My Hero Academia RPG
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Kirishima Eijiro
Élève de première année
# Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Sam 16 Fév - 15:36
Comme sur un nuage, le roux se sent bien, à peine conscient, il a chaud, enveloppé dans sa bulle de coton. Mais peu à peu la douleur fait place. D’abord quelque peu dérangeante avant qu’elle ne soit persistante et l’éveille. Son état de fatigue est stable, il se sent lourd et courbaturé. C’est vrai, il aurait presque oublié avoir été blessé et couvert de bandages notamment au niveau du torse, ça ne l’empêche pas d’avoir faim. Seul problème : le voile d’une nuit noire avait déjà envahie la pièce de sa splendeur et bien que le faux roux ait toujours apprécié le calme du soir après une journée bien remplie, ça ne lui convient que lorsque son estomac ne crie pas à l’agonie. Une main dans sa tignasse se faufile jusqu’à son menton qu’il gratte avec lenteur, sa bouche déformée par une grimace tirée vers le bas et les poches sous ses yeux ne rendent pas honneur à son entrain habituel. Non, Kirishima n’est pas en forme. Il s’obstinera à sourire et montrer le meilleur de lui, même quand son esprit lui ne se remet toujours pas des séquelles physiques qu’il avait subies. La défaite avait un goût amer et ses blessures n’avaient d’importance que le rappel de son échec. Si son adversaire avait eu pour projet de s’en prendre à des civils, il n’aurait pas été à la hauteur.

Un soupir las à en soulever ses côtes, réveillant un peu plus la douleur avant qu’il ne se redresse. Recovery Girl a été claire : son alter lui permet une défense optimale, mais il n’est pas invincible et le corps à corps doit être maîtrisé pour ne pas faire de lui une proie facile. Il a eu de la chance, il le sait pertinemment. Se redressant dans l’obscurité de sa chambre, stable dans son état pour n’avoir pas à subir plus longtemps l’infirmerie, il se risque à ouvrir la porte avec la discrétion qu’on lui connait. Un grincement qui lui semble trop flagrant pour n’avoir pas réveillé tout l’étage dans ce silence trop tranquille. La moquette sous ses pieds nus, il avance, une main vers l’avant pour ne pas rencontrer de mur et l’autre tenant sa taille pour apporter suffisamment de chaleur à l’en soulager. Il est vivant et il n’a pas le droit de baisser les bras, il a choisi sa voie et il ne compte pas s’en détourner, se sentant enfin à sa place malgré les doutes, Red Riot sera un nom qu’on prononcera avec admiration. Ce n’est pas le premier but de son ascension, mais il contribuera aux autres, à ses aspirations, à sa motivation. Et dans sa reconquête de moral, le voilà enfin dans cette cuisine, peut-être pire cauchemar de l’étudiant qui malgré ses efforts restera pour longtemps encore la bête noire des petits cuistots amateurs ou professionnels. Une incompatibilité presque palpable lorsqu’en allumant les quelques loupiotes de l’espace dédié, un face à face semble se tenir durant quelques secondes. D’un côté le périmètre encore vierge de toute mutilation de ses ustensiles, de l’autre le piquant dont la chevelure rouge retombe de toute part, encadrant son visage de jeune homme.

Une expiration et il feint d’ignorer les avertissements au fond de sa tête qui lui somment d’arrêter avant de commettre l’irréparable. Rien ne l’a jamais fait plus reculer que lui-même et dans cette idée d’aller toujours de l’avant, se munissant d’une poêle qu’il pose en toute impunité sur les plaques à induction encore éteintes, il se demande comment il va assaisonner sa viande et s’il doit le faire avant ou après la cuisson. Ses yeux d’ordinaire avides de tout mouvement sont focalisés à présent sur le frigo ouvert à la recherche de viande sous les grondements de plus en plus forts de son corps en besoin imminent de nourriture. Il en bave presque, souriant enfin à la vue des morceaux surgelés qu’il ne prendra pas la peine de former en steak, les dépeçant de leurs emballages pour les mettre à même l’ustensile. Courage Kirishima, il n’y a plus qu’à allumer le feu, se dit-il, tournant le bouton adéquat pour attendre bien sagement en faisant quelques mouvements de poignets pour retourner la viande hachée, la tête encore dans une brume épaisse et détournant son attention de ce qu’il était en train de faire. Il ne savait pas combien de temps il devait attendre, peut-être devait-il rajouter son assaisonnement maintenant ? Délaissant sur le feu son bien, il fouille désormais les placards à la recherche de sel, de poivre, peut-être d’huile de sésame ou de sauce yakitori sans se soucier de l’odeur moins appétissante de cramé qui s’élevait lentement en même temps qu’un fin filet de fumée du côté cuisson.  
Kirishima Eijiro
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Dim 24 Fév - 1:04

Fringale nocturne et confidences
ft Eijiro Kirishima

°°° The middle of the night °°°



S'il y avait une chose pour laquelle un certain blond cendré était connu, outre son caractère de cochon et sa capacité à engloutir des quantités de curry monstrueuses, c'était qu'il se couchait tôt, très tôt, et dormait comme un loir. Les quelques fois où il sombrait endormi sur le canapé du salon, il semblait presque impossible à réveiller, ce qui avait été cause de quelques fâcheux incidents quand ses potes avaient pris sa face pour un support de peinture.
Ce qui était méconnu, dans le sanctuaire qu'était sa chambre et où personne ne mettait les pieds, aux heures tardives où on entre en sommeil paradoxal, c'étaient les mauvais rêves qui le réveillaient au cœur de la nuit.
Bakugou n'avait pas beaucoup d'imagination et pendant des années ses rêves avaient été d'une banalité affligeante. Ils mettaient en scène ses camarades de classes et ses professeurs, des disputes avec sa mère ou des bagarres avec les bandes des quartiers voisins. Il n'y avait pas grand chose à dire de ses nuits. Il aurait bien aimé des épopées héroïques et d'épiques combats contre des vilains, mais son cerveau semblait décidé à ne puiser son inspiration que dans son quotidien et jamais dans ses fantasmes grandiloquents.
Depuis que les cauchemars le harcelaient, il aurait aimé des rêves plus ordinaires avec moins de vilains.

Comme toujours quand il se retrouvait couvert de sueur, haletant dans le noir, il tâtait les draps pour s'assurer qu'il n'avait pas accidentellement mis le feu à son lit. C'était arrivé une fois et ce serait sans doute la fin la plus débile qu'il puisse imaginer pour sa vie et sa carrière héroïque. Il voyait déjà l'épitaphe : hélas, il n'était pas ignifuge. Souvent au matin les plis sentaient encore le roussi. Normalement, le corps devait être paralysé pour éviter ça mais les cauchemars semblaient foutre en l'air cette règle de sécurité.
Il était d'une humeur meurtrière, se tournant et se retournant, l'expérience lui ayant appris qu'il ne trouverait pas le sommeil avant une bonne heure ; et c'était ça de perdu comme énergie pour la journée du lendemain. Il fallait absolument qu'il dorme et l'insomnie n'était pas une option. Bien entendu, ce genre de pensée ne favorise pas un endormissement paisible.
Et comme enfin ses paupières se faisaient lourdes et que son esprit s'éparpillait en images confuses...
Un grincement suivit d'un claquement de porte le tira de sa torpeur.
"Je vais le buter."
L'oreiller fut seul témoin de cette promesse ; ça attendrait demain. Sauf s'il reclaquait la porte en rentrant dans sa chambre. Là il ne pourrait pas tenir, même sa flemme n'empêcherait pas sa pulsion de meurtre de le conduire à aller directement le trucider dans sa chambre.
Il était sûrement allé pisser.
Mais le temps passait et Tête d'ortie ne remontait pas. Katsuki était réticent à s'abandonner au sommeil tant il redoutait le pas lourd et le claquement de porte. Et c'est là qu'il sentit une odeur atroce de brûlé monter à ses narines.

Il repoussa son drap, fixa ses mains, sans comprendre. Non, non, il n'avait pas refait des étincelles. Ce n'était pas lui.
Une telle odeur de cramé, ça ne pouvait être qu'un genre d'incendie... mais s'il y avait eu une attaque une alarme aurait dû les réveiller ?
Il était parfaitement éveillé maintenant, ses sens en alerte, et enfila un t-shirt large par dessus son short de pyjama pour se faufiler hors de sa chambre. Il huma l'air, perplexe.
Il y avait clairement quelque chose de carbonisé...

Il fallut qu'il traverse le salon et voit la fumée s'échapper de la cuisine pour qu'il réalise qu'une telle puanteur pouvait être causée par un épique échec culinaire. Il semblait impossible qu'on crame un aliment à ce degré... Qui avait pu merder à ce point, et surtout, à cette heure de la nuit ?

La réponse ne fut pas longue à s'offrir à lui quand il vit la scène apocalyptique dont Eijiro Kirishima était l'acteur principal. Il aurait dû s'en douter.


Bakugou Katsuki
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Kirishima Eijiro
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Dim 24 Fév - 18:56
La lumière manquait pour éclairer les quelques recoins des étagères à épices. Tout était si bien rangé et pourtant, mal réveillé ou surement encore sous l’effet de son traitement, Kirishima ne trouve pas ce qu’il veut. Sans précision sur l’accompagnement de son plat qui mijote encore, il ne se décide pas assez rapidement et sent l’odeur insupportable dégagée par les crépitements de sa viande brûlée. Tourné dorénavant côté cuisson, il observe la poêle et les morceaux de charbons qui s’y trouvent, bouche entrouverte. C’est loin de la parfaite représentation digne d’affiches publicitaires qu’il s’imaginait. Contrarié par le gâchis de nourriture, il éteint vivement la plaque et laisse le métal refroidir avant de pouvoir retirer l’ustensile. Il allait à coup sûr avoir un mal fou à le faire et passe une main sur son visage légèrement gonflé par la fatigue et l’état encore entre deux dans lequel il se trouvait. Une petite voix au fond de lui le traitait d’imbécile et d’incapable. Comment pouvait-il rater quelque chose d’aussi simple en l’espace de quelques minutes ? Ses orbes rouges fixaient le fond de la poêle, dépité et réfléchissant à tout ce qu’il s’était acharné à enfouir. Il avait peut-être été accepté à l’U.A. ça ne l’empêchait pas d’être le cancre de la classe dont on se moquait pour le manque d’attention et s’il appuyait sur cet aspect plutôt amusant afin de s’en décomplexer, ça lui faisait tout de même mal de constater qu’il n’était pas si loin de cette réalité. Le soupir fort et brusque qu’il échappe semble lui rendre le sens de la vue, en quête d’une solution pour nettoyer le carnage et par ailleurs se poser un nouveau dilemme à savoir s’il devrait ou non recommencer. C’est en faisant des erreurs qu’on apprend, mais celle-là coûte potentiellement cher et il n’est pas le seul adolescent à dévorer une quantité importante de protéine pour son développement et… sa gourmandise, il fallait bien l’avouer.

Une ombre bouge devant lui et ses yeux se lèvent machinalement en se disant que s’il avait eu à faire à un vilain, il aurait été pris au dépourvu une énième fois dans ce silence troublant. Mais ce n’était qu’un blond cendré au regard sanglant et dont l’aura autant par la surprise que par sa présence ne signalait rien de bon pour le matricule du roux. Ses cils battent frénétiquement pendant quelques secondes avant qu’il ne se pare de nouveau de ce sourire béa à la fois désolé et tirant vers l’une de ses joues. Il avait réagi avec lenteur, néanmoins comprenait bien que ce n’était pas par charité ou par inquiétude que son camarade de classe s’était extirpé de son lit et en était gêné. Kirishima s’attendait à présent à une déferlante d’insultes à en réveiller les morts et il aurait préféré cette distraction méritée à ce silence qu’il lui offrait pour l’instant. Embarrassé autant d’avoir perturbé le sommeil de son ami que par sa présence lors d’un de ses nombreux échecs, le piquant préfère prendre les devants, une main contre sa nuque en grimaçant de ses dents pointues apparentes. « Bakugo… tu avais faim toi aussi ? » ce n’était pas pour se moquer, trait d’humour maladroit, il rajoute un « Désolé de t’avoir réveillé bro » pour ajouter la conscience de sa bêtise et espérer calmer le blondinet nerveux pour minimiser les futurs coups à prendre.

Son moral n’était pas au beau fixe, mais il estimait que personne n’avait à endurer ses états d’âme, particulièrement Bakugo et à ce moment. L’heure n’avait pas été sa priorité, le bruit qu’il pouvait faire non plus malgré ses efforts, il avait fallu que ce soit lui qui se lève et le surprenne. Un ami, à la fois motivateur, source d’inspiration et rival de taille qui l’avait certes battu, mais dans un combat réfléchi où la prudence avait été de mise, preuve que Katsuki s’en était méfié. Si ça ne l’avait pas enchanté d’être mis au tapis, ce n’était pourtant pas aussi troublant qu’en situation réelle et cette comparaison le poussait à penser qu’à sa place, l’explosif aurait surement été plus rapide afin d’être efficace. Cette constatation faites, il chasse bien vite les images qui passent en boucle dans sa tête, espérant ne rien laisser visible de cette attaque à l’exception de ses blessures physiques sous son tee-shirt ample. Son n’absence n’était pas passée inaperçue, néanmoins on le savait solide pour s’en remettre et il avait très vite repris à l’exception des entraînements jusqu’à l’entière guérison de ses plaies. Il n’y avait pas eu plus de précision et lui-même était resté discret sur ce tour à l’infirmerie, expliquant avoir été attaqué, mais retrouvé assez vite pour éviter le pire. C’est ce que tout le monde croyait à l’exception de quelques élèves plus perspicaces quand lui se voyait le plus crédible qui soi. Mais Bakugo c’était une autre affaire et il l’avait pressenti, pourtant aucune question, aucune discussion là-dessus. L’avait-il déçue ? ça avait son importance. Proche à ses yeux, Red Riot considérait le fougueux comme essentiel. S’il n’aspirait pas comme tout le monde à devenir comme All Might, il avait vu en lui cette détermination à toute épreuve, celle qui avant d’entrer à l’U.A. l’avait poussé à ne jamais abandonner.
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Bakugou Katsuki
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# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Dim 24 Fév - 20:47

Fringale nocturne et confidences
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Il s'approcha en silence du fautif, grinçant des dents au vu du massacre fait au steak qui n'avait rien demandé, prêt à lui coller un taquet.
Mais le jeune exalté se retourna à ce moment, et l'expression maussade, inhabituelle sur son visage d'ordinaire jovial, se changea en un sourire d'excuses, stupide, trop grand, qui ne fit qu'aiguiser l'énervement du blond. Bakugou n'était pas réveillé, dans le coltar, et il n'avait pas l'attention porté sur les détails qui signalaient le mal-être de son ami. En cet instant, la furie ne pensait qu'à quel point cet abruti était lourd, un boulet, non content de l'empêcher de dormir, avait l'idée saugrenue de cuisiner dans la nuit et trouvait le moyen de se planter !
Il montra les dents, et lui arracha la poêle des mains.
"C'est quoi, CA ?!" gueula-t-il, montrant avec une grimace de dégoût le charbon éparpillé là, risquant d'accrocher et d’abîmer le téphal.
Il était dans une humeur noire. Des détails triviaux, ses légers côtés maniaques qui se révélaient en cuisine, l'impact encore présent du cauchemar qui lui donnait la nausée, et un injuste ressentiment porté sur Kirishima le poussait à se montrer totalement obtus à la plus élémentaire gentillesse.
"Comment tu peux foirer un truc aussi basique ? C'était quoi, un steak ? Tout le monde sait cuire ça ! Tu avais la tête à quoi putain ! Ce gâchis !"
Il repoussa son camarade d'un coup du plat de la main dans la poitrine, sans se soucier de ses bandages. Lorsqu'il n'usait même pas d'explosion, c'était mauvais signe. Et d'un même mouvement, sans prendre garde au fait qu'il envoyait bouler Kirishima en arrière contre le comptoir, il alla plonger la poêle dans l'évier, pour la mettre à tremper. Il rajouta du liquide vaisselle, lançant des regards meurtriers aux ustensiles de cuisine noircis, ignorant totalement le garçon dans son dos, comme si la chose la plus importante en cet instant n'était ni ses états d'âme ni le fait qu'il manquait de sommeil, mais effacer toutes les traces d'échecs et d'imperfections que le faux roux avait, comme à son habitude, laissé sur son passage. Il y avait des moments où Kirishima l'insupportait réellement, où chacun de ses défauts le crispait sans qu'il parvienne à détacher son attention de ces petits détails, depuis les morceaux de salade coincés entre ses dents pointues jusqu'à l'imprécision de ses gestes lourdauds. La tolérance n'avait jamais été le point fort du blond et fréquenter de trop près quelqu'un le poussait dans ses retranchements. Lorsqu'il était, comme maintenant, à court de patience, l'antipathie prenait le dessus. Il n'avait pas demandé à se traîner ce type qui le suivait partout. Et alors qu'il respectait normalement les aptitudes et la volonté de son camarade, surgissait le besoin de le rabaisser, de le secouer pour lui montrer la voie qu'il devait suivre et qu'il cesse donc de se montrer si bordélique, tête en l'air, distrait et décontracté comme si rien n'avait d'importance.


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Kirishima Eijiro
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# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 25 Fév - 3:55
Inutile de chercher à déchiffrer Bakugo, son regard trahissait sa colère et même pour un œil extérieur, c’était parfaitement visible. La poêle lui échappe si facilement. Il aurait voulu la retenir pour chercher un peu plus son camarade, jeu dangereux qu’il avait pris l’habitude de mettre en place néanmoins, pour une raison toute particulière que le blondinet fonctionnait par cette émotion d’abord, le reste venait ensuite. Mais pas toujours, pas ce soir, trop lent à réagir, Kirishima observe encore sa main vide et relève son nez droit vers celui de l’explosif au bord de lui arracher la tête. Ça… oui, ça, ce n’était pas un compliment, il n’en méritait pas. « Eh… » impossible de se justifier, pas la force de le confronter pour l’instant, observant l’œil aiguisé qui inspectait l’ustensile et dont les narines devaient piquer autant que les siennes. Le roux déglutit. Ses yeux toujours fixés dans ceux du blond il reste sans voix tandis que Bakugo poursuit ses constatations. Oui, tout le monde peut le faire excepté lui. C’est simple, si simple pourtant. Son sourire n’est plus et il fronce les sourcils en réceptionnant le coup. Il aurait dû anticiper et se munir de son alter, pourtant, il était ailleurs, comme absorbé par les coups qu’il recevait à se répéter les mots de son ami et par les évènements qui le faisaient douter toujours plus de son statut ici.

Sa main passe sous son tee-shirt, ne se souciant pas réellement de l’éthique à ce stade, il a mal et il voudrait que ça ne soit pas rouvert, que les hématomes ne soient pas plus visibles que par sa tête qui s’était penchée en avant et le souffle coupé qu’il reprenait peu à peu. « Je sais, désolé, j’ai pas fait attention » aurait-il toujours besoin que quelqu’un repasse derrière lui ? Adossé contre le plan de travail, il observe l’élève du top cinq prendre sa place pour lui éviter de réparer ses propres erreurs, comme s’il pouvait les rendre pires et sa main libre passe contre sa nuque. Son regard neutre vagabonde, évitant d’être confronté à l’échec cuisant de son non-talent culinaire. Si quelqu’un d’autre se levait alarmé par l’odeur ou par leur discussion, il devrait sans doute supporter les brimades le lendemain et s’y préparait au moins en se réconfortant par la dynamique bienveillante de sa classe. S’il avait mal sous les moqueries, ce n’était pas leur faute, mais la sienne d’être plus sensible que d’ordinaire et d’accorder plus d’importance face à l’écho de son propre ressenti. Il se sentait mal, mais les autres ne le savaient pas. Bakugo quant à lui ne changeait pas de comportement, bien ou mal, les différences étaient dans les nuances de cette colère toujours à fleur de peau. Intuition ou non, Kirishima ne lui en voulait pas. Un soupir las passe le seuil de ses lèvres dans une moue paresseuse. La faim s’est calmée, estomac noué par le coup porté, la contraction de ses abdominaux et la contrariété. Mais ils sont là et il ne parviendra pas à supporter en silence les reproches qu’il devait déjà accepter lui-même et transformer en force. En était-il capable cette fois-ci ?

