Les bas-fonds de Musutafu. L'un des rares endroits où le crime réussissait un peu à prospérer. Oh, ce n'était pas non plus une zone sans loi où les héros refusaient de se promener, loin de là. Mais c'était néanmoins l'endroit où les crimes se faisaient moins rares, où les ruelles étaient plus sales, les gens moins... ouverts à la discussion, bien plus aux poings et au plomb. Surtout depuis le début du tournois, en vérité, où toute l'attention était portée vers l'immense Arène où les différents pays s'élançaient dan des joutes de duels entre leurs écoles, guerre d'égo et de pouvoir.
Toute l'attention était portée vers ces échanges, ces endroits plus sombres, dans l'ombre des buildings, prospéraient un peu plus chaque jour. Surtout avec l'arrivée récente de criminels étrangers, suivant leurs némésis pour venir tâter un peu d'un nouvel endroit, de nouveaux réseaux.
Mais ce n'était néanmoins pas les seuls : et récemment, des élèves semblaient se promener à travers les ruelles. En tout cas, les jeunes chinois, pourtant hors courses, semblaient passer leurs nerfs sur les mauvaises graines japonaises. En effet, beaucoup d'arrestations récentes étaient liées à des chinois, qui passaient leurs temps non pas à observer les tournois de leurs concurrents, mais plutôt à... expérimenter. Rien de grave, ou en tout cas, rien de grave en apparence.
De votre côté, vous arrivez à l'entrée de la ruelle. Mais comment êtes vous arrivés ici ? A vous de raconter le début de votre histoire...
[Ordre - Hitomi - Kirishima. Deux réponses chacun à faire avant la suite, histoire de vous mettre en jambe et d'un peu discuter entre vous !]
Avec le tournoi qui allait reprendre, les cours étaient suspendus. Ou plutôt, nous avions tous droit à une période dispensée de cours afin d’assister au tournoi, du moins pour ceux qui n’y participaient pas. Si lors des tours précédents je m’étais contentée de suivre assidûment les combats de ma petite Rose, me tenant seulement informée des autres résultats sans pour autant leur accorder autant d’attention, cette fois-ci, j’avais décidé d’occuper mon temps autrement. En effet, depuis leur défaite, pas mal de rumeurs couraient sur les élèves chinois. Certains auraient été aperçus dans les bas quartiers de Musutafu en train de se livrer à de véritables lynchages.
Plusieurs arrestations ou interpellations avaient récemment suffit à me mettre la puce à l’oreille. Et du peu que j’en savais sur certains des élèves qui avaient participé au tournoi parmi eux, les chinois n’étaient clairement pas les personnes les plus recommandables du monde. Mais je n’avais avec moi que des suppositions, sans la moindre preuve concrète. C’était donc pour cette raison que j’avais décidé de me rendre moi-même dans les bas quartiers, afin d’enquêter, en quelque sorte, sur ces fameuses rumeurs et tirer cette affaire au clair par moi-même.
J’avais ressorti pour l’occasion ce que j’appelais ma tenue de combat, à savoir un bleu de travail de couleur rouge, renforcé par des plaques de cuir au niveau du plastron, des coudes et des genoux. Je portais avec ça de volumineuses chaussures de sécurités, héritées de l’ancien travail de mon père. Leurs semelles renforcées offrait ainsi une bonne protection, tout en rendant mes coups de pieds bien plus dangereux, quoiqu’un peu ralenti par leur poids non négligeable. Je portais également des lunettes de soudure d’un style légèrement vintage, presque steampunk, afin de protéger un minimum mes yeux, qui étaient mon atout principal étant donné mon alter. Et pour complété le tableau, je tenais dans mes mains mon bâton de combat rétractable. Replié, il ne mesurait qu’une trentaine de centimètres, mais déployé, il atteignait une envergure de deux mètres. Il n’était pas non plus extrêmement résistant, aussi j’allais devoir être prudente en l’utilisant.
Je serrai alors mes mains couvertes de bandages semblables à ceux qu’utilisaient les boxeurs sur mon arme, observant de mon regard perçant les alentours, à la recherche du moindre détail, de la moindre irrégularité, du moindre mouvement suspect. Je ne savais pas ce que mijotaient toutes ces raclures d’outre-mer, mais j’avais la ferme intention de le découvrir.
De ces ruelles où l’obscurité régnait comme maitresse d’un autre monde, Kirishima n’en connaissait que la surface. Loin d’être l’imbécile dépeint par son caractère d’une extrême gentillesse, il connaissait les risques et ses différentes altercations avec des vilains l’avaient préparé à ce terrain miné. Peu lui importait s’il mettait les pieds dessus, le roc ne ploie pas sous la pression de vilaines manigances, quelles qu’elles soient. Il ne s’était imaginé mener une enquête de son propre chef et pourtant son intuition l’avait guidé à ces quartiers pourvus d’une justice différente de celle prônée par les héros. Chacun possédait une vision, le faux roux n’avait pas eu l’occasion d’obtenir de ses adversaires chinois leur version. Ce fut en cherchant l’un des leurs qu’il s’était retrouvé à arpenter les pavés noyés d’ombre par les immenses buildings.
Les poings serrés, la mâchoire tout autant, l’apprenti héros se demande ce qui se trame. L’air est pesant, pourtant ses iris resplendissent d’un rouge aussi étincelant que le rubis. Têtu, il se met à la recherche d’indices, oubliant le tournoi et les encouragements qu’il avait promis tant il y avait plus inquiétant.
Vêtu en civil d’un pantalon large à multiples poches et d’un t-shirt écarlate, l’adolescent observa les alentours trop calmes à son goût. Ses sourcils teints se froncèrent, accompagnés d’une moue peu rassurée. Il progressa sans rien dire, projetant de s’enfoncer un peu plus dans les ténèbres de la ville jusqu’à obtenir des réponses. Il en obtiendrait à coup sûr. Toutefois il ne s’agira peut-être pas de celles escomptées tant il était dangereux pour une graine de héros de s’aventurer sur le territoire du crime.
Son but n’était pas de casser des voyous, plutôt d’appréhender les étrangers en proie à leurs désirs de vengeance sur une population qui ne leur avait rien fait. Même si pour Kirishima, tous héros pouvaient collaborer, il n’était pas bon de laisser libre cours à une violence justifiée par un besoin d’estime, quel qu’il soit. Par-dessus tout, il cherchait à comprendre ces personnes qui n’étaient pas comme lui et pourraient parler l’esprit tranquille, loin de la présumée sécurité que leur offrait le stade. Ce sentiment qui persistait en lui et sonnait comme une alarme le frustrait au plus haut point. Si tout système avait ses failles, il voulait savoir quelles étaient celles qui avaient conduit la Chine à rendre ses futurs héros aussi dangereux que les vilains.
