La défaite, c'était toujours quelques choses de difficile à avaler. Surtout quand on ne se rappelle pas de grand chose... Se rendant compte qu'on a été un poids à sa coéquipière, et déçu son pays. Mais malgré tout, malgré ses blessure, la jeune Tara était assise sur un banc en dehors du tournoi à fixer le ciel avec un visage neutre.

Bien que notre Blonde acceptait d'avoir perdu, et ne comptait pas abandonné pour si peu, en elle, au fond... Elle était triste. Comme rarement elle le fut. Ne pas pouvoir aider, ce sentiment d'impuissance... Serrant ses poings, elle resserra son regard, décidé à devenir meilleure encore pour battre, vaincre et sauver !
Ne plus être celle qu'on aide, mais celle qui aide !

Changer la donne..

Toutefois, elle ne pu retenir un soupir en frottant ses pansements. Ce n'était pas des blessures grave, mais c'était gênant de se voir malmené. Son pays lui avait quand même offert la chance de s'illustrer, et elle n'avait pas réussi. Y rentrer semblait soudainement... Très difficile. Puis comment annoncer à sa famille la défaite ? Ils comprendraient, mais la honte de Tara ne ferait que grandir.
Cela ne la ferait toujours pas abandonné... Il est normal d'être abattu après une défaite, non ? Mais tout de même...

Tout de même !

Si elle avait mieux préparer son coup, pas tenter de s'interposer, et réussit à mieux se concentrer comme on lui a toujours appris... Peut-être qu'elle aurait gagné en compagnie d'Hanami ! Enfin, ressasser les faits ne changeront rien à ce qu'est la réalité maintenant. Se morfondre ne ferait qu'agrandir le fossé qui la sépare de son rêve.
Cependant, pouvait-elle seulement rêver ? Son Alter n'avait rien de spécial, peut-être manquait-elle encore d'entraînement... A force de s'entraîner physiquement plus que d'améliorer l'Alter en lui même ? Voilà probablement son problème.

On dit que pour rendre un alter plus fort, il faut l'épuiser : comme des muscles. Les déchirer, les faire se refaire, se solidifier, devenir meilleur par une utilisation extrême. Toutefois, réfléchir à un quelconque entraînement pour améliorer celui-ci est difficile : elle n'avait aucune idée de comment procédé.

Notre Tara voulait juste devenir utile, réussir. Comme tous jeunes. Devenir quelqu'un, se faire un nom, et gagner sa vie.

Frappant ses joues pour chasser ses vilaines pensées, elle baissa le regard pour fixer le sol sans sourire. Ce serait un long chemin, et elle se devait de ne plus être seule à l'arpenter.

Je m’étirai tout en baillant bruyamment. Encore une nuit trop courte qu’un café ne serait pas trop pour m’aider à encaisser. Je me levai alors, ne prêtant nullement attention à mon pyjama qui tombait à moitié et laissait voir un peu trop du haut de mon corps. Mes parents n’étaient pas à la maison ce jour là, de toute façon. Ma mère travaillait de bonne heure et mon père était à l’hôpital pour quelques jours, histoire de faire quelques tests médicaux. Autant dire que j’étais tranquille et que je pouvais même me balader à poil si l’envie m’en prenait.

J’allai donc me servir un café et m’étirai à nouveau. Mes yeux peinaient rester ouverts, mais je fis un effort surhumain pour lire l’heure sur mon téléphone. Pour une fois, j’étais à l’heure. C’était la bonne nouvelle. En revanche, cela signifiait que je n’avais dormi que deux heures cette nuit. Ça c’était la mauvaise nouvelle. Mais maintenant, c’était un peu tard pour m’en plaindre. Je sifflai donc ma tasse de café en quelques gorgée avant de foncer prendre une douche bien chaude.

Je me sentais alors un peu plus alerte, plus réveillée. J’enfilai alors ma tenue, attrapai mon sac de cours et filai vers le bus, direction U.A. Qui sait ce que j’allais encore vivre d’ennuyeux aujourd’hui ? J’espérai vraiment passer une journée intéressante, car plus le temps passait, moins j’avais envie de me lever pour aller en cours le matin. Mais bon, je n’avais pas vraiment le choix, et de toute manière, je relativisais en me disant que j’étais dans ma dernière année.

J’arrivai alors à l’académie, soupirant en descendant du bus tandis que je contemplai l’immense bâtisse. C’était parti pour une journée de cours barbants de plus. La matinée passa alors très lentement, comme si le temps avait ralenti sa course, mais enfin, je fus libérée de mes cours. Je fonçai donc directement dans le parc, ayant pris un sandwich à la cafétéria pour manger dehors et profiter du beau temps. Je cherchai alors un banc où m’installer, et c’est alors que je la vis.

« Tara ! » fis-je en criant le nom de ma poupée russe préférée, courant vers elle pour la rejoindre. « Tara, ça fait un bail ! Comment tu vas depuis le temps ? »

Je remarquai alors son air, beaucoup plus maussade et triste que d’ordinaire. Elle fixait le sol quand je l’avais aperçue de loin, et elle avait perdu son sourire si radieux qui illuminait d’ordinaire son visage si enfantin et pur. Je portai alors mon attention sur ses blessures, remarquant les différents pansements, et me souvint alors : elle avait fait équipe avec Hanami lors de la seconde épreuve du tournoi, mais ça ne s’était pas très bien fini pour elle.

« Tara … ? Est-ce que ça va ? » dis-je alors en posant ma main sur les siennes, m’agenouillant pour me mettre à son niveau. Je la regardai alors avec un sourire doux, qui se voulait rassurant même s’il trahissait une certaine inquiétude.

Assez absente, plongé dans ses propres pensées, profondément, la jeune blonde ne voyait plus vraiment le monde autour d'elle. Tara frottait ses bandages en soupirant, puis frotta ses yeux. Les larmes ne montaient pas, mais son coeur pleurait malgré sa détermination de ne pas se laisser abattre.
C'était dur d'accepter... Plus dur qu'elle ne l'aurait cru. A vrai dire, c'était sa première vrai défaite... Alors c'était dur, surtout dans un événement international !

Ses cheveux ne brillaient point, il semblait même plus sombre que d'habitude, absent de lumière mais présent de ténèbres : quel étrange phénomène !

Mais sans se soucier des gens qui passait, une voix retentit, la sortant un peu de ses sombres pensées qui tourner en rond. Une voix agréable, qu'elle connaissait, mais à laquelle elle ne put répondre. La russe n'osa même pas la regarder.
La Honte l'envahissait, ainsi que quelques tremblements.

La jeune fille en question, Hitomi, s'était alors mis à sa hauteur, posa ses mains sur elle, lui demandant comment elle allait avec une douceur infini digne d'une grande soeur. Les yeux bleutés de notre Russe finirent par croiser ceux d'Hitomi, alors que des larmes, enfin, montèrent dans ses yeux.

Tara s'écroula alors dans les bras d'hitomi, quitte à la faire tomber à la renverse vu qu'elle s'était jeté sur elle sans retenu, pleurant à chaude larmes dans ses bras, contre son cou, frottant son visage contre elle et tremblotait comme une enfant.

“Tara perdu ! Tara faire honte ! Tara pas savoir ! Tara perdu, pas su aider ! Tara avoir été un poids ! Tara triste ! Tara vouloir devenir meilleur ! Mais Tara s'en veut !! Tellement ! Pour Pays ! Pour Hanami ! Pour tout !”

Ses paroles étaient coupés entre des sanglots, avec une voix tremblante peu ressemblant à celle chantonnant habituelle. La défaite était compliqué, mais c'était sûrement aussi dû à ses pensées envers son pays, sa famille, ses raisons d'avoir choisi la voie de son frère, et autres. Tout flottaient dans sa tête, et se répétaient...
Mais ce confort contre son amie, qui était là, et qui s'inquiétait pour elle... Ah, une vrai amitié... Tara n'avait jamais vraiment connu ça, et c'était sûrement la première fois qu'elle pouvait se laisser aller...

Evacuer stress et soucis, contre Hitomi.

