[musique d'ambiance]:

À chacun de mes coups, le sac laissait échapper une plainte sourde. Comme un gémissement étouffé, à croire que j’avais enfermé quelqu’un dedans pour le passer à tabac. Et dans un sens, c’était le cas. Je n’y avais peut-être pas enfermé physiquement une personne, mais quand je posais mes yeux sur ce foutu sac de frappe, il se métamorphosait pour prendre tour à tour l’apparence de ce taré de Ruskov qui avait failli écraser ma petite Hanami sous un immeuble, puis l’apparence d’un prof que je pouvais pas encadrer. Mais au final, il reprenait toujours la même apparence : moi. Exténuée, avec des cernes sous les yeux, les cheveux complètement défaits, le dos courbées, la silhouette amincie, l’air complètement abattue.

« GRAH PRENDS DONC CA DANS TA GUEULE SALOPERIE ! »

En vérité je le savais bien : j’étais pas en colère contre qui que ce soit d’autre que moi-même. C’était moi qui avait fait plongé mes notes depuis quelques temps. C’était moi qui passait mes nuits à bricoler dans mon atelier sans relâche, au mépris de mon sommeil et de ma santé. D’ailleurs je m’en rendais de plus en plus compte. d’habitude, je pouvais faire des séances de deux bonnes heures sans le moindre soucis. C’était d’ailleurs un petit rituel chez moi : l’après-midi, je profitais souvent des équipements sportifs du lycée pour faire du sport avant de rentrer chez moi. C’était un moment de détente, où je pensais à rien d’autre qu’à moi, et j’entretenais mon physique si particulier que beaucoup trouvait repoussant là où d’autres le trouvaient juste surprenant. Personnellement je me foutais de savoir ce qu’on pensait de mon physique.

Je me sentais bien dans ce corps taillé pour le combat. Après tout, j’avais travaillé durement pour me le sculpter, et même si ma décision finale avait rendu caduc la motivation qui m’avait poussé à devenir aussi forte, je m’étais habituée à me sentir aussi robuste. Je les aimais bien, mes gros bras. J’en avais rien à foutre d’être « sexy », d’avoir une taille de guêpe, une poitrine qui ressort d’un corps aussi fin qu’une brindille et des hanches tellement larges qu’on pourrait les confondre avec une table. Très peu pour moi ce genre de connerie. Non, mon corps à moi, il devait refléter ma personnalité, celle que j’étais : une grande gaillarde costaude et débrouillarde. Celle qu’on ne vient pas emmerder, celle qui défend ses amis quand on s’en prend à eux. Celle sur qui on peut compter, celle qui vous présentera toujours son épaule pour pleurer, mais qui refusera toujours que vous lui rendiez la pareille.

Et pourtant, quand je me voyais à la place de ce sac de frappe, je me retrouvais face à la réalité : j’avais beaucoup perdu de mes capacités. Je tenais moins longtemps, je frappais moins fort, j’encaissai moins facilement. Tout ça c’était le résultat de mes nombres nuits blanches à travailler sur mes projets scolaires et personnels. Et comme une conne, j’en rajoutais toujours plus. Si mon alter n’avait pas été aussi pourri, sans doute que j’aurais été comme Hanami, à participer à ce foutu tournoi et à distribuer des baffes à droite et à gauche à tous ces blanc becs étrangers. Non pas que j’avais un problème avec les étrangers, mais le peu que j’avais croisés m’avaient tous donné l’impression de péter plus haut que leur cul. Et j’avais qu’une envie : leur faire ravaler leur foutue fierté mal placée à grand coup de poings dans la gueule. Mais j’étais pas en filière héroïque. J’avais certes de gros biceps, mais mon alter était complètement nul. Et la plupart d’entre eux avaient des pouvoirs taillés pour le combat, qu’il fut à distance ou au corps à corps. Sans parler du fait que me battre avec l’un d’entre eux me vaudrait une expulsion directe de U.A, ça foutrait un bordel monstre par rapport au tournoi. Et aussi dans les relations entre U.A et les autres lycées. J’étais déjà assez emmerdée comme ça pour en rajouter une couche.

Je continuai donc de massacrer ce pauvre sac de frappe. Depuis combien de temps j’étais là, déjà ? Deux heures ? Trois heures ? J’avais complètement perdu la notion du temps. Je balançai un dernier direct du droit dans ce putain de sac, frappant avec toute la force, la hargne et la rage que j’avais en moi, à tel point que l’attache qui le maintenait au crochet, déjà bien usée, finit par rompre, le laissant s’écraser lourdement au sol dans un bruit sourd qui résonna dans le silence de la salle de sport. Je le regardai alors, haletant.

« Et merde … Bon, pas grave, je ressouderai ce truc, ça sera pas bien compliqué à faire. » lâchai-je à voix haute, prenant alors mon téléphone pour regarder l’heure. « Heeeeeeeeeeh ? Il est déjà si tard ? »

Il était déjà 16h. Sans surprise, j’avais plusieurs appel en absence de ma mère et de mon père, ainsi que plusieurs messages, certains de mes parents, d’autres d’Hanami. Tout en essuyant mon front avec la serviette que j’avais sortie de mon sac, je lisais les messages. D’abord, répondre aux parents, les rassurer, leur dire que j’avais seulement prit un peu plus de temps pour faire du sport par rapport à d’habitude. Ensuite, répondre à mon petit cerisier. Lui donner des nouvelles de l’avancée de ses gadgets. Même si ça me rajoutait une masse de travail considérable, je n’arrivais pas à le voir autrement que comme quelque chose de positif. Et la raison était toute bête : ça me faisait plaisir. Si le bricolage n’avait pas toujours été ma première occupation, ni mon principal hobby, ça restait quelque chose que j’adorais faire, et surtout un domaine dans lequel j’excellais. Alors pouvoir le mettre au service des autres, c’était une aubaine.

Je rangeai finalement mes affaires avant de me diriger vers les vestiaires pour y prendre une douche et me changer. Pas question de sortir de là sans me laver. J’avais beau me foutre royalement de l’opinion des autres sur moi, j’avais un minimum de savoir vivre et d’amour propre. Suffisamment pour ne pas sortir en public alors que je puais la mort et que j’étais en nage. Dans la douche, je laissai l’eau couler sur ma peau, appréciant la chaleur réconfortante et relaxante de celle-ci. Y a pas à dire, après une bonne séance de sport, une douche bien chaude ça fait quand même sacrément du bien. Après une bonne quinzaine de minutes passée à me laver, insistant notamment sur ma tignasse blonde, je sortis pour me sécher et renfiler mon uniforme.

Je le regardais en grimaçant. Je détestais cette uniforme. Surtout cette foutu jupe, que je trouvais définitivement trop courte. Ce que j’aurais pas donné pour pouvoir enfiler un pantalon à la place, mais non. Fallait que le Japon soit ultra coincé sur le sujet : les garçons, ça porte un pantalon et les filles ça porte une mini-jupe. Soupirant d’agacement, j’enfilai donc cette immondice vestimentaire. Je rangeai ensuite mes affaires dans mon sac et me dirigeai vers la sortie. Dehors, il faisait grand soleil. Une légère brise soufflait, caressant doucement mon visage. Il faisait bon, et je pouvais sentir les rayons du soleil sur ma peau, m’enveloppant d’une douce chaleur des plus agréables. Le printemps était sans nul doute ma saison préférée.

