Longue vie au roi Genki Sano Des réponses. Voici ce que Genki souhaitait trouver après une discussion avec Ziendra. Après l’avoir redécouverte sous tous les aspects après une visite surprise, ils avaient échangé des points de vue et des informations sur leur passé. Pour chacun d’entre eux, demeurait un mystère non résolu. Dans le cas du Vengeur, il n’avait à ce jour aucune connaissance concernant le meurtre de sa mère. Cette bonne femme héroïne qui accomplissait son devoir jour après jour tout en s’occupant de sa famille. Elle ne méritait pas de mourir des mains d’une ordure qui n’avait pas hésité une seule seconde. Pourtant, c’était la dure réalité. La haine, la tristesse et l’incompréhension. Tant de sentiments que le fils de la famille avait enterré en lui. Il avait vécu jusqu’à aujourd’hui dans le déni le plus complet. Heureusement, la rencontre avec Ziendra lui avait ouvert les yeux. Dans son lit, il remuait ses souvenirs dans tous les sens. Qui était ce type et pourquoi avait-il agi de la sorte ? Comment est-ce que Genki allait obtenir des informations pour le traquer ? À ces yeux, il n’existait qu’une seule personne susceptible d’en savoir plus sur la situation. Son père. Lui avait pris la fuite sans se retourner, mais Shun avait forcément posé des questions. Cet homme avait certainement affronté seul, la vérité sur ce tragique événement.
Il était donc prévu de mettre le cap vers Nagoya, lieu où le pompier habitait depuis le décès de sa femme. Se levant du lit dans lequel il était étalé depuis plusieurs heures, il stressait déjà à l’idée de revoir son père. Il doutait. N’était-ce pas égoïste de le replonger dans tout ça après si longtemps ? Peut-être. Mais il espérait au fond de lui que Shun serait content d’apprendre l’objectif de son fils. Il était aussi probable que l’homme refuse catégoriquement de lui accorder du temps. Après tout, Genki ne lui envoyait que quelques lettres en guise de nouvelles. Il se dirigeait maintenant vers sa douche qu’il s’amusa à faire durer le plus longtemps possible, comme pour repousser l’échéance. Fin prêt et vêtu de son accoutrement sombre habituel, il prit la direction de la gare la plus proche. Achetant son billet comme un simple civil, on lui annonça un trajet d’environ une heure et demi. Cela allait lui permettre de préparer son approche et de s’imaginer un tas de scénario possible qui n’arriveront certainement jamais. Grâce au courrier qu’il échangeait de temps en temps avec son père, il connaissait déjà son adresse. Il prévoyait de simplement toquer chez lui, mais ne savait pas si celui-ci travaillait ou non. Si c’était le cas, il allait devoir improviser.
Pas de chance pour lui, son voyage allait être particulièrement bruyant. Au milieu des familles et surtout des enfants, le désespoir se dessinait sur faciès. Genki ne souhaitait pas à son pire ennemi de se retrouver dans son wagon. Il fixait dans le vide pendant l’entièreté du voyage, priant pour que celui-ci se termine le plus vite possible tandis que les enfants couraient et criant sans relâche. Après ce trajet tumultueux, le Vengeur arriva finalement à bon port. La gare de Nagoya ne faisait pas rêver. Un énorme immeuble venait obstruer la vue avec deux autres buildings impressionnants. Nul doute que la nuit tombée, les édifices rendrait la ville bien plus belle grâce aux lumières. En journée, c’était d’une autre paire de manche. Quoi qu’il en soit, il devait maintenant se débrouiller pour parvenir jusqu’à la maison de Shun. Le moyen le plus simple était de prendre le taxi. Alors, une fois à l’extérieur de la station, Genki leva sa main pour appeler le premier véhicule qui passait par là. Une fois à l’intérieur et indiquant l’adresse au chauffeur, ce dernier démarra sa voiture pour un nouveau trajet de plusieurs minutes. Au fur et à mesure, le prix affiché à l’avant montait en flèche. La rumeur était donc vraie. Au Japon, le montant d’un trajet peu rapidement devenir exorbitant. Le Vengeur grimaçait déjà à l’idée de lâcher un aussi gros billet. Enfin sur place, une belle maison se dressa devant lui.
