« J'aurai bien besoin d'un coup de main, rapide. »

Après deux longs mois, il avait enfin de ses nouvelles. Du moins de sa propre initiative. Jin regarda l’écran de son téléphone un sourire au lèvres, heureux que pour une fois, ce soit Ziendra qui lui envoie un message et non l’inverse. Non pas qu’il lui en voulait, mais il était content qu’elle prenne l’initiative. Il tapa rapidement une réponse pour lui confirmer qu’il allait venir au plus vite, puis rangea son téléphone dans sa poche. Puis il se tourna vers sa proie, qui gisait au sol, le nez e la bouche en sang. Jin avait son pied droit sur son thorax et le regarda droit dans les yeux.

« Mon pote, tu ne m’en voudras pas, mais on a besoin de moi ailleurs, alors je vais écourter notre rencard. »

Sur ces mots, Jin le frappa d’un énorme coup de poing qui le laissa inconscient. Il traîna alors le corps inerte jusqu’au coin de la ruelle, le ligota et se redressa ensuite. Il ressortit le téléphone pour lire plus attentivement le message de Ziendra et examiner les coordonnées. Il les entra dans son GPS pou voir où cela le menait : la zone industrielle.

« Putain, c’est pas la porte à côté. J’ai pas intérêt à traîner. »

Sans plus attendre, le lycan monta sur les toits pour prendre ensuite la direction de la zone industrielle, consultant régulièrement son GPS pour être sûr qu’il allait au bon endroit. Il voyait les usines au loin, illuminées par leur éclairage nocturnes. Vu la distance, il allait mettre au moins dix bonnes minutes pour y aller. Il s’activa donc pour réduire au mieux la durée de son trajet, espérant que la dragonne n’ait pas voulu jouer les têtes brûlées … ce qui était fort probable.

Après un trajet qui lui parut interminable, il finit par rejoindre les lieux de l’altercation, car altercation il y avait. Jin resta un moment en hauteur pour observer la zone. Ziendra était seule, face à deux personnes. L’un semblait capable de projeter ses doigts à distance, comme s’ils étaient élastiques, tandis que l’autre … Il ne savait pas exactement en quoi consistait son alter, mais il allait bientôt le découvrir. Le prédateur contourna le trio tout en restant sur les toits pour pouvoir prendre les deux assaillants de la dragonne à revers. Une fois en position adéquate, il sauta du toit pour atterrir lourdement au sol, se retrouvant alors à contre jour, les lueurs de la zone découpant sa silhouette massive et imposante.

« Bonsoir, messieurs.
- Mais t’es qui toi ? » fit l’un des deux. Jin regarda alors Ziendra, dont la peau du bras semblait rougie par l’affrontement. Le loup serrant alors les dents, tout en frappant son poing dans sa main, signe qu’il était prêt à en découdre.
« Vous allez vite regretter de l’avoir blessée.
- Quoi, c’est ta copine cette garce ? Elle n’avait qu’à éviter de f... »

Avant même qu’il n’ait eu le temps de finir sa phrase, l’homme aux doigts élastiques reçu un coup de poing en plein visage qui l’envoya valser à plusieurs mètres. Se doutant que son comparse allait réagir rapidement, Jin lui décocha presque instantanément un coup de pied dans l’abdomen, ce qui le cloua sur place. Le lycan se rua alors vers sa partenaire, inquiet et voulant prendre de ses nouvelles.

« Est-ce que ça va ? Tu es blessée ? Désolé, j’ai fait aussi vite que j’ai pu, mais j’ai été un peu retenu, j’avais une autre poubelle à emmener à la déchetterie. »

Écoutant la réponse de sa compagne, Jin ne remarqua pas tout de suite que les deux ennemis récupéraient peu à peu des coups qu’il leur avait asséné. Si bien qu’il ne vit pas Longs-doigts lui attraper la gorge. Alors qu’il était en train de discuter avec sa douce enfin retrouvée, il sentit donc l’étreinte lui enserré le cou avant de le tirer en arrière et de le faire chuter violemment au sol, lui arrachant un cri de douleur et de surprise.

« En… foiré … »

À peine eut-il le temps de se faire traîner au sol sur quelques mètres que Ziendra avait déjà bondi pour venir à son secours, utilisant sa gueule de dragon pour attaquer les doigts extensibles de leur opposant et lui fait lâcher prise. Même si, de par la nature élastique de ses doigts, l’assaillant ne semblait pas avoir plus blessé que ça, Ziendra put toutefois profiter de la surprise qu’elle avait su créer avec son intervention pour éjecter d’un coup bien placé Mr Fantastique loin de son comparse.

La dragonne se plaça alors dos à Jin, lui faisant un signe de la tête pour lui faire comprendre ce qu’elle avait en tête, même si la configuration de la scène était assez évidente pour que Jin l’ai deviné par lui même. Elle allait s’occuper de Tâche-d’encre, laissant le soin à Jin de jouer avec l’élastique. Ce dernier acquiesça en hochant simplement la tête, un sourire au visage. Avoir une alliée était vraiment un plus non négligeable dans ce genre de situation, et même s’il avait déjà pu l’expérimenter avec Shizen, savoir que cette fois Ziendra était à 100 % de son côté était beaucoup plus rassurant, voire galvanisant. Une nouvelle, la simple présence de la jeune femme suffit à le rendre plus confiant.

Les deux partirent alors chacun de leur côté, s’attaquant à leur cible respective. Voyant une nouvelle fois les doigts extensibles lui foncer dessus, le loup se jeta au sol, effectuant une roulade bien calculée pour se retrouver face à son adversaire, une expression de victoire sadique sur le visage. Il lui décocha alors un uppercut droit dans le menton, l’envoya valser une fois de plus à quelques mètres. Sauf que cette fois, il n’attendit pas que son adversaire ait le temps de se relever pour se jeter sur lui et le plaquer au sol. Il allait devoir faire vite et le neutraliser avant qu’il ait le temps d’utiliser ses doigts pour se défendre.

Jin leva alors le poing, mais au moment de frapper, il sentit son bras retenu. « Et merde. » Cette fraction de seconde de distraction fut malheureusement suffisante pour que son adversaire lui décoche une droite dans le museau, lui arrachant un cri de douleur étouffé et le déstabilisant suffisamment pour qu’il se retrouve à la merci de l’homme élastique. Ce dernier enroula alors de nouveau ses doigts autour du cou du lycan, et se mit à serrer pour l’étrangler.

« Sale clébard … J’te reconnais non … C’était pas toi, cette fois là, dans les égouts et à l’usine désaffectée ? T’as tué au moins deux personnes … Voire trois, même si les rapports ne sont pas clairs sur ça … En tant que héros, il serait de mon devoir de t’arrêter et de te livrer aux autorités mais … Vu que toi et ta copine nous avez surpris ici, je ne peux pas prendre le risque que tu parles … Alors on va juste vous buter. Tous les deux »

Jin tentait tant bien que mal de se défaire de l’emprise du « héros » comme il prétendait l’être, même si jusque là, il n’avait guère l’impression d’avoir affaire à l’un deux, comprenant un peu mieux le point de vue de Ziendra. Un héros qui se retrouvait ici, avec d’autres vilains en toute impunité, trempant sans doute dans des affaires louches … C’était ce genre de héros que la dragonne méprisait, et qu’elle souhaitait éliminer conformément aux idéologies de Staïn.

« Comme-ci j'allais laisser vivre une ordure pareil. » Elle cracha du sang sur le côté, l'adrénaline la privant pour le moment de douleur. « C'est à cause d'enfoiré de ton genre que ce monde tourne pas rond ! Avec la possibilité de vous sauver, soigner et autre, on ne sera jamais tranquille ! » Son sourire s'élargit. « Alors vous tuer me semble être la meilleur options pour faire le nettoyage qu'il se doit... Pour un monde sans pourriture ! »
« T'es complètement taré meuf ! Laisse moi ! » Supplia Tache-d'encre.
« Il me faudrait une merveilleuse raison pour cela. »

Jin entendit alors les paroles de son amie, et écarquilla les yeux de surprise, tourna péniblement la tête vers les deux combattants malgré l’étreinte qui lui coupait de plus en plus le souffle. Il vit alors la dragonne se tenir au dessus de Tâche-d’encre, lui fracassant le visage à coups de poings avant de saisir la tête de l’homme entre les mâchoires de sa gueule de dragon. « Oh non … Ziendra ne fais pas ça … ! » pensa Jin, sentant la situation s’emballer. Pendant ce temps, le « héros » contiuait de serrer et de rire, jubilant déjà de sa victoire. Jin le regarda alors droit dans les yeux, l’air furieux.

« Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? T’es dégoûté d’avoir perdu ? Fallait pas t’en prendre à plus fort que toi c’est tout. Ta force brute n’est pas un avantage invincible, tu sais ? Ton PAPA ne t’a jamais appris ça ? Dommage car tu vas ...
- C’est toi qui vas crever. »

Les pupilles du loup se rétrécirent alors, les vaisseaux sanguins de ses yeux se gorgèrent de sang, et la folie bestiale s’empara de lui. Cet enfoiré avait mentionné un sujet tabou pour le loup, et ce dernier avait alors perdu son sang-froid … et sa conscience humaine par la même occasion. Il empoigna alors les doigts enlacés autour de sa gorge et les écarta de toutes ses forces, cherchant à les faire céder.

« Espèce d’idiot ! Mes doigts sont élastiques, t’arriveras pas à les faire céder, ils peuvent supporter une charge d’au moins cinq cent kilos ! Il ne se déchireront pas aussi fa… ARGH ! »

Avant qu’il n’ait pu finir sa phrase, Jin avait déjà plongé ses énormes crocs dans les doigts étendus, mordant avec rage pour tenter non pas de les faire rompre, mais de les déchirer. Il secoua alors la tête furieusement, comme un carnivore ayant attrapé sa proie et la ballottant dans tous les sens pour que la vie la quitte avant de savourer un festin sanguinolent. Malgré les supplication du prétendu héros, Jin ne s’arrêta pas et fini par obtenir ce qu’il voulait : les doigts se déchirèrent dans une gerbe de sang et dans un hurlement déchirant de sa proie. Regardant l’homme tomber au sol, les larmes coulant sur ses joues, Jin recracha les lambeaux de peau et lécha le sang qui coulait de ses babines en s’avançant vers le pauvre homme totalement hors de combat.

« Pi… pitié … Me tue pas … je t’en prie …
- Te tuer me procurait un plaisir fou mais … je ne suis pas une ordure comme toi. Par contre, si jamais j’apprends que tu as fait soigné ses charpies que tu appelles doigts et que tu continues tes activités ici … Je te retrouverai et cette fois, je te tuerai. Lentement, et dans la douleur. »

Avant même que son opposant ne puisse répondre, Jin abattit brutalement son poing dans son visage pour l’assommer avant de se redresser et de courir vers Ziendra, qui n’avait heureusement pas encore commis l’irréparable. Lui avait d’ailleurs bien failli basculer, mais il avait réussi à se contrôler juste à temps pour éviter de franchir ce pas fatidique. Il arriva alors à hauteur de son amante et attrapa alors sa gueule de dragon, serrant juste assez pour la forcer à lâcher prise, avant de donner un énorme coup de poing dans le visage de Tâche-d’encre pour l’assommer. Il resta immobile alors un moment, haletant bruyamment, puis se tourna vers Ziendra.

« Tu n’es … pas obligée … De … les tuer … Tu vaux mieux que ça. »

Jin s’écroula alors de douleur, subissant les effets corrosifs de l’alter du héros qu’il venait de vaincre. Sa peau le brûlait atrocement au niveau de la gorge et des mains, et il serrant si fort les dents pour se retenir de hurler de douleur qu’il avait l’impression que ses crocs allaient exploser sous la pression se propre mâchoire.

[ambience de la scène]:

Pendant un instant, Ziendra lui adressa un regard furieux. Jin comprit bien qu’elle était sur le point de commettre l’irréparable, aussi se félicitait-il de l’avoir arrêtée à temps, mais il se doutait qu’elle allait sans doute lui en vouloir. La dragonne l’aida à s’asseoir contre un mur, le temps qu’elle attache solidement les deux autres, totalement inconscients, avec un vieux tuyau qu’elle plia à la force de ses bras. Puis elle revint vers Jin qu’elle aida à se relever pour l’emmener dans un endroit où, il supposait, ils seraient à l’abri.

Là, elle commença à soigner le loup qui reprit son apparence humaine pour lui faciliter la tâche. Tandis que Ziendra le soignait, silencieuse, Jin l’observait, n’osant rien dire. Il craignait sa réaction s’il engageait le dialogue, mais d’un autre côté, le silence était beaucoup trop pesant et il cherchait désespérément quelque chose à dire. C’est alors que la Rouge prit la parole, d’un ton ferme.

« Je ne vois pas en quoi leur laisser la vie sauve nous aidera. » Affirma t-elle. « Un jour, ils sortiront de prison car elles sont trop pleine, et une ancienne carrière de Héros peut laisser place au doute à ses mauvaises actions. Ils reviendront, avec des soins, un jours, et continueront de propager leurs ordures dans ce monde. » Soupira la dragonne. « Je ne comprends pas pourquoi il faut les laisser vivre, alors qu'ils ont enlevés le goût de la vie à d'autres, échanger leurs corps contre de l'argent, les forçant à faire des choses horribles, ou même aller en taule pour eux ! Non, je ne comprends pas... 
- Je comprends ton point de vue, Ziendra mais … Est-ce que tu crois vraiment que les tuer t’aurait fait du bien ? Moi je ne pense pas … Mais je peux peut-être me tromper. »

En même temps, la jeune femme avait fini d’appliquer à Jin les premiers soins, et ce dernier l’invita à s’asseoir à son tour sur le canapé avant d’inverser les rôles. Elle s’alluma alors une cigarette et grimaça, comme si elle ressentait à nouveau la douleur de ses blessures. Jin fit très attention à être le plus délicat possible, et tandis que la jeune femme évacuait ses mauvaises pensées dans la fumée de nicotine, Jin reprit la parole.

« Ce qu’ils ont fait est horrible, mais avec les preuves que tu as laissées, ils seront plus jamais des héros. » Jin marqua une pause. « Cela dit … Je suis obligé de reconnaître une chose … C’est que tu n’as pas vraiment tort. Même s’ils sont brisés, ils pourront toujours revenir. »

Jin termina les soins et rangea la trousse de secours, puis se leva. Il regarda un moment son amante d’un regard profondément triste, puis fit volte-face et alla devant la fenêtre. Il colla son front au verre, son bras s’appuyant au dessus de sa tête sur la vitre, et regarda au dehors, soupirant lentement et regardant ses mains, tremblantes.

« Le problème, c’est que j’ai peur de ce qui pourrait t’arriver si tu franchis le pas. Ou de ce qu’il pourrait m’arriver à moi. Je ne sais pas si toi comme moi on serait prêt à vivre avec ça. L’idée qu’on a prit une vie. C’est toujours le même problème, on deviendrait comme eux. Et pourtant … Pourtant ce soir, moi aussi j’étais prêt à le tuer. Pendant quelques instants, j’étais prêt à tuer ce type. Mais je me suis ressaisi, et je lui ai alors donné une chance de survie. Une seule. »

Jin se retourna vers la dragonne, toujours assise dans le canapé. Il était complètement perdu. Il repensa à cette fois, avec Shizen, où il avait mutilé un homme au point qu’il avait failli le tuer. Ou encore au soir de leur rencontre, quand il avait failli tuer un innocent. La simple idée qu’il avait été si près de basculer, de céder à ses instincts bestiaux, à ses pulsions de violence, le terrifiait. Encore aujourd’hui, il en faisait des cauchemars et se réveillait parfois en pleine nuit, hanté par la souffrance qu’il causait, et pourtant … Pourtant rien ne lui garantissait que Korossu n’allait pas se remettre à tuer s’il se rétablissait et qu’il s’évadait de prison. Rien ne lui disait que le héros pourri qu’ils avaient neutralisé à l’instant allait bel et bien plonger et mettre fin à ses activités.

Jin se laissa tomber lourdement au sol, se retrouvant assis contre le mur sous la fenêtre, baignant dans la lueur de la lune et de la ville, les mains ballantes posées sur ses genoux et le regard fixant le plancher. Que devait-il faire ? Qui avait raison ? Lui, qui prônait la miséricorde, ou Ziendra, qui était beaucoup plus radicale ? Ces questionnements créaient en lui un chamboulement immense, remettant en cause ses convictions.

« J’ai peur Ziendra. Peur de ce dont je suis capable de faire. Je suis perdu. Tout ce temps, je pensais que mon combat servait à quelque chose, qu’au moins j’aidais des personnes qui en avaient le besoin mais … à quoi bon, si même ceux qui sont censés être du bon côté de la loi ne sont au final rien d’autre que des ordures, parfois pire que celles que j’ai déjà affrontées ? »

Jin restait assis, immobile, regarda la jeune dragonne, attendant une réponse, même s’il se doutait qu’elle ne dissiperait pas ses doutes en une simple phrase. Tout ce qu’il espérait, c’est qu’ensemble, ils trouveraient des réponses. Oui … quoiqu’il arrive, quoiqu’ils puissent décider, ce qui comptait le plus aux yeux de Jin, c’était qu’ils le fassent ensemble. Maintenant qu’il y avait goûté, avoir un allié dans sa lutte sans fin était des plus réconfortant. Si son combat aux côtés de Shizen lui avait fait prendre conscience que l’union faisait la force, savoir qu’il pouvait lutter contre le mal aux côtés de Ziendra, qui partageait au moins en partie ses idéaux, le faisait se sentir moins seul.

