My Hero Academia RPG
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Jin Akira
Vilain Solitaire
# Veridis Quo - Partie 2 (RP SOLO)
Mer 9 Juin - 10:27
VERIDIS QUO - PARTIE 2
Before all things reborn again ... ••• Troisième jour.

Déjà trois jours que Jin était enfermé dans cette prison, à purger sa peine. Petite peine d’un mois pour laver ses actes passés et enfin toucher du doigt son rêve d’enfant. Compte tenu de ce qu’il avait fait, ce n’était pas cher payé. Bien entendu, il n’avait rien dit sur l’incident Takahashi. Heureusement pour lui, aucune preuve n’avait permis les enquêteurs de remonter jusqu’à lui, et donc il préférait pour l’instant taire cet épisode de son histoire, sans quoi il savait pertinemment qu’il passerait bien plus qu’un mois en prison. Sans parler du fait qu’il ne pourrait sans doute jamais devenir un héros. Et malgré son désir d’assumer ses actes, comme il l’avait dit à Shizen, il ne se sentait pas encore prêt à endosser la responsabilité d’un double meurtre. Pas par rapport au regard de la société, ni à la formation qu’il voulait suivre. Car au fond, s’il ne pouvait pas devenir le partenaire de Shizen, peu importe, il redeviendrait un justicier de la nuit. S’il avait peur de reconnaître ce fait, c’était par rapport à sa mère.

Pour elle, apprendre sa nature de justicier hors-la-loi et son emprisonnement avaient été deux épreuves particulièrement difficiles à encaisser, et il ne se sentait pas capable de lui infliger une autre blessure aussi douloureuse, même s’il se doutait qu’un jour où l’autre, il devrait y faire face, avec tout ce que cela impliquerait alors. Mais pour l’heure, il tentait de s’acclimater à sa nouvelle vie au sein du pénitencier. Et ce n’était pas chose facile.

Comme il s’en était douté, la plupart des autres détenus étaient, d’une part plus âgés que lui, mais aussi purement mauvais. Sans être des super vilains, ils étaient tous pourris jusqu’à la moelle, semblant irrécupérable. Le genre de menu fretin qu’il aurait volontiers massacré s’il avait été aux côtés de Ziendra. Car la dragonne occupait encore ses pensées, bien qu’il savait pertinemment que plus jamais ils ne pourraient être ensemble. Il continuait de caresser cet espoir fou que Shizen avait fait naître en lui qu’il pouvait la ramener sur le droit chemin, ne parvenant simplement pas à laisser cet amour derrière lui. Un amour pur et sincère qui brûlait encore ardemment en lui.

Ce matin là, c’était le jour de son premier rendez-vous avec le psychologue qui allait devoir le suivre pendant un certain temps. Il attendait autant qu’il appréhendait cette entrevue, car s’il y voyait le moyen de prouver aux yeux du monde qu’il était prêt à devenir un héros, prêt à changer, il ne savait pas trop à quoi s’attendre. Il n’avait jamais vraiment de psychologue. Vaguement se souvenait-il d’un entretien après son arrestation dans sa jeunesse, lorsqu’il avait attaqué son père biologique, mais rien de très précis.

Il se leva donc de bonne heure, bien avant que les gardiens ne tirent tous les autres détenus de leur sommeil, et se plia sans broncher à leurs directives. Après tout, on lui avait demandé de ne pas faire de vagues durant toute la durée de son emprisonnement, et il comptait bien s’y tenir. Il ne restait plus qu’à espérer que les autres détenus n’allaient pas lui chercher des noises. Car s’il ne causerait pas de problèmes de lui même, il n’allait pas pour autant se laisser malmener par tous ces criminels qui le débectaient.

Ainsi, la douche. Dans beaucoup de films et séries, c’est un cliché très répandu : les affaires intimes, voire les viols sous la douche, entre hommes, ça arrivait souvent. Mais est-ce que ça allait être le cas pour Jin ? Il espérait sincèrement que non. Pas parce qu’il avait peur d’être pris pour cible, mais parce qu’il savait qu’il aurait à se défendre et il craignait que cela n’impacte sur ses conditions de libération. Cela dit, contrairement aux attentes, tout se passa plutôt bien. Non, les ennuis arrivèrent plus tardivement, à l’heure du petit déjeuner.

Alors qu’il finissait tranquillement son plateau peu ragoûtant, installé sur une table à l’écart de tous, un homme à la stature bien plus imposante que lui s’approcha du jeune loup et frappa du poing sur la table.

« Hey, sale gosse. Tu te souviens de moi ? »

Jin tourna alors la tête pour observer l’homme du coin de l’oeil. Son visage ne lui était pas inconnu. Il fouilla alors dans sa mémoire pour tenter de mettre, à défaut d’un nom, un souvenir sur ce visage. Il se souvint alors. C’était un type qu’il avait cueillit après le casse d’une petite bijouterie, dans un coin assez isolé du centre-ville. Les héros avaient tardé à venir prêter main forte aux victimes, sans doute occupés ailleurs ou débordés. Jin avait alors prit l’homme en chasse et au terme d’un combat assez violent, l’avait neutralisé et livré aux autorités de manière indirecte. Et de ce que Jin se souvenait, le combat avait été pénible. Il avait fini dans un sale état, et pour cause : l’homme avait une sacrée carrure.

« Ouais, je te remets. C’est toi que j’ai fait coffré après le vol d’une petite bijouterie, y a environs un an c’est ça ?
- Tout juste, le mioche. Tu m’as eu simplement parce que je me suis laissé surprendre par ton alter de transformation, mais cette fois, plus de surprise. Je vais te faire payer pour la condamnation que j’ai prise à cause de toi. »

Avant même qu’il n’ait le temps de réagir, Jin reçu un coup de genou dans le flanc droit. Il tomba au sol, posa la main à l’endroit de l’impact et peina à retrouver son souffle. Il avait failli taper dans le foie, ce qui aurait très bien pu le mettre K.O d’un seul coup. Mais il ne pouvait pas se laissait faire. Il n’en était pas question. Il se releva alors difficilement, faisant face à son adversaire avec un regard dur.