Je m’attendais à retrouver une Tara quelque peu chamboulée par sa défaite, mais pas à ce point. Je fus d’ailleurs prise au dépourvu quand elle me sauta dans les bras et fondit en larmes. Visiblement, sa défaite l’avait complètement déboussolée et elle semblait avoir totalement perdu ses repères. Je la laissai donc s’exprimer, vider son sac tout en caressant sa chevelure devenue si tristement sombre.

« Là, du calme. Écoute moi, Tara, je comprends que tu t’en veuilles d’avoir perdu. Tu te sens déçue par toi-même, et tu penses sans doute avoir également déçu les autres qui avaient sans doute placé des espoirs en toi. Mais je vais t’apprendre une chose : il n’existe pas de meilleur maître que l’échec. » Je reculai alors doucement sa tête pour plonger mon regard dans le mien, lui souriant tendrement. « Se planter, ça fait mal, c’est pas agréable, mais c’est la vie. Tu finiras toujours, un moment où l’autre, par échouer à quelque chose. Et c’est normal. Tu as le droit à l’erreur. Ce qui compte, c’est d’en tirer une leçon. D’apprendre pour devenir meilleure. »

Je vins alors déposer un doux baiser sur son front, que je dégageai de ses cheveux en pagaille, puis je la blottis de nouveau contre moi avant de me redresser. La petite poupée russe ne touchait plus le sol, et je la berçai alors lentement, fredonnant une douce mélodie. De loin, on aurait presque pu croire à une mère qui réconforte sa fille, ce qui était encore plus troublant au vu de nos traits en communs : deux blondinettes aux yeux bleus, il fallait avouer que la ressemblance, bien que fortuite, était assez cocasse et amusante.

« Et ne t’en fais pas pour le regard des autres. J’ai appris avec le temps à en avoir rien à faire. Ce qui compte, c’est comment tu te vois toi. L’important, c’est que tu fasses de ton mieux. Et si jamais il y en a qui te pointent du doigt parce que tu n’as pas fait ce qu’eux attendaient de toi, fais comme moi : envoie-les se faire foutre. Ils ne peuvent en aucun droit exiger quoi que ce soit de toi, tu m’entends ? »

Je déposai alors la petite blonde debout sur le banc, de sorte à ce qu’elle se trouve à ma hauteur, posai mes mains sur ses épaules tout en lui souriant. Je savais que tous les plus beaux discours du monde ne régleraient pas son état en un clin d’oeil, et je n’y comptais pas. Il lui faudrait du temps pour se remettre émotionnellement d’une telle défaite, et mon rôle n’était pas de la précipiter dans cette voie. Non, mon rôle, c’était simplement d’être là pour elle et de lui montrer qu’elle pouvait s’appuyer sur moi, que si elle en avait besoin, elle pouvait pleurer sur mon épaule. Je la fixai toujours dans les yeux et pris finalement la parole.

« Et si … on allait prendre un thé et acheter des peluches, qu’est-ce que tu en dis ? »

Accrocher à son amie, elle s'était laissé aller. Vidant tout son stress, sa négativité dans un flot de larmes rare de sa part. Mais elle se laissant conforter, et chouchouter par celle-ci.
Malgré la peine, elle l'écoutait, ne voulant pas louper quoique ce soit. Et d'ailleurs, ô combien elle avait raison, cela restait toujours difficile à digérer.

Il fallait être certain que notre jeune Russe se relèverait, pas de doute là dessus. Sa bonté et bonne humeur reprendrait forcément le dessus !
Mais n'empêche : pleurer, et évacuer tout cela était agréable, pouvoir se confier et être comprise aussi. Le fait d'être soutenu était encore mieux... En soit, Hitomi faisait du bon travail dans sa manière de gérer la petite crise existentielle de la Blonde.

Ses yeux bleus humides se plantèrent dans ceux de Milly, alors que Tara frottait encore ses yeux énergétiquement. Sa proposition final força un rire et sourire de la petite blondinette. C'était donc ça, une véritable amitiée ? C'était drôlement agréable, provoquant une chaleur des plus fantastiques contre son coeur quelques peu meurtris.
Décidément, elle était chanceuse.

La Russe revint prendre Hitomi dans ses bras, tendrement, remerciant comme elle pouvait de sa gentillesse et de son aide qui n'était que la bienvenue, avant de lui sourire à pleine dent. Ses yeux encore humide trahissait la difficulté, mais montrer aussi sa volonté certaine d'avancer !

“Allons-y ! Tara adorer être avec toi !”

Avoua notre Russe. Il faut dire, mieux vaut profiter de la vie que de se fermer à elle à cause d'un échec. Ce n'est pas comme ça qu'on s'améliorera, qu'on dépassera nos limites ! Alors il fallait dépasser ce chagrin, le vaincre ! Et aller de l'avant, accompagnée des bonnes personnes.
Et pour cela, Hitomi était une bonne personne.

[Musique d'ambiance]:

À la suite de ma proposition, Tara leva les yeux vers moi et sauta de nouveau dans mes bras, mais cette fois de manière plus enjouée. Je pouvais devenir qu’elle n’était pas encore totalement remise, ce qui n’était pas surprenant. Il lui faudrait sans doute du temps pour complètement encaisser sa défaire. Je me posai alors la question : avait-elle déjà échoué ? Pourquoi elle avait choisi de venir ici participer au tournoi ? Au final, je ne me souvenais pas en avoir plus discuter que ça avec elle lors de notre dernière rencontre. Peut-être devrais-je creuser davantage dans ce sens … ou tout simplement être là pour elle, l’aider à se vider la tête de toutes pensées négatives, la divertir, l’aider à se recentrer sur du positif pour non pas oublier son échec, mais le surmonter.

Je lui pris alors la main, toujours tout sourire, puis l’emmenai vers l’arrêt de bus où nous attendîmes quelques temps. Je guettais tout changement de sa part, tout signe qui pourrait m’indiquer qu’elle commençait à peu à peu laisser ses pensées sombres de côté. Je la scrutais, observant par exemple sa chevelure, attendant avec impatience qu’elle reprenne sa couleur blonde habituelle, voire qu’elle s’illumine. Car bon dieu que j’adorais voir ses cheveux briller. Leur lumière était si douce, si belle et chaleureuse … ce qui rendait leur apparence actuelle encore plus déchirante à voir.

Finalement, le bus arriva et j’entraînai ma petite protégée par le bras et montai alors, présentant deux tickets avant d’emmener la jeune fille s’asseoir à côté de moi. Le trajet ne fut pas long, mais j’en profitai pour caler la tête de Tara contre moi et passer ma main dans ses cheveux pour la câliner avec douceur et tendresse, sans dire un mot. Je la laissai profiter de l’instant présent. Puis le bus arriva à notre arrêt, et encore une fois, je la pris par le bras pour l’emmener avec moi, toujours en lui souriant. Nous entrâmes finalement dans le restaurant, celui-là même où nous avons été la première fois qu’on s’était rencontrées toutes les deux. Peut-être cela lui rappellerai alors ce moment : un bon souvenir, du moins de mon côté, même si je me doutais que ça l’était.

« Et beh … ça fait un moment qu’on était pas retournées ici. Tu te rappelles ? C’est ici qu’on est allées la première fois qu’on s’est rencontrées ! »

Tout en parcourant la carte, cherchant si par hasard quelque chose autre qu’une tasse de thé allait tenter ma gourmandise, je jetai des coups d’oeils furtifs à la poupée russe, guettait tout signe ou réaction de sa part, prête à agir en cas de besoin.

Attendant à l'arrêt de bus, la jeune Russe était rester bien silencieuse, à regarder tout autour d'elle. Parfois, des soupirs lui échappaient, évoquant qu'elle repensait aux derniers événements. Certes avec moins de tristesse, mais toujours un pincement au coeur et la fierté.
Allait-elle devoir rentrer plus tôt que prévu en Russie ? C'était aussi une question qui l'effrayait, partir plus tôt et ne pas pouvoir revenir avant plusieurs années et un bon diplôme en main. Une de ses petites mains vint frotter l'arrière de son crâne pendant que notre Russe réfléchissait à un avenir qui lui semblait bien plus difficile d'accès, et comprenant le fait qu'elle ne voulait juste pas rentrer aux pays... Aussi triste cela puisse être pour sa famille.