Tout ce qu’il voulait, c’était qu’ils restent ensemble.

[Ambiance musicale de la scène]:

Jin se sentait mal. Et encore, dire qu’il se sentait mal était un euphémisme. Il était complètement déboussolé. Ces convictions, les raisons de pourquoi il avait choisi la voie qu’il suivait aujourd’hui étaient mises à mal. Il se remettait en question, se questionnait sur la pertinence de son combat. Valait-il la peine ? Après tout, il ne mettait pas que sa vie en jeu, mais aussi celle de sa mère. Et maintenant, il y avait Ziendra. Sans qu’il n’ait pu le voir venir, elle faisait partie de sa vie. Et quand il y pensait, une nouvelle crainte s’ajoutait à ses tourments : celle de la perdre.

Sans qu’il ne s’en rende compte, en sa présence, Jin changeait du tout au tout. Il abandonnait le rôle du jeune garçon timide et maladroit, devenant alors un homme, fort et plein d’assurance. La dragonne semblait l’inspirer, lui donner confiance en lui. Et pourtant, leur première rencontre aurait pu tourner court et se terminer dans le sang. Mais non, ils avaient fini par s’apprivoiser, discuter, et ils commençaient tous les deux à mieux connaître l’autre, l’un influant sur la vision que l’autre avait du monde. Les deux étaient en proie au doute, à l’incertitude.

Sauf que pour Jin, cette sensation était terrible. Il était effrayé, terrifié à l’idée que peut-être, il s’était voilé la face tout ce temps. Que peut-être, il n’avait fait que repousser l’inévitable, que rejeter sa véritable nature profonde : celle d’être un monstre, assoiffé de sang et de violence. Et si sa mère … la femme qui l’avait porté et mis au monde, avait raison depuis tout ce temps ? Si au final, Jin n’était rien d’autre qu’un monstre, esclave de ses pulsions, maudit par son alter, et destiné à sombrer tôt ou tard dans la folie ? Cette pensée le terrifiait, et alors que les larmes perlaient au bord de ses paupières, il sentit le toucher rassurant et doux de son amante.

Cette dernière posa ses mains sur les joues du jeune loup, le caressant avec beaucoup de douceur avant de l’embrasser tendrement. Jin, dans un premier temps surpris par cette prise d’initiative, se laissa faire, enlaça la dragonne dans ses bras. Le baiser paru interminable, comme un moment de bonheur et d’insouciance durant lequel le temps était suspendu. En plongea ses yeux dans les ambres de la dragonne, il comprit. Il comprit qu’elle vivait les mêmes tourments que lui. Que sa vision du monde, que ses convictions étaient ébranlées.

« Je sais que des héros peuvent être des raclures... Mais tous ne le sont pas. Je l'ai appris aussi, avec du temps. Et les raclures ne sont pas toutes des raclures irrécupérables... Certaines ordures peuvent être recycler en bien, tu vois ce que je veux dire ? C'est toi qui me l'as appris. » Elle lâcha un petit sourire. « Je ne connais pas la réponse, je suis juste défaitiste : je ne crois pas en l'humain. Pourtant, je crois en toi. Et juste cela me fait dire que je peux avoir tord, et que tu peux avoir raison. »

Jin ne parlait pas. Il ne trouvait pas les mots. Malgré ses doutes, malgré son besoin de trouver une réponse à son dilemme intérieur, les mots de sa bien aimée lui réchauffèrent le coeur. Les larmes étaient toujours là, suspendues à ses paupières, mais cette fois, ce n’était pas à cause d’une profonde perdition qu’elles s’accrochaient. Elles étaient le sentiment d’une profonde gratitude, et d’une émotion extrêmement forte qui submergeait le loup. De l’amour. C’était de l’amour. La chaleur de ses mains, la douceur des traits de son visage, la tendresse de son sourire, tous ces éléments qui réchauffaient le cœur meurtri et réconfortaient l’esprit perdu du jeune homme, lui offrant une lueur d’espoir, comme un phare pour le guide dans la brume de ses doutes. Fixant la jeune femme, Jin lui sourit tendrement, avant de la tirer délicatement vers lui et de l’enlacer, leur visage se retrouvant à quelques centimètres l’un de l’autre. Il figea son regard de saphir dans celui d’ambre de la dragonne, restant silencieux un long moment, avant de ne prononcer que quelques mots. Des mots si communs et pourtant si lourds de sens, qui allaient sans doute changer leur relation.

« Ziendra … Je t’aime. »

Sans lui laisser le temps de répondre, il l’embrassa tendrement, la serrant contre lui avec tout l’amour qu’il pouvait lui offrir. Il ne voulait pas la laisser partir. Il voulait qu’elle reste à ses côtés. Il voulait qu’ensemble, ils parviennent à trouver cette fameuse réponse. Il voulait qu’ensemble, ils donnent un nouveau sens à leur combat commun. Il voulait qu’ensemble, ils œuvrent à forger un monde meilleur. Mais avant tout, il voulait qu’ils soient ensemble.

On pouvait entendre au loin les nuages se regroupaient, alors qu'une pluie fine vint tambouriner contre les murs et fenêtres de la planque. Le son lointain d'une sirène de police qui devait partir avec les deux individus pouvaient résonner, et éclairé quelques peu cet endroit devenue sombre et à l’abri des regards. Douce mélodie que la pluie frappant le sol, et du vent soufflant.

Ainsi que celles de leurs souffle qui s'entremêlaient, lors d'un échange de regard langoureux.

Ziendra ne s'était jamais sentit aussi perturbé et aussi bien, avec une personne. Jamais sa cohésion n'avait pu atteindre un tel niveau de compréhension avec qui que soit, et de partage. Ils partageaient des idéaux, ils partageaient des souffrances, ils avait partagé une couche, et des coups. Ils partageaient. En cela, elle comprenait une chose nouvelle, qui semblait l'effrayer. Et sous la révélation de l'amour de Jin, ceci sembla se concrétiser dans son cœur.
Mais pas le temps de réfléchir, que celui-ci vint kidnapper ses lèvres dans un nouveau baiser, et elle ne put s'empêcher de se coller à lui et de l'étreindre, répondant à celui-ci avec désir et... Affection. C'était bien nouveau pour elle... Elle se sentait... Frêle et fragile, en face de lui, elle se sentait humaine ! C'était une drôle de sensation, que l'amour.

C'est elle qui mis fin au baiser, détournant le regard, une main au devant de ses lèvres, et le rose aux joues. Elle semblait intimider, par les mots lancés du jeune homme, et n'osait répondre. Que pouvait-elle, ou devait-elle faire dans cette situation ? Le silence se fit, malgré une étreinte certaine entre les deux.
Elle s'était plaqué contre lui, en lui disant de ne faire aucun commentaire sur sa réaction avec un ton refermé, mais la dragonne écouter ce cœur qui battait, battait pour elle. L'amour, était-il une chose autorisé dans la mission de Justice qu'elle s'était fixer ? Ziendra ferma ses yeux, se laissa bercer par le son de la pluie, et du cœur de Jin. Quel sera le mal de se laisser aller, chaque figure de Justice a toujours quelqu'un à ses côtés, pourquoi pas elle ? Peut-être pourrait-ils devenir, comme elle l'avait déjà imaginé, les deux vrais héros de cette société, marchant main dans la main ?

Avoir des pensées si idyllique était-il non seulement permis pour eux, qui vivait dans l'ombre de cette communauté mal foutu ? La Rouge recula en prenant sa respiration, et choppant le loup par les épaules pour le fixer, sourcils fronçait.

« Tu n'as idée de balancer une bombe pareil sans prévenir ! Tu mériterai une paire de claque ! » Gronda t-elle au début. Puis elle lui prit les mains, glissant les siennes dedans. « Maintenant tu vas devoir prendre tes responsabilité, et juré fidélité à une seule femme. Je ne suis pas partageuse. »

Avouer dans cette phrase, il avait sa réponse alors qu'elle le fit tomber pour se retrouver au-dessus de lui, comme le désir de reprendre le dessus un instant après qu'il l'ait eût par surprise, et venant l'embrasser plus langoureusement et profiter du contact de son torse.

La pluie tambourinait sur la fenêtre, et ils n'avaient que la pénombre pour leur tenir compagnie dans leurs étreintes amoureuses et folles, dans une planque en bazar où les bougies n'étaient même pas allumés. Cette fois là,  il n'y avait qu'eux deux et leurs doutes, qui s'entremêlaient symboliquement pour ne faire qu'un, comme pour conclure un pacte, ensemble. Un pacte qu'ils seraient ensemble, dans la merde et dans le meilleur, quelque chose qu'on ne se dit pas vraiment, mais qu'on fait comprendre par des morsures, des marques sur l'autre.

La jeune femme eût un moment les larmes aux yeux, pendant ces moments d'affections entre eux, mais lui souriait comme jamais. Elle était contente, contente d'avoir trouvé sa personne de confiance avec qui elle mènerait sa justice jusqu'au bout, et avec qui une réponse sera possible.