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Dans le calme et le silence de mort qui régnait parmi ces ruelles sombres et froides, des bruits de pas avaient attiré mon attention : je n’étais plus seule. Peut-être même ne l’avais-je jamais été, finalement. Peu importe, je me devais de me cacher, me mettre à l’abri afin de trouver la personne qui arpentait ce dédale obscur en même temps que moi afin de l’identifier et de savoir à qui j’allais avoir affaire. Ami ou ennemi, c’était le premier critère à déterminer. La suite en découlerait naturellement, j’imagine. Je scrutais donc les alentours, repérant rapidement une cage d’escalier collée à un bâtiment qui allait pouvoir me permettre de rejoindre les toits et ainsi prendre assez de hauteur pour observer les alentours. Ni une ni deux, je grimpai donc, restant tout aussi discrète que possible tout en me pressant, cherchant le meilleur compromis entre les deux.
Une fois sur le toit, je surplombais la zone. En me déplaçant je pouvais garder un œil sur toutes les ruelles adjacentes à ma position, ce qui était un avantage considérable. Cela dit, toujours rien ni personne. Pourtant j’avais bien entendu des bruits de pas. Usant donc de mes yeux perçants, je scrutai chaque centimètre carré de chaque ruelle dans mon champ de vision afin de repérer la moindre trace de passage d’une quelconque personne, et finalement, je le vis. Une jeune garçon, aux cheveux et aux yeux rouges comme le rubis. Il avait une tenue civile, et le regard dur, comme aux aguets. En m’attardant sur son visage, j’eus une impression familière, comme s’il ne m’était pas inconnu, sans pour autant réussir à me souvenir précisément où ni à y apposer un nom. J’allais donc devoir m’approcher et déterminer sa nature : ami ou ennemi.
Heureusement pour moi, il n’était pas très loin, et me déplacer sur le toit d’en face suffirait à m’offrir une occasion de l’approcher par surprise. Je pris alors mon élan et sautait les quelques mètres de « vide » qui me séparait du toit d’en face, même si le mot était un peu fort. Au bas mot, je me trouvais à cinq bons mètres du sol, tout au plus. Autant dire qu’une chute de cette hauteur, à moins qu’elle ne soit pas du tout contrôlée et que l’atterrissage se fasse mal, ne me poserait pas trop de soucis. Je me mis alors en place au bord du petit toit, et une fois qu’il fut là où je le voulais, je sautai. Je tombai alors lourdement derrière lui, déployant mon bâton de combat et me mettant en posture défensive.
« Toi, bouge pas ! T’es qui, et tu fous quoi ici ? »
Les néons teintaient de couleurs les pavés nus et froids de la ville sans jamais projeter d’ombre mobiles. Quelques chats et oiseaux de malheur faisaient bien exception sans attirer le regard écarlate du jeune héros. Plus il progressait, plus la solitude confirmait ses doutes. Il s’arrête. Un bruit sourd qui résonne sous ses pas et le cri zélé d’une demoiselle tout autant sur la défensive. Il l’observe, perplexe, un sourcil arqué. « Je pourrais te poser la même question, y’a pas âme qui vive et je trouve ça chelou, si tu sais quelque chose partage » allié ou non, cette personne qui lui était familière agissait également dans cet intérêt, non ?
Il avait envie de lui faire confiance, mais ne se fia pas à son instinct dans l’immédiat, faisant parler sa logique plus que le reste pour une fois. Les préjudices de ses précédentes défaites étaient toujours ancrés dans sa mémoire et gravés sur sa peau. « Je cherche pas les ennuis, je veux les éviter et pas seulement pour moi » pour tout le monde, ses soit disant concurrent également, car il n’y avait rien de plus frustrant que de savoir que quelque chose clochait et de ne pas y remédier. L’aspect psychologique, inconsciemment Kirishima y pensait depuis toujours. Il était le liant entre les différents protagonistes, mais il était aussi celui qui voulait bien sacrifier un peu de ses poings et de ses mots quand on s’y attendait le moins.
« T’es japonaise déjà, alors hm… tu ne suis pas le tournoi ? Si t’es venu casser du chinois tu ferais mieux de repartir, je cherche à comprendre ce qui se passe, pas la bagarre » c’était assez explicite, il ne voulait pas risquer qu’on se méprenne sur ses intentions, quand bien même on pourrait le croire plus hargneux et désireux d’attaquer sans la moindre raison, il en était autrement au vue de son comportement. Son apparence, tant par les traits durs de son visage que par l’absence d’expression relevait d’un sérieux rare chez le faux roux. Il donnait cette impression d’être un chien fou quand en réalité ce n’était qu’un chiot désireux de réunir tous ceux qui voulaient bien de sa façon d’être et qui lui semblaient bons.
« Si tu restes, n’attaque pas, je ne te laisserais pas faire » sans avoir leurs arguments avant. Peut-être qu’il se trompait, il ne pourrait pas changer tout un gouvernement, particulièrement quand il ne s’agissait pas du sien. Mais rien ne pouvait prédire la portée qu’aurait son discours s’il arrivait à toucher ses cibles.
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En effet... Les chinois semblaient s'occuper de pas mal d'affaires dans le coins. Et leurs inquiétudes étaient peut-être valides. Même si ces derniers étaient dans leurs bons droits, les élèves étrangers disposant d'une licence pouvant exceptionnellement arrêter des vilains au Japon pour ne pas trop les "priver" d'entraînement sauvage en dehors de leurs pays natals, cela n'excusait néanmoins pas la brutalité envers les prisonniers. La plupart s'en sortaient, des héros chinois couvraient parfois leurs traces, mais si ces deux élèves d'une même école en avaient entendu parlé... C'était que la chose n'était pas forcément bien cachée.
En tout cas, voilà qu'un petit duo se formait doucement. Enfin, "duo" était un bien grand mot. Les deux âmes ne semblaient pas savoir si elles étaient alliées ou ennemies... Bien au contraire, elles se méfiaient un peu. Et c'était normal, surtout en ces temps étranges, où la lumière provoquée par l'immense bâtisse où se passait le tournois projetait autant de ténèbres sur une musutafu occupée.