« Oh, et bah, tu vas pas te transformer, petit louveteau ? Sans ton alter, t’as aucune chance contre moi, je vais t’éclater !
- Pourquoi faut toujours que les types dans ton genre aient la gueule grande ouverte ? » Jin baissa alors le regard, souriant d’un air moqueur avant de fixer de nouveau les yeux de l’homme. « Ah, ce doit être pour ça. »

Il baissa alors la tête pour éviter un coup de poing et profita de l’élan du mouvement pour percuter l’homme d’un coup d’épaule, le faisant reculer. Et même basculer en arrière, trébuchant contre un autre détenu qui avait rejoins les autres, formant un cercle autour d’eux afin de profiter du spectacle. Certes, il n’allait pas se laisser faire, mais il n’allait pas rentrer dans son petit jeu pour autant. Du moins pas tant qu’il pouvait l’éviter. Il espérait simplement que les gardiens allaient être alertés par le bruit et vite débarquer. Pendant ce temps, son adversaire se relevait, encore plus en rogne contre lui.

« Sale petit …
- Allez papi, laisse tomber, j’ai vraiment pas envie de devoir t’humilier devant tes fangirls.
- Je vais te … »

L’homme se jeta alors sur Jin et le plaqua au sol, commençant à donner des coups rageurs. Jin tentait de son mieux de les bloquer avec ses bras, mais ses derniers devinrent vite douloureux. Alors qu’il entendit enfin les gardes arriver, il n’eut plus tellement le choix. Il n’allait pas pouvoir encaisser un seul coup de plus, et il était hors de question de lui céder un seul coup de plus. Il applique donc une technique de combat ancestrale : le coup de genou dans l’entre-jambe. Simple et efficace, son adversaire fut sonné par la douleur, ce qui permit au jeune loup de le repousser sur le côté avant de se redresser et de lever les mains à l’arrivée des gardiens.

Puis, après cet incident, il retourna dans sa cellule, attendant le moment où on viendrait le chercher pour l’emmener à sa séance avec la psychologue.


*********

Quinzième jour.


« Jin ? Jin, vous êtes toujours avec moi ? »

La voix d’Okuda Ochiyo, sa psychologue attitrée depuis son arrivée en prison il y avait maintenant deux semaines de cela, tira Jin de ses rêveries. Il la fixa, plongeant son regard dans celui de la blonde, fixant ses yeux bleus longuement avant de soupirer et se redresser dans son fauteuil. Il n’aimait pas particulièrement ces séances. Non pas qu’Okuda n’était pas une personne sympathique, mais devoir creuser au plus profond de son esprit et y faire ressurgir tous ces traumatismes était loin d’être une partie de plaisir. Mais par dessus tout, Jin savait qu’il allait devoir parler de tout ce qu’il avait fait pour se retrouver là où il était. Et il n’avait pas vraiment envie, même s’il savait au fond de lui que c’était nécessaire et qu’un jour ou l’autre, la vérité finirait par ressurgir.

« Pardon, j’étais un peu perdu dans mes pensées.
- Je remarque ça, oui. Ça semble vous arriver souvent. À quoi pensez-vous dans ces moments là ?
- Je pense … à beaucoup de choses. Et à leurs conséquences.
- Vous pensiez à vos actes en tant que justiciers ? Ou bien à cette fameuse Ziendra ? »

Jin resta silencieux. Elle était psychologue, après tout. Il lui avait déjà beaucoup parlé de lui, de son passé, et notamment de Ziendra et l’importance que la dragonne avait eu pour lui. Et qu’elle avait toujours, en quelque sorte. Il ferma les yeux, baissant la tête. Il n’avait pas du tout envie d’en parler, mais il savait très bien qu’Okuda ne lâcherait pas le morceau tant que ce ne serait pas fait. Et s’il ne cédait pas aujourd’hui, elle rempilerait à la séance suivante. Alors autant se jeter à l’eau tout de suite.

« Oui, surtout à Ziendra. J’ai bien compris, lors de notre dernière conversation, que tout était fini entre elle et moi. Je travaille encore à l’accepter, mais c’est beaucoup plus difficile que ce que j’imaginais.
- Je me doute. Les peines de coeur, les ruptures, surtout lorsqu’elles surviennent dans une relation d’amour très sincère, peuvent avoir des répercussions incroyablement douloureuses sur la personne. Au point d’en tomber parfois physiquement malade.
- Ah oui … ?
- Oui, on appelle ça le syndrome du coeur brisé, ou syndrome de Takotsubo. Il peut notamment survenir lorsque l’on éprouve une émotion très forte et très vive, comme lors d’une rupture, par exemple. La personne peut parfois même ressentir les mêmes symptômes que lors d’une crise cardiaque. »

Jin posa alors la main sur son coeur. Malgré tous ses efforts, son amour était donc en train de littéralement le ronger à petit feu ? Il pesta en silence. Foutus sentiments, à quoi bon s’en encombrer si c’était pour finir par en souffrir ? Il revoyait tous ses souvenirs avec Ziendra, notamment leurs bons moments partagés ensemble, mais tandis que le film de leur histoire se déroulait, il se rendait peu à peu compte du problème : il était tombé amoureux d’une illusion. Il revoyait leur rencontre. Un combat à mort. Si Jin n’avait pu reprendre ses esprits, sans doute qu’il l’aurait tuée, cette nuit là. Et si la police n’avait déboulée sur les lieux, il n’aurait jamais fui avec elle, et jamais ensuite ils n’auraient partagé une nuit dans ses draps.

« Alors vous voulez dire … que ce que j’ai ressenti pour elle est en train de me tuer ?
- Peut-être pas maintenant, mais si vous ne parvenez pas à faire le deuil de cette relation, il se peut que sur le long terme, cela arrive. Indirectement ou non.
- Donc … Je dois l’oublier.
- Je n’ai pas dit cela pour autant. Vous devez garder les bons souvenirs, garder à l’esprit que même si cela est difficile à accepter, cette relation devait s’achever de cette manière. Mais elle n’aura pas été vaine pour autant, car elle vous aura appris quelque chose.
- Oui … les sentiments, les émotions … l’attachement … tout ça … ce ne sont que des fardeaux, des poids qui s’enchaînent au coeur et qui l’alourdissent inutilement. »



*********


Septième jour.