Pas de sourire forcé, pas de masque, pas maintenant.
Kirishima Eijiro
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Bakugou Katsuki
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# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 25 Fév - 9:23

Fringale nocturne et confidences
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°°° The middle of the night °°°



Il jugea qu'il faudrait trois minutes pour que le noir se détache de la poêle. Heureusement, l'eau mise immédiatement permettait de rattraper le coup. Iida allait faire passer un sale quart d'heure à Kirishima si les affaires communes étaient abîmées. En quelques instants, le blond alla ouvrir la fenêtre, sortit du nettoyant à base de javel et passa un coup d'éponge  sur les plaques de cuisson pour retirer le gras.
La tempête s'interrompit alors, il rinça, essora l'éponge, passa sa main sous l'eau... Serra le poing. Kirishima pu voir dans les épaules carrées la colère mal contenue qui se soulevait. Le fait qu'il s'excuse le gavait aussi. Il n'avait même pas le loisir d'éclater ?
"Tu fais jamais attention !"

Il commença à récurer la poêle, avec trop de force, faisant gicler de l'eau. Pour quelqu'un qui venait de vanter la précision et l'efficacité c'était assez ridicule de s'acharner de la sorte, on aurait dit qu'il cherchait à se venger sur le pauvre ustensile, dents découvertes, frottant comme un taré, à en arracher le téphal.
Lorsqu'Eijiro fit mine de le prévenir, il se retourna et lui balança la poêle à la figure.
Elle fit un magnifique arc en répandant de l'eau tout autour.

Bravo pour le ménage. Efficacité maximum, Katsuki. Le blond n'en voyait rien. Il fondait déjà sur Eijiro, sa jauge de "ras le bol" venant d'exploser sous la pression de toutes les pensées colériques.

"Il est trois heures du matin ! On a Hero 101 demain !" beugla-t-il tandis qu'il délivrait quelques coups explosifs pour se défouler.
Plus exactement, il tapait parce que son fusible venait de sauter et qu'il suivait l'impulsion violente qui faisait trembler ses poings. Il n'avait pas besoin de justification, il ne le faisait pas pour punir Eijiro ou lui apprendre une leçon, il voyait rouge, et c'était sa faute, sa cible, et il allait le défoncer.

C'était un des effets nocifs, peut-être un peu dangereux, de la dynamique des deux garçons. Une des raisons pour lesquelles les colères de Katsuki étaient hilarantes, c'était qu'il y avait toujours un roc au corps indestructible pour l'arrêter avant qu'il n'aille trop loin. Mais face à Eijiro, le blond ne se posait que peu de limites et laissait ses pulsions destructrices prendre le dessus sans se soucier des effets sur Red Riot. C'était le mec avec qui il pouvait être lui sans barrières. Capable de l'endurer.
Seulement, tout n'était pas bon en lui, et sa violence aveugle pourrait, un jour, blesser le garçon au grand coeur qui le suivait partout.

Il voulait le mettre au sol et il voulait lui donner un coup de pied mais les bruits qui échappèrent à l'adolescent qui s'efforçait d'endurer exprimait moins le choc que la douleur ; une anomalie qui arrêta, un peu tard, la furie aux poings explosifs. Recroquevillé au dessus de lui, la fumée de ses détonations se mêlant à celle du repas cramé, Bakugou haletait, la sueur coulant sur son front, les yeux exorbités, bras ballants. Un regard à Eijiro et à son alter de durcissement qui avait déchiré son bandage ; il se retourna pour ne pas affronter cette vue et donna le coup de pied au placard sous l'évier ; les délégués allaient décidément leur passer un savon s'ils apprenaient les événements de la nuit.

En général, ses explosions, leurs frasques, étaient suivies par des éclats de rire. Pas cette fois là. Et dans la lumière du néon le blond détourné soufflait pour se calmer et faire taire son envie de détruire, la honte qui le prenait comme un enfant capricieux qui a cassé quelque chose, et le désir de rejeter la faute sur tout ce qui l'entourait. Il était une boule d'égoïsme aveugle dirigée par l'instinct et la frustration d'avoir été réveillé et le peu de conscience qu'il en avait lui criait de se barrer avant d'empirer les choses.



Bakugou Katsuki
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Kirishima Eijiro
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# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 25 Fév - 13:29
Le dos musclé du blond se soulevait en même temps que sa musculature. Deux adolescents dont la carrure était forgée pour plus que la majorité des lycéens de leur âge. Deux adolescents qui devaient endurer plus que leurs soucis de jeunesse auxquels personne n’échappe jamais et mettre ça de côté pour affronter des vilains et assimiler des notions qui ne sont parfois pas innées, du moins pour certains. Mais ça ne fait que les rattraper et Kirishima prend autant de coups physiques que psychiques, indolores à la vue de tous. Les remarques de Katsuki sont aiguisées et si la plaie de son torse ne s’était pas rouverte, ça ne l’empêchait pas d’avoir mal à mesure que le temps file sans son autorisation, dans un rythme qui ne lui permet pas de se préparer. Le roux devait malgré tout se montrer vigilant quand il n’avait aucune envie de faire des efforts pour. Il aurait pu le charrier en lui disant qu’il frottait peut-être un peu fort, mais au fond, l’explosif n’avait besoin que d’une étincelle pour s’enflammer et le roc en avait fait les frais. À peine le temps de placer ses mains devant son visage pour amortir le choc le temps que son alter prenne place et le bruit assourdissant de la poêle qui se répercute pour atterrir quelque part dans la cuisine. Les lumières des signes de colères du blond, puis finalement cette remarque tandis qu’il encaisse. Bravo Sherlock, aurait-il dit, seulement ça ne voulait pas sortir. Le silence régnait dans un malaise palpable.

Lui aussi avait besoin de se défouler, mais il était dans l’optique de se ménager et de défendre ses points faibles pour une fois. Oui, pour une fois il tenait compte des conséquences. L’esprit du cannibale avait fait danser son échine lorsqu’il s’était rendu compte de ses erreurs et avait cru mourir. Il ne voulait plus sentir cette peur. Non, il ne voulait plus commettre d’erreur qui pourrait lui coûter si cher. La peur, il avait l’impression qu’elle persisterait, comme un symbiote accroché à sa proie, un parasite qui le dévorerait tout cru s’il ne maintenait pas ses barrières. Quand est-il lorsqu’elles tombent ? Son haut se déchire par endroit, les coups sont peut-être absorbés, mais avec lenteur et contraction obligeant Kirishima à grimacer, montrant des crocs dans une expression non dissimulée de souffrance. Bandages révélés et dorénavant lambeaux, souffle court, des yeux rubis sur lui qui cherchent à fuir les siens. Un coup porté au placard. La docilité avec laquelle le roux avait pris les choses était exaspérante et sa patiente était à bout, pourtant, il n’y avait plus à éviter les explosions ou les mains portées sur lui. La silhouette massive qui le surplombait lui fit remarquer qu’il s’était lentement affaissé au lieu de tenir droit sur ses jambes et de réceptionner comme il le faisait si bien. Il se redresse alors, tente de maîtriser le peu de souffle qui démontre son état et fait claquer sa langue. « Je vais pas te mentir j’aimerai te coller la dérouillée du siècle, mais c’est parti remise, attends que j’aille mieux ! » ce n’était pas pour le rassurer, non, au fond c’était pour lui-même. Il avait envie, il en avait besoin, mais il avait aussi terriblement peur de ne jamais remplir les objectifs qu’il s’était fixés s’il poussait les limites de son corps à cet instant. Comment un héros qui veut montrer la force d’une équipe peut se laisser à ce point dépasser par un alter glouton ? Et il y avait cette blessure et la douleur pour lui rappeler sa condition non adéquate au combat. Encore quelques jours à tenir… Le frein était malgré tout là. Quand il pourra reprendre, sera-t-il capable de voir aussi loin que ses camarades ? Allait-il être aussi lent ? Devait-il miser sur son caractère fonceur ou sur sa réflexion ? Il avait essayé, ça lui avait cruellement fait défaut.

Une main passe sur son visage et il trouve un tabouret pour s’asseoir, reposant son corps dont il n’était pas fier pour l’instant et brise le silence. « T’es vénère hein ? Bah moi aussi, j’ai failli faire cramer le dortoir pour un minable petit steak de rien du tout et j’aurais pu me faire bouffer si un civil n’avait pas crié en me voyant me battre » un sourire sur son visage, un rictus à peine visible d’un trait soulevant sa lèvre supérieure pour montrer des quenottes serrées entre elles à n’en laisser aucun espace. Il se sentait impuissant face à cette voie qu’il avait choisie et pourtant, il était bien là à vouloir poursuivre ses rêves comme un enfant qui veut toucher le ciel. Ses mots n’avaient de sens que pour l’étudiant au tempérament de feu. Ce n’était pas de sa faute, ça n’avait rien avoir avec lui et s’il se retrouvait là, il en était désolé, mais il l’avait assez dit et il n’en pouvait plus de devoir tout contenir. Prenant exemple sur la tête brûlée qui n’en manque pas une pour se défouler, c’était à son tour. « Tu sais… des fois je me demande pourquoi j’ai été accepté, j’ai rien d’exceptionnel comme vous autres et ça me rend fou »  
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# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Sam 2 Mar - 22:35

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°°° The middle of the night °°°



Il avait pourri le haut de Kirishima, déchiré par la peau aux arètes acérées. Bakugou n'avait pas vraiment besoin de toucher et il valait mieux se servir du souffle des explosions, paumes ouvertes, contre l'inébranlable. Pourtant, il s'était plusieurs fois éraflé les phalanges sur ce roc. Il se fichait de la douleur. Il devait prendre garde à ses mains, mais parfois, à bout... Il frappait pour de bon. Il avait besoin de sentir l'impact, et pas juste le choc de ses explosions.

Sous ce qu'il restait du T-shirt, on voyait des bandages. Eux mêmes en pagaille, laissant apercevoir la peau à présent souple, colorée de larges tâches d'un bleuâtre maladif, mouchetant de violet le torse. Bakugou savait que quelque chose était arrivé à Kirishima. Il suffisait d'avoir des yeux. Son absence, son passage à l'infirmerie et puis l'état dans lequel il était revenu en cours... Plus résistant que ce type, on faisait pas, même s'il avait ses limites. Il ne se battrait pas dans son champ d'action sans cela ; sans craindre débris ou explosions.
Avec les troubles récents, les vilains se faisaient sans cesse plus audacieux, et visaient tout particulièrement UA. Il était tout à fait possible que Tête d'ortie se soit fait agresser dans ce contexte.
Ca faisait une semaine, et il n'était toujours pas d'aplomb. Malgré les soins de Recovery Girl. Les marques qu'il avait aperçu... Sans parler des sourires forcés, d'une espèce de décalage dans les réactions du clown de service. Quelque chose avait changé.
S'ils n'avaient pas eu de détails, c'est que ce n'était pas glorieux. Et vu le gâchis ; alors même que c'était Kirishima l'incassable, il avait failli y passer.
Ces conclusions, Bakugou les avait faites à part lui, presque involontairement. Oui, il suffisait d'avoir des yeux. Et peut-être qu'à force de fréquenter cet ahuri, il avait fini par s'accoutumer assez pour sentir ce quelque chose qui n'allait pas dans son attitude, trop appliquée, trop souriante, presque plus qu'à l'ordinaire. Comme si ça masquait les moments où ses yeux se perdaient dans le vague et où son expression s'estompait, se figeait.

Tête d'Ortie n'allait pas bien. Bakugou aurait préféré ne pas disposer de cette info, parce que bien franchement, il ne savait pas quoi faire avec. Il avait continué la routine en évitant de le bousculer, se disant qu'en attendant un peu, le rouquin allait reprendre du poil de la bête. Il avait ses propres soucis, ses entraînements à gérer, des rivaux à dépasser, une idole à impressionner... La frustration montait en lui comme une locomotive qui s'emballe, il avait bien pourchassé un Denki terrifié mais s'était fait zapper en retour, et comme s'ils devinaient son état critique, les autres plaisantins se montraient particulièrement prudents dans leurs remarques. Ça aurait dû le soulager, ne détestait-il pas qu'on ose se moquer de lui, le grand, le terrible Bakugou ? Certes, il était toujours vexé et ses aboiements témoignaient de sa susceptibilité à fleur de peau - et le jeu qui consistait à le pousser à bout ne perdait pas de sa popularité, à son exaspération. Mais après plusieurs mois à répéter ces conneries, l'absence de Kirishima pour servir de bouclier déréglait complètement ses rapports avec le groupe. Les disputes spectaculaires et comiques laissaient un vide. Il devait prendre plus garde à ne pas se laisser entraîner par ses nerfs. Et quelque part, il ressentait un manque inconfortable, qu'il ne voulait pas explorer.
Il voulait se faire respecter, pas subir les blagues de niveau maternelle d'une bande de teubés. A ce sens, la modération qui entourait le retrait de Kirishima comptait comme un progrès. Il n'aurait pas dû être aussi mécontent. Ce n'est pas comme si il avait fini par s'habituer. Ce n'est pas comme si c'était ce dont il avait besoin pour s'intégrer au groupe.

Il n'avait pas besoin de Kirishima. Il était un grand garçon et les héros, les vrais, les durs, se débrouillent seuls.
Donc les jours passaient et techniquement, son ami était là, mais le non-dit semblait prendre du poids, l'éloigner davantage derrière l'apparence de normalité. Bakugou cherchait à montrer son indépendance, faire comme si de rien n'était.
L'image d'un mec viril et assuré aurait été de prendre le problème à bras le corps, Eijirou entre quatre yeux et de lui demander une bonne fois pour toute ce qui s'était passé. Et si Katsuki ne le faisait pas, c'était signe que c'était important. Il évitait toujours ce qui l'affectait le plus.
En vérité, il ne savait pas très bien ce qu'il en était de sa relation avec Kirishima. Il était injustement énervé contre son partenaire de ne pas être pareil, de ne pas jouer son rôle, et énervé contre lui de ressentir ce manque quand il aurait dû se suffire.
Il ne lui avait jamais demandé de le suivre, et de n'avoir jamais pris cette décision, de subir en quelque sorte l'amitié de l'enthousiaste de la classe persistait à le chiffonner. Bakugou aimait avoir un parfait contrôle sur sa vie et ne se rendait pas bien compte que, loin de faire partie de la tornade qui avait envoyé s'écrouler tant de certitudes, Kirishima était plutôt la glue qui tenait ses murs branlants encore d'aplomb.
Il s'accrochait à des principes et des objections de surface. Il ne se souvenait plus à quel moment il avait commencé à l'appeler ami dans ses monologues internes. Il avait aussi ses amis du collège, alors ce n'était pas un mot qui avait un sens particulièrement noble dans sa bouche, mais bizarrement, il n'aurait pas voulu davantage le prononcer en public que, mettons, d'appeler par erreur All Might "papa". Ça aurait été le genre de gaffe qui lui donnerait envie de rentrer sous terre.

Le non-dit, ce qu'ils avaient jusque là, lui convenait parfaitement. Il se plaignait constamment de la présence d'Eijiro et voulait continuer à avoir ce luxe. Il ne fallait pas que les choses changent, qu'il perde ce soutien, ni qu'il doive expliciter autrement que par coups et explosions et quelques piques bien senties, l'étrange amitié qui était née entre eux. Il y avait certaines limites à ne pas dépasser. Certaines discussions à ne pas avoir. Et il ne voulait pas creuser sous la surface des sourires rayonnants, parce qu'il ne voulait pas que leur éclat perce en lui. Parler, parler de choses sérieuses, construire ce genre de liens plus profonds qui vient de la confiance faisait peur au garçon inconscient de ses écueils. Malgré la tutelle de Yaoyorozu, ses efforts pour changer se heurtaient à son égo.
L'autre adolescent était déjà beaucoup trop proche, bien plus loin qu'il n'aurait dû l'autoriser à pénétrer.
Il n'aurait pas dû s'en soucier. Ses blessures, sa déprime, ça n'aurait pas dû l'affecter. Il n'aurait pas dû se sentir impuissant, stupide de ne savoir quoi faire.

Et dans la mauvaise humeur de l'insomnie, il avait craqué, crié, peut-être poussé par le besoin de mettre un terme à cette tension, de le frapper, de le toucher. Repoussant sur lui toute la faute, le jugement.

Comment avait-il pu perdre ?

Sa violence fut récompensée par une réplique, qui, pour une fois, semblait presque rancunière même si le ton sur lequel elle était prononçait laissait planer sa familiarité, une sorte d'humour dont Eijiro ne se déparait jamais totalement. C'est vrai que d'habitude, il paraît mieux, répliquait plus vite, plus fort.
"Tch, comme si t'en étais capable... J'attends toujours ta revanche."
Il avait voulu donner la réplique inévitable du "je gagnerai de toute manière" mais c'était encore sorti plus méchant que nécessaire compte tenu des circonstances.

Il se retourna à demi quand il entendit les paroles suivantes. Oui, le blond était toujours énervé et ça n'était pas resté inaperçu ; qu’Eijiro en fasse remarque, cela était inhabituel. C'était, après tout, considéré comme l'état normal de Katsuki. Mais l'un comme l'autre savaient que l'ambiance de cette nuit, la situation n'était pas normale. Et pour la première fois, autant qu'il puisse s'en souvenir, Red Riot manifestait de la colère.
Lui qui était si libre de dire toutes les conneries qui lui passaient par la tête, de sympathiser avec n'importe qui, de toucher les gens, de tout lâcher, profanités rigolardes comme vives expressions de sincérité, ce qui apparaissait comme faiblesse aux yeux de Bakugou, des émotions crues, non filtrées, lui semblait soudain agité par un remous plus profond qui n'avait rien à voir avec les petits chagrins qu'il ne déguisait pas, quand comme par exemple la viande annoncée n'était pas au menu ou que la tristesse d'un film le touchait aux larmes.

