Infected Mushroom - Guitarmass

La lumière et la chaleur. Une vibration, répétitive, de plus en plus forte. Une musique saccadée de Guitarmass de Infected Mushrom. Elle augmenta, elle satura. J’ouvris les yeux péniblement. Ma chambre. Des vêtements éparpillés comme si on avait eu la brillante idée de mettre une grenade dans un Lavomatic. Des feuilles de cours ayant rencontré la douce brise de la fenêtre ouverte. De la nourriture à la date de péremption imprécise et la poubelle pleine, telle que je l’avais laissé hier. Je soupirai, m’étirai et attrapai le téléphone pour le faire taire. Me frottant un œil, je regardai de mes cinq autres endormi le message qui s’y affiche.

« Attaque au Stade WorldUltra !! Demande de soutien immédiat. »
C’est là que je me souvenais que cette sonnerie était celle d’urgence. Je grognai, me refoutant sous la couette pour ignorer tout ça.
J’ai que seize ans, je suis étudiant, pas un héros.
C’était vrai, je ne connaissais pas toutes les ficèles du métier et j’aimerais rester en vie pour avoir mon diplôme de fin d’études. Après, je me lancerai dans la bataille, mais là, c’était du suicide. La dernière fois, je n’avais pas eu le choix, mais là, je n’y étais pas, alors je fis le mort.

La porte s’ouvrit dans un fracas assourdissant, claquant contre le mur dans un soubresaut. Je fis de même me redressant dans mon pieu.
Putain, mais ma sieste !!!
Je détestais qu’on me dérange pendant ma sieste post-prandiale. Elle est importante pour bien digérer, et courte, après il y avait cours. D’un regard assassin, je fixai l’individu dans l’encadrement de la porte : mon voisin d’internat.
─ Bouges ton cul, Timmy ! On a besoin de nous !
─ Pas envie. Répondis-je dans d’une voix entre grognement et assoupissement.
─ C’est l’occasion de montrer ce qu’on vaut ! Ne fais pas ton branleur !
Et il repartit en re-claquant la porte.
Fais chier.
Il était relou et je savais qu’il n’allait pas me lâcher tant que je n’étais pas là-bas pour aider. Des fois, j’ai envie de l’assommer pour avoir la paix. Enfin, maintenant que j’étais réveillé, je me levai péniblement pour chercher ma tenue. Je l’avais roulé en boule dans un coin. Je renifle le tissu, analysant l’odeur de potable, avant de l’enfiler. Porte qui claque.
─ Qu’est-ce que tu fous ! Tout le monde s’est barré déjà !
─ Mais vas manger tes morts !!!
─ Oups pardon…
Porte qui se referme, alors que je finis de remonter mon bagguis.
Un jour, il va ouvrir la porte pendant que je me branle, il va être surpris. Je devrais penser à fermer à clé.
Après dix minutes pour retrouver le bon masque, je sortis enfin rejoindre le stade.

Mais qu’est-ce que je faisais là ? C’est un tel bordel que même dans une partouze échangiste, ce serait plus facile de retrouver les couples. Ça se bastonnait de partout, et les vilains se reproduisaient comme des lapins. J’en avais même à côté de moi, mais vu mon look, ils devaient me prendre pour l’un d’eux, car ils ne m’attaquèrent pas. Enfin, il y en avait un qui me regardait bizarrement et me jaugeait. Alors avec aplomb, je lui dis un pouce en mode « Yo » et je partis dans l’autre sens avant qu’il tilt. Me mettant à l’abri, je fis le point. Je n’étais pas trop du genre à me lancer au casse-pipe. L’idée, c’était d’en trouver un faible. Pas de point à gagner, faire semblant de participer. Balayant mon regard sur le stade, mes yeux tombèrent sur deux personnes en galère. Un adulte qui devait être un héros et une fille qui me disait quelque chose – j’ai dû la croiser à Yuei. Les deux étaient entourés par les vengeurs et semblaient avoir du mal.
Laisse-les se débrouiller Timmy, laisse-les.
Je descendis les gradins vers eux, parce que parfois je suis un peu con et que bon, je suis apprenti héros à la base quand même. Sautant les sièges, je regarde mes futurs adversaires, quand mes yeux se rivent sur un avec une gueule bizarre. On aurait dit un testigueule de Men in Black. Alors forcément, je ne le ratai pas.
─ Hey ! Mais t’es beau toi ! Dis ! Tes couilles sous ton menton, ça se rase comme une barbe ou comme un cul ?
Je venais de toucher un point sensible, car le gars se tourna vers moi et m’attaqua direct en prononçant des obscénités. J’attendis qu’il arrive sur moi et transformant mon bras, je lui envoyai une mandale surprise qui le fit dévaler quelques gradins, renversant d’autres adversaires au passage.
─ Strike ! Alors les nullos, on ne sait pas monter les marches !? Les narguais-je.
Bon, les deux-là, soit vous profitez de ma diversion pour vous casser, ou pour attaquer, mais j’vais pas attendre que ces glands me rejoignent pour me tabasser. La mandale surprise, ça marche une fois, pas deux.

