Plus qu’à mettre les chips et… On est bon.

Une nouvelle fois, je me surprenais à parler tout seul. J’étais dans ma chambre à l’UA, c’était la fin de la semaine et ma punition venait enfin d’être levée. Pour rappel, mon excursion nocturne qui m’avait conduit à un combat presque mortel s’était déroulée il y a un mois, jour pour jour. Grâce aux alter des soignants du lycée, j’avais très vite récupéré, bien plus vite en tous cas qu’une personne à l’hôpital.
Toutefois, il existait encore en moi une entaille profonde et douloureuse, celle qui avait été infligée à mon moral. Cela avait été mon premier vrai combat où j’avais réellement ressenti que ma vie et celle de mon camarade étaient sur la balance.
Pour la première fois en tant qu’apprenti héros, je m’étais réellement senti en danger.
Pour la première fois, j’avais eu peur de mourir.

Mais aujourd’hui, en toute franchise, je me sentais mieux. J’avais toujours parfois cette désagréable sensation froide parcourant mon dos, celle que l’on a lorsqu’on se remémore un instant que l’on aurait préféré oublier, mais de manière générale, j’avais retrouvé ma mine naïve et quelque peu mollassonne d’habitude.
Toutefois, pour rester dans le thème des habitudes, ces dernières avaient drastiquement changées. Du sport, de l’entrainement à l’utilisation de mon alter, des nuits blanches avec le département du support et… encore du sport. En deux semaines, le coach m’avait confié que j’avais déjà récupéré physiquement de mes soins, et la dizaine de jours qui avaient suivi, j’avais encore gagné en masse musculaire. Tout cela, je vous le confie sans prétention, mais plutôt pour vous mentionner la réelle nouveauté dans mon équipement de héros.
Arashi no Kaze.

Un nom bien romanesque, je suis d’accord, mais qui ne devrais pas vous être étranger. Si comme moi vous lisez quelques comic-books, vous avez surement déjà entendu parler de Stormbreaker, la fameuse hache d’armes de Thor. Arashi no Kaze, soit Brise tempête dans votre langue, y ressemble grandement, et avec mon alter, j’ai possibilité de la manipuler comme son possesseur, les éclairs en moins toutefois.
Je la décrirai à l’occasion cette petite merveille de technologie, mais assez rêvassé, je vais rater mon bus. Ma punition se résumant à être privé de sortie venant de se lever, j’ai décidé de me balader en ville ce soir. Plus précisément, j’ai entendu parler d’un hôtel géré par un héros ayant pris sa retraite, et s’il se révèle disponible, je serai curieux de passer quelque temps à discuter du métier avec lui.
Comme précisé plus tôt, ma vision de l’héroïsme à quelque peu changé récemment. Là où en arrivant à l’UA, j’avais pour seule ambition de passer le temps, forcé par mes parent à intégrer l’université, j’ai désormais l’ambition de devenir quelqu’un dans le milieu.
Pas forcément de là à être le héros qui sauve tout le monde, mais un allié fiable et un adversaire tenace face aux vilains.

Sur ces dernières pensées, j’arrivais à l’arrêt de bus. Un instant plus tard, ce dernier arrivait. Même si je travaillais à m’améliorer, mes mauvaises habitudes à trainer er rêvasser persistaient, mais bon, j’avais toujours fait avec après tout.
J’avais pris Arashi no Kaze avec moi, devenu bien plus prudent depuis l’incident du moi dernier. Elle dépassait grossièrement de mon bagage, étant aux dimensions de Stormbreaker.

Arpentant les rues chargées en ce début de soirée d’été, le bus arriva après de nombreux arrêt près d’une devanture d’hôtel. Prenant ma petite valise duquel j’avais prélevé un paquet de biscuits durant le trajet, je m’avançais timidement vers la bâtisse, regardant autour de moi. Il pleuvait une fine bruine, ce qui pressa quelque peu mon pas vers le hall d’accueil du Rexford.

Une fois entre ses murs, j’arrangeais mes cheveux humides histoire d’avoir un semblant de coiffure, resserrait le col de mon uniforme et balaya la pièce du regard à la recherche du héros gentleman.

La soirée étais relativement calme au sein du Rexford. La plupart des arrivées c'était faites durant l'après midi, et le service du restaurant se gérais très bien tout seul. Les clients vaquais à leur occupations, et fort heureusement, le service de sécurité était au repos complet, les notes indiquant strictement les sections héroïques et civiles remplissant à merveilles leurs offices.