Aujourd’hui était un grand jour pour Jin, car sa mère venait lui rendre visite. Ce qui le réjouissait, car enfin il allait pouvoir revoir un visage amical. Shizen n’avait pas encore eu le temps de passer le voir, mais il ne doutait pas qu’il aurait de ses nouvelles prochainement. Cela dit, il n’était pas des plus sereins pour autant, car il n’avait pas eu droit au parloir pour sa visite. D’un côté, pouvoir avoir un contact physique avec sa mère le réjouissait, étant donné que les seuls qu’il avait eu depuis son arrivée était des coups de poings en pleine figure. Coups de poing qu’il n’avait jamais rendu, mais qu’il n’avait pas non plus choisi d’encaisser sans rien dire. De l’autre côté, savoir que sa mère était à la merci de tous ces criminels dans cette grande pièce le mettait un peu mal à l’aise, malgré la présence de gardes. Mais son envie de revoir un visage amical prenait le dessus sur ses inquiétudes. Quand l’heure de la visite arriva, il ne se fit pas prier pour suivre les gardes qui l’accompagnèrent.

Le trajet jusqu’à la salle de visite lui paru si long, tant son impatience était forte. Mais finalement, il arriva à destination, et sa mère était là, assise à une table à l’attendre. Le garde ouvrit la porte et Jin s’avança alors, souriant à Aïna tandis que celle-ci pouvait à peine contenir ses larmes. Elle se leva également quand il arriva à sa hauteur, puis le prit dans ses bras en sanglotant. L’un comme l’autre, ils étaient tellement heureux de se revoir qu’il leur était difficile de cacher leur joie. L’étreinte dura quelques minutes durant lesquelles les autres personnes présentes semblaient avoir tout arrêté, comme surpris par la scène qui se déroulait sous leurs yeux. En réalité, il n’en était rien, ce fut simplement l’impression qu’eut Jin sur l’instant : comme si le monde s’était arrêté autour de lui. Finalement, sa mère le lâcha et ils s’assirent tous les deux. Aïna remarqua alors le bleu sur la paume de son fils, et lâcha un cri de surprise avant de porter sa main devant sa bouche.

« Jin ! Tu …
- C’est rien maman. Y a plusieurs types que j’avais aidé à faire coffrer par le passé, et certains m’ont reconnu. Ils ont voulu me faire passer un sale quart d’heure, mais à part ce coup là, ils n’ont pas réussi.
- Jin, je croyais que tu devais te conduire de manière irréprochable.
- J’ai pas rendu les coups. J’évite juste de me faire passer à tabac. Je me défends, c’est tout. Mais je t’assure que je ne cherche pas les problèmes. D’ailleurs, y a bien eu que deux ou trois incidents de ce genre. La plupart du temps, les gardes font leur boulot et ça n’a pas le temps de trop s’échauffer.
- Je … » Aïna marqua une pause, avant de fondre en sanglots. « C’est beaucoup trop dur, Jin. Je n’y arrive pas. Te savoir ici, savoir que tu risques à tout moment de te faire lyncher … Cette semaine a été sans doute la plus éprouvante de ma vie.
- Je sais maman … Je suis vraiment désolé de t’infliger ça. Je m’en veux tellement. »

Malgré l’ambiance assez pesante, due à la peine qu’il infligeait à sa mère et de la culpabilité qui en ressortait, Jin savoura sa visite. Il pris alors des nouvelles de son ami Shizen, espérant que tout allait bien pour lui, même s’il se doutait que maintenant que les activités de justicier de Jin avaient été mises en lumière, la réputation de Shizen risquait d’en prendre un coup. Savoir qu’il avait volontairement aidé un hors la loi plusieurs fois malgré son statut de héros n’allait en effet sans doute pas être sans conséquences. Cela dit, il gardait en mémoire que le Bulbe serait son garant une fois le jeune loup sorti de prison, aussi espérait-il que le discrédit ne s’abattrait pas sur son ami.

Il fut également rassuré de savoir que tout allait bien pour sa mère. En dehors de l’absence de son fils et du poids de son emprisonnement, tout semblait se porter pour le mieux. La boutique de fleurs tournait à plein régime, elle semblait à l’abri du besoin, et il était heureux de savoir qu’elle rendait régulièrement visite à Shizen, afin de prendre des nouvelles du héros mais aussi de donner à ce dernier des nouvelles de son futur poulain.

Quand il y pensait, Jin avait encore du mal à y croire. Il allait vraiment devenir un héros ? Bien sûr, il ne serait pas aussi libre d’agir que l’était Shizen, par exemple, puisqu’il dépendrait de lui, et devrait donc se conformer aux directives qu’il lui donnerait. Mais il avait encore du mal à réaliser qu’il allait finalement passer du bon côté de la barrière, pouvant alors accomplir son rêve et sauver des gens grâce à son pouvoir.

« Maman, tu as pu passer à l’appartement ?
- … Non, Jin. Je n’y suis pas allée. Je … Je suis débordée en ce moment. Et je pense qu’il vaut mieux que tu laisses tout cela derrière toi. »

Jin savait très bien à quoi ils faisaient tous les deux références. Il ne parlait en vérité pas de son appartement, mais bien de celui de Ziendra. Il avait en effet demandé à sa mère, comme dernière faveur envers la dragonne avant qu’ils ne soient opposés par leurs choix de vie, de la prévenir que même si elle était toujours une inconnue, les autorités semblaient commencer à s’intéresser à elle. Mais visiblement, Aïna ne s’y était pas rendu. À moins que … Jin connaissait bien sa mère, et lorsqu’il remarqua qu’elle détourna le regard, baissant légèrement la tête, il comprit qu’elle ne lui disait pas tout. Pourquoi lui mentait-elle ? Que s’était-il passé ?