Le soupir qui lui échappa ensuite témoignait d'un profond abattement. Bakugou zieuta dans sa direction, comme pour vérifier qu’il était sérieux. Il avait l’air de l’être, mortellement en fait. Et la petite brute grinça des dents, se demandant quelle mélasse lui servait de cerveau pour choisir maintenant, entre tous les moments, pour décider de vider son sac. Alors qu’ils avaient cours le lendemain. Qu’il était si tard. Il savait bien combien il détestait perdre du temps de sommeil. Il avait encore de la fumée qui sortait des oreilles et il suffirait de pas grand chose pour que la pression remonte.
Juste… pourquoi. Pourquoi lui. Pourquoi fallait-il qu’il supporte son tapage et ses jérémiades ?
Le sens des paroles se fit avec retardement. Il arrêta de rouler des yeux, desserra sa mâchoire et étouffa un ricanement de mauvais aloi. Sérieusement, même quand il sortait les violons, Kirishima trouvait le moyen d’être un bouffon. Cramer un steak et se faire dévorer vif ? Allons, même s’il avait piqué une crise pour le bout de viande, c’était pas le même drama. Un sourire fatigué étirait les lèvres du plus jeune, faible et tendu, mais Bakugou y lut une trace d’humour.
Il se sentit plus à l’aise. On n’était pas encore sorti de la simple déconnade. Et s’il souriait, ça allait, non ? Ce qui se passait dans sa tête restait un mystère mais tant qu’Eijiro souriait, il gérait sa merde, et le blond n’avait pas à mettre le nez dedans.
Il se sentait vraiment crevé, un étau se resserrait autour de ses tempes et il plissait les yeux plus que d’habitude, non de méchanceté, mais de fatigue. C’était absurde d’être là dans la cuisine à pas d’heure avec une éponge dans la main - par réflexe, il avait repris le ménage et commencé à retirer l’eau que sa crise de tout à l’heure avait éclaboussé sur les plans de travail. Il avait bien le droit de détester Kirishima pour ça.
Pas vraiment concentré, il ferma les yeux en entendant la voix revenir, butant comme si le garçon entêté lui jetait à la face ses frustrations et ses doutes. Eijiro s’en voulait, mais au ton qu’il employait, on eût dit qu’il demandait des comptes. Loin d’être plaintif, il y avait là une sorte de rancune larvée, une façon sombre de dire des choses qu’il faut taire, qui rappelait quelque chose de familier au jeune ambitieux aux poings serrés.
C’était quoi ça ? Il n’alla pas jusqu’à creuser dans ses propres ténèbres, non. Lui revint l’odieux sourire de Yaoyorozu, ce sourire qui disait : tu peux atteindre ce but, pour moi c’est impossible.
Pris d’un doute, il se retourna pour regarder Eijiro : il ne souriait pas.
Les paupières lourdes de Bakugou voilaient à demi ses yeux rouges, sa bouche une ligne mince. “Tsk” fit-il, détournant un instant le visage avec agacement avant de revenir au garçon assis qui tournait le dos à la table et le foudroyer du regard.
“Pourquoi tu me dis ça ?” lâcha-t-il d’un ton revêche.
Tu crois que j’en ai quelque chose à faire ?
Tu veux que je joues les babys-sitters ? Grandit un peu…

Bakugou entendait, mais n’écoutait pas vraiment. Il était tout occupé à monitorer les deux émotions qu’il ressentait actuellement, la colère et la fatigue. La fatigue était en train de gagner. Et le petit égocentrique voulait que s’éloigne la source de tant de trouble, le temps de réguler. Ce n’était pas un moment sociabilisation. La petite partie dédiée à l’empathie dans son cerveau était off. Kirishima hors de la fenêtre où il devait interagir. Hors de son rôle. Ca ne collait pas, alors le mieux restait de l’ignorer.
“Si tu n’arrives pas à faire un truc t’as juste à faire plus d’efforts. C’est pas sorcier, non ? Devient plus fort.”
Conseil lambda. Réponse toute faite qui ne convenait pas particulièrement aux circonstances ou à son interlocuteur. Il ingurgiterait les informations plus tard. Il en ferait quelque chose, ou pas. En attendant, s’il avait bridé l’énervement et laissé paraître la lassitude, Katsuki semblait tout sauf investi dans la discussion. Son regard posé sur la table, il n’était qu’à moitié tourné vers Eijiro et fronçait les sourcils l’air ennuyé. Il ne réagissait pas aux révélations faites par l’étudiant en détresse face à ses insuffisances. Il ne rencontrait pas ses yeux non plus. Encore une ou deux répliques comme ça et, d’un ton inhabituellement froid, il sortirait un truc genre “bon, j’vais me coucher” avant de se tirer de ce guet à pent.
Sa raideur, cette distance, tout contrastait avec leur habituelle symbiose. Ils n’avaient pas besoin de parler, une confiance intuitive les accordait. A ce moment, pourtant, Bakugou semblait s’être entièrement retiré en lui même. Cette indifférence était complètement déplacée dans ces circonstances. Peut-être était-ce pire que sa colère. Il agissait comme un connard, en faisant semblant de ne pas voir la détresse de celui qu’on disait son ami. Et si on lui avait demandé pourquoi, il n’aurait même pas su donner de réponse.



Bakugou Katsuki
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Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki 19042108193839885


Kirishima Eijiro
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 4 Mar - 16:56
La fumée s’échappe, découvrant les marques sur le torse du roux au-delà des restes de son bandage. Ils avaient bougé dans la nuit, par ses mouvements et par l’activation de son alter lorsqu’il voulait tester de nouveaux sa durabilité dans cet état. Il n’avait pas le droit de pousser les limites à maintenir la blessure. Les muscles qui avaient été grignotés s’étaient effectivement remis, mais la douleur lorsqu’il les contractait était plus conséquente que celle de vulgaires courbatures. Incapable de garder plus de quelques secondes sa forme compacte à ce niveau-là, le roc se sentait inutile, incomplet. Paradoxal pour celui qui l’a détesté dès les premiers instants de son apparition. Mais à mesure, il s’est rendu indispensable, véritable protection plus qu’une arme, pour terminer dans une école prestigieuse démontrant ses atouts offensifs. Porter des coups n’aurait pas été envisageable au collège et pourtant, il le faisait mieux que personne, fonceur dans l’âme et dorénavant plus rien. Un soupire passe la barrière de ses lèvres. Le coup avait été violent, plus encore la surprise lorsque Bakugo s’en était rendu compte et fuyait délibérément. Il n’y avait rien à dire, il ne l’avait pas fait exprès et quand bien même, Kirishima aurait voulu lui en coller une pour le plaisir de régler ce problème de confiance et ce malaise palpable. Sourcil relevé, bouche entrouverte, il avait été fasciné par l’aspect vulnérable de son leader du festival. Lui qui était si sûr de lui ne parvenait parfois pas à saisir des éléments qui paraissaient à tout le monde comme anodins et naturels. Ce n’était pas surprenant de le constater maintenant, Kirishima l’avait souvent remarqué, mais c’était toujours étrange et il voulait savoir ce qui pouvait bien se passer dans les rouages de sa mécanique complexe, ce soir plus que n’à n’importe quel autre moment.

Une question survient, le temps ne s’est arêté que pour lui et reprend peu à peu ses droits en le mettant à part, dans cette zone recluse de la classe où on lui suggère de prendre soin de lui et d’aller à son rythme quand son impression se dirige dans le sens d’une horloge où l’aiguille des minutes défile comme celle des secondes. Est-ce qu’il sera considéré différemment après cette défaite ? Devra-t-il rendre des comptes ? L’adorable Red Riot au grand sourire dentu était peut-être un idiot trop honnête, mais il avait honte et redoutait l’instant où on le lui demanderait. Une fois, juste une, il aurait voulu ne pas se sentir redevable ou obligé d’expliquer sa situation et pourtant, ne pas le faire serait un mensonge, contraire à ses principes par conséquent. Assumer, toujours, même quand ça devait faire mal. La pitié qu’il lirait dans les yeux de ses amis il n’en voulait pas. Relevant le nez pour observer le blond cendré, il lance une réplique témoignant de son mordant. Ses doutes persistaient et l’épuisaient et sa gorge se serait serrée s’il n’avait pas pensé à ce bro. Peut-être que ce n’était pas la solution, mais il en mourrait d’envie. Il voulait le battre, il voulait un combat contre lui, un énième qui se solderait selon les prédictions de l’explosif par un échec de sa part. ça ne le surprendrait pas, lui-même le pensait… mais ce n’était pas le but entre eux. Perdre ou gagner, pour Kirishima, contre lui en particulier, ce serait l’exaltation et le moment en lui-même qui le garderait en vie, lui permettrait d’avoir ce défouloir tant rêvé. Ils fonctionnaient de la même façon, du moins le croyait-il. Cette difficulté à recevoir les émotions des autres était visible pour celui dont la moindre contrariété apparaissait sans crainte à l’exagération. Innocente réponse, habituelle et sanglante pourtant surement pas aussi sévère dans la tête du blond que l’imaginait le piquant. Mais elle était blessante dans cette situation d’échec où l’imprévu avait eu raison de lui et aurait pu le réduire à néant. Il ne risquait rien contre Bakugo tant que l’enjeu n’était pas réel et il ne le sera jamais, défendant le même camp.

La gravité de sa situation, le traumatisme, il n’en avait que faire, il y serait confronté tôt ou tard, en l’occurrence ça avait déjà été le cas plusieurs fois et il se forçait à l’accepter. Il savait que rien ne l’empêcherait de baliser, d’avoir peur et de se mettre en danger. Étrangement, cette peur de ne pas bouger, de ne pas protéger, de ne pas être à la hauteur et de risquer des vies plus que les sauver était le poids le plus lourd sur ses épaules. Sa lâcheté n’avait pas pris le dessus et s’il s’en était réjouie, ça n’était pour autant pas un progrès si le résultat était insatisfaisant comme celui-ci. Il aurait pu mourir et avant de sombrer inconscient, il n’y a pas songé.

Il se laisse aller, il se sent vide de toute son essence naturellement optimiste et il fait de l’humour, pour essayer de détendre comme il l’a toujours fait celui dont la crispation musculaire lui en donnait des crampes. C’était son rôle d’être le récepteur des ondes négatives et de les transformer, mais pas aujourd’hui et s’il tentait malgré tout, ce qu’il recevait lui l’agaçait profondément. Il n’avait eu besoin de personne jusque-là pour exprimer, pour ressentir et pour simplement l’épauler dans ses choix. Il n’avait jamais réellement été soutenu. Son idéal, cette cohésion entre les héros qu’il voulait prôner, ce soutien aux anciens, cet hommage qui teinte son nom de héros, le roux ne s’en défendait pas : égoïste de vouloir ce qu’il cherche à faire appliquer, il observe et il se rend compte que le chemin sera sinueux… si tenté qu’il y parvienne. Pourquoi avait-il fallu que sur tous, sa confiance se porte plus sur Bakugo qu’Ashido, Kaminari ou Anda ? Sans doute parce qu’ils croyaient en lui, mais qu’ils préfèreraient plaisanter et montrer une gentillesse pour ne pas blesser ses sentiments quant au contraire d’eux, avec le nerveux il avait toujours été question de faire passer le message sans filtre, aucun. Il l’avait fait rire, mais quand c’était à son tour, l’incompréhension de l’étudiant et le désespoir de son compatriote rendait la scène surréaliste. Plus un sourire, une panique ou autre chose que de la colère, de l’anxiété peut-être ? Un besoin de distance quand Kirishima veut un rapprochement.

« Parce que t’es le gars le plus honnête et même si les autres le sont, ils hésitent parce qu’ils veulent pas me contrarier, mais on n’est pas comme ça et c’est bizarre d’en parler, mais j’en ai besoin » soit comme d’habitude, c’est ce qu’il voulait lui dire ? Oui et non. S’il voulait prendre des coups, il savait ce qu’il fallait faire et il voulait sentir autre chose, quelque chose de plus profond qu’une amitié de surface où il suffisait d’user de leurs poings pour se faire entendre et régler leurs histoires. En avaient-ils eux d’ailleurs à part les bricoles habituelles ? Pour lui non, mais il n’était pas sûr pour Bakugo. Il lui en demandait peut-être trop et pourtant, à le voir réagir, scrutant ses réactions lorsqu’il ne souriait plus lui donnait envie d’user de son alter et de le ruer de son roc irrégulier et tranchant. La mâchoire serrée, il retient toutes les insultes qui lui passent par la tête pour cette remarque. Des efforts…

Il savait que son ami avait de la considération pour lui, sans quoi il ne lui cèderait pas de son précieux temps et serait moins réceptif à son attitude à l’opposé de la sienne hors combat. Il n’attendait pas à ce qu’il change et au fond, cette constatation le réconfortait malgré tout, mais l’attitude qui allait avec gonflait son cœur de colère et d’une rancune qu’il ne se reconnaissait pas. Cette coupure entre leur relation quotidienne et celle qu’il arborait le forçait à se heurter au mur invisible construit par Bakugo et il n’aimait pas ça.  N’y tenant plus, le faux roux éclate d’un rire sans joie avant de se mordre la lèvre. Le piranha risque de percer la chair, mais il s’en contre fiche. Sa tête se penche cherchant à confronter le classé top.

« C’est pas une question de volonté ou d’efforts. J’ai envie d’y arriver et je ferais le maximum pour, mais j’aurais beau avancer y’aura toujours des gens devants comme ce vilain » bouge ! Bouge-toi ! Il l’avait encore entendu dans sa tête, cette voix qui lui avait dit de ne pas rester en plan contre Shogo. Il n’avait rien pu y faire malgré tous ses efforts. Il ne voulait juste pas être à l’écart, être différent d’eux, ni que le fossé se creuse encore à ne pas être capable de le combler. Il ne voulait pas être laissé derrière, redevenir celui dont on se moquait pour ses tentatives héroïques et sa peur panique.

« Je te demande pas de me faire un bisou ni un chocolat chaud tout ce que je veux, c’est que mon pote me fuit pas comme la peste et me montre que je ne suis pas une sombre merde autrement qu’en me foutant son poing dans la gueule. C’est pas sorcier, non ? » Est-ce qu’il était déçu ? Non, une part de lui s’y attendait. À présent debout, il se tient comme son camarade, lui faisant face au mieux, attendant qu’il se tourne.  Provocation, il n’y avait donc que ça qui marchait ? Qui pouvait éveiller une once d’animation dans le regard éteint de l’explosif ? Il n’avait pas envie de se battre avec lui et le message avait été très clair. Il redirigeait peut-être sa colère injustement sur Bakugo. Et dans ce regret éternel d’être celui qui se comporte mal, il fait claquer sa langue en laissant entendre un râle de frustration, tenant l’arrête de son nez, sourcils froncés et yeux fermés en prenant une seconde de silence pour ancrer son regard dans ces yeux aussi rouges que les siens. « Ne me tourne pas le dos, ne me laisse pas derrière » presque un ordre. Il ne supplierait pas, il suggérait, mais qui sait comment Bakugo interprèterait cette requête. Une volonté exprimée si franchement qu’elle en sonnait comme faiblesse même au regard d’un Kirishima en colère. La cadence de ses paroles avait été rapide, brève et teintée de beaucoup de force, mais cette dernière se brisait dans un grognement dont le regard ne laissait aucun doute. S’il était si simple d’affronter ses démons, Bakugo allait devoir en faire de même avec les siens, à savoir ce qu’incarnait Red Riot actuellement. Ce n’était pas sorcier après tout… fais un effort, toi aussi !
Kirishima Eijiro
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Mar 5 Mar - 20:58

Fringale nocturne et confidences
ft Eijiro Kirishima

°°° The middle of the night °°°



Alors que Bakugou, cherchant à chasser le jeune homme et ses agaçants états d'âme par son hostilité, lui demandait pourquoi il lui racontait ça, Kirishima, en quête de franchise, n'y alla pas par quatre chemins et déclara qu'il était plus honnête que les autres. Lui non plus n'avait pas l'air très à l'aise avec le fait de parler mais il savait ce qu'il voulait.
Le blond hérissé avait croisé les bras, peu satisfait de cette tentative d'explication. Il voulait quoi, qu'il lui rentre dedans ou quoi ? Son petit éclat de tout à l'heure n'avait pas suffit ? Ca passait quand même mieux quand Eijiro se défendait. S'il continuait comme ça, il allait avoir l'air du méchant, alors que merde, il avait été réveillé, il était en droit de demander des comptes. Mais même lui était trop claqué pour vouloir d'une dispute supplémentaire à cette heure de la nuit. Envenimer les choses ne profiterait à personne ; il se contentait de répondre durement, sans sentiments, ne réalisant pas que c'était là aussi une forme de coups. Sans doute pas sa plus grande performance sociale, mais on lui avait posé une question, il avait répondu, et c'était aussi franc que le demandait Kirishima, dans le fond, c'était tout ce qu'il pensait.
Il n'avait pas de formule magique à proposer et pas de solution. Quand ça va pas on pousse juste plus loin, toujours plus loin. Plus ultra, ce n'est pas la devise de cette école ?

Pourtant sa remarque acerbe montrait bien qu'il ne comprenait pas ce que ressentait le jeune homme face à lui, pire, qu'il ne le prenait pas en compte. Il ne supportait pas la faiblesse, et il avait de l'aversion en le voyant dans cet état. Quelqu'un de normal aurait éprouvé de la compassion. Mais Bakugou, pour l'attachement qu'il éprouvait à l'égard de Kirishima, ne ressentait en conséquence qu'une forte répulsion à voir cette image écornée, amoindrie. Il respectait Kirishima, alors pourquoi ce dernier tenait donc à s'enfoncer, à lui étaler sa faiblesse à la figure ?
Oui, tout le monde a des coups de mou. Même lui en avait. Mais il ne se serait jamais autorisé à montrer cela à quelqu'un. Il aurait pu continuer à jouer le même jeu de complicité avec son pote en sachant qu'il traversait des moments difficiles. Il aurait peut-être eu, à un moment, le bon sens de chercher à lui remonter le moral, sans jamais mentionner la cause première de cette situation. Il aurait pu faire ça, il aurait dû faire ça. C'était le mieux qu'il pouvait faire.
Mais il n'avait pas su le faire. Il avait laissé Eijiro se débattre avec ses doutes, il n'avait juste pas été là pour lui.
Et quand Eijiro lui dit qu'il avait juste besoin d'en parler, que c'était comme ça, c'était une demande sans yeux suppliants ni rien de la déférence que mettait parfois Eijiro dans ses tentatives d'approche, comme un jeune chien fou, un kohai à la langue bien pendue mais qui plaçait quand même Bakugou sur un certain piédestal. Le jeu de la persuasion, qu'il s'agisse des maths ou de le convaincre de l'accompagner dans quelque événement social, incluait soit le défi soit une dose de supplication parodique mais qui, au final, caressait le jeune prétentieux dans le sens du poil. C'était toujours amical, teinté d'humour. Là, il n'y avait que des mots durs comme sa carapace de pierre en train de se fêler. Des yeux ronds cherchaient les siens sans parvenir à les capturer.
Parce que c'était lui. Parce que c'était un sujet grave. Il pouvait en avoir, des discussions sérieuses. Il en était tout à fait capable. Quand la personne en face ne comptait pas vraiment.

Si le sourire précédent d'Eijiro était un effort à lui tout seul, dans ce rire qui le secoua après avoir entendu son "conseil", il ne restait plus aucune joie. Ses dents pointues vinrent attraper sa lèvre, et il le regarda à nouveau, le garçon qui fuyait, qui fuyait son regard. Barricadé derrière son indifférence de façade. Peut-être, au souffle de ce rire, avait-il frémi légèrement.
Kirishima lui avait directement demandé de l'écouter, et il ne le faisait pas. Il ne comprenait pas ce qu'il cherchait à faire. Cet abruti savait qu'il avait des limites. Qu'il défendait farouchement son intérêt. Que l'entrainement, la réussite passait avant tout. Qu'il n'était pas la personne dont il avait besoin, là, pour ça. Il ne voulait pas de ça.
Il ne voulait pas que ça change.
Ce qu'ils avaient, ça lui allait. C'était un putain de miracle qu'il le laisse partager la vedette comme il le faisait, c'était une putain d'exception qu'il laisse quelqu'un le charrier comme il faisait, c'était juste rare qu'il y supporte quelqu'un à ses côtés si longtemps. Il pouvait se battre avec lui. S’entraîner avec lui. Déconner ensemble, sortir, lui filer un coup de main. Parler.
Parler, mais pas comme ça.

Il voulait donc foutre tout ça en l'air, il ne pouvait pas s'empêcher de baver ses putains de faiblesses, d'émotions et d'échecs comme une encre capable de tout souiller.
Il devait savoir comment était Bakugou. Il devait savoir comment il réagirait.
Après tout Eijiro l'avait apprivoisé comme on accoutume un chien enragé à sa présence ; il savait comment le prendre, et il savait comment l'amadouer.
Il s'adaptait d'ordinaire à lui, le maniait avec précautions, il recherchait activement sa présence et il savait l'entourer.
Et dans une certaine mesure, Katsuki essayait de lui rendre, derrière ses airs bougons et son je m'en foutisme.
Ils avaient une forme d'équilibre. Même s'il songeait constamment à combien l'étudiant l'énervait, même si sa maladresse ou son manque d'attention lui éraflait les nerfs, épuisant une patience déjà bien rare, Katsuki appréciait sa présence. Son admiration. Son soutien. Il était content d'avoir des potes, et parmi eux, Eijiro arrivait le premier.
Eijiro dont le sourire pouvait tout englober. Eijiro qui voyait le positif en toute chose. Eijiro qui était assez persistant pour s'accrocher à lui, et l'accepter, et l'apprécier, tel qu'il était.
Détester ou mépriser Eijiro était impossible, même pour Bakugou. Lorsqu'il se laissait aller à une forme de haine comme ce soir là, ce n'était pas vraiment le rouquin qui était visé ; après tout, il ne le regardait pas, il ne l'écoutait pas, il s'entêtait contre une image et s'il l'avait reconnu, il n'aurait pu nier davantage ses affects, sa douceur et sa dureté, son coeur qui s'exposait courageusement à ses pires coups, lui qui frappait encore et encore en aveugle volontaire.

