En se levant ce matin là, Jin avait le coeur qui s’emballait. Il avait du mal à croire que c’était enfin le moment : son dernier jour de prison. Ce soir là, il dormirait dans sa cellule pour la dernière fois, et le lendemain, il serait alors enfin libre. Libre de recommencer une nouvelle vie aux côtés de sa mère, de son ami Shizen, et d’enfin devenir le héros qu’il avait toujours voulu devenir. Certes, le chemin était encore long. Il devait déjà effectuer sa formation pour devenir le partenaire de Shizen, et même là, il ne serait alors pas encore totalement un héros. Ce n’était que la première étape, mais il nourrissait l’espoir qu’en travaillant dans l’ombre de son ami, il puisse petit à petit faire parler de lui, ne serait-ce que pour que ses actions et sa bonne volonté soient reconnues au grand jour. Et peut-être qu’alors il pourrait devenir un héros à part à entière.
La journée lui parut longue, tant l’idée de quitter enfin ces murs de béton froid le réjouissait. Ce jour là était aussi le jour de sa dernière consultation avec Okuda avant sa libération. Nul doute que le sujet aurait une importance capitale dans leur entretien. Suivant sa routine comme tous les autres jours, Jin croisa quelques visages familiers à différentes heures de la journée, comme s’il se retrouvait face à un bilan de son séjour.
D’abord le voleur de la bijouterie, à qui il adressa un petit sourire narquois. Alors que Jin allait sortir, lui resterait sans doute encore pour un moment, puisque le vol pour lequel Jin avait aidé à le faire coffrer n’était pas son premier crime. Ce dernier semblait ronger son frein, ne pouvant tout simplement pas s’en prendre au jeune loup sans se faire immédiatement maîtriser par les gardes qui surveillaient la pièce.
Il y eut aussi le frère de cet homme à qui Jin avait brisé le dos. Certes, c’était vraiment regrettable que Jin se soit montré aussi violent, mais il n’allait pas non plus s’apitoyer sur le sort de ce type. Il avait voulu violer une femme, après tout, et Jin avait d’ailleurs toujours un beau souvenir de cet affrontement. Il posa sa main sur ses côtes, sentant à travers le vêtement sa large cicatrice. Non, pas le moindre regret du sort de cet homme, même si à l’avenir, il éviterait sans doute d’être aussi brutal.
Assis à sa table, prenant son petit déjeuner, Jin repensait alors à tout ce qu’il avait pu faire depuis tout ce temps, tous ces choix qu’il avait pris et qui l’avaient amenés là où il en était à présent. Au portes d’un nouveau chemin, prêt à devenir quelqu’un de nouveau. Une meilleure personne, la meilleure version de lui-même. Tout du moins, c’est ce qu’il voulait et espérait. Il était prêt à tous les sacrifices nécessaires pour y parvenir, pour honorer la foi que son ami Shizen avait placé en lui, pour racheter ses erreurs auprès de sa mère, et de tous ceux qu’il avait pu blesser d’une manière où d’une autre dans son combat solitaire et, il reconnaissait alors à ce jour, un brin trop égoïste.
Dix-huitième jour.
Alors qu’il sortait d’une autre de ses séances en compagnie d’Okuda, Jin se remémorait beaucoup de souvenirs marquant de son ancienne vie. Sa rencontre avec Hanami, qui avait été plutôt singulière, en premier lieu. Il se souvenait aussi de la seconde fois où ils s’étaient vus. Une journée banale, simple, à discuter de tout et de rien. Pas d’évènements imprévus pour ternir l’image d’une journée de repos bien méritée, à seulement profiter de l’instant présent et des joies d’une vie libre. Aujourd’hui, il y repensait avec un sourire amusé. S’il avait su à l’époque qu’il se retrouverait finalement en prison … Il soupirait, légèrement agacé par sa bêtise et son immaturité d’antan, se disant toutefois que le passé était déjà écrit, quoiqu’il puisse faire. Il ne pouvait pas le changer, mais son avenir était encore constitué de pages blanches. Il savait ce qu’il voulait y inscrire, il ne lui restait qu’à trouver la force et le courage de le faire.
Il repensait également à Black Reaper. Cette fameuse nuit où il s’était retrouvé, une nouvelle fois, face à un vrai héros. Une héroïne assez singulière, qui lui faisait pas mal penser à lui-même alors, pour son côté très explosif, et ses éclats de colère assez soudains. Et pourtant, bien loin d’être aussi émotive et incontrôlable qu’il ne l’était alors, elle avait eu toutes les raisons de se mettre en colère. Il revoyait tout le film de leur rencontre, le combat contre Grandes Mains, leur discussion plutôt animée et houleuse autour des choix de Jin, et maintenant qu’il les entendait à nouveau, les arguments et les mots de Black Reaper sonnaient comme une évidence pour lui. Qu’est-ce qu’il s’en voulait de ne pas l’avoir écoutée alors.