La jeune fille se sentait égoïste de penser comme cela, mais retourner dans le froid de Moscou, et ces cours militaires sans l'ombre de paix... Puis sans soleil ! ... Source d'énergie première de son Alter, et de sa vivacité même. Sans soleil, elle est plus molle, et moins puissante. Moins souriante. Le Japon avait le juste milieu à ce niveau là !
Rah, encore plus de raison de faire une demande de transfert. Mais où pourrait-elle aller ? Yuei ? Shiketsu ? Elle ne connaissait que ces deux lycée de noms.

Soupirant une nouvelle fois, elle monta dans la bus tiré par Hitomi, et pris place contre elle dans celui-ci, oubliant ses pensées pendant qu'on lui frottait la tête. Tara pu fermer un instant ses yeux pour profiter de ce petit temps calme, avant d'arriver à l'arrêt où elles descendirent.
Sous ses yeux : le fameux restaurant.

Un éclat s'afficha dans ses yeux, avec un immense sourire, alors que pris par cette décharge de bonne émotion, toute sa chevelure se mit à briller et voltiger dans tout les sens. Oh oui, elle s'en souvenait, c'était certains !
Une fois les cheveux calmé, toujours un peu lumineux, elle s'empressa de s'asseoir en face de Milly, en attrapant la carte en chantonnant. Le souvenir de la dernière fois avait rallumé son coeur meurtri par les réflexions et l'échecs. Maintenant, elle bavait à l'idée d'un bon gâteau avec un bon thé.

Ses jambes sautillaient sur place, se balançant, et cette lumière digne de Tara avait repris sa place. Une bonne humeur douce, chaleureuse, adorable, enfantine. Comme quoi, il ne fallait pas grand chose pour remettre cette Russe sur les rails !

“Milly ! Tara contente ! Tara adoré ici ! Tara bon souvenir ! Tara contente ! Oui oui oui !”

Puis elle se jeta en avant pour attraper les mains d'Hitomi et les secouer pour la remercier, tout sourire, avant que ces yeux bleus enchanteurs se reposent à nouveau sur le menu en frottant de ses mains un de ces portes-clés doudous.

À la vue du restaurant, Tara ne fut pas la seule dont le regard s’illumina : la voir de nouveau si heureuse, sautillante et insouciante ne put que me mettre du baume au coeur. D’ailleurs, ses cheveux s’illuminèrent de nouveau, brillant de milles feux, tel des filaments de soleil pur. Je cachai mes yeux derrière ma main, étant aveuglée par une si forte lueur, mais bientôt la petite sembla se calmer et ses cheveux, bien que toujours brillants, n’irradiaient plus autant. Enfin, je disais qu’elle s’était calmée, mais c’était plus une façon de dire que l’explosion de joie était passée, mais elle restait une petite pile électrique, souriante et pétillante de vie. La Tara que j’avais connue. Ma Tara.

Je me mis alors une petite claque mentale. Hitomi, qu’est-ce que tu racontes, là ? Ok, tu l’adores, cette petite, mais c’est pas ta sœur ou ta fille, calme toi. Je pris place à une table et Tara fit de même, toute énergique et sautillante, dévorant la carte des yeux exactement comme la dernière fois. Je fis de même, plus par réflexe puisque je savais déjà ce que j’allais prendre. Je laissai la petite poupée faire son choix et attendis tranquillement qu’une serveuse vienne prendre notre commande. Tara, pendant ce temps, sautait de joie sur sa chaise, se remémorant notre rencontre dans ce même lieu. Je lui répondis en souriant.

« Je suis tellement heureuse de te voir aussi souriante ! Moi aussi, ça me rappelle de bons souvenirs, ce restaurant. Déjà, notre première rencontre, mais aussi des sorties avec Hanami, ou encore avec mon p... »

Je me tus alors. Soudainement, je repensais à mon père, à sa santé qui ne s’était pas vraiment arrangée. Je repensais à ce jour là où j’avais fondu en larmes devant une Hanami qui avait été totalement prise au dépourvu et qui avait fait de son mieux pour me réconforter. Je repensais à ce sentiment d’impuissance, de culpabilité face à la situation que je n’arrivais tout simplement pas à régler par moi-même. Moi qui avait toujours réussi à bricoler et construire des solutions pour tout le monde, je n’étais pas capable d’aider la première personne qui avait jamais cru en moi. Je me mordis la lèvre, baissant un peu le regard. Puis rapidement, je secouai le visage dans tous les sens. C’était pas le moment, Hitomi, ton amie avait besoin de toi ! Tes soucis personnels devront attendre !

« J’y suis déjà venue aussi avec mon père. C’est un type génial, je suis sûre que tu l’adorerais ! Sinon, tu as choisis ce que tu voulais manger ? C’est moi qui invite, comme ça tu pourras garder ton argent pour te choisir une super peluche ! » dis-je en lui adressant un clin d’oeil complice.

Bien qu'elle est réussis à commander ce qu'elle voulait, son attention envers ce que racontait son ami Hitomi n'avait pas diminuer. Et la voir, soudainement pris d'un léger recul, d'un doute dans une phrase, ce mordillement de lèvres... Les yeux de Tara avait cessé d'exprimer joie et insouciance, mais plutôt un intérêt inquiet envers Milly.
Et ceci s'accentua quand la grande Blonde décida de dissimuler le tout dans un sourire, ravalant sa douleur sûrement au profit de notre Russe... Mais cela ne sembla pas lui faire plus plaisir que cela.

La jeune blonde finit sa commande, plus sage et posé, avant de regarder la serveuse s'éloigné. Aussi enfantine, simple qu'elle pouvait être, elle n'en était pas moins mature. C'était juste qu'elle profité de la vie au mieux, sans jamais oublié la réalité derrière.
Voilà un visage sérieux qu'elle ne montrait qu'en combat, ou dans les circonstances nécessaires : comme celle de ne pas être un poids pour Milly, surtout si elle avait quelques soucis !

Ses petites mains frêles vinrent prendre celle d'Hitomi, caressant le haut de celle-ci avec ces petits pouces. Un soupir plus franc échappa à la Russe, qui savait qu'avec son Japonais approximatif ce serait un peu plus difficile, mais elle était aussi là pour elle.
La jeune fille plongea son regard dans celui de l'autre Blonde, longuement et en silence, soulevant son inquiétude envers sa récente réaction.

“Milly... Tara être forte, Tara toujours se remettre... Tara avoir bon ami. Et Tara vouloir être bon ami. Alors, Milly... Toi pas devoir retenir pour Tara. Oublie pas ! “ Elle laissa un petit sourire s'échappait. “Tara futur héroïne qui sauve gens, et âme d'eux. Si peux pas aider amie... Alors pas héros ! Tara reconnaître signe douleur mental, difficulté... Doit avoir beaucoup à garder derrière masse muscle et sourire. Toi humaine, comme Tara, et humains avoir parfois besoin d'autres pour aller mieux ! Tara est là, pour Milly, comme Milly est là, pour Tara. D'accord ?”

Serrant dans ses petites mains les plus grandes d'Hitomi, elle se voulait rassurante malgré son sérieux. Le sérieux n'était que le fait qu'elle tenait à la Japonaise, et que son amitié était sincère. Cesser les bêtises pour se concentrer sur ce qui est important...
Cette jeune fille, cette Tara, cette Russe avait de quoi devenir un héros au grand coeur, si seulement elle s'améliorer au combat surtout. Mais en dehors de ça, elle avait déjà le caractère.

Et pour elle, aider ses proches étaient aussi important qu'aider le monde. Alors se laisser être aider quand Hitomi ne va pas au mieux, ce sera trop égoïste... Et c'est un trait qui ne fait pas partit de notre Russe.

“Toi pouvoir te confier aussi ! Toi avoir droit ! Toi être humaine ! Et être précieuse amie ! Donc toi pas hésiter ! Fonce ! Tara présente !”

