Le Scooby-Gang improvisé était donc prêt à suivre la première piste. Kirishima en Fred, particulièrement motivé et de bonne humeur, ne lui manquait que le plaisir de mettre en place des pièges étranges. Hitomi, en... en Velma ? Parce-qu'elle était intelligente ? Ok, peut-être que cette logique montrait déjà ses limites. En tout cas, Pio serait très clairement Sammy. Ou Scooby. Ou peut-être même les deux, qui sait.
Le trio commença alors à s'enfoncer dans ce nouveau chemin. Enfin, Kirishima et Pio en tête, la jeune femme de troisième année semblant réfléchir à la question, en arrière.
« J'ai un mauvais pressentiment. »
Les mots de Pio étaient soufflés avec douceur et attention, alors que ses petits serpents s'échappèrent de ses manches pour se glisser vers sa tête et observer les environs, les angles morts de leurs maître.
L'endroit était relativement sombre, les épaisses toitures cachant une partie des rayons du soleil qui réchauffait auparavant l'endroit. Et pas une âme qui vive : l'endroit semblait déserté, et seule la présence des deux jeunes garçons faisait vibrer le sol à chacun de leurs pas.
C'est à ce moment qu'un cri retenti. Il venait de la gauche, étouffé à travers le virage qui cachait une potentielle scène de bataille. Comment allaient-il réagir ? Pio restait de marbre, attentif à la réaction de Kirishima. Bien que plutôt éloignée, Hitomi pouvait entendre les échos de ce cri.
Au final, je me sentis me détendre. L’animosité et la méfiance que j’éprouvais à l’égard du jeune chinois semblait se dissiper, lentement mais sûrement, tandis que je le voyais répondre avec ce qui m’apparaissait comme une extrême sincérité à Kirishima. Finalement, l’homme blessé avait été mis hors de danger, du moins selon les dires de Pio. J’espérais simplement que son serpent soit à la hauteur de la tâche que son maître lui avait confié. Cela étant alors fait, il était temps de reprendre l’enquête. Les deux jeunes hommes partirent un peu devant, s’engageant dans la seule ruelle qu’aucun de nous n’avait encore exploré, et qui semblait donc toute désignée comme étant la meilleure piste à suivre. Je restai quelques pas en arrière, toujours sur mes gardes. Certes, j’étais un peu moins méfiante envers Pio, mais il n’avait pas gagné ma confiance pour autant.
Cela dit, les quelques mots que ce dernier prononça ne manquèrent pas de me faire réagir. Un mauvais pressentiment, vraiment ? S’il était de mèche avec les responsables, comme mon instinct me le hurlait depuis son arrivée, c’était là un geste plutôt contre productif que de signaler la potentielle présence d’une embuscade. On pouvait toujours imaginer qu’il suivait le plan classique du « je gagne ta confiance pour mieux te poignarder dans le dos après » mais c’était tellement convenu … Non, j’osais espérer que s’il avait effectivement décidé de nous trahir, il avait mieux que ça en stock.
Mais avant que je ne puisse répondre, un cri se fit entendre. Bien qu’étouffé, je devinais aisément que sa provenance n’était pas si éloignée que ça. Et si j’avais pu l’entendre, les deux garçons l’avaient entendu aussi. Je ne vis alors que Pio se figer, comme s’il était incapable de bouger. Il fixait Kirishima, et semblait attendre sa réaction. Sans doute ne voulait-il pas prendre de décision trop hâtive de peur d’attirer les soupçons sur lui, pour une raison louable ou pour garder sa couverture. Peu m’importait alors. De mon côté, je n’allais pas attendre le bon vouloir de ces messieurs. Je saisis alors mon bâton sans pour autant le déployer, et fonçai vers eux, passant entre chacun des deux adolescents pour me ruer vers la source du cri.
Il provenait de derrière le virage qui s’offrait à moi, j’allais bientôt savoir ce qu’il se passait et, qui sait, tomber nez à nez avec les raclures qui avait tabassé ce petit voleur à la tire qui, bien qu’étant un criminel, n’avait clairement pas mérité son sort.
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Pio semblait se retenir. Comme s'il savait déjà sur quoi ils allaient tomber. Qui ils allaient rencontrer. Le savait-il réellement ? Non, bien-sûr. Il ne savait pas précisément qui. Mais se doutait très bien de quel genre de personne ils allaient faire face. Des chinois. D'autres gens de son pays. Et s'il arrivait à être "lui-même" loin de cette influence nationale qui le pourrissait l'existence, le serait-il encore face aux siens ?