Il se devait de lui présenter des excuses, et il le ferait dès sa sortie. Mais il se souvint aussi d’un détail : elle avait dépensé une grosse somme en matériel médical pour le soigner, ce soir là, et il ne lui avait pas échappé que cela lui avait coûté assez cher. Une première étape vers ses excuses et la dette qu’il avait envers elle s’offrait alors à lui. Ainsi, pendant son temps libre de l’après-midi, avant d’aller à sa séance de sport quotidienne, il demanda à pouvoir avoir les coordonnées de l’héroïne pour lui adresser un message.
Bien évidemment, Black Reaper n’étant pas une héroïne au renom international, le temps que les recherches aboutissent, il se passerait bien un peu de temps. Mais le jeune loup ne désespérait pas, il était bien décidé à lui rendre la pareille pour tout ce qu’elle avait fait pour lui cette nuit là, alors qu’elle aurait très bien pu se contenter de le dénoncer.
Vingtième jour.
Cela faisait deux jours qu’il avait demandé à avoir les coordonnées de Black Reaper, et finalement, il les obtint. Alors qu’il se rendait chez la psychologue pour sa séance, on lui apporta un papier avec le nom de l’héroïne, son alias de héros et l’adresse de son agence. Jin regarda alors le papier : Kira Kenpachi. C’était donc son nom. Il souriait en voyant le nom de Black Reaper, repensant à leur rencontre. Aujourd’hui, il en riait tant il se rendait compte à quel point son comportement avait été stupide, puéril et égoïste.
Ainsi, pendant sa séance avec Okuda, il lui parla de ce souvenir qui lui était revenu en mémoire, et de pourquoi il avait voulu avoir les coordonnées de la jeune femme. Cette dernière se contenta d’approuver sa démarche en souriant. L’essentiel de la séance tourna autour de cette rencontre, Jin lui racontant comme elle s’était déroulée jusqu’à ce que lui et Black Reaper repartent chacun de leur côté. Une fois sa séance terminée, il se rendit donc auprès des gardiens et demanda à passer un appel.
« Allô, maman ? - Jin, mon chéri ! Comment vas-tu ? Il s’est passé quelque chose ? » s’inquiéta Aïna. « Non, tout va bien maman, ne t’en fais pas. Je t’appelle parce que j’ai un service à te demander. Je vais te donner une adresse, et j’aimerais que tu y apporte une enveloppe avec une somme d’argent que tu retireras de mon compte, tu veux bien faire ça pour moi ? - Quoi ? Mais, de quoi tu me parles Jin ? Ce n’est pas pour … - Non, ça n’a rien à voir avec elle, Maman. C’est juste une dette qui m’est revenue en mémoire et dont je voudrais m’acquitter. Quelqu’un qui, il y a quelques temps, m’a aidé. Je voudrais simplement lui rendre la pareille. Tu peux faire ça pour moi ? - Bien sûr, Jin. Dis moi, tout. »
Jin lui donna alors l’adresse et le nom de l’héroïne, afin qu’Aïna puisse s’y rendre et lui confier son enveloppe. Il lui demanda également de lui transmettre un petit message. Ainsi, dans l’enveloppe fut glissé le mot suivant :
« De la part d’un abruti de Loup, en te remerciant pour ton aide, et tes paroles que je n’ai comprises que trop tard. En espérant pouvoir te revoir un jour pour te dire merci en face à face. En attendant, voici pour les achats en pharmacie. »
Le mot n’était pas signé, Jin insistant fortement sur ce point. Black Reaper saurait de toute manière de qui proviendrait le message au moment où elle lirait le mot. Il ne voulait pas non plus lui révéler son vrai nom de manière aussi impersonnelle et interposée. Pour cela, il préférait attendre de l’avoir en face de lui, afin de la regarder dans les yeux pour lui dire tout ce qu’il avait à dire.
Dernier jour.
Le reste de la journée se passa tout à fait comme les autres pour Jin. Il avait prit sa douche, son petit déjeuner et fait ses corvées matinales avant d’enchaîner sur les tâches de l’après-midi, juste après son repas. Il avait fini par sa séance de musculation habituelle, sans oublié son dernier rendez-vous avec Okuda avant sa libération. La séance était le moment qu’il avait le plus attendu de la journée, impatient de pouvoir se livrer à la jeune femme et lui confier à quel point il était heureux à l’idée de sortir enfin de prison pour démarrer une nouvelle vie.