« Jin, il faut que tu l’oublies. Elle ne t’apportera rien de bon.
- Maman … ?
- Je sais très bien sur quelle voie elle s’est engagée. Quand j’ai discuté avec elle, ce jour là à l’hôpital, j’ai vu dans son regard tout le poids des fardeaux qu’elle porte. J’ai vu la rancoeur qu’elle porte envers ce monde. Si tu t’accroches à elle, tu n’arriveras jamais à aller de l’avant et devenir un héros. Tu sombreras dans les pires travers et je … je te perdrais alors à tout jamais … »

Jin resta silencieux. Il n’avait jamais prit la peine de considérer le point de vue de sa mère dans toute cette histoire. Depuis qu’il avait choisi de devenir un justicier hors la loi, il n’avait jamais vraiment prit le temps de se demander comment sa mère aurait réagit, ce qui avait mené à cette première prise de conscience à l’hôpital. Et pourtant, alors qu’il avait vu la détresse et la peur dans les yeux de sa mère, il avait continué. Pourquoi ? Pour elle. Pour Ziendra. Pour l’amour qu’il lui portait, il avait continuer à ignorer ce que ressentait sa mère, alors qu’elle était la personne qui comptait le plus à ses yeux. Il l’avait négligé pour une autre personne avec qui au final, il ne lui était arrivé que des malheurs. Les rares instants heureux qu’ils avaient pu partagé n’étaient au final que des grains de sable, insignifiants face à tout ce que leur relation lui avait fait endurer.

« Notre lien est certes unique, mais il est impossible dans la société actuelle … Ne doutes pas de l’amour que je te porte … Qu’importe la grande de notre amour, ça ne peut juste pas marcher … Mais je ne veux pas tout oublier … »

Les mots de Ziendra résonnèrent dans sa tête. Il devait tirer un trait sur ce passé, sur cet amour qu’il avait ressenti. Oublier cette porte de sortie qu’avait été la graine de vie qui aurait pu germer en elle. Fonder une famille ? Pourquoi faire ? Elle n’avait qu’une seule chose en tête : sa justice sanglante et rien d’autre. Même lui n’avait au final pas plus de poids que ses obsessions. Dorénavant, il commençait à comprendre à quel point il s’était fourvoyé, à quel point ses espoirs étaient vains. Et pourtant, il avait voulu croire que cela aurait pu fonctionner, que cette histoire avait une chance de marcher, de donner quelque chose de bon.

Il aurait aimé avoir cette prise de conscience plus tard, et de manière plus douce, mais c’était ainsi que la vie avait décidé de lui faire affronter cet obstacle. Il sentait une rage monter en lui. La rage de ne pas avoir su être un héros pour la première personne qu’il avait chéri au monde. La rage d’avoir perdu quelque chose qui avait redonné un sens à sa vie, une source de bonheur maintenant disparue. Il était profondément égoïste, certes, mais il n’arrivait pas à penser autrement. Après tout, il n’avait jamais pensé à lui depuis des années. Il avait toujours agi pour les autres, ne se souciant jamais de son propre bonheur. Et la seule fois où il avait voulu mettre son intérêt en avant, voilà ce qu’il recevait ? Un coeur brisé ?

Jin serra ses mains, posées sur ses genoux, et grinça des dents tandis qu’il ravala ses larmes avant de redresser la tête vers sa mère.

« Merci d’avoir voulu me protéger, mais je pense avoir compris ce que tu voulais me dire … »

Aïna resta silencieuse, un sentiment de culpabilité l’envahissant. Elle se sentait responsable de la détresse de son fils, et le voir dans un tel état lui brisait le coeur, à elle aussi. Elle ne savait pas quoi faire pour l’apaiser. Elle pouvait utiliser son alter, qui de toute manière était invisible, mais elle n’en ressentait pas la force. Elle ne pouvait simplement pas régler les soucis de son fils par la facilité. C’était avec ses mots qu’elle devait le faire.

« Jin, je …
- Maman … Tôt ou tard, je l’aurais compris. Je le savais déjà au fond de moi. Il fallait que je le réalise, d’une manière ou d’une autre. Alors, s’il te plaît … ne t’en veux pas. »

Le jeune loup leva alors un regard souriant sur sa mère. Un sourire qu’il voulait doux et sincère, rassurant pour celle qui était désormais la seule personne à compter pour lui, en dehors de son ami Shizen, bien évidemment. Mais malgré toute sa bonne volonté, la tristesse qu’il éprouvait pouvait se lire dans ses yeux, embués de larmes. Car ce jour là, Jin Akira venait de comprendre que sa vie avait définitivement prit un tournant, et que Lakshi Ziendra ne pouvait plus en faire partie. Ce jour là, le loup avait abandonné derrière lui les restes d’écailles qui s’étaient fichées dans son coeur.


*********


Quinzième jour.

Okuda soupira, retirant ses lunettes, puis se leva pour aller à la fenêtre, observant alors la cour extérieure. Jin, quant à lui, observait ses mains, fixant les menottes à ses poignets et sa tenue unicolore. Déjà deux semaines, ou bien seulement deux semaines ? Il ne pensait pas que ce mois de détention serait aussi long, mais surtout, plus il côtoyait les criminels avec qui il devait partager ses repas, plus il se demandait s’il avait réellement prit la bonne décision en choisissant de rejoindre Shizen sur la voie des héros.

« Jin, votre soucis, c’est que vos émotions vous dominent totalement. Vous avez raison de penser que vous en êtes l’esclave, mais là où vous vous trompez, c’est quand vous croyez ne pas pouvoir inverser les rôles.
- Pourtant, c’est le cas. À chaque fois que j’utilise mon pouvoir et que je me transforme, je deviens dangereux. Au moindre mot de travers, à la moindre étincelle, le feu qui m’anime s’embrasse et ma rage se déchaîne, et je deviens alors incontrôlable. J’ai déjà failli tuer mon meilleur ami de la sorte. Un héros qui plus est. Un vrai héros, qui mérite son titre. »

Okuda s’approcha alors du jeune loup, un sourire rassurant sur les lèvres, puis vint s’asseoir à côté de lui, en mépris du danger que Jin pensait représenter.