« A… ATCHA ! »

[musique d'ambiance]:

Oui, c’était ma saison préférée si on oubliait ces foutus pollens. J’adorais les fleurs, mais malheureusement, c’était comme avec les garçons : un amour à sens unique. Moi je les aimais, mais eux ne m’aimaient pas. Au début, ça me préoccupait beaucoup, principalement parce que j’étais toujours la seule fille de la classe à n’avoir jamais eu de petit ami. Jamais on ne m’avait embrassée, jamais on ne m’avait invité à un rendez-vous, jamais on ne m’avait prit la main, jamais je n’avais … Oui enfin bref, j’avais jamais eu de relation amoureuse quoi. Mais à présent, ça me passait par dessus la tête. Quand je voyais à quel point je galérais à gérer ma vie en l’état, je me disais qu’ajouter une relation sentimentale à ce beau bordel aurait le même effet que jeter une allumette dans un réservoir de fioul. Au final, j’étais pas mal en célibataire. Et puis qui sait, un jour je rencontrerais sans doute quelqu’un. Un homme ou une femme, peut-être, qui saurait faire battre mon coeur ?

« Non mais Hitomi, qu’est-ce que t’imagines ma vieille ! Redescends sur terre ma vieille. » lâchai-je à moi, à voix haute.

Riant de mes pensées farfelues et idiotes, je jetai mon sac en arrière, le tenant d’une seule main calée contre mon épaule, et je pris alors le chemin de la sortie du lycée. Au même moment, mon téléphone sonna pour m’avertir que j’avais un nouveau message. C’était maman qui était soulagée de savoir que j’allais bien. Celle là, elle s’inquiétait toujours trop. Bien évidemment, c’était naturel pour une mère de s’inquiéter à propos de son enfant, mais dans mon cas, j’étais clairement pas le genre de personne à qui on avait naturellement envie de chercher des ennuis. Mon physique, en plus de me plaire, avait un avantage assez conséquent : étant inhabituellement grande et musclée pour une jeune ado de dix huit ans, la plupart des petits fouteurs de merde qui ne me connaissaient pensaient que j’avais un alter qui augmentait ma force physique, ce qui les dissuadaient souvent de venir m’emmerder. D’un côté c’était pratique, on fichait généralement la paix. De l’autre, c’était quand même sacrément insultant : sous prétexte que je suis une fille, je pourrais pas être un tas de muscles sans alter pour m’y aider ? Pathétique. Enfin après, ça c’était mon point de vue. J’étais pas dans leur tête non plus, et j’avais tendance à exagéré un peu les choses.

En marchant vers la sortie, je décidai de faire un petit détour par le parc du lycée. C’était un endroit que j’aimais beaucoup. Il était rarement rempli de monde. Et même quand il y avait beaucoup de personnes qui s’y rendaient, il restait très calme. Un endroit parfait pour se poser et flâner ou rêvasser. Ce parc avait quelque chose d’apaisant pour moi, alors y faire un petit détour en cette belle journée ensoleillée ne pouvait qu’être bénéfique.

En marchant entre les arbres et les nombreux par terre de fleurs, je laissai mon regard se promener de droit à gauche, observant les petits groupes d’étudiants allongés dans l’herbe ça et là, riant entre eux. Ouais, c’était une belle journée. Et alors que mes yeux aquilins balayaient la zones, observant tout dans les moindres détails, je remarquai au loin une jeune fille un peu isolée des autres. Elle était assise sur un banc, et regardait au loin, les yeux comme perdus dans le vide. Usant de ma vue perçante, je l’observai en détail. Ses cheveux étaient blonds comme les blés, et ses yeux aussi bleus que le plus pur des saphirs. Elle portait une robe qui lui donnait l’air d’une poupée, impression renforcée par sa peau qui était si pâle qu’on pourrait presque croire qu’elle était faite de porcelaine. À côté d’elle, sur le banc, se trouvait son sac, dont il était impossible de déterminer la couleur tant il était noyé sous les porte-clefs peluches. Il y en avait de toutes sortes et ils étaient si nombreux que j’avais du mal à tous les compter. J’abandonnai d’ailleurs rapidement l’idée. Je décidai néanmoins de m’approcher d’elle, n’aimant pas trop voir une personne ainsi mise à l’écart. En arrivant à son niveau, je lui fis un signe de la main.

« Salut ! Ça te dérange pas si je m’assoie un peu avec toi ? » dis-je, attendant poliment sa réponse. En observant ses traits, je devinais qu’elle n’était pas japonaise. J’en déduisis qu’elle était sans doute là pour le tournoi et qu’elle devait sans doute se sentir un peu seule et perdue dans ce pays aussi singulier qu’était le Japon.

« Il est cool ton sac, dis donc ! Ça en fait des peluches, t’en as combien dis moi ? Tu les collectionnes ou quoi ? » ajoutai-je alors souriant, transmettant malgré moi ma joie ma bonne humeur.

Musique d'ambiance:

La jeune Russe s'était émancipé de sa famille d'accueil pour une nouvelle journée découverte au seins de cette ville pleine de couleurs et de merveille à ses yeux bleutée du froid de Sibérie. Comment ne pas admirer la différence si présente entre ses deux pays, le Japon et la Russie, dans le moindre faits et gestes de ses habitants et leurs manières de mettre les choses en avant : des panneaux lumineux, brillant de mille couleurs de l'arc-en-ciel avec de subtile musique qui passait en boucle et émerveillait les oreilles de notre Tara.
Comment ne pas apprécier la chaleur simple, quelques strict, de ses Asiatiques ? Tara admirait surtout leur mode de vie, leurs manières de faire, et c'était aujourd'hui intéressant dans un parcours spécial : celui de la culture Japonaise propre. Pour mieux définir, elle avait suivit un groupe de touriste afin de visiter de vieux temple et de s'enrichir du vieux Japon, pour tenter de comprendre mieux ceux-ci : et certainement son amie Skye aussi au passage.

Ils avaient une culture qu'elle trouvait folle, digne d’intérêt et d'être protéger... Une culture calme et sage, qui n'était pas spécialement ce qui pouvait se trouver en Russie plutôt dans les louanges militaires qu'autre chose. Aussi leur croyance, tel que le lapin sur la lune qui fais des gâteaux de riz... C'était splendide ! Rien que d'imaginer que sur la lune, il y avait une adorable boule de poil qui faisait de la bonne nourriture, La jeune blonde en était toute émerveillé ! C'était tellement plus impressionnant et agréable que sa culture à elle, et la jeune fille se sentait tomber amoureuse de ce pays un peu plus chaque jour qu'elle y passait.