Quand il entra dans le bureau, il découvrit la jeune femme assise à son bureau, griffonnant des notes sur une feuille. Elle leva alors les yeux vers lui, l’accueillant avec ce même sourire doux et chaleureux qu’elle lui adressait chaque fois qu’ils se voyaient. Sourire que Jin lui rendis sans hésiter avant d’aller s’asseoir sur un fauteuil, attendant patiemment le début de la séance. Non pas qu’il avait tellement de choses à dire, du moins le pensait-il, simplement, il se sentait bien, il se sentait heureux et il éprouvait le besoin de l’exprimer à voix haute. Okuda prit alors son bloc note et le rejoignit sans plus attendre.
« Bonsoir, Jin. Vous m’avez de particulièrement bonne humeur aujourd’hui. - Et bien … si tout va bien, je sors demain. - Je vois … à propos de cela … il faut que je vous dise quelque chose. »
Le visage du jeune homme, qui était jusque là rayonnant de lumière, s’assombrit soudainement, sentant à l’intonation de la jeune dame qu’elle allait lui annoncer une mauvaise nouvelle. Il se mit alors instantanément à redouter le pire : son séjour en prison avait été rallongé ? Non, ce n’était pas possible, pas maintenant, pas après tous les efforts qu’il avait fais ! Okuda le regarda alors droit dans les yeux avant de rire doucement.
« Demain, ce sera la dernière fois que je vous verrais dans votre uniforme de prisonnier. Et je dois dire qu’il vous va si bien qu’il risque de me manquer. » pouffait-elle, devant l’air incrédule de Jin. « Je ne vous pensais pas du genre à faire des blagues comme ça, Okuda. - Pardonnez moi, je n’ai pas résisté à l’envie. - Il n’y a pas de mal. »
Les deux échangèrent alors longuement, Okuda lui demandant comment s’était déroulé son séjour dans l’ensemble, ce qu’il en avait retiré et de comment il voyait l’avenir. En résumé, Jin se sentait déjà beaucoup plus fort sur tous les plans. En premier lieu, il s’était énormément renforcé sur le plan physique : ses séances de renforcement quotidiennes avaient fini par payer. Si en entrant en prison, il était un jeune homme grand et assez fin, il en ressortirait comme une masse de muscles bien sculptée et imposante. Il n’avait plus rien à voir avec le jeune homme qu’il était, sans parler de ses cheveux qui étaient alors presque intégralement devenus blancs.
Mais c’était surtout le plan mental et psychologique que Jin avait évolué. Bien entendu, il n’avait pas acquis le calme et la sérénité d’une moine bouddhiste, mais il parvenait néanmoins à être beaucoup plus réfléchi et posé qu’auparavant. Il était toujours sujet à quelques pertes de contrôle lorsqu’il était soumis à de vives émotions, mais il parvenait cependant plus facilement à éviter d’entrer dans un état de rage bestiale déchaînée et incontrôlable.
« Effectivement, je peux vous affirmer que vous avez changé du tout au tout, Jin. C’est vraiment surprenant de voir le travail que vous avez déjà accompli sur vous-même. Soyez en fier. - Merci. Ça me touche beaucoup de vous l’entendre dire, mais quand je regarde vers l’avenir, je me rends compte du chemin qu’il me reste à parcourir et … je dois avouer que ça m’angoisse un peu. - Dites m’en plus. »
Jin lui expliqua alors tout ce qu’il avait en tête, ce qui le tracassait. Bien qu’il savait quelle voie il voulait suivre, il se rendait compte que son chemin était encore, comme il l’avait dit, bien long, et surtout plongé dans l’ombre. Non pas parce qu’il sentait qu’il pouvait sombrer à tout moment dans ses anciens travers. Ces zones d’ombres représentaient en réalité tous les obstacles à venir, inconnus et donc par essence même intimidants. S’il voyait très bien son objectif, sa destination au bout du tunnel, le fait qu’aucun lueur ne semblait là pour éclairer la route qu’il devait emprunter le terrifiait un peu.
