" Reste plus qu'à attendre... " Déclare-t-il, dans un léger soupir, en levant ses yeux au ciel.

Pour un peu... personne ne viendra... et ca serait bien dommage. Quel intérêt de rejoindre la Ligue des Vilains si c'est pour se la jouer solo ? Soit, Ketsueki se corrige, avoir une planque, un point de chute, une tanière, voilà l'intérêt. Néanmoins, c'est du gâchis de potentiel que d'agir seul plutôt qu'en équipe. Les risques sont certes démultipliés puisque ce groupuscule regroupe, du moins l'imagine-t-il, de nombreuses personnes peu fréquentables. Et probablement qu'ils ne sont ni sociables, ni très porté sur la loyauté.
Néanmoins, l'union même temporaire fait la force... et c'est en démultipliant les risques qu'on peut aussi démultiplier les gains.

Patient mais pas naïf, après un quart d'heure, Ketsueki perd espoir de voir venir qui que ce soit à cette petite réunion organisé par ses soins. Probablement que de brutaliser certaines petites frappes qui trainent ici serait plus rapide et éfficace pour monter son équipe. Sauf qu'une équipe composée de petites frappes qu'il aurait lui-même recruter sous le menace ? Une telle équipe serait pitoyable.

Entre nous... la salle de réunion à des faux-airs de squatt, pas si loin d'une cave lorsqu'on la sait placé dans le complèxe sous-terrain auquel mène le bar. Maintenant qu'il y pense, ça aurait sans doute attiré plus de monde que de faire cette petite réunion au bar. Moins discret, aussi.
Soit... la salle de réunion est visiblement meublé à la récup'.

La grande table au centre, en bois, est à peine usée et conserve un semblant de sérieux... mais les chaises dépareillés tout autour, dont un canapé miteux sur lequel Ketsueki a posé le fessier, c'est déjà autre chose. A l'aise, le vilain pianote sur son téléphone portable, garde un oeil sur les news... et a des pieds croisés posés à même la table. L'ambiance y est tamisé, la cause à l'absence de lumière extérieure, l'endroit simplement éclairé par des lampes à la lueur légèrement orangée.

" Si personne ne vient... " Ketsueki, au bout d'une demi-heure, s'ennui au point que son téléphone ne peut plus le distraire, jusqu'à se surprendre à se parler à lui-même d'une voix mortifère. " ...tant pis pour eux, je me débrouillerais tout seul. "

La ligue apportait petit à petit de nouveaux oisillons, et quoi de mieux pour une informatrice telle que moi que de savoir à qui j'avais affaire. Serait-ce une personne sans cœur qui utilise le nom de la ligue pour vanter ses exploits et les justifier stupidement ? Ou une personne neutre qui n'était pas pour les héros et ne veut pas les aider ? Quelqu'un qui a perdu son chemin et espère le retrouver ici ? Ou une personne avec un recul nécessaire et une réflexion intéressant comme moi ?

Trop d'options, il fallait déterminer. J'aimerais éviter la même rencontre que j'eusse eue au bord de l'eau avec cette homme qui aurait pu sévèrement me blesser. Mais je m'étais améliorée et entraînée, je ne me ferai plus surprendre.

J'arrivai alors au lieu de rendez-vous que j'avais confectionné par mes soins, mes oiseaux m'avaient chantée sa position et je lui avais envoyé au préalable une lettre en mentionnant que la ligue forçait une rencontre. Une vérité légèrement améliorée.

J'entrai dans le bâtiment et mes talons claquèrent péniblement, mes bijoux dorés aux doigts, poignets, oreilles et au cou cliquetèrent. J'ouvris la porte pour me dévoiler dans une épaisse et longue robe blanche. Je plissai légèrement le regard avant de faire une mince révérence.

« Enchantée de vous rencontrer. J'ai affaire avec Ketsueki, n'est-ce pas ? »

Je lui souris doucement. Quel odieux et affreux personnage, je commençais à regretter une rencontre.

" Lui-même. " Répond-il, froid comme à son habitude, pâle et les yeux cernés, sa mine morne face à la sienne, particulièrement radieuse.

Sans gêne, le sanguinolent se permet un instant de la dévisager, de la tête au pied, dans l'espoir de percevoir à quelle genre d'interlocutrice il a l'affaire. Que de manières factices, de faux semblants et maigres politesses pour un respect qui, jusqu'ici, semble absent à notre homme. A quoi bon être enchanté ou faire une maigre révérence si, parallèlement, on ne se présente même pas ?
A moins que son égo ne lui pousse à croire qu'on la connait forcément.

Néanmoins, Ketsueki décroise ses pieds qu'il repose au sol et se penche, accoudé sur les jambes tout en gardant un minimum le dos droit. Après un dernier regard à l'écran de son portable, l'homme le range dans sa poche et joint ses mains.