Il n'eut pas le temps de réfléchir. Son regard posé sur Kirishima, attendant ses actions, il fut surprit de ne pas le voir réagir tout de suite. Surement surpris par le soudain assaut de la jeune Hitomi, qui prit littéralement les devants. Bâton en avant, la voilà dévalant la ruelle pour se diriger vers la source de ce même cri.
Finalement, la jeune femme tomba nez à nez face à trois jeunes gens, d'à peu près son âge. Leurs tenues, asiatiques mais ne venant pas du pays du soleil levant, trahissait leurs appartenances : le logo de l'école chinoise ornait leurs dos, telles des ailes qu'ils usaient pour survoler le commun, puis fondre sur leurs proie. La proie en question était un jeune garçon, à peine plus jeune, tenant en ses mains des sacs pleins d'objets divers. Un voleur, peut-être ?
« Et si tu rendais ce que t'avais volé ? Et que tu... expiais un peu tes crimes ? » Lança le plus gros d'entre eux, particulièrement sûr de lui.
Pio était derrière, restant à l'abri, à l'ombre. Il avait peur de sortir, et de se faire voir. De se faire voir par eux. Par ses Senpai.
Il observait simplement Kirishima, attendant une réaction, puis Hitomi, surpris par sa fougue à ainsi s'élancer devant un danger dont elle ne connaissait rien.
Finalement, au terme d’une courte foulée, je me retrouvai face à une scène que j’abhorrais particulièrement : deux types qui s’en prenait à plus faible que soi. Car que leur victime soit fautive d’un crime ou non, il s’agissait clairement d’un pauvre gamin incapable de se défendre face aux deux brutes qui se tenaient devant lui.
Je m’efforçai de ne pas tirer de conclusion trop hâtive sur la situation : le jeune garçon était peut-être effectivement fautif, ou pas, mais après avoir vu dans quel état avait fini l’autre homme, je ne pouvais simplement pas laisser ces deux là faire de même avec une autre personne. Je ne me privai donc pas pour me manifester et faire savoir que j’étais là.
« Bonsoir, messieurs. Je peux vous aider peut-être ? »
Je regardai alors le jeune homme, qui serrait un sac contre lui. Était-il apeuré, ou au contraire avait-il un regard de défi envers les deux personnes qui le toisaient du regard ? Puis j’observai les deux élèves de l’école chinoise, essayant de trouver des indices sur leur tenue ou leur corps pour me renseigner sur leur alters, dans le cas d’un éventuel affrontement.
J’étais prête à en découdre, mon sang bouillant en moi comme un feu incandescent. La simple pensée que ces deux là soient effectivement les coupables du massacre dont j’avais été la témoin plus tôt me mettait hors de moi, mais je restai également un minimum lucide : je ne savais rien d’eux ni de leurs capacités. Seulement qu’ils étaient en filière héroïque, et que donc leur alter était un minimum adapté au combat, ce qui signifiait que dans le cadre d’un affrontement, en un contre un, je serai extrêmement désavantagée. Je devais donc agir avec prudence et tact, autant que faire se pouvait, et éviter au mieux un affrontement direct, du moins tant que je n’en savais pas plus sur ces deux là.
« Dites-moi, j’ai croisé un type salement amoché tout à l’heure, et j’aimerais bien savoir qui l’a mis dans un tel état. Vous n’auriez pas des infos là dessus par hasard ? »
Je jouais la carte de l’innocence, agissant comme si j’étais tombée sur eux par pur hasard, afin de tester leur réaction. En fonction de celle-ci, j’espérai ainsi en déduire s’ils étaient bel et bien les responsables, et à partir de là, j’aurais alors de quoi prendre une décision sur la marche à suivre.
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Aucune lumière naturelle ne voulait s’engouffrer dans les ruelles sombres qu’ils avaient empruntées et les habitants du coin, habitués auraient surement remédié à ce problème s’ils en avaient eu l’occasion. Kirishima se doutait que les lieux avaient au choix été sabotés ou sélectionnés au préalable. Il se contenta de rester sur ses gardes, écoutant l’avertissement de Pio et jetant un coup d’œil à la jeune femme pour s’assurer qu’ils étaient groupés.
Avant qu’il ne puisse ouvrir la bouche, c’est un cri qui perça le silence du quartier et leurs alarmes internes se mirent irrémédiablement à sonner. D’un grognement et une grimace dévoilant ses dents pointues, l’adolescent aux cheveux rouge s’enquit de son alter pour servir de bouclier. Hitomi cependant prit les devants, ce qui n’était pas une bonne idée. Mais il suivit sa fougue de sorte à lui épargner des problèmes s’ils devaient y avoir une entourloupe. On les attendait, qu’il s’agisse des futurs héros chinois ou non, leur conversation précédente n’était surement pas passée anodine.