[ambiance de la scène]:

Ziendra mit fin d’elle même à leur baiser. La dragonne semblait décontenancée, comme si elle n’arrivait pas à gérer toutes ces émotions nouvelles pour le jeune couple. Néanmoins, elle était restée contre Jin, et ce dernier ne manqua pas de passer sa main dans les fins cheveux de la demoiselle, admirant leur couleur flamboyante qui reflétaient parfaitement sa personnalité et son tempérament. Mais pourtant, en cet instant, quand Jin les regardait, caressant tendrement la nuque de la jeune femme, il y voyait le reflet d’une passion sincère qu’ils venaient de partager au travers de son long baiser.

Laissant le temps à la belle d’appréhender la situation, Jin ferma les yeux, écoutant le battement de la pluie, le souffle du vent, le tintement des sirènes de police, le bruit diffus et lointain du trafic urbain. Il ressentit la chaleur du corps de son amante contre le sien, sentit leur coeur battre la chamade. Battaient-ils à l’unisson ? Peut-être. La Rouge se redressa alors lentement, le fixant d’un regard faussement sévère.

« Tu n'as idée de balancer une bombe pareil sans prévenir ! Tu mériterai une paire de claque ! » Gronda t-elle au début. Puis elle lui prit les mains, glissant les siennes dedans. « Maintenant tu vas devoir prendre tes responsabilité, et juré fidélité à une seule femme. Je ne suis pas partageuse. 
- Et pourquoi est-ce que j’irais voir ailleurs, alors que j’ai déjà tout ce dont je peux rêver avec toi ? »

Jin gardait toujours son sourire chaleureux, ses yeux étaient toujours humides, à tel point qu’une larme coula le long de sa joue. Lorsqu’elle le poussa pour le faire basculer sur le dos, il n’opposa aucune résistance. Il se laissa faire, tandis qu’elle s’allongeait sur lui pour venir lui voler un autre long baiser passionné. Le monde autour d’eux n’existaient plus. L’espace d’un instant, il n’y avait qu’eux deux. Même leur planque délabrée n’existait plus. Ce n’était plus que lui et elle. Deux amants perdus dans un monde qui ne voulait pas d’eux, et qui ensemble, cherchaient quelle voie ils devaient emprunter.

Le fait de ne plus se savoir seul dans son combat était inespéré pour Jin. Il avait toujours cru qu’il passerait sa vie à se battre seul, disposant sa propre justice dans l’ombre. Il regarda alors Ziendra, qui avait elle aussi les larmes aux yeux, et la serra contre lui.

« À partir d’aujourd’hui, c’est toi et moi. À la vie, à la mort. On combattra ensemble, on fera justice ensemble. Et peu importe le chemin qui s’offrira à moi, je l’emprunterai sans regret tant que tu seras à mes côtés. » Il l’embrassa tendrement avant de poursuivre. « On a peut-être pas encore la réponse qu’on chercher, mais on la trouvera tous les deux. À partir d’aujourd’hui, tu es à moi et je suis à toi. Je t’aime Ziendra. »

Jin l’enlaça alors, la serrant amoureusement contre lui, laissant s’échapper quelques sanglots de joie. Jamais il n’aurait pu imaginer trouver une personne qui le comprenne à ce point et qui soit autant importante à ses yeux. Tout en écoutant sa douce lui répondre, il les fit lentement rouler sur le côté, inversant leur position. Jin était à présent au dessus d’elle, et il commença lentement à laisser ses mains se balader sur tout le corps de la jeune femme, sans que leur regard ne se détache, comme si symboliquement leur union passaient par leurs yeux et que détourner le regard l’un de l’autre leur était impossible.

« À partir d’aujourd’hui, c’est toi et moi. À la vie, à la mort. On combattra ensemble, on fera justice ensemble. Et peu importe le chemin qui s’offrira à moi, je l’emprunterai sans regret tant que tu seras à mes côtés. » Il l’embrassa tendrement avant de poursuivre. « On a peut-être pas encore la réponse qu’on chercher, mais on la trouvera tous les deux. À partir d’aujourd’hui, tu es à moi et je suis à toi. Je t’aime Ziendra. »

« Pas besoin de le répéter, abrutit de Lycan. » Fit-elle, d'une tête embêtée et des joues rosés.

Ainsi ils s'échangèrent d'autres baisers dans la noirceur de la nuit, se laisser aller un à désir brûlant commun, et oubliant un instant leurs doutes en se complétant ensemble. Un moment de tranquillité et de partage à eux deux seulement, pendant que la pluie arroser l'extérieur. Coulant comme leurs sentiments mutuelles qui se concrétiser. C'était... Si agréable et effrayant à la fois, elle devait l'avouer. Mais Ziendra ne pouvait malheureusement retenir ce désir, et qu'elle le veuille ou non, elle tombait littéralement sous le charme, dans l'étreinte intense du loup.
Il n'y avait pas à dire, pour elle c'était le destin qui les avaient réunis, faire croiser leurs chemins. C'était le destin qui les mettait à l'épreuve ces deux héros déchus, pour faire justice ! Ainsi, elle renforcer ses croyances, et son besoin d'un partenaire : celui qui saurait faire entendre Justice à ses côtés, celui qui pourrait l'éclairer et la soutenir quelque soit la situation ! Oui, ce serait lui. Et maintenant qu'elle l'avait près d'elle, il resterait. Qu'il le veuille ou non, elle ne comptait pas le laisser partir. Il serait siens, et partenaire, pour le meilleur et le pire. Jusqu'à la mort, même si elle devait le tuer elle-même pour ne pas le voir la trahir. Certes, elle était toujours aussi extrême, mais c'était ainsi, et elle ne supporterai pas de le voir prendre une route différente que la sienne.

Musique d'ambiance:

Leur jeu de séduction et d'étreinte terminé, ils s'étaient rhabiller. La jeune femme s'était par la suite étalé sur son vieux canapé qui lui servait de lit d'appoint, tandis qu'elle observer Jin parcourir les vieux documents qu'elle avait éparpillé partout, avec des journaux, mêlées à des post-it et des morceaux de carnets. Le loup-garou ne semblait pas tout comprendre, surtout dans ce bazar son nom, mais le voir essayer et s'intéresser à son travail fit sourire la Dragonne qui en remua gaiement la queue avant de se lever.
La Rouge poussa le loup sur le canapé, le temps d'attraper des dossiers de papiers par tas avec une aisance incroyable dans son bordel. Elle prenait le plus gros dossiers sur lequel elle avait commencé une enquête, avant de venir l'étaler sur une petite table d’appoint dans l'ordre chronologique et d'importance des informations, avant de faire signe à Jin de la rejoindre pour qu'elle lui expliqua.

Tout en expliquant la situation, et ses méthodes de travail, elle expliqua la situation à son partenaire qui semblait partager un grand intérêt sur cela. Ce serait probablement, leur première enquête ensemble, et cela n'était pas pour déplaire à la jeune femme.
Il était ici question d'un cartel de drogue, dirigeait par un inconnu qu'elle n'avait pas encore réussi à démasquer ou localiser : il s'agissait ici de drogue dur pouvant booster les capacités des alters tout en provoquer une euphorie qui pouvait s'étendre à une certaine folie. Les dégâts pouvaient être colossaux quand mal utilisés. En effet, elle avait noté des cas où la drogue avait finis par rendre complètement fou, et forcément l'internement en hôpital psychiatrique, d'autre cas où elle était utilisé à des fins malsaines en tant que dopant, mais aussi par des héros qui avait besoin de boost. Le plus triste était de voir que des héros bienveillant qui succombait au besoin de pouvoir avait finis en taule pour ces raisons alors qu'il faisait juste de leurs mieux.

Cette drogue était le mal, construite fort probablement à partir de cellules humaine : donc de cobaye humains pour la fabriquer, en plus de la mélanger à d'autres drogues. Un vilain cocktail. Il fallait arrêter ce trafic, mais s'en prendre au petit dealer de rue n'était pas la solution, il fallait trouver la tête, le cerveau de ce cartel.

« C'est là que je coince. J'ai beau tenté de tout suivre et réunir, seule je n'arrive pas à atteindre cet objectif. La chef me reste inaccessible, et cela à tendance à fortement m'agacé. Je voudrais bien lui faire avaler sa drogue et le voir en faire une overdose pour qu'il expie ses péchés. Enfin, lui péter les jambes et les bras pourrait être suffisant avant de l'envoyer en prison. »

Elle posa sa main sur le menton, fixant ses papiers, puis Jin. La jeune femme lui confiait son enquête, comme signe qu'elle désirait et acceptait d'être sa partenaire de chasseuses de crime, comme de lit.

« Pas besoin de le répéter, abrutit de Lycan. » Fit-elle, d'une tête embêtée et des joues rosés.