La plus petite des blondes s'était levé pour finalement s'asseoir un peu de force à côté d'Hitomi, et vint lui frottait les cheveux avec une douceur infini, de l'amitié plus que sincère. Une vrai petite fée, qui ne souhaitait que faire le meilleur, quitte à mettre les pieds dans le plat ! Même si cela ne la regarder pas vraiment.
Mais notre Tara espérait qu'Hitomi lui accorde confiance...

J’avais le coeur serré, rongé de culpabilité par rapport à la situation de mon père, et malgré mes tentatives, Tara avait bien deviné que quelque chose n’allait pas. Je m’en voulais d’avoir ainsi eu un moment de faiblesse alors qu’elle-même était dans une passe difficile, mais je fus surprise lorsque la poupée russe s’approcha de moi et me prit les mains, les caressant avec douceur. Je la regardai alors dans les yeux pendant qu’elle me parlait. Son discours résonna profondément en moi.

Ce n’était pas la Tara à laquelle j’étais habituée, dans le sens où elle faisait preuve d’une maturité qu’on ne pouvait pas lui deviner lorsqu’on ne la connaissait que de loin. En effet, elle avait cette apparence juvénile et enfantine qui ne laissait pas penser qu’elle pouvait en réalité être aussi mûre d’esprit. Je la regardai alors, ne pouvant retenir quelques larmes qui vinrent perler au bord de mes paupières. Tandis qu’elle venait s’asseoir près de moi et qu’elle insistait sur le fait que je pouvais me confier à elle tout en caressant mes cheveux. Je la pris alors dans mes bras et la serrai contre moi.

« Tu as un coeur en or, Tara. Merci. » dis-je alors en frottant ma joue contre la sienne avant de la relâcher. « Pour faire simple, il n’y a pas longtemps, mon papa a eu un accident au travail et s’est fait écraser un bras. Depuis, il ne peut plus s’en servir, et les médecins disent qu’il va falloir lui couper pour éviter les risques d’infection, et aussi le soulager de la douleur car son traitement ne fait plus effet. » Je soupirai alors tristement. « Depuis son accident, j’essaie de trouver une solution pour l’aider à aller mieux, mais je n’y parviens pas et je me sens coupable de rien pouvoir faire pour lui … »

J’essuyai mes yeux et la regardai alors en souriant. Je faisais de mon mieux pour lui adresser un sourire sincère, mais ce dernier trahissait la tristesse qui s’emparait de moi. Cette culpabilité qui ne cessait de mon ronger.

« Je ne voulais pas t’en parler, pas parce que je ne te fais pas confiance, mais parce que tu as tes propres problèmes à surmonter et que je ne voulais pas t’ajouter ce poids supplémentaire. Et puis … J’ai pas l’habitude de parler de mes soucis aux autres. D’habitude, c’est moi qui écoute les autres et qui les rassure, pas l’inverse. »

Je collai alors la tête de Tara contre ma poitrine et lui ébouriffai les cheveux, riant doucement.

« Mais assez parler de choses qui rendent triste, tu veux manger quoi ? Et tu voudrais qu’on aille chez moi après le shopping ? Tu pourras rencontre mes parents, qu’est-ce que tu en dis ? »

Voilà qui ne devait pas être rassurant. Toutefois, la Russe ne pouvait deviner le lien intense entre le père et la fille; bien qu'elle comprenait la difficulté d'avoir un parent en difficulté. Pourtant, voir Milly se blâmait de ne pas pouvoir faire quelques choses fit tordre le coeur de la Russe, qui ne pouvait comprendre ce résonnement. Après tout, ce n'était pas elle qui avait causé l'accident ?
Ses yeux finalement vinrent fixer le vide pendant qu'elle réfléchissait à comment aider son amie, alors que celle-ci semblait vouloir éviter le sujet une fois de plus.

Par contre, c'était sans savoir que Tara se pouvait être têtue comme une mule, surtout dans une situation pareil. Notre douce Blondinette se laissa papouiller en acceptant poliment l'invitation de Milly, mais ne cessant toutefois pas sa réflexion. Ce serait aussi un échec, de ne pas savoir venir en aide à la Japonaise.
Puis, se redressant à l'arrivée des thés et gâteaux, fixant encore une fois la serveuse s'éloigner, Tara referma ses yeux doucement en joignant ses mains devant elle. Sans, toutefois, reprendre sa place.

“Milly. Pour ton père. Rien être ta faute. Difficile à vivre, oui... Mais être encore plus difficile si toi mettre le poids sur toi, alors que toi innocente : et Tara sûre que cela doit rendre le papa triste. Aucun Parent vouloir enfant triste, pas à cause d'eux ou d'événement surprise de la vie.” Tara rouvrit ses yeux, en posant ses mains sur ses hanches. “Mais si Milly vouloir aider Papa, alors Milly sourire, avoir confiance en elle, croire en ses capacités ! Milly doit croire, fond du coeur, que solution arrivera. Si Milly vouloir tant bonheur et santé à famille, alors Tara sûre et certaine que toi, trouveras quelques choses. Tu es mécanicienne... Possibilité infini, tant que tu peux croire en toi, dans ton coeur et amour. En ce que tu es et sera. A côté, Parent être heureux si toi épanouir dans domaine, plus que tout de te voir évoluer surtout.”

Un grand sourire apparut sur les lèvres de la Russe qui était satisfaite de son Japonais approximatif, car elle se trouvait de plus en plus compréhensible : et surtout elle pouvait mieux exprimer ses sentiments et comment aider autrui.
Venant reprendre sa place, la Blonde attaqua son gâteau en levant le pouce à Hitomi, les yeux pleins d'espoirs pour elle. C'était aussi simple qu'un livre ouvert sur sa tronche : elle croyait de tout coeur en elle, et ne doutait pas un instant de son échec. Non, elle réussira, et s'acceptera, avancera, grandira. Hitomi aura un avenir radieux.

Ses longs cheveux blonds continuaient de briller légèrement à leurs pointes, comme à leur habitude pendant que Tara dégustait son thé et gâteau avec un plaisir enfantin, se dandinant de nouveau. C'était un être étrange, et plutôt rare. Surtout pour une gosse élever dans le froid rude et le manque de vie Russe.
Parfois, on pourrait s'interroger qu'est-ce qui déclencher chez elle cette attitude adorable au détriment de beaucoup de ces compatriotes ? Comment un tel soleil, a t-il pu même survivre dans les écoles militaires ? Dans le Froid ?

Etait-ce de là qu'elle tirait sa maturité ? Sa force ? Il est vrai qu'elle ne parlait jamais en profondeur de sa propre famille, ni même de son école Russe. Juste les bases, ce que le monde entier pouvait voir. Jamais, elle ne partageait ses sentiments sur leurs absences, ou si elle avait toujours le contact. Jamais elle n'avait évoqué des ami(e)s là-bas. Ni même si elle, vivait vraiment.
Une réponse des plus bêtes se trouve au plus profond d'elle-même, une chose qu'elle avait ignoré tant de temps avant l'arrivé au Japon : Son Alter. Liée au rythme solaire, la luminosité et chaleur, elle en a longtemps était dépourvu. Mais cet Alter, encrée en elle, une fois illuminé transforme Tara en cette lumière de joie aveuglante.
Il est fort probable que son amour pour le Japon au départ soit née de la révélation d'être enfin quelqu'un, et de se connaître tout simplement. De vivre.

Décidément, la poupée russe cachait bien son jeu. J’avais toujours un peu de mal à croire que derrière ce comportement enfantin et insouciant se cachait en réalité une jeune fille beaucoup plus mature que l’on pouvait le croire. Et pourtant, malgré son Japonais encore approximatif, elle m’avait tenu un discours des plus purs et sincères. Il n’allait pas effacer ce sentiment de culpabilité que j’éprouvais d’un revers de la main, mais il était sûr que je n’y étais pas restée indifférente. Je la regardai alors tandis que la serveuse apportait nos plats. Et la voilà qui était revenue à son air de petite poupée de porcelaine, si douce, pure et fragile. On avait presque l’impression qu’il existait deux Tara : la poupée et la combattante.

