À vrai dire, c’est l’impact qui m’a le plus marqué. Le contact légèrement pointu du bout de l’avion en papier sur mon crâne qui me fit légèrement sursauter. Ramassant le projectile, je remarquais des traces de crayon qui s’enfonçait dans les entrailles de l’avion. Le dépliant, je trouvais trois mots d’amour sur la feuille: « t’es con mdr »

Regardant autour de moi pour tenter repérer l’éventuel envoyeur d’amour, je fis la rencontre de deux yeux que je connaissais. Rouge et bleu, rubis et saphir, ces deux couleurs complétaient le regard d’Emiko qui me regardait depuis l’autre coté du trottoir. Assurément, elle avait l’air capable de ce genre de blagues de cours d’école, mais je ne m’en offusquais pas. Je cherchais justement quelque chose à faire et voilà que l’on me propose de jouer. Je serais bête de refuser

Souriant, je fouillais dans mes poches à la recherche d’un médium pour écrire jusqu’à trouver un stylo dans la poche arrière de mon jean. Malgré les passants et les voitures entre nous, je la fixais avec une moue joueuse alors que je réfléchissais à une réponse convenable.

Tout fier de mon idée, j’écrivais une réponse au même niveau que le siens avant de replier le petit avion. Attendant patiemment le bon moment, je décidais d’envoyer l’origami vers sa propriétaire légitime en brûlant de voir sa réaction quand elle le recevrait. Est-ce que c’était comme cela que l’on se sentait quand l’on utilisait encore des pigeons voyageurs, cette anticipation de savoir comment le destinataire répondrais à ce qu’on lui avait écrit avec amour? Bon, on peut pas dire que ce soit l’amour fou entre nous, mais j’espère au moins qu’elle sauras me divertir pendant quelques temps.