« Et ce même héros ne vous a-t-il pas toujours dit que vos émotions étaient la clef ? »

Elle lui souriait, et Jin ne put s’empêcher de rougir légèrement.

« Que voulez-vous dire ?
- Vous ne comptez que sur votre rage, votre colère, pour devenir plus fort. Et c’est vrai que lorsque vous êtes dans cet état, vous devenez plus fort. Mais comme vous le dites, vous perdez le contrôle. Pourquoi à votre avis ? »

Jin resta silencieux, regardant les menottes d’un air coupable. Il connaissait la réponse, tout au fond de lui, mais avait-il vraiment envie de le dire ? Car l’énoncer à haute voix, ce serait alors le reconnaître, et avouer ce qu’il redoutait le plus. Mais le regard, bien que doux et rassurant, d’Okuda se faisait de plus en plus oppressant.

« … Parce que la colère fait tomber mes barrières morales.
- Continuez, Jin.
- Sous l’effet de la colère, je n’ai plus aucune limite. Je n’ai plus de code moral, je n’hésite plus en rien. Je n’hésite même plus à tuer.
- Et vous avez déjà tué, n’est-ce pas ? »

Jin retint alors sa respiration, écarquillant les yeux. Oui, il avait déjà tué, mais il ne pouvait tout simplement pas le reconnaître ouvertement devant Okuda … si ? Elle se devait de faire des rapports sur l’état psychologique et mental de Jin, afin de démontrer qu’il était prêt à changer, prêt à suivre les règles, les lois. Et pourtant, il savait bien qu’il serait vain de tenter de le lui cacher. Que devait-il faire ?

« … Oui. » dit-il simplement, fixant alors le sol avec une honte et une culpabilité qui ne faisaient aucun doute.
« Dites m’en plus, Jin. »

Le loup resta silencieux un long moment, réfléchissant à la situation dans laquelle il se trouvait. Ne venait-il pas de complètement ruiner ses chances de suivre la formation à sa sortie ? Il poussa un profond soupir, prenant sa tête entre ses mains. Voyant cela, Okuda posa une main réconfortante sur son épaule.

« Jin, si vous avez peur que je révèle ce que vous allez me dire, soyez rassuré. Tout ce que vous me dites est tenu au secret médical.
- Mais, et vos rapports ?
- N’y figure que l’avancée globale de nos séances. Le contenu concret, ce dont nous discutons précisément, tout ça reste entre nous. Alors n’ayez pas peur de m’en parler. »

Jin la fixa dans les yeux, hésitant grandement. Mais le sourire rassurant finit par le convaincre de délier sa langue. Ainsi, le jeune loup lui raconta cette fameuse nuit. Comment il avait rejoint Ziendra, prit connaissance des informations en sa possession, la colère quand il avait reconnu l’homme qu’ils allaient traquer. Il raconta leur attaque, comment ils avaient été séparé au cours de l’affrontement, puis la première vie qu’il avait prise. Un combat déséquilibré, une lutte pour sa survie plus qu’un combat pour la justice. Puis le second meurtre. Pris de rage, enivré par la peur que Ziendra ne se fasse tué, et plein de rancoeur vis à vis de l’homme qu’il avait cru connaître et qui s’était joué de lui. Poussé par ses émotions hors de contrôle, il lui avait arraché le visage avant de laisser son corps sans vie au sol. Terminant son récit, Jin gardait le regard baissé, honteux.

« Je vois. » dit simplement Okuda, déposant ses lunettes sur la table basse. « Puis-je vous dire le fond de ma pensée, Jin ?
- Allez-y ?
- Bien que je n’approuve pas le fait de prendre une vie, je ne pense pas que vous ayez agit pour de mauvaises raisons. Car avant tout, vous vouliez protéger votre amante, je me trompe ? » Jin restait silencieux, mais la blonde comprenait ce que ce silence exprimait, et continua. « Le premier homme n’aurait pas hésité une seule seconde à vous tuer, s’il l’avait pu. Dans le feu de l’action, vous n’aviez guère le temps de trouver une autre solution. Quand au second, vous étiez poussé par votre peur de perdre celle que vous aimiez, et vous avez donc agit avant tout pour la sauver.
- Il y avait une part de haine dans ce que j’ai fait. Je voulais lui faire du mal. Je me suis senti trahis par cet homme.
- Certes, mais votre motivation première était de sauver Ziendra. Par la suite, vous avez malheureusement laisser votre rage prendre le dessus. »

Jin resta silencieux, comme souvent lors de ses séances. Il avait beaucoup de mal à exprimer ce qu’il ressentait au fond de lui, principalement car l’introspection n’était pas son point fort. Il avait toujours eu l’habitude de prendre sur lui, de refouler ce qu’il ressentait et de privilégier les autres. Cette habitude, il savait très bien d’où elle lui venait.

« Que ressentez-vous par rapport à cette fameuse soirée, aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’il vous vient en tête quand vous y repensez ?
- Et bien … D’un côté, le fait que ces deux hommes soit morts ne me pèse pas vraiment sur la conscience. Je me dis qu’ils ne feront plus de mal autour d’eux, au moins. Dans ce sens, je ne regrette pas de les avoir tuer, mais … d’un autre côté, je m’en veux. Je me sens honteux d’avoir ainsi cédé à la facilité de la mort comme seule réponse à leurs actes. Je suis un peu perdu à ce niveau là … Mais une chose est sûre, je ne veux plus jamais ressentir une telle rage, une telle haine … Cette envie primitive de simplement tuer, faire du mal. Une soif de sang pure et bestiale. »

Jin avait les mains qui tremblaient. Il repensait également à sa dernière patrouille avec Shizen, quand il avait brisé la jambe de cet homme. Il se souvenait de l’affrontement dans son ensemble, et surtout de cette même rage qui brûlait de l’intérieur, cette envie de sang qui lui déchirait l’esprit, comme une petite voix qui lui disait « Fais-le » mais qu’il avait réussi, non sans mal, à ne pas écouter. Okuda, quant à elle, resta silencieuse un moment, observant le jeune homme, avant de prendre ses mains dans les siennes.