Je pris alors une gorgée de thé après avoir répondu au pouce levé de Tara par un sourire franc et sincère. Prenant une gorgée, je repensai alors à mes parents. D’aussi loin que je me souvienne, je n’avais jamais vu mon père perdre son sourire lorsqu’il était avec moi. Que ce fut lors de mes entraînements physiques pour me forger un corps de héros, ou bien que je lui annonçai je voulais finalement intégrer la filière Assistance, jamais il n’avait posé sur moi autre chose qu’un regard empli de bonheur et de fierté. Tara avait sans doute raison … Peut-être que je me mettais trop la pression … Mais il avait toujours cru en moi, il avait tout abandonné à ma naissance : ses rêves, sa carrière, tout ça pour moi ! Alors, même s’il était fier de moi et qu’il ne me demandait rien d’autre que d’aller au bout de mes rêves, je me devais, pour honorer les sacrifices qu’il avait fait pour que j’en sois là, de parvenir à lui venir en aide.

« Aaaaaah, ce thé est un vrai régal ! Et cette tarte au citron ! » dis-je alors sur un ton enjoué. Oui, j’étais toujours plus déterminée à trouver un moyen d’aider mon père, mais hors de question de laisser la culpabilité de mes échecs me peser. Et puis, Tara n’était pas là pour ça. Elle avait besoin de se changer les idées, de se détendre. « D’ordinaire je fais super attention à ce que je mange. Il faut bien pour entretenir un corps pareil, après tout. Mais de temps en temps, je dois t’avouer que faire une petite entorse à mon régime, ça fait un bien fou ! Et toi, tu as un régime particulier, Tara ? »

J’observai alors plus en détail le corps de la jeune fille. Je la scrutai alors avec ma vision accrue, observant les moindres détails de son corps. Je devinai une silhouette plutôt frêle, presque chétive. Il était évident qu’elle se reposait principalement sur son alter en combat. Ses cheveux étaient d’ailleurs si longs … Mais maintenant que j’avais pu la voir en action durant le tournoi, je comprenais mieux pourquoi : puisqu’elle les manipulait, plus ils étaient longs, plus elle avait de portée et donc de possibilités de combat. Cela dit, son manque de force physique brute devait sans doute représenter un certain désavantage, surtout si elle se retrouvait au corps à corps avec un adversaire. J’essayai alors de réfléchir à des idées de gadgets et autres équipements qui pourraient l’aider à optimiser l’utilisation de son alter, mais il semblait que celui-ci soit lié à la lumière, ce qui limitait énormément le champ des possibles.

« Dis moi, Tara … Ton alter, comment il fonctionne, exactement ? Si je comprends mieux comment tu t’en sers, je pourrais peut-être te fabriquer des équipements qui pourraient t’aider à mieux t’en servir et ainsi être plus efficace en combat. Par ailleurs … » je levai alors le bras, retroussant ma manche, et bandait mes muscles. « … tu devrais aussi penser à te renforcer un peu au niveau musculaire. Pas la peine de devenir aussi musclée que moi, mais améliorer ta force brute pourrait t’être utile si jamais tu n’arrives pas à garder tes adversaires à distance, tu ne crois pas ? »

C’était tout moi, incapable de rester focalisée sur mes propres problèmes plus de cinq minutes. Il fallait toujours que je reporte mon attention sur les autres et que je cherche un moyen de les aider. Mais bon, j’étais comme ça depuis toujours, et on quand on chasse le naturel, il revenait toujours au galop, non ?

Musique d'ambiance:

En effet, écouter la douce voix d'Hitomi qui se régale de son plat était une chose agréable à l'ouïe de notre petite Tara. Malgré sa tristesse, ses difficultés, elle continuait de sourire : en cela, Tara se reconnaissait en la Japonaise. Ne jamais baisser les bras.
Fermant un peu ses yeux en souriant, elle buvait tranquillement son thé, espérant néanmoins que ces conseils soit utile à son amie. Ce n'est pas tous les jours qu'elle se permet de faire cela, de s'étendre sérieusement sur un sujet, mais parfois il le faut. Pour le bien d'autrui, quitte à se mettre de côté sois-même.

Puis, notre Blonde se régala de son gâteau sans aucune autre hésitation, gourmande comme elle l'était, elle ne faisait pas vraiment de régime. Préférant le plaisir à la privation. Mais, néanmoins, son corps ne prennait rien... C'était, en soi, dû à l'utilisation de son alter, qui ne lui permettait guère de prendre facilement du poids.
A la première question d'Hitomi, Tara secoua négativement sa tête.

“Tara ne pas avoir régime. Manger comme beaucoup ! Mais jamais prendre. Alter consomme énormément d'énergie. Alors Tara manger, car faim ou gourmande.” Ria t-elle.

Puis après qu'elle est finit son gâteau, et qu'elle buvait avec grand plaisir son thé, Hitomi semblait l'analyser. En toute réponse, la jeune Russe pencha la tête sur le côté, se demandant si elle s'était tâché ou quoique ce soit de ce genre. Toutefois, cela ne sembla pas la gêné plus que cela : à croire que l'embarras ne faisait pas partir des réactions naturels de Tara !
Puis Milly la regarda, posant maintenant des questions autour de l'alter de Tara, et aussi proposant de l'aider avec de l'équipement... Si cela était possible.

Tara posa sa tasse un instant, pour réfléchir à comment répondre, trouver les bons mots pour expliquer la subtilité de son alter. En dehors de son école Russe, c'était la première fois qu'elle allait en parler à une Japonaise, réellement. Du coup, il fallait trouver les mots, les expressions.
On aurait pu croire à de la gêne, avec ce temps de silence et cette tête concentrer, mais il en était en réalité qu'une intense réflexion de vocabulaire.

“Pardon pour mauvais Japonais, Tara va faire au mieux.” Ses mains gigotèrent aux rythmes de ses paroles, tentant d'imager chacun de ses propos. “L'alter de Tara Solar Hair. Consiste dans l'accumulation d'énergie solaire. Comme panneau solaire. Energie stocker dans corps, et utilisable par cheveux. Plus énergie grande, plus utilisation efficace. Besoin de beaucoup de soleil. Possibilité de faire grandir cheveux, durcir ! Mais cela demande plus énergie que simplement mouvoir. Pareil, force dans ceux-ci, demande plus d'énergie. Tara entière dépendante d'énergie. Peu de soleil, alter peu utilisable, compliqué. Et Tara, elle, épuisée, neutre, pas d'envie. Tara dépendante du soleil. Docteur avoir émis possibilité d'émettre aussi avec Lune, car juste besoin de lumière. Mais Tara jamais avoir fais fonctionner, pas savoir, pas pouvoir. Rayon solaire seul utile. Pour charger maximum, une matinée ! La charge peut être longue, selon humeur de Tara, intensité des rayons, chaleurs extérieurs ! Tara avait déjà pensé à faire des panneaux, pouvoir mettre sur costume, pour prendre plus facilement. Mais jamais réussi à faire, pas bricoleuse. Puis Alter dois être renforcé. Car faible actuellement, besoin de l'user.”

Elle fit une pause, pour boire un peu de son thé. C'était tout ce qu'elle savait de son propre alter et de ses limites. Mais, en Russie on ne travail pas plus que ça sur l'alter... Alors qu'elles sont vraiment les limites de son utilisation ? Elle l'ignore. Pariel pour l'histoire de la luminosité lunaire, évoqué par un docteur en Russie. Rien ne dit que c'est vrai, mais si ce n'est qu'une histoire de luminosité, il suffirait qu'elle apprenne comment la prendre. Mais ce n'est qu'une hypothèse sur laquelle, la jeune Russe ne s'est jamais penchée.

“Par rapport Tara corpulence. On dirait pas, mais Tara subir dur entraînement en Russie. Tous physique ! Mais corps de Tara ne pas prendre, comme pour gras. Tout va dans alter, car plus utiliser, plus Tara fatigue et se dépense. Tara ignorer comment muscler corps... Mais du coup, Tara très très agile, bouger facilement ! Juste frapper, pas très forte.”

Elle souriait malgré ses explications, on pouvait néanmoins ressentir un manque de confiance en elle. Tara n'était pas sûre de posséder un super alter, vu qu'il était en réalité coûteux d'utilisation, la privant alors de force physique, et demandant énormément d'endurance.