Eijiro était sensé ne pas forcer ce passage. Il n'aurait pas dû demander ce à quoi il n'avait pas droit. Ce que Bakugou ne saurait donner.
C'était une colère bien différente qui cisaillait désormais son corps, montant derrière la fatigue. Quelque chose qui n'explosait pas, déchirait plutôt.
Car chaque mot, chaque expression de Kirishima l'acculait un peu plus. La force, l'affirmation dans son ton, décidé à mettre à bas ce mur qui les coupait l'un de l'autre.

Et Red Riot était debout, face à lui, les paroles sifflant dans l'espace, la voix tremblant d'une rage, d'une frustration à peine contenue.

"Je te demande pas de me faire un bisou ni un chocolat chaud tout ce que je veux, c’est que mon pote me fuit pas comme la peste et me montre que je ne suis pas une sombre merde autrement qu’en me foutant son poing dans la gueule. C’est pas sorcier, non ?"

Ses yeux brûlaient de toute leur ardeur ; les mots prononcés avaient les arêtes tranchantes de la vérité.
En un instant, Bakugou changea de visage. On aurait dit que ses cheveux se hérissaient comme son menton se haussait, les yeux écarquillés se braquèrent, droit sur le jeune homme qui le défiait, tout contre. Ses dents se découvrirent.
Ses pupilles balayèrent plusieurs fois, rapidement, la silhouette face à lui, et le rictus qui avait déformé son masque, la bouche entrouverte à le mordre, restée béante sur la surprise et le choc, s'inversa douloureusement. Une grimace déforma le masque, les coins abaissés comme il fermait son clapet et déglutissait, pour que ne reste plus que le trait mince de ses lèvres et la respiration courte et sifflante s'échappant de son nez.
Colère, surprise avaient vacillé un instant sur son visage mais en définitive c'était la douleur qui avait marqué ses traits, oui, c'était une souffrance inattendue qui l'avait traversé.
"Fuite". Ce mot suffisait à mettre Bakugou en état d'alerte, prêt à se battre ou à répliquer dans la seconde comme s'il avait dû défendre son honneur en péril. Mais il restait assommé, n'ayant pas vu venir le reste.
C'est pas sorcier : il reconnut l'expression qu'il avait employée, venue lui faire exploser à la gueule son propre manque d'empathie.
Finalement, Kirishima arrêtait d'attendre qu'il daigne se montrer humain. Arrêtait d'ouvrir un dialogue qu'il ne saisissait pas, de lancer occasion après occasion de l'aider sans jamais demander de l'aide. C'était quelque chose qu'il aurait dû faire de lui même. C'était quelque chose qui allait de soit.
Et Red Riot le dit enfin, à quel point il était blessant. A quel point son attitude de merde l'enfonçait quand juste un peu de décence aurait suffit. Juste un peu d'amitié.

Bakugou n'avança pas, ne recula pas, garda juste, le cou rentré et les épaules raidies. L'expression qu'on aurait pu prendre pour celle d'un gosse bougon, pris en faute, plissait trop ses yeux à présent tournés vers ses mains, comme il cherchait quoi tirer du chaos bouillonnant en lui. Tout revenait, chaque occasion qu'il aurait eu de lui parler, et ce qu'il avait dit, et ce qu'il avait fait. Mais ça n'a pas d'importance, pas vrai ? Ce n'est pas comme si on était vraiment amis. Ce n'est pas comme si quelqu'un comptait sur moi. Ce n'est pas comme si je pouvais faire quelque chose. Un vilain sourire retroussa ses lèvres avec amertume pendant que son "pote", regrettant peut-être son éclat soudain ou rageant de cette absence de réaction qui persistait à interdire la communication, fermait les yeux et grondait.

Le flot allait déborder ses lèvres, il voulait vomir cela avant que la douleur n'atteigne l'insupportable. Il aurait dû le savoir, Eijiro. Savoir qu'il était la putain de boite de Pandore. Il lui en voulait, si fort. Et la somme de tout ça allait échapper à son contrôle, l'emporter dans sa crue, l'emporter à jamais. Il l'avait cherché. Il l'avait provoqué. Garde tes distances avec moi, pauvre con. Ne va pas par là. Là où il ne voulait pas voir.
Il avait maintenu la distance parce qu'il ne savait pas ce qu'il pourrait faire, ce qu'il pourrait dire s'il allait au delà.
Tout ce qu'il voulait, c'était que ça ne change pas.
C'était précaire, mais il aimait ce qu'ils avaient.
Il ne voulait pas qu'il change.
Il ne voulait pas le perdre.

Et comme il respirait fort, trop fort, entrouvrant ses lèvres pour gober l'air, les pulsions des éclairs de couleur à l'arrière de son crâne, il avait la sensation physique que sa peau allait s'arracher, qu'il se tenait un peu en retrait, décalé, à l'arrière de son corps tout rempli de plomb fondu. La pression trop forte sur ses côtes allait lui enfoncer la cage thoracique.

"Ne me tourne pas le dos, ne me laisse pas derrière"

Pourquoi, pourquoi, pourquoi il lui disait un truc comme ça ? Pourquoi ça faisait aussi mal ?
Une de ses mains agrippait son t-shirt, tordant le tissu sur son torse. Plus de fuite possible, il ne pouvait lui cacher, qu'il avait mal, qu'il comptait, il ne pouvait plus se le cacher.

Un coup d’œil lui révéla le visage rougi par la frustration, yeux rouges, pointes rouges, et les dents de scie de ses dents, serrées là. Toute cela rivé sur lui.

Vas-y, Katsuki. Rejette la seule personne qui t'apprécie sincèrement. Le seul qui voit en toi autre chose qu'une brute, un alter, un génie. Tu n'auras plus à faire d'efforts. Tu n'auras plus qu'à te conformer aux apparences.

"Je..." croassa-t-il.
Non, non, pas je. Il aurait dû dire "tu". Toi. C'est ta faute. D'où tu me parles ? Pourquoi tu me colles ? Pourquoi tu as fait ça ? Donner quelque chose de précieux, mettre quelque chose de fragile comme ça, dans ces grandes mains rudes qui ne savent que détruire ?
Il en resta là, grimaçant. Passa l'autre main sur son visage baissé. Les cheveux hérissés tombaient au dos de celle-ci.
Rien ne saurait passer les nœuds de sa gorge, pas quand tant de choses différentes s'y pressaient malgré le vide vertigineux de sa tête.
Il y eut un long, long silence. Il masquait toujours ses yeux comme un enfant effrayé par le noir, les possibilités infinies de l'inconnu. Seule sa pomme d'adam bougeait de temps à autre, et les ongles enfoncés dans le coton, d'une main tremblante, à déchirer le tissu. Recroquevillé vers l'avant, animal piégé, pas héros.

Oui, Eijiro avait frappé juste. Droit dans le trou qui faisait office de cœur. Pour que résonne le vide, le secoue tout entier.

"Désolé" le murmure rauque échappa de sous la main sans que bougent les lèvres.
Un nouveau silence s'éternisa, les doigts se crispaient autour des tempes.
"J'aurais pas dû..."
Il se mordait l'intérieur des joues. Ah, que c'était dur à sortir...
"... tu es blessé."
Un constat enroué. Les bandages. Tout le reste. On pouvait lire beaucoup dans ces quelques mots vagues.

Lorsque s'abaissa la main, ce n'était pas l'expression de quelqu'un qui vient de surmonter sa faiblesse qui apparut, mais celle de la défaite.
Il tentait de tout masquer, l’écœurement, la honte qui le cuisait, de reprendre un visage neutre, normal.
De cacher ce qui avait été mis à jour. Il faisait l'effort. Ok ? Il allait faire l'effort, oui, rien de sorcier, rien de sorcier là dedans.
Il aurait eu des questions à lui poser, des accusations et des reproches, mais s'il les avait laissé filtrer, sans doute serait-il reparti dans une crise. Il ne voulait pas les laisser parler, ses sentiments. Ils étaient trop violents et trop laids pour que quiconque puisse les supporter. Kirishima ne pouvait pas comprendre.
Qu'il faisait de son mieux. Que cette distance, c'était pour que ce soit possible.
Et ainsi qu'il le pressentait, elle allait le meurtrir. L'imbécile qui tendait vers lui.

Ne pas parler de lui. Ça aurait mérité des explications, pourtant. Autre que la fatigue. Autre que son mauvais caractère.
Mais Eijiro... ah, il l'avait poussé. Il ne donnerait pas de mots au ressentiment qui restait là. Il se sentait trahi. En définitive, comme tous les autres, Eijiro ne faisait que guetter l'occasion de le précipiter dans la faiblesse. Il semblait le supporter. Il semblait l'apprécier. Il semblait l'accepter, tel qu'il était, mais ce n'était pas vrai.
Même lui, il voulait le changer.
Même pour lui, il n'était pas suffisant.
Et ainsi, Eijiro aussi, lui faisait ressentir cela.
Cela.

Il s'était calmé, Bakugou. Inexplicablement. Calme. Presque trop calme.
Il aurait pu tout foutre en l'air une bonne fois pour toute, s'épargner toutes ces peines et les troubles à venir.
Prétendre que c'était pour Tête d'Ortie. Qu'il lui épargnerait des blessures futures. Mais non, il le faisait pour lui, égoïste, comme toujours.

Il ne voulait pas que ça change. Il l'avait frappé et il se sentait nauséeux à l'idée de tout ce que qu'il aurait pu, pouvait perdre. Bel et bien pris, la longe au cou. Il pouvait continuer à se la jouer connard de service, il ne voulait pas perdre. Le perdre. Comment le match s'était inversé à ce point ? Autrefois, s'attacher, dépendre était le pire à redouter. La pire des défaites, la pire des humiliations. Mais même s'il ne pouvait plus prétendre, ça ne changeait pas sa nature. Combien de temps le roc vivant pourrait-il l'endurer ? Il n'avait pas le choix. Il le détestait, pour l'avoir piégé de la sorte.

"... je vais pas m'en aller." concéda-t-il finalement à mi-voix. "Dis-moi ce qu'il faut pour que t'ailles mieux."
Il pinça ses lèvres, baissant une dernière fois les yeux avant de les ramener sur le visage d'Eijiro, le visage neutre, avec cette attention qu'il était capable de dédier à autrui quand la volonté le poussait hors de sa forteresse.
"... je le ferai."
Il croisa lâchement ses bras devant lui, seul signe de son embarras à cette soudaine docilité. Ses cernes renforçaient son expression sérieuse, où flottait peut-être un regret qui ne dirait pas son nom. Perçant derrière une lassitude qui n'était plus indifférente, l'esprit de décision avait repris ses droits. Pas d'aboiements ni d'emphase. C'était dit simplement, dans un style direct.

Il ne voulait pas que ça change, alors... il changerait.


Bakugou Katsuki
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Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki 19042108193839885


Kirishima Eijiro
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Ven 8 Mar - 18:30
Comme un lion en cage, la rage du rouge se fond contre les barreaux, fourrure hérissée dans des ronronnements assez bas pour être sonores. Les frissons qui parcourent son corps font vibrer les seuls remparts qui le retiennent, pouvant rompre à tout moment. Le moindre mot peut avoir un impact si violent sur sa personne que la seule chose qui le retenait serait en cet instant cette relation, du moins celle qu’il pensait avoir avec le blond cendré. Ce n’était pas drôle tous les jours, bien que jamais sa patience n’ait été ébranlée à ce point. Mais ça avait le mérite de le combler dans des domaines divers et nécessaire à son bon fonctionnement. De son point de vue, il était capable d’approcher le plus sauvage d’une façon bien différente de leurs camarades de classe et il y avait des raisons. Proches ? Pour lui oui. C’était douloureux de constater qu’en face, ce n’était peut-être pas le cas. Ce n’était pas ça. Non, la bête grondant à déchirer ses côtes d’une douleur aiguë aurait été blessée, animal en peine qui aurait ignoré jusqu’à pouvoir affronter son agresseur dans une joute verbale plus sage. Sa colère était due au manque de discernement du classé. Ne pas admettre leur lien, se saisir de l’occasion pour le laisser au beau milieu de la route, ne garder que le meilleur sans subir le pire, il ne l’acceptait pas.

C’était encore plus effrayant de se dire que la mort aurait pu l’emporter et qu’il n’aurait jamais laissé son empreinte dans ce monde. Un petit rien, juste minuscule, invisible de tous. Ce n’était pas le plus important d’avoir une cote de popularité élevée, mais la compétition était un moyen de se dépasser pour lui et de se faire confiance. Quant au message, puisqu’il voyait ses chances de le faire passer se réduire et réalisait l’indulgence autour de ses espoirs se confronter à la réalité de leur vie, il n’avait qu’une envie : crier. S’il ne le faisait pas, refrénant cette voix un peu plus longtemps, ce n’était que par souci d’avoir un comportement digne de ses idéaux. Navrant pour lui et honteux de ne pas être exactement bien-pensant, le faux roux dont les mèches retombent lentement sur son visage contrarié se montre moins agréable. Un visage qu’on ne lui connait pas et qu’il laisse éclater aux yeux de l’explosif, moins gêné pour cela que lui. Était-il envieux ? Certainement. Il ne voulait pas forcément lui ressembler, satisfait malgré tout de ce qu’il voit comme un point fort, mais parfois exprimer le positif comme le négatif lui semblait plus reposant et il voyait bien que ni l’un ni l’autre n’en était capable. Pour l’un l’amour est une force à préserver, à exprimer pour la propager. Pour l’autre c’est la force et l’excellence qui sont le maître mot et sont synonymes de grandeur et de respect.

Compassion, il n’en avait pas vu, il n’en avait pas reçu de sa part à lui, verbalement. Physiquement aurait été autre chose et s’il est vrai que Kirishima aurait accepté de ne pas se livrer autrement pour tout faire passer dans l’échange de coups, il n’en avait pas eu la possibilité. Un mal pour un bien, il se rend compte qu’un ami comme Bakugo n’est pas de tout repos et que lorsque des brèches se forment autour de son propre mur intérieur, plus que de servir de défense, Bakugo risque de le briser un peu plus et de l’exposer à ses maux tant redoutés. Déglutissant toute sa frustration, un mal qui lui serre la gorge et l’empêche de parler sur un ton plus serein, Kirishima se montre enfin, explique que cette sincérité est bien plus dure, mais qu’elle lui est nécessaire. Il n’est pourtant pas soulagé et ne s’étonne pas. Les mots ont un pouvoir que le rouge ne saisit pas toujours dans leur subtilité. Mais plus encore l’action qui a toujours été un moteur prime et voir cette absence d’animation dans le cœur de son homologue lui fait perdre un nouveau repère. Il y en a eu trois. Le premier, son échec, le plus facile, le plus commun, ce n’est pas le premier, ce ne sera sans doute pas le dernier. Le second, la mort qu’il a évitée, le choc de ce que cela impliquait en tant que graine de héros comme en tant qu’adolescent. Le troisième, ce soutien, ce visage qu’il associe à une part d’admiration et qui s’effrite lentement en surface pour révéler des parties plus sombres du personnage qui à lui seul pourrait renvoyer le lionceau se terrer sagement comme un gros chat. Mais il ne l’a pas fait, il ne voulait pas le faire. Était-ce parce qu’il ne voulait pas lui venir en aide ou parce qu’il n’en était pas capable ? Des questions qui blessent dans cette tentative de compréhension. Il lui a donné cette réponse, sans vie, sans hargne comme une réplique automatique et cruelle.

Il avait ri, il avait eu mal, cependant pas de larmes, juste cette colère qui gronde plus fort à en avoir pris le contrôle. Les barreaux se tordent et lui avec. S’il ne les serrait pas si fort, ses dents auraient grincé. Son regard pesait sur les épaules du teigneux à la langue bien pendue et étrangement silencieux. Mais Kirishima savait pourquoi et il refusait d’admettre cette hypothèse de n’être qu’un vulgaire tremplin. Au fond, c’était peut-être ce que Bakugo pensait pour se rassurer et ne pas avoir à subir les problèmes des autres ? Le piquant dans un élan altruiste aurait voulu lui dire à son tour de bouger, de se bouger et d’ouvrir les yeux : on ne peut pas ignorer le monde et quand bien même, un rien peut impacter de beaucoup la vie des autres. S’il pouvait… s’il y était parvenu… ce n’est pas en se posant des questions qu’il pourrait le convaincre. Un rire, juste cela, cet évènement inhabituel dans leur routine d’élèves brillants et convoité par les bons comme les mauvais pour diverses raisons. Un rire avait fait réagir cette ombre dressée à la place de son ami. Un nuage de fumée qui prenait forme peu à peu à mesure de ses mots pour lui faire réaliser ce qu’il avait manqué.

Il n’était plus patient, il prenait, il cherchait à briser le mur gênant, entrave permanente parfois simple paroi, d’autres, réelle forteresse infranchissable. Il y allait de tout son cœur, pour connaître l’envers du décor, égoïste peut-être, cependant il n’y prête pas attention, concentré à déverser toutes les armes à sa disposition pour se débarrasser verbalement de son mal. Il ne voulait pas mourir, il ne voulait pas être seul, il savait ce qu’il voulait et pourtant, il y avait à ses pieds de lourdes chaines. Certaines provenant de lui-même, d’autres de ce qu’on pouvait bien penser de lui réellement et qui étaient entièrement assumées, de ces failles réelles qu’il essayait de combler et rejoignaient malheureusement les premières. Il y en a d’autres, peu définies, les mots sont difficiles à trouver, les pensées sont confuses et aucun recul n’est pris pour s’en rendre compte.  

Le corps de son ami est enfin pris d’une émotion, cette expression particulière d’un sourire inversé, de ses yeux contrariés et sanglants emplis d’un reproche qu’il avait insinué. Kirishima le savait, c’était bas de lui dire qu’il fuyait, ce n’était pas réellement intentionnel d’accuser le coup, mais c’était ce qu’il pensait et il ne voulait pas le voir fuir. Non, c’était faux : il ne voulait pas le voir LE fuir. Le reste lui importait peu, il savait Bakugo capable et il avait confiance, assez pour se dire que ce n’était pas son genre. Loyal ? Surement, on ne devient pas un héros dans le but de servir seulement ses intérêts et quiconque voudrait se lancer sur cette voie dans ce but se sentirait lésé très rapidement. Debout, il lui somme presque de répondre, il le provoque et sa respiration saccadée montre son agacement, cette fougue habituelle toujours présente, mais transformée par l’obsession de cette unique preuve d’affection demandée.

Était-il un pauvre idiot à être utilisé de façon régulière comme défouloir ? Il s’en était servi aussi, mais n’était-ce que ça ? Dans sa gentillesse, Red Riot n’y voyait pas le mal et le flux de murmures inconscients prônant cette version peu honorable de Katsuki menaient un rude combat face au cœur pur balafré du roux. Si tenté qu’il le soit, il ne voulait toujours qu’une chose : le savoir maintenant, le voir prendre cette décision et l’assumer jusqu’au bout. Et si Kirishima n’est pas assez têtu dans sa mauvaise foi pour rejeter un possible retour en arrière, il allait devoir guérir avant. Rien de sûr, rien ne l’est jamais et il s’en fiche, il fonce, encore une fois tête baissée à s’en vouloir d’être aussi catégorique, d’être le mur finalement qui les sépare et de se rapprocher pour prendre la place de celui de Bakugo.