« Jin, je ne pense pas que vous soyez une mauvaise personne. Vous avez commis des erreurs, certes, mais je pense que vous pouvez encore vous racheter. En ce qui concerne ce que vous venez de me dire, je n’en parlerai pas dans mon rapport. Cela dit, soyez conscient qu’un jour où l’autre, cette vérité reviendra vous hanter. Je vous conseillerais d’en parler, ne serait-ce qu’à vos proches, au plus vite. Pour au moins vous libérer de ce poids, et ainsi être sûr que vous aurez leur soutien le jour où vous en aurez besoin. »

Jin se contenta de sourire à la psychologue, en guise de remerciement pour ses mots. Puis Okuda lui demanda de lui raconter comment se déroulait la vie pour lui en prison. Le jeune prit une profonde inspiration, ne sachant pas trop par où commencer. Mais une chose était sûre : il avait hâte de sortir. Côtoyer autant de personnes ayant commis des actes criminels ne l’enchantait pas du tout, d’autant plus qu’il y en avait certains qu’il avait indirectement contribué à faire enfermer. Des petites frappes, des criminels sans aucune envergures, certes, rien que Jin ne saurait gérer. Mais il aimait autant éviter les soucis le plus possible.


*********

Dixième jour.


Malgré quelques incidents mineurs, le séjour de Jin en prison n’était pas aussi difficile qu’il ne le pensait. Bien entendu, il trouvait le temps extrêmement long, l’ennui l’envahissait presque à chaque heure de la journée, et il enrageait un peu de ne pas pouvoir aider les autres, étant bloqué dans le centre pénitencier. Cela dit, il se félicitait au moins d’une chose, c’est qu’il ruminait de moins en moins le passé. Non pas qu’il avait tourné la page, loin de là, mais il commençait à comprendre qu’une fois dehors, il serait un tout autre homme. Sa vie changerait du tout au tout, et même s’il avait encore du mal à faire le deuil de ses sentiments, il commençait à comprendre que c’était là la meilleure chose qui avait pu lui arriver.

D’ailleurs, dans l’optique de devenir une nouvelle personne, une version améliorée de celui qu’il avait toujours été, il avait entreprit de se rendre aussi régulièrement que possible au gymnase de la prison afin de se renforcer musculairement. Car si son pouvoir lui permettait d’accroître sa force physique une fois transformé, ce gain de puissance se basait sur sa force physique de base. Et à son arrivée en prison, il s’était rapidement rendu compte qu’elle n’était pas vraiment exceptionnelle. Nombre de détenus étaient largement plus forts que lui, et il se doutait qu’en agissant en héros aux côtés de Shizen, il pouvait être amené à croiser des personnes bien plus redoutables encore.

Ainsi avait-il entreprit une transformation physique impressionnante, se donnant à fond pour renforcer sa masse musculaire. Si au départ les changements n’avaient pas été flagrant, au bout de ce dixième jour, sa carrure avait déjà commencé à se modifier. Ses épaules étaient plus larges, bien plus imposantes. Il avait également gagné en tour de bras, mais le plus impressionnant fut son torse. Là où on ne distinguait quasiment aucun détail auparavant commençaient à se dessiner des muscles de plus en plus nets. Il n’était pas du genre à s’admirer dans le miroir, et avoir un corps d’Apolon ne l’intéressait pas plus que ça d’un point de vue purement esthétique. Néanmoins, il se sentait beaucoup plus robuste et à l’aise dans ce corps qu’il se sculptait au fur et à mesure.

Une autre pratique qu’il avait entreprise afin de changer était la méditation. Sous les conseils de sa psychologue, il s’adonnait donc à un minimum de quinze minutes de méditation par jour. Si au départ il avait trouvé l’exercice futile, ne parvenant tout simplement pas à faire le vide dans son esprit, les tentatives répétées plusieurs fois dans la journée finirent par payer.

Durant ces instants de profonde introspection, Jin faisait face à ses démons. Il faisait face aux braises de l’amour de Ziendra, qui malgré lui, subsistaient encore en lui. Il revoyait cette fameuse nuit avec Takahashi, ainsi que l’épisode de l’hôpital. Mais la dragonne était clairement au centre de ses pensées dans ces moments là. Et il réalisa alors que toute sa vie ces derniers mois avait gravité autour d’elle. Que tout ce qui lui était arrivé avait été causé par sa rencontre avec Ziendra.

Ses séances de méditation étaient mentalement très éprouvantes pour lui, mais même si elles l’éreintaient, il avait la sensation d’en sortir un peu plus grandi à chaque fois. Cela dit, un effet secondaire qu’il n’avait pas anticipé survint rapidement après quelques jours.

Plongé dans un état quasi second pendant ces moments, ses émotions refaisaient souvent surface et il devait alors lutter de toutes ses forces pour garder le contrôle sur son alter, expliquant en grande partie son épuisement à la fin de chaque séance. Cela eu pour conséquence que ses cheveux, d’ordinaire noir comme le jais, commencèrent peu à peu à prendre une teinte grisâtre, pour finalement blanchir totalement. À ce stade, il ne s’agissait cela dit pas de l’entièreté de son cuir chevelu, mais davantage de mèches blanches qui devenaient de plus en plus nombreuses.

Ce détail n’avait pas échappé à Okuda, qui lui fit la remarque dès leur troisième séance. Jin lui expliqua alors qu’il avait remarqué ce changement depuis que ses introspections avaient commencer à porter leurs fruits, et la psychologue émit une hypothèse qui ne fit que conforter Jin dans sa pensée : ce changement de trait physique était une conséquence de son appropriation croissante de son alter. Ainsi, pensait-il, plus ses cheveux blanchiraient, plus il maîtriserait son pouvoir. Il avait conscience qu’en l’état, après seulement dix jours, le chemin parcourut était insignifiant et que le travail à fournir pour parvenir à cet objectif était encore conséquent, mais cela lui redonner la motivation de se dépasser.


********


Quatorzième jour.