Brisant leurs dialogues, un bruit étrange pouvait se faire entendre non loin. Si les deux jeunes gens décidaient de se diriger vers l'endroit du bruit, ils iraient alors au travers de quelques ruelles vides, marquées par le silence, avant de tomber sur une petite place de jeu où d'habitude des enfants s'adonnaient à quelques petits plaisirs de l'enfance. Balançoires, tourniquet... mais là, les jeunes gens n'étaient pas là, et à la place, un corps inanimé sur le sol. Un homme, d'une trentaine d'années, qui avait entre ses mains un sac typiquement féminin...
Je fixai le jeune homme à la chevelure de feu devant moi m’expliquer qu’il n’était pas là pour chercher les ennuis. Ça tombait bien, mon non plus. Enfin, pas vraiment. J’étais surtout là pour fourrer mon nez dans les affaires des autres, ce qui, il fallait se l’avouer, avait souvent tendance à attirer à soi pas mal d’ennuis. Mais les rumeurs dont j’avais eues vent ne me laissaient guère le choix : si ces crétins de chinois passaient effectivement leurs nerfs dans les bas quartiers, je ne pouvais tout simplement pas rester les bras croisés à ne rien faire.
Certes, ils agissaient plus ou moins légalement, puisqu’ils avaient une licence leur permettant d’intervenir, sans parler qu’ils ne s’en prenaient qu’à des criminels, des personnes pas forcément recommandables, en somme. Mais ils faisaient preuve d’une telle barbarie, d’une telle violence brute … ils crachaient littéralement au visage de tous les vrais héros, ceux qui se battaient avant tout pour protéger les innocents, et non pour leur plaisir personnel … Et ça, ça me rendait verte de rage.
Mais alors que je le fixai, perdue dans mes pensées entre mes réflexions sur ces rats d’outre-mers qui pullulaient dans nos rues et mes questionnements sur la position du jeune homme, son identité me revint comme dans un déclic.
« Mais … T’es Kirishima Eijiro ! Red Riot, c’est ça ? T’es ce première année qui a fait match nul au tournoi, non ? Je me disais bien que je t’avais déjà vu quelque part. Excuse moi. » dis-je simplement, l’air un peu embarassée avant de quitter ma posture défensive et de tendre la main vers lui. « Hitomi Ishidaa. J’suis en deuxième année. Et comme toi, j’aimerais savoir ce qu’il se passe vraiment ici. Si les élèves chinois font comme le disent les rumeurs, il faut qu’on les stoppent. Ils sont en train de ternir l’image de l’héroïsme, et agissent de manière indigne de leur rang. »
Mais alors que je finissais de parler, un bruit lointain, mais toutefois suffisamment proche pour être parvenu à mes oreilles, attira mon attention. Je fixai Kirishima, m’interrogeant sur ce qu’il voulait faire : rester ici, où aller voir ? Je supposai qu’il allait vouloir se diriger dans la direction du bruit, mais pour ma part, je ne perdis pas le temps de lui demander. Un simple regard pour croiser le sien qui voulait tout dire, puis j’étais partie, courant à grandes enjambées pour finalement déboucher dans un petit parc de jeu sans surprise bien vide à cette heure. Ce qui, en revanche, n’était pas commun, c’était le corps inerte d’un homme d’âge moyen avec un sac à main de gonzesse dans les bras.
Un voleur à la tire qui s’était fait prendre ? Mais par qui ? Pas par sa victime, sinon elle aurait récupéré le sac. Par d’autres malfrats ? Non plus, sinon le résultat aurait été le même. L’hypothèse qui me vint immédiatement en tête fut évidemment celle d’élèves chinois qui, une fois de plus, avaient décidé de passer leurs nerfs sur un pauvre type sans défense … Sérieusement, j’espérais pour que ce n’était pas cela. Car visiblement, l’homme inerte devant moi n’avait rien d’un vilain. Un simple petit malfrat, le genre de type que la police pouvait gérer sans problème. Même si un héros devait intervenir peu importe la situation, dans ce cas précis, la réponse « héroïque » avait été démesurée. Comme lancer une bombe atomique sur une noix récalcitrante pour fendre sa coque.
Je m’approchai alors de l’homme, afin de prendre son poux pour vérifier s’il était toujours en vie, sans prendre la peine de voir si Kirishima m’avait suivit ou non.
Le bâton s’abaisse, la posture se fait plus détendue et la jeune femme dévoile son nom et son alias héroïque. Surpris, l’adolescent acquiesce, loin de se douter que ce match contre Tetsu Tetsu avait été aussi mémorable pour d’autres que pour lui. Il avait progressé depuis et il en était de même pour son adversaire dont il prenait des nouvelles régulièrement. Cependant, là n’était pas le sujet. Il saisit la main qu’on lui avait tendu et la serra d’une poigne assurée. « Oh… enchanté, je me disais bien que tu te comportais comme une héroïne » il se mit à rire légèrement, ses dents pointues visibles par le sourire étiré qu’il offrait, mais ce dernier se ternit rapidement. « Ouais… je pense avoir une idée, mais je sais aussi pourquoi ça se passe comme ça, le gouvernement chinois forme pas des héros, il forme des automates… faut pas leur en vouloir, ils connaissent que ça et on les forces à réprimer leurs sentiments » quand du côté Japonais, c’était le cœur qui faisait de leurs ambitions un véritable trésor et une force.
Bien sûr, la corruption était partout et s’installait en tous comme une vieille amie dont la voix prenait plus ou moins d’ampleur selon qui voulait bien l’écouter. Mais quand il s’agissait d’une autorité, la donne était pire encore. « On doit tenir compte de ça pour les- » du bruit perturbe son discours et les deux se dirigent prudemment vers l’endroit d’où il venait. Kirishima découvrit avec horreur le corps sans vie d’un homme, petit voleur de bas étage qui ne méritait pas sa mort. Il en frissonnait, choqué par la dureté de ce système et l’injustice commise de ce fait. « C’est plus une question de point de vue là… ça craint » des morts, il n’en avait jamais vraiment vu, ça lui faisait bizarre. Même en s’y préparant, il n’avait pu éviter les tremblements de sa main qu’il serra en poing. Ses yeux brillaient sous les émotions contraires, allant de la peur à l’angoisse et la compassion de ceux qui connaissaient la victime. Il était partagé. Comment pouvait-on faire preuve de si peu d’humanité ? « Ils les ont transformés en machine… et on est japonais, on ne peut pas changer la politique d’un pays qui n’est pas le notre… on peut pas les laisser comme ça pour autant » quoi faire alors ? Aussi motivé soit-il, la graine de héros n’était qu’un enfant n’y connaissant rien et n’étant pas en mesure de prendre de telles décisions ni d’influencer suffisamment la population quelle qu’elle soit.