Jin ne put s’empêcher de sourire tendrement à la réaction de sa belle. Se laissant guider par leurs désirs dans ce moment hors du temps, ils s’enlacèrent comme cette fameuse nuit, chez Jin, tandis que la pluie martelait les carreaux inlassablement au dehors.

Bien plus tard, alors qu’ils étaient encore allongés au sol, Jin regardait le plafond, l’air pensif. Il était heureux avec Ziendra, il se sentait bien, mais pourtant il sentait que l’avenir n’allait pas être toujours aussi simple. Il savait que le chemin qu’ils devraient emprunter seraient semé d’embûches, là n’était pas la question. Ce qu’il ne savait pas en revanche, c’était quelles seraient ces embûches et comment ils devraient y faire face. Mais pour l’heure, Jin se contenta de profiter de l’instant présent, se retournant vers sa bien aimée pour l’embrasser tendrement avant de se relever et de se rhabiller.

Les moments d’intimité, c’était bien, mais il ne fallait pas non plus que les deux amants perdent de vue leur combat pour la justice. Une fois de nouveau avec tous ses vêtements, Jin se mit à déambuler lentement dans la pièce, observant l’air circonspect le sol jonché de coupures de journaux et de feuilles en tout genre, comme éparpillées aléatoirement. Voyant son amant perdu dans le chaos de sa propre documentation, Ziendra le poussa à s’asseoir sur le canapé avant de ramasser plusieurs documents et dossiers au sol avec une facilité déconcertante, comme si elle savait exactement où se trouvait la moindre information, le moindre dossier ou la moindre note griffonnée sur un petit bout de papier.

[ambiance musicale de la scène]:

Jin l’écouta alors attentivement, réalisant que les enquêtes de la dragonne ne dataient pas d’hier et qu’elle n’avait pas chômé depuis qu’elle les avait commencée. Ziendra lui exposa alors les faits et la situation. Un cartel de drogue. Le jeun homme grogna, reprenant involontairement une apparence en partie canine, notamment au niveau de ses crocs, qui s’allongèrent, et de ses mains qui se couvrirent de fourrure. S’il y avait bien un type de réseaux illégaux qu’il détestait, c’était les trafics de drogue. Comme le suggérait Ziendra, ce trafic impliquait également des humains, puisqu’il fallait des cobayes pour tester ladite drogue avant de la mettre sur le marché.

« Une drogue qui boost la puissance des alters … Bon sang, ça me fait froid dans le dos. » lâcha le jeune homme. Un frisson lui parcourut le corps entier, imaginant ce qu’il pourrait se passer s’il venait à prendre de cette fameuse drogue. Il se voyait déjà devenir fou de rage, une bête déchaînée et inarrêtable. Non, vraiment, il fallait démanteler ce trafic au plus vite.
« C'est là que je coince. J'ai beau tenté de tout suivre et réunir, seule je n'arrive pas à atteindre cet objectif. La chef me reste inaccessible, et cela à tendance à fortement m'agacé. Je voudrais bien lui faire avaler sa drogue et le voir en faire une overdose pour qu'il expie ses péchés. Enfin, lui péter les jambes et les bras pourrait être suffisant avant de l'envoyer en prison. »

Jin ne put s’empêcher de rire doucement à cette dernière remarque. Même s’il sentait une point de sarcasme dans celle-ci, se doutant que Ziendra n’étaient pas encore convaincue d’adopter la règle d’or de Jin quant au fait de ne pas tuer, le simple fait qu’elle le mentionne d’elle-même lui donna, étrangement, espoir qu’elle la gardait dans un coin de sa tête.

« Chaque chose en son temps. On avisera de ce qu’on fera de la tête pensant de toute cette organisation une fois qu’on l’aura entre nos mains. Pour le moment, il faut surtout réussir à recouper les infos. Qu’est-ce que tu peux me dire sur le réseau de distribution ? On pourrait commencer par là, trouver des petits revendeurs, les faire parler et peu à peu remonter les échelons. Ça ne nous garanti pas d’arriver à retrouver le boss, mais c’est déjà un début. »

Jin ressentait un frisson d’excitation lui parcourir la moelle épinière. Cette sensation était grisante, conjuguée au fait d’être en présence d’une personne qui avait autant d’importance pour lui. Ce cocktail de sensation et d’émotions lui arrachèrent un sourire espiègle, ses yeux rivés sur les dizaines de pages de notes et de coupures de journaux amassés par sa compagne trahissant son ressentit : il était plus qu’heureux, il était extatique, car à partir de cette nuit, il n’était plus seul.

[musique d'ambiance]:

Quand Ziendra lui passa la feuille qu’elle avait extirpé de la nappe de papier qui jonchait le sol, Jin eut un long moment d’incompréhension. Il relut alors plusieurs fois le nom qui y était inscrit. Ses yeux étaient écarquillés, trahissant la surprise et l’incrédulité de la découverte qu’il venait de faire. Devant la mine interrogative de sa compagne, le jeune homme releva lentement les yeux vers, les mains un peu tremblante, tandis que son coeur vint tambouriner dans sa poitrine.

« Ziendra … Tu es sûre de tes infos ? Tu es sûre de ne pas avoir fait d’erreurs ? »

Devant l’incompréhension de la dragonne, qui lui soutenait que son enquête avait été minutieuse et qu’elle était persuadée de ne pas s’être trompée, Jin reposa son regard sur le document, scrutant le nom avec désespoir.

« C’est … C’est mon patron. Celui de l’épicerie où je travaille … Mr Takahashi. Kazuki Takahashi. Je … j’y crois pas. »

Face à cette découverte, le jeune loup était totalement désemparé. Toujours tremblant, il lâcha malgré lui les documents qui tombèrent par terre et se leva lentement, avança vers le mur opposé à Ziendra, s’appuyant le front contre ce dernier, les mains au dessus de la tête. Depuis tout ce temps, il avait sous les yeux une ordure de première, et il n’avait rien vu. Il s’était laissé berné par son apparente gentillesse, et il avait totalement baissé sa garde. Il s’était fait manipulé comme un bleu, il se sentait idiot, et surtout trahi.

Ne pouvant retenir sa colère, Jin frappa violemment du poing dans le mur, revêtant instinctivement son apparence de loup. Il répéta les coups à plusieurs reprise, fou de rage d’avoir été incapable de dénicher un tel criminel alors qu’il le côtoyait depuis maintenant presque deux ans. Les coups étaient réguliers, et chacun d’entre eux était de plus en plus fort. Jusqu’à ce que la rage le submerge entièrement, une rage envers lui-même, et que cette dernière le pousse à renverser brutalement le canapé, l’envoyant s’écraser contre un des murs de la pièce. Jin poussa un hurlement rageur, se prenant ensuite la tête dans les mains.

Ses pupilles étaient si écarquillées qu’on avait du mal à les distinguer, et ses yeux étaient devenus presque entièrement rouges tellement le sang affluait dans les vaisseaux sanguins de ses globes oculaires. Il était totalement hors de lui, hors de contrôle, meurtri par sa propre incompétence, pensant à toutes ces personnes qu’il avait ainsi condamnées. Jin était à genoux, frappant des deux poings sur le plancher, incapable de contrôler sa colère.

« L’enfoiré … L’espèce d’enfoiré … Depuis tout ce temps je l’avais sous les yeux et j’ai rien vu … Putain … Putain … PUTAIN DE MERDE !!! ENFOIRÉ !! »

Rapidement, les larmes et la culpabilité vinrent s’ajouter à la colère, et Jin arrêta lentement de frapper le sol, regardant tantôt ses mains, tantôt fermant les yeux, les dents serrées. Oui, plus que de la colère, que de la rage envers lui-même, c’était de la culpabilité qu’il ressentait. Par sa faute, des dizaines, voire des centaines d’innocents avaient sans doute souffert. Tout ça parce qu’il n’avait pas su voir, parce qu’il avait été aveugle. Ou parce qu’il n’avait pas voulu voir, peut-être ?

[musique d'ambiance]:

Il reprit alors sa respiration, laissant les dernières larmes couler sur ses joues, puis prit de grandes inspirants avant de fermer les yeux pour se calmer et se redresser. À genoux devant Ziendra, il ouvrit alors les yeux, son regard transmettant une colère froide et un désir de justice inébralable.

« Je vais le lui faire payer. »

Le loup se releva alors, ramassa les documents et les étudia de nouveau. Peut-être Ziendra avait-elle d’autres informations utiles sur Mr Takahashi. Maintenant qu’il y pensait, même s’il avait fait preuve de négligence durant tout ce temps, le fait de l’avoir côtoyé si longtemps lui donnait un avantage certain : il le connaissait, personnellement. Il pouvait prédire ses habitudes, et surtout, il pouvait trouver un moyen de l’attirer là où ils le souhaitaient.