J'avais passé ma journée en réunion au sein même de mon établissement, passant d'une matinée consacrée à l'évolution budgétaire et les prévision de remplissage suites à l'évolution de la situation héroïque de la ville, à une après-midi sur les clients régulier, les fournisseurs et le possible recrutement de personnel héroïque pour aliment l'équipe d'encadrement héroïque.

C'est donc exténué de toute la bureaucratie que je sortais de mes salles de séminaires dans la réception de mon domaine. De ma position, je pouvais voir sans mal tout le hall, des escaliers menant aux ascenseur et au balcon sur lequel je me trouvais à l'immense double porte d'entrée.

Avant de remonter dans mon logement de fonction, je décidais de discuter rapidement avec ma première de réception, une jeune femme dotée d'un Alter Musical, extrêmement utile si les haut parleur venais à ne plus fonctionner à la dernière minute. Mais alors que je descendais les marches, un jeune homme finis par attirer mon attention.

Il avais l'air dans le hall comme un Jackson Pollock dans la section antiquité du Louvre. Il dénotais totalement au milieux du personnels et des clients. Et pour cause, la dernière fois que j'ai vu ce jeune homme, nous combattions un vilain. Je m'approchais donc de lui, avant de le saluer.

"Je ne pensais pas vous revoir de sitôt jeune homme ! Que me vaut donc l'honneur de votre visite ?"

L’agitation du hall dénotait clairement des rues relativement désertes à cause de la pluie. Pour sûr, cet hôtel avait clairement du succès, mais il s’en dégageait malgré l’agitation une ambiance assez apaisante.

Apparut alors dans mon champ de vision une silhouette assez imposante. Celle d’un homme aux cheveux grisonnants et à la mine sympathique, non sans sérieux. Pour sûr, il avait bien la tête de celui que je voulais rencontrer, mais il y avait autre chose.
Alarick Centworth, tel était le nom du héros que je voulais rencontrer, mais à voir de plus près son visage, il me disait quelque chose d’autre.
Mais oui !
Gentilhomme.

On s’était rencontrés il y a quelques mois de ça. C’était en plein cœur d’un centre commercial à l’heure de pointe ! On avait côte à côte combattu un homme manipulant le verre, un désespéré qui voulait montrer au monde son importance. Le combat s’était soldé par une réussite avec seulement quelques civils légèrement blessés, et il m’avait glissé son nom avant que je m’éclipse, ne désirant pas forcément être sous le feu des projecteurs du journal local.

Monsieur Gentilhomme ! Quel heureux… Quel heureux hasard ! Comment allez vous depuis notre dernière rencontre ?

A ce moment là encore, je n’avais pas fait le lien avec son poste de gérant de l’hôtel. En effet, nous n’avions pas réellement discutés de nos vies, anonymat héroïque oblige. Toutefois, l’idée qu’il puisse être celui que je souhaitais rencontrer fit du chemin dans mon esprit, avant que l’on puisse clairement percevoir dans mon regard que j’avais fait le lien, et ce un instant après que j’ai fini ma phrase.

A vrai dire, cela m’arrangeait d’autant plus. Initialement, je souhaitais rencontrer quelqu’un qui m’était complétement étranger. La raison était simple : nos professeurs héros connaissaient nos forces et nos faibles, nos plus fins traits de caractère et savaient même la plupart du temps prédire nos décisions. Avec un regard extérieur, j’espérais avoir un avis neutre sur ma personne, mais ayant déjà croisé ce héros lors d’un combat il y a quelques mois, je vis une opportunité d’un jugement et de conseils d’autant plus pertinents.
Il m’avait vu alors que je débutais ma formation. Ayant maintenant acquis quelques bases, il pourrait, hors de toute notation, avoir un avis pertinent sur mon évolution !

Puis en ce qui concerne ses conseils, l’ayant vu efficacement à l’œuvre, je n’avais pas de doutes sur ses compétences. Bon, ok, le discours que je tenais à ce moment était un peu celui d’un fanboy, mais c’était assez peu courant d’avoir un contact héroïque hors du cadre scolaire, et cet enthousiasme était lisible sur mon visage.

Ainsi plongé dans mes pensées en attendant sa réponse, je redoublais d’impatience vis-à-vis de notre discussion à venir. Pour sûr, la discussion avec le gentilhomme serait plus qu’enrichissante !