À l’unisson, cette respiration aussi forte que la sienne le confortait dans l’idée de tenir bon, de décider cette fois et de prendre plus que de donner. Les nerfs à vif, les tremblements à peine maîtrisés par ses poings et la lueur de ses yeux dansante comme une flamme instable, Kirishima exige. Les secousses de cet effort le rendent fébrile, mais il ne peut se contenir davantage. Le silence règne, seuls ces souffles transis se répondent et les mouvements fluides de Bakugo rendent le roc à son tour indéchiffrable. Dans son attente de l’autre, il l’observe, décortique plus que jamais, mais à la différence du blond, sait ce qu’il traverse et laisse son cœur s’emballer. Il le voit, enfin, ce visage, cette vérité qui le rassure de constater que oui, il l’apprécie, qu’il n’est pas un outil, qu’il n’est pas oubliable aux yeux d’une personne, une seule aussi complexe que lui. Si Kirishima devait s’étaler sur pourquoi il admirait et appréciait tant le nerveux, il ne saurait dire. Ils ont en commun ce sens du combat et cette volonté très forte de dépassement. Une compétition qui représente à elle seule beaucoup d’aspects importants pour lui, notamment sa revanche sur une enfance certes, non terminée, mais que l’on ne vanterait pas lorsqu’il sera un héros. Parviendra-t-il à le devenir ? Récurrence qu’il ignore, retrouvant dans l’éclat de ces yeux qui lui font face la noirceur qu’il ne laisse personne entrevoir. Pourtant, tout se lit sur son visage, mais difficiles sont les confidences et le canaliser avec de jolis sourires n’était étonnamment pas la méthode qui aurait figuré sur le mode d’emploi de Red Riot. Parfois spontanément très franc, d’autres volontairement dans le flou, il sait généralement sur quel pied danser, mais avec Bakugo, la vérité ne blesse jamais parce qu’elle est dite, parce qu’elle est vécue et plus forte que n’importe laquelle pour être rarement exprimée à contrario d’une personne qu’il qualifierait de normale. Une exigence bien plus élevée que la moyenne, même au sein de l’U.A., Bakugo souffrait peut-être bien plus que lui et il ne faisait que le pressentir.

Sa colonne se tord de douleur en se redressant droite comme un i, chose impossible dans son état et pourtant, sa surprise est totale. Toujours contrarié, ses traits sont figés et vacillent lentement. Une excuse. Ça ne suffit pas, mais il comprend, il la voit cette difficulté à prononcer les mots sans savoir pourtant si c’est le mal de cette blessure visible, s’il s’en veut de lui avoir infligé des coups dans cet état ou si ses paroles ont fait l’effet d’une bombe à celui qui d’ordinaire en est à l’origine. Inespérée est cette vision de lui, d’un corps qui tremble et qui transmets autre chose qu’une haine viscérale envers quiconque s’approcherait de trop prêt. La bête en lui se fond en alerte, appelée par une autre barricadée derrière une cage insonorisée par les soins de son propriétaire. Des excuses, il n’en aurait jamais fait et y rester insensible requérait d’avoir dépassé le degré maximum de tolérance autorisé par le roc. Son inspiration se coupe à deux reprises, brièvement, explicitant le mal qu’il avait à ne pas répliquer tout de suite, essayant de se calmer avant. Il n’avait pas voulu lui faire de mal, cependant c’était tout à fait mérité.

Puis le calme, cette moue fatiguée, autant que la sienne pourtant bien moins marquée par sa colère que par les traits d’un patient sous traitement. Il ne bouge pas, lui laisse le temps de se reprendre, calme lui aussi ses doigts qui se relâchent doucement, les jointures rougies contrastant avec le reste plus clair que sa couleur d’origine. Ce que Bakugo assimilait à de la pitié n’en était pas et il avait bien conscience étrangement que son regard pourrait l’affecter, que cette façon de s’adoucir pourrait lui faire mal. Il n’en avait par ailleurs aucune envie, claquant sa langue sous la demande qui le mettait de nouveau dans une situation inconfortable pour ne pas être sa place habituelle, celle qu’il avait toujours revendiquée sans vouloir passer devant. Ce n’est pas lui qui veut devenir numéro un. Il ressemble à un enfant qui avoue avoir eu tort et cela aurait pu le satisfaire s’il n’était pas dans cet état et désireux d’affronter ce qui ne va pas. Le roux se presse, Red Riot voit la bête se calmer, mais avant qu’elle ne reparte s’endormir, il laisse entendre ces mots :

« Je te l’ai dit : même si je vais mal, même si je te parle et que ça te gonfle, ça change rien, je veux pouvoir te parler et être écouté comme tu le fais là. J’ai pas besoin que tu me dises si j’ai foiré ou si au contraire j’ai assuré parce que c’est évident, on le sait ou le voit quand on s’entraîne ou comme là… » Une respiration saccadée, une voix peu maîtrisée et la visibilité sur son torse pouvaient témoigner d’une condition bien plus alarmante que leur simple querelle d’étudiants. Force est de constater que ce n’était pas un conseil qu’il demandait, mais une présence qu’elle soit bénéfique ou non, il ne voulait que ça de lui, qu’il le considère, que son regard ne change pas.

« Et si ça te fait chier dis-le, je suis loin d’être en sucre, je suis capable d’encaisser, ne m’ignore juste pas » une main passée devant son visage, il est frustré, il ne sait plus comment réagir et il réalise que la nuit cachant leurs états d’âme n’est pas suffisamment efficace pour faire office de voile autour d’eux, retrouvant cette cuisine, cette odeur de liquide vaisselle mélangé aux restes de viande brûlée, carbonisée et surtout le silence. Ils sont censés dormir depuis longtemps. La faim ne reviendra pas, le sommeil non plus, il se garde de le dire cependant, cherchant à redescendre, lui qui a si peu l’habitude de laisser sa voix porter comme un poing en plein dans l’estomac. Distance raisonnable et beaucoup trop distrayante, Kirishima parcourt les quelques pas qui le séparent de son ami et brandit son poing à hauteur de son épaule pour la frapper avec force, néanmoins sans véritable violence. Le coup fera reculer le blond, mais pas suffisamment puissant pour lui faire mal. Un avertissement physique avec ce regard tout aussi déterminé que celui de Bakugo. « Merci bro, pour tout ce que tu fais »
Kirishima Eijiro
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Dim 10 Mar - 0:11

Fringale nocturne et confidences
ft Eijiro Kirishima

°°° The middle of the night °°°



Bakugou prenait beaucoup sur lui : s'excuser, ce n'était vraiment pas dans sa nature. Il semblait pourtant que c'était la seule chose à faire si on ne veut pas finir tout seul comme certains héros enflammés, spécialement quand on a un caractère de cochon et une tendance à tout faire exploser, y compris les situations. Au fil des semaines, il avait appris à reconnaître qu'il n'avait pas forcément raison, voir même, assez souvent, qu'il foutait carrément la merde. Mais il avait en tête un sale nerd bafouillant qui passait son temps en courbettes et osait à peine respirer de peur de piquer l'air des autres ; pour lui c'était ça, s'excuser, tu commences par t'humilier une fois et bientôt t'as le monde entier qui te roule dessus, et il serait jamais, jamais une petite tapette soumise comme Deku.
Le problème, c'est que Kirishima voulait des mots. Il y a un moment où les gestes restent ambigus, où on peut se dédouaner de bien des responsabilités par un haussement d'épaule viril et un air contrit.
Le jeune exalté avait été on ne peut plus explicite, pourtant il peinait à comprendre : il lui faisait faux bond, il n'assumait pas... quoi exactement ?
A quel moment s'était-il engagé à faire des problèmes de Kirishima les siens ? Pourquoi ça le concernait, manifestement ?
Objectivement ce n'était pas ce que demandait vraiment Eijiro. Seulement ce qu'il attendait de lui, ça n'avait rien d'intuitif pour le baril de poudre ambulant. Il lui fallait des choses concrètes. Avec une certaine mauvaise foi, il était en train d'ajouter mentalement à son futur best-seller "ne pas pourrir ses relations en 25 leçons" : lorsque quelqu'un vous consacre plus de 40% de son temps libre, cela exige implicitement qu'il faut rester dans la même pièce et le regarder dans les yeux lorsqu'il parle de ses troubles affectifs ou identitaires, ainsi que de ses problèmes en général. Hocher la tête au bon tempo, et répondre de façon cohérente, c'est à dire, comme il le disait si bien, écouter. Il est probable que ces informations doivent rester dans la mémoire au moins les jours suivants pour assurer un suivi des dits problèmes. Apparemment, échouer à présenter ce degré d'attention vous vaudra le retrait du titre de bro, voir même de pote, et d'être relégué au rang de "camarade lambda", voir d'enfoiré de service. Addenda : même l'heure, l'état de fatigue et les raisons ordinairement valides pour s'énerver (ie : se faire réveiller, nourriture gâchée) ne comptent pas quand le sujet est entré en état critique de trouble émotionnel.
Il n'aimait pas perdre du grade, dans les jeux, dans la vraie vie, et les rapports avec les autres n'étaient pas une exception. Donc, pour masteriser ce mode hardcore de la life qui s'appelle "relations humaines", il n'y avait plus qu'à ravaler son humeur de rageux et humblement s'atteler à la tache, aussi frustrante soit-elle. Dans le genre "AARG je suis nul à ce jeu RESET RESET RESET putain il est où le bouton reset je peux pas avoir un score aussi naze mon rating noooooon" et là vous vous souvenez que c'est la vraie vie et que le pnj va toujours se souvenir de cette réplique de merde que vous venez de sortir et qu'il y a peu de chances que vous ayez jamais la route romantique qui se débloque à ce rythme parce qu'il n'y a qu'une sauvegarde et pas de nouvelle partie... Pas que ce genre de jeu intéresse Katsuki, non. C'est bon pour les pervers comme Deku. S'il y joue c'est uniquement pour s'entraîner. Pour les relations sociales. Parce qu'il est mauvais et que c'est inadmissible.
Aussi, la voie romantique ne l'intéresse pas.
Que ce soit clair.
Jamais.
Sûrement pas.
Hum.
Revenons à nos rouquins, présentement plutôt énervés.
Katsuki ressentait bel et bien de la culpabilité. Parce que le problème était le suivant : Eijiro était... sympa. Beaucoup, beaucoup plus sympa que lui. Sympa était plus ou moins l'opposé de Bakugou pour tout dire. De même que gentil, attentionné, attentif, empathique, tout un tas de choses qui pouvaient qualifier son acolyte aux dents pointues. En sorte qu'il ne méritait clairement pas d'être traité de la sorte. Pas comme... au hasard, cette sale fouine de Deku (qu'il aille crever celui-là) ou la moitié de l'humanité qui étaient juste des nuisances. Il arrivait à être utile, solide, relativement drôle et très, très persistant. En sorte que l'accabler comme il l'avait fait à cause de sa mauvaise humeur et du stress, malaise et de l'anxiété non dite qui se cachait derrière, c'était injuste, méchant, égoïste et même lui s'en rendait compte. Difficile de se défendre des accusations de ceux qui le voyaient comme un sale type dans ces circonstances. C'était comme donner un coup de pied à un chiot abandonné sous la pluie. Seul un vilain ferait ça.

Et seul lui parvenait à donner à ce brave petit gars d'Eijiro une mine aussi enragée, aussi... blessée.
Une chose était devenue claire quand il avait dû se résoudre à affronter son regard.
Il ne voulait pas vraiment voir ce visage déformé par la peine ou la souffrance. Il aimait son sourire et ses yeux pétillants.
Il ne voulait surtout pas le voir pleurer. Il ne voulait pas affronter ses émotions. Il risquerait de ne pas en avoir rien à foutre.
Mais sa fuite n'avait fait qu'empirer les choses. Parce que maintenant, c'était à cause de lui que doute et fureur s'affrontaient dans le masque de celui d'en face.
Et quand il avait dit "Ne me tourne pas le dos, ne me laisse pas derrière"... La question n'était pas qu'il passe ou non la porte de la cuisine. La question n'était pas qui remonterait le premier au dortoir. Non, ça avait une portée que Katsuki n'avait jamais mesuré, ne voulait pas mesurer.

Ah, je vois. Il tient à moi à ce point.

Il ne voulait pas voir ça, clairement pas. Il ne voulait pas affronter cet état des faits. Il croyait un peu naïvement qu'ils pourraient éternellement continuer sans devoir porter ce poids, cette responsabilité, qu'il pourrait être libre. Agir à sa guise, sans se soucier des autres. Mais il faut croire que, franchissant le périmètre de sécurité et malgré les explosions d'intimidation, certains se frayent un chemin trop près, ne laissant d'autre choix que de restreindre ses mouvements.
Le rejeter au loin, c'était aussi une option. Dire tout ce qu'il avait de mauvais à dire, et par All Might il y en avait. C'était infiniment plus facile pour lui de laisser la méchanceté prendre le dessus. Il faut toujours suivre son talent, disent certains, pour apporter le maximum au monde. Bah en dehors des explosions, il avait vraiment le don de faire mal ; rien d'étonnant que le monde des vilains regrette parfois son choix de carrière.
Réparer le mal qu'on fait, préserver les autres, tellement plus difficile. Etre un héros et rester seul était sérieusement le projet qu'il faisait depuis son entrée à UA ; à quoi bon la sympathie des autres, si elle est un tel handicap ? Autant d'efforts vains à respecter des limites ridicules et à préserver leur susceptibilité qu'il aurait pu consacrer au combat... Tant de temps gaspillé, d'énergie, de prise de tête... Force = popularité, si on pouvait s'en tenir à cette équation, il était le grand gagnant...

Mais s'il se montrait vraiment la petite ordure qu'il avait laissé entrevoir ; s'il donnait raison à ces doutes qui apparaissaient dans les yeux de son ami...
S'il ne s'améliorait pas, s'il se contentait d'être le gosse braillard et prétentieux du collège... si ses potes n'étaient que des bouches-trous, des passe-temps comme à l'époque, s'il ne faisait que prendre sans rien rendre en échange...
S'il récompensait la loyauté en mesquinerie, en coups, en mépris et en colère...
S'il faisait du mal à Kirishima, s'il perdait à jamais son estime.
Si l'image d'un connard remplaçait l'admiration dans ses yeux... ce désenchantement, cette déception, et ce reflet... il ne pourrait pas les supporter.

A son insu, il avait commencé à aimer cette façon dont Kirishima le voyait.
Cette image.
Cette image fausse.
Il ne voulait pas que sa réalité le rattrape. Kirishima ne l'aimerait pas comme ça. Kirishima ne l'admirerait pas comme ça.
S'il rompait cette illusion, il le perdrait. Perdrait son estime. Son respect.
Il fallait qu'il soit à la hauteur. Il fallait qu'il soit à sa hauteur.

Voilà pourquoi, il avait rétropédalé. Avec des excuses. Avec une question qui trahissait sa confusion, mais une envie de régler les choses, de ne plus s'enfoncer.
Sans Kirishima, il ne pourrait peut-être pas s'apprécier comme il faisait autrefois. Se kiffer tout seul, sans le soutien d'une foule d'admirateurs, c'est plus dur qu'il n'y parait. Il peinait à entretenir son égo et son égo était son moteur pour avancer, se dépasser. Il avait juste... du mal.

S'il réussissait l'exploit de vicier le regard du garçon le plus pur de tout son entourage...
Il aurait une vraie raison de se détester.

Kirishima avait toujours été aveugle à l'évidence. Il lui avait toujours donné une chance, le bénéfice du doute. Il pensait que c'était bon, que ça continuerait toujours comme ça, mais il avait dépassé les bornes. On n'ignore pas un ami dans le besoin.

Il ne restait plus qu'à changer... faire de son mieux...
Ou perdre le seul ami qu'il ait jamais eu.

Sa main enserra les muscles de son bras avec plus de force pendant que le jeune homme le toisait non sans énervement contenu. Lui-même ne faisait que museler la rage qui patientait toujours, cherchant la moindre occasion de mordre. Peut-être que sa réaction était excessive aux yeux de Red Riot. Peut-être lui volait-il l'occasion de gueuler, de dire ce qu'il avait sur le coeur, d'être en colère, pour une fois. Peut-être régler cela en se battant aurait été plus simple pour les deux. Il avait juste tout ravalé à l'intérieur et fait un volte-face radical, réalisant brutalement les enjeux réels de tout cela. Kirishima souffrait de son laisser-aller depuis plusieurs minutes mais pour Bakugou c'était la douche froide, et il venait juste de se réveiller, sous le choc de ces révélations qu'il avait tout fait pour éviter.

Faisant des efforts pour contenir une aversion nouvelle et instinctive, le faux-roux lui présenta à nouveau ses exigences. Alors qu'il avait essayé de proposer une aide concrète, demandant ce qu'il fallait faire, sa réponse semblait avoir agacé le garçon, qui insista sur le fait qu'il ne voulait pas son avis. Juste son écoute. Il exigeait son écoute. L'autorité dont il faisait preuve avait de quoi déconcerter le blond dominateur. Manifestement il n'avait pas le droit d'être saoulé, ennuyé par ses propos. Pas plus que mal à l'aise sur le sujet : apparemment Kirishima avait capté que c'était le fait qu'il aille mal qui expliquait son blocage. Il entrouvrit la bouche, un peu soufflé, prêt à opposer quelques objections. Il était en train de se faire entraîner dans un deal très inégal, là. En gros, il devait être disponible pour écouter Kirishima se plaindre quelles que soient les circonstances. Et le ton disait clairement qu'il n'avait pas le choix.
Les objections attendraient, une grimace se forma face aux souffles exaspérés qui heurtaient son visage. Le garçon soupira, lâcha qu'il pouvait le dire si ça le faisait chier.
Juste, qu'il ne l'ignore pas.

Peut-être que c'était le côté perfectionniste de Bakugou, mais il avait du mal à comprendre la nuance. Dans son langage corporel et son langage tout court, tout ce qu'il venait de faire constituait un gros signal "ça me gave, arrête". Il ne voyait pas comment dire à la fois "tu me lourdes" et "continues je t'écoute". Peut-être qu'effectivement, son comportement d'indifférence était assimilable à de l'ignorance. Ca consistait à ignorer les émotions et les préoccupations de l'autre, donc techniquement... Mais l'alternative c'était de se forcer à écouter, pas lui dire explicitement "tu me saoules tes histoires ne m'intéressent pas, je veux dormir", une franchise que lui réclamait Eijiro mais dont il doutait qu'il apprécie vraiment la réponse. Comme si sur de tels sujets il avait pu émettre des avis aussi tranchés. Katsuki ne pigeait pas vraiment cette importance que l'autre garçon portait à la franchise et au fait qu'il pouvait lui faire confiance pour dire la vérité. La façon dont il le percevait lui était étrangère. Etre franc, ça semblait vouloir dire, laisser ses émotions et son tempérament de merde dicter sa conduite, c'était vraiment ça que Kirishima voulait voir ? Non, c'était évident qu'il fallait qu'il se contrôle et ménage l'autre. Qu'importe s'il ne voulait pas être ménagé, si c'était précisément ce qu'il ne voulait pas de Bakugou.
Demander de l'écoute, c'est demander de l'empathie.
Et quand on a de l'empathie, on n'est plus libre de faire n'importe quoi.
On prend garde à ne pas blesser autrui, et cela passe avant l'expression de ses propres besoins.
Bakugou n'était simplement pas capable d'assurer une discussion en mode bourrin comme à l'ordinaire ; de foncer et d'avoir le naturel qu'on exigeait de lui.
Il venait d'accepter de se lancer sur un terrain miné. Le genre de bombes qu'il ne savait ni endurer, ni désamorcer. Eijiro parlait de ça comme d'une putain d'évidence, mais rien n'était évident là dedans. Rien n'allait de soi. Si le but d'Eijiro était d'avoir des discussions à bâtons rompus avec lui il ne pouvait qu'être déçu.