Les visites finis, elle ne s'arrêta pas là et couru à travers rue de commerce et quartiers spécialisée pour en découvrir le plus au détriment de son porte monnaie qui se voyait agrandir sa collection de porte-clé à chaque arrête. Mais comment résister ? Tout était si adorable, si doux, soyeux, avec des grands yeux comme dans les dessins-animés japonais qu'elle avait prit plaisir à regarder à la télé chez sa famille d'accueil qui lui apprenait le japonais.
Une délectation d'une culture si pleine de vie et de couleur qu'elle adorait, elle se sentait maintenant plus adoratrice que jamais, au point d'avoir des idées de venir vivre ici pour de bon. Mais quitte à venir vivre ici, cela signifierai devoir changer d'école... Serait-elle à même apte de le faire ? Je veux dire, les lycées Japonais sont peut-être plus strict sur la sélection des apprentis héros que le siens à Moscou ? Elle ne connaissait pas vraiment la différence dans leurs manières de jaugés un futur héros, bien qu'elle avait échangé quelque peu à ce sujet avec sa nouvelle amie Asiatique, Matanabe Skye.

Oh, et si elle rentrait à U.A ? que ce serait drôle ! Elle pourrait voir Skye tous les jours et s'échanger leur bentô comme le montre les dessins-animés tout mignon et drôle ! La blondinette se voyait bien vivre ici, en envoyant ses revenus gagnés à sa famille en Sibérie, mais plus elle passait de temps ici... Plus l'amour pour ce pays étrangers grandissait, avec une certaine admiration pour tous ceux qui y vivaient. Tous si différents, mais si droit et poli... C'était splendide ! Juste splendide.

Ainsi, après quelques achats encore en plus et d'avoir accroché le tout à son sac à dos, Tara se décida d'aller à U.A. Elle avait le droit, en tant qu'étudiante étrangère, de visiter au moins les lieux ou de s'y attarder... Et elle comptait bien le faire, pour observer avec attention chaque élève !
Ne fallait-il pas oublier qu'elle allait participer à un tournoi... Bien qu'elle doutait de sa capacité à gagner. Un tournoi dans lequel elle pourrait se démarquer elle et son pays, mais aussi peut-être se créer cette précieuse place au seins de ce pays bien étrange et chaleureux à ses yeux de Russe.

Une fois là bas, elle était assise sur un banc à fixer tout autour d'elle chaque élèves, admirant leurs amitiés de loin, et profiter des quelques rayons de soleils pour recharger sa batterie. Elle toucha un moment ses côtes, du à une douleur remontante, mais ne s'en préoccupa pas plus longtemps. La meilleur défense, c'est d'ignorer qu'on a été attaquer par un fou furieux. Et Tara vivait, bien, et sans trop de peur. Peut-être était-ce bien efficace d'être une tête de linotte qui n'aime que se balader et ne rien faire à part acheter des peluches.
Plus de peluche.
Mais elle se stoppa à regarder le vide un instant en repensant à tout ce qui s'était passé depuis son arrivée, et étant toujours aussi ravis d'être ici. Mais on vint interrompre son cheminement de réflexion, alors qu'on s'asseyait à côté d'elle sans qu'elle put entendre la demande en réalité.

« Il est cool ton sac, dis donc ! Ça en fait des peluches, t’en as combien dis moi ? Tu les collectionnes ou quoi ? »

Tara se contenta de la regarder en penchant légèrement la tête sur le côté, laissant ses long cheveux blond suivre le mouvement alors qu'elle s'interroger sur la géante hyper mastoc qui venait lui adresser la parole. La normalité aurait voulu qu'elle soit surprise, choquée ou qu'importe. Une réaction peu agréable. Mais au contraire, les yeux de Tara se mirent à briller de nostalgie en la regarder : elle ressemblait un peu à sa maman, et c'était une grande surprise pour la jeune Russe.
D'ailleurs, la jeune blonde attrapa les mains de la plus grande, émerveillée malgré sa mou qui ne souriait pas, tout était dans le regard. Sans paroles, on comprenait qu'elle s'était soudaine épris d'admiration pour cette autre jeune fille qui lui ressemblait et l'a ramené instinctivement chez elle. Puis Tara s'agita, venant alors présenter son sac, presque en le collant contre la face de son interlocutrice !

« Oui ! Peluche super ! Tara avoir beaucoup, pas compter, car doit compter celle en Russie chez Maman ! Et toi, ressemblait à Maman ! Pareil ! Tara te trouve magnifique ! » Sourit-elle en reposant le sac.

Puis elle choppa les joues de l'autre Blonde, les tripotant un instant avec l'émerveillement. Elle était quand même toute douce, et son regard était splendide : Elle aurait pu être sa grande sœur, ou petite, qu'elle aurait fait le même geste pour la redécouvrir. Vous voyez le genre ? Elle touchait le nez, les oreilles, la carrure... Avait de tapoter dans ses mains et de faire ensuite trois tours sur elle même et de lever son pouce en l'air comme pour signaler qu'elle était absolument ok avec ce look peu orthodoxe au Japon, mais qui lui rappelait à notre Tara un chez soi bien trop lointain.
Puis elle regarda l'uniforme de la géante, et tapota dans ses main en se repenchant vers elle, lui levant les bras, et l'examinant.

« U.A ! Tu es U.A ! Super ! Bravo ! Toi être spécial ! Toi faire quoi ? Heros ? Autre chose ? Moi vouloir savoir, toi me rendre curieuse ! » S'exclama la Blonde qui avait sûrement pris trop de soleil pour être si énergétique. « U.A lycée super, moi me demander si quitter Russie pour venir ici serait bonne idée. Comme ça voir amie ! Et super Lycée ! Mais ne doivent pas accepter étranger... Pas facilement, Tara suppose. »

Puis elle se rassit, pensive, en laissant ses jambes remués. Elle était minuscule du haut de son 1m49. Mais elle s'en fichait de sa taille d'enfant et de poupée de porcelaine... Ainsi elle était, une boule joyeuse d'énergie. Puis elle se mit à réfléchir à voix basse en Russe tout en comptant sur ses doigts, avant de bloquer sur le chiffre de ceux-ci... Au même moment où son ventre se mit a grogner sec contre elle.

[Musique d'ambiance]:

Et bien, le moins qu’on pouvait dire, c’est que cette petite poupée ne manquait pas d’énergie ! Dans un premier temps, sa réaction m’avait arraché un sourire amusé, presque attendrit, surtout quand je l’avais vue me prendre les mains et me fixer avec des yeux brillants de milles feux. Je ne savais pas exactement ce que j’avais éveillé en elle ; le souvenir d’une personne qui lui était proche peut-être. C’était ce qui m’était venu en tête quand elle m’avait répondu dans un japonais plutôt approximatif et ponctué d’un accent extrêmement prononcé. Du russe, sans nul doute. Tout en l’écoutant, je la regardai agiter son sac couvert de porte clés sous mes yeux, comme on exhiberait un trophée, juste avant qu’elle ne m’attrape les joues de ses petites mains pâles et qu’elle ne commence à les tripoter et les malaxer dans tous les sens.

