Je ne sais pas pourquoi je viens ici. La zone industrielle pullule de vilains la nuit, c'est un bon endroit pour y trouver un des leurs. Mes chances de survie sont mineures, n'importe quel vilain serait assez fort pour me tuer, mais je suis là. Cinq ans à m'entraîner pour ce moment fatidique. Il faut que je commence à accumuler des informations si je veux pouvoir le retrouver. J'en fais encore des cauchemars, ce salaud, j'aurai sa peau. Je vengerai mon père, il le faut, absolument, je ne pourrai me reposer que lorsque je l'aurai trouvé et que je lui aurai fait payer pour son crime.

Il fait froid, la lune éclaire brièvement les ruelles, c'est le silence qui règne. Pourtant, mes sens sont à l’affût de tout bruit. Il m'en faut, je dois savoir, comprendre, saisir la raison de son acte. J'ai l'impression d'être guetté par milles yeux tout autour de moi. C'est un peu dérangeant, j'aimerais bien leur crier de sortir, mais ce ne serait pas judicieux, je suis seul après tout. Je n'étais jamais venu ici auparavant, c'est une zone dangereuse de nuit. Le bruit des usines est tout ce que j'entends au loin. Pas un chat, pas un cricket, rien, je peux même entendre ma propre respiration. Ennuyant, je veux un peu d'action. Je continue de faire ma ronde, quand, soudainement, j'entends un rire. Très peu rassurant à vrai dire. Des pas qui se traînent, un bruit mat, comme si quelque chose frottait contre un mur. Je me retourne en direction de l'écho, pour voir, eh bien, un homme.

- Epepep, qui vois-je donc ? Un gamin perdu ? Ce n'est pas la zone résidentielle ici, petit. Il pourrait t'arriver malheur. Allez, approche je vais te ramener chez toi.

Pas vraiment envie de m'approcher de lui, je doute fortement de ses réelles intentions. Il voit bien que je ne bouge pas, son visage change d'expression. Pas pour le meilleur en tout cas. Il n'a pas l'air très content. Finalement c'est lui qui vient à moi et je peux distinguer qu'il est armé. Ce n'est absolument pas un civil.

- Et moi qui t'offrais de te raccompagner. C'est que tu es un vilain garçon. Ta mère ne t'a donc rien appris ?

- Au contraire, elle m'a toujours dit de ne pas parler à des inconnus et de ne pas monter dans leur camionnette !

Il perd patience, ça se voit sur son visage. C'en est presque hilarant. Il se croit où le gorfou ? J'ai pas cinq ans, mec, c'est clair que tu me veux du mal. Il continue d'avancer dans ma direction, tandis que moi je recule. Il presse le pas, du coup, pourquoi ne pas engager les hostilités soi-même.

Takemori se met à sautiller sur place en bougeant ses bras. L'individu d'en face s'immobilise, intrigué. C'est à ce moment que Takemori saute, se servant de son alter pour se projeter sur son adversaire. Surpris, ce dernier fait un pas en arrière, mais ne peut esquiver le poing qui vient s'écraser sur son nez. Il finit par reculer de quelques pas en maugréant avant de charger avec son couteau pointé vers l'avant :

- TU VAS ME LE PAYER !

Takemori qui ne fait que se redresser, esquive le couteau, mais pas le poing qui s'enfonce dans son ventre, le faisant recracher de la bile. On peut entendre le ricanement sadique du vilain, tandis que Takemori essaie de garder son souffle, coupé, les yeux remplis de larmes et le regard mauvais. Le vilain relance son assaut, frappant et découpant la peau de Takemori qui hurle de douleur. Il finit par mettre un genou à terre. Alors que le vilain joue avec sa lame, prête à transpercer une nouvelle fois le jeune Takemori, ce dernier envoie une puissante impulsion dans ses jambes avant de sauter, mains au sol, sur l'ennemi :

- DASH KICK !

Le vilain surprit se fait frapper sous le menton pour décoller du sol et atterrir plus loin derrière. Recrachant plusieurs dents, on peut lire toute la haine du monde dans ses yeux. Takemori n'a plus de force pour se relever, il peine à tenir un genou à terre. Le vilain, quant à lui, démarre un sprint enragé vers Takemori qui pense son heure arrivé. Il fermait les yeux, ne voulant pas voir la suite et puis...

Tandis que Takemori fermait ses yeux, il crut entendre un cri de douleur venant de devant. En ouvrant les yeux, il vit le vilain, empalé par un sombre katana détenu par un second assaillant complètement vêtu de noir. Le vilain ne respirait plus. L'inconnu rengaina son sabre et entreprit de s'en aller.

- HEY ! C'était ma proie ! T'es qui pour intervenir dans mon combat !

L'étranger s'est arrêté, se tournant vers moi. Impossible de devenir son visage, caché derrière son masque. Il fit quelques pas en arrière pour revenir vers moi.

- Et toi, que fais-tu ici ? N'as-tu pas conscience de tes faiblesses, gamin.

Gamin ? Je ne suis pas un gamin. Je tentais de me relever, pour lui foncer dessus, mais j'étais trop faible et il pu m'esquiver facilement.

- Rentre chez toi petit et ne remet plus jamais les pieds ici.

- Je ne peux pas. Je n'ai plus de maison. Plus depuis qu'un vilain a tué mon père. C'est pour ça que je suis là !

L'inconnu restait impassible face à moi, m'écoutait-il au moins ? Je me redressais pour être au plus à sa hauteur.

- Et tu comptais le trouver parmi tous les vilains d'ici ?

Il avait raison, c'était une mission impossible pour moi. Le retrouver était devenu difficile. Seul son visage me permettait de me rappeler de lui. Mais il le fallait, je dois le retrouver et le punir.

- P-Pas spécialement. J'étais venu récolter des informations, c'est tout. Et vous, vous faites quoi ici ?

- C'est ma mission. Je suis un vengeur. Tuer les vilains, c'est mon travail.

Tuer les vilains ? Un vengeur. Peut-être que ça pourrait m'être utile. J'étais perdu dans mes réflexions que je le vis partir. Courant de mon mieux vers lui, je m'écriais :

- Attendez ! Prenez moi sous votre aile. Je veux rejoindre les vengeurs.

- Ce n'est pas une vie pour un enfant. Tu es faible, très faible.

- Alors apprenez-moi. Je veux les tuer moi aussi. Les vilains n'ont pas leur place dans ce monde ! Mon père était un héros que j'admirais beaucoup, mais nos valeurs ne sont pas identiques.

L'inconnu semblait réfléchir, ce qui me permit de le rejoindre. À première vue, il paraissait effrayant. Très grand et musculeux, ses nombreux sabres et couteau attachés de part et autre sur son corps et son masque de hockey noir ne laissant que transparaître ses yeux dorés.

- Essaie de me suivre et tâche de ne pas me perdre de vue. Comment t'appelles-tu ?

Mon nom ? Pas mon vrai, il m'en fallait un autre, un nom qui déchire. Je me suis souvenu d'une discussion entre mon père et mon grand-père et l'idée me vint automatiquement.

- Dante, sir !

- Bien, Dante. Partons.

Et c'est comme ça que je pu rejoindre les vengeurs. Je me devais de le suivre comme son ombre. Nous avons fait quelques escales pour tuer d'autres vilains avant de rejoindre le QG des vengeurs. C'était désormais ma nouvelle maison. Je ferai tout pour le retrouver, même si je dois sacrifier mon humanité.