T'es un homme hein?

Mon poing s’enfonça dans son bide, ces yeux parurent sortir de leur orbite, mes phalanges craquèrent sous l’impact. Il s’affaissa au sol crachant un filet de bile qui tomba misérablement sur mes bottes… Je levai mon pied gauche et d’un coup latéral faucha la mâchoire de ce gars-là ! Il s’effondra au sol. Mon regard dédaigneux restait figé sur la masse étendu sur les pavées. Il m’avait repoussé, je lui avais proposé de l’aider, il avait refusé, il m’avait ensuite attaqué. Il n’y avait rien à faire, j’avais évité ces coups dans un premier temps, j’avais continué d’essayer de l’aider, mais je ne peux aider personne qui refuse d’être d’aider. J’avais été obligé de le cogner, c’était lui ou moi, ma mission viens à peine de commencer, je ne peux pas quitter ce monde, en plus, moi je ne venais pas de cambrioler une boulangerie. J’avais à peine eu à utiliser mon alter quelque seconde, seul une poignée de seconde m’avait offert la victoire.  Ce sac de graisse était animé par l’orgueil, il était chialait misérablement à grosse goutte. Etait-ce le même gars qui avait essayé de m’électrocuter quelque secondes auparavant ? Etait-ce le même homme qui désormais était réduit à implorer pour son existence. En l’état, je ne peux rien faire pour lui, je ne veux rien faire pour lui. Je ne veux pas m’abaissé à aider cette merde. Par son refus, par son habitude misérable, je ne ressens que mépris pour lui. Comment un homme dans la force de l’âge, avec une force physique importante, un alter puissant peut tomber si bas ? Il n’a aucune dignité, il ne peut être homme par cette faiblesse, un humain se doit de dominer et non d’être dominé. L’homme est censé être fort, or je ne vois aucune force dans ce sac adipeux.

Je me baissai, puis attrapa la frange permanenté du salaud, puis levai d’un coup sec, tandis que sa face déformée par les sanglots émergeait devant ma gueule. Je plissai la bouche, je méprisais cet être faible, cet être misérable et incapable. Je restai plusieurs secondes à plonger mon regard dans ses yeux de chien battus, fuyant les éclairs de mes yeux. Puis, rapprochant mes lèvres décharnée et sèche de son oreille siffla de ma voix rauque dans un japonais de junkee :

« T’es vach’ment faible… T’m’fais pitié… Quand on est nul com’ ça, quand on a un blème, on accepte l’aide des aut’ ! »

Puis, entendant le son des sirènes de police, me releva, laissant l’autre au sol, sans aucun remord et alors que j’expliquais rapidement la situation à la police, j’entendis un bruit, grâce à mes réflexes je me retournai à temps pour esquivé le pitoyable assaut de l’autre, puis enfonça le plat de ma main dans la glotte de l’autre qui s’effondra de nouveau au sol. Je lâchai mon plus gros crachat sur sa face d’ahuri suffoquant au sol. Puis lâcha mon meilleur rictus cruel. Aucun respect dans mon cœur pour ce genre d’individu, rien du tout, seul un mépris cuisant. Je le laissai à la police sans un regard en arrière, puis repartis.

Mes écouteurs vissés sur mes oreilles, Wagner résonnait au fond de mon esprit, les notes se mêlaient au tempo de mon cœur. Encore un faible qui avait besoin d’aide et qui a refusé de la recevoir. Ce n’était que justice, je lui ai foutu une bonne rouste, je lui ai cassé sa petite gueule prétentieuse de gros, si au moins il était compétent, mais il est d’une incompétence incroyable. J’étais quasiment de retour au studio qui me servait de bureau de héros, lorsque je remarquai devant la petite porte dans la ruelle, il y avait une silhouette massive avec un crâne qui évoquai la roche et ce gars-là, parce que c’était une silhouette de bonhomme que voilà. Le bougre culminait à près d’un mètre quatre-vingt-cinq, une taille plus que raisonnable.