Dans une grande respiration et un signe de tête adressé au chinois, il rattrapa la demoiselle et se lança lui aussi dans les ténèbres de la ville. Seuls leurs pas se faisaient entendre, contre toute attente, ils n’avaient pas eu besoin de plan et la suite serait d’autant plus improvisée que leur rencontre fut hasardeuse. Il ne valait mieux pas creuser trop en se basant sur des hypothèses, Red Riot avait compris la leçon pour cette fois.
Si la visibilité était réduite, Kirishima supposa cependant qu’il n’en était pas de même pour leurs adversaires, avant d’arriver à destination, il se permit de glisser un mot à Pio. « Les serpents, ça voit dans la nuit, pas vrai ? On compte sur toi » il lui avait semblé que la passion de Bakugo pour certain reptile avait abouti à des discussions sur leur vision et il était étonnant que Kirishima en retienne quelques bribes ? si tenté qu’il avait du mal à se focaliser.
Le virage fut passé et le cœur battant à tout rompre, Hitomi parlait déjà aux deux inconnus qui demandaient des comptes à un adolescent. Pio préféra rester en retrait et Kirishima compris immédiatement pourquoi. Il lui sourit malgré tout, espérant que le chinois se souvienne de ce qu’il lui avait dit plus tôt. Il avança avec cette insouciance que l’on lui prêtait volontiers, ses mains dans les poches. Qu’il reste dans l’ombre ou non on finirait par le repérer, autant ne pas être suspect d’entrée de jeu. Il se tenait prêt dans le cas où ça devait dégénérer, sans intervenir pour autant, si ce n’est pour un « salut ! » décontracté en gagnant le côté d'Hitomi
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Ces jeunes gens étaient très clairement chinois. Leurs accents, étranger, démontrait bien en plus de leurs tenues. Si Pio parlait dans un japonais relativement fluide et que seuls certains sons trahissaient sa langue d'origine, ces jeunes gens visiblement plus vieux n'avaient pas autant d'aisance avec la langue de Chikamatsu, le Shakespeare Japonais, dramaturge parmi les dramaturges.
Ces derniers entouraient littéralement la victime, un potentiel voleur de bas étages. En tout cas, c'était la seule réelle possibilité qui semblait s'écarter des choix plus alambiquées qui pouvaient venir dans les esprits du trio improvisé qui venaient d'arriver devant l'étrange scène.
« Allez, dépêches. » Lança celui de tout à l'heure.
C'est à ce moment que s'élança Hitomi, apparaissant et occupant soudainement l'attention du trio chinois qui se tournèrent pour voir l'intrue. Le jeune voleur tenta d'ailleurs de s'échapper, mais l'un d'eux sembla soudainement étirer son corps, comme s'il était élastique, pour venir encercler à lui seul le fuyard.
« Vous êtes qui, vous ? Ça ne vous regarde pas. »
Si ces derniers étaient reconnaissables par leurs tenues, Kirishima & Hitomi ne pouvaient pas en dire autant. Des tenues rouges pour le jeune garçon, et une tenue de combat singulière pour Hitomi... rien ne semblait dire leurs appartenances à l'UA. Pio aurait pu être reconnu, mais heureusement encore trop en arrière pour ça.
Cette dernière demanda néanmoins si le blessé retrouvait plus tôt était lié à eux. Le même homme commença alors à rire.
« Oh, c'est là qu'il était ? Merci de l'info. »
C'est à ce moment qu'ils remarquèrent Kirishima arriver, haussant un sourcil alors que le jeune voleur, de son côté, semblait atrocement effrayé par la situation...
La réaction de Pio ne faisait aucun doute sur les méfaits accomplis par ses compatriotes. Kirishima souriait malgré tout, jetant un œil vers l’adolescent qui n’avait rien demandé et qui, en vue de la peur inspirée par les chinois n’aurait été qu’une petite frappe. « Ça nous regarde » lança-t-il en sortant ses mains de ses poches. L’un était élastique, l’autre n’avait rien révélé.
Red Riot avait dans sa poche son téléphone. La position qu’il avait donnée aux autorités précédemment ne tarderait pas à rameuter policiers voire héros. Dans tous les cas, par simple précaution il émit une alerte auprès de ses professeurs héros en cas de problèmes. Il expirait presque de la fumée tant cette situation était agaçante en dépit de son attitude qui ne montrait encore rien. « On peut discuter ? » il préférait largement éviter la confrontation par manque d’information et vis-à-vis de son ami. « C’est quoi le problème ? » qu’avait fait le jeune pour mériter pareil traitement ? Tout comme l’homme plus âgé qu’ils avaient retrouvé ? Les pistes conduisaient à ce groupe et ils ne s’en cachaient pas, autant avoir plus de détail pour des aveux et passer à l’offensive en cas de besoin. Il était prêt dans tous les cas, ne se montrant aucunement agressif pour l’instant.