Elle n’avait pas de régime ? Pas. De. Régime. Elle mangeait comme quatre et elle ne prenait pas un gramme ? Bon sang, comme je pouvais la jalouser en cet instant, cette adorable poupée russe. Moi qui faisait toujours attention à bien compter mes calories, à la nature de mes plats … Si seulement j’avais un alter comme le sien, qui demandait tellement d’énergie que je pouvais me permettre de manger sans limite et sans peur de prendre du poids … Puis la petite Tara m’expliquait plus précisément son alter. Des cheveux photovoltaïques ? Voilà qui était vraiment assez peu commun, mais après tout, les alters, il y en avait pour tous les goûts. Je l’écoutai alors attentivement lorsqu’un détail sauta à mes oreilles : des panneaux solaires, c’était évident ! Je la laissai finir de parler, mais mon esprit avait déjà commencé à faire tourner les engrenages de la réflexion.

« C’est dingue ça, tu peux vraiment manger tout ce que tu veux et autant que tu veux ? Si tu savais comme je pouvais t’envier, parfois … » lui dis-je en tirant la langue. « En revanche, ton alter est formidable ! Tu as vraiment beaucoup de possibilités d’action avec, enfin, à condition d’être bien entraînée, bien sûr. Mais ça, ça peut s’arranger. Il n’est jamais trop tard pour se renforcer. En revanche, pour ce qui est de ton costume, ton idée d’y inclure des panneaux solaires est simple mais géniale ! Si tu veux, je pourrais peut-être essayer d’y jeter un œil et peut-être que j’arriverai à te bricoler un truc ou deux, qu’est-ce que tu en dis ? »

Je ne cachai nullement mon enthousiasme. Même si je savais pertinemment que ça allait encore me rajouter du travail supplémentaire, je ne pouvais m’empêcher de penser à tout le plaisir que j’allais en tirer. Je fixai alors la poupée blonde avec mes yeux bleus, tout en prenant une gorgée de thé. Mon esprit était en pleine ébullition. Je visualisai alors différents modèle de panneaux solaires, les imaginant tantôt seuls, tantôt simplement fixés sur le costume, tantôt carrément intégrés aux fibres de ce dernier … Oui, c’était ça la solution ! Trouver un moyen de convertir les panneaux solaires pour les rendre aussi flexibles que le textile qui composait. Cela lui permettrait non seulement de conserver toute sa mobilité, mais en plus elle pourrait stocker de l’énergie pour la réutiliser même dans des endroits privés de la lumière du soleil.

« Hey tu sais quoi ? Demain, si tu as le temps, tu n’auras qu’à me retrouver dans le parc du lycée. Amène ton costume, et je t’emmènerai dans mon atelier. On pourra alors y jeter un œil et je verrai si je peux t’aider. Qu’est-ce que t’en dis ? »

Non, aucun régime pour la jeune Russe, qui se contentait de se nourrir autant que nécessaire avec ce qu'elle désirait le plus. Une vrai petite hobbit sur patte, pourrait-on dire.
Mais pour elle, il n'y avait rien à envier : car si elle manquait de nourriture, cela se ressentirai directement dans son alter qui se retrouverai affaibli. C'était une nécessité qu'elle avait appris à gérer, mais encore heureux la Blonde avait un grand appétit.

Puis entendant son ami “glorifier”, selon Tara, son alter.. Notre Russe ne pu que rougir légèrement. Prenant avec délicatesse une de ses mèches de cheveux, caressant le long, elle ne pouvait penser comme cela. Il était bien vrai qu'il fallait encore beaucoup d'entraînement, pour le rendre plus puissant, plus digne d'un véritable héros capable de sauver des vies ! Et de rendre le sourire aux âmes perdus. Serrant sa mèche dans son petit poing, elle savait qu'elle n'abandonnerait pas et donnerait tout d'elle-même ! Au delà des limites ! Pour devenir quelqu'un sur qui on peut se reposer.

En tout cas Milly semblait enjouée, pensive. Parler Alter avait-il titillé le côté mécano de la jeune Japonaise ? Il y avait des chances.
C'est pourquoi quand elle invita Tara à venir avec son costume d'Héros, elle ne su que répondre.

Tout d'abord, faire une modification hors de son pays serait compliqué au niveau de la paperasserie... Est-ce seulement possible entre des agences, des lycées à l'opposés, d'agir sur le costume d'un héros d'ailleurs ?
Bien qu'elle n'était pas entièrement contre le fait d'essayer, et peut-être apporter le projet à son entreprise, Tara n'avait guère envie de marcher sur les limites des lois.

“Milly, pas contre toi... Mais pas autorisé, de mémoire, entre différents pays d'agir sur équipement d'autres. Chaque lycée a partenaire. Chaque partenaire à règle. Chaque costume unique.... Tara curieuse de voir, curieuse vraiment... Mais peut pas. Peut pas marcher hors règlement.”

Elle souriait de toute sa gentillesse, remerciant malgré tout de tout son petit coeur Hitomi pour sa bienveillance et sa volonté. Mais Tara rester aussi rigide qu'un glacier sur les règlements fournis avec son équipement.
Il était difficile même d'imaginer Tara sortir des règles consciemment à ce moment, prouvant une foi inébranlable dans le monde d'aujourd'hui et son système. Il y a toujours à améliorer, mais si un héros ne sait pas se tenir, qui le fera ?

“Par contre, sans costume, juste Tara, peut venir et t'observer. Toi expliquer, Tara pouvoir envoyer explications à pays.... Seulement si toi être d'accord. Ou juste partager moment avec Milly est suffisant aussi. Tara n'a pas à se plaindre.”

Ria t-elle avec la douceur du monde. Cette poupée était vraiment un objet rare.

Je voyais bien que Tara semblait un peu timide à l’idée que je lui fabrique un nouveau costume. Elle semblait hésitante, du fait de sa nationalité russe et qu’elle n’était pas étudiante à U.A. Compréhensible, mais ce n’était pas cela qui allait m’arrêter pour autant. Car je n’avais personnellement jamais entendu quoi que ce soit sur le sujet qui pourrait me l’interdire. Cela dit, des recherches plus approfondies allaient se montrer nécessaires. Je regardai tout de même la petite poupée dans les yeux, me laissant captiver par son regard si doux et pur.

« Tu parles que je suis d’accord pour que tu viennes dans mon atelier ! Je te ferai visiter et te montrerai mes différents projets, si tu veux. Quant à ton costume, amène-le quand même. J’irai me renseigner pour savoir si j’ai le droit ou pas de le modifier, d’accord. Et si au final, j’ai pas le droit, c’est pas grave, au moins je pourrai l’observer et te donner quelques conseils, d’accord ? »

Je pris alors une gorgée de thé, la dernière de ma tasse, avant de payer l’addition, insistant auprès de Tara pour qu’elle accepte mon invitation, puis emmenai la petite dans une boutique du centre-ville où elle pourrait y trouver toutes les peluches qu’elle désirait. Pendant que la blondinette parcourait les rayons en laissant éclater sa joie aux yeux de tous, je commençai déjà mes recherches sur le champ des possibles que j’avais par rapport à sa tenue. Trop désireuse de lui venir en aide par tous les moyens, je ne pouvais pas attendre plus longtemps. Je pianotai donc sur mon téléphone portable, cherchant dans les moindres recoins d’internet des réponses à mes interrogations. Au final, mes premières recherches ne donnèrent rien de concret. Du moins, rien qui tendait à confirmer que Tara avait raison. Ce qui était plutôt encourageant à mes yeux. Je retournai donc vers la jeune fille.

« Alors, tu trouves ton bonheur ? Tu as choisi une peluche ? Prends celle que tu veux, et je te l’offre, d’accord ? » lui dis-je avec un grand sourire.

Voir cette petite boule de joie si insouciante retrouver ses couleurs en à peine une après-midi me réchauffait le coeur et me motivait à me dépasser encore et toujours. Plus Ultra, telle était la devise de mon lycée, et elle n’était pas réservée qu’aux futurs héros qu’il formait. Les ingénieurs aussi devaient être en mode Plus Ultra, afin de redoubler d’inventivité et d’ardeur au travail pour fournir aux dits héros tout le soutien et le support dont ils avaient besoin pour accomplir leur devoir. On avait tous notre rôle à jouer, et moi je comptais remplir ma part à fond, et ce envers n’importe qui.