Voilà qui était pour le moins … surprenant. D’ordinaire, c’était plutôt moi qui avait ce genre de comportement, en particulier avec Hanami. C’était bizarre, pour une fois, de se retrouver dans une inversion des rôles. Et si dans un premier temps, mon corps entier s’était crispé face à ce geste si inattendu et soudain, je m’étais vite rendu compte qu’aucune mauvaise intention ne se cachait derrière : c’était juste une gamine loin de chez elle qui devait penser à quelqu’un qu’elle aimait et qui lui manquait en me voyant. En même temps, il fallait dire que je n’avais pas la dégaine de la japonaise de base avec mes yeux bleu comme des saphirs et mes cheveux blonds comme les blés. Même si, de nos jours, « la japonaise de base » était un terme très vague et qui n’avait plus tellement de sens quand on voyait la multitude d’alters qui … et bien qui altéraient le physique des gens.

Une fois qu’elle avait finit d’analyser mon visage avec ses petites mimines, elle tourna sur elle même en tapotant dans ses mains avant de me regarder avec un air souriant et de me montrer son pouce levé, ce qui m’arracha un rictus autant amusé que quelque peu décontenancé. Mais je n’eus même pas le temps de dire quoique ce soit qu’elle posa les yeux sur mon uniforme et me harcela alors de questions sur le lycée. Une vraie pipelette, celle là, dites donc. Alors que se rasseyait sur le banc et semblait alors perdue dans ses pensées, comptant quelque chose sur ses doigts, je prenais place côté d’elle.

« Et ben dis donc … le moins qu’on puisse dire, c’est que tu ne manques pas d’énergie toi ! » lâchai-je en riant franchement. « Et oui, je suis élève dans ce lycée, mais je suis pas en filière héroïque. Mon alter est trop nul pour ça. Du coup je suis en assistance. Je fabrique des gadgets pour aider les élèves à mieux utiliser leur pouvoir et être plus efficace. Et toi, dis moi, tu es russe, je suppose ? Je parie que tu es là pour le tournoi international, hein ? J’ai une amie qui y participe aussi. D’ailleurs, faudra que je finisse ses gadgets pour le prochain tour … »

Alors que je parlai, j’entendis un grondement sourd provenir de la petite poupée russe. J’observai alors cette dernière d’un air à la fois amusé et attendrit. Difficile d’imaginer qu’elle était bel et bien là pour le tournoi, quand on la regardait. Elle avait vraiment l’air d’une poupée, et donnait plus l’impression d’avoir 10 ans que 16 ou 17 ans. Tandis qu’elle posait ses mains sur son ventre, je ris doucement avant de toucher son épaule du bout de mon index.

« Hey, t’as faim ? Si tu veux, je peux t’emmener dans un petit resto sympa pas trop loin du lycée, j’ai du temps devant moi. Comme ça, tu pourras me parler de chez toi, de tes peluches et me poser toutes les questions que tu veux ! Qu’est-ce que t’en dis alors ? On va manger ? »

Ce n’était pas dans mes habitudes de sympathiser aussi rapidement avec des personnes que je venais de rencontrer, mais cette petite dégageait une telle énergie, une telle joie de vivre … que ça en devenait contagieux. Et pis, le soleil brillait, il faisait beau, et j’avais enfin un peu de temps libre, alors pourquoi ne pas en profiter un peu, pour une fois ?

Cette gamine était une véritable pile électrique. À peine lui avait-je fait ma proposition d’aller manger ensemble qu’elle s’était subitement levée en me tirant par le bras pour que je l’accompagne. Je ne pouvais pas réagir autrement qu’en souriant et en riant doucement devant un comportement aussi jovial et adorable. Nous traversâmes alors l’enceinte de U.A, et je ne me lassais pas de voir la petite poupée russe sautiller de joie dans tous les sens, au mépris du regard des autres, comme s’ils n’existaient pas. C’était bien là un point que nous semblions toutes deux avoir en commun : le regard des autres ne nous importait pas du tout. Ils pouvaient penser ce qu’ils souhaitaient de moi, je m’en fichais totalement. Et au vu de son attitude très démonstrative, Tara semblait penser la même chose. À moins qu’il ne s’agisse là d’une différence culturelle ? Qui sait, peut-être que les gens en Russie étaient bien plus expressifs en public que ne l’étaient la plupart des Japonais.

Je l’observai alors faire l’équilibriste sur un passage piéton, comme une enfant qui jouait et s’imaginait parcourir un précipice vertigineux en équilibre sur un pont de singe délabré … Difficile de se dire qu’elle était là pour le tournoi international et qu’elle avait donc au moins seize ans. Tout chez elle renvoyait à une gamine d’à peine une dizaine d’années. Sa tenue, son visage, son attitude, son apparente maturité … Je fus néanmoins tirée de mes rêveries par cette dernière qui se tenait devant moi, se hissant sur la pointe des pieds pour coller son visage au plus proche du mien, ce qui ne manqua pas de me surprendre et de me faire un peu rougir de surprise. Elle me demandait mon nom. Mais quelle idiote, je ne m’étais même pas présentée !

« Oh, pardonne moi, j’en oublie les bonnes manières ! Je m’appelle Hitomi. Hiyomi Ishidaa. Et toi du coup, c’est Tara, c’est bien ça ? »

Je souriais. Comment réagir autrement, après tout ? Cette petite avait une joie si communicative. Elle ne tarda pas à me donner un surnom, Milly, ajoutant que dans sa langue maternelle, ce mot signifiait « mignonne ». Alors qu’elle me tenait la main en m’annonçant le surnom qu’elle m’avait trouvé, voilà que je rougissais à nouveau. Moi, mignonne ? C’était bien la première fois qu’on m’attribuait ce qualificatif. Enfin, en dehors de mes parents, mais ça ne comptait pas vraiment. Ils n’étaient clairement pas objectifs sur le sujet.

La petite poupée russe s’excusa alors d’être aussi bavarde, arguant que c’était naturel pour elle d’être aussi énergique et démonstrative, et que tout le monde était comme ça en Russie. C’était bien ce que je me disais : différence culturelle. Bon, je me doutais tout de même que tout le monde n’était pas nécessairement AUSSI énergique que la poupée que j’avais en face de moi, mais il était clair que les conventions sociales russes étaient drastiquement différentes de celles du Japon. Notamment en ce qui concernait les démonstrations affectives en public. Quand Tara évoqua ce point, je ne pus m’empêcher de glousser, amusée de constater que ce qu’elle décrivait collait en tout point à mon attitude envers Hanami. J’avais peut-être du sang russe, qui sait ?

« Oui c’est vrai que la plupart du temps, les Japonais sont très timides et réservés. Mais je suis pas du tout pareil. Déjà, regarde moi. Je suis bien plus grande que toutes les filles de mon âge, j’ai pas une carrure franchement attirante, et je suis naturellement blonde aux yeux bleus, là où la plupart des japonais ont des cheveux noirs. C’est bizarre non ? Si ça se trouve, j’ai un ancêtre qui est russe ? Ça voudrait dire qu’on aurait un point en commun, ce serait marrant non ? »

Je pris alors la main de la petite russe, pour la guider vers le petit salon de thé où j’allais souvent avec Hanami lorsqu’on avait un creux horaire en commun dans nos journées de cours. L’avantage, c’était que l’établissement n’était pas très loin du lycée. À peine quelques minutes de marches suffisaient pour s’y rendre, ce qui nous permettait d’y aller sans avoir trop à se soucier d’être en retard. Une fois arrivées sur place, je nous menai donc à l’intérieur, où la serveuse qui nous accueillit me reconnu immédiatement.

