Les mains liées derrière la tête, coude et nez en l’air, Kirishima cherchait activement sa prochaine destination. Il avait eu vent d’un glacier artisanal ouvert récemment en plein centre-ville et s’était donné pour mission d’aller faire le cobaye pour en ramener au dortoir dans le cas où ce serait concluant. En apprenant la nouvelle, sa première réaction avait été d’afficher son plus beau sourire et des yeux brillants d’excitation face à son meilleur ami. Mais l’enthousiasme n’ayant pas été partagé, il n’avait pas eu le choix. Si le blondinet nerveux n’allait pas bouger ses précieuses miches, alors Red Riot lui rapporterait son lot. Malgré son insistance, il dut se résoudre à s’y rendre seul et ça n’avait pas été faute de soudoyer quelques camarades. La chaleur en assommait certains au point de les transformer en carpettes humaines. Sa décision prise, il se retrouvait maintenant sans son portable, sans la moindre indication si ce n’est le quartier et pourvu de son indétrônable sens de l’orientation.

Au bout de quelques minutes à passer devant les enseignes qu’il reconnaissait à force, il se stoppa net et resta quelques secondes, inerte. « Aaaaaah, mais comment je peux louper un glacier en plein été, c’est pas possible ça fait huit fois que je fais le tour ! » parler tout seul n’aidait pas à ce qu’il se concentre et il réfléchit sérieusement à demander à un habitant du coin. Une main contre sa hanche, l’autre massant sa nuque, l’adolescent s’apprêta à questionner une mère de famille. Mais au moment où il approcha sa main pour l’interpeler, elle se mit à crier. Surpris, ses yeux s’arrondir tandis qu’il lui demande ce qui ne va pas et elle s’enfuie sans demander son reste, guidant son enfant en posant ses mains sur ses épaules avant de le tirer par la main. Kirishima se tourne pour constater la panique subite et d’autres cris lui parviennent. Plutôt que de paniquer à son tour malgré la montée de stress, le roc se met en route dans la direction opposée à la foule pour en avoir le cœur net. Son cauchemar était en train de se produire : une autre attaque. Cette fois, il avait l’individu en face et refusait l’idée même de lui donner une chance de fuir. Autre chose se produisit cependant : quelqu’un menaçait le vilain ? Et son allure ne lui disait rien qui vaille.

Sourcils froncés et grimace en avant, l’apprenti héros, sans même savoir quel était l’alter de son adversaire commença à durcir sa peau.

Le sable s’amassait autour de l’inconnu et son rire résonnait dans la tête de Kirishima. Une mélodie qu’il détestait particulièrement pour le danger que cela représentait pour la population. Lui compris à la différence qu’il avait fait le choix de les protéger. De sa force, de son alter, allait-il en être capable ? Il se posait toujours la question et avait décidé malgré tout de foncer plutôt que de rester bloqué par cette réflexion. Non loin de lui quelqu’un approchait dans son champ de vision et en tournant la tête, il fut soulagé de voir Koji, même si apeuré, prêt à en découdre. Bien, ils étaient deux. Son sourire aux dents pointues apparu, déterminé dans un froncement de sourcil. « Koji ! On n’a pas nos costumes, mais on va faire avec… il va falloir qu’on lui règle son compte » et pour cela, il fallait un plan. C’était sans compter sur le vilain recherché intervenait pour les réprimander. Il serait puéril de ne pas coopérer, même si la trahison était le propre de l’ennemi. Sa langue claque contre son palais et il grogne à son tour « T’es gonflé de nous dire ça, on n’a pas le choix » les poings serrés, il lève un sourcil quant à la promesse faites. Bluff ou non, ça revenait au même il fallait se méfier, mais l’idée qu’il ne fasse rien tentait le cœur pur du roc et lui donna assez d’aplombs. « YOOOOSH »

Plus proche de l’étudiant que du vilain, le rouge glisse quelques mots que monsieur sable ne pouvait pas entendre « je vais profiter des flammes pour passer en durcissant ma peau, toi tu pourrais attaquer à distance » Et sur ces mots, il leva son pouce en souriant et se mit en route pour chercher à atteindre physiquement le fou furieux. Il n’avait jusque-là attaqué personne à part eux, ce qui était à leur avantage.

Kirishima était loin d’être un visionnaire, mais il tenait compte des sentiments de ses camarades de classe et Koji était particulièrement réticent à employer la violence. Se battre, il fallait pourtant le faire pour beaucoup de choses, pour ses croyances et convictions, pour défendre parfois. Ce n’était pas une nécessité absolue, mais il fallait l’envisager et clairement, en voyant le rouquin envoyer son sable, il n’y avait aucun doute à avoir sur ses intentions. Depuis le début, ça n’était pas eux qu’il avait visé, mais un vilain et Kirishima s’était demandé si ce n’était pas relié, si les autres étaient tout comme l’homme aux flammes des ennemis ? ça ne faisait pas de ce type un allié pour autant et ça le contrarier de devoir faire équipe avec l’homme aux agrafes, mais… il devait bien admettre, quitte à se méfier plus tard, il n’avait pas le choix. « Yosh ! Si tu t’en prends à personne d’autre que ce type, ça marche pour moi » il fallait s’y résoudre, ce gars avait surement plus d’expérience qu’eux deux réunis, ils n’étaient qu’apprentis. Voilà un problème pour ceux qui sont ambitieux : ça n’allait pas assez vite pour s’élever au rang de héros, mais c’était pourtant nécessaire afin d’être bien mieux préparés, enfin, c’est ce que voulait croire le roc.

Koji avait envoyé à contre cœur des petits animaux pour distraire au minimum l’homme sable et le vilain ouvrait la voie, même si ça n’était peut-être pas son but. Il savait à quel point ça coûtait à son ami de faire ça et comprenait parfaitement. Quant à leur ennemi naturel... il lui rendait service en étant la cible principale, lui permettant alors d’avancer tout en couvrant ses voies respiratoires au cas où. Lorsque le roc fut assez près avec son élan, il put commencer à le ruer de coup au possible. « Hey, t’es en pleine rue mon gars si tu veux botter du vilain va falloir le faire avec une licence et sans risques pour les civils ! » sans quoi, il était considéré comme vilain.