Puis, je me souvins que j’avais eu un appel de UA, ma bonne vieille académie de héros, ils avaient décidé de m’envoyer un élève de sa propre initiative, il me semble. J’étais rentré au pays du soleil levant depuis seulement quelque temps et me voilà déjà avec un stagiaire sur les bras. Ne vous détromper pas, j’étais heureux d’avoir un stagiaire, très heureux. J’espérais juste ne pas avoir une loque. Mais de toute façon si j’avais été choisis, c’est parce que ce gars-là voulait avancer, progresser, rien que pour cela,  j’étais prêt à aider ce gamin, pour le plaisir de l’homme et de la puissance. De ce fait, je retirai mes écouteurs, puis de ma grosse voix tonna :

« Eh, mais c’est toi, l’stagiaire ! Cesar Octavius, alias Juggernaut ! Ravi de t’rencontrer ! »

J’avais parcouru la distance qui nous séparait en trois enjambées et avais placé ma main en avant, pour qu’il me la serre. Les japonais avaient la fâcheuse tendance à ne pas apprécier les contacts physique, pour être un homme, un vrai, il ne fallait pas avoir peur des contacts physiques, c’était même primordiale pour travailler avec moi. Je jubilais d’avoir un possible stagiaire. J’étais si excité de passé à l’entretien pour savoir si j’avais devant moi un homme ou un homme en devenir. J’avais beaucoup d’attente concernant ce gars-là !

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T'es un homme hein?

Bien qu’il eut hésité quelque seconde, enfin  c’est ce que je crus, le jeune homme attrapa finalement ma patte. La poigne était certes insuffisante, mais l’intention  primait assurément pour moi, il avait au moins la volonté d’avancer.  Et alors que les yeux à moitié fermé, un sourire aux lèvres, j’attendais qu’il se présente, que j’entende sa voix, l’autre leva les mains et commençai à faire des signes. Mon sourire disparu, mes yeux s’agrandir… Si on me l’avait dit, j’aurai probablement réfléchis à deux fois avant d’accepter un stagiaire, me voilà probablement avec un muet sur les bras. Non pas que je n’aime pas les muets, mais c’est avant tout une difficulté supplémentaire d’ensuite pouvoir converser avec lui. Me voilà dans un pétrin que je n’avais guère prévu que ça se déroule de cette manière. Une partie de mon rêve d’entrainement spartiate venait de s’envoler. Je me forçai à sourire un peu plus, après tout ce n’était pas sa faute si il était muet… Autant vous dire que je ne pigeai pas à traître mot de la langue des signes. De ce fait, je lui répondis en soufflant un peu:

« Désolé, je cause pas la langue des signes. Attends, on s’ra mieux dedans pour causer. »

J’étais sensé me comporter comment ? Je logeais tout le monde à la même enseigne, handicapé, valide, tout le monde et cela peut importe la nationalité, l’orientation sexuel. Je taille tout le monde de la même manière et je traite tout le monde aussi. J’avais peur que le gars ne soit qu’une larve, dire que je ne connaissais même pas son blase… Fait chier quand même, pourquoi ça m’arrive à moi ? Je sortis les clés de ma poche et les enfonça dans le trou de la serrure tourna tandis que la vieille porte en bois tournais. De là, il y a avait un couloir ridiculement petit, tant que j’étais obligé de me plier en deux pour rentrer. Au bout du couloir, un petit bureau avec deux sièges et une table brinquebalante, des poussières et des emballages partout. Dieu que c’était sale... Je m’excusa d’une voix bourru, mais surtout d’un ton qui ne ressemblait pas à des excuses, je m’en foutais bien des avis des autres, j’étais assez fier de cet endroit même. C’était un habitat épicurien qui mettait à rude épreuve les gens un peu trop faible. Le plafond de permettait de ne pas me plier, une vieille ampoule luisait d’une lueur blafarde, tandis qu’une fenêtre avec un courant d’air laissait passer le vent assez abondement, au moins ça ne puait pas grâce à cela, cet endroit était une ruine, j’en avais conscience, mais je n’avais pas les moyens pour plus. Au fond du bureau, mon appartement, derrière une porte à moitié ouverte.