« Oh, bonjour Hitomi, quel plaisir de te revoir ! Ça faisait un moment, dis moi !
- Oui, en effet, Karina. On est pas mal débordés en ce moment avec le tournoi international, que veux-tu !
- J’imagine bien oui. J’ai vu Hanami participer au premier tour, elle a fini mal en point la pauvre, comment va-t’elle ?
- Elle s’en est très bien remise, et ne t’en fais pas, pour le tour suivant, elle aura des gadgets de ma fabrication pour l’aider à mieux se servir de son pouvoir. Elle va tout déchirer !
- Alors tout va bien, avec toi pour l’assister, elle ne risque rien ! Mais dis moi, qui est ton amie ?
- Karina, je te présente Tara. Elle est russe et elle est là pour le tournoi, elle aussi. On s’est rencontrée tout à l’heure, et comme j’avais un peu de temps libre, je lui ai proposé de venir ici manger un morceau.
- Oh, enchanté, Tara ! Et bien suivez moi, je vais vous conduire à une table ! »

Sans plus attendre, je laissai Tara se présenter et suivis ensuite Karina jusqu’à la table qu’elle nous avait désigné. Je pris alors place et observai Tara qui semblait avoir du mal à lire la carte que lui avait tendu Karina. J’expliquai donc à cette dernière que j’allais aider ma nouvelle amie à déchiffrer le menu et que lorsqu’elle aurait fait son choix, je lui ferais signe. Inutile de l’accaparer à notre table tant que Tara n’avait pas pu faire son choix. Et vu qu’elle ne semblait pas encore parfaitement maîtriser le japonais à l’écrit comme à l’oral, cela risquait de prendre un certain temps.

« T’en fais pas, je vais t’aider à déchiffrer la carte. Si tu as des questions sur la nature d’un plat ou d’une boisson, n’hésite pas à me demander ! »

Dans un premier temps, Tara avait gentiment refusé mon aide pour passer commande, préférant exercer par elle-même son japonais et sans doute évaluer sa progression. Néanmoins, je remarquai vite la moue triste, voire boudeuse de la poupée russe quand cette dernière reposa la carte sur la table, comme découragée. Sans perdre une seconde, je m’approchai donc d’elle et prit la carte, lui demandant ce qui lui avait posé le plus de soucis.

Son visage s’illumina alors instantanément, comme un soleil qui rayonnait de milles feux, et elle me lançait tantôt des regards admiratifs, si bien que je pouvais voir une lueur briller dans son regard symbolisant cette admiration et sa gratitude. Elle était vraiment singulière, mais diablement attachante, cette petite poupée. D’ailleurs, une fois le petit cours de langue improvisé terminé, elle ne se gêna pas pour m’enlacer passionnément, ce qui ne manqua pas de me faire quelque peu rougir. D’accord, elle n’était pas forcément coutumière de nos habitudes japonaises, et si je n’avais rien dit tout à l’heure, c’était principalement parce que nous étions seules. Or, dans ce cas là, il y avait pas mal de monde dans l’établissement, ce qui ne manqua donc pas de me faire monter le rouge aux joues d’embarras … et pourtant. Et pourtant je ne pouvais pas me résoudre à la repousser, tout aussi poliment que possible. Elle dégageait une telle joie de vivre, une telle innocence, une telle pureté … C’en était presque contagieux ! Alors je restai ainsi, répondant à son étreinte en l’entourant de mes bras, non sans ressentir une légère gêne due aux nombreux regards qui nous dévisageaient … Avant de me rappeler que ces regards, je m’en tamponnais l’oreille avec une babouche. Qu’ils aillent se faire voir.

Tara leva ensuite la main pour attirer l’attention de Karina et passer commande. Et il fallait l’admettre, si la lecture du japonais semblait lui faire défaut, ce n’était pas le cas de la maîtrise orale. Sans non plus être parfaites, ses phrases étaient plutôt bien construites et surtout parfaitement compréhensibles. Bien sûr, il y avait des erreurs par-ci et par-là, mais elle parvenait à se faire comprendre, et c’était l’essentiel. Son accent ajoutait d’ailleurs une petite touche qui n’était pas dénuée de charme, je devais l’avouer … Il rendait la compréhension de certaines syllabes un peu plus compliquée, mais dans l’ensemble, du japonais avec un accent russe, c’était comme un gâteau au miel. Le gâteau seul, on connaissait bien, on avait l’habitude. Mais avec un enrobage de miel, on y ajoutait de la douceur, du goût, une pointe de fantaisie … Mais bon sang, Hitomi ; qu’est-ce que tu racontes ? Ressaisis toi un peu !

Je reportai alors mon attention sur la petite poupée qui chantonnait de petits airs mélodieux et entraînant, se balançant adorablement de gauche à droite, comme une petite fille qui attendait impatiemment une coupe de glace. Puis il fouilla subitement dans son sac pour en sortir ses livres de japonais et d’autres écrits en russe, pour finalement poser devant moi une peluche d’ours. Je regardai alors cette dernière les yeux grands ouverts, quelque peu surprise. Cette peluche était … pour moi ? Elle me trouvait vraiment « belle » ? Une nouvelle fois, le rouge me monta aux joues. Je crois bien que personne avant elle ne m’avait jamais dit que j’étais belle … Je n’étais pas habituée à ce genre de compliments – car venant de mes parents, ça ne comptaient évidemment pas. Pendant qu’elle m’expliquait pourquoi elle aimait tant les peluches, je l’écoutai tout en prenant l’ours blanc dans mes mains, l’observant fixement. Moi ? Belle et forte comme cet ours polaire ? Mon coeur commençait lentement à tambouriner dans ma poitrine. Qu’est-ce qu’il m’arrivait ?

Je reportai finalement mon regard vers Tara.

« Je peux comprendre pourquoi tu aimes les peluches, c’est vrai qu’elles sont mignonnes ! En tout cas, je te remercie beaucoup pour ce cadeau, j’en prendrais grand soin, tu as ma parole ! » Je posai alors la peluche sur la table, un peu à l’écart pour éviter de la salir une fois que nos commandes arriveraient, puis posai mes coudes sur la table, joignant mes mains pour y déposer ma tête. « Dis moi, Tara, tu veux bien me parler de ton pays, la Russie ? Tu vois, j’ai jamais quitté le Japon. Pour dire vrai, je n’ai même jamais quitté cette ville … Mais je suis sûr que la Russie n’a rien à voir, alors dis moi tout ! Et aussi, qu’est-ce que tu penses du Japon depuis ton arrivée ? Tu as pu visiter un peu la ville ? »

Vraiment, de cette jeune fille émanait une joie de vivre et une innocence qui était extrêmement contagieuse.