« C’est tout à fait normal, Jin. La peur de l’inconnu, de l’incertain, c’est une réaction normale. Mais n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul sur cette voie. Votre mère vous accompagne, Shizen aussi. Quant à moi, même si je ne vous connais que depuis un mois, j’ai décelé en vous la graine d’un grand héros, et je suis bien décidée à vous aider, à ma manière, à l’abreuver et la faire germer pour qu’un jour, vous puissiez fièrement éclore au monde en tant que héros. »
Jin resta sans voix face aux paroles de la jeune femme. Jusque là, seul Shizen lui avait jamais tenu de propos. Personne à par lui et sa mère n’avait jamais autant cru en lui. Même en repensant aux derniers mots de Ziendra, le jeune loup ne ressentait rien d’autre que du vide. Non pas qu’il doutait de la sincérité des paroles de la dragonne, mais c’était comme si ces mots étaient vains, vides. Ils ne lui apportaient aucun réconfort, aucune motivation. Comme si elle lui avait dit tout ça avant tout pour tenter de le pousser à partir, avant de l’encourager sur sa propre voie.
Et ce fut un autre élément qui lui permis de réaliser à quel point il avait grandi en si peu de temps. À son entrée en prison, Jin regrettait encore amèrement la fin de leur relation. Aujourd’hui, il l’avait pleinement acceptée, et même s’il subsistait encore des bribes d’affection en lui pour la dragonne, son amour, ses sentiments, étaient morts avec The Wolf. Il était désormais prêt à devenir ce héros que Shizen avait vu en lui dès le premier jour.
Une fois la séance finie, il remercia Okuda en s’inclinant profondément face à la jeune femme, avant de regagner le réfectoire pour y prendre son dernier repas en tant que prisonnier. Car enfin, il allait pouvoir sortir de cet endroit, enfin il allait être libre, devenir une nouvelle personne. Une fois au lit, il fut alors incapable de trouver le sommeil, trop impatient et excité à l’idée d’enfin retrouver l’extérieur, sa mère, son ami Shizen … De revoir également Black Reaper qui, mine de rien, lui avait rétrospectivement beaucoup apporté en une seule rencontre, et ce malgré son caractère plutôt exécrable. Mais avec le recul, le lycan ne lui en voulait pas le moins du monde : lui-même avait agit comme le dernier des imbéciles face à une main tendue. Il se devait donc de réparer cette erreur, chose qu’il ferait sans plus tarder une fois libéré de sa peine. Ainsi, Jin passa la moitié de la nuit allongé sur son lit, regardant le plafond de sa cellule avec un sourire béa et presque niais. Il se demandait comment sa mère réagirait en le voyant passer la porte du pénitencier. Quels seraient les premiers mots que lui adresseraient Shizen une fois qu’il le reverrait ?
Il se posait même la question : qu’allait-il ressentir en franchissant le pas de la porte, en posant le premier pied à l’extérieur de la prison ? Tant d’inconnues, qui sur l’instant ne l’effrayaient pas. Au contraire, elles ne faisaient qu’attiser sa curiosité et son impatience. Malgré son état, il finit par s’endormir, se laissant aller à toutes sortes de rêveries.
Il se revit alors dans cette fameuse ruelle, près d’un Konbini, ce soir de pleine lune. Cette nuit même où il avait rencontré Ziendra. Comme si son vieux cauchemar revenait le hanter. Mais cette fois, il ne voyait pas de loup enragé tenir la dragonne sans vie dans ses mâchoires. Il était debout, au milieu de la ruelle, tandis que Ziendra, dos à lui, était à une dizaine de mètres. Il sentait le souffle rauque chaud et de la bête qui sommeillait en lui sur sa nuque. Jetant un bref coup d’oeil en arrière, il le vit. Lui-même. Son alter ego sous son apparence d’homme loup, les yeux rouges et injectés de sang, la bave coulait entre ses crocs serrés et sa respiration lente et profonde à en donner des frissons.
Mais pourtant, quand la bête aperçut le regard en coin du jeune homme, elle sembla se calmer légèrement, reculant de quelques pas pour se retrouver dans l’ombre. Il concentra alors son regard sur la dragonne, qui lui tournait toujours le dos, comme si elle refusait de lui adresser la parole. Des cadavres apparaissaient alors à ses pieds, et le sang s’écoulait sur le sol dans une rivière pourpre et suintante. Soupirant alors, il avança lentement, la bête le suivant de prêt, jusqu’à ce qu’il arrive à elle. Voyant qu’elle ne se retournait pas, il posa alors sa main sur son épaule, mais la dragonne se volatilisa alors dans une volute de fumée, comme si elle était faite de poussière. Il ferma alors les yeux, lâcha un sourire mélancolique.