Hitomi était à ses côtés et il sentait qu’elle pouvait exploser à tout moment, mettant une main sur son épaule pour la rassurer, lui dire qu’il était là et de ne pas se hâter. Avait-elle compris le message cependant ?
Quant à Pio, il avait décidé de le laisser tranquille jusqu’à présent pour ne pas créer de conflits. Il se contenta d’adresser quelques mots dans le vide, mais directement à son intention. « Faut toujours réfléchir par soi-même et se poser les bonnes questions » qu’est-ce qu’il ressentait à ce moment ? Kirishima n’en avait pas la moindre idée, il pouvait seulement imaginer le poids écrasant sur ses épaules et le dilemme auquel il faisait face.
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Un appel aux autorités ! Voilà une idée intelligente. Un moyen d'attirer à eux Héros et Policiers, qui prendraient la situation en main. Ainsi, même s'ils restaient dans les clous malgré quelques petits "abus physiques" explicables, peut-être que ces chenapans d'un pays voisin arrêteraient d'agir ainsi. Le soucis était de réussir à les garder proche, et à éviter que la situation ne s'envenime.
Malheureusement, cela semblait compliqué. Le petit groupe adverse qui semblait plus occupé à observer Kirishima, le silence d'Hitomi la faisant légèrement oubliée par la masse, tout en n'ayant pas encore remarqué leur compère de première année, toujours caché dans les ombres, à attendre. Patiemment. Soit que ça se termine, et qu'il n'ait pas à faire face aux siens, soit à devoir intervenir... Priant, intérieurement, que cela n'arrive pas. Pio avait peur. Pas d'eux, à proprement parlé : mais de ce qu'ils représentaient.
« Recules, déjà. » Commença-t-il, en voyant le jeune garçon s'approcher.
« Laisse les grand faire. On est des élèves de troisièmes années chinois, et on est là pour arrêter ce malfrat. Ne reste pas dans nos pattes, gamin. Ou alors tu risques toi aussi d'avoir des problèmes... »
Le "vilain" en question semblait effrayé... Plus que dangereux. Mais qu'avait-il fait pour en arriver jusque là ? En tout cas, le trio se resserra, et soudainement, l'un des trois s'enflamma, comme pour menacer un peu plus les deux nouvelles têtes...
La situation commençait à prendre une sale tournure. Plus le temps passait, plus je sentais que j’étais proche de perdre le contrôle. Chaque mot, chaque syllabe que ces deux raclures prononçaient étaient teintées de condescendance et de mépris, comme s’ils se croyaient supérieurs à tout le monde et dans leur bon droit. Ils pensaient vraiment que j’allais les laisser salir la réputation de héros et de mon pays aussi impunément ? Oh, on voyait bien qu’ils ne savaient pas encore à qui ils avaient à faire.
Alors que Kirishima avançait lentement en tentant d’engager le dialogue et que Pio restait dissimulé à la vue de ses compères, les mots que l’autre enflure avait lâché à propos du type qu’on avait envoyé à l’hôpital un peu plus tôt. Pas de doute, c’était bien eux les responsables. Et là encore, ils allaient visiblement beaucoup trop loin. Le type qu’ils encerclaient avait clairement l’air inoffensif, et incapable de se défendre contre ces deux brutes. Ainsi, alors que Kirisihima se faisait gentiment rembarrer, je m’avançai à mon tour vers les deux chinois, sans jamais les lâcher du regard avec mon regard devenu aquilin, posant ainsi les deux sphères dorées qu’étaient mes yeux sur eux. Et alors que j’arrivais à leur hauteur, ignorant toutes leurs menaces où les injonctions de Kirishima qui semblait vouloir éviter le conflit au maximum, je serrai la poigne sur mon bâton … que je déployai d’un coup avant de tenter de porter un coup sur l’un des deux enfoirés qui se prenaient pour des caïds.
Aucun mot ne sortit de ma bouche, je me contentai simplement d’enchaîner les coups de bâtons. Des coups rageurs, qui n’avaient rien de précis ou réfléchis. J’étais simplement hors de moi, incapable de mesurer mes gestes. J’étais face à deux beaux spécimens d’enfoirés que j’avais envie de remettre à leur place. Même l’absence totale de capacités offensive de mon alter avait quitté mes pensées. D’un point de vue rationnel, m’engager dans ce combat était complètement idiot, et pourtant … Je n’étais plus capable d’être rationnelle.