Sur la boite aux lettres, le nom de SANO Shun était indiqué. Aucun doute possible, c’était bien ici que son père vivait. Aucun autre nom n’apparaissait. Il n’avait donc pas retrouvé quelqu’un. Genki se demandait dans quel état il allait retrouver son paternel. Il espérait qu’il avait reconstruit sa vie et qu’un karma existait. Après ce qu’il avait vécu, tout devait lui sourire. Il ne pouvait pas enchaîner les galères. C’était inconcevable ! S’approchant de la porte à petit pas et finissant par toquer la boule au ventre, le silence régnait en ces lieux. Aucune réponse. Personne à l’intérieur. Sans doute était-il au travail. Maintenant, le Vengeur ne pouvait qu’attendre. Pourtant, il se mit à faire le tour de la propriété. Derrière la maison se trouvait une petite porte coulissante qui donnait sur une terrasse. C’était une porte en bois qui avait l’air relativement fragile. Alors, il essaya de forcer celle-ci. Rien à faire, elle ne s’ouvrait pas. Pourtant, au-dessus de lui se trouvait une fenêtre ouverte. Quand il le remarqua, Genki fit le nécessaire pour escalader et pénétrer dans ce qui semblait être une chambre. Il regardait autour de lui. Devant lui se tenait un lit double, un peu dérangé. Bien qu’il ne le sût pas encore, quelqu’un avait utilisé ce lit très récemment.
Après avoir analysé son environnement, il se dirigea vers le couloir de l’étage. À peine avait-il fait un pas à l’extérieur de la chambre qu’un couteau pointu et aiguisé vint se positionner sous son visage, titillant son cou. Surprit, il ne bougeait plus. Il leva les mains en l’air comme pour se rendre. Il tourna la tête pour découvrir un homme brun avec quelques cheveux blancs. C’était bel et un bien Shun, mais un peu plus vieux que dans ses souvenirs. Aucun mot ne fut échangé entre les deux hommes. Ils se regardaient dans les yeux sans émettre le moindre son. Et quand le père de famille comprit qui était l’homme qui venait d’entrer chez lui, il lâcha son couteau pour se jeter dans les bras de son fils, les larmes aux yeux et un visage remplit d’amour devant un Genki bien plus grand que dans ses souvenirs. Il faut dire que plusieurs années se sont écoulées depuis. C’était un Genki plus grand, plus fort et plus sombre qui se dressait devant lui. D’ailleurs, de son côté, il était aussi ému de revoir son père. Il retenait ses larmes, mais était réellement heureux de pouvoir le serrer dans ses bras. Il était son dernier repère. Son unique proche respectable dans ce monde de brute. Cependant, il ne s’attendait pas à le revoir si vite. Lui qui pensait être seul… Le bruit de la porte ainsi que l’escalade avaient attiré l’attention de Shun qui dormait paisiblement en haut.
« Mon fils ! Que tu as grandi ! Je ne pensais jamais te revoir… Viens ! Allons en bas ! Je vais te préparer quelque chose. »
Dit-il, les yeux brillants. Shun attrapa ensuite le bras de son fils afin de le trainer jusqu’en bas. Un paysage somptueux se dévoilait à lui. En bas, le salon ressemblait à un long couloir fichtrement bien aménagé. Le sol ainsi que les murs étaient en bois. Sur ces murs, quelques photos de famille. Dans un coin de la pièce, presque sous les escaliers, se trouvait une petite table avec quelques coussins autour de celle-ci pour pouvoir s’asseoir. Alors, sans perdre de temps et comprenant qu’il en avait pour plusieurs heures, Genki vint se glisser sous la table. Les deux hommes semblaient timides. Ils ne se parlaient pas pendant que le veuf s’affolait en cuisine. Par où commencer ? Ils avaient tant de choses à se dire. Après quelques instants, Shun déposa deux tasses de thé ainsi que quelques apéritifs sur le plan. Après quelques gorgées, le Vengeur prit la parole :
« Tu vis dans un bel endroit Papa. Ça fait bizarre de revoir son visage… J’avais presque oublié à quoi elle ressemblait… »
« Si tu savais comme elle me manque… Comme tu me manques… J’ai du mal à croire que tu es devant moi après aussi longtemps. Qu’est-ce que tu deviens ? Où est-ce que tu vis maintenant ? »
« Aaah c’est compliqué comme question. Disons que je survis. J’habite à Musutafu. C’est à environ une heure de train. J’ai erré ici et là. Je me suis beaucoup déplacé avant de me rendre dans cette ville. Pour le moment, j’aime bien l’endroit. Bien que mon salon soit loin d’être aussi beau que le tien ! » Dit-il en rigolant. « Et toi alors ? »
« Je suis seul, Genki. Ma femme n’est plus de ce monde et c’est la première fois que je vois mon fils en 7 ans. Je continue mon travail. Mais une fois à la maison… c’est vide… Calme… Bien loin de ce que j’ai connu pendant 16 ans. Pourquoi ne reviens-tu pas ?! »
Compréhensible. Et si triste. Loin de lui l’idée de remuer le couteau dans la plaie. Mais voir son fils lui rappelait des souvenirs, bon comme mauvais. Genki continuait de vivre sa vie sans se retourner. Il rencontrait des gens. Il tuait des criminels et profitait de sa jeunesse avec des femmes, comme Ziendra. Bien qu’il soit celui qui commettait l’irréparable, il avait un entourage. Shun lui, vivait dans la solitude. Et une profonde tristesse se lisait sur son visage. Il était usé par la vie. Par honte, le Vengeur baissait la tête. Fixant son thé et le poing serré sous la table, il essaya de prendre la parole :
« Tu sais bien… Je… C’est trop dangereux. Tu es bien mieux sans moi. »
« « Pourquoi es-tu ici ? Ta visite me remplit de joie. Mais… Je suppose que tu ne viens pas que pour voir ton pauvre père. N’est-ce pas ? »
Touché ! Perspicace. C’était pourtant logique. Genki n’avait pas été voir son père une seule fois depuis des années. Et du jour au lendemain, il se pointait à son domicile par effraction. Son visage devint plus grave. Loin des émotions qu’il ressentait plus tôt, il était temps de passer aux choses sérieuses.