J’écoutai la petite poupée blonde me raconter sa vie dans le grand froid avec attention. Quand je l’entendais me décrire l’endroit où elle avait grandit, de vastes plaines enneigées, d’un blanc immaculé, entourées de forêts verdoyantes l’été et grisâre l’hiver, j’avais du mal à y croire. Pour moi, une japonaise pure souche, que n’avait jamais mis les pieds en dehors de mon pays natal, voire en dehors de Musutafu, tout simplement, imaginer un tel lieu me laissait rêveuse. Je l’écoutai alors me raconter comment son père et ses frères découpaient des arbres entiers en petites bûchettes de bois pour se chauffer lors des rudes hivers ou la température atteignait des seuils qui me paraissaient totalement impensables, comment elle avait grandit dans cet endroit féerique. Cela dit, elle ne parla pas beaucoup plus en détail de sa famille, et je devinai alors qu’elle devait avoir un peu le mal du pays, et qu’ils devaient lui manquer. Pas facile pour une gamine de 17 ans de se retrouver seule dans un pays complètement inconnu et sans aucun point de repère pour vous ancrer.

Elle continua alors à déblatérer un flot de parole ininterrompu, comme de l’eau qui s’écoulait d’un robinet qu’on aurait laissé ouvert. En souriant, je l’écoutais jusqu’à ce qu’elle me pose à son tour une question. Comment c’était, la vie au Japon ? Et bien, en voilà une question à laquelle j’avais du mal à répondre. Du moins, il était difficile pour moi de donner une réponse instantanée, puisque je ne m’étais jamais vraiment posé la question. Mais alors que j’ouvrais la bouche pour esquisser un début de réponse, Tara renchérit en me racontant ses aventures depuis son arrivée au Japon : sa rencontre avec une jeune fille en classe héroïque, avec elle semblait s’être lié d’amitié, leur promesse de devenir les meilleures chacune dans leur pays natal, le fait qu’elle avait peu visiter la ville, qu’elle avait tendance à dépenser tout son argent dans des souvenirs, surtout des peluches … Et sa participation au tournoi.

« T’as passé la première épreuve ? C’est génial ! J’ai une amie qui y participe aussi. Elle a réussi aussi la première épreuve, même si elle a été pas mal amochée. Elle est tombé contre un duo de Russes d’ailleurs, maintenant que j’y pense. Deux grosses brutes : l’un se transformait en ours et l’autre pouvait frapper super fort. D’ailleurs, celui-là lui a carrément cassé le bras … Excuse moi d’avance si tu les connais, mais je lui en collerais bien une si je l’avais en face de moi, à cet enfoiré … »

Je pris alors une grande inspiration. Mon ton était un peu monté, malgré moi, mais quand je repensais à la façon dont Hanami avait morflé pendant le tournoi, je bouillonnais. D’accord, ce tournoi, c’était pas non plus de la rigolade et il était là surtout pour tester le niveau de tous les participants, mais clairement, ces types là, ils avaient dépassé les bornes. Hanami et son coéquipier auraient très bien pu y passer. Heureusement pour eux d’ailleurs, sinon je crois qu’il y aurait eu un incident diplomatique … Je respirai alors profondément et reposai mon regard sur Tara.

« Excuse moi, je me suis un peu emportée, mais c’est juste que j’ai eu tellement peur pour mon amie lors de son épreuve … Parfois, je trouve qu’ils vont quand même trop loin, tu trouves pas ? Je sais bien que le tournoi sert surtout à tester vos capacités en situation de danger, mais le but, c’est quand même que vous surviviez, non ? Enfin … » Je m’interrompis, la serveuse nous apportant alors notre commande. Je la remerciais et prit alors une gorgée de ma tasse de thé. « Mais ne t’en fais pas pour le tournoi, je suis sûre que tu peux y arriver. Si tu as réussi la première épreuve, c’était sûrement pas sur un coup de chance. Et même si tu ne vas pas plus loin, tant que tu donnes ton maximum et que tu apprends de tes erreurs, c’est le plus important ! »

Je souriais à la petite poupée russe, prenant une autre gorgée de thé et entamant ma tarte au citron – mon petit péché mignon. Je regardais Tara goûter à sa commande, incapable de perdre cette bonne humeur qu’elle semblait m’avoir transmise, comme un virus qui se propageait autour de son hôte. Mais des virus comme ça, j’en reprendrais bien un peu plus souvent. Finalement, je posai ma tasse pour enfin répondre à la question qu’elle m’avait posé.

« Sinon, pour te répondre, la vie au Japon c’est … C’est difficile à dire, j’y ai jamais vraiment réfléchis, mais je dirais que c’est vraiment pas mal. En tout cas, j’ai pas spécialement à me plaindre. Je suis dans le lycée le plus prestigieux du pays, d’ici la fin de l’année, je pourrai postuler dans des agences de héros et trouver un travail … Et j’ai des parents géniaux qui m’ont toujours soutenue. Surtout mon père. Même s’il n’a pas d’alter, c’est mon plus grand héros. C’est lui qui m’a poussée à devenir ce que je suis aujourd’hui. » dis-je en me montrant dans toute ma stature. « D’ailleurs, tu sais qu’à la base, je voulais aussi entrer en filière héroïque ? Je sais, oui, c’est d’ailleurs pour ça que je suis aussi grande et costaude. J’ai voulu compenser le manque d’agressivité de mon alter avec mes muscles. Mais j’ai vite compris que ce serait trop dangereux, pour moi comme pour les autres, alors finalement, je me suis orienter en filière assistance. Du coup je bricole, j’invente des gadgets pour aider les héros. Comme ça, d’une certaine manière, j’aide indirectement les gens tu vois ? »

Dégustant sa commande en remuant ses jambes comme une enfant joyeuse dépourvu d'ennui, elle fixait son interlocutrice avec attention tout en attendant des réponses, bien que la Russe aurait pu continuer à parler dans son Japonais approximatif encore un moment !
Mais Hitomi avait pris la parole, réagissant aux tournois. Elle semblait quelques peu en colère, contre deux Russes qui avait mis à mal une de ses amies. Notre blondinette se mit à réfléchir, il fallait dire que même liée à l'équipe Russe... Elle n'était proche d'aucun d'eux. Ils étaient alliés d'un temps court, et ne se reverrait probablement jamais vu la taille de son pays. Naturellement, avec le mode militaire dans lequel ils se mettaient tous pour les combats, ils ne faisaient pas ami-ami. C'était peut-être un défaut, dans la stratégie, mais ainsi étaient-ils entraîné.

Toutefois, elle comprenait la colère d'Hitomi. Pour exemple, si Caleb se faisait malmener même par des alliés Russes... Tara voudrait aussi les frapper avec ses minuscules poings. Voir quelqu'un qu'on apprécie souffrir, c'est plaisant pour personne... Combien même on comprend la logique des entraînements ou tournois.
Il était vrai que les bobos n'étaient pas rare, mais c'était un prix à payer pour s'évaluer, se positionner, puis évoluer encore.

“Tara pas connaître les autres Russes. Nous faire équipe car devoir. Pas de liens. Pas avec Tara, du moins. Puis, comprendre ton avis. Mais être important, pour évolution ! Echec permet de grandir, voir plus loin, comprendre chose et réveillé profond instinct ! Avec ça, pouvoir devenir meilleur, atteindre rêve ! Triste de finir dans sale état, oui. Mais garder positif : ne voir qu'évolution derrière ! Sinon héros jamais exister. Si héros ne rien faire à cause blessure, alors héros arrêter ? Non. Héros continuer, se battre, devenir meilleur, défendre ! Nous devoir apprendre a résister douleur aussi, apprendre a gérer blessure... Car devenir plus tard notre quotidien. Tara admet triste réalité... Mais Tara pas abandonner même blessée !”