Je m’assis sur un fauteuil en bois en tout point inconfortable, puis désignant l’autre siège à celui qui allait probablement devenir mon stagiaire. Je jetai une boite de pizza qui trainait sur mon bureau, puis cherchant un stylo et une feuille au milieu des dossiers et des tiroirs, tout en jurant comme un arracheur de dent, alternant entre anglais, japonais et italien, un sourire probablement un peu trop cruel aux lèvres, finalement. Je réussi à en trouver, que je m’empressai de filer au môme, puis recommença à parler, d’une voix que j’estimai assez douce, enfin aussi douce que j’en étais capable :

« Tiens gamin, tu peux écrirai pour t’présenter. Nom, prénom, ce genre de chose. »

Je fis une pause, rangeant à peu près pour que ça ait l’air potable, puis repris d’un air dur :

« Bon, je sais pas si t’es vraiment muet, mais je compte bien te faire travailler comme n’importe qui, j’vais pas te ménager, surtout à ce grand corps. J’ai pas besoin de lopette pour être avec moi. Ce sera dur, tu vas en chier, j’te l’jure. Mais, si tu réussi ce stage gamin, tu seras en voie de devenir un homme, un vrai, pas une chieuse. Mais, j’pense que si t’mas choisis c’est que tu savais à quoi t’en tenir, non ? »

Je me reculai sur ma chaise, puis recommença à sourire de manière crâne. C’était le moment qui écrème le tout, ceux qui reste auront assez de volonté, au moins pour que je le ménage un peu. Ne croyez pas que j’ai envie de me retrouver avec un suicide sur le dos. Mais, s’il décide de rester, c’est qu’il a envie d’avancer, c’est ce que je recherche avant tout. Les personnes rétrogrades ne méritent pas mon aide. Alors gamin, qu’elle sera ta réponse ? Réussiras-tu à satisfaire César ?

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Je restai là, à regarder l’imposant élève griffonner toute les informations qui m’étaient utile. Bien que cela ne m’arrangeait pas d’avoir quelqu’un de muet à mes côtés, je ne pouvais pas le déprécier sans au moins avoir testé ce qu’il valait, après tout, il était peut-être quelqu’un de valeur. Je baillais en regardant partout dans mon petit bureau, attendant patiemment que la graine de héros avait terminé, je n’étais pas pressé, après tout, j’avais plus ou moins terminé ma journée de travail et je comptais juste me reposer. A mes yeux aider quelqu’un à progresser était un loisir, une chose qui faisait vibrer mon âme, battre mon cœur et émouvoir mes sens. J’étais sensible à la détresse des jeunes qui avaient besoin d’aide, qui ne voulait pas abandonner, qui ne se résignait pas, qui avait cette force présente en eux ! J’avais en moi bien des pensées, certaine contestable, d’autre admirable, je rangeais de manière incontestable ma passion, ma volonté de créer une vocation et une personnalité chez les futurs héros comme ma pensée la plus vertueuse et admirable. Croyez-moi ou non, mais j’étais excité, sincèrement à l’idée de faire progresser le jeune garçon. L’idée même de faire progresser quelqu’un, d’en faire la meilleur itération de lui-même était à mes yeux, la base même de mon métier de héros, bien avant cogner des rebus et des sous-merde.

Finalement, après quelques minutes, le jeune garçon me donna la feuille et alors que je plissais les yeux pour bien lire les caractères, car j’avais du mal avec la lecture du japonais, je voyais bien que devant moi, le jeune garçon irradiait d’une détermination fantastique, je lisais dans son regard cette étincelle, cette glorieuse étincelle. En voyant cela, je voyais bien que le jeune garçon en voulait. Je voulais transformer cette étincelle en un brasier, je voulais dès maintenant inviter le jeune garçon à se lever pour aller travailler avec lui, s’améliorer ensemble, voir ses progrès. Je secouai la tête pour expulser de mon esprit ses pensées hâtive. Je me devais d’essayer de faire chaque chose en son temps et de bien prévenir le gamin de la manière que j’avais d’arrêter et d’entraîner, ma foi fort proche l’une de l’autre.