« Le… Le meurtrier de Maman… Tu as des infos sur lui ? Moi, j’ai préféré fuir… Mais toi, tu as tout affronté seul. La police, l'enquête... Tu dois bien savoir quelque chose, non ? »
Son père ne s’attendait pas exactement à cette question. Alors, il haussa le ton, en colère que Genki remette son passé sur le tapis.
« « Pourquoi ?! Qu’est-ce que cette information peut te rapporter ? »
« Je dois le retrouver. Je dois… Je dois obtenir des réponses. »
« « Que vas-tu faire avec ces informations ?! »
« LE TRAQUER PAPA ! ME VENGER ! NOUS VENGER ! COMMENT PEUT-IL CONTINUER DE VIVRE APRÈS AVOIR BRISÉ NOS VIES ?! »
Dit-il en se levant brusquement de la table, tout en déposant les deux mains sur celle-ci. La tension était palpable. Mais Shun avait raison. Genki ne venait pas pour rien et il espérait ressortir d’ici avec des nouvelles capables de lui permettre d’agir. Malgré le temps qu’il défilait, le père était toujours en mesure de déchiffrer son enfant.
« « Alors c’est pour ça ? Tu reviens ici pour m’annoncer que tu veux commettre un nouveau meurtre ? » Répondit Shun, le visage emplit d’incompréhension.
« Quelqu’un doit le faire payer ! Si la justice ne l’attrape pas, moi, je le ferais ! »
Un long silence prit place dans la pièce. Le père de Genki passait par toutes sortes d’émotions. Mais, sans ne rien dire, il se leva de sa chaise pour aller fouiller dans un placard. Puis, il déposa une boite sur la table. Ouvrant la boite qui dévoilait son contenu, Genki n’avait pas l’air de comprendre. C’est alors que Shun fit une annonce surprenante :
« « Quand ta mère est morte, j’ai eu du mal à l’accepter. J’ai questionné la police, pendant longtemps. Tu trouveras dans cette boite plusieurs informations sur l’homme qui… J’avais envie de me venger et de le foutre derrière les barreaux. Finalement, j’ai tourné la page. Ce n’est visiblement pas ton cas. Tu peux faire ce que tu veux avec ça. Mais, dans 20 minutes, je veux que tu ne sois plus là. Tu reviendras quand tu auras réellement envie de me revoir et pas pour une vendetta. »
Genki comprenait parfaitement cette réaction. Au fond de lui, il se sentait sale. Sale d’agir d’une manière aussi égoïste. Sale de revoir son père avant tout pour obtenir quelque chose et non pas pour le plaisir. Il était prêt à en assumer les conséquences. Il fit un signe de la tête à son père, sans dire un mot et baissa les yeux de honte. Mais, il attrapa rapidement la boite pour commencer à noter sur son téléphone les informations qu’il déchiffrait. Le type s’appelait Shockwave. Son alter était de créer des ondes de choc. Il n’était malheureusement pas indiqué de quelle manière, mais le vengeur comprenait mieux pourquoi sa maison avait terminé dans un état si lamentable après son passage. Aussi, sur un bloc-notes, il était écrit que le vilain était le chef d’un petit gang qui pourrait opérer dans la ville d’Hamamatsu. Son opération première était de vendre de la drogue pour divers quartiers. Évidemment, il avait été en prison plusieurs années suite à ses actions, mais relâché après avoir purgé sa peine. Une photo de son visage était aussi disposée parmi les documents. Il était toujours en cavale puisqu’il était introuvable après le meurtre de la mère de Genki. L’information concernant son gang était certainement erronée, mais il valait le coup de tenter de suivre cette piste.