Déjà deux semaines qu’il était enfermé. Deux longues semaines qui lui paraissaient comme des mois, coincé dans cette prison avec une routine à laquelle il n’avait rien à dire. Les seuls moments de libre qu’il avait, il les passait soit à se renforcer, déterminé à devenir plus fort, aussi bien physiquement que mentalement, soit à lire dans sa cellule. Sa routine était vraiment millimétrée.

Lever par les gardes dès sept heures du matin, il passait à la douche, puis au petit déjeuner avant de devoir s’acquitter des tâches de la matinée. En règle général, il était soit à la blanchisserie, soit à la cuisine, soit au ménage dans les couloirs en fonction du jour. Puis, peu avant midi, il avait droit à un temps libre. Trop court pour aller à la salle de sport, il en profitait pour s’isoler et méditer. Venait ensuite le temps du repas. Là encore, il préférait rester à l’écart, ne voulant pas se familiariser avec les autres détenus. Puis, l’après-midi était coupé en deux. D’abord des corvées, comme pour le matin, puis deux bonnes heures de temps libre avant le repas du soir, pour finir en cellule. Il lui restait alors une bonne heure de temps qu’il pouvait occuper à sa guise avant que les gardes ne viennent annoncer l’extinction des feux.

Ainsi, ses deux heures de temps libre dans l’après-midi étaient consacrées à son renforcement musculaire. Malgré les regards moqueurs de certains détenus bien plus robustes que lui, il continuait à s’entraîner sans relâche. Le soir, il lisait des livres que sa mère avait été autorisé à lui apporter, principalement des textes de loi concernant l’activité des héros, afin de se familiariser le plus avec ce monde qu’il projetait de rejoindre sous peu. Il terminait par une dernière séance de méditation avant d’aller dormir.

De manière générale, personne ne venait lui chercher des ennuis. L’épisode du troisième jour semblait avoir fait comprendre aux autres qu’il n’allait pas se laisser faire, et Jin n’en était que plus satisfait. Si personne ne venait l’emmerder, pas besoin de se contrôler et de devoir se retenir, pas de risque d’incident, et donc une libération qui n’était plus qu’à deux semaines d’arriver.

Cependant, ce quatorzième jour, veille de sa consultation avec Okuda, il était tranquillement en train de se muscler dans la salle de sport quand un détenu, accompagné de deux autres hommes, vint le voir. Remarquant les trois personnes qui le toisaient, Jin resta dans un premier temps stoïque, ne se préoccupant tout simplement pas de leur présence. Puis l’homme du milieu prit la parole.

« Hey, toi. Tu te rappelles d’un type que t’as tabassé au point de lui péter le dos ? »

Jin posa alors l’haltère qu’il soulevait sur le support prévu à cet effet et se redressa, épongeant la sueur sur son front avec une serviette, avant de fixer l’homme qui venait de lui parler dans les yeux. Le type était vraiment massif. Jin était déjà grand, mais cet homme devait faire presque une bonne tête de plus que lui. C’était un vrai colosse, et avec la musculature qui allait avec. Le jeune loup soupira, fouillant dans sa mémoire. Il s’en souvenait très bien oui, c’était à ce type qu’il devait la cicatrice qu’il avait sur le flanc. Celle là même qu’Hanami lui avait soigné le jour où il l’avait recontrée.

« Ouais, je m’en souviens. Pourquoi ?
- C’est mon frère, espèce de salopard.
- Ton frère a tenté de violer une gamine. Quand je lui suis tombé dessus, il a pas voulu se rendre gentiment et m’a attaqué avec son couteau. Il m’a laissé un souvenir … » Jin releva son haut, dévoilant la large cicatrice. « … je lui en ai laissé un autre. Estime toi heureux, j’aurais peut-être pu le tuer. »

Puis il se leva, au mépris total de la réaction des trois hommes. Grossière erreur. À peine eut-il le temps de sentir une énorme main lui broyer l’épaule qu’il se retrouva tiré en arrière avec un poing en pleine figure. Jin tomba lourdement au sol un bon mètre plus loin, se tenant la mâchoire. Le type ne manquait pas de force. Il se releva en râlant, n’aimant pas l’idée de devoir encore se battre. Il devait tout faire pour éviter de rendre les coups jusqu’à l’arrivée des gardes … à condition que ces derniers viennent.

L’homme, furieux s’avança et le saisit d’une main par le col, le soulevant sans la moindre difficulté et l’amenant à hauteur de visage. Intérieurement, Jin soupira. Pourquoi il tombait toujours sur ce genre de types clichés ? C’en devenait lassant à force. Il se retrouvait donc là, face à une face de gorille enragée qui n’avait qu’une envie : lui ravaler la façade. Cela dit, hors de question qu’il se laisse faire. Aussi, il planta son regard dans celui de son adversaire.

« Fais toi une raison, abruti. Les raclures dans votre genre, je serai toujours là pour vous botter le cul. »

Avant que l’autre ne puisse répondre, Jin fit à nouveau appel à l’ancestrale technique du coup de genou bien placé. Simple et efficace pour étaler son adversaire et couper court à tout affrontement, Jin avait cru avoir vu juste quand il fut relâché. Seulement, il avait oublié les deux autres, qui ne tardèrent pas à lui tomber dessus. Heureusement pour lui, ils n’étaient pas aussi forts que leur ami. Jin put encaisser le premier coup porté au visage, non sans lâcher un gémissement de douleur, mais parvint toutefois à bloquer le deuxième coup. Tenant le poing au creux de sa main, il sentait l’agacement se changer en colère. Il faisait de son mieux pour se contrôler, mais il pressentait qu’l n’était pas loin de craquer.

« Sale petit fils de pute ! » lâcha le gorille, qui se relevait non sans mal. « Tu vas voir, j’vais te faire payer ça … Une fois dehors, j’retrouverai ta famille et j’l’enverrai entre quatre planches direction le cimetière !
- Tu vas … quoi ? »

C’était la goutte de trop. Menacer sa mère, sa seule et unique famille ? Non, là il ne pouvait pas garder son calme. Ses pupilles commencèrent à se dilater, ses canines à s’allonger, et la fourrure commença à pousser sur ses bras tandis que ses ongles se changèrent progressivement en griffes. Jin poussait un grognement sourd, guttural. C’était clairement le grognement d’un animal en colère, et non plus celui d’un humain. Il broya alors le poing qu’il tenait toujours entre ses griffes, avant de saisir l’autre homme qui l’avait frappé juste avant et de le projeter plus loin contre un mur. Il avança alors vers le gorille qu’il attrapa par la gorge. Il la plaqua alors au sol. Son regard était devenu fou, et quelques mèches blanches apparaissaient dans ses cheveux.