Plus la jeune adolescente s'exprimait, plus tout s'illuminait ! Son visage, ses yeux, même ses cheveux qui suivait l'entrain de la Blondinette. Tara avait conscience du danger, et de la dur réalité... Mais elle voulait en garder la meilleur parti pour avancer. Rester positif. Dans son sourire finale, on devinait sa détermination, et sa compréhension d'un monde plus dur qu'on le croirait à la télévision. Malgré sa nature enfantine, notre Russe savait dans quoi elle partait, ce qu'il en coûtait, et pourquoi.

Au final, Hitomi parla d'elle, du Japon. Ce ne fut pas facile pour elle, mais ces mots remplirent d'admiration la jeune Russe qui sautillait sur son siège en apprenant un peu plus de “Milly”. Du coup elle n'était pas en héroïque ? Vu sa carrure, il était vrai que Tara l'aurait cru.
Puis elle frappa dans ses mains d'émerveillement. Une bricoleuse ! Une futur mécanicienne de héros ! C'est tout aussi cool ! Elle lui attrapa les mains, serrant avec émerveillement.

“Toi devoir montrer Tara tout ! Tara curieuse ! Comment faire ? Vouloir voir accessoire ! Bon accessoire sauver héros ! Donc mécanoninano... Mécanineno... Mécanicienne aussi utile qu'héros !! Aaaah, Tara jamais parlé avec eux... Rendre Tara triste, car Tara vouloir voir, comprendre, essayer ! Ahah ! Tara contente !!”

Son sourire rester toujours aussi joyeux, comme ci rien ne pouvait chambouler cette bouille pleine d'espoir, de bonté et de paix.... Sauf le grognement du ventre qui l'a fit lâcher prise pour se concentrer sur son gâteau. Faim.

Alors que jusque là, j’avais davantage l’impression d’avoir affaire à une adolescente de 17 ans avec une maturité très, voire trop enfantine selon certains, entendre le long discours de tara quant aux conditions du tournoi qui se déroulait en ce moment même m’avait clairement surprise. Il fallait dire : elle ne payait pas de mine, quand on la voyait, et donnait vraiment l’impression d’être une enfant, comme si en prenant de l’âge, son corps et sa mentalité n’avaient pas suivi le même rythme de croissance. Et pourtant, elle avait fait preuve d’énormément de discernement et de maturité dans son discours, que j’avais écouté attentivement tout en sirotant mon thé, sans en perdre une seule miette.

Ce qui me surprit également, ce fut sa réaction quand elle appris que je n’étais pas en filière héroïque mais bel et bien en assistance. Elle semblait si enthousiaste à l’idée que je puisse lui faire visiter mon atelier, qu’elle m’attrapa les mains en sautillant sur sa chaise, et tandis qu’elle reprenait son flot de paroles ininterrompues, ses cheveux commençaient à s’illuminer.

« Hola hola, du calme, petite poupée russe ! » dis-je un peu surprise par la luminescence de ses cheveux. « Je te ferai visiter mon atelier avec grand plaisir, si tu le souhaites. Mais il faudra qu’on trouve le temps. Tu sais, entre les cours, les devoirs et toi et ton tournoi, on risque de ne pas avoir tout le temps libre qu’on voudra. Mais à la première occasion, je serai ravie de t’y emmener. »

Je la regardai avec un grand sourire, incapable d’afficher une autre émotion sur mon visage. Puis un grognement sourd vint interrompre la conversation, et Tara se jeta alors sur son assiette, mangea avec appétit son gâteau. Face à ce spectacle à la fois drôle, mais surtout adorable, je ne peux retenir un rire amusé tandis que je reprenais moi-même une bouchée de ma tarte. Tout en savourant le goût du citron, je réfléchissais à ce que j’allais bien pouvoir faire du reste de ma journée. Je n’avais pas prévu de voir Hanami aujourd’hui, elle devait sans doute être occupée à s’entraîner, et j’avais tellement travaillé sur mes différents projets que je n’allais pas dire non à une petite après-midi détente. Aussi je me penchai vers la jeune russe et lui demandai :

« Hey, ça te dit qu’on aille se faire une petite balade en centre-ville après ? Je te montrerai les meilleurs endroits pour acheter les plus belles des peluches ! »

Musique d'ambiance:

Ses grands yeux bleu reflétait la satifaction d'avoir rempli son estomac, ainsi que son léger sourire. Ses cheveux s'étaient apaisé et était retomber normalement tout le long du corps de la jeune Russe, alors qu'elle sembla rougir aux surnoms de poupée russe.
Puis frappant ses mains sur la table, elle se dressa droit devant le nez d'Hitomi en la fixant à nouveau, avant de se décider d'une main à lui frotter les cheveux en chantonnant joyeusement. C'était une gentille fille, qui lui proposait d'aller visiter la ville.

Et surtout, des boutiques de peluches. De quoi rendre complètement dingue notre Tara !

“Tara vouloir ! Milly trop gentille et adorable !”

La Russe se laissa retomber pour quitter la table en dansant un peu sur place, agitant ses bras et exprimant le fait qu'elle était joyeuse, surtout de pouvoir admirer de nouvelles sortes de peluches, ne cessant de flatter le Japon pour sa variété et sa capacité à faire des choses super adorable et douce. Elle déblatérait comme une enfant, excitée, sur son sujet favoris.
Tournoyant sur elle-même les bras écartaient, elle manqua de se taper contre une serveuse. S'excusant, la serveur fut incapable de lui en vouloir avec l'aura de bienveillance que la Blonde relâchait juste par le bonheur qu'elle ressentait et n'hésitait pas à partager.

Puis, une fois tout réglée, et sortit du magasin, elle empoigna le bras d'Hitomi, se forçant à aller sur sa pointe de pied pour la remercier, enlaçant le bras avant de la relâcher.
Elle avançait devant, les bras tendus et chantonnant, mettant avec soin un pied devant l'autre, profitant de tout son être de cette journée magnifique et de sa nouvelle rencontre.

Tout ici était tellement différent de la Russie, de ce qu'elle avait vécut. C'était lumineux, joyeux, elle se sentait bien plus chez elle et bienvenue ! De la couleur, de la vie, de l'énergie ! Décidèrement, Tara se sentait peu à peu tombait amoureuse de ce Japon, à s'en demander ce qu'elle devrait faire comme choix à la fin du tournoi.

Notre Blondinette s'arrêta un instant, fixant le ciel avec une intensité grande alors qu'une de ses mains semblait carresser l'air au dessus, dans son sourire.

“Tara vraiment aimé être ici. Tout être différent, personne ici. Ambiance. Manière de faire. Vivre. Magasin. Culture... Tout émerveille Tara !”