C’est dans le calme le plus complet que le Vengeur se leva de la table en ayant noté le maximum sur son téléphone. Le temps était écoulé et il se dirigea une dernière fois vers son père pour le serrer dans ses bras. Tête baissée, il quitta le domicile de Shun avant de filer à la gare. C’était certain qu’il allait revenir le voir dans le futur, sans arrière-pensée. À ce moment, il s’excusera et profita d’une bonne journée en sa compagnie. Genki était cependant heureux d’avoir passé un moment avec lui, bien que bref. Au moins, il voyait qu’il ne se laissait pas aller et qu’il continuait de vivre une vie honorable, bien loin des mœurs de son fils. Désormais à la station de Nagoya, il prit à nouveau un billet pour se rendre à Hamamatsu. Cette fois-ci, le voyage fut calme et reposant. Le Vengeur prit même le luxe de taper une petite sieste. Ce n’est qu’après quelques minutes qu’il arriva à bon port. Si la piste indiquait que Shockwave vendait de la drogue, alors c’est dans des quartiers qu’il allait commencer ses recherches. Son objectif était d’obtenir une audience avec lui, s’il était toujours dans les parages. Il se rendit donc dans les bas quartiers de la ville. Là-bas régnait les ténèbres de ce monde. Laissé à l’abandon et livré à eux-mêmes, les junkies trainaient sur le sol, non loin de seringues et mégots. Genki s’approcha du premier homme un minimum lucide qu’il croisa avant de lui demander :
« Salut. Je viens de déménager en ville et j’avoue que j’aimerais bien me défoncer un peu. Tu peux me dire où tu as obtenu ça ? »
Dit-il en pointant du doigt un pochon de ce qui semblait être de la marijuana. Sourire sur les lèvres pour tenter de l’amadouer et les mains dans les poches pour paraître le moins suspect possible, il espérait recevoir une réponse intéressante. L’homme se mit à rigoler et répondit avec une voie particulièrement saccadée sous l’effet de substance :
« Aaah, il faut que tu ailles voir les gars dans le bâtiment là-bas. Tu trouveras ce que tu veux… Régales toi bien… »
Le junkie pointait du doigt un immeuble délabré qui se trouvait à quelques mètres. Devant celui-ci se tenait deux gars sur des chaises en train de guetter le moindre mouvement. Genki mit la capuche sur son crâne avant de se diriger vers eux. Une fois à bonne distance, il les observa. Ils étaient jeunes. Fragiles. Mais bizarrement, on ne pouvait lire aucune peur sur leurs visages. Ils avaient l’air totalement enraciné dans cette mini-société que proposait la rue. Le Vengeur devait être prudent. Un mot de travers et il perdrait toute chance d’approcher Shockwave. Il se mit alors à soulever son t-shirt en regardant les deux hommes, comme pour prouver qu’il n’était pas un flic et donc pas une menace pour eux car il n’avait aucun microphone sur lui. Par précaution et se demandant qui il était, ils sortirent une lame tranchante. Mais il prit la parole :
« Salut les gars. Je ne cherche pas l’embrouille. Je dois parler business avec votre chef. J’ai un deal très intéressant pour lui. Vous pouvez me dire où je peux le trouver ? »
Les deux restèrent stoïques face à Genki. Malgré son attitude pacifiste, ils émettaient des doutes. C’était logique. Il était nouveau et n’avait jamais été aperçu avant. Même s’il espérait ne pas l’être, il était suspect. Pourtant, un des jeunes attrapa son téléphone avant de passer un appel. Il n’entendit pas le dialogue mais cela n’avait pas l’air de jouer en sa faveur vu l’expression du visage du jeune homme. Après quelques secondes, il raccrocha et s’approcha du Vengeur. Se mettant derrière lui et appuyant son couteau dans son dos, il lui ordonna d’avancer. Il s’exécuta. Pénétrant dans le hall du bâtiment, il le traversa entièrement avant d’arriver devant des escaliers descendants vers les caves. Hésitant à l’idée d’être amené droit dans un piège, il essaya de se débattre et de manipuler les deux guetteurs. Rien à faire, ils restèrent ferme et l’un d’eux appuya sa lame un poil plus fort sur Genki. N’ayant que très peu de choix, il continua de les suivre. En bas, un lieu malfamé se dévoila à lui. Poussière, tag et urine recouvraient les murs. C’était immonde. Rien qu’à l’idée de voir une telle saleté, il avait l’impression que son corps le démangeait. Finalement, il arriva dans une salle dans laquelle semblait attendre un homme assis sur une chaise avec deux colosses à ses côtés. Le Vengeur fut forcé de se mettre à genoux et les deux guetteurs quittèrent la pièce en refermant derrière eux. Désormais seul face à trois types dangereux, il ne faisait pas le fier. En prime, le sol dur lui faisait un mal de chien. Il essaya de calmer la situation en prenant la parole :
« Ooh les gars, pas besoin d’être aussi ten… »
« Ta gueule. Tu cherches quoi en venant ici ? Tu as l’air propre sur toi, bien coiffé, bien habillé. J’ai du mal à croire que tu viens nous proposer un deal. » Répondit le caïd.