« Espèce de pauvre sac à merde, vous vous prétendez héros ? Vous êtes juste deux pauvres tas de merdes qui se cachent derrière ce titre pour vous défouler sur des types sans défense ! Je vous laisserai pas chier à la gueule des vrais héros, bande de sombre raclures de chiottes !!! »
Peu importait si je prenais des coups, peu importaient les cris de protestations que Kirishima pourrait lancer. J’en avais eu assez. On les invitait chez nous, et parce qu’ils avaient perdu, il se défoulaient et foutaient la merde ? C’était un manque de respect pur et dur, alors peu m’importait de déclencher un potentiel incident diplomatique : j’allais juste leur casser la gueule comme ils le méritaient.
Reculer ? Non, il voulait engager la conversation pour gagner du temps, la police et les professeurs étaient au courant et il se doutait ne pas être le seul dans cette situation. Il esquissa un sourire à la réponse du chinois « Donc, quand on règle les choses à la façon japonaise, on risque d’être nous aussi pris pour cible alors qu’on est dans le même camp ? Tu trouves pas ça un peu con ? D’ailleurs, t’es au Japon et si tu ne respectes pas nos lois, tu devrais toi aussi être traité comme un criminel » ça tombait sous le sens, mais il haussait les épaules, voyant Hitomi passer et commencer les festivités quand lui voulait les éviter. Il se mordit la lèvre et grogna légèrement, même si intérieurement il bouillait.
« Bon, bah pas le choix parce que personne ne sait se tenir et c’est moi qui dit ça ! » il n’avait bien sûr pas l’intention de blesser gravement contrairement aux étrangers. Sa priorité cependant restait le sauvetage du gamin et tout en faisant attention aux autres et à se tenir en alerte en cas de problème avec Pio, il avança vers l’innocent piégé et s’adressa à celui qui le tenait. « Lâche-le ou tu finis en lambeaux et j’en ai pas vraiment envie » sa main sur le bras du chinois, il cherchait à défaire cette emprise en y mettant une certaine force pour bien faire comprendre qu’il ne plaisantait pas. Le grand sourire avait disparu au profit de la concentration, essoufflant ces diverses contrariétés pour établir des priorités. Il aurait bien voulu qu’Hitomi ne fasse rien, mais aurait tout le temps de le lui dire d’une grande tape derrière la nuque lorsque tout le monde serait sorti d’affaire, ce qui était pour l’instant loin d’être le cas.
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Tout s'accélérait... Petit à petit, la situation se perdait dans les méandres d'un affrontement qu'aucun des deux parties n'aurait potentiellement voulu à première vue. Après tout, aux yeux des chinois qui martyrisaient pourtant un vilain, il était un civil. Ohh... Pas que ça les dérangeaient outre mesure : ils allaient très certainement de voir le faire et prendraient plaisir à défoncer les visages de ces pauvres âmes. Mais c'était déjà plus dangereux pour leurs images et les réactions de leurs professeurs risquaient d'être plus... douloureuses que prévu. Alors qu'un vilain, on s'en moque...
Ainsi, Kirishima commença à occuper l'esprit des jeunes gens, qui, entre lui, et le vilain, ne voyaient pas arriver Hitomi. Cette dernière semblait toute feu toute flamme, prête à déchaîner la sainte puissance de son bâton pour punir ses malotrus. Motivée, elle s'approcha doucement, alors que Kirishima continuait de discuter avec les malfrats.
« Putain mais lâche moi ! On fait ce qu'on veut, et on respecte les l- »
BANG! C'est à ce moment qu'il se reçut un pleine poire le coup de Hitomi, finissant sur le sol, assommé, sur le coup. Les deux autres, eux, arrivèrent à s'échapper, laissant d'ailleurs partir sans le faire exprès le jeune vilain qui partit en criant.
« Ah ouais... C'est donc ça ? Deux malins essaient de venir nous empêcher de faire notre job ? On va régler ça. »
Celui qui venait de parler, d'une chevelure orangée, s'enflamma subitement. Un alter de feu... l'autre, de son côté, dégaina une lame, émoussée. En effet, l'épée semblait usée, et très clairement n'était pas là pour découper. On aurait dit une massue, très fine et très longue...
Le premier coup de bâton avait fait mouche. Parfait, merci Kirishima. Son baratin avait joué le rôle que j’avais escompté, à savoir les distraire suffisamment pour qu’ils oublient juste assez ma présence afin que je puisse m’approcher d’eux et leur fermer le clapet. Sans compter que la dernière phrase de l’autre enfoiré avait achevé de m’énerver. Vous faites ce que vous voulez, hein ? Mauvaise réponse. Résultat ? Un bon coup de bâton dans la tronche et une sieste gratuite. Bon, sans surprise, les deux autres eurent amplement le temps de réagir et de s’éloigner pour éviter de se prendre des coups à leur tour. Rien d’étonnant, ils étaient en troisième année. Ils avaient de l’expérience en combat, à sans nul doute.
