Loin de leur mission, devant ce stade il n’y avait aucune menace apparente. Le vacarme était entièrement dû à l’animation, la joie de nombreux civils profitant des activités et des hauts parleurs retranscrivant les discours et les consignes. Son téléphone se mit à vibrer et lorsqu’elle lut l’écran, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il allait surement arriver en retard. Un peu, rien de catastrophique, ils avaient la journée après tout. La demoiselle s’étire en attendant. Elle hésite entre récupérer de quoi grignoter sur le passage, n’arrêtant pas sa marche après être arrivée à proximité du stade, ou simplement attendre pour que Keita choisisse lui aussi. La deuxième option était plus avantageuse, pas de gaspillage possible. Quoique ? Qui pouvait prédire ? Elle se demande s’il existe des alter qui en étaient capables ainsi que de nombreuses autres questions sur ce monde dont l’évolution était pour elle étrange. Elle hausse les épaules, regarde une fois de plus l’heure et lorsqu’enfin ses pas la guide sur cette porte immense où la foule se presse pour enfin obtenir le droit de les passer, elle se contente de faire la queue pour prendre un peu d’avance. Il fallait être fouillé pour une sécurité plus optimale. Bien sûr, ça n’empêche pas les attaques de front, mais il n’y en aura pas. Ou pas dans sa division en tout cas.

Ses cheveux roses dansaient sur ses épaules au rythme de ses mouvements de tête entre son portable et les directions par lesquelles Keita pourrait arriver. Elle allait bientôt pouvoir rentrer et laissait passer quelques personnes avant d’apercevoir le vengeur. Sa main en l’air, elle gigote dans la foule pour indiquer sa position après avoir envoyé un sms pour avertir qu’elle le voyait. Le but n’étant pas de jouer à cache-cache, elle n’avait aucun intérêt à rester au milieu de la foule, s’approchant des barrières pour être plus facilement repérable. Elle aurait bien utilisé son alter, mais on l’aurait qualifiée de vilaine. Voyons, si tout le monde le faisait il était évident que ce serait la panique, compréhensible pour le coup. Néanmoins c’était contraignant qu’une minorité y soit autorisée grâce à un permis. N’importe quoi. Elle n’en dit rien, appelant enfin son « lapin »

À coup sûr, il ne pourrait pas la louper, elle en tout cas enviait le fait qu’il ait de l’espace. La chaleur combinée à l’attroupement avait quelque chose d’insoutenable et d’irritant. Une fois à l’intérieur ce serait différent et le sentiment d’être légitime serait d’autant plus grand. Personne ne pouvait savoir qui ils étaient et ce qu’ils avaient fait. Le monde ne comprenait pas encore ce qu’ils défendaient vraiment à défaut d’avoir un seul objectif… c’était un peu ce qui gâchait leur ascension, le manque de fil directeur, mais il viendrait tôt ou tard. Pour l’instant, c’était encore bien loin de leurs plans.

Une ombre stagne au-dessus d’elle. Par réflexe, Hanabi tourne sa tête pour observer la silhouette qui la surplombe. Un sourire creuse les traits abimés d’un homme en tenue traditionnelle chinoise. Son corps pivota entièrement par instinct. Il n’était jamais bon de tourner le dos à un héros sans en connaître les intentions. Plus haut se dressaient des affiches qui ne laissaient aucun doute sur l’identité de son vis-à-vis. Le numéro un chinois en personne. Et pour une raison qu’elle ignorait, il était dans la foule à lui parler précisément à elle, vengeresse si l’on pouvait l’appeler ainsi. Jusqu’à présent, ses *méfaits* se résumaient à l’attaque du stade abandonné pour l’occasion, devenu le symbole d’une justice au socle brisé par leurs revendications.

Elle sourit cependant, mains sur les hanches « En effet... hm » un sourire mutin se dessine, bien que la signification n’en soit pas celle escomptée. Non, l’étudiante n’avait aucune envie de discuter, aussi curieuse fût-elle, en délivrer trop sur elle et sur Keita ne sera jamais à son avantage, peu importe s’il s’agissait d’une simple courtoisie. Parmi la foule, il n’était pas tombé sur n’importe qui et elle n’en connaissait pas encore la raison. Coincée pour l’instant, tout ce qu’elle pouvait faire c’était endosser le rôle de l’étudiante en génétique qu’elle était, ni plus, ni moins. « Et vous ? Vous… ne devriez pas être à l’intérieur Monsieur ? »

Sa méfiance envers les héros était-elle palpable ? Elle essayait de faire au mieux. Ne pas juger un livre à sa couverture, bien qu’il en tenait une sacrée couche. Les informations restaient discrètes au sujet des autres pays et quand bien même, démêler le vrai du faux s’avérait être un travail trop méticuleux pour son emploi du temps déjà bien rempli. Elle devait bien avouer que se trouver en présence d’un haut placé dans la hiérarchie élitiste des héros avait quelque chose d’impressionnant. Elle n’était pourtant pas dans tous ses états, loin d’être excitée par cette présence douteuse, encore moins tendue par la moindre peur. C’était un vide qu’elle ne comprenait pas elle-même et qu’elle désapprouvait.

Les seuls sentiments partagés qu’elle avait étaient pour le vengeur aux cheveux blancs. Ce type était une crème quand il était avec elle et un véritable démon quand il était énervé. Elle ne pouvait décemment pas lui en vouloir d’avoir ce tempérament, elle aussi relativement sanguine quand on tendait certaines cordes. Restait à savoir si le héros tirait sur l’une de celles de Keita.