« Ce serait débile de ma part de venir m’offrir et de jouer avec vous. J’ai bien compris que vous ne rigoliez pas. C’est pour ça que je suis là. »
« Commence à parler. Et ne tourne pas autour du pot si tu ne veux pas qu’on te casse les bras. »
« Bien, commençons alors. Je suis originaire de Musutafu. Je suis moi-même chef d’un petit gang et je souhaite diversifier mon offre. Pour ça, j’ai besoin d’une alliance. J’ai entendu que vous vendiez plusieurs drogues et je cherche un fournisseur. Mon but ultime est de m’enrichir et de faire de nous du gang le plus influent du Japon. Évidemment, je suis prêt à mettre de l’argent sur la table. On parle ici en million. Malheureusement pour toi, j’ai entendu parler d’un certain Shockwave. Si c’est bien votre boss, je ne parlerai de la suite qu’avec lui. »
Comme à son habitude, il utilisait un bluff pour essayer d’atteindre son objectif. Il avait espoir que celui-ci fonctionnerait même si c’était un peu trop gros comme proposition. Mais l’appât du gain ne pouvait que mettre en doute ce dealer. Qui refuserait une offre à plusieurs millions ? Après tout, le but premier d’un gang est de nager dans l’oseille ! L’homme en face de Genki ne disait rien. Il le fixait sans dire un mot tandis que les deux colosses lui parlaient à l’oreille. Il attrapa ensuite son téléphone afin d’écrire un message. Le silence continua à régner en maître pendant plusieurs minutes. Soudainement, le téléphone du criminel vibra. Lisant la réponse, il releva sa tête et se mit à sourire d’une manière inquiétante. Finalement, il prit la parole :
« Musutafu c’est ça ? Bien, bien… Laisse ton numéro en partant. Nous te contacterons très prochainement. »
C’était rapide. Et une réponse satisfaisante. Si ce Shockwave existait bien, il allait peut-être avoir la chance de le rencontrer. Maintenant, Genki devait se préparer à toutes les éventualités. Il ne savait pas quand, mais s’il croisait ce type, il n’hésiterait pas. Il n’avait plus qu’à rentrer chez lui tout en prenant le soin de laisser son numéro. Une fois fait, il fut escorté par un baraqué de manière assez violente. Grognant de haine, il se canalisait pour ne pas retourner mettre fin à la vie des criminels. Il n’avait malheureusement aucune preuve qu’ils avaient commis le crime ultime. Alors, il se dirigea à la gare calmement, fier d’être arrivé aussi loin en si peu de temps.