« Faut que je les retrouve, au moins ceux que j’ai combattu au tournoi… faut que je leur parle »
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Mort ? Le Jeune Kirishima se fourvoya. En effet, le poux était là, présent. Si l'homme était inanimé, ce n'était rien de plus que les conséquences de ces blessures, et en rien une mort prématurée : l'homme s'était fait passer à tabac. Et si ses blessures demandaient néanmoins des soins relativement important, sa vie n'était pas mise en danger. D'ailleurs, si le duo avait quelque connaissances en médecine, ils auraient pu remarquer que les blessures évitaient soigneusement les points vitaux. Comme si la personne s'était assurée de garder le vilain en vie... Sans pour autant chercher à le tuer. Ou plutôt, en cherchant à réellement le garde en vie.
Les deux jeunes âmes discutaient de leurs trouvaille légèrement macabre. Une dizaine de minutes passèrent alors, les deux jeunes gens continuant leurs échanges à propos de cette situation et de ce qu'ils devaient potentiellement faire - ou bien de la température de la saison, ils peuvent discuter de ce qu'ils veulent après tout -, avant d'entendre le bruit d'une branche qui se craque.
Non loin, une troisième âme vint les rejoindre. Si Hitomi pouvait potentiellement le reconnaître, le jeune garçon pénétrant la scène étant tout de même un peu connu au Japon, c'est surtout Kirishima qui devait comprendre à coup sûr qui venait de se joindre à la fête.
« Que faites vous ici ? »
La voix, douce et faible, venait d'un jeune garçon à la chevelure d'un noirs de jais, dont le bas du visage était caché derrière une épaisse écharpe blanche. Un accent chinois audible, un petit serpent qui semblait se reposer sur l'épaule du jeune homme, on pouvait ainsi y reconnaître les traits caractéristiques de Pio, le numéro un des premières années Chinois.
L'espoir de son pays, qui fut vaincu par Kirishima et son allier, durant le premier tour du tournois. Ce dernier semblait surpris de les voir, surtout le jeune garçon, qu'il ne pensait pas revoir si tôt.
Je soupirai, quelque peu soulagée de sentir un pouls quand mes doigts vinrent toucher la gorge de l’homme. La pulsation était très faible, mais restait plus ou moins régulière. Je n’étais pas une experte en la matière, mais même s’il avait l’air mal en point, il n’avait pas l’air de risquer la mort dans l’immédiat. Cela dit, il était salement amoché, et il y avait fort à parier que si nous ne l’emmenions pas rapidement à l’hôpital, il garderait à vie des séquelles de son passage à tabac. Cette situation m’enserra alors violemment le coeur. Car en voyant cet homme blessé, inconscient et risquant tellement, l’image de mon père me revint en tête.
L’image de ce colosse, cette force de la nature pourtant dépourvue d’alter et qui n’avait jamais reculé devant rien, aujourd’hui diminué physiquement à cause d’un foutu accident qui lui avait coûté un bras, et pour de bon depuis peu. La raison même de mon décrochage scolaire, l’objectif même qui me détruisait de l’intérieur. Même si les conseils de Tara faisaient leur effet et que j’arrivai à bien mieux gérer ma culpabilité vis à vis de tout ça, cette vision balaya tous les efforts que moi et mon amie russe avions fait depuis cette fameuse soirée. Comme un pieu qui s’enfonçait dans mon coeur, la culpabilité me fit ressentir une douleur incommensurable, si bien que les larmes me montèrent aux yeux alors que Kirishima semblait totalement décontenancé et semblait chercher quoi faire.
Pour ma part, je n’en avais plus rien à foutre. Que ces abrutis de chinois aient été formatés par leur gouvernement et transformés en machines de guerre sans émotions ne m’affectait plus le moins du monde. Ce genre d’acte, barbare et déshonorant pour le statut de héros, je ne pouvais simplement pas les pardonner. Kirishima voulait leur parler ? Moi aussi, mais pas avec des mots. Non, aucun mot ne saurait apaiser cette colère que je ressentais en moi à cet instant. La rage de voir que des raclures dans leur genre étaient soutenues par un gouvernement et souillaient ainsi l’honneur des héros du monde entier qui se battaient pour défendre les autres. C’était comme s’ils crachaient au visage d’All Might, Endaevor, Hawks, et tous ces grands noms qui chaque jour risquaient leur vie et donnaient tout ce qu’ils avaient pour que nous, les non-héros, puissions vivre dans un monde de paix. Et ça, c’était impardonnable.
Mais alors que je serrai les dents, une branche craqua non loin. Je fis alors volte-face, prenant mon bâton dans la main et me tenant prête à agir si besoin. Je vis alors un jeune garçon approcher. Son visage ne me disait trop rien, mais son accent chinois ne laissait planer aucun doute. Je cherchai alors dans ma mémoire, tentant de me souvenir si j’avais déjà vu ce type quelque part. Et c’était le cas. Il faisait partie des premières années qui avaient participé au tournoi face à nos étudiants à nous. Est-ce que Kirishima le connaissait donc ? Probable, ils s’étaient sans doute affrontés. Mais peu m’importait.
« Ce qu’on fait ici ? C’est plutôt à moi de te demander ça ! C’est toi qui a tabasser ce pauvre type ? Allez, réponds ! »
Malgré l’évidence de la scène, et malgré ma colère, je me devais de ne pas agir de manière trop impulsive. Il m’était difficile de me contenir, mais je faisais de mon mieux pour ne simplement pas l’attraper par le col et l’encastrer dans un mur. Je devais en avoir le coeur net, être sûre que c’était bien lui le responsable. Car si c’était le cas … Et bien il allait vite perdre son air détaché qui m’horripilait et apprendre ce qu’il en coûtait de foutre la merde dans mon pays.