Quand je vis l’un s’enflammer, je grimaçai. Celui-ci, j’espérai que Kirishima allait s’en charger. Avec son alter de durcissement, il serait plus à même d’encaisser des attaques embrasées que moi. Si je devais faire face à la torche humaine, je risquai tout simplement d’y laisser ma peau. Au sens littéral. Quant à l’autre, il sortait une sorte d’arme contondante, comme une lame si émoussée qu’elle en ressemblait presque à une masse. Je l’observai avec mes yeux d’aigle, mais pas le moindre indice pour le moment ne m’indiquait la nature de son pouvoir. J’allais donc devoir engager le combat avec prudence pour le force à dévoiler sa capacité. Suite à quoi je pourrais enfin établir une stratégie.
Je jetai rapidement un coup d’oeil en arrière, de manière furtive, en direction de la cachette de Pio. Je me demandais ce qu’il comptait faire : rester planquer ou intervenir ? Et s’il intervenait … allait-il nous planter un couteau dans le dos ? Tenter de nous la mettre à l’envers ? Étant encore beaucoup trop méfiante envers le charmeur de serpents, voilà que je me retrouvai à surveiller mes avants et mes arrières. La situation puait un peu trop, et le plus fou, c’est que c’était moi qui avait mis le feu au poudre. Bah, tant pis, il était trop tard pour reculer. Autant foncer tête baissée, maintenant.
« Faire votre quoi ? Me faites pas rire, vous profitez simplement de votre statut de pseudo héros pour vous défouler sur des types incapables de se défendre ! Les voleurs à la tire dans son genre, c’est le job de la police, pas des héros ! Tout au plus, vous l’attrapez et l’amener au commissariat le plus proche. L’autre mec, là bas, était à deux doigts de crever, et tout ça pour quoi ? Un sac à main volé ? Bah voyons. Elle est belle, la « justice » chinoise. J’vais vous renvoyer dans votre pays à coup de pieds au cul, bande de sale crevards. Je ne vous laisserai pas entacher l’image des héros, des vrais, avec vos actes de barbares. Alors amenez vous, que je vous démolisse. »
Et sans plus attendre, je m’élançai sur celui qui tenait cette étrange arme à la main, non sans me préparer à me défendre ou esquiver dans le cas d’une attaque de l’un ou de l’autre. J’espérai simplement que mes réflexes et mon agilité étaient encore assez aiguisés pour me permettre de tenir la distance.
Ça se présentait mal pour l’équipe des héros japonais, notamment par le tempérament dont ne manquait pas sa coéquipière du jour. Kirishima ne se souciait guère de savoir ce que Pio déciderait de faire, il ne lui en voudrait que pour d’extrême raisons et celle de choisir un camp n’en faisait pas parti. Ce dilemme était compliqué et lui appartenait. Quant aux autres, il aurait bien voulu leur faire comprendre la façon de faire ici, mais ils ne semblaient pas vouloir écouter, pas plus qu’Hitomi. Elle venait d’en assommer un et les deux autres s’étaient assez reculés pour prendre leurs propres dispositions. Un claquement de langue de la part de Kirishima et une grimace aux dents apparentes, il reste malgré tout sur la défensive.
« Elle a pas tort, ici on manque pas de frôler le meurtre pour faire justice et c’est contreproductif de s’en prendre les uns aux autres, j’aime pas l’idée. » ses derniers mots étaient particulièrement adressés à la jeune femme. Si elle n’avait pas lancé les hostilités peut-être qu’ils auraient cherchés à comprendre. Quand bien même ça n’aurait pas été le cas, ils l’avaient envisagé et ils étaient en tort pour une stupide raison.
L’un présentait maintenant des flammes et l’autre une arme cachant bien des choses sur cet alter qu’il possédait sans aucun doute. Red Riot inspira profondément. « On n’est toujours pas obligés d’en arriver là si TOUT LE MONDE voulait bien se calmer. Vous voulez faire votre job ? Nous aussi on est des futurs héros, on vous accompagne, comme je l’ai dit on fait pas comme ça ici, faut respecter ça. La baston sur civil c’est pas permis, si c’est bon pour vous on range les flammes, les armes, tout ça, tout ça » il allait être difficile de calmer les humeurs et les tensions, mais ce n’était pas impossible et le temps était assez précieux pour permettre aux éventuels renforts de montrer le bout de leur nez.
Il passerait sur le racisme dans les mots de sa partenaire, ne voulant pas montrer plus leur désaccord, mais il ne manquerait pas de lui secouer les épaules une fois qu’il aurait un moment pour cela. La situation pour l’instant n’était qu’incompréhension et réponses agressives.