Mes yeux parcouraient la feuille tandis que j’essayais d’intégrer tous les renseignements, après cela, posant la feuille sur la table, je me tournai vers celui pour lequel je connaissais désormais le prénom et qui était venu me voir, Koji Koda :

« Bon, m’cher Koji ! J’vais pas passer par mille chemins. J’suis vraiment honoré qu’tu veuille faire un stage chez moi. Mais, j’dois t’prévenir encore une fois. J’vais mett’ d’la bonne volonté parc’que t’as qu’quinze ans, mais j’dois pas être l’seul à faire ça hein ? J’vais pas t’forcer à causer, j’me doute bien qu’ça doit être compliqué pour toi, mais si t’es pas muet, on va essayer d’travailler ça, ç’pourra qu’t’aider dans ta vie futur. Et puis, si t’viens chez moi, c’est pour apprendre à combattre au corps-à-corps, si c’est pour les principes d’un héros, tes profs te raconteront ça mieux qu’moi. Ton alter est pas vraiment dingue pour un combat, mais t’as un grand corps, si bien que je t’aurai vu plus vieux gamin. On va essayer d’faire quelqu’chose avec toi, t’as du potentiel physiquement, manque plus qu’à le mettre en pratique… Ce s’ra dur, je s’rai dur, froid, je le redis, mais la fin ne pourras être que magnifique, tu n’crois pas Koji ? »

Cette fois, il avait toutes les cartes en mains, il allait être seul artisan de ses choix, entre choisir la voie de la force et la voie du lâche. Mais, je n’avais pas peur, j’avais aimé son regard et je ne doutais pas de lui. Je devinais sa réponse ! J’étais presque fier que ce jeune garçon, si il acceptait allait devenir mon premier apprentis, c’était un rêve qui devenait réalité !

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Ma foi, tout avait l’air carré, le gamin semblait en vouloir. Il ne transpirait clairement pas la confiance en soi, mais c’était mieux que rien, non ? Après tout, je n’étais pas en mesure de me plaindre, je n’étais réellement qu’un héros depuis seulement quelque semaine, je ne pouvais pas en attendre trop. J’attrapai sa convention de stage et apposai ma signature et mon tampon sur la feuille et vérifiant une dernière fois que tout semblait en règle, je l’allongeai légèrement sur mon siège un sourire satisfait sur les lèvres.

Se posant désormais la question de quoi faire. Lui apprendre à se battre dès maintenant ? C’était peut-être un peu trop raide. Non, honnêtement, dans cette situation, le mieux était probablement d’aller faire un tour dans la ville pour montrer un peu ce qu’était réellement le travail de super héros Oui, c’était là une idée plutôt intéressante. Il fallait de la pédagogie, pour savoir concrètement ce qu’étais le quotidien d’un héros.

Ainsi, me levant de mon siège d’un coup, frappant un coup sur la table m’exclamai :

« Enfin, cela ne sers à rien de rester désormais qu’la convention d’stage est signé. On va aller faire un tour en ville. L’histoire de voir c’qu’est le quotidien d’un héros ! »


Et sans attendre de réponse, je me précipitai hors de mon bureau, puis balançai en arrière :

« Oublie pas de prendre des feuilles, sinon on va pas s’comprendre ! »

Puis, souriant, l’attendis dans la rue, ferma la porte derrière lui, tandis que nous nous dirigeâmes vers l’avenue marchande. C’était là-bas qu’on trouvait généralement le plus de criminel. Enfin bon, j’avais l’esprit tout autre part. J’étais fier comme un paon, parce que j’avais désormais un apprenti, pour quelque temps certes, mais j’avais un apprenti. C’était là un de mes rêves et celui-ci était désormais réalité. Que j’étais heureux ! J’attendais beaucoup de chose de Koji, mais j’avais espoir, de toute façon, j’avais décidé de faire moi aussi des efforts pour que sa première expérience soit agréable. Je voulais en faire un bon héros !