Il avait envie de rétorquer que s'il voulait parler il n'avait qu'à le dire explicitement depuis le début, gagné par les strophes agressives qui lui étaient balancées à la figure, peu habitué à endurer sans rien dire. Il se contenta cependant d'un "Ok..." bourru marmonné dans sa barbe, qui ne suffit pas à satisfaire le chien fou de la classe. Kirishima, mâchoire contractée, avança soudain sur lui et lui donna un coup de poing dans l'épaule.
Il ne l'avait pas du tout prévu - il était toujours celui qui initiait ce genre d'échange, d'habitude. Au mieux, Kirishima le provoquait en l'attrapant par surprise, cherchait à le faire sursauter, mais c'était lui qui frappait le premier, toujours.
Il n'avait rien paré, et recula de quelques pas sous la surprise, son corps retrouvant automatiquement son équilibre.
Plus qu'une douleur somme toute minime, le geste le déconcerta.
Sans doute était-ce une tentative pour se défouler et ramener un semblant de normalité entre eux ; seulement Katsuki était parti loin, beaucoup plus loin que nécessaire dans sa peur de l'amitié. Il était toujours fatigué, mais aussi vaguement nauséeux ; il avait l'impression qu'il était passé tout prêt de perdre Eijiro. Il ne savait pas comment il devait réagir, mais il détestait l'air perdu que son visage reflétait.
Il l'avait cherché, celle là. Voilà ce qu'il aurait dû se dire. Et ça aurait effacé d'un coup toute la scène qui venait de se produire, et ils auraient continué comme si de rien n'était.
Etait-ce une menace ? Une revanche ? Une marque d'affection ? Il n'en savait foutrement rien.
Il avait été violent pour un rien ce soir là. Pire que les rumeurs sur son dos ne le disaient. Alors il n'était pas question qu'il réplique. Quelle que soit la raison, il se contenta de détacher sa main, laisser ses bras retomber de chaque côté, se forçant à ne pas détourner les yeux face aux yeux brillants de volonté qui lui faisaient face. Eijiro essayait de communiquer avec lui, exigeait une présence, et lui... il ne se sentait pas la capacité de faire ça.
Et les dernières paroles achevèrent de le paumer complètement.
"Merci bro, pour tout ce que tu fais."

Il lui rendit son regard, éberlué, puis s'esclaffa pour étouffer son malaise.
C'était une blague... non ?
Ne sois pas un connard. Ne dis pas de la merde.
Il ne devait pas l'ignorer ; il fallait donc répondre. S'il était à côté de la plaque, est-ce que ça comptait comme une erreur ?
Combien de points avant de perdre ?
Combien avant qu'il ne lui tourne le dos ?
Enfin Bakugou, tout ce que tu as à faire c'est d'être franc. C'est pas sorcier, non ?

Il serra les poings, ouvrait et refermait la bouche, sans savoir ce qui allait sortir. N'importe qui d'autre, dans un moment comme ça, aurait dit ça en guise de sarcasme. Après cette débâcle ? Après lui avoir répété à quel point il n'avait... absolument rien fait, brillé par son absence, son indifférence et son manque de compassion patent ? Comment ça pourrait-être autre chose qu'une claque morale, suivant le coup physique ? C'est le genre d'ironie qu'il ferait, lui. Mais Eijiro... ?
Il craignit de passer pour un imbécile s'il le prenait au premier degré. La honte qu'il ressentirait s'il... répondait à cela comme si c'était vrai... et qu'Eijiro n'avait rien voulu dire d'autre que ce qu'il entendait (à quel point il était inutile, indigne d'être son ami)...
Il étira son sourire et découvrit ses dents, les yeux un peu vides.
"Tu te fous de moi, pas vrai ?"
Il allait mal et il avait failli mourir, putain, et lui il n'avait même pas été lui parler. Comme si tout était normal. Comme s'il n'existait pas.
"Je sais que j'fais de la merde, ok ? Pas la peine d'en rajouter."
Putain.
Mais ferme-la pauvre tache.

Il secoua la tête avec force comme pour effacer les mots de l'espace.
"Non, tu peux me taper si je recommence... Je raconte n'importe quoi mec... je suis crevé, et oui ça me gave, mais qu'est-ce que tu veux que je dise bordel ?"
Une légère hystérie perçait dans sa voix, si encore c'était écouter et seulement écouter, mais fallait bien répondre et il sentait qu'il venait juste de commencer et qu'il avait déjà foiré.



Bakugou Katsuki
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Kirishima Eijiro
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Mar 12 Mar - 22:23
Il la voyait, la pressentait cette différence de degré dans la maitrise et la gestion de leurs émotions. Mais Eijiro avait lui aussi des difficultés à exprimer ce qu’il pensait malgré les apparences. Comme une intuition qu’il laissait doucement mijoter, cherchant les réactions de son homologue, le roux ne mettait pas les mots les plus exacts et lui-même avait du mal à définir ses objectifs. Pourtant, il était sûr de lui, il avait obtenu des excuses, difficilement à force d’exposer ses faiblesses et cette colère qui semblait plus criante d’émotion et faire écho à en briser les murs du blond. Il avait vibré comme lui et c’est exactement ce qu’il voulait de Katsuki : être sur cette même longueur d’onde, pouvoir communiquer qu’il s’agisse de mots, de regards ou de leurs poings, ça ne devait pas être une méthode unique qui régissait leur relation. À ses yeux, le plus difficile à supporter outre la douleur physique était celle de l’âme. Les multiples coups qu’on avait pu lui porter guérissaient toujours, mais nombreuses étaient les cicatrices, marques et souvenirs qui le hantaient. Il ne pouvait oublier tout ça, il ne pourrait non plus faire une croix sur cette discussion visiblement perturbante pour l’explosif, autant que pour lui. Kirishima ne cachait pas sa surprise à voir ce garçon silencieux qui se voilait derrière son masque de colère. Fragile ? Peut-être, il n’en avait pas vu toute l’étendue, mais le peu qui se hissait à son regard lui reflétait son ancien lui, ce garçon qu’il voulait effacer et son cœur se serrait davantage en constatant que leurs différences ne faisaient pas tout.

Ils avaient quelques points communs, certains plus importants que d’autres. Cette volonté d’acier, cette obstination dans l’atteinte de leurs objectifs respectifs, ce besoin de dépassement. Cependant, la corde sensible avait toujours été mise à l’écart dans ces traits parce que le roux ne la retrouvait pas chez son ami. Erreur, force de constater qu’il en possédait bien une et que cet éclat bref, mais vif dans son regard le rendait plus abordable à ses yeux. Comme un animal blessé qui grondait contre lui pour l’avoir approché… pouvait-il cependant être le soigneur ? Il y mettrait toute sa volonté et si le problème du jour n’était pas l’état d’âme du classé, ça n’en restait pas moins une priorité à l’avenir pour Red Riot dont les principes ne permettraient pas d’abandonner quelqu’un dans l’attente d’une aide. Peut-être ne s’en rendait-il pas compte, mais aux yeux redevenus sérieux d’Eijiro, une main invisible se tendait dans sa direction et il était bien décidé à la saisir pour en découvrir les secrets. Ce n’était pas une faiblesse, une entité qui pourrait en être une si Bakugo n’en tenait pas plus compte et ne l’enfouissait pas comme un enfant qui mettrait en boule ses draps pour dissimuler toute trace humide. Oui, pour lui ce qui était évident ne l’était pas pour Katsuki et il allait avoir du mal à le lui faire comprendre s’il n’essayait pas d’intégrer son langage. Pour faire un pas vers lui, il fallait être courageux ou fou diraient certains. Vouloir creuser plus à peut-être s’enterrer lui-même, le piquant l’avait toujours fait et il ne changerait cet aspect de lui pour rien au monde tant ça lui avait apporté. Outre-les a priori, outre ses doutes, foncer dans le tas quand il s’agissait d’émotion c’était ce qu’il savait faire de mieux. Les malentendus n’étaient pas permis, ennemis de toujours dans sa façon d’exprimer ou dans son comportement bien souvent tête en l’air il se devait d’éclaircir les choses. C’était ainsi que le blond l’avait connu et accepté. Mais ne s’était-il jamais douté que derrière, lui aussi cachait l’être fragile qu’il était autrefois ? Ne s’est-il jamais demandé si Kirishima était plus que ce qu’il laissait entendre ?

Le roux n’avait pas vu en lui que force brute et puissance, un idéal qu’il représentait dans son esprit clairement, mais qui évidemment avait des failles comme tout être humain. Néanmoins, admirer quelqu’un impliquait d’exagérer la vision des bons côtés au détriment des mauvais. Pour ce meilleur ami-là, c’était différent, Bakugo voyait le mauvais et acceptait le bon, comme si en découvrir plus le forçait à être plus proche et il n’avait pas tort. Voulait-il briser le miroir afin de ne pas être déçu ? Inverser ce processus de négatif au détriment du positif dans cet unique but ? C’était étrangement plus proche de ce qu’il dégageait actuellement.

Ça ne faisait pas de lui quelqu’un de mauvais, mais d’une logique intéressante, à l’opposé de la sienne. Il ne souffrait pas de découvrir les défauts des autres, conscients d’en avoir et ne demandant qu’à être accepté dans son ensemble, un résultat finalement similaire à l’explosif. Mais il ne semblait pas s’en rendre compte. Pour Kirishima, cette mauvaise foi, cet égo, il n’y avait rien de mal à le posséder et si parfois c’était assez lourd et étouffant de l’entendre crier, de le voir bouder, avec un environnement qui le soutenait malgré tout, avec ces dents pointues dévoilées dans un sourire, le blond s’apaisait.  Ça n’avait rien d’extrêmement vil à ses yeux ou de volontairement méchant de la part de Bakugo. Mais cette scène avait tout remis en cause.

Certes, l’élève studieux, plus que lui en tout cas voulait être un héros, mais il avait rejeté toute forme de responsabilité dans un réconfort pourtant si peu demandé de la part du roux. Il s’était barricadé à défaut de savoir réagir plutôt que de l’affronter. Comme une balle qui rebondit et que l’on reçoit en pleine figure, Kirishima l’avait cherché ce moment, même s’il était importun et hasardeux, il tombait assez bien dans cet état de nerfs qui lâchent. Sans lui, le piquant aurait fait taire le feu des plaques à induction, passé le carnage culinaire sous l’eau pour laisser s’envoler une fumée noire au-dessus de larmes qu’il n’aurait pu surmonter. La dépression aurait bercé ses doutes et il aurait surement un peu trop tendu l’oreille près de cette petite voix sournoise, prête à l’engloutir tout entier pour le réduire à une vulgaire projection de lui-même. Pâle copie de l’original, sans vie, cassé, brisé. Il n’aurait pas supporté Bakugo et lui-même aurait-il était le même à l’ignorer ? Tant de facteurs incontrôlables qui rendent la présence seule du blond plus nécessaire, un besoin et il s’en était rendu compte assez vite contrairement à son acolyte.

Déboussolé, le regard du blond faisait danser la lueur vive dans ses yeux. Il ne voulait pas lui donner crédit pour ses actions, pour cette humanité très forte et visible que Bakugo laissait entrevoir, mais en même temps, il ne pouvait l’ignorer et ce dilemme le fit simplement réfléchir à approcher, lui montrer, lui dire qu’il le soutenait que ce n’était pas une faiblesse et qu’il ne demandait pas tant. En soi, il n’y avait pas besoin d’effusion sentimentale pour le roux, il suffisait d’une main posée sur son épaule. D’un « reprends-toi ! Tu n’es pas seul ! » mais était-ce dans les moyens du cendré ? Sa main cognant contre l’épaule d’un Katsuki qui étonnamment recule sous le coup, le fait lui-même réagir, observant ce garçon en face de lui qui soudainement reprend ses aises. Des poings serrés, une expression furibonde, mais vide malgré les apparences. Le voilà qui se pose des questions et qui exprime être en faute. Eijiro arque un sourcil face au choc, sa bouche ouverte de surprise se referme à son tour sur une ligne transversale, un côté de sa bouche plus vers le bas que l’autre. Il reste stoïque et prend une profonde inspiration. Le blond ne recule pas plus, mais il secoue la main devant lui, sa voix se brise, son comportement aussi. De nouveau, son poing se lève, plus hésitant, et ses inspirations sont longues, mais rapides malgré tout, secouées par des soubresauts dus à sa gestion chaotique de respiration à la fois par un mauvais contrôle de sa colère et sa blessure physique. « Bakugo Katsuki… je sais que ce n’est pas facile pour toi de me dire tout ça et si je t’ai dit merci c’est que je le pense vraiment, je fais pas vraiment dans l’ironie ou le sarcasme » Il passe sa main libre sur son visage, l’autre sur l’épaule de Bakugo se serre doucement, bras tendu, il secoue doucement, un visage fatigué et agacé malgré le calme qu’il essaye de faire revenir. Il y avait eu deux réponses différentes, une réaction naturelle et celle qu’il essayait de faire parvenir. Blessé, il était blessé oui et il se cachait derrière sa fatigue pour faire passer sa honte, n’était-ce pas ? Honnête, comme toujours, mais il prenait sur lui, n’est-ce pas ? Kirishima avait lui-même du mal à définir quelle était le vrai du faux Bakugo, comme s’il se dissociait de lui-même, comme s’il voulait bien faire. Devait-il le bousculer ? Il en mourrait d’envie, mais il n’était pas comme ça non plus.

Sans réelle méchanceté, le roux serre un peu les dents avant d’ouvrir la bouche dans une diction très claire « Je suis pas en état non plus je te ferais remarquer… tu sais pas vraiment comment réagir quand je te dis ce que je pense hein ? Mais au moins tu réagis… je veux juste ça moi… que tu réagisses… je veux juste exister dans ton foutu monde Bakugo et avoir une place quand on sera des héros… je veux juste… » sourcils froncés, gorge nouée, il laisse claquer sa langue en grognant sa frustration, sa main s’enfonçant un peu plus dans cette épaule « Je veux juste être là moi aussi ! » Comme un cri sorti du cœur, comme cette réalisation soudaine d’avoir été la cible d’un vilain et d’y être presque passé. Tout serait parti en fumée, lui compris s’il n’y avait pas eu un minuscule petit élément pour s’immiscer à ce moment-là et faire échouer les plans de l’ennemi. « Juste une seconde, une seconde de plus et j’étais plus là… » Et plus que ces gens qui étaient par sa faute en danger, il y avait sa contribution, aucune empreinte déposée de sa part sur la pierre. Les morts s’oublient, la douleur se fait moins grande jusqu’à ce que le nom à son tour ne soit plus qu’un lointain écho. C’était ça pour Kirishima la mort, c’était ce qu’il voulait éviter, ne pas regretter ses actions avant son dernier souffle, être fier, pouvoir être en accord avec ses multiples facettes. Égoïste, il était égoïste, mais n’avait pas eu peur d’affronter la mort à ce moment, pas pour les raisons escomptées. Il n’aurait pas été fier, il n’aurait servi à rien et plus jamais il ne voulait voir ce retour en arrière se produire, être inutile, immobile. Il déglutit, son menton tremble et si ses yeux sont humides ce n’est pas par la tristesse, mais par la rage de cette confusion qui s’opère derrière le rideau. « Je veux juste… que tu continues à me donner des cours, à t’entraîner avec moi… je veux juste continuer à te chercher quand on sort des cours, à dire des conneries et à me faire taper » revenir sur ce qui était important pour lui effaçait lentement cette peine, cette frayeur. Il avait une chance supplémentaire et se demandait jusqu’à quand est-ce qu’on allait lui en donnait au juste et pour quelle raison.

Il ne voulait rien gâcher. Reniflant bruyamment, il mord sa lèvre, se retenant d’éclater. « AAAH j’ai mal au crâne à force… écoute, si le message est passé… j’vais me faire à bouffer avant de tomber dans les pommes » c’était si difficile, son avant-bras lui avait servi à essuyer les quelques larmes retenues avant que sa main ne se glisse dans sa tignasse rouge. Il voulait détendre l’atmosphère, il s’en voulait d’être si persistant. Beaucoup de réflexions s’étaient imposées à lui et Red Riot estimait que ce qu’il restait à apprendre afin de s’apprivoiser devait être fait petit à petit. Un rire plus joyeux explose, frottant encore un œil en relevant le nez vers Bakugo « Je me demande… t’es capable de faire cuir quelque chose avec tes explosions ? » provocation gratuite et plus apte à être comprise de l’allumette, son cœur est lourd, en même temps déchargé de cette frustration à l’égard du blond. Libre à lui de s’enfuir à nouveau, il ne le retiendrait pas, pas maintenant qu’il lui avait dit tout ça. Il le comprendrait pour cette répartie vraie de ne pas être en état. Il ne lui en voudra pas et il espérait bien que cette nuit leur porterait conseil ou… quelques détonations fort reconnaissables et rassurantes à l’oreille du roux.
Kirishima Eijiro
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Bakugou Katsuki
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 15 Avr - 13:10

Fringale nocturne et confidences
ft Eijiro Kirishima

°°° The middle of the night °°°




En proie à des émotions contraires et une intense confusion, Bakugou vit la main d'Eijiro se lever et écarquilla les yeux, prêt à recevoir un coup qu'il avait réclamé. Il sentait la colère du garçon, cela il pouvait le comprendre, il aurait préféré qu'il crie, qu'il frappe. Cela aurait fait sens.
Mais les impulsions de l'étudiant, contradictoires, s'exprimèrent par une poigne qui, plutôt que le repousser, enserra son épaule. Il y avait assez de force pour que ce soit douloureux, et les secousses l'ébranlèrent comme pour le sortir de son monde monochrome, tout ou rien, la peur et l'incompréhension qui rendaient son regard plus aigu et faisaient trébucher sa voix.
Cette gestuelle, à elle seule, signifiait toute leur différence. Des doigts qui s'enfonçaient avec force dans sa chair quand la voix affirmait qu'il n'y avait pas d'ironie, qu'il disait les choses comme elles étaient. Parce qu'il savait que c'était dur pour lui il le remerciait. C'était tout.
Sans un mot, son visage se déporta sur le côté. Ainsi, une fois encore, sa propension à lire le pire dans les autres le conduisait à l'erreur. Évidemment que Kirishima ne l'avait pas raillé. Qu'il n'était pas comme ça. Mais dans le fond, Katsuki n'en savait rien. Il n'avait ni la prétention de le comprendre, ni celle de le connaître.
“Je n'ai rien fait” marmonna-t-il sans emphase. C'était vrai. Il n'y avait aucune raison de dire merci et si son camarade le remerciait pour ça, ça ne faisait que mettre en relief quel ami pourri il était.
Comme Kirishima le soulignait, il n’avait pas le monopole de la fatigue, face à une personne blessée qui n’avait pu suivre les entraînements depuis une semaine. Les bandages, du moins ce qu’il restait après ses coups qui avaient laminés le tissu du pyjama, attiraient son regard qui, à cette faible distance, ne put que suivre la ligne du cou, la clavicule, pour tomber sur les bandes détendues au laçage défait. Le plus déchiqueté, pourtant, n’était pas le textile. Sous les taches carbonisées qui ouvraient des trous dans une tenue ruinée par sa faute, la chair fraîchement soignée formait des noeuds de tissus cicatriciel rosâtre, comme une chaîne de montagne à la perspective écrasée sur une carte géographique. On aurait dit que des dents gigantesques avaient mâchonné son torse. En fait, à en juger par les plaies, c’était probablement la réalité.
Les sphères rouges et inexpressives étaient fixées sur ce spectacle cruel. C’était douloureux, rien qu'à regarder. Et un air pensif passait sur son visage comme enfin il cessait de faire de son petit point de vue étriqué le centre du monde.
Parce que ce qu’il pensait et ressentait, cet égoïste refus du changement de Kirishima, cette peur de voir leur relation changer, ce refus de faire face à la réalité…
Ça n’avait aucune importance. Ça n’aurait eu aucune importance, si ces plaies avaient été plus profondes, de quelques centimètres.

Il n’arrivait pas à détacher les yeux, fasciné par cet entrelac qui sciait la peau autrefois intacte. Peu pudique, Kirishima laissait souvent admirer sa musculature travaillée, ne loupant pas une occasion de tomber le haut au cours de l’été. Ce relief, il l’avait souvent parcouru du regard ; le familier était soudain meurtri de traces indélébiles, et par le miracle des soins de Recovery Girl, on aurait cru que les cicatrices avaient poussé à même la peau, sans avoir qu'il ait vu les plaies, du jour au lendemain. Comme ci un cycle de blessure et de soin qui aurait dû prendre des mois était brutalement accéléré et qu’il sautait une étape pour se retrouver au résultat final, sans avoir compris.
Comment était-ce possible ? Une semaine plus tôt, ce corps était intact… Comment les choses pouvaient-elles être défigurées à ce point ? Sa réalité arrachée à son contrôle, projeté dans un avenir où les frontières avaient bougé, où Eijiro n’était plus son soutien inébranlable, où Eijiro vacillait, presque dévoré par un destin qui avait failli avoir raison de son avenir et de ses rêves?