« Je sais comment l’attirer ici. Sa mère. C’est son principal point faible. Il nous en a souvent parlé. Elle est âgée et malade. Si on arrive à lui faire croire qu’elle est en danger, qu’on l’aurait kidnappée, il rappliquerait là où on le voudrait en moins de deux. Par contre, il restera toujours le problème des gardes du corps. Comme tu le dis, il ne viendra sûrement pas seul, et on a aucun moyen de prévoir leur nombre ou leurs alters respectifs. Il faudra donc préparer le terrain, et tirer avantage de l’effet de surprise. »

Jin était froid, presque distant, ce qui était très inhabituel pour lui. D’ordinaire timide et maladroit, ou doux et chaleureux avec ses proches, il ne restait plus qu’un homme rongé par la culpabilité, qui se muait graduellement en haine pour un homme qu’il croyait si bien connaître. Il avait été dupé, mais bientôt, il allait réparer ses erreurs.

« Ziendra … Tu es sûre de tes infos ? Tu es sûre de ne pas avoir fait d’erreurs ? »

Bien sûr qu'elle était sûre ! Comment pourrait-elle remettre en doute des mois de recherches scrupuleuse et de longues nuits sans dormir ? Elle donnait le meilleur d'elle-même à chaque fois, et tenter d'en tirer le meilleur bout. D'en tirer seulement ce qui était intéressant, unique, et qui pouvait la faire avancer. Cette information avait été vérifier, retraiter afin de ne pas condamner un innocent, avant d'être valider après l'avoir vu faire la leçon à quelques dealers de bas-étages, et de récolter son dû. Elle n'avait jamais toutefois prêter attention à la boutique, et de cela provenait son ignorance quand l'homme lui annonça qu'il s'agissait de son patron.
Elle fut surprise, bouche-bée... Un mélange amer de goût dans sa bouche, de tristesse et de colère... Et de faiblesse face à un loup en proie à un nouveau désespoir. Ziendra ne pouvait que le regarder marteler les murs et le sols de ses poings, des larmes et des grognements prouvant l'effondrement d'une partie de sa vie qu'il avait vécut dans le mensonge.

Voir cette douleur si réel et violente en ce moment dans son amant, la fit se perdre dans son cheminement parfait. Ici, elle ne savait pas quoi faire, dépourvu de moyens. Comment le faire se redresser, lever la tête, et ne pas succomber? Surtout qu'elle-même ressentait cette traîtrise en voyant son loup si mal, elle-même sentait son cœur battre à s'en décoller de la poitrine avec une adrénaline mauvaise d'un goût de désir de vengeance brûlant dans tout son corps.
Après tout, ce salopard venait de brisé son amant, car c'était un connard qui s'était fais passer pour monsieur tout le monde... Et même le loup au sens aiguisé y avait cru. Quel enflure... Comment osait-il faire des sales choses, des actions indignes de l'humain, et en plus profiter de l'innocence d'autre et de leurs besoin pour se justifier une couverture ?! Elle grognait à son tour.

« L’enfoiré … L’espèce d’enfoiré … Depuis tout ce temps je l’avais sous les yeux et j’ai rien vu … Putain … Putain … PUTAIN DE MERDE !!! ENFOIRÉ !! »

Ziendra comprenait que trop bien ces sentiments à cet instant là, et ses yeux se plissèrent dans cette idée de mettre à mort celui qui venait de meurtrir son loup. Le pardon et la prison n'était pas pour cette raclure, qui se rattacher à une plus grosse, la mort était maintenant la seule option que la dragonne voulait bien accepter de voir. Le pardon, elle ne semblait pas connaître, ni la miséricorde à cet instant précis. Juste l'idée de lui faire sauter la tête, et d'étaler son sang sur les murs dans le combat d'une Justice bien méritée.
Quand il se releva, elle s'approcha de lui, afin de jeter un coup d'oeil sur ses pattes, et vérifier leur état.  Vérifier que tout allait bien, car la jeune femme aurait besoin de lui à son plein potentiel pour se battre contre l'individu et ses probables garde du corps.

« Je vais le lui faire payer. »
« On va lui faire payer. Tu n'es pas seul, je te le rappelle. » Rappela Ziendra.

Ainsi il concocta un plan, grâce à l'erreur de celui-ci d'avoir trahi la confiance de Jin... Celui-ci pu utiliser ses connaissances à leurs avantages, à l’avantage de cette mission de Justice et de vengeance. Alors la jeune femme retourna fouiner dans ses affaires avant de basculer sa table, et étaler dessus la carte dessiné main des lieux par elle-même. D'un sourire du coin elle l'a présenta à Jin, fière de son œuvre. Ziendra présenta son œuvre, puis pointé le lieux qui l’intéressait : Elle le nommait la Tuyauterie. C'était un complexe ancien de gestions des eaux, à l'abandon car il fut mal entretenue, laissant alors ses immenses tuyaux créer un chemin complexe et un avantage pour les connaisseurs des lieux : leurs avantages.
Il fallait se servir de ces tuyaux comme un labyrinthe, et user d'autres comme des pièges à faire sauter pour boucher les différentes issus qu'elle montrait du doigt.

Ici, the Wolf pouvait admirer comment la jeune femme pouvait être calculatrice dans le moindre millimètre, en plus d'être réactive avec son sang-chaud et son fort caractère de combat. Elle savait se poser, réfléchir à une solution, tant que celle-ci lui sera profitable. Ziendra se montrait bien plus dangereuse, toutefois, dans ces calculs. Moins de laisser aller avec la chance, plus de calcul de chaque possibilités avec une précision impressionnante. Ces années et nuits passés à observer sans jamais agir lui avait donné l'occasion de tenir des petits carnets d'informations, qu'elle tandis au loup par ailleurs. Il décrivait différents alter, les techniques de combat les plus fréquentes suivit d'une multitude de calculs selon chaque alters reconnu. Il n'y avait pas de différentiation dans les héros ou vilains : ils pouvaient tous être des ennemis un jour.

« Toutefois, avant que l'on continue, je préfère te le dire. Je n'ai pas très envie de laisser cet homme sortir vivant... Et dans ce cas, c'est moi qui le tuerai. Justice doit être faite, pour toi et tous ces innocents perdus qu'on a pas pu sauver avant. Je veux le faire souffrir et cracher. Je veux le voir se lamenter et chialer. Je veux lui faire vomir ses tripes avant de lui faire bouffer à nouveau, et d'éclater son crâne pour repeindre les murs. »

Elle alluma une cigarette, visiblement très sérieuse, avant de recracher sa fumée. Ses yeux fixaient le loup, projetant leur volonté d'assassinat en lui. Il n'avait pas besoin de se salir les mains, s'il ne voulait pas. Mais elle ne voyait pas d'autre solution pour cette pourriture qui avait osé lui faire mal. Elle ne voyait pas d'autre solution, c'était le seul chemin, la seul voie.

[ambiance de la scène]:

« On va lui faire payer. Tu n'es pas seul, je te le rappelle. »

C’est vrai. Il n’était plus seul désormais. Cette sensation était nouvelle pour Jin, mais elle avait quelque chose de réconfortant. Mêlée à la colère qui bouillonnait au plus profond de son être et à la culpabilité qui rongeait la moindre de ses pensées, se savoir soutenu dans cette situation toute nouvelle pour lui était un atout précieux.

Il aida Ziendra à remettre la table en place et la débarrasser de tout ce qui n’avait pas besoin de s’y trouver, puis laissa la dragonne étaler une carte de la zone industrielle qu’elle avait faite elle-même. Bon, elle n’était pas digne d’un cartographe, mais l’essentiel n’était pas là. L’essentiel, c’était qu’ils pouvaient y trouver toutes les informations dont ils avaient besoin. Le duo de justiciers passèrent donc de longues minutes à étudier la carte, Jin se laissant guider par sa belle. Cette dernière avait de longues sessions d’espionnage et d’observation à son actif, elle connaissait bien mieux que lui les moindres recoins que pouvaient abriter la zone, et possédait aussi beaucoup de notes sur les alters des différents malfrats qu’elle avait pu observer.

C’était une très bonne base. Ils avaient déjà l’avantage du terrain, et avoir une liste des possibles alters de leurs futurs adversaires leur permettraient d’adopter une stratégie adéquate. La dragonne ne semblait d’ailleurs rien laisser au hasard, faisant de son mieux pour envisager tous les cas de figure possibles et inimaginables. Un travail de grande qualité, pratiquement du travail de pro aux yeux du loup. Reprenant lentement son aspect humain, Jin feuilleta les carnets de notes de la dragonne, n’étant guère surpris d’y voir figurer aussi bien des vilains, que des malfrats et des héros. Après tout, sa belle croyait encore en l’idéologie de Staïn, même si Jin avait semé dans son esprit les graines du doute.