Pendant que la nuit tombait et sans même s’en apercevoir, un homme particulier était aussi arrivé à la gare en même temps que lui. Ce type, c’était Shockwave. Il avait été informé de la proposition du Vengeur. Et sans vouloir perdre de temps, il avait pris en filature Genki. La rencontre serait bien plus tôt qu’il ne l’espérait… Plusieurs minutes après son départ d’Hamamatsu et maintenant dans sa ville de résidence, Genki marcha dans la rue d’une démarche nonchalante pendant que le criminel continuait de le suivre discrètement. Au détour d’une rue, une main massive vint saisir la nuque du Vengeur. Surpris, il tenta de se retirer sans succès. Une voix grave lui dit alors :
« Ne te retourne pas. Marche tout droit. On va aller s’isoler un peu toi et moi. »
C’était la deuxième fois aujourd’hui qu’il se faisait prendre en otage. La situation lui déplaisait grandement. Mais il obéissait et continuait sa route comme le demandait l’homme qui se tenait derrière lui. Rapidement, il arriva dans un chantier vide. Pénétrant illégalement dans celui-ci, Shockwave relâcha son emprise et laissa un bon mètre de distance entre lui et Genki. C’est en se retournant qu’il reconnut le visage qu’il avait aperçu sur la photo de son père. C’était bien lui. L’homme qui avait tué sa mère. En chair et en os. C’était une montagne de muscle avec un visage particulièrement sournois. Son physique était inquiétant. Alors même qu’il avait pour ambition de mettre fin à ses jours, le Vengeur commençait à douter. Il ne voyait aucun moyen de le battre en un contre un avec si peu de distance entre eux. Une goutte de sueur coulant sur son visage, il avala sa salive tout en restant silencieux. Bizarrement, il avait peur. Shockwave avait le physique d’une bête. Sa seule présence semblait écraser complètement celle de Genki. D’autant plus qu’il se mit à parler, d’un air menaçant :
« Alors comme ça tu me cherchais ? Un deal à me proposer ? Je t’écou… Attends. Ta gueule me dit un truc. »
Merde. Merde… MERDE ! Quoi ? COMMENT ? Comment pouvait-il connaître son visage ? À l’instant même ou il prononça sa phrase, Genki savait qu’il était en grand danger. Sans même dire un mot ou tenter de s’expliquer, il se retourna et se mit à courir pour fuir. Désormais à plusieurs mètres de lui, il entendit un énorme claquement. Et soudainement, quelque chose lui percuta le dos avec une force impressionnante. Son corps se retrouva propulsé au sol et il glissa sur quelques centimètres. Un cri de douleur ainsi que du sang sortant de sa bouche, il essaya de se redresser avec difficulté. Devant lui se tenait Shockwave, les deux mains jointes entres elles tout en souriant sadiquement. Entre eux, le sol semblait avoir été ratissé par quelque chose. Le Vengeur n’essaya même pas de combattre. Effrayé de perdre la vie s’il restait ici, il reprit une nouvelle fois la fuite en se propulsant en premier lieu avec son alter pour gagner en distance. Se réfugiant dans une petite ruelle sombre, il s’adossa sur un mur pour reprendre son souffle et réfléchir à ce qu’il venait de se passer. On disait que le vilain était en mesure de générer des ondes de choc. Et si c’était ça qui l’avait percuté ? Et cette position qu’il avait utilisée… Pourquoi ? Ce claquement… Avait-il tapé dans ses mains pour envoyer son coup ? C’était bien trop dangereux de l’affronter de face… Mais alors même qu’il pensait avoir semé son opposant, Shockwave le retrouva. Courant à toute vitesse dans sa direction et prenant Genki par surprise, il lui assena un violent coup de poing dans la mâchoire. La réaction fut sans appel. Il s’écroula au sol immédiatement, déstabilisé par la puissance physique de son adversaire. La dernière chose qu’il vit fut le criminel se tenir au-dessus de lui. Il perdit connaissance… Ce n’est qu’une heure plus tard qu’il ouvrit les yeux à nouveau. Observant autour de lui, il avait l’air de se trouver sur un sol en béton, typiquement d’un bâtiment en construction. Vraisemblablement, il avait été trainé jusqu’au chantier précédent pendant son sommeil forcé. Le vilain se tenait non loin de lui et rigolait de la situation. Il prit la parole :
« Tu sais quoi ? J’ai eu le temps de réfléchir pendant que tu étais dans les pommes. Je sais qui tu es. Tu es le gosse de l’héroïne c’est ça ? Je me souviens avoir vu une photo de toi quand j’ai tué ta mère. Aaah, quel bon souvenir… »
