissait de répétitions mécaniques, de jugements, de regards, et finalement de blessures qui avaient gravé cela en lui alors même qu’il se débattait dans un tourbillon d’émotions. La vérité c’est qu’il ne comprenait rien.
Shinsou avait vu juste sur de nombreux points, mais l’être qui se trouvait devant lui n’était pas en état de le saisir. A la longue, le ton monocorde réussit à l’emprisonner ; comme une araignée tisse sa toile, et il cessa ses explosions verbales.
« Chai pas ce que tu racontes… J’y comprends rien. »
La tête lui tournait quand il essayait de repenser à ce qu’il avait dit ; le moment où tout faisait sens, cette révélation que, manifestement, Shinsou ne partageait pas.
« Tu sais quoi, oublie ça. J’ai dis n’importe quoi. Je crois que j’ai de la fièvre. Ca veut rien dire, c’est juste des trucs dans ma tête. »
Il posa son front sur ses genoux, sa voix sortant assourdie.
« … Oublie ça, ok ? »



Bakugou Katsuki
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Shinso Hitoshi
Élève de première année
# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
Mar 2 Juin - 20:44
Les sourcils épais du nouveau se soulevèrent, une étincelle luisait dans ses yeux, inondés par la lumière des lucarnes en hauteur du stade. Plus il analysait, plus il se rendait compte qu’il avait quelques points communs avec le blondinet teigneux dont le regard empli de flammes n’était plus que braises ardentes sous un morceau de bois qui les étouffaient. Il se sentait accablé. Comme lui, Shinsou avait cru que le problème venait des autres, mais il n’avait pu nier plus longtemps sous l’enseignement du professeur aux bandelettes avoir sa part de responsabilité. Son pire ennemi n’était pas humain. Ses pires cauchemars n’étaient que des concepts. Ses propres pensées étaient une emprise pire que son alter. Nul doute que Bakugo Katsuki était victime de ses propres machinations. Un autosabotage qui gâchait un potentiel énorme. Quant à l’homme, le violet n’en savait rien. On ne nait pas bon ou mauvais, chacun possède une part d’ombre, il en savait quelque chose. Ainsi se contente-t-il de le lui faire savoir suite aux révélations promptes de l’explosif. Les mots ont un pouvoir eux aussi et ceux de brain wash sont souvent calculés. En ce point, ils sont différents. Lui s’en sert comme une lame affutée quand le roquet agite pour dissuader, non pour combattre, étonnant.

Le déni était d’une violence silencieuse à en faire frissonner Shinsou. Dans les orbes inanimés ne brillait plus la volonté. Il y avait de la peur. Les mécanismes étaient enroués, vaincus par le calme du nouvel étudiant ? Ou par un état trop instable de l’apprenti ? Le violet n’en savait rien, peut-être les deux, mais il y avait entraperçu une chute vertigineuse un peu trop tentante. Ne pas venir en aide, bien qu’il ne soit pas entièrement de cet avis, était à l’encontre du mot héros. Pour lui en revanche, chacun prenait les décisions qu’il souhaitait du moment qu’il les assumait. Seulement Bakugo revenait sur ses mots. Il regrettait. C’était agaçant. Pour la première fois, il inspire profondément. Puis, retient son souffle, fermant les yeux quelques instants en profitant des derniers rayons qui leur parvenaient. Il s’assoit à hauteur de l’autre élève en relâchant l’air lentement. Sa langue claque contre son palais trois fois précisément. « Tu refuses surtout de faire face à ce qui te fait le plus peur à tel point que tu préfères passer pour un sombre connard, c’est tellement facile »

Des insultes, il en avait reçu tant, mais il ne les renvoyait pas. Aujourd’hui, Bakugo avait réussi à réveiller chez lui un aspect qu’il pensait avoir enfoui avec l’enseignement du principal de la 1-A. « Je ne vais pas oublier ce que tu as dit, parce que j’ai déjà donné mon avis, si tu ne l’apprécies pas c’est pareil » il ne le lui imposait pas, il n’allait simplement pas changer ses mots, ça n’aiderait pas le blessé à reprendre des forces d’obtenir un traitement de faveur, il en avait la certitude. « Au lieu de faire la sourde oreille, réfléchis. Ton égo est déjà en miettes, tu n’as rien à perdre, tout à y gagner » il hausse les épaules et se laisse tomber, mains à plat servant de soutien à son corps. « Le reconstruire sur une base solide pourrait t’ouvrir des portes que tu n’imaginais pas » ses jambes croisées entre elles ne se tendront pas tant il risquerait d’empiéter sur l’espace personnel du blond. Il redresse son corps, impatient, et passe une main dans les mèches indigo. Il avait lui aussi une fierté mal placée qu’il ne niait pas. Accepter et changer en fonction de qui il voulait être, c’était là bien plus intéressant qu’ignorer les chuchotements et les souvenirs. S’il l’avait fait, sans doute aurait-il été moins assuré dans ses propos concernant Bakugo. Chacun sa propre pierre à traîner, cette ombre parfois trop lourde avancer.
Shinso Hitoshi
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# Re: Victoire au goût amer + Bakugo
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