Son esprit embrumé ne permit pas à l’adolescent de constater l’effet de cette attaque sur la jeune femme qui l’accompagnait. Il ne le comprit qu’en entendant une rage à peine contenue dans le flot de larmes. Ses rubis se posèrent à tour de rôle sur Hitomi et Pio. Il connaissait la suite, ce pressentiment qui le faisait vibrer à se mettre au travers des chemins sans détenir aucune des réponses attendues. Il déglutit, s’avance prudemment, sans brutalité et dévisage le chinois dans une tristesse non dissimulée. « Pio… je sais que t’es un bon gars, on peut parler de ce qui se passe sans sortir l’artillerie lourde ? » c’était aussi valable pour la blondinette plus âgée que lui. Il comprenait cette haine de l’injustice et tremblait lui aussi sous la colère de savoir qu’un futur héros en était à l’origine, toutefois il ne pouvait condamner la façon de faire des autres.
« Ce type… il… respire à peine, c’est peut-être pas un modèle, mais personne n’est parfait et… quoi qu’il fasse, même si c’était la pire des ordures, Pio… est-ce qu’un héros doit inspirer la peur à ceux qu’ils veulent protéger ? » ce système dont il avait deviné les rouages était cruel et insensé, mais ceux qui servaient de moteurs étaient encore humain pour lui. Ils étaient à sauver. « On pense peut-être pas pareil sur la façon de s’y prendre, mais je suis sûr que tu comprends ce que je veux dire » outre les mesures abusives, il y avait l’atmosphère qui régnait entre Japon et Chine à ce niveau de compétition. Lui aussi voulait devenir plus fort et gagner, mais tous étaient pourtant dans le même sac : des enfants qui grandissaient pour ressembler à ce qu’ils exigeaient eux-mêmes de la justice.
« C’est quoi le but de la justice si elle répare pas ceux qui se sont égarés ? ça sert à quoi de cogner à ce point si ce n’est perdre la confiance que les gens sont censés avoir en toi ? Pour moi c’est pas comme ça qu’on s’y prend » un peu de plus envers le jeune homme, si cette discussion était aussi ressemblante au tournoi, il n’y avait aucunement à se méfier pour le héros étranger. « Et… pour que justice soit vraiment faite, faut que ce gars soit en mesure de comprendre le mal qu’il a fait, je doute que ce soit en étant un légume qu’il se sente mieux… je dis pas que tous les malfrats et vilains en sont capables, mais qu’ils ont pas tous les mêmes raisons de faire ça… tu… » c’était si difficile à expliquer et il n’était sans doute pas le meilleur pour ça, où étaient Midoriya, Iida et tous ses camarades bien plus doués que lui ?
« Tu… as bien des raisons d’être un héros, elles peuvent être bonnes comme mauvaises, en fin de compte on fait tous des choix et c’est pas toujours les bons… mais pour le comprendre, faut qu’on nous montre la voie et ce type mérite pas trop d’être dans cet état, si ? ‘fin… même s’il a fait quelque chose, dans tous les cas il est gravement blessé et toi tu n’as rien, c’est qu’il faisait absolument pas le poids Pio… »
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Le jeune garçon semblait étonné. Mais derrière son étonnement, se sentait une pointe d'inquiétude. Était-ce réellement lui, l'acteur principal de cette scène presque macabre ? Il semblait venir du même endroit d'où était venu la victime - au vu de comment il s'était écrasé contre le sol. Mais tout de même ?
C'est la jeune femme qui commença à parler directement, qui semblait plutôt... énervée. L'agressant directement, lui demandant ce qu'il faisait lui-même ici, ce qu'il avait fait à ce pauvre homme... Ce pauvre homme ? Pio regarda alors sur le sol, observant la victime inconsciente qui gisait à leurs côtés. Oh, elle pensait donc ça...
« Euh, je- »
Pas le temps de répondre, voilà que c'était Kirishima désormais qui s'élançait dans un discours héroïque sans pareil. Il disait qu'il souhaiter parler, ne pas sortir les armes, qu'être un héros c'était quand même plus sauver des gens que de tabasser d'autres personnes, criminelles ou pas. Le blabla habituel, que le jeune garçon avait déjà utilisé contre lui durant l'épreuve. Un blabla agréable mais qui, ici, au vu de la situation, en devenait presque... comique.
Alors qu'il lui disait qu'il était sûr qu'il comprenait ce qu'il voulait dire, Pio tenta de parler de nouveau.
« Oui mais je- »
... C'était désormais Kirishima qui le coupait pour repartir de plus belle. Si Pio était puissant, assez pour battre les deux âmes héroïques devant lui sans trop se fatiguer, il devait bien l'avouer qu'il manquait incroyablement de charisme. Sa voix fluette et basse se faisait littéralement écraser par les deux élèves de l'U.A., et son tempérament calme l'empêchait d'hausser la voix pour reprendre le contrôle de la conversation.
Bon bah euh, autant attendre que ça soit fini...
... Ce qui arriva finalement.
« ... Je viens tout juste d'arriver, en fait. » Lança-t-il, levant simplement la main, paume vers eux, en un "stop" visuel.
La manière dont il le disait, clairement, avec calme et sans hésitation, démontrait clairement de son honnêteté. Soit il disait la vérité, soit c'était le plus grand menteur du monde. Mais un menteur ne laisse pas des gens lui couper la parole toute les deux minutes, et n'est pas incapable de se faire entendre...
« ... J'ai juste fait quelques achats et je comptais rentrer. »
Il pointa un plus gros serpent qui sortait de derrière un bâtiment, tenant dans sa gueule un sac en plastique dont dépassait des souvenirs typiquement japonais. Oui, Pio faisait le touriste.
Mais ce que pouvait surtout sentir Kirishima, c'était le changement dans le jeune garçon. Si Pio n'était pas forcément plus vivace visuellement, son regard ne semblait plus vide, mais pétillait doucement de vie. Et qu'il s'adonne à ce genre de petits plaisirs qu'est l'achat de souvenirs, cela pouvait qu'il s'échappait petit à petit des mains de son pays, et qu'au lieu de simplement vivre pour eux, il vivait désormais aussi pour lui.
Si on le connaissait d'avant, on pouvait ainsi voir que Pio reprenait des couleurs.
Malgré ses dires, j’avais plutôt du mal à croire le jeune homme sur parole. Mais alors que je fixai son air un peu détaché, je commençai moi-même à me calmer progressivement et à prendre un peu de recul sur la situation. Et force était de constater que tout ça n’était pas très cohérent. Si le dénommé Pio était effectivement l’auteur des blessures du type allongé derrière moi, pourquoi revenait-il sur les lieux ? Pour le plaisir de contempler son boulot ? Certes, je ne le connaissais pas, mais ça me paraissait tout de même un peu gros.