Puis baissant sa main, elle l'a fixa un instant dans le silence et sans mouvement, avec un regard bien plus sérieux. Celon sa décision, elle ne pourrait plus être la numéro 1 Russe... Mais choisir sa vie, choisir ce qu'il lui plait... C'est ce que répéterai ces parents s'il l'a voyait.
Après tout, la plupart de son chemin avait été fait en suivant les pas d'un de ses frères, sans jamais se poser de vrai questions. C'était la première fois qu'elle voyait, désirait quelque chose vraiment, autant que ses peluches. C'était la première fois qu'elle croyait dans un avenir où elle pourrait éclairer le monde tout en gagnant sa vie.

Ce sentiment, était si grand, bien que combattu par sa loyauté envers son pays, et sa famille.

“Peut-être que Tara, un jour, viendra ici pour devenir héro.” Finit-elle par dire. “Car ici, Tara être elle.”

Ses cheveux flottaient aux vents, brillant à leurs extrémités, sous quelques pétales de cerisiers, alors que son visage faisait ressortir sa détermination plus que jamais.

[Musique d'ambiance]:

J’avais visé juste. Ma proposition d’aller faire une virée shopping avec Tara semblait l’avoir réjouit au plus haut point. Je finissais donc mon thé et ma tarte avant de régler la note et de suivre la petit poupée dehors. Peu de temps après avoir quitté le restaurant, cette dernière se mit sur la point des pieds pour agripper mon bras et le serrer comme une enfant serrerait le bras de sa mère, ce qui ne manqua pas, une fois de plus, de me faire sourire. Je la regardai alors avancer presque en sautillant, incarnant alors une insouciance quasiment inespérée. En l’observant ainsi, une part de moi voulait la protéger, garder ce diamant d’innocence à l’abri sous une carapace infranchissable. J’avais envie de prendre soin de cette petite, de ne jamais laisser quoique ce soit venir égratigner la surface si pure de ce joyau rare.

Pendant que je pensais à tout ça, la petite, elle, s’était arrêtée pour observer le grand ciel bleu, levant sa main vers le soleil avant de la rabaisser, et déclama son amour pour le Japon. Comme quoi ici, elle pouvait être elle-même. Elle avait alors l’air déterminée, comme si plus aucun obstacle que la vie pourrait mettre en travers de sa route ne pouvait l’effrayer. Elle semblait prête à affronter une tempête s’il le fallait. Ce genre de regard, de prise de conscience, je le connaissais. Je l’avais déjà vu, dans le miroir, durant toute mon enfance, et encore aujourd’hui. Tous les jours, quand je me levais, j’affichais ce même regard déterminé. Ce regard qui criait au monde « Personne ne pourra m’arrêter. » Je me retrouvais un peu dans cette gamine, comme si elle était l’incarnation même de mon insouciance, de mon innocence. Une part de moi-même que j’avais, même si je n’en donnais pas l’impression, perdu en chemin.

Je m’approchai alors de la petite poupée russe, posant ma main sur son épaule et la regardant avec un sourire emplit de tendresse et de bienveillance.

« Quand tu seras devenue une héroïne, tu pourras faire ce que tu veux, Tara. C’est ta vie, elle n’appartient qu’à toi. Alors écoute moi bien : ne laisse personne choisir pour toi. »

Puis je passai ma main dans sa touffe de fils d’or et l’ébouriffait affectueusement. Oui, tant qu’elle serait ici, au Japon, à U.A, j’allais la protéger. Après tout, c’était ce que je faisais avec tout le monde, Hanami la première. J’étais cette grande sœur qui était toujours là pour vous quand ça n’allait pas. Cette épaule sur laquelle vous pouviez vous reposer n’importe quand. Celle qui avait toujours le mot pour rire, la proposition parfaite pour vous changer les idées quand vous aviez laissé votre moral dans les chaussettes. Alors Tara n’allait pas faire exception.

« Et puis, si un jour tu décides de venir jouer aux héros au Japon, passe me voir. Je pourrais peut-être devenir ta mécano, qui sait ? »

Je pris alors sa main et la tirait doucement avec moi.

« Allez, on va les acheter, ces peluches ? »

Regardant le visage de la petite blonde s’illuminer d’un grand sourire en même temps que ses cheveux recommençaient à briller, je souris à mon tour.

C’était une belle journée ensoleillée, ce jour là.

Musique d'ambiance:

La jeune Tara ne pouvait qu'acquiescer au dire de sa nouvelle amie. Bien entendu, elle entendait faire ce que bon lui souhaitait le diplôme en poche, dans le respect des lois et de la vie ! Mais avant tout, était de savoir où situer son avenir, choisir où grandir !
Juste la pensée de grandir à Yuei la faisait rougir, elle pourrait profiter pleinement de ses ami(e)s ! Puis la manière d'enseigner Japonnaise à l'air tellement plus amusante que ses entraînements à la Russe ! Disons qu'une vie militaire, ce n'était pas trop ce qu'elle espérait en tant qu'Héroïne !

Mais pouvait-elle alors devenir la meilleur si cela devait la mettre en concurrence avec ses proches ? Ah, meilleur ou pas, elle voulait juste être utile et raviver des coeurs ! Ce n'était pas vraiment des rêves de grandeur que notre Russe dévorait, mais plus de sauver le plus de monde possible ! C'était ce qu'il y a de plus admirable chez un héros.

Puis elle fut tirer près d'Hitomi, avec un grand sourire de sa part.

Sautillant, notre Blonde suivait la mécano de près, chantonnant des petits airs alors que son sac faisait rebondir chaque portes clés dans un cliquetis cliquetas assez effroyable qui ne semblait pas déranger Tara du moins du monde.
Parlant de tout ce qui lui passait par la tête, Tara exprimer toujours sa joie et admiration pour le monde qui l'entourait.

De même, dans les rues, elle n'hésitait pas à venir calmer un gamin pleureur avec toute la douceur du monde malgré un visage un peu intimidé par la différence de langage. Parler aux oiseaux aussi, faire des arrêts sur les animaux pour les câliner sous les rires des passants attendris.
Effectivement, on ne pouvait l'imaginer se battre à sang et avec sérieux... Mais une héroïne à la numéro 13 spécialisé dans le sauvetage, cela lui irait très bien !

Arriver au magasin, Tara n'avait pas attendu avant de se jeter vers chacune des peluches, ayant cette fois repris le Russe en marmonnant chaque qualité de ce qu'elle voyait, puis switchant en Japonais qu'elle ne pouvait plus rien acheter.
Drama. Elle s'effondra au milieu du magasin, toute pleurnicharde face à son impuissance économique devant ses adorables et multitudes peluches. Serrant le poing, haut et fort, elle se promettait de réussir à devenir un super-héros pour tout s'acheter un jour, sans retenu ! Grimaçant, avant de rire de sa propre bêtise, alors que tous le monde regarder l'énergumène pleine de vie.

C'était probablement très rare de tomber sur une personnalité aussi radieuse et simple que Tara, qui ne pouvait même pas se mettre semble t-il en colère.

Mais il ne fallait pas la sous-estimer, sous ses grands airs doux et adorable, se cachait une force ! Enfin, il le faudrait... Sinon pour le tournoi ce serait compliqué non ?