Toutefois, le loup grimaçant en lisant parcourant les pages noires de notes : il y avait tellement d’alters différents, beaucoup trop de possibilités différentes. Leur plan allait reposer grandement sur l’effet de surprise et sur leur maîtrise du terrain. Ils allaient devoir éliminer un maximum de gardes avant de s’attaquer frontalement à leur chef. Leur patron. Ce dernier mot résonna avec une amertume nouvelle dans l’esprit de Jin. Sa vie personnelle, professionnelle allait en prendre un coup, mais tant pis. Il ne pouvait pas se résoudre à laisser Takahashi continuer ses affaires sans lever le petit doigt.

« Toutefois, avant que l'on continue, je préfère te le dire. Je n'ai pas très envie de laisser cet homme sortir vivant... Et dans ce cas, c'est moi qui le tuerai. Justice doit être faite, pour toi et tous ces innocents perdus qu'on a pas pu sauver avant. Je veux le faire souffrir et cracher. Je veux le voir se lamenter et chialer. Je veux lui faire vomir ses tripes avant de lui faire bouffer à nouveau, et d'éclater son crâne pour repeindre les murs. »

C’est ce que Jin craignait, au fond de lui. La perspective d’ôter une vie ne l’enchantait vraiment pas. Et que cet acte soit commis de sa main ou de celle de Ziendra n’allait pas y changer grand-chose. Si la dragonne tuait Takahashi, Jin aurait son sang sur les mains de la même manière que s’il le faisait lui-même, puisqu’il ne serait alors pas intervenu pour empêcher sa partenaire de passer à l’acte. Toutefois, cette fois-ci, l’idée de se débarrasser définitivement d’une telle ordure ne lui paraissait pas si mal que ça. Peut-être était-ce dû à la vengeance qui grondait en lui ? Peut-être sa culpabilité le poussait-elle sur un chemin pentu et glissant ?

« Écoute, tu sais ce que je pense du fait de tuer quelqu’un … Ce n’est pas une idée qui m’enchante. Alors une fois qu’on sera face à lui, laisse moi lui parler. Laisse moi juste lui parler un instant. Lui donner une chance de se justifier en me regardant droit dans les yeux. » Jin marqua une longue pause, fixant successivement la carte étalée sur la table et le dossier de la dragonne sur leur cible.

« Mais s’il faut vraiment le tuer … » Jin releva alors un regard plein de haine, ses yeux étant à nouveaux rouges de folie, tandis que ça voit devint sombre, lugubre et inhumaine. « … C’est moi qui m’en chargerait. »

[ambiance de la scène]:

Ziendra n’eut pour seule réponse aux derniers mots de Jin qu’un sourire satisfait. Jin était en train de sombrer. Ces idéaux mis à mal, ses émotions lui dictant sa conduite, il était en train de perdre sa moralité et risquait de transgresser sa règle d’or ce soir là. Mais il s’en fichait. Sur l’instant, tout ce qui lui importait, c’était de faire payer à Takahashi tout le mal qu’il avait causé.

Pendant que Ziendra partait de son côté poser des pièges un peu partout dans la zone, Jin se retrouva alors seul dans la pièce. Seul avec ses pensées, avec sa rage, avec sa culpabilité. Dans un nouvel accès de rage, il retourna toute la pièce, lança chaise et table aussi brutalement qu’il le pouvait. Au bout d’un moment, il s’arrêta, haletant seul, au milieu du carnage, et regarda alors par la fenêtre. La zone industrielle brillait de milles feux, comme un essaim de lucioles perdu dans l’obscurité de la nuit.

Le loup sortit alors de la planque de Ziendra, marchant sous la pluie, errant plus dans ses pensées que dans le dédale de tuyaux et de vieux bâtiments abandonnés qui s’offrait à lui. Au plus profond de lui, il avait vraiment envie de le tuer. Le faire souffrir, répandre son sang au sol, sur les murs, comme l’avait dit Ziendra. Mais en serait-il capable ? Parviendrait-il à franchir cet ultime pas qu’il s’était toujours refuser à entreprendre ? Et si ce n’était pas lui, parviendrait-il à supporter de voir Ziendra le faire à sa place ? Pourrait-il vivre avec l’idée qu’elle comme lui devraient composer avec le fait d’avoir définitivement basculé du mauvais côté de la loi, malgré leur désir de justice ?

La justice … La justice valait-elle la peine qu’on sacrifie tout pour elle ? Valait-elle la peine que Jin sacrifie son code moral ? Et sa mère ? Il ne voulait pas la faire souffrir … Mais c’était un vœu hypocrite, égoïste de sa part … s’il n’avait vraiment pas voulu la faire souffrir, il ne serait jamais devenu The Wolf … Non, c’était bien trop tard maintenant. Il ne pouvait plus reculer. Il avait eu la preuve que peu importe son combat, peu importe ses efforts, la vermine pullulait et pullulerait toujours. Il avait côtoyé l’un de ces monstres qu’il traquait pendant si longtemps, sans se rendre compte de tout ce qu’il pouvait causer comme souffrance. Il aurait pu les sauver … Ces innocents, ces pauvres personnes qui souffraient ou avaient souffert par sa faute, par son incompétence et son incapacité à voir ce qu’il avait sous les yeux. S’il n’avait pu les sauver … Il les vengerait.

« Désolé, Shizen … mais je crois bien qu’au final … Aussi The Wolf comme Jin Akira ne sont pas le héros bienveillant et vertueux que tu as vu en moi. »

Jin ferma les yeux, ses larmes se confondant avec la pluie qui ruisselait sur son visage canin. Il reprit alors la direction de la cache de Ziendra, où cette dernière devait sans doute l’attendre. L’heure de vérité approchait, et tandis que le soleil se levait lentement, il retrouva sa belle dragonne, qui l’emmena dans un petit garage un peu plus éloigné, sans dire un mot. Lorsqu’elle ouvrit la porte, Jin fut surpris. Des armes blanches en tout genre : couteaux, machettes, dagues, battes de baseball renforcées au barbelé. Des filets et des sortes de bombes artisanales jonchait l’établit alors qu’au milieu du garage, une vieille voiture délabrée semblait tenir en un seul morceau plus par miracle qu’autre chose.

« Ne prends pas peur, je n'ai jamais utilisé ces choses, sauf la voiture une fois. C'est celle de ma patronne, mais elle ne me l'a jamais réclamé, ni vérifier mes papiers. Je me suis toujours dis que ça me sauverait la vie un jour, et elle pourrait nous êtres utile si les choses tournent mal. 
- Je n’ai pas peur. Je suis juste … étonné que tu aies réussi à te procurer tout ça sans jamais attirer les soupçons. Je t’ai grandement sous-estimée, on dirait … Une fois cette histoire terminée, je pense qu’il faudra qu’on joue cartes sur table, toi et moi. Mais pour l’heure … On a du nettoyage à faire. »

En même temps qu’elle écoutait son amant, la jeune dragonne avait revêtu une tenue de combat visiblement faite par ses soins avec les moyens du bords. Du cuir noir, cousu main, et renforcé de plaques de fer aux endroits les plus importants, ainsi qu’un masque en os de bête, comme ces masques shamaniques qu’on voyait beaucoup dans les films. L’ensemble lui donnait un aspect terrifiant, presque démoniaque. Sans doute jouait-elle sur ce que ses parents et tout ceux qu’elle avait connu avaient toujours pensé d’elle : qu’elle était un démon impie. Jin, de son côté, trouvait son apparence terrifiante des plus admirable : lui-même n’inspirerait pas autant la peur dans le coeur de ses ennemis avec son apparence de loup-garou, et pourtant sa stature imposante avait de quoi déstabiliser pas mal de monde.

« Quand cette mission commencera, je t'appellerai uniquement the Wolf, et je serai Onyx. C'est le surnom que je me suis choisis. » Elle présenta son attirail fait main. « Qu'en penses-tu ? Je fais comme je peux avec les moyens du bord et mon petit budget... Mais je ne voudrai pas, si jamais il y a fuite, me faire reconnaître et emmener par les autorités. Pas lors du commencement de notre quête.
- Tu es parfaite. » dit simplement Jin, la prenant par les hanches pour l’amener contre lui. Il souleva alors le masque d’os pour plonger son regard dans celui de sa bien aimée, avant de lui voler un doux baiser. « On va les faire trembler de peur. La dernière chose qu’ils verront seront The Wolf et Onyx. Maintenant, je suis prêt. Allons-y et mettons un terme aux actions de cet enfoiré de Takahashi. Il va payer pour tout le mal qu’il a fait et m’avoir dupé. Si je n’ai pas pu sauver toutes ces personnes qui ont souffert à cause lui … Je les vengerai. Quelqu’en soit le prix. Tu es avec moi, mon amour ? »

[ambiance de la scène]:

Après lui avoir subtilisé un autre baiser, Ziendra emmena Jin pour repérer les lieux. Effectivement, Jin ne connaissait pas bien l’endroit que la dragonne avait elle-même renommer la Tuyauterie, aussi prendre la journée pour se familiariser avec son environnement ne pourrait être que bénéfique pour le loup. Heureusement pour lui, il avait une bonne mémoire photographique, et un bon sens de l’orientation. De plus, il savait s’adapter, alors ça ne devrait pas lui poser tant de problème que cela. Il ne connaîtrait pas la topographie par coeur en quelques heures, mais il parviendrait sans problème à mémoriser l’itinéraire principal qu’ils allaient emprunter ainsi que les endroits où étaient posés les différents pièges.