Shockwave choisissait ses mots à la perfection pour provoquer Genki. Et cela marchait parfaitement. Son visage se remplissait de haine à mesure qu’il parlait. Son regard sombre laissait apparaître une petite flamme pendant qu’il se relevait difficilement. Lui qui avait tenté de fuir plus tôt, n’éprouvait qu’une envie de le tuer. Ici et maintenant. Son honneur souillé par ce type, il était prêt à se donner corps et âme dans ce combat. Aveuglé par ses sentiments, il se mit à avancer vers sa cible tout en laissant des flammes émaner de son corps de manière récurrente. Maintenant à quelques centimètres de lui, le vilain tapa dans ses mains pour émettre une nouvelle onde de choc. Celle-ci, moins forte que la précédente, fit reculer Genki de plusieurs pas tout en le mettant au sol. Encore une fois, il se releva en grognant face à la douleur. L’alter de son adversaire avait l’air de fonctionner avec selon la puissance du son qu’il émettait avec les claquements. Quant à lui, Shockwave provoqua une nouvelle fois le brun :
« Alors quoi ? C’était quoi ton but ? Venger ta pauvre maman ? Ahahaha… Un microbe comme toi ? Je vais me faire un plaisir de te faire souffrir comme j’ai fait souffrir ta chienne de mère. D’ailleurs, j’espère que tu vas implorer comme elle ! Elle était bien conservée pour son âge ! J’ai bien profité avant de la descendre ! »
Son sang ne fit qu’un tour en lui. Il ressemblait à un chien enragé. Lui qui donnait des leçons à Ziendra perdait totalement le contrôle de lui-même. Oh oui qu’il allait le tuer et prendre du plaisir. Jamais de sa vie un meurtre allait être aussi plaisant. Il se sentait aussi enragé que le jour où son professeur mourut de ses mains. Au fur et à mesure que sa colère montait en lui, un drôle d’événement se passa dans son corps. Ses flammes, habituellement bleues se mirent à noircir petit à petit. Généralement influencées par ses émotions, elles prirent une couleur en fonction de ce qu’il ressentait sur le moment. Une tristesse et une haine si profonde qu’elles se mirent à prendre la couleur de son âme, souillée par les multiples meurtres qu’il avait commis depuis son adolescence. Genki fut lui-même surprit de ce qu’il voyait. Mais, il ne perdait pas son objectif de vue. Il était focalisé sur cet enfoiré. Ne perdant pas Shockwave des yeux une seule seconde, il s’écria :
« TU VAS CREVER ! »
Genki se mit à courir vers sa cible tout en projetant des flammes en sa direction. Réagissant rapidement, le criminel claqua une nouvelle fois dans ses mains pour disperser le feu et avoir un visuel sur son adversaire. Désormais en mesure de le voir foncer tête baissée vers lui, il dirigea ses mains vers le sol et utilisa son alter pour se propulser vers lui. Le Vengeur se fit percuter de plein fouet et alla s’écraser sur un mur plus loin. Quand la poussière soulevée par l’impact contre le mur s’évapora, elle le dévoila assis au sol, le mur légèrement enfoncé. Pourtant, l’adrénaline le laissait conscient. Affaiblit par ce coup, il se releva en titubant à de multiples reprises. Ce qu’il venait de se manger le fit réfléchir. Il ne gagnerait pas en se battant de face. Malgré sa haine, il ne pouvait pas continuer à agir si bêtement. Alors, il prit une nouvelle fois la fuite. Il se cacha derrière un énorme pilier en béton à l’abri du regard de son adversaire. Shockwave lui, continuait à le provoquer en espérant le faire attaquer :
« C’EST TOUT ? ALLEZ VIENS ! JE TE JURE QUE JE T’ENTERRERAIS À COTÉ DE TA MERE ! »
Une nouvelle grimace se dessina sur le visage de Genki. Chaque phrase lui donnait la sensation de se prendre un coup de couteau dans le cœur. La douleur physique semblait bien moindre comparée à la violence des mots que Shockwave utilisait. Alors, dans un élan dans lucidité, il confectionna un plan pour venir à bout de ce titan. Il tendit ses mains et laissa une arène de feu se créer dans la zone pour l’enfermer avec lui dans les flammes. Puis, il envoya une Fireball pour le divertir. Profitant de la confusion et de la tentative d’esquive de l’homme, il sortit de son arène. Désormais seul, le criminel continuait de s’avancer en direction du pilier qu’il vint frapper avec son alter. À sa grande surprise, Genki n’était plus là. Celui-ci était en réalité en train de le contourner. Sans lui laisser le temps de réfléchir, le Vengeur bondit de derrière les flammes pour lui agripper les mains, toujours jointes. Activant son alter une nouvelle fois, il se mit à produire du feu de plusieurs endroits de son corps. Son but était de lui calciner les mains pour les empêcher de les utiliser. Cette stratégie était dangereuse, mais c’était sa seule option. Malheureusement pour lui, le criminel qui criait de douleur arriva à se libérer un bras. Tant pis se dit Genki tout en se concentrant uniquement sur l’autre. Lui en handicaper ne serait-ce qu’un des deux était bien suffisant. Le colosse se défendant comme il le pouvait, tentait de frapper le Vengeur de toutes ses forces. Coup de genou dans le ventre, coup de poing dans le visage… Il percutait chaque parcelle de son corps atteignable.