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Le combat commençait ! Enfin. Un véritable Tag Duel, un 2v2 où chacun semblait avoir trouvé son petit Némésis perso. Si Hitomi s'élança, naturellement, sur celui qui n'avait pas dévoilé d'alter surpuissant d'élémentaire, ce dernier semblait devenir ainsi la principale proie de Kirishima. Le tout, non sans que Hitomi ne lance son petit discours... qui se coupa net, une voix hurlant subitement dans son esprit. Un "Ta Gueule" Retentissant, comme si c'était la psychée elle-même de la jeune femme qui lui hurlait de se taire.
Mais... ça ne pouvait être le cas, pas vrai ? Même si la voix ressemblait à la sienne..
Entendre cela ne pouvant qu'être perturbant, l'étrange silencieux à la lame émoussée s'élança à son tour, bloquant le bâton de Hitomi à l'aide de son fourreau, qui semblait aussi dur que sa lame, avant de tenter de fracasser violemment son épée contre le ventre de la support. Si ce coup ne lui trancherait pas la peau, les dégâts seraient néanmoins là... Mais... ce bruit... D'où venait-il ? De l'Alter du garçon ?
« Je ne veux rien entendre venant de faibles comme vous. Vous n'avez rien compris à votre rôle... J'aurai pu débattre avec toi et ta petite pote mais on m'a appris à ne pas perdre de temps avec les causes perdues. »
Subitement, c'était à Kirishima d'entendre une drôle de voix. Venant de derrière lui, cette voix, qui semblait féminine, lança un "aidez moi !!" lancé avec tristesse et désespoir. Profitant d'un potentiel moment d'inattention, le flambé lança alors un véritable jet de flamme en direction de l'élève d'acier...
Kirishima ne voulait pas de cette altercation, mais il n'avait vraisemblablement pas le choix. Il accepta de défendre Hitomi contre le coup d'épée, arrêtant la lame par la dureté de sa peau et grognant, sourcils froncés. "On est censés être alliés, si voulez-vous battre ce sera comme hors la loi, vous serez traités en criminels et renvoyés chez vous" mais puisque les avertissements ne faisait rien, qu'il fasse le poids ou non ne changerait pas la donne. Il avait vu la jeune femme s'immobiliser, se taire étrangement et se doutait qu'un problème était survenu. Malgré son attention cependant, ça ne suffit pas à le rendre imperméables aux alter, qu'ils soient physiques ou non. Kirishima se tourna par réflexe, gardant sa peau durcie pour aller secourir la voix féminine qui l'appelait, qui ? Où ? Il n'en savait rien.
Les renforts allaient-ils arriver ? Qu'allait faire Pio ? Leur situation était des plus critiques et par chance ou par lucidité de ne voir aucune victime, il avait détourné son regard pour voir le coup venir. Il se l'était pris malgré tout et sa peau, bien que durcie serait sans doute blessée, lui faisant serrer les dents. L'adolescent n'était aucunement immunisé contre la chaleur, il pouvait à peine dévier pour limiter les dégâts, se faisant brûler au bras et sentant la chaleur près de son visage. Il repoussa l'adversaire toutefois par un uppercut puissant, bien que limité par sa posture à l'improviste. Il répliqua dans la mesure du possible "ça vous avance à quelque chose peut-être ce qu'on est en train de faire ?"
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La naïveté de Kirishima était presque touchante. Il disait qu'ils seraient traités en criminels, renvoyés chez eux, comme s'ils allaient se dire "ah mais c'est vrai désolé !" et s'arrêter là. Ce qu'il n'avait pas encore compris - c'était qu'ils s'en foutaient. Ils allaient faire en sorte que ça n'arrive pas. Soit en les corrigeant assez pour qu'ils se taisent, soit en jouant de leurs relations pour créer un statut-quo qui empêcherait toute conséquence grave, ou carrément en privant les deux élèves Japonais de toute parole... définitivement.
Il tenta finalement de repousser le tout-flamme d'un Uppercut, qu'il esquiva au dernier instant avant de doucement rire.
« Tu parles, tu parles, mais tu ne te bats pas. Tu crois qu'on va juste s'arrêter parce que tu le demandes ? Z'êtes vraiment un pays de faiblards. J'me demande bien comment nos leaders ont perdus contre des merdes comme vous. Cào ni mā ! »
Une insulte en chinois plus tard, il enflamma subitement ses bras, sa tenue commençant à disparaitre pour révéler deux espèces de collants sur ses bras se terminant en des gants. Ces derniers, semblant insensible à sa chaleur, lui donnait ainsi de véritables bras enflammés. Il s'élança alors vers Kirishima pour tenter de le frapper et de continuer à le brûler.