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Je pris le papier que me tendait le jeune garçon, désormais mon stagiaire pour une durée indéterminée. Il semblerait alors que le jeune homme se posais des questions vers où nous allions. C’était plutôt légitime, après tout, c’était la toute première fois qu’il travaillait avec un héros, je ne pouvais guère lui en vouloir. Il allait devoir apprendre beaucoup de chose avant de devenir un héros et j’allais ainsi lui dispenser ma première leçon en tant que héros. Me raclant la gorge, je pris alors la parole :

« J’aime beaucoup ta curiosité, mais chaque chose en son temps. Avant toute chose, on va trouver un endroit parfait pour pouvoir observer ce que je veux te montrer, ne t’inquiète pas, se ne s’ra pas  long ! »

Je continuais alors à marcher, sifflotant, marchant tranquillement. Nous étions désormais en plein milieu de la rue marchande, là où la population était la plus dense, là où il y avait le plus de population et donc intrinsèquement, le plus de crime et de délit. C’était l’endroit parfait pour se rendre compte de ce que j’allais montrer au jeune homme qui pouvait parler aux animaux. Il y avait une histoire en Italie qui y ressemblait, celle d’un dénommé Marcelino, un truc du genre. Après quelques minutes à marcher, après avoir répété plusieurs fois à mon stagiaire de ne pas me perdre d’une semelle, je rentrai alors dans un bâtiment en bordure. Au japon, il n’était pas habituel de voir des magasins aux troisièmes et quatrièmes étages d’un gratte-ciel, mais ce qui m’intéressait avant tout, c’était la terrasse. Je montais alors le long escalier avec facilité, c’était quelques chose de plutôt bien pour garder la forme. Puis, une fois arrivé au quatrième étage, je sortis une clé de ma poche et ouvris la porte qui nous mena alors sur le toit du bâtiment. Le vent soufflait fort et j’ordonnais alors au jeune Koji de faire attention, que ça pouvait être dangereux et qu’il ne devait pas passer les barrières qui servaient de sécurité.

Je m’adossai alors à une de ses barrières et jetai alors mon regard en contrebas sur la foule qui avançait de manière lancinante,  presque hypnotique. Faisant signe au jeune garçon d’avancer, je lui pointai alors du doigt la foule en contrebas et entama enfin mon explication :

« Chacun à sa conception de qu’est-ce qu’on doit faire en tant qu’héros, de quelle est notre mission principale. Personnellement, je pense qu’un héros doit protéger ceux qui en sont incapable, nous qui avons les capacités devons permettre à ceux qui ne peuvent pas de vivre tranquillement. »

Je fis alors une pause et sortis un cigare de ma poche et l’alluma avant de cracher une latte de fumée, essayant bien entendu que celle-ci ne touche pas la face de mon cadet. Puis, je repris mon explication :

« Si j’ai bien appris quelque chose durant ma vie, c’est qu’avant d’être prévenu de quelque chose, tu le vois, tu le remarque, tu le lis même. Ce dont je te parle, c’est de lire dans la foule dans ses mouvements.  Quand t’es héros, tu dois avant tout remarquer l’inhabituel et plus particulièrement, l’inhabituel dans une foule. Une foule dans une rue, forme deux courants distincts, ceux qui vont d’un côté et ceux qui vont de l’autre. La foule obéis à une physique particulière, il suffit que la foule ne réagisse plus comme elle l’est sensé l’être, pour qu’on puisse comprendre ce qui se passe. Il est par exemple, évident que quelqu’un courant à contre foule est quelqu’un qui essaye de fuir, cela peut être un vilain, un voleur, un tueur, mais ça peut aussi être quelqu’un de poursuivis. Tu comprends ce que je t’énonce ? »