Infected Mushroom - Guitarmass

Il y a une règle très importante dans la vie, du moins dans la mienne, que je place en numéro un : toujours écouter son intuition – à moins que ce soit la deux, et la une, c’est dormir quand on est fatigué. Si je l’avais écouté, je serais encore dans mon lit en train de finir ma sieste et pas ici, dans cette merde insondable avec mes six mois de cours héroïques en suppositoire. Non parce qu’insulter des adversaires plus fort que soi, c’est un peu une idée de merde. Surtout quand ils sont plus nombreux qu’ils commencent à vous encercler.
Garde ton calme, ça va bien se passer. Il y a un héros et d’autres vont arriver. Il faut juste gagner du temps.
Je me préparai donc à riposter toutes attaques, armant mes poings de pierre et me mettant en position de défense. C’est à ce moment qu’un éclair lumineux m’éblouit, m’obligeant à fermer les yeux. Rapidement, je les rouvris.
Depuis quand le terrain est bleu, et je suis plus sur mes chaises. Où sont les ennemis !?
En effet, j’étais perché en hauteur sur les gradins quand j’ai provoqué la bande à couille molle et là, j’y étais plus. Il me fallut un certain temps pour réaliser que cette étendue bleue, c’était l’assise de la chaise en plastique. Ils m’avaient rapetissé les enfoirés ! Comme si je n’étais pas assez petit de base !
─ Ce n’est pas légal un truc pareil ! Viens te battre à ma taille p’tite merde. M’exclamais-je à l’auteur de ce tour digne d’un film de série B.
En vu de ma nouvelle taille, mon cri devait plus ressembler à celui d’un petit moineau castré qu’autre chose, mais je faisais de mon mieux. Je me calmai, rangeant mes griffes, et m’avançais au bord de la chaise, c’était haut, très haut. Mais cela n’empêchait pas des ennemies de commencer à monter pour me rejoindre. Et vu leur tête, ce n’était pas pour un câlin. Je regardai au loin – plissant les yeux –, les deux autres avaient aussi rapetissé et se battaient. Par contre je pouvais pas aller les aider cette fois. Personnellement, je veux bien de cette excuse d’être coincé là pour ne pas me fatiguer.

Mais il fallait régler le souci des grimpeurs, et je n’avais rien sous la main à leur balancer, à part un vieux chewing-gum collé au fond qui avait un léger parfum de fraise chimique. Il allait falloir se la jouer Macgyver. Alors, c’est sans aucune honte, dans l’idée de la poix bouillante pour tenir le siège d’un château fort, que je baissai ma braguette pour pisser sur mes ennemis.
─ Et bah ? Ça glisse ? On n'arrive pas à grimper ? Provoquais-je en ricanant.
Et le pire, c’est que ça marcha, certains sous la surprise lâchèrent prise et tombèrent tout en bas. Par contre, ça en énerva d’autres et j’étais à sec. Bon, plan B. Je reculai, me mettant accroupie pour me propulser, faisant pousser mes cordes, je chargeai le premier qui arriva en haut. La chute d’un en entraînait d’autres. Et heureusement, ils mettaient du temps à remonter. Par contre, moi, je commence à avoir la migraine et je ne savais pas si j’allais tenir longtemps.
Dès que je rentre, je demande à la classe de soutien de me faire un casque…