Rapidement, Blue Shadow commençait à perdre le contrôle de son corps. Il avait l’impression que chaque coup était une massue qui s’abattait sur lui. À la limite de perdre connaissance, il s’accrochait du mieux qu’il pouvait pour continuer son action. Finalement, il relâcha la pression. La main de Shockwave était méconnaissable. Brûlée au quatrième degré, elle était inutilisable. L’homme criait de toutes ses forces face à la vision de sa main qui ne ressemblait plus à rien. Sans une opération chirurgicale, il pouvait dire adieu à tout ce qui se trouvait au-dessus du poignet. Profitant de cette situation, Genki se traîna jusqu’à une barre de fer qui jonchait sur le sol. Agrippant celle-ci, il se retourna vers son adversaire et lui assena un puissant coup au niveau de la carotide. L’effet fut immédiat. Shockwave s’écroula suite à une perte de connaissance. C’était maintenant ou jamais. S’il pouvait en finir, c’était l’occasion rêvée. Le Vengeur se mit assis sur sa cible et lui attrapa le visage. Une nouvelle fois, il fit usage de Crémation pour lui infliger des dommages conséquents. Ne relâchant à aucun moment ses flammes, l’homme ne réagissait déjà plus. Pendant son action, Blue Shadow criait de toute ses forces, de haine :
Au fur et à mesure de son attaque, le vilain se défigurait à vue d’œil. Mais la rage du Vengeur ne se calmait pas. Il voulait le faire souffrir et se venger le plus salement possible. Il avait la possibilité d’extérioriser sa colère pour une raison valable et rien ni personne ne pourrait l’arrêter. Finalement, arrêtant complètement de produire des flammes sur le visage de l’homme, il l’attrapa par le col. Il n’avait pas envie que cela se finisse si tôt et si facilement. Son poing vint s’abattre une première fois sur son faciès déjà fondu. Lui criant de bouger et de réagir, il n’avait aucune réponse. Alors il restait là, relâchant petit à petit son emprise quand il réalisait que l’assassin n’était plus en mesure de se défendre. Son regard baissé, Genki laissa ses mains se mettre le long de son corps, comme si son corps était vide. Il ne bougeait plus pendant quelques secondes. Sûrement cherchait-il à se remettre de ses émotions.
À bout de souffle, très abîmé et ensanglanté, Genki se laissa tomber sur le côté en étoile de mer, voyant que Shockwave ne respirait plus. Le visage calciné, il était bel et bien mort. Il ressentait en lui une libération. Enfin, il avait vengé l’honneur de sa mère. Enfin, l’homme qui était à la base de sa vie chaotique venait de rendre son dernier souffle. Le Vengeur vint mettre sa main sur sa face, cachant une partie de ses yeux. Les fermant, il se mit à rire légèrement devant l’ironie de la situation. Quelques mois auparavant, il avait incendié Ziendra de se réjouir de la mort violente d’un criminel. Aujourd’hui, il reproduisait le même schéma. Il faisait un très mauvais donneur de leçon. Soulagé d’en avoir terminé, il lança un dernier regard en direction du criminel avant d’être pris de nausée face à la vision du cadavre de Shockwave. Il était difficile de l’identifier. Proche de gerber, il se releva afin de quitter les lieux le plus vite possible. Malheureusement, il avait subi des dégâts importants. De multiples hématomes, certainement une côte cassée, le dos en miette et le visage en piteux état, il réussit à s’extirper en dehors du bâtiment. L’effet de l’adrénaline se dissipait petit à petit, lui laissant découvrir des douleurs dont il n’avait pas connaissance auparavant. Chacun de ses pas le faisait grimacer, grogner et parfois même geindre face à sa souffrance Il ne savait pas où aller. Ce qui était certain, c’est que s’il souhaitait survivre, il devait recevoir des soins. Mais, il ne connaissait personne digne de sa confiance. Un seul nom lui venait en tête : Ziendra. Si elle était encore présente en ville après la discussion de la veille, c’est elle qu’il irait voir. Lui qui avait découvert un nouveau visage de la jeune femme, il ne pouvait compter que sur sa douceur et sa compassion pour l’aider à se rétablir. Avec elle, il savait qu’aucun jugement ne serait porté sur le meurtre qu’il venait de commettre.
Devait-il l’annoncer à son père ? Devait-il lui annoncer qu’il venait de se battre à mort avec Shockwave ? Sur le trajet, il se questionnait. Qu’allait devenir sa vie maintenant qu’il n’avait plus aucune question en suspens. Comment Shun réagirait à une telle annonce ? Lui qui avait essayé d’en savoir plus sur les circonstances de la mort de femme, allait-il se réjouir d’une telle nouvelle ou être déçu des agissements de Genki ? C’est en pensant ce genre de chose qu’il se traîna peu à peu jusqu’à la rue de Ziendra dans l’obscurité de la nuit… @ Justayne
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