Cela ne retira rien à ma méfiance, mais je rangeai néanmoins mon arme, rétractant mon bâton avant de le remettre à ma ceinture, sans pour autant perdre du regard le jeune homme qui venait d’arriver. Il semblait réellement sincère, trimballant même des sacs pleins de babioles et de souvenirs du type attrape touriste dans des sachets … tenus par des serpents ? Merde, c’était quoi ce délire ? Je n’avais pas vraiment suivi le tournoi, en dehors des matchs d’Hanami, car j’étais trop occupée avec mes projets personnels, mais … Visiblement, Kirishima semblait le connaître, alors j’allais devoir m’en remettre à lui pour avoir des informations sur le chinois. Je m’avançai alors lentement pour me tenir à côté du jeune première année à la chevelure de rubis.
« Dis moi, Kirishima, tu sembles connaître ce type, qui c’est ? Et tu penses vraiment qu’il est sincère ? »
Je jetai alors un nouveau coup d’oeil au type immobile, qui tenait toujours le sac à main dans ses bras. Quelle situation à la con, vraiment. Enfin, je commençai à relativiser : si l’étudiant étranger était bel et bien hors de cause dans cette histoire, ça ferait déjà une personne en moins à affronter. D’autant plus que n’étant pas en filière héroïque, je n’avais légalement et légitimement aucun droit de me trouver ici et d’intervenir de quelque manière que ce soit. Je risquais gros si on se faisait prendre, mais en même temps, je ne pouvais pas me résoudre à rester passive. Pour l’heure, Kirishima semblait croire que j’étais en filière héroïque aussi, et il valait mieux que cela reste comme ça. Je me tournai alors de nouveau vers les deux garçons.
« Bon, quoi qu’il en soit, ce type a besoin de soins. Il faut l’emmener à l’hôpital, mais le déplacer sans connaître l’étendue de ses blessures pourraient les aggraver. Le mieux c’est encore d’appeler les secours et de rester avec lui jusqu’à leur arrivée. Une fois que ce sera fait, ils auront la situation en main et on pourra retourner à nos affaires et tenter de découvrir ce qu’il se passe par ici, et le responsable par la même occasion. »
Son tempérament non maîtrisé aboutissait souvent à des erreurs qu’il voulait à tout prix éviter. Mais il n’aurait jamais cru que sa tentative se solde par un malentendu. Cependant, rien ne pouvait lui faire plus plaisir que l’innocence de Pio dans cette affaire encore brumeuse. Kirishima ne put qu’offrir un sourire éclatant de ses dents pointues à ce nouvel ami dont les serpents n’étaient au service que de ses propres envies.
L’adolescent inspira profondément, trottinant d’une démarche joviale pour aller taper dans le dos de Pio. « Je suis super content, j’espère que tu t’éclates ! » il s’éloigna de quelques pas, décala son corps et s’inclina respectueusement, toujours en conservant son sourire malgré l’embarras notable. « Je te présente mes excuses j’ai été stupide, le hasard m’a trompé totalement et j’aurais dû faire plus attention » surtout qu’il le croyait, il avait voulu croire en lui-même avec un serpent énorme en face de lui.
Une main derrière la nuque, il jeta un œil à la jeune femme et revint vers elle pour lui adresser quelques mots, elle avait totalement le droit de savoir ce qu’il pensait de la situation. « Je l’ai affronté lors du tournoi, il est incroyable, il m’a pas attaqué de toutes ses forces, il aurait clairement pu me tuer si ça avait été le cas, ouais, on peut lui faire confiance, c’est un gars sûr » peut-être qu’il se trompait et que le chinois pour des raisons évidentes seraient du côté de ses compatriotes, cependant, concernant ses idéaux, il n’avait aucun doute. « Et même si ça devait tourner mal, je pense que lui comme nous, on essaierait d’éviter un carnage plutôt que s’entretuer, ce serait contreproductif en plus »
La ville était encore trop calme et les secours devaient être appelés rapidement comme l’avait préconisé Hitomi. Hochant vivement la tête, la graine de héros se mit à taper sur son téléphone à vive allure, montrant ensuite l’écran les localisant. Enfin, il se permit d’enregistrer un nouveau contact et d’y inscrire le nom du Chinois « d’ailleurs j’y pense, t’es pas obligé et je t’en voudrais pas si t’en as pas envie, mais je tiens quand même à ce qu’on reste en contact et t’inviter avec tes potes ! Même si pour l’instant, hm tu veux bien nous aider ? On sait jamais, à trois on arrivera peut-être mieux à comprendre la situation » et à remédier à la santé de l’homme dans un état pitoyable. Le faux roux n’en avait pas l’air, pourtant il était inquiet pour la vie de ce civil et le voir si mal pour des raisons encore obscur le rendait nerveux, avide de savoir ce qui avait bien pu arriver et pour quelles raisons.
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Le jeune garçon ne semblait pas réellement comprendre ce qui ce passait, au moins à première vue. S'il était chinois, le fait qu'il soit encore en première année lui permettait d'être moins corrompu que ses confrères. Il n'était normalement qu'une simple marionnette, mais dont les fils étaient actuellement coupés. Pinnochio en devenir, Pio s'adonnait ainsi aux simples plaisirs de vrais petits garçons : dilapider un peu d'argent dans des possessions qui n'en valaient pas la peine. Il ne le dira pas - et ne le remarquer pas - mais il fut d'ailleurs littéralement arnaqué à chaque arrêt, payant 20 à 30 % plus cher chaque souvenir, bien trop naïf pour se rendre compte de l'arnaque.
Oui.
Néanmoins, il remarqua tout de même la personne au sol. Et de ce fait, même si naïf, il comprit rapidement pourquoi ils étaient soudainement si excités. C'était un vilain, très certainement. Ou quelqu'un qui avait des goûts étranges, à porter des sacs typiquement féminin tout en étant habillé comme une racaille des bas quartiers. Et avec le petit "pétage de câble" des siens, qui s'adonnaient à des arrestations certes acceptées / légales mais musclées, semblaient tout désignés pour ce mini massacre.
Lorsque Kirishima lui demanda s'il s'éclatait, Pio, gardant son air neutre, ne répondit que par un "v de la victoire" qu'il fit avec la main, avant de reporter son regard vers le blessé.