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Bien bien bien, on récapitule la situation : je me trouve haut comme trois pouces en haut d’une chaise à la couleur douteuse, monté par des méchants aussi grands que moi telle des zombies de Bienvenue à Zombiland – coup de pied dans la gueule – et des grands qui peuvent m’écraser à tout moment. En bas, deux « alliés » qui semblent sourds-muets – coup d’boule – vu qu’ils n’ont pas l’air de communiquer entre eux et l’un semble parler tout seul. Il doit appeler des renforts, mais il doit espérer beaucoup vu que l’entrée du stade – encaisse un coup, gémit – c’est le bordel. Pour terminer, ma vessie et vide et j’ai mal à la tête à force de faire des coups de boule – et un dernier, aie. Sérieusement, je n’ai pas trop envie de me déchaîner, quoique les deux gus sont plutôt loin.
Non, l’idéal, c’est que je les rejoigne. Le héros doit mieux savoir quoi faire.
Mais comment ? Là est toute la question. Je pourrais descendre en me servant d’un des pieds de chaises, mais il y a des vilains dessus. Voler ? Je ne sais pas voler, même si j’ai des ailes, je n’ai toujours pas réussi. Je peux m’en servir de parachute, de quoi ralentir ma chute. Et si je n’y arrive pas ? Je meurs sous la forme d’une crêpe. Je soulève légèrement mon masque pour me masser l’arête du nez – Non toi tu retournes en bas, c’est ma chaise !
Bon, allé, faut être casse-cous dans la vie.
Je m’approche donc du bord, regardant une dernière fois mes deux cibles amicales. Rangeant mes cornes, je déploie mes ailes et… il ne fait pas nuit d’un coup ? Une ombre me couvre et je lève la tête pour voir une plante humanoïde géante qui me fixe.
─ … Oh… shit ! Shit ! SHIT !
Je saute en espérant qu’elle ne me chope pas. Adieu monde cruel ! Yoshii je te rejoins ! Ah non merde t'es pas mort !

Infected Mushroom - Guitarmass

J’y avais cru, pendant quelques secondes, j’y avais cru. Que je réussisse à voler alors que ça faisait des mois que je me mangeais le tatami encaissant ma chute dans la salle d’entraînement. Le tapis avait tellement pris à cause de moi que son épaisseur avait diminué de moitié. Mais malgré la probabilité nulle que je réussisse, j’y avais cru. Dans les mangas, les miracles arrivaient toujours au bon moment. C’était beau de rêver, mais là, ça fait surtout mal.
Enfin si, miracle, il eut eu, puisqu’après avoir freiné un peu mon plongeon avec mes ailes, je rebondissais sur un ennemi avant de m’étaler un peu plus loin de tout mon long dans un gémissement douloureux et plaintif. L’atterrissage n’était pas celui d’un aigle royal sur sa proie, mais plus d’un goéland bourré ayant raté sa cible avec son bec et le percutant avant sa tête et qui n’a pas compris que c’est sur les pattes qu’on atterrit et sur le cul.
Putain, j’ai dû me casser un truc, j’ai dû me casse un truc !
Mon râle s’apparentait à celui de cet oiseau marin est pataud donc le chant mélodieux rappelé celui d’un nouveau-né qui ruine le sommeil.
Je me suis cassé un truc, c’est sûr.
Je n’osais pas bouger, de peur d’avoir encore plus mal. Mais l’activité autour de moi me disait de faire un effort si je ne voulais pas finir en poulet grillé ou toute autre façon. C’est donc avec un certain temps que je me rendis compte que je n’avais rien, et que j’étais une grosse chochotte.

Mais l’activité autour de moi me disait de faire un effort si je ne voulais pas finir en poulet grillé ou toute autre façon. Je ne savais pas vraiment ce qu’ils avaient prévu, mais s’ils avaient un plan, je ne devais pas être dedans. Enfin, je l’espérais, tandis que mes yeux suivirent le caméléon fuit la queue entre les jambes.
Il restait donc la femme plante, qui avait tenté de m’attaquer et m’a presque poussé au saut de l’ange. En plus, cela semblait être de sa faute si on avait rétréci. Elle semblait s’intéresser au dandy et la fille qui était en train de se préparer pour une attaque.
Ok, t’as besoin de temps toi, c’est mon affaire !
─ Hey face de tournesol ! Ramène tes lianes ici ! J’vais te tailler tout ça ! Hurlais-je en sortant mes griffes.
Il ne restait plus qu’elle, alors je préférai éviter de sortir l’artillerie lourde quand je sais que je vise aussi droit avec que quand je pisse debout dans la lunette des chiottes. Bref, je peux attaquer les potes et j’aimerais éviter. Alors j’espérai que les deux gus étaient assez forts, car moi, je sais juste gueuler et courir vite à mon niveau actuel.
─ T’as le teint verdâtre, t’as envie de vomir ? En même temps, si je voyais ta gueule d'épinard tous les matins dans un miroir, j’aurais aussi envie de gerber !
Allé, viens pouffiasse, j’t’attends !