Visiblement, celle à qui il a affaire... ne s'habille pas avec la praticité pour première prioritée : elle st habillée pour impressionner. Et elle y arrive, à sa façon, le charme est une arme comme une autre. Ca a moins cet avantage, quand on sait le profil moyen d'un paumé de la Ligue des Vilains lambda, que son corps a connu les bienfaits du savon. Et à la voir qui marche en ondulant comme un serpent qui danse, ce n'est sans doute pas l'égo qui lui manque.

" Pour être franc, j'ai rejoint la Ligue des Vilains avec cette idée qu'on avance toujours plus vite et plus loin à plusieurs. Bien que j'ai quelques projets qui me trottent en tête... mais c'est moi qui vient d'arriver, j'imagine donc que c'est d'abords à moi de proposer un coup de main et non d'en demander un. "

Posément, il expose son point de vue et, après l'avoir détailler d'un oeil inquisiteur, ne la regarde qu'à peine, sinon quelques regards furtifs pour la garder à l'oeil. Elle ne semble pas armée... et ca parait difficile de cacher des armes avec sa tenue... ce qui laisse curieux quand à son alter, en vérité.

" Enfin, j'aimerais savoir que la Ligue a sur le feu et qui sont ceux avec qui on peut travailler sérieusement. "

Je m'approchai dans un bruit que mes talons révélaient avant de rester debout à côté d'un fauteuil ; il était hors de question que mon corps frôlât une parcelle de ce qui se trouvait dans cette pièce, je comptais ce Ketsueki aussi.

« Votre franchise me touche infiniment. Vous semblez être du genre fonceur, à exécuter les ordres tant que vous y trouvez un intérêt. Mais vous dire que vous venez d'arriver et que vous risquez probablement d'être commandé ne vous plaît guère, me tromperais-je... ? »

J'eus un lent sourire qui gagna mon visage, d'une nature taquine sans trop le provoquer non plus.

« Appelez-moi Nepheret ou madame N, ce sera amplement suffisant. Quelle impolitesse de ne pas m'être présentée... »

Je soupirai en mettant quelques cheveux derrière moi avant de croiser les bras sous ma poitrine pour le juger légèrement, il le faisait avec moi, je ne faisais que rendre la pareille. Mes craintes sont fondées : Il avait la tête parfaite pour convenir aux clichés des vilains, un mauvais regard, une cicatrice -imposante en plus-, des vêtements sombres, une mauvaise tenue. Je soupirai intérieurement.

« Pour le travail, si la personne est dans la Ligue, elle doit être de confiance. Les traîtres n'ont pas leur place parmi nous. Si nos supérieurs ont besoin de quelqu'un, ils l'appelleront sans demander son avis, donc si vous vous montrez digne, ils vous contacteront pour des missions. »

Donc, elle n'avait rien à proposer. Ne paraissait pas plus intéresser que ça à l'idée de travailler.

" Je vois. " Ketesueki détourne le regard, le temps d'un soupir et se relève. " Les considérations d'égos, de qui commande ou non, ça ne m'intérèsse guère : je cherche du concret. " Haussant les épaules pour conclure, avant de s'en allez en passant à côté de Nepheret, ou Madame N, peu importe.

Il avait suffisement attendu, ne prévoyait pas de faire le poireau une minute de plus. D'un pas calme et lent, pas si préssé après avoir tant attendu, il en venait à se demander ce que la Ligue avait vraiment à lui offrir. Quoique non, en réalité, le Sanguinolent savait très bien, nul besoin de se le demander. Un point de chute, un bar, un repère, une tanière, un lieu où se cacher... voilà ce que la sinistrement fameuse ligue des vilains avait lui à offrir.
Jusqu'à preuve du contraire, à ses yeux, la Ligue n'était qu'un squatt où il avait pu négocier de pouvoir crécher.

Sans la regarder, quoiqu'à l'affût d'un coup tordu et l'oreille tendue, il se dirigeait simplement vers la sortie. Elle a bien sûr l'air d'une habituée mais... qu'avait-elle à lui offrir ? Apparement rien. La dame n'avait pas de travail à lui offrir, soit n'était pas une des fameuses supérieurs, soit en étant une mais ne le trouvait pas digne. Et si le premier cas est vrai, alors... son manque d'initiative est térrible, pour elle-même, la pauvre.
Obliger d'attendre qu'on lui donne un ordre pour intervenir comme une petite chienne ? Autant être un héro, dans ce cas-là.

Si c'est le deuxième cas qu'est vrai alors... elle estime qu'il ne s'est pas montré digne... mais comment se montrer digne si on ne lui donne rien ? Bref, pour conclure... au pas de la porte juste après l'avoir ouverte, juste avant de s'en allez.

" Quand quelqu'un sera intéressé, il n'y aura qu'à me faire signe mais en attendant, je vais me débrouiller. "