J’avais fait une pause pour bien être sûr que le jeune homme suivait. Sachant qu’il ne me causait pas et qu’avais probablement une prestance intense, celui-ci n’oserait probablement pas m’arrêter, c’était quelque chose de normal après tout, j’étais plus vieux que lui et j’étais un étranger. Ainsi, je me devais de faire preuve de pédagogie si je ne voulais pas le perdre. C’était un raisonnement plutôt simple et je voulais le mettre en œuvre. Je mettais beaucoup d’espoir dans ce jeune homme, mais aussi en moi, après tout c’était l’occasion de voir si j’étais vraiment fait pour enseigner, c’était comme un test à mes yeux. Il suffisait désormais que j’assure et puis c’est tout. Je devais être l’architecte de mon propre destin et celui de ce jeune homme avec moi ! Je me devais d’être fort et c’était le moment de me le prouver.

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Je n’aimais pas réellement le silence. C’était quelque chose de pesant, voir même de plutôt désagréable, comme si j’étais seul. Non pas que la solitude me pesait, ce n’était pas réellement le problème, disons plutôt que le silence était pour moi signe de ne pas être accompagné et de ne pas progresser en tant qu’héros, ne suivant pas ces rêves et ces objectifs. Et j’étais tombé sur un sacré numéro pour ce qui était du silence, quelqu’un qui n’arrivait pas à parler. J’étais assez gêné par ce fait, cela me déplaisait même et je devais mettre en œuvre toute ma bonne volonté pour ne pas m’énerver, après tout, cela montrait bien que tout ne pouvait pas se dérouler comme je le voulais, que je n’avais pas de prise absolus sur mon quotidien. C’était l’apprentissage difficile d’une certaine maturité pour moi, maturité que je faisais mieux d’apprendre avec quelqu’un d’aussi accommodant que le jeune Koji, avec quelqu’un d’autre, se serait autrement plus chiant. Du coup, au final, il y avait des points positifs pour apprécier ce silence, mais d’autre qui me poussait à le haïr du plus profond de mon être.

J’avais cessé de causer, reprenant des lattes de mon cigarette, laissant ensuite la fumée du tabac se dissoudre dans le vent qui fouettait le toit. J’avais devant moi l’immensité absolue et infinis de la foule japonaise, avançant comme toujours, de manière monotone et presque énervante. J’avais envie de me dégourdir un peu, de montrer la dure réalité du combat contre des brigands à mon stagiaire. Lui montrer que ce n’était pas quelque chose de fun, pas drôle, que c’était un combat à mort, pour tuer ou être tuer, un affrontement qu’étais l’existence et qui se résumait à tuer ou être tuer. Et en tant que bête, fauve même, je tuais et ne me laissais pas faire. Il fallait se battre de toute ses forces, pour ensuite laisser les autres tomber au sol, leur latter la face à coup de grolle, les ridiculiser, les dominer, leur montrer qui étais le véritable maître, qui était le chasseur dans ce monde.

Et alors que je songeais de manière délicieuse à un affrontement pour asseoir une fois de plus ma suprématie, je remarquais alors en contrebas ce dont j’avais parlé au jeune Koji tout à l’heure, à l’irrégularité dans le mouvement, signe que quelque chose clochait, signe que j’allais peut-être devoir intervenir. Mais, j’étais d’abord curieux de savoir comment l’autre allait réagir, s’il allait le voir. Ne pas l’entendre ne me donnait que l’impression de donner des leçons à un mur, de manière caduque, il était désormais temps de savoir s’il avait retenu mes mots et mes enseignements. C’était en sois le premier contrôle en tant que maître de stage que j’allais lui infliger. Et je ne fus pas déçu, car rapidement, il m’indiqua l’endroit où quelqu’un montait à contre passage. C’était parfait, je me mis à sourire. J’hochai la tête et rendu grisée par le fait qu’il remarque ce que j’attendais de lui, je soufflai alors :

« T’l’a donc remarqué ? Si ce n’est pas parfait tout ça… Maintenant il est temps de passer à la seconde phase, on va l’arrêter ! Tiens-toi bien ! »