« J’espère sincèrement ne jamais avoir à te croiser. Adieu. »
Puis il fit demi-tour, la bête s’écartant pour le laisser passer avant de le suivre, non sans jeter un œil vers le nuage de poussière qu’était devenue Ziendra, poussant alors un gémissement triste avant d’emboîter le pas à son maître. De son côté, Jin avançait vers l’autre bout de la ruelle, d’où émanait une lueur intense sans pour autant être aveuglante. Il savait que c’était par là qu’était son avenir. Ziendra était une relique de son passé, il ne pouvait plus s’attacher à elle, sans quoi il n’avancerait plus. Elle n’était plus rien à ses yeux. Plus rien à par une personne à qui il avait accordé sa confiance, et qui lui avait permis de sombrer au plus profond de ses travers pour finalement en revenir plus fort que jamais.
Arrivé face au portail de lumière, Jin s’arrêta, faisant volte-face pour fixer la bête. Son regard était dur, froid et déterminé. Il fixait les yeux du loup d’un air grave.
« À partir d’aujourd’hui, tu n’es plus le maître. Tu ne me contrôles plus. C’est moi qui pense et qui agis. Toi, tu obéis. »
Le loup géant s’agenouilla, baissant la tête vers le sol, poussant un gémissement de soumission. Jin souris alors de satisfaction. Il sentait qu’il commençait à devenir plus fort, sur tous les points. Il se retourna alors vers le portail de lumière et, d’un pas assuré, le franchit.
Lorsqu’il ouvrit les yeux, le soleil perçait la pièce de ses rayons. Le ciel au dehors était encore teinté des couleurs chaudes de l’aurore, et bien que la fraîcheur du mois de décembre se faisait ressentir, Jin sentit une immense vague de chaleur l’envahir, sachant que d’ici quelques heures, il retirerait pour de bon son uniforme et retrouverait ses anciens vêtements. Aussi, quand un garde vint le chercher pour l’emmener à l’entrée, il ne se fit pas prier pour le suivre.
Il se leva ainsi, et jeta un dernier regard à sa cellule, tenant alors sous son bras un carton avec le peu d’affaires qu’il avait, puis suivit le gardien. On l’amena alors à la douche, pour qu’il puisse se décrasser, et en sortant, il put remettre ses vêtements d’avant. Il regarda alors son imperméable bleu, le trouvant alors ridiculement usé et hideux, mais l’enfila tout de même, n’ayant rien de mieux à porter pour l’instant. Cependant, voir ce vieux manteau lui fit dire qu’il allait sans doute devoir se refaire une garde robe.
Alors qu’il se frotta la mâchoire d’un air pensif, il remarqua également que sa barbe avait énormément poussé. Il fallait dire que les rasoirs en prison, c’était soumis à pas mal de contrôle d’une part, et d’autre part, il avait préféré évité d’en avoir avec lui. Le risque qu’on le prenne par surprise et qu’on le retourne contre lui était suffisamment décourageant pour qu’il le prenne, et ainsi avait-il une barbe blanchâtre striée de tâche grises et bleues. Sans doute devrait-il également se raser avant d’aller rendre visite aux personnes qu’il souhaitait voir.
Mais pendant cette réflexion, il n’avait pas remarqué tout de suite qu’il s’était retrouvé devant la dernière porte à franchir avant de se retrouver à l’extérieur. Le garde le salua alors en hochant la tête, puis ouvrit la porte.
Au départ, la lumière du soleil l’aveugla, mais rapidement, ses yeux s’adaptèrent à la luminosité et il fit alors son premier pas d’homme libre. La sensation était grisante, presque magique. Alors ça y était ? Il était libre ? Il avait payé sa dette envers la société ? Il pouvait maintenant reprendre sa vie là où il l’avait laissée, et se construire un nouvel avenir ? En avançant, il regarda au loin pour voir sa mère, les mains sur la bouche, retenant à peine ses larmes de joies. Une fois arrivé à sa hauteur, il la prit dans ses bras et l’enlaça pendant un long moment, la laissant éclater en sanglots et la serrant contre lui.
« Je suis de retour, maman. - Oui, Jin … Je sais. Par contre … » elle lui tira alors les poils de sa barbe. « Tu me feras le plaisir de me raser tout ça, car ça ne te va pas du tout. »
Jin éclata de rire, la rassurant quant au fait qu’il comptait le faire dès que possible, puis lui sourit, les deux se dirigeant vers la voiture. Une fois à l’intérieur, Jin regardant la prison rétrécir dans le rétroviseur au fur et à mesure qu’il s’éloignait, puis, sortant son téléphone, il chercha dans sa liste de contact un nom bien précis. Une fois qu’il l’eut trouvé, il appuya sur le bouton d’appel et attendit que son interlocuteur décroche. Puis finalement, il se contenta d’une simple phrase.
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