Si ce qui a fait ça s’était refermé sur moi, j’aurais été coupé en deux.

Il frissonna à cette réalisation physique. Red Riot, le bouclier absolu. Le seul qui pouvait prendre ses explosions de plein fouet. Le seul qu’il n’avait pas peur de blesser.

Les doigts se plantèrent profondément dans son épaule. Il fuit des yeux vermillons dont l’humidité appelait la faiblesse.
Il se le répétait, que jamais une chose pareille ne lui arriverait. Après tout, il était fort, plus que n’importe qui, et il ne se laissait pas piéger au corps à corps comme le roc malchanceux. Ça ne pouvait pas arriver. Parce qu’il était fort. Il était né du côté gagnant. Ça ne lui était jamais arrivé.

Pourtant les mots qui roulaient désormais inarrêtables lui nouaient la gorge. Ce qu’il sentait mais refusait de reconnaître. A une seconde, à un détail, à un miracle. Eijiro n’avait pas juste perdu face à un vilain. Ce n’était pas que l’humiliation de faire face au mal et de connaître la défaite ; une situation si insupportable aux idéaux des deux garçons. Non, ce n’était pas cela.

A une seconde, à un détail, à un miracle. Elle pouvait surgir et tout emporter. Et quoi ? Qu’auraient-ils accompli ? Quelle gloire ? Toutes les fins ne sont pas des sacrifices héroïques. Red Riot serait mort pour rien. Sans personne à protéger ou à sauver. Une flamme soufflée, un grand froid, et le vide.
Peut-être bien que la vie n’avait aucun sens.

Ses poings se serraient.
Ne me tourne pas le dos, ne me laisse pas derrière.
Il ne voulait pas de ces émotions. Il ne voulait pas penser à la mort. Il voulait continuer à vivre dans l’illusion de la toute puissance où la tragédie ne touche que les autres.

Ça paraissait irréel, impossible, de là où il se trouvait, de l’autre côté, et pourtant ce bras comme un pont tremblait, la détresse, réelle, de celui qui réclamait sa présence.

Ne me tourne pas le dos, ne me laisse pas derrière.
Il avait fui cette possibilité, fui celui qui avait besoin de lui, fui la réalité que son intuition lui dévoilait.
D’abord l’absence. Puis, l’annonce de l’incident. Deux jours sans qu’il se pointe en cours. Et enfin les mouvements, si raides, les sourires, raides aussi. Il n’avait pas eu besoin de le frapper, de déchirer ces bandages, pour savoir.

- Ce boulet. Cet abruti, comment il peut se faire laminer de la sorte, après les entraînements qu’on a fait ensemble.
Il craint. Putain, comment il a pu laisser ça arriver ? Comment il a pu déraper à ce point ?
Je vais le défoncer.
Je vais le défoncer. -

Et il n’avait rien fait, évidemment. Il n’était franc qu’avec les gens qu’il ne portait pas dans son coeur. Probablement toute la planète, à l’exception d’un faux rouquin collant et agaçant. Un jour, peut-être Eijiro le comprendrait.
Il n’était pas franc. Il avait fui. Il avait nié. Eijiro allait régler ses soucis, revenir à la normale et tout serait comme avant. Ce n’étaient pas son problème. Il n’avait rien à voir avec ça.

Il cilla, et ses yeux qui s’étaient détournés pudiquement sur la main qui le tenait toujours, sans le laisser s’évaporer, remontèrent doucement le long de ce pont. Les mots lancés comme autant de grappins au dessus du vide, pour l’arrimer, tintaient à ses oreilles, évocateurs d’un quotidien, d’un familier, le leur. Les yeux parvinrent à la jonction de l’épaule et basculèrent jusqu’à son visage.
Ne me tourne pas le dos, ne me laisse pas derrière.
Il fallait tout le courage de Bakugou pour plonger dans les yeux embrumés.

Il ne respira plus, face au naufrage qu’exprimait ce visage tourné vers lui. Comme s’il avait été le seul phare en cet instant, à éclairer les ténèbres absolues qui grondaient par delà les mots.
Il le regarda juste. Quelques secondes. Il le regarda en face, et cette main plantée là, qui faisait mal, imprégnait en lui les empreintes de sa vie, de sa réalité, cette affirmation et ce cri, il était toujours là, il était toujours là.
Tout était assourdi, ralenti dans son monde. Comme s’il voyait Eijiro de très loin, au travers du chas d’une aiguille, minuscule fenêtre de lumière où se détachait sa silhouette, un point sur l’horizon.
Les émotions remontaient lentement, quelques bulles dans la tiédeur de l’inertie noire engloutissant tout. Quelque chose de la vase du fond.

Quelque part de l’autre côté d’un mur de verre un enfant tambourinait, criait son hystérie mais de ses hurlements seul un son sourd traversait la prison.
Il le regardait encore et serrait les dents, le souffle plus court à l’image de l’adolescent qui lui confiait sa colère, sa peur et sa tristesse.
Ce n’était pas de l’empathie.
Il avait peur de la dépendance qu’exprimait Eijiro en cet instant. De la responsabilité qu’il lui donnait. Du choix porté sur lui, plutôt qu’un autre. Pour se décharger de ce qui torturait sa conscience.
Mais ce qui le terrifiait plus que tout, c’était toute cette émotion qui aurait pu, sans prévenir, remonter jusqu’à ses yeux. Un pur sentiment de douleur qui le poignardait à lui couper le souffle, et le laissait faible comme un petit enfant démuni. Sans préparation ni bouclier pour ce qu’il n’avait jamais éprouvé.

Il ne voulait pas le perdre. Il ne pouvait pas le perdre.
Et pourtant, Eijiro avait failli disparaître.

Quelque chose traversa son visage, la crête d’une vague, une sorte de tic. Quelles émotions se reflétaient dans l’amaranthe de ses yeux ? Un masque froid, Eijiro le tenait. Il était toujours celui qui tendait la main, s’affalait sur lui, le claquait dans le dos, cherchait à forcer sur lui ses checks et high-fives… C’était toujours lui qui le touchait, avec ce contact si naturel, si spontané. Quand Katsuki touchait les gens c’était qu'il se battait. Il n’était guère tactile, et la familiarité de ces approches l’avait exaspéré plus d’une fois. Sa mère ne lui faisait pas de câlins et il n’aurait pas su dire s’il était celui qui l’avait repoussée dans son enfance ou si ça n’avait jamais été son genre. Ce n'était pas quelque chose dont il avait besoin. Ce n'était pas quelque chose qu'il recherchait. Même si Eijiro prétendait que c’était normal entre potes, entre mecs, entre bros, ça n'était qu'une nuisance, une source d’embarras, d’inconfort et juste une excuse pour le faire chier 90% du temps. Il n'en pouvait plus de ce pot de colle sans gêne et de ses clowneries.

Personne d’autre qu’Eijiro n’osait le toucher.

Il le tenait. Il sentait le contact de sa main bien réelle, sa chaleur, sa douleur, son existence. Il pouvait le ressentir physiquement, qu'il était là.

Et à une seconde près, plus jamais il n'aurait senti un tel contact. Plus d'ancre pour le tirer hors de son monde distordu par l'orgueil et la honte. Plus de sourire sincère, plus de main pour abolir toutes les barrières et se poser sur lui, sans lui laisser le choix, sans se soucier de sa putain de fierté qui l'isolait du monde.
Personne pour le toucher.

Il serrait les lèvres, très fort, pupilles balayant le visage, ravalant la perte, la peur, ces putains d’émotions. Ça faisait tellement mal.

Il ne voulait pas d’amis. Il ne voulait pas davantage de choses à perdre. Ça faisait tellement mal.
Est-ce qu’il ne perdait pas déjà assez ?

Ce fut un intense soulagement quand le garçon brisa le contact visuel et détendit l’atmosphère d’une réplique légère. Il n’aurait pas su quoi faire s’il s’était vraiment mis à pleurer et sa propre tension devenait intenable. Il croisa aussitôt les bras devant lui comme pour se protéger, grogna : “Ouais, c’bon, j’ai pigé…” d’un ton bougon, boudeur, et grinça avec l’ombre d’un sourire quand l’autre le provoqua : “Tu sais bien que non, tête de pioche ! Ce qui me troue c’est que toi t'arrives à carboniser de la bonne viande sans même te servir d’explosions !”
Balançant ses bras de chaque côté, il s'avança vers lui et arracha les ustensiles des mains du plus jeune.
“Pas question que je te laisse massacrer un steak de plus. Laisse faire les pros et admire.”

En quelques instants, une agréable odeur avait envahi la cuisine. Eijiro avait le bon sens de s’asseoir et de le laisser s’emparer du plan de travail. Deux steaks grésillaient joyeusement nappés dans une sauce de couleur caramel, et le blond hérissé avait jugé qu’il serait indécent de ne pas les accompagner d’une poêlée de légumes sautés. Il faut des repas équilibrés… même à trois heures du matin.
Ses gestes habiles, techniques, la mise en forme de la recette qu’il réalisait peu à peu, le goût qui envahit sa bouche quand il testa l’assaisonnement, tout cela le calma peu à peu, l’ancrant dans un présent matériel dont Eijiro faisait encore partie.

En un instant, la conversation était repassée sur leur mode de fonctionnement habituel, superficiel. Eijiro avait donné le signal et il s'était engouffré dans la brèche. Il y avait beaucoup trop de chaos en lui et il pourrait faire le point sur le sens de tout ça plus tard. Il détestait la merde sentimentale et admettre qu'il tenait sincèrement à ses amis restait de mauvais goût à ses yeux. Alors prendre conscience que Kirishima avait pris de tels risques, c'étaient les bases de son monde qui vacillaient et il haïssait les faiblesses ainsi révélées. Il trouvait refuge dans le rituel, quand il préparait à manger de mauvaise grâce, et on aurait pu croire qu'il écartait à nouveau le faux roux, fuyant la conversation que celui ci avait exigé. Mais il aurait pu retourner se coucher. À la place, il s'activait à lui préparer un casse croûte nutritif et décent en pensant aux nutriments susceptibles de favoriser la guérison. Il s'était résigné à une performance amoindrie pour les cours du lendemain, mais concernant Eijiro, il allait arrêter de foirer.

Il laissa glisser un “Mmh” d'approbation quand le garçon qui s'était écarté et le regardait s'agiter le complimenta sur le fumet qui s'échappait de ses plats. En temps normal il l'aurait rabroué en affirmant que c'était juste une recette simpliste, mais il avait la tête ailleurs. Après un silence, un soupir retenu desserra ses lèvres closes. Il lui tournait le dos et sa spatule interrompit son mouvement au dessus de la poêle.

“Ça va peut-être paraître bizarre venant de moi, mais des fois tu es juste trop faible et y a rien à y faire… Peu importe le nombre de fois où tu repasses le combat dans ta tête, où tu cherches ton erreur, comment éviter ça, ça change rien. Tu fais que t'enfoncer et te sentir pire qu'avant.”

Il fixa sombrement le feu, coupa le gaz, et disposa les steaks nappés de sauce, garnis de légumes, dans deux assiettes avant de se tourner vers Kirishima.
Mordant l'intérieur de sa lèvre, il déclara d'un ton lugubre en fuyant son regard :
“‘solé, tu avais dit pas de conseils…”
Il parlait d'une voix plus basse qu'Eijiro ne connaissait pas, laissant des espaces traîner entre certains mots, loin des aboiements coutumiers et de leur assurance.

Pourquoi avait-il choisi de dire un truc aussi déprimant ? Il n'y avait rien qui aurait pu rendre sa défaite moins amère alors il fallait juste qu'il se la boucle et le laisse digérer. Seulement, il lui semblait que selon les normes des gens qui ont de vrais amis, il était sensé essayer de parler et de trouver quelque chose de commun entre leurs expériences. Se mettre à la place de l'autre, ce genre de conneries.
Il aurait protesté que c'était impossible, que prétendre comprendre ou ressentir la même chose que quelqu'un était illusoire, un mensonge que les imbéciles répandaient pour se donner bonne conscience tout en étalant leur vie privée.
Pourtant, Eijiro était peut-être ce genre d'imbécile, et il voulait rattraper son comportement de connard. Il morflait assez comme ça, Tête d'Ortie, et au lieu d'être là il l'avait doublement blessé.

Et comme la sensation d’étouffement lui serrait la gorge et la poitrine, il ne pouvait nier qu'il avait une idée de ce que son camarade traversait. Peut-être mieux que quiconque dans leur classe. Il savait que la honte et la peur ne s'effaçaient pas vraiment, diffusant leur poison en arrière plan. Vous réveillant au milieu de la nuit pour découvrir votre voisin de chambre est en train de cramer un steak dans la cuisine, larmes aux yeux derrière un sourire illusoire.

Il déposa les assiettes et s'assit sur le siège adjacent. Il avait plus d'angoisse maintenant, après que tout soit fini, et détestait l'impuissance qu'il ressentait. Il ne pouvait éprouver de soulagement pour quelque chose qu'il avait rejeté, une perte et une peur qu'il avait refusé de ressentir. Mais des mots auraient pu l'apaiser un peu, s'il avait seulement pu dire : je suis heureux que tu sois là.

Peut-être que sa simple présence et ses gestes bourrus sauraient convier cette vérité-là. L'ombre de ces paroles était trop pour le prétendu héros-né, et elles restèrent quelque part bloquées dans sa poitrine.

Attentif et méfiant envers Kirishima même sans le regarder, il commença à manger sans l'attendre, essayant de maintenir son écoute sans replonger dans ses automatismes. Il lui semblait que réagir comme si la douleur que l'autre lui avait confiée n'était déjà qu'un souvenir aurait ajouté à l'insulte. Il naviguait à vue dans un mode d'échange étranger et il attendait les signes de son interlocuteur pour évaluer sa conduite.

Bakugou Katsuki
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Kirishima Eijiro
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 15 Avr - 23:30
La communication passe de diverses façons et lorsque deux êtres ne se comprennent pas, c’est que le moyen employé ne convient pas. Bakugo préfère l’action à la conversation, il avait fui son compagnon le temps de son rétablissement, il attendait que Kirishima puisse monter sur le ring pour le mettre chaos et exprimer ainsi toute cette rage, peut-être même lui cracher au visage qu’il était trop faible, qu’il ne savait pas comment ils avaient pu être amis, qu’il lui faisait honte. Très honnêtement, le roux aurait été détruit de la dureté de ces mots, car son esprit branché sur une station qui n’était pas celle habituelle aurait pris la forme et non le fond. Grave erreur pourtant, lorsqu’on s’intéresse au blondinet, parce que sous la nuée d’insultes se cache un reproche évident : Je me sens impuissant, je m’inquiète, J’ai eu peur de te perdre. Aussi clair qu’il l’aurait lu d’ordinaire, le faux roux aurait pris le sens littéral et erré dans cette incompréhension du changement de discours ou plutôt de la façon dont il le percevait. Voilà le risque de cette violence avec laquelle Bakugo semble communiquer, outil qui n’aurait pas dû en être un, arme tranchante, aiguisée et désireuse de marquer la chair à en laisser des séquelles. Il le voyait, dans les yeux qui ne l’affrontaient toujours pas, mais cette présence malgré tout qui s’obstinait quand sa main se redressait : il aurait voulu ça, mais Kirishima n’en avait pas envie. Ses besoins étaient autres, sa façon de communiquer ne serait pas celle de son allié de toujours, mais la sienne aussi déstabilisant que cela soit tant l’explosif se montrait calme. Il explique avec plus ou moins de tempérament que ce merci était sincère. Kirishima avait vu cette détresse. Non. Il avait entraperçu, comme une porte dérobée qui s’était dévoilée, comme une ouverture infime laissant filtrer une lumière vive dans l’obscurité et qui se referme brusquement à peine un pas fait.

Je n’ai rien fait, à peine audible, à peine prononcé, dans une modestie qui ne ressemble pas à Bakugo. Ce n’était pas comme s’il le connaissait par cœur, si jusqu’à présent Kirishima avait gardé pour lui sa vulnérabilité et ne l’exposait que maintenant, son ami avait bien le droit d’en faire de même et l’avoir forcé à se dévoiler, quelque part, faisait sonner l’alarme de cette culpabilité toujours présente qu’il repoussait sans cesse. S’il s’écoutait, il irait dans le sens du blond, tenterait quelque chose de stupide, provoquerait sa colère noire. Mais ce ne serait pas juste, ni pour Bakugo ni pour lui-même. Red Riot voulait aider et la meilleure façon de le faire c’était pour l’instant d’être un minimum égoïste à vouloir rétablir cette équité perdue. Il avait fait éruption dans l’espace privé du blond, il lui laissait désormais l’accès au sien, même si ce dernier avait sans aucun doute du mal. Un juste retour des choses qui permettait des bases plus saines qu’un terrain d’entrainement transformé en défouloir. Offrir cette rédemption d’office aurait scellé cette relation du point de vue de Bakugo, empêchant l’évolution de cette dernière ou du moins entravant grandement aux yeux du rouge toute possibilité de pouvoir se livrer sans crainte à son ami.

Cette main qui froissait le tissu près de la tête de l’étudiant était la promesse d’une relation plus ouverte, d’une compréhension de l’autre. Kirishima n’avait pas cette prétention d’être parfait en termes de sociabilité il y avait beaucoup de choses qu’il ratait, mais il essayait et voulait comprendre contrairement à Bakugo qui ne semblait pas réactif vis-à-vis de toutes les émotions que le roc lui envoyait depuis le début de leur conversation. Ses yeux rubis cherchaient les siens, mais ne trouvaient que le détour sur sa peau meurtrie. Des blessures bien réelles qui affectaient le cendré bien plus que les mots que le concerné mettait dessus. Le regard posé sur lui était étrange, quand l’un contemplait brièvement le résultat d’une altercation presque mortelle, l’autre évaluait cette réaction. Il était surpris, les poils sur les avant-bras du blond se redressaient dans une chair de poule que le roux comprenait parfaitement. Cette sensation familière et pourtant si particulière de sentir son échine s’animer et picorer l’intérieur de ses entrailles. Si ça ne présentait aucun danger, c’était pourtant l’impression, signaux du cerveau qui propageaient l’information avant même qu’il ne comprenne lui-même. Lui aussi avait eu peur, lui aussi voulait faire partie de ce monde et laisser une trace afin d’illuminer le ciel sombre, mais rien n’était plus fragile que ses doux rêves et celui qui derrière son alter avait failli.

Les grimaces aperçues, ce regard forcé vers lui tandis que les larmes rendaient sa vision floue. Cette faiblesse était pour lui une force, une décharge de tout ce qu’il n’a pas extériorisé, de cet être au fond de lui qui s’était promis de changer et qui était malgré tout plus sensible une fois exposé. Rien n’avait changé le concernant, il devenait plus fort, il apprenait plus vite, il était satisfait globalement, mais il devait faire avec et s’il l’avait accepté, il ne tolérait pas de devoir retenir cette partie dont il avait besoin, il n’en pouvait plus de ce masque d’apparences et il voulait le retirer expressément pour Bakugo. Pourquoi lui particulièrement ? Ses poings serrés, son manque d’empathie, diraient certains, Bakugo n’était pas comme les autres et Kirishima n’aurait pas supporté les encouragements doux et le ménagement qu’on lui aurait offert. Se sentir faible était une chose, se sentir démuni, voir dans les yeux de ses camarades sa défaite à répétition, cette preuve, cette gentillesse déborder qui le réconfortait, mais qui n’était pas ordinaire le renvoyait à ses idéaux. Il voulait cette cohésion, cette compassion, cet esprit d’équipe. Il voulait qu’on compte sur lui et inversement, mais en toute circonstance, non quand le drame s’est joué. Et si les liens entre ses camarades et lui sont forts, ils le sont moins qu’avec la bombe à retardement.