« Oui, je comprend. Ce n'est pas grave, c'est sûr que... » il marqua un temps d'arrêt. « ... Je pouvais être tout désigné pour ça. »
Claquant des doigts, un immense serpent, celui qui avait affronté en dernier Kirishima et Udo lors de la phase finale du match, prit forme en s'échappant du dos du jeune garçon. Se glissant près du blessé, il le mit alors sur son dos, avant de revenir vers son maître qui commença à écrire un mot pour l'attacher ensuite autour du cou de la bête, qui glissa alors au loin avec.
« Il va l'emmener à l'hôpital, il est peut-être énorme mais il sait se faire discret. » .... Ou tu du moins, il l'espérait. Que les infos ne disent pas qu'un immense serpent se balade tranquillement.
Finalement, Kirishima prit un peu le contrôle de la conversation. Toujours aussi rayonnant et réchauffant que jamais, il ressemblait à un petit soleil. Et même si Pio trouvait ça agréable, il se disait qu'un peu de crème solaire ne lui ferait pas de mal. Ou une bonne paires de lunettes bien sombre pour ne pas devenir aveugle, haha !
Ce dernier il alluma finalement son téléphone, pour montrer la géolocalisation, et là où ils étaient... Voilà qu'il se faisait embarquer dans une recherche dont il redoutait énormément l'issue. Il lui proposa, au passage, de l'enregistrer. Sans rien dire, Pio sortit un petit téléphone à clapet, d'un autre temps, avant de l'ouvrir par derrière, dévoilant la batterie... et un petit papier contenant son numéro de téléphone, qu'il était normalement incapable de retenir.
« Tiens. » Disait-il, même si, tristement, il se doutait que lorsque les supérieurs remarqueraient le numéro inconnu, ils iraient jusqu'à lui prendre son téléphone pour lui en donner un nouveau, vierge de tout contact étranger.
S'il ne parlait pas, on pouvait sentir le petit plaisir qu'il avait d'être inclus ainsi dans un petit groupe. Dans un sens, ils faisaient un bon trio : Kirishima qui parlait énormément, Pio qui parlait peu, Hitomi qui parlait ce qu'il fallait.
L’attitude beaucoup plus détendue et chaleureuse de Kirishima me fut d’un grand secours : elle me permit de me décrisper légèrement et d’être moins alerte vis à vis du jeune homme qui se tenait en face de nous. Red Riot continua sa conversation pendant que moi, j’observai les alentours. Plus j’y réfléchissais, moins ça avait de sens : effectivement, les élèves chinois se lâchaient et se défoulaient littéralement dans les bas quartiers, mais malgré la moralité très douteuse de leurs actions, ils avaient jusque là tous remis leurs prises aux autorités. Alors pourquoi cette fois, le ou les auteurs avaient fait exception ? Peut-être étaient-ils en train de passer ce tabac et avaient par la suite ferré un plus gros poisson ? C’était une possibilité, et je scrutai alors la scène de plus belle, n’hésitant pas à faire usage de ma vision sur-dévelloppée. De ce fait, mes iris se teintèrent d’une couleur dorée presque scintillante, rendant mes yeux semblables à deux petites veilleuses dans la pénombre ambiente.
J’étais à la recherche du moindre indice, la moindre trace qui pourrait me permettre d’en apprendre plus sur ce qu’il s’était passé. Mais alors que j’étais plongée dans mes recherches, un bruit étrange attira mon attention. Je me tournai alors vers l’homme inconscient pour découvrir qu’un énorme serpent l’avait, par je ne savais quel miracle, hissé sur son dos avant de l’amener à Pio. Cette vision m’arracha un petit cri de surprise : c’était donc ça son alter ? Créer et manipuler des serpents ? Et il pouvait en créer d’aussi énormes ? C’était donc contre ça que Kirishima s’était battu ? J’observai alors les deux jeunes garçons, l’air hébétée, me disant que décidément, la filière héroïque, c’était un tout autre monde que le mien. Mais ils devaient rien en savoir, sans quoi j’allais au devant de gros ennuis. Pour l’heure, Kirishima semblait toujours croire que j’étais en héroïque comme lui, et ça m’allait très bien.
Je les laissai donc converser, et confiait le soin à Kirishima de répondre à la question de notre invité, reprenant mes recherches. Je devais absolument savoir ce qu’il s’était passé, et la moindre information qui pouvait m’en apprendre plus était la bienvenue. Mais je me rendais aussi à l’évidence : seule, je n’irais pas bien loin. Avec leur aide, en revanche, je mettais toutes les chances de mon côté. Je tournai alors mon regard vers Pio, le scrutant avec attention de mon regard aquilain.
« Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça me paraît quand même suspect comme situation. Certes, les autres élèves chinois se laissent beaucoup trop aller, frôlant avec les limites de la légalité, mais on ne peut pas leur enlever le fait qu’ils ont toujours remis les criminels qu’ils ont arrêtés aux autorités. Or, ici, ça n’a pas été le cas. Le ou les responsables se sont contentés de le tabasser pour finalement partir. Ça sonne pas juste. Pourquoi ils l’auraient laissé là ? Sans notre intervention, qui sait ce qui aurait pu lui arriver, il aurait peut-être pu mourir de ses blessures à long terme. »
Je marquai une pause, le regard toujours fixé sur le visage de Pio, guettant la moindre micro réaction de ce dernier, pour tenter de déceler une trace de mensonge. Kirishima semblait avoir confiance en lui, et grand bien lui en faisait, mais pour ma part, c’était loin d’être le cas, et je voulais m’assurer de la bonne foi du jeune garçon aux serpents.
« Ma théorie, c’est qu’il y a eu un tabassage, mais qu’un plus gros poisson a été ferré, forçant les coupables à laisser le corps ici. On devrait déjà fouiller la zone à la recherche d’indice pour mieux comprendre ce qu’il s’est réellement passé, et à combien de personnes on a affaire. Car quelque chose me dit qu’il n’y a pas qu’un seul individu impliqué là dedans. C’est juste une intuition, mais autant la vérifier. »
Je n’attendis pas la réponse des deux autres pour reprendre mon investigation, promenant mon regard sur chaque centimètre carré de la zone, cherchant désespérément la moindre bribe d’information qui pourrait m’aider.