Et sans attendre, je laissais déferler les effets de mon alter en moi, je sentis mes muscles se contracter, mes sens s’affiner, mon esprit devenir rien de plus qu’un instinct. Beast, mon alter qui me donnait la force d’un animal proportionnellement à mon gabarit, soit celle d’un monstre par rapport à un humain lambda. Je fis trois pas en arrière, puis je m’élançai en courant, attrapa mon stagiaire au passage et le tenant sous mes bras malgré sa taille, je bondis dans le vide en gloussant. Mon but n’étais pas de nous tuer tous les deux, mais de me rattraper à un balcon de l’autre côté de la rue, puis faire pareil jusqu’à arriver au premier étage, me laisser tomber, tenant toujours mon apprentis sous mon bras. Je fis une roulade en me réceptionnant, empêchant le jeune Koji d’être blessé, puis sans attendre une seule seconde, je me mis à détaler à quatre pattes après celui qui avait fuis à travers la foule. Quitter le toit et arriver en bas ne nous avais pris qu’une vingtaine de seconde. Rattraper l’autre m’en pris environ une soixantaine.

Durant le laps de temps ou j’avais courus, j’avais juste été concentré, concentré pour rattraper ma cible, je ne savais pas réellement si c’était un criminelle, mais je m’en doutais, comme une intuition de fauve. En passant à côté d’un vieil homme en pleurs qui hurlait vers là où la personne avait disparu, je ne fus pris que d’une seule conviction au sein de mon intelligence limité. Il avait volé un vieil homme et c’était quelque chose d’impardonnable. Attaquer ceux qui ne pouvaient plus se défendre était le summum de l’être misérable. Ce vieil homme ne pouvait rien faire de plus, il avait assez donné. Ce n’était pas comme ces gros qui ne se donnait pas les moyens, lui n’avait littéralement plus la force pour lutter. C’était pour les moments comme cela ou j’étais le plus fier d’intervenir.

Je sautai sur le dos de celui qui avait dérobé quelque chose au vieil homme et sans réfléchir, grâce à ma taille qui m’avantageait et mon alter, nous roulâmes sur le sol, jusqu’à ce que j’arrive à intercepter l’homme et l’immobiliser les épaules au sol. Mais ce n’était pas suffisant, il devait payer le prix du sang. Je me mis alors à marteler sa face, jusqu’à ce que je sente l’odeur du sang. Il avait le regard vide, le visage tuméfié et ne ressemblant plus à face humaine. Libérant mon corps du poids de mon alter, je me relevai, puis me fis craquer les articulations des poings et satisfait laissai la suite aux policiers qui arrivait suivis du vieil homme. Je me permis alors de souffrir en attendant mon apprenti que j’avais distancé. Et en le voyant arrivé, je me permis un grand sourire alors que j’avais toujours les mains maculées de sang et je gloussai alors :

« C’est dommage, t’as raté le combat ! C’est toujours le meilleur moment ! »

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Finalement, je laissai l’homme étaler par terre à la police et faisant signe à Koji, nous prîmes le chemin inverse que nous avions pris et alors que la nuit commençait doucement à tomber, je nous arrêtais sur un banc public et m’étalant de tout mon long, je me mis à bailler de manière disgracieuse. Puis, me tournant vers le jeune homme, je soufflai :

« Tu sais un peu te battre quand même ? Car même en parlant à tes amis les bêtes, tu devras compter sur ta condition physique un jour ou l’autre… Si t’accepte de revenir ici, il faudra y penser, car un héros, c’est avant tout un combattant pour le bien et dans combattant, il y a combat. J’peux pas te demander d’être aussi fort que moi, cependant tu as des progrès à faire. Tu devrais aussi t’habituer aux situations dangereuses comme le saut de tout à l’heure, ça peut toujours être utile. »