« Dis, Tara, est-ce que ça te dirait de venir manger chez moi, ce soir ? Je te présenterai mes parents et tu verras mon petit atelier, celui que j’ai installé dans mon garage. Qu’est-ce que tu en dis ? » Je la regardai en souriant. « Et ne t’en fais pas, s’il se fait tard, tu pourras dormir chez moi et je te raccompagnerai demain, d’accord ? On préviendra ta famille d’accueil. Et avant que tu ne protestes, non, ça ne me dérange pas, et ça ne dérangera pas mes parents, au contraire. Ça mettra un peu d’animation à la maison. Et tu verras, ils sont très sympa ! Je suis sûr que vous allez vous adorer ! »

Musique d'ambiance:

Sautillant sur place après avoir finis son petit repas, elle suivait Hitomi en s'accrochant à son bras, comme à son habitude. Elle chantonnait, tranquillement, marchant d'un pas bien heureux et simplet : les soucis du tournoi étaient terminés, car elle savait qu'elle grandirait. Tara s'améliorait, et deviendrait meilleur, l'échec n'était que l'opportunité de devenir plus fort !!

Arriver au magasin de peluche, Tara était folle de joie, se pavanant dans les rayons et admirant chacune d'entres elles avec attention particulière. Bien qu'elle n'avait pas envie qu'on lui offre d'avantage de chose... Face aux adorables peluches, la Russe ne pouvait vraiment pas résisté : c'était son plus grand points faible avec les porte-clés.
Ainsi, avec un Renard trop mignon et tout doux dans les bras, elle revint vers Milly, le sourire jusqu'au oreilles et les joues rosit. C'était celle-là qu'elle voulait !

Hitomi, avec sa gentille, lui prit alors que Tara ne cessait d'enlacer maintenant sa nouvelle peluche comme un gros bébé. Frottant son visage contre la douceur de ce pelage artificielle et restant aussi pétillante. Répétant à voix basse. “Tout doux, tout doux, tout doux !” avec une profonde satisfaction.

Puis la Japonaise fit une nouvelle proposition à Tara qui se stoppa en penchant la tête. Ce serait la première fois qu'elle visiterai la maison d'une amie, d'une Japonaise !! Ah !!

“Oui ! Oui ! Tara venir ! ATTENDS !”

Elle s'éloigna de quelques pas avec de sortir son téléphone pour passer un coup de fil, en Russe et Japonais, un peu des deux. Sa voix chantonnant son excitation pur et dur, et une fois raccrochée, elle attrapa le bras d'Hitomi.

“Je peux rester ! Pas de soucis ! Auntie d'accord ! Mais Tara rien pour Parents d'Hitomi. Pas cadeau, ni rien pour remercier... Embarassant. Tara peut vraiment venir ?”

La jeune blonde sautillait sur place avec une impatience certaine, gigotant en se posant tout pleins de questions. Elle voulait bien faire, mais sans argent c'était difficile. Puis, avec son Japonais si approximatif, cela suffirait-il ? Aaaah ! Elle attrapa sa tête qui semblait tourné à ne pas savoir comment faire.

“Je ne veux pas faire honte à Milly !”

S'exclama la Russe, avant de basculer dans sa langue natale en cherchant des solutions.

La poupée blonde sautillait dans tous les sens et semblait transportée de bonheur tandis qu’elle tenait dans ses mains la peluche que je venais de lui offrir. Ce spectacle me faisait grandement sourire, tout autant que son adorable réaction à ma proposition de venir chez moi. Malgré toute la joie qui l’animait, après après avoir eu confirmation de sa « Auntie » qu’elle pouvait rester chez moi pour la nuit, la blondinette semblait toute gênée de n’avoir rien à offrir à mes parents en signe de gratitude. Je ne pus alors m’empêcher de rire doucement, amusée de la candeur de ma petite protégée.

« C’est adorable de ta part, Tara, mais ne t’en fais pas. Tu n’es en rien obligée d’amener un cadeau à offrir à mes parents. Tu es mon invitée et ils seront très heureux de te rencontrer. Et de savoir que j’ai une amie aussi adorable, merveilleuse et fantastique que toi. »

Je frottai alors le haut du crâne de la poupée russe avec affection, lui souriant tendrement, puis lui tendis la main pour l’inviter à me suivre. Je me demandais déjà : quel serait le programme de la soirée ? Se poser devant la télé, enroulées dans des plaids avec de la crème glacée à mater des films ou séries ? Ou bien l’emmener dans mon atelier personnel, dans le garage, et lui faire voir LE projet ? Il fallait que je continue les recherches quant à la législation des costumes pour savoir si je pouvais bricoler le sien … Mais oui, son costume ! Si elle venait chez moi, ce soir, elle n’aurait pas le temps d’aller le chercher pour me l’amener demain. Je me stoppai donc, me tournant vers elle.

« Tara, avant d’aller chez moi, il faut qu’on pense à aller chercher ton costume non ? Sinon, t’auras pas le temps d’aller le récupérer demain pour me l’amener à mon atelier ! »

Je m’abaissai alors pour me mettre à son niveau, la fixant dans les yeux avec un regard doux et tendre.

« Du coup, c’est toi qui me guide, je sais pas où tu habites moi, hehe. » dis-je sur un ton amusée et doux, souriant tendrement. « Passes devant, je te suis, d’accord ? »

Laissant alors la petite tête blonde prendre les devants et me tirer par le bras, j’en profitai pour sortir mon téléphone et envoyer un message à ma mère, l’informant que je ramenais une amie à la maison pour ce soir et qu’elle dormirait à la maison. Je lui demandai donc de prévoir un matelas supplémentaire pour ma chambre, en lui précisant simplement de le sortir. Inutile qu’elle n’en fasse trop, elle était déjà bien assez débordée par son travail et les soins de mon père comme ça. Je lui demandai donc de se contenter de préparer de quoi faire un lit, ajoutant que je m’en chargerai moi-même une fois rentrée. Puis, je reportai mon attention sur Tara, qui comme à son habitude, était un vrai rayon de soleil. La voir si heureuse me réchauffait le coeur, et j’espérais sincèrement pouvoir toujours lui être d’un aussi grand secours que ce jour là.

Certes, elle n'aurait pas la charge d'amener quoique ce soit : mais cela n'était que par la bonté de son amie et probablement de ses parents qui ne lui en voudront pas. De suite, elle se demanda comment pouvait-être la famille, dont le père que Milly avait évoqué plus tôt dans le salon de thé.
Peut-être pourra t-elle donner du rayonement à celle-ci, cette famille prise dans les problèmes de la vie ? Apporté, en cadeau, une source de rire, de chaleur ? C'était ce dont elle était la plus douée, avant tout, c'était la chose la plus naturelle chez elle... Mais si on donnant sourire à sa famille, elle offrait la même chose à Hitomi, alors Tara serait combler.

Puis soudainement, l'autre blonde se tourna rappelant le costume que la Russe avait déjà oublié. Dans un sourire, elle prit le bas de son amie et partit en direction du quartier de ceux qui l'accueillait chaleureusement ici.

"Toi voir, eux être adorable ! Savoir parler Russe, beaucoup aider Tara pour mieux comprendre et parler Japonais ! Très très gentil ! Auntie fais de super bon biscuit digne de Russie ! Tara beaucoup les apprécier ! Bonnes personnes !"

S'exclamait la jeune fille en suivant sa route. C'était vrai que la famille d'accueil était plus adorable que toutes personnes vivant dans le lycée Russe, probablement le côté aimable et serviable Japonais avant tout... Mais quand même ! C'était merveilleux d'être aussi doux, passionnée ! Aimant !
Comme une vrai seconde petite famille !

Continuant le chemin, elles arrivèrent dans une petite zone résidentielle avec de grande maison, très belle et spacieuse, avec Jardin. Continuant agréablement son chemin, Tara expliquait que quand elle était arrivé ici, elle avait eue peur d'avoir une mauvaise famille ou un mauvais contact : et qu'au final elle ne pouvait qu'être heureuse que le ciel lui laisse des personnes aussi sympathique s'occuper d'elle, une étrangère.
Arrivant devant l'une des maisons, elle sonna.

