Quelle belle ville Musutafu pouvait être. Grande, active, hétéroclite. Les rues bondées de monde par quelques touristes, les civils, les employés allant au travail. Rinku appréciait tous ce tumulte, tout ce mouvement. Et ce, pour une chose :
Qui dit plus de monde, dit plus de biens.
Et qui dit plus de biens dit plus d'argent.
Finissant de travailler à l'épicerie, Rinku marchait tranquillement les mains dans les poches, sac sur l'épaule et casquette vissée sur la tête. La nuit approchait, les bureaux commençaient à fermer. Il était l'heure pour elle d'enlever la casquette de "la jeune adolescente travaillant à temps partiel dans une épicerie" pour celle de "la jeune pickpocket qui va détrousser tous ces civils bien conformes à la société qui sont tellement épuisés de bosser pour une misère qu'ils ne font même pas attention à leurs poches."
Quel était le meilleur endroit pour faire les poches à quelqu'un ? Il y en avait plusieurs, mais Rinku se dit qu'aujourd'hui, elle allait faire dans la sobriété : pour les portables et les portefeuilles, direction le métro.
C'était si agréable pour elle de marcher dans cette foule, de suivre le mouvement pour se rendre au métro. D'entrer dans ce serpent de métal en se faufilant dans la foule et de ne pas payer le trajet. La brunette se faufilait discrètement à travers les gens collés entre eux : passant sa main dans une poche pour certains, ouvrant doucement un sac pour d'autres.
Rinku était ravie, elle était aux anges. Encore deux stations comme ça et elle pourrait s'offrir une pure soirée de débauche dans un buffet à volonté en faisant ses petites affaires.
Pourquoi un buffet à volonté ?
Parce qu'elle pourrait manger à sa faim en plus d'utiliser son alter sur les téléphones pour effacer toute trace de leurs anciens propriétaires le plus rapidement possible.
Et puis qui n'aime pas les buffets à volonté ?
Rin en salivait d’avance en sortant de la bouche de métro. Elle salivait à l’idée de l’assiette débordant de nourriture : nouilles sautées, porc au caramel, riz, yakitori, salade de wakamé, sushi, ramen et tellement d’autres choses toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Son sac à dos bien rempli, Rinku prit une profonde inspiration en sortant au troisième arrêt de métro : il ne fallait pas qu’elle attire trop l’attention et elle avait dit qu’elle allait faire dans la sobriété. Elle pouvait se montrer sympa quand elle le voulait : la preuve, elle sortait de la bouche de métro.
Mais en regardant que la foule était encore dense, Rin eut encore envie de continuer à détrousser quelques stupides malheureux. La tentation était trop forte et l’idée de pouvoir se payer non pas un, mais deux buffets à volonté deux jours de suite eut raison de toute prudence.
L’appel du ventre est plus fort que tout.
Elle s’approcha alors des potentiels pigeons, la technique rodée : marcher tranquillement vers eux, faire semblant de ne pas les avoir vus, une légère bousculade accompagnée d’un timide “Oh pardon madame/Monsieur” et hop ! Plus de portefeuille !
Rin se demandait parfois si les gens étaient vraiment stupides ou bien s’ils le faisaient exprès. Qu’importe au final puisqu’ils y perdaient au change.
“C’est parti pour un festin !” murmura la brunette excitée, “dommage pour vous bandes de nazes.”
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La pickpocket et le citoyen Comme un reflet d'un passé lointain••• Le jeune loup bailla bruyamment, et ce dépit du fait qu’il était dans le métro bondé. Il avait passé une journée assez épuisante. Entre sa séance de sport intensive au matin, qui lui avait vidé une grande partie de son énergie, et l’après-midi passée à la boutique de sa mère pour l’y aider avec la vente de fleurs, il était éreinté. Sans parlé du fait qu’il était toujours sans nouvelle de sa formation. À part la confirmation de sa demande d’inscription, il n’avait aucune information, et ne savait donc pas s’il avait été accepté, ni quand ladite formation allait débuter. Bref, un petit cocktail d’inconnues qui ne faisaient que monter son stress et l’empêchait de se reposer totalement.
De plus, il revenait de sa séance chez Okuda, sa charmante psychologue. Il soupira en y repensant. Même si Okuda était vraiment une personne formidable, très à l’écoute et attentionnée, faisant preuve d’une dévotion à son travail qui forçait le respect, la combinaison de tous ces rendez-vous l’avait vraiment fatigué. Au moins pourrait-il se coucher tôt, ce soir là, se dit-il. Alors qu’il sortait de la rame de métro et rejoignait la surface, il remarqua une jeune fille qui semblait plutôt maladroite et se heurtait à presque tout le monde. Si personne autour d’elle ne semblait y prêter davantage attention, trop occupés pour la plupart à répondre à leur téléphone ou à consulter diverses pages internet, Jin, lui, la suivit du regard, guidé davantage par son instinct que quoi que ce soit d’autre. Les agissements de la gamine ressemblaient en effet à la méthode un peu clichée du pickpocket, et quoi de mieux comme terrain de jeu qu’une zone bondée de monde où il était facile de disparaître en un clin d’oeil.
Pas de chance pour elle, le bon samaritain qu’était Jin n’allait pas la laisser filer, si toutefois ses soupçons étaient confirmés. Dans le cas contraire, il ferait demi-tour et reprendrait sa route. Son regard ne décrochait donc pas de la gamine, qui pourtant semblait tout faire pour passer inaperçu avec ses vêtements aux teintes sombres, qui lui permettaient de se fondre dans la pénombre de la foule, en plus de sa petite taille. Heureusement, il avait un très bon sens de l’observation et il parvint à la suivre du regard, non sans mal, jusqu’à ce qu’elle file dans une ruelle un peu isolée. Sans perdre une seconde, le loup géant se fraya un chemin au coeur de la foule, avec peu de difficultés en raison de sa corpulence qui était devenue maintenant des plus imposantes, si bien que les gens s’écartaient presque naturellement sur son passage.
Il finit par débouler dans la ruelle, constatant que ses soupçons étaient visiblement fondés : la gamine était en train de jubiler en tenant plusieurs porte-feuilles dans ses mains, et son sac, semblant bien rempli, tombait bas dans son dos, indiquant qu’il était très probablement plein à craquer de prises supplémentaires, lui aussi. Le jeune loup s’approcha alors lentement, sans un bruit, tel le prédateur qu’il était, en grande partie grâce à son alter mais surtout grâce à ses nombreuses années à traquer des criminels en tout genre dans des ruelles semblables à celle où il se trouvait. Arrivé finalement derrière la jeune fille, il posa fermement sa main sur son épaule, serrant juste assez pour l’empêcher de fuir sans pour autant chercher à lui faire du mal, puis approcha son visage de son oreille.
« C’est pas très sympa de voler les porte-feuilles des autres, tu sais ? » :copyright:️ 2981 12289 0
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