Ziendra préférant attendre la nuit pour agir, ils retournère dans leur cache, où la dragonne leur prépara du café. Jin accepta la tasse, mais ne but presque rien de son contenu, les yeux rivés sur les fenêtres, scrutant l’horizon. L’impatience le gagnait, et il était incapable de faire quoi que ce soit d’autre que de rester là, immobile. Si ce soir là, il allait à nouveau livrer un combat au nom de la justice, ou tout du moins de SA justice, une autre lutte avait déjà lieu en lui. La lutte entre ses instincts bestiaux et son code moral. Une lutte épouvantable, sans fin, aucun des deux partis ne parvenant à prendre le dessus. Cela se traduisait à l’extérieur par une tension extrême. Le corps entier de Jin était crispé, se languissant dans cette attente sans fin d’enfin pouvoir se déchaîner et libérer tout ce qui grondait au fond de lui.

Ce ne fut que lorsque Ziendra vint l’enlacer et lui voler un baiser qu’il sortit brusquement de son état second, sursautant légèrement par l’effet de surprise.

« Je vais me préparer, mentalement et physiquement. On se retrouve aux coordonnées à l'horaire dit, sur le haut de la Tuyauterie. Je crois en toi, en nous. On peut le faire.
- Ne t’en fais pas, je serai à l’heure. »

La jeune femme parti alors, laissant Jin de nouveau seul avec ses pensées et ses conflits internes. Restant immobile encore un long moment dont il aurait été incapable d’estimer la durée, Jin finit par se lever et avancer dans la pièce, se rendant à la fenêtre. La nuit était enfin tombée. La Tuyauterie brillait de mille feu, comme un brasier de lueurs, un essaim immobile. Le théâtre d’un massacre, témoin de l’avènement prochain d’un duo de justiciers que plus rien n’arrêterait. Si Jin ne parvenait pas à se contrôler au moment crucial, cette nuit serait alors un point de non retour.

Inspirant profondément, il prit la porte, laissa sa tasse encore pleine sur la table. Il rejoignit rapidement et sans trop de difficultés Ziendra, déjà postée sur les toits. Cette dernière observait attentivement les alentours avec ses jumelles, à l’affût du moindre mouvement suspect. Jin, quant à lui, regardait le détonateur qu’il avait dans les mains. C’était sur lui que tout se reposait. Sur lui et sa capacité à prendre une décision. Un seul choix … Un instant, aussi court et fuguasse qu’un battement de coeur … et pourtant ce petit battement de coeur allait, quoiqu’il arrive, changer à jamais sa vie.

Sur ses gardes, prêt à partir comme un coureur attendant le coup de feu de départ de la course, Jin bondit instinctivement lorsque Ziendra lui indiqua du doigt la position de leur cible. Il était là. L’enfoiré, il était là. L’heure de vérité approchait maintenant à grands pas. Enivré par la rage qui brûlait dans son coeur, Jin avait foncé tête baissée. Heureusement pour lui, le duo s’était placé à bonne distance, laissant le temps au lycanthrope de se ressaisir et de contourner le petit groupe qui venait d’arriver. Tout comme Ziendra, il observa rapidement les deux gardes qui accompagnaient Takahashi. Un colosse aux yeux dissimulés derrière des lunettes opaques, et un plus petits dont les doigts étaient remplacés par des lames affûtées. Le loup jeta alors un regard à Ziendra.

« On va les attirer dans premier piège. S’ils s’en sortent, je m’occuperai du colosse et toi du type aux lames, compris ? »

S’assurant que la dragonne avait bien entendu, Jin continua d’avancer de toit en toit. Il sortit alors de sa poche une petit grenade qu’il avait prit dans le garage de Ziendra, plus tôt dans la journée, sans que celle-ci ne s’en aperçoive. Il observa alors le trio de proies qui restaient proches de la voiture. Jin fit alors signe à Ziendra de rester en position, puis il descendit des toits, se retrouvant face au trois hommes, qui se mirent immédiatement sur leurs gardes.

« Bonsoir … Mr Takahashi.
- Alors c’est toi ? C’est toi qui menace ma pauvre mère ? Avant de discuter, puis-je savoir à qui j’ai affaire ?
- Appellez moi simplement … The Wolf. Et oui, c’est moi.
- Tu as fait la plus grosse erreur de ta vie … « The Wolf ». Mes gars vont te démolir, et tu vas regretter d’avoir voulu menacer ma famille.
- C’est vous qui avez fait la plus grosse erreur de votre vie, Mr Takahashi, si vous pensez que ces deux types seraient suffisant pour nous arrêter.
- … Nous ? »

Sans plus attendre, Jin lança la grenade sous la voiture et hurla à Ziendra de fondre sur le trio après la détonation. L’espace d’un instant, tout ce que le loup pu voir fut un flash blanc. Le moment d’après, un bruit assourdissant, aussi bref que puissant, et une vague de chaleur intense tandis que la déflagration le projeta en arrière, le faisant s’écraser sur le dos. La voiture n’était plus qu’un brasier infernal, et tandis que Ziendra fondait comme un rapace sur le trio, Jin se redressa le plus vite possible et fonça vers Takahashi. Malheureusement pour lui, le colosse était encore debout et se mit en travers de sa route. D’un violent coup de poing, il envoya le loup s’écraser contre la paroi en taule d’un vieux bâtiment. Un alter de puissance brute donc … Comme ce qu’ils avaient supposé. Tant mieux pour Jin, le combat au corps à corps était sa spécialité. Mauvais point pour lui, ce type avait clairement beaucoup plus de force que lui. Le combat s’annonçait compliqué.

« Attrape le ! Attrape moi ce sale chien et tue-le, Netobi !! TUE LE ! »

Entendant les ordres de son maîtres, le brave chien de garde s’élança alors vers Jin comme une furie. Le loup esquiva alors la charge et prit la direction de la Tuyauterie, s’enfonçant dans le dédale de taule.

« Onyx, occupe toi de celui là et assure toi que Takahashi ne prenne pas la fuite, mais n’oublie pas, je le veux vivant ! »

Le colosse le suivait toujours, et Jin s’en réjouissait. Ce qu’il n’avait pas anticipé, en revanche, c’était la vitesse de ce dernier. Il était bien plus rapide que le loup, et bientôt, il le plaqua au sol, lui coupant le souffle. Netobi se redressa alors, tenant le lycan dans ses bras massifs et le serrant de toutes ses forces. Jin tentait tant bien que mal de le faire lâcher prise, notamment en essayant par la force de séparer ses bras, mais rien à faire. La force de ce type était prodigieuse, presque comme s’il avait pu rivaliser avec un All Might au sommet de sa puissance.

Désespéré et alors que le colosse riait déjà à l’idée de broyer le loup-garou, Jin n’eut pas le choix. Il retira son gant droit et planta aussi profondément qu’il le put ses doigts griffus dans l’oeil du géant, arracha un hurlement de douleur à ce dernier et le faisant desserrer son étreinte. Jin en profitant donc pour prendre appui sur son torse et se propulser en arrière, peinant énormément à se réceptionner, tant il souffrait encore de l’étreinte surpuissante de Netobi. Il leva alors la tête.

« Parfait. Pile au bon endroit. »

Jin appuya alors sur le détonateur, faisait exploser la charge qui se trouvait plus haut et laissant se déverser des tonnes de débris de métal et de tuyaux sur le colosse qui n’eut pas le temps de l’esquiver. Le fracas causé par la cascade de métal souleva tellement de poussière que Jin dut attendre quelques instants avant de pouvoir y voir plus clair. Il vit alors le colosse étendu au sol, vivant mais partiellement recouvert d’une montagne de débris que même sa force herculéenne ne parviendra pas à soulever. L’un de ses bras était d’ailleurs prit sous les décombres, tandis que l’autre était transpercé par une barre d’acier. Jin s’approcha alors lentement de Netobi et se pencha vers lui.

« P… Pitié … J’ai jamais fait de mal à personne … J’ai juste été le garde du corps de Takahashi … J’ai larbiné pour lui de temps en temps, mais j’ai jamais tué personne …
- Mais tu as participé à faire souffrir beaucoup de monde. Je devrais te tuer pour ça … Mais je vais te laisser là, à souffrir … En te privant de ce qui doit sans doute être ta plus grande fierté : tes bras. »

Jin prit alors une autre barre en acier et l’enfonça dans l’épaule du colosse, qui cria de nouveau avant de perdre conscience. Il se releva alors, laissant l’homme à son sort. Après tout, il n’avait fait que le neutraliser, il n’était pas mort. La suite n’était donc plus de son ressort ni de sa responsabilité.