Il se pencha alors vers l’homme, le tenant fermement et lui adressa quelques mots.

« Je te préviens. Si un jour j’apprends que tu t’en es pris à ma mère … Je te retrouve, et je te tue. Lentement, et dans la douleur. Compris ? »

La voix de Jin était devenue plus rauque et bestiale. Il attendit que l’homme acquiesce de la tête avant de le lâcher, tandis que les gardes arrivaient. Jin prit une grande inspiration pour parvenir à se calmer, ce qu’il réussit à faire non sans mal, levant alors les mains face aux gardes pour leur montrer qu’il n’allait pas opposer la moindre résistance. Bien entendu, il risquait de devoir subir les conséquences de cet accès de colère, mais il espérait néanmoins avoir l’occasion de se justifier, et notamment qu’Okuda pourrait plaider en sa faveur afin que cela n’impacte pas la date initialement prévue de sa libération.


*********

Quinzième jour.


Okuda gardait une main posée sur l’épaule de Jin. Évidemment, le jeune homme n’était pas fier d’avoir ainsi succombé une nouvelle fois à ses émotions, mais d’un autre côté, il était parvenu à canaliser sa colère pour éviter une transformation complète, et il avait ainsi pu éviter un éventuel bain de sang, ce qui lui aurait certainement valu de faire un trait sur ses espoirs de libération, mais aussi sur son rêve de devenir un héros, qu’il touchait presque du doigt.

« Je suis très fière de vous, Jin.
- Vraiment ? Pourtant, j’ai fini par me laisser submerger.
- Certes, mais même quand la colère est devenue trop forte, vous avez réussi à la canaliser. Juste ce qu’il fallait pour ne pas perdre totalement le contrôle. Et puis … Personne ne peut contrôler ses émotions cent pour cent du temps. Parfois, elles sont trop fortes et prennent le dessus quoi qu’il arrive. Le tout est de réussir à garder un minimum le contrôle sur vos actes dans ces moments là. Laissez s’exprimer votre colère, tout en l’empêchant de vous dicter vos actes.
- Tout ça me semble … un peu paradoxal.
- Imaginez que votre colère est une bête enragée que vous tenez en laisse. Quand elle tire trop fort, laissez lui un peu de mou, mais juste assez pour qu’elle puisse se défouler et ainsi se calmer.
- Je vois … ça promet d’être épuisant.
- Vous y parviendrez. Ce sera un travail de longue haleine, mais vous y arriverez. »

Malgré les mots rassurant de la blonde, Jin ne parvenait pas à se pleinement apaisé. Il avait certes déjà fait d’énormes progrès sur la maîtrise de ses émotions, et donc de son alter, mais l’incident de la veille lui avait fait réalisé à quel point le chemin à parcourir restait immense. Cette pensée était plutôt décourageante, car malgré les efforts mentaux qu’il fournissait, il avait toujours cette sensation de stagnation. Okuda, voyant bien le doute dans le regard absent et perdu de son patient, lui prit alors la main.

« Jin, je sais que vous avez l’impression de ne pas progresser, mais c’est faux. En deux semaines, vous avez d’ores et déjà accompli un travail remarquable sur vous-même. Seulement, c’est une remise en perspective qui va demander beaucoup de temps et d’efforts de votre part. Mais je suis persuadée qu’une fois libéré, le plus dur sera derrière vous. Ici, vous êtes confronté à des personnes que vous avez déjà combattues par le passé, et que vous continuerez certainement à combattre à l’avenir. Il est normal que certains viennent vous chercher pour régler des comptes. Mais si vous parvenez à tenir ces deux prochaines semaines et à sortir, vous aurez alors franchi la première étape vers votre nouvelle vie. »

Jin restait silencieux. Okuda visait juste, comme à chaque fois. Après tout, c’était son job, en tant que psychologue, et le jeune homme n’était pas non plus ce qu’on pouvait considérer comme une personne mystérieuse. Au contraire, il était très facile de lire en lui comme dans un livre ouvert, lui qui toute sa vie avait été guidé par ses émotions malgré lui. Mais la femme blonde avait raison, il ne fallait pas baisser les bras. Il n’allait pas tout flanquer par terre alors qu’il était si proche du but, si proche de réaliser son rêve.

« D’ailleurs, puisqu’on en parle, vous avez déjà réfléchit à un nom de héros ? Une fois votre formation terminée, vous serez officiellement un héros, même si dépendant d’un autre. Il vous faudra donc un nom, un alias. Vous en aviez un avant ?
- Je n’avais jamais vraiment réfléchis, et je m’étais simplement nommé « The Wolf ». Mais … C’est vrai qu’il faudra que je trouve un nouveau surnom pour le jour où j’aurais fini ma formation.
- Ce n’est pas si urgent, Jin. Vous avez encore tout le temps d’y penser. Après tout, votre formation ne débutera pas immédiatement après votre libération, et elle durera un bon mois. Prenez donc le temps d’y réfléchir. »

Finalement, la séance prit fin peu de temps après. Okuda salua son patient, et ce dernier pu alors profiter du temps qu’il lui restait pour se rendre de nouveau à la salle de sport afin de procéder à sa séance de musculation quotidienne. Puis vint l’heure du repas, et finalement Jin se retrouva dans sa cellule. Il regarda alors par les barreaux, prenant conscience que deux semaines s’étaient déjà écoulées, et qu’il ne lui en restait alors plus que deux autres. Petit à petit, Jin se rapprochait de sa nouvelle vie. :copyright:️ 2981 12289 0
Jin Akira
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Veridis Quo - Partie 2 (RP SOLO) Jin1si10
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