Kirishima se sentait désolé d’avoir commis cette erreur, mais il fut bien vite pardonné par le chinois, adorable dans ses prises de paroles, beaucoup plus réservé que lui. Il profitait de son séjour comme personne et une idée fleurit dans son esprit. Il la réservera pour plus tard. Le serpent se mouvait pour emmener la victime à l’hôpital en suivant les directives de son maître tandis qu’eux échangez leurs numéros. Kirishima fouilla dans ses poches à la recherche d’un papier, mais n’avait rien pour écrire et grimaça un peu. « Je t’écrirais le mien tout à l’heure, mais déjà je t’ajoute » et une fois cela fait et son pouce levé, il ne traina pas, écoutant également Hitomi qui semblait surprise par l’énorme bête qui venait de passer.
Elle réfléchissait à la situation et n’avait pas foncièrement tort. Red Riot acquiesça « Je trouve quand même bizarre qu’ils l’aient laissés là, on verra bien ce qui se passe ici, qu’on leur fasse pas porter le chapeau en profitant de la situation » lui-même s’était laissé berner.
« C’est parti ! » Kirishima se stoppa cependant, tournant son visage toujours motivé vers le chinois « Et, si jamais t’es dans une position délicate du genre, prendre parti entre tes potes ou nous, t’en fais pas, je t’en voudrais pas, on essaiera de limiter la casse, d’acc ? » dans un clin d’œil et un léger rire, l’adolescent se mit à observer scrupuleusement les environs, marchant vers la direction d’où venait surement l’homme. « On est arrivé des allées par là-bas » dit-il, en pointant du doigt la direction empruntée. Le point étant un espace jeu, il y avait divers chemins pour y parvenir. Kirishima se pencha sur le jeu sur pivot, essayant de le faire tourner et de chercher la meilleure option de fuite à partir de ce tourniquet, peut-être en apprendrait-il davantage sur ce qu’il y avait eu à fuir.
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Qui pouvait être l'acteur principal de cette scène ? La victime, elle, semblait couler de source : un vilain. Un sac de grand-mère, forcément, cela n'allait pas vraiment à l'aspect loubard qu'arborait l'homme. Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir : regarder dans le sac.
« Attendez, je vais voir dans son sac. Peut-être qu'il y a sa carte d'identit- »
Il se tourna, pour voir que l'énorme serpent s'était déjà échappé vers l'hôpital. Pio ne prit même pas la peine de terminer sa phrase, littéralement coupé dans son élan par la disparition de son animal qui emporta avec lui de potentielles preuves à son explication. Il se tourna alors vers le duo, avant de simplement lever la main.
« ... Désolé. »
Il ne fit alors qu'un petit mouvement de tête à Kirishima, lorsque ce dernier lui expliqua qu'il lui enverrait un message plus tard, avant d'écouter le plan de la jeune femme. Elle expliqua que, selon elle, cette prise fut abandonnée au profit d'une plus grosse, et qu'ils étaient sûrement plusieurs sur le coup. Bien-sûr, tout les soupçons tombèrent sur les siens : après tout les élèves chinois, désormais avec pas mal de temps libre, s'en donnaient à coeur joie à arrêter des vilains japonais. De manière trop... musclée, même si cela restait dans la légalité.
Mais légal ne rimait pas forcément toujours avec éthique.
« Ça, ou tout simplement qu'il a réussi à s'enfuir, non ? »
Cette possibilité était aussi là : qu'il se soit simplement échappé avant de s'écraser ici. Après tout, la scène ne semblait pas avoir été touchée par une quelconque bataille précédente à la rencontre des trois compères...
Il secoua finalement la tête aux derniers mots de Kirishima, qui lui expliquait qu'il n'avait pas à faire le choix entre eux et de potentiels chinois.
« Je sais, mais si je peux aider, je veux aider. »
Finalement, le jeune garçon indiqua à Pio d'où ils venaient. Et en effet, ils venaient bien de l'opposée. Et seule une dernière sortie semblait inexplorée : si eux venaient du sud et lui du nord, la sortie Est était sûrement le meilleur chemin à emprunter. Après tout, Pio n'avait vu personne, eux non plus... Donc...
Il se gratta légèrement le menton, avant de pointer la dite sortie.
« Peut-être ici ? Je ne sais pas trop. »
La sortie semblait s'enfoncer plus profondément des bas fonds : des escaliers s'enfonçaient dans le goudron et le dédale de bâtiments faisait naître une légère pénombre, disparaissant dans un carrefour. Qu'allaient-ils faire ? S'enfoncer à l'intérieur ? Discrètement, normalement, ou trouver un autre moyen d'explorer les environs ?
Analyser la scène de crime n’était pas le fort du jeune héros, mais il ferait de son mieux. Hitomi donnait de bons conseils et réfléchissait bien plus que lui, voilà ce que Kirishima pensa tout en souriant de pouvoir mettre à profit ses compétences et de travailler en équipe. Ils ne se connaissaient pas, néanmoins voulait bien coopérer pour que justice soit faite, rien d mieux pour faire apparaître la lueur d’une flamme dans ses yeux.
« Oh… oh c’est pas grave, on trouvera t’en fais pas ! » si la carte d’identité était encore sur l’homme, au moins, les services d’urgences n’auraient aucun mal à l’identifié ainsi que ceux de polices qui avaient été prévenus dans la foulée. Livrés à eux même, ils n’avaient que leurs hypothèses et les subtils indices laissés à leur sens. « Possible, mais on doit trouver qui a fait ça dans tous les cas »
Dans son avertissement, la graine de héros avait pris ses précautions, il ne demanderait pas à Pio de prendre son parti s’il devait choisir entre ses paires et lui, au contraire, il le laisserait faire ses choix et les respecterait. Le chinois cependant se montra digne de confiance en faisant preuve de volonté pour résoudre le mystère de cet homme. Kirishima ne put qu’approuver. Ils observèrent ensuite la direction possiblement prise pour atterrir sur la place. Red Riot massa sa nuque légèrement nerveux en arquant un sourcil épais. « Hm… ça met bien en confiance, on n’a pas trop le choix, mais je propose d’y aller en premier et si y’a un truc de louches, restez à distance, on avisera, ok ? Enfin, je dis ça, je vais y aller sans pression » par réflexe et parce qu’avoir l’air de chercher quelque chose apportait toujours des ennuis. Se mettre dans la peau d’un crétin explorant les environs, ça, c’était totalement à sa portée et plus encore, il le faisait naturellement. Être un héros, pour l’adolescent, c’était simplement une partie de lui qu’il devait encore travailler.
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