Bakugo Katsuki dans les yeux de Kirishima suscitait cette image de justice imparfaite, d’un caractère violent au service du monde, d’une possibilité pour lui qui s’était considéré banal, de briller parce que tous en avaient les capacités. Bakugo était une lumière pour lui non seulement par sa force physique et son intellect, mais également cette motivation intangible, inébranlable. Ce n’était pas seulement ça être un héros pour lui, mais avoir des failles et être parfois incompris, devoir ménager dans un coin de son esprit une place pour celui qu’on est derrière le masque du héros que l’on a créé. Une partie conséquente, mais qui n’est pas l’entièreté du personnage. L’un ne peut subsister sans l’autre. Kirishima avait pressenti cette partie cachée du cendré, atrophiée peut-être ou au contraire trop présente, le résultat pouvait varier selon qui avait le dessus entre le héros et l’homme sous le costume. Et à cet instant, il avait vu ce qu’il voulait depuis le début : cette part d’ombre, celle niée, rejetée au fond. Il sert plus fort, il renifle, il prend sur lui. Approfondir sur ce qui faisait que Bakugo était bien lui-même, se concentrer sur lui à tous les coups causerait sa perte. Il n’en avait pas la force maintenant, préférant alors mettre court à leur conversation plutôt animée pour faire place au relâchement d’une pression qui leur avait coupé le souffle à tous les deux.

La main lâche doucement après avoir parlé, détendu ou du moins peu à peu, il arriva au niveau du plan de travail. Mais un blondinet rageur lui arrache littéralement tout ce qu’il touche pour se mettre aux fourneaux, faisant sourire le roux qui l’observait dorénavant. Tête de pioche… ah, ça lui aurait manqué de ne plus le dire, pas vrai ? « Quoi, t’as déjà essayé pour le savoir ? » ce n’était pas une question piège, spontanée, il n’avait fallu une seconde pour que son humeur le pousse à cette question. Malgré l’épuisement, son tee-shirt en lambeaux et ses bandages à refaire, il se sentait mieux. Est-ce que ça l’avait aidé ? Est-ce qu’ils s’étaient compris ? C’est en y réfléchissant que Kirishima perd le fils à l’odeur alléchante de la viande grillée et la vue de ces légumes qui dansaient dans la poêle rien que pour eux ! Cette façon de parler cependant, cette habitude, il s’y était donné corps et âme.

Le silence se fit de nouveau entendre, calme et atrocement différent. L’air n’était pas lourd, mais l’innocence du moment n’était pas au rendez-vous non plus. Devait-il chercher quoi dire ? Où le laisser revenir ? La voix calme du blond se fait finalement entendre pour des paroles prenant au dépourvu le roux. Renvoyé d’un coup à l’arrière de son esprit, il fixe la silhouette de dos avant que rapidement ne soit interrompu le cheminement de cette pensée par une excuse bredouillée, calme et étrangère. Le roux fixe son homologue, meurtri ses lèvres qu’il entrouvre pour refermer aussitôt. Parlait-il de son combat ou de lui-même ? Une main contre sa nuque, accoudé à la table, il est légèrement contrarié, mais ne peut rien dire. Bakugo prenait les choses au sens propre, parce qu’il le voulait ou parce qu’il était réellement dans l’incapacité de se comporter autrement ? Il ne le savait pas, mais Kirishima n’était pas insensible à ce qu’il venait de dire. « T’as raison pourtant… et ça prend à n’importe qui. Être parfait ça n’existe pas, même le numéro un peut commettre des erreurs… je veux dire, on attend beaucoup de nous en tant que héros et nous aussi on se fout la pression alors… parfois accepter ça, ça permet d’ouvrir beaucoup d’autres chemins et de peut-être gagner ? » combattre le mal par le mal avec des moyens qui sont connus de tous, ça n’a pas de sens, évoluer, toujours, c’est aussi courir le risque que de la même façon, l’adversaire ou le rival soit lui aussi dans cette optique de progression. Mais admettre des faiblesses, c’est considérer beaucoup plus de nuances de couleur que les palettes utilisées précédemment, c’est une remise en question presque nécessaire. « Ça… n’a rien de bizarre en plus… t’es vraiment très fort et je parle pas de technique ou d’intelligence, ça tout le monde le sait… je parle surtout d’avoir les épaules pour supporter la pression d’être classé aussi haut » ce n’était pas seulement ça, mais le plat posé devant lui le faisait saliver allègrement. Il mange silencieusement, Bakugo faisant de même non sans jeter quelques regards vers lui pour jauger ses réactions. Ce n’était pas la peluche attendrissante habituelle, mais c’était bien lui, cette part qui peu à peu s’apaisait et redevenait le monstre aux poils soyeux plutôt que le hérisson tendu.

Le plat était délicieux, visuellement appétissant et encore meilleur à la dégustation, laissant le roux sans voix malgré sa furieuse envie de répliquer. Il mange sans rien dire, mais ne termine pas son plat, buvant entre chaque prise trop rapide d’aliments, soupirant son extase en frappant plus ou moins lentement son estomac ayant pour conséquence de lui faire pousser des « itetetetete » discrets à sa façon. Un sourire en coin cependant lorgne sur le visage calme de son cuistot d’un soir. « On a dit qu’on se disait tout franchement, pas vrai ? » il n’attendit pas de confirmation cependant pour laisser entendre sa répartie. « J’ai envie de te dire ce que je pense de toi Bakugo, même si je suis pas forcément objectif, y’a plus de positif que tu pourrais le croire » cette précision gênante pourrait faire démarrer au quart de tour l’énergumène qui savourait son plat, mais cette effusion n’était pas forcément terminée et puisqu’il en avait l’occasion à présent, il le ferait. Ce soir était une exception, une nuit hors du temps qui leur permettait cet écart. Il espérait qu’il y en aurait d’autres, mais pour l’instant se contenterait de gratter un peu plus sur leurs heures de sommeil au plus grand damn de Katsuki sans doute.

« T’as un sale caractère et t’es violent, mais t’es compétent et t’es plus motivant que les douces paroles de Yaomomo. Et tu me croiras pas, mais je te le dis quand même, je préfère largement quand on me secoue, que quand on me caresse dans le sens du poil, même si je le montre pas parce que ça part d’une bonne intention quand les autres le font » Il n’était pas gentil, il n’était pas vraiment un exemple de bonté, de politesse ou de respect, mais ne s’était-il jamais demandé pourquoi Kirishima l’acceptait si ses principes étaient contraires à cette image que Bakugo donnait à la majorité des élèves ? Il ne voulait pas de bisous, de câlins, il voulait juste son bro, tel qu’il était et ne pas voir dans ses yeux l’indifférence à laquelle il avait été soumis lors de sa convalescence. Le bruit des couverts se fait entendre, il se balancerait sur sa chaise, le dos appuyé contre à défaut de pouvoir le faire. « Un jour je cuisinerais aussi bien que toi, quitte à brûler une centaine de steaks ! » c’était plus fort que lui de laisser une échappatoire au blondinet… il s’en voudrait surement, mais il dirait les choses telles qu’elles lui sembleront, comme il l’avait fait ce soir, comme il le ferait toujours. Malgré ses peurs, malgré la douleur, il ne voulait pas abandonner… il ne voulait pas revivre cette solitude, reculer.
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Bakugou Katsuki
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# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 6 Mai - 0:34

Fringale nocturne et confidences
ft Eijiro Kirishima

°°° The middle of the night °°°



A peine les paroles avaient-elles fusé hors de sa bouche, à peine les avait-il regrettées. Parce qu'elles n'avaient rien à faire dans son discours de winner habituel, et qu'elles révélaient une faille qu'il aurait préféré masquer. C'est sans doute la raison pour laquelle il se sentit aussitôt embarrassé, et ravala ses propos avec une gêne qui ne lui était pas coutumière. Le regard de Kirishima était indéchiffrable. En même temps, il faisait cet effort pour lui, de communiquer. Et il supposait donc - les larmes en étaient des indices assez évident - que l'étudiant blessé regrettait amèrement sa défaite. Eijiro avait toujours visé l'excellence et imaginer perdre aux mains d'un vilain représentait un revers cruel pour n'importe quel jeune de UA. Ce n'était pas que ça, puisqu'il avait failli y perdre sa vie. Alors il faisait un effort d'imagination, pour jouer aux devinettes, et se servait de la seule chose qu'il connaissait : sa propre expérience.

Ce fatalisme, il l'avait acquis à force de regrets, à se torturer avec des souvenirs cruels qu'il n'avait pu effacer. Il ne pouvait se pardonner sa défaite, et toutes ses conséquences. Comme une série de causes et d'effets qui avait fait s'écrouler ce en quoi il croyait, qui il était. Sans savoir pourquoi ni comment, il sentait que tout pouvait remonter à ce premier échec, quand il était encore au collège et que son arrogance comme sa vie avaient failli être mouchées au détour d'une ruelle.
Mais Eijiro ne pouvait savoir cela, et c'était pour le mieux. Il prit ses paroles dans un sens plus général, semblant leur reconnaître une certaine sagacité.
Pourtant comme il abondait dans le même sens le blond fronça les sourcils, parce qu'il n'était pas d'accord avec cette généralisation.

"Être parfait ça n’existe pas, même le numéro un peut commettre des erreurs…"
Il allait protester pour défendre All Might et sa perfection. Sujet sensible, il supportait très mal qu'on rabaisse, même légèrement, l'homme qu'il prenait pour modèle. Mais la phrase suivante du faux rouquin le pris de court. Oui, c’était bizarre venant de sa part parce qu’il était fort, voilà tout ce qu’il avait voulu dire… Alors pourquoi Eijiro interprétait ça, disait ça…?
Il roula les épaules et continua à mâchonner son steak d’un air d’indifférence. Il n’arrivait pas vraiment à savoir s’il était encore fâché contre lui ou non, mais ce qui le faisait tiquer, c’était qu’il retourne la situation et se mette à lui parler de lui. Méfiant comme il était, il avait l’impression qu’on cherchait à le piéger. Mais comme il ne voulait pas spécialement agresser Kirishima après leurs échanges échaudés, il se contenta de plisser les yeux et de pincer les lèvres.
“Je suis pas d’accord avec toi, en fait. T'as vu All Might combattre comme moi... Tu peux me citer une erreur qu'il a faite ? S’il en est capable, alors moi aussi. Je veux pas me ramollir sous prétexte que ça fait trop de pression ou je sais pas quoi. Je sais pas si c’est une force, c’est juste ce que je suis. T’es pas un winner parce que t’en as envie, mais parce qu’il y a pas d’autre choix. Les regrets, ça sert à rien, c’est ça que j’voulais dire. Le passé on s’en branle. Mais tu as perdu et un peu plus et t’y passais. Ca va te rendre fort. Parce que perdre c’est jamais une option. Et maintenant, c’est gravé sur toi, et en toi…”

Il laissa son regard se poser sur le torse dévoilé de son camarade, un regard sans pitié, difficile à décrypter.
Perdre, c’est mourir. Ce genre de leçon est cruelle. Mais si c’était le prix pour devenir les plus grands héros, Katsuki était prêt à souffrir. Ce qui ne me tue pas me rend plus fort, il y croyait dur comme fer. Et quelque part, ce qu’avait traversé son ami le marquait lui aussi. Ce n’était pas un jeu ; être des étudiants à UA faisait d’eux des cibles. Ca ne ferait qu’empirer une fois héros. Et bien, il comptait mener le combat jusqu’à eux. Il ne serait pas un spectateur et il ne serait pas une victime. Et pour la première fois, peut-être, un désir confus de protéger naissait en lui.


Puis Kirishima, après avoir fini de se brûler sur sa nourriture, dans sa hâte de remplir son estomac, lui adressa un sourire qui ne disait rien qui vaille. Et lui annonça cash qu’il allait lui faire le bilan de ce qu’il pensait de lui. Un grognement échappa au blond qui repoussa son assiette vide et lui lança un regard noir : tu vas pas oser ? C’était quoi, ça ? La soirée grandes déclarations ? Et derrière son air retord, un brin de nervosité faisait frémir la nourriture tout juste ingurgitée dans son estomac.
Cependant, comme annoncé, c’était plutôt positif. Enfin, quelqu’un d’autre aurait pu être vexé par la mention de violence ou d’un sale caractère mais… c’était presque gentil pour mesurer l’attitude du tas de dynamite. Ca aiguisa son attention pour la suite car, comme annoncé, Eijiro était sincère, d’une franchise limpide et cela parlait à Bakugou. Ce qu’il disait, il pouvait l’entendre. Il pouvait le comprendre. Il cilla et détendit un peu ses épaules. On était loin de l’étalage dégoulinant de sentiments qu’il avait redouté, et il se dit qu’Eijiro n’était pas aussi nouille qu’il en avait l’air. Il avala sa salive. Et maintenant ? Il devait dire quoi ?

“Bah, t’es juste maso...” fit-il en se rejetant en arrière et en croisant les bras, le regard détourné. “Mais ça me va.” souffla-t-il un peu plus bas.
On a dit qu’on se disait tout… Il avait pas dit ça, lui. Pourtant la douleur encore vivace ressemblait à l’inflammation d’une coupure ; et si ces émotions parasites faisaient rosir son teint, c’était la faute à la chaleur de la cuisine.
“Perso j’ai pas de raisons particulières de te supporter. C’est comme ça, et faudra t’en contenter.”

Il se leva et remit la cuisine en ordre avec son efficacité habituelle.
“J’ai pas l’intention de partir ou quoi, et t’as pas intérêt à servir de casse-croûte à un vilain… Donc on est encore coincés ensemble un moment, Tête d’Ortie…”
Il avait dit ça d’un air détaché, pointant la lèvre inférieure dans une légère moue. Il n’irait pas plus loin dans l’effusion de sentiments, mais le fond était là, et même s’il n’aimait pas réfléchir à ce genre de “conneries”, il était certain que ce qui s’était produit allait maturer et changer son attitude dans l’avenir.

Kirishima était son ami. Un mot comme horizon, rempli d’inconnu. Pour le meilleur ou pour le pire, il était lié à cet abruti. C’était à peu près aussi agréable que de se rendre compte qu’un troisième bras lui était poussé dans le dos pendant la nuit, mais bon, peut-être que ce bras allait s’avérer utile, et qui sait, qu’il finirait par apprécier sa présence. Même si ça changeait trop de choses pour qu’il se sente à l’aise dans l’immédiat, il ne pouvait juste pas… amputer une part de sa vie. Et si ça arrivait, il allait avoir mal.
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Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki 19042108193839885


Kirishima Eijiro
Élève de première année
# Re: Fringale nocturne et confidences + Bakugo Katsuki
Lun 6 Mai - 12:44
Perdre ce n’était pas seulement une histoire de force ou d’intelligence, ni de volonté. C’était avant tout un amas de facteurs sur lesquels il ne pouvait avoir de contrôle associé à ceux qu’il maîtrise ou cherche à maîtriser encore. Kirishima estimait que cette erreur le rendrait plus fort et qu’il fallait bien en passer par là pour gravir les échelons. Néanmoins, il l’envisageait en acceptant ses points faibles contrairement au silencieux Bakugo qui reprend la parole pour expliquer ne pas être d’accord. Kirishima poursuit le repas, écoutant attentivement le blond exposer cette vision de la justice sans faille. Il veut être fort, il refuse l’idée même de perdre et ça, le roux le savait. Il admirait l’explosif autant qu’il pouvait comprendre cette vision. Elle ressemblait à cette décision qu’il avait prise au collège pour entrer à l’U.A., ne rien vouloir regretter, ce à quoi il se fit toujours et qui fait briller ses yeux. Ce sourire particulier et propre à l’étudiant revient peu à peu, sincère et faible, mais il est bel et bien là et se délecte de cet écho en lui. Les yeux de Bakugo montrent évidemment ses blessures et s’il les dévisage, ça ne le rend pas plus faible à ses yeux. Est-ce qu’il l’encourageait ? C’est en tout cas comme ça que Red Riot le prend. Il acquiesce, sagement.

Bakugo n’est pas réellement porté sur la discussion quand il ne s’agit pas de leurs devoirs, de combat, d’échange sur les héros. Pourtant, il a fait cet effort et en ses mots, le faux roux a reconnu cette amitié, ce qui définissait leur relation et par conséquent ce qui faisait que leur duo était dynamique et très important pour lui. S’il avait eu des doutes concernant le cendré, ils étaient déjà minimes, mais ils sont réduits au silence à présent par cette simple façon de lui parler. Les deux jeunes hommes avaient traversé divers états pour en arriver à ce stade tant redouté et pourtant fort appréciable du point de vue de Kirishima. Ce dernier, prenant aux mots son acolyte définit une partie de leur relation à vive voix, expliquant qu’ils étaient chacun insupportable à leur façon et que leurs différences s’entrechoquaient assez pour souvent faire des étincelles. Pourtant, c’est ce qui lui plaisait. Cette façon d’aborder les choses sans filtre, il l’adorait.

Parler cuisine était une façon pour lui de remettre sur le tapis cette compétition absurde, cependant très efficace pour eux et pour leurs objectifs qui plus est. De nouveau ce sourire. Fou, certes, mais compris de son ami, Red Riot se sent beaucoup mieux. Un poids disparait au creux de son estomac et il acquiesce de nouveau. Pour une fois, il n’en rajouterait pas comme il sait si bien le faire. Un peu qu’il allait s’en contenter ! Le blond se lève et lance une dernière réplique, symbolique d’une main qui se tend plus qu’un revers, il observe le jeune homme et laisse échapper un léger rire d’indignation. « Je vais me renforcer, plus personne ne pourra percer ma peau bro ! Comme ça, tu me supporteras encore longtemps, même quand on sera des héros » dit-il. La vision de l’élève s’en allant pour gagner sa chambre tandis que lui reste dans la cuisine encore quelques secondes ne lui fait pas l’effet qu’il avait ressenti de sentir l’écart se creuser. De ne jamais pouvoir atteindre son ami, voire de faire du surplace ou d’être relégué au rang d’inconnu. Non, il savait dorénavant qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre et ça avait son importance pour Kirishima.

Le piquant se lève, remettant sa chaise en place avant d’observer la pièce qui avait accumulé et absorbé toute la tension de cette discussion. Kirishima n’avait pas voulu faire de mal, mais il avait été blessé. Bakugo avait fui et le roux comprenait que ça n’avait jamais été de sa responsabilité de le canaliser et de le soutenir. Néanmoins, il l’avait souhaité et ce manque lui avait fait comprendre que Bakugo n’avait pas à changer pour lui, mais qu’il y avait d’autres façons qu’il n’avait jusqu’alors jamais explorées d’exprimer sa frustration, sa peine. C’était une facette de la personnalité de l’explosif qu’il avait intuitivement capté sans jamais se pencher véritablement dessus. Cette incapacité à exprimer au-delà des poings, cette faiblesse cachée qui pour Kirishima était une force. Bakugo était fort en de nombreux domaines, mais en termes de communication, c’était lui qui était plus à même à dominer et encourager son ami. Ainsi, même s’il n’a pas eu l’impression d’être efficace, la finalité de leur échange lui a prouvé qu’il n’avait pas échoué et qu’au contraire, il pouvait considérer le classé comme une valeur sure. Soupirant sa fatigue, le faux roux traine les pattes jusqu’à sa chambre pour tenter de finir sa nuit, un immense sourire aux lèvres en imaginant de l’autre côté du mur qui le sépare de Bakugo, les petites étincelles qui devaient surement échapper au blond pour n’avoir plus assez de sommeil à son actif. Une question trottait tout de même dans sa tête : Bakugo s’était levé, pour l’odeur insupportable de cramé ? Où y avait-il eu une autre raison ? Il avait été le seul après tout. Il fallait qu’il lui demande, mais pas immédiatement, se perdant peu à peu entre le réel et l’irréel, lourd et les paupières se fermant, le faux roux s’endort.
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