Du côté d'Hitomi, l'étrange hurlement dans sa tête la perturba assez pour qu'elle se prenne finalement un coup dans l'estomac, la propulsant quelques mètres plus loin. Le jeune garçon à l'épée émoussée s'élança de nouveau vers elle, et cette fois, ce fut la voix d'un vieil homme qui retentissait dans l'esprit de l'élève du support, réclamant de l'aide, sur sa gauche.
Pendant ce temps, Pio observait. Il ne savait pas quoi dire... Quoi faire. Face aux siens. Agir était trop risqué pour lui... et ne pas agir trop risqué pour eux.
Tout s’était enchaîné trop vite. Certes, c’était moi qui avait donné le premier coup, mais la suite avait complètement dépassé tout ce à quoi je m’attendais. C’était quoi cette voix dans ma tête ? Cette injonction, cet ordre qui était dit d’une voix ferme qui pourtant résonnait violemment en moi ? J’avais été si désorientée par cet évènement inexplicable que je n’avais tout simplement pas vu venir le coup. La lame, bien qu’émoussée, me heurta dans l’estomac, me ramenant brusquement à la réalité, comme lorsqu’on se réveille brutalement d’un mauvais rêve. Sauf que là, la douleur s’ajoutait à l’équation. Et c’était tout sauf agréable.
Je gardai néanmoins les yeux ouverts, fixant mon adversaire droit dans les yeux cette fois-ci. Je me relevai non sans serrer les dents et gémir de douleur, et me préparai à contrer son attaque quand une voix retentit sur ma gauche. Un vieil homme qui appelait à l’aide. D’instinct je tournai la tête sur la gauche, mais rien. À part Kirishima qui était aux prises avec le flambeur. Puis mon attention revint sur le chinois et son arme émoussée. Je levai donc mon bâton pour bloquer, ou du moins encaisser au mieux la frappe et réduire les dégâts, car je ne pourrais sans doute pas faire mieux.
Ces voix qui avaient résonné dans ma tête me hantaient toujours, même si je ne les entendais plus. C’était vraiment perturbant, mais je commençai légèrement à comprendre. Le doute n’était pratiquement plus permis, et j’étais alors persuadée qu’il s’agissait en réalité de l’alter de mon adversaire, qui était capable de me faire avoir des hallucinations auditives pour me déstabiliser. Autant dire que c’était plutôt réussi. D’autant plus que même en sachant cela, entendre une voix aussi puissante dans ma tête suffisait à me déstabiliser. J’allais devoir trouver un moyen de me rendre hermétique à son pouvoir, sans quoi je n’aurais aucune chance de l’emporter.
Car oui, si son alter était extrêmement utile en combat et qu’il le maîtrisait visiblement à la perfection, cela voulait aussi dire qu’il n’avait aucune capacité physique surhumaine, et que donc j’avais encore mes chances sur dans ce domaine. Il fallait juste que je trouve un moyen de neutraliser l’emprise qu’il pouvait avoir sur moi avec ses mirages auditifs. Mais … Comment ? En me bouchant les oreilles ? Non, ça résonnait dans ma tête, donc il y avait fort à parier que ça touchait directement l’oreille interne, voire carrément le cerveau. Mais alors, comme me déconnecter totalement de ma capacité à entendre ? Faire le vide ? Faire le vide …
Soudain, les leçons de Tara me revinrent en tête. La méditation, la relaxation, la capacité à faire le vide et ne se centrer que sur soi-même, en faisant abstraction de tout le reste. Me focaliser sur mon corps, et les sensations tactiles. En y repensant, à chaque séance, je parvenais un peu plus à m’enfermer dans une bulle hermétique où seul ma proprioception m’était accessible, coupa littéralement tout mes autres sens. C’était peut-être la solution, mais cela n’était pas sans risque. Déjà, adapter une technique de relaxation à une situation de combat n’allait pas être chose facile … Pour ne pas dire pratiquement impossible. Et ensuite, il me fallait d’ordinaire quelques minutes pour atteindre cette état de conscience, et je doutais fort que mon adversaire du jour aurait la courtoisie de me laisser ce temps de préparation.
J’allais donc devoir m’adapter. Me focaliser sur ma vue et mon toucher. Ressentir mon corps et scruter le moindre de ses gestes, en me forçant à ignorer pour finalement oublier mes autres sensations, et particulièrement les sons. C’était une entreprise risquée, pour ne pas dire pratiquement vouée à l’échec, mais je n’avais guère le choix. À moins que Pio ne décide de nous venir en aide, ce dont je doutais fort au vu de la situation …
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