Je fis une pause et sortant une clope de ma veste, la grilla rapidement et repris en crachant la fumée à l’inverse du pseudo muet qui avait gueulé durant la chute. Ce détail venait de me revenir comme un flash, mon alter prenant le pas sur ma raison me faisait généralement oublier certaine chose et j’étais du coup d’autant plus heureux de m’en souvenir. Arborant un grand sourire, je soufflai alors narquoi :

« C’est une bien jolie voix que t’avais en descendant. »

Je fis une pause, l’histoire de faire monter un peu la pression. Puis repris en posant la main paternellement sur l’épaule de mon apprenti :

« J’vais pas te forcer à causer, mais tu devras forcément travailler dessus. T’aura l’air fin si tu ne peux pas rassurer les civils ! »

Mon ton se fit plus dur et fronçant les sourcils continua mon monologue :

« Tu possède plein de lacune, à se demander comment tu as pu rentrer à UA. C’est un putain de miracle ! »

Je me laissais alors à un rire sardonique, puis me repris plus sérieux et même enthousiaste :

« Mais tu sais quoi ? J’aime plutôt le défis et il m’en faudra plus que cela pour me faire lâcher l’affaire. Si tu veux bien rester avec moi, je saurai faire de toi un vrai homme ! Un vrai héros ! Qu’en dis-tu gamin ? Tu veux bien que je t’entraîne où tu te crois assez fort ? »

J’étais dur avec le jeune homme, mais je ne pouvais pas me permettre de le couvé, il devait se rendre compte de sa faiblesse, de ses lacunes, pour ensuite pouvoir progresser. C’était un défi et ça m’excitait, la suite, seul Koji pourra la décider, car je ne peu forcer personne à s’entraîner avec moi, cependant, s’il acceptait, il était clair qu’il pourrait rapidement gagner plus de force et se démarquer. Il manquait de corde à son arc et j’étais un instructeur, c’était un choix compliqué, mais au combien glorieux s’il acceptait. Car peu d’élève de son âge et de son niveau aurait la chance d’apprendre à se battre avec un héros spécialisé dans le corps à corps. Ça allait être dur, je ne le niais pas, j’avais même déjà prévenu l’autre dès le début, il le savait et était maître de son choix.

C’était d’autant plus frustrant pour moi que je ne pouvais pas tout contrôler, ordonner et dominer. Mais, cette frustration faisait partis de la vie et c’était toujours jouissif de la ressortir lorsque le moment était venus.

J’étais vraiment une bête sauvage.

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J’avais donné toutes les armes à Koji pour faire son choix, désormais son avenir était entre ses mains. Je ne pouvais plus rien faire de plus. J’avais fait des promesses que je tenais bien tenir. J’allais entraîner ce bonhomme.

Je voyais bien qu’il réfléchissait, car il se disait et non à tort qu’aller avec moi, accepter était dangereux et je ne pourrai que mentir en disant l’inverse. Mais, c’était nécessaire pour faire de lui, quelqu’un de bien. C’était nécessaire pour qu’il puisse devenir le héros qu’il rêvait. Tout ces rêves de force, de puissance, de réussite, ça émouvait ce bon vieux César. J’avais été touché.

Finalement, c’est avec un grand aplomb qu’il déclara de sa vraie voix qu’il voulait être entraîné. A cette vue, je lâchais un grand sourire et lui donnait une petite claque dans le dos en gloussant :

« Voilà donc ce à quoi ressemble ta voix ! »

Je fis une petite pause, puis repris :


« Tu as déjà fait de gros efforts sur toi, c’est très bien, mais ce n’est que le début ! Tu va devenir un grand héros, avec ou sans moi. »

Puis, scrutant ma montre, je remarquai qu’il était déjà bien tard, je me relevais alors d’un bond et m’étirant comme un chat, balançais :

« Bon, il est temps de retrouver mes pénates ! Tu sais ou me trouver de toute façon ! A la prochaine ! »

Et sans un mot de plus, je déguerpissais. Il était temps pour moi de mettre le costume et d’aller chasser les vilains ! Attention, César arrivait.

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