Une grande femme blonde sortit, et sourit tendrement à Tara et Hitomi, avant de serrer Tara dans ses bras quelques instants.

"Tara besoin costume car Hitomi veut voir !"
"Ahah, je vois je vois, c'est dans ta chambre petite. Vous pouvez toutes deux entrer le temps que Tara fouille."

Et la dame laissa place pendant que les filles entrèrent. Feux de cheminée tendre, le mari salua depuis son fauteuil avec son journal et sa pipe, avec ce même sourire rassurant.
Pendant que Tara avait escalader jusqu'à l'étage sous le rire de la Dame, celle-ci fit servir du jus d'orange frais à Hitomi, avec des biscuits Russes en expliquant que c'était les préférés de Tara et qu'elle travaillait dur pour les faire.

"J'espère qu'elle ne vous cause pas trop de soucis. Sa bonheur et son entrain ont tendance à l'amener dans de drôle de situation.... Comme donner ses portes clés à une Japonaise pour un dîner" Ria t-elle. "Elle est maladroite, et ne veut pas de mal... Ce n'est certes pas ma fille, mais je la considère comme celle que je ne pourrais jamais avoir. Depuis son arrivée, notre couple et ma maison ne vit que mieux. Cette petite Russe improbable nous a donné la foi de vivre malgré nos problèmes." Agitant sa main elle révéla. "Si elle restait ici, je la garderai sous le bras !"

Puis Tara redescendit comme une tournade, avec sa mallette en main qu'elle brandit comme un splendide trésor, tout sourire aux lèvres avant de piqué dans les gâteaux comme une grosse gourmande, se balançant de gauche à droite avec quelques caresses dans les cheveux de la douce femme qui s'occupait-elle.
Lui disant d'être sage, de faire attention, quelques mots doux en Russe avant d'embrasser la joue de Tara, le départ des deux allaient sonner.

Tara, fidèle à elle-même, m’avait tiré par le bras en fonçant comme une vraie pile électrique pour m’amener à la maison où vivait sa famille d’accueil. En arrivant sur place, je pouvais admirer le petit cadre presque idyllique dans lequel elle vivait depuis son arrivée au Japon. Une maison plutôt grande, qui laissait supposer un intérieur spacieux, et un jardin qu’on pouvait devenir depuis la rue. Une fois arrivées à la porte, nous fûmes accueillies par une grande femme blonde, sans doute la fameuse « Auntie » dont elle m’avait parlé. Et en la regardant, j’avais une étrange impression, comme si je me trouvais face à une version plus âgée de moi-même. Il était vrai qu’elle et moi nous ressemblions sur plusieurs points.

Je les regardai s’enlacer tendrement en souriant. Voir que la petite poupée russe était aussi bien entourée me mettait du baume au coeur. Je n’aurais pas supporté l’idée qu’elle se soit retrouvée dans une famille qui l’aurait maltraitée. Tara expliqua ensuite qu’elle venait chercher son costume, et la dame nous invita à entrer. Je suivis alors la petite blonde à l’intérieur, où j’acceptais poliment le verre de jus d’orange et les fameux biscuits russes dont elle m’avait parlé pendant qu’elle partait fouiller dans ses affaires. Me retrouvant alors seule avec la Dame, cette dernière s’excusa du comportement aussi explosif et enjoué de la blondinette, ajoutant qu’elle l’aimait comme sa propre fille et qu’elle n’hésiterait pas à la garder chez elle si, par hasard, la Russe décidait de rester au Japon.

« Oh, ne vous en faites pas, sa bonne humeur est plus contagieuse qu’autre chose, et ce n’est pas un mal. Quand on est avec elle, tout semble plus brillant, plus beau, plus chaleureux. Elle est un vrai rayon de soleil, et sa maladresse n’est que l’expression de son insouciance. Et à moi aussi, elle m’a montré que malgré les problèmes qu’on rencontre, on peut toujours se relever pour leur faire face. »

Je marquai une pause, repensant aux mots incroyablement puissants qu’elle m’avait adressés plus tôt, au café. Il était vrai qu’elle pouvait vous réconforter par sa simple présence et sa joie de vivre, mais elle était aussi capable de faire preuve de beaucoup plus de maturité que son apparence juvénile et son comportement enfantin pouvaient le laisser paraître.

« Je suis sûr qu’elle adorerait rester vivre chez vous. Et je ne vous cache pas que j’adorerais aussi qu’elle fasse ce choix. Ça me permettrait de revoir son adorable bouille souriante plus souvent. »

Je souriais et riais en même temps. Visiblement, la Dame et moi semblions sur la même longueur d’ondes concernant Tara. Même s’il ne nous passerait jamais par la tête de l’empêcher de rentrer en Russie une fois la fin du tournoi, l’idée qu’elle fasse le choix de rester au Japon à la place semblait nous enchanter autant l’une que l’autre.

Alors que je discutais avec la Dame, Tara finit par nous rejoindre, brandissant sa grosse mallette contenant son costume, toute fière et souriante. Je la regardai alors prendre plusieurs biscuits et les enfourner presque aussitôt dans sa bouche, petite gourmande qu’elle était, avant de m’attendrir devant les gestes affectueux qu’elle partageait avec sa mère d’adoption. Alors qu’elle disait au revoir au couple, les saluant vigoureusement de la main en balançant amplement son bras de gauche à droite, je pris sa main pour l’emmener chez moi.

[Musique qu'écoute Hitomi]:

Dans le bus qui devait nous conduire dans le quartier où j’habitais, à une quinzaine de minutes de trajet, je lui tendis un de mes écouteurs pour lui faire écouter une de mes musiques favorites. Une fois l’écouteur placé dans sa petite oreille, j’appuyai sur lecture et fermai les yeux, me laissant emporté par les notes de musiques qui me transportaient ailleurs, dans un état de plénitude totale. J’espérai simplement que Tara appréciait autant la musique que moi, ou au moins qu’elle appréciait ce moment de partage.

Finalement, nous arrivâmes chez moi. Descendant du bus, il ne nous restait que quelques dizaines de mètres à faire pour arriver devant ma porte. J’ouvrai alors la porte et criai haut et fort « JE SUIS RENTRÉE ! » pour être accueillit par ma mère, qui avait déjà enfilé son tablier, toute sourire, et mon père, assis dans son fauteuil et son bras en écharpe. Cette vue ne manqua pas de me provoquer un petit pincement au coeur, mais il fut rapidement balayé quand je vis son sourire doux et que je me rappelai les paroles de Tara.

« Maman, je te présente Tara ! C’est une élève qui vient de Russie. Elle est là le temps du tournoi, et je lui ai proposé de dormir à la maison, comme ça demain on ira à mon atelier et j’essaierai de lui améliorer son costume.
- Oh, bonjour ! Enchantée, Tara ! »

Je laissai les deux faire un peu plus connaissance et prit la mallette de Tara pour l’emmener dans ma chambre. Avant de monter, je passai alors voir mon père. Posant la mallette par terre, je vins me poser derrière son fauteuil, l’enlaçant avec mes bras et embrassant sa joue.

« Comment ça va aujourd’hui, Papa ?
- Pas trop mal. J’ai été voir les médecins et …
- Je sais qu’ils vont sans doute devoir t’amputer papa, t’as pas besoin de me le cacher, tu sais ?
- Ta mère et moi on ne savait pas comment te le dire.
- T’en fais pas, je comprends. Mais je renoncerai pas pour autant, je trouverai un moyen pour que tu puisses palier à ton handicap, papa. Je t’en ai fais la promesse, et je la tiendrai.
- J’ai de la chance de t’avoir comme fille alors.
- La chance n’y est pour rien, c’est toi qui a fait de moi une battante. » dis-je alors en riant avant de l’embrasser sur la joue à nouveau avant de reprendre la mallette et de l’emmener dans ma chambre. Une fois en haut, je la déposai alors sur mon bureau avant de redescendre pour retrouver la petite poupée russe.