Skye ne se sentait pas rassurée, pas plus que pouvait lui laissé entendre les murmures tranchant du vent dans les charnières en métal qui bordait la rue sinistre. Certes, elle était une habituée des endroits peu fréquentables et avait à son actif un petit nombre peu glorieux de squats dans lesquels elle avait séjourné, mais elle ne faisait pour autant pas la fine bouche à la sécurité. Pressant le pas, franchissant les quelques amas de sandwichs moisis qui jonchaient la rue, elle finie par atteindre bien rapidement l'autre extrémité de ce coupe-gorge. Petite épreuve pour une petite femme. Après tout, elle avait beau suivre un cursus de formation héroïque, elle n'en restait pas moins une adolescente de quinze ans, en proie à la panique et aux doutes. En soi, ça ne faisait que quelques années qu'elle ne croyait plus au Croquemitaine.

Tout a sa légère gloire d'avoir réussi à traverser sans encombre, elle fini par oublier qu'elle n'était pas seule dans les bas-quartiers. Un coup dans son épaule, alors qu'elle sortait tout juste de la ruelle, la ramena à la dure réalité. C'était un homme qui devait approcher la trentaine, comme on faisait beaucoup dans les environs. Des cheveux d'un noir aussi profond que ceux de la jeune fille, et surtout un regard intense, qui semblait cacher une multitude de bassesses que Skye n'avait pas spécialement envie de découvrir. Rien qu'au premier coup d'œil, la jeune fille était en mesure de dire que ce mec n'appartenait pas à ceux qu'on pouvait ranger dans la case « sympa ».

« Hey, gamine, fais gaffe où tu vas, c’est un coup à s’attirer des ennuis ça. »

À la fois sur le ton de la menace et de l'avertissement. Skye ne sut pas trop comment prendre ce conseil, ni même si elle devait réagir à cette provocation difficilement masquée. Si jamais elle se mêlait à un conflit en pleine rue, ça pouvait drôlement nuire à sa future réputation. Inutile de dire que commencer sa carrière avec une bavure en plein public, c'était la porte assurée vers le chômage et la reconversion professionnelle d'urgence. Puis, dans les faits, la jeune Skye venait tout juste d'obtenir l'autorisation d'utiliser son alter sans avoir besoin de l'approbation d'un héros diplômé. La licence provisoire qu'elle avait toujours en poche l'en attestait, mais ça ne lui donnait pour autant pas la légitimité de pouvoir intervenir à la moindre bousculade. De plus, s'en prendre à un mec dans la rue, juste parce qu'il a l'air louche, c'était contraire à la forme de justice qu'elle souhaitait défendre.

Après tout, l'objectif même qu'elle souhaitait atteindre, c'était de bâtir une société où chacun est jugé en fonction de la gravité de ses crimes, et non de son origine ou son appartenance à une quelconque organisation. Le petit voleur de quartier, qui nourrit sa famille comme il le peut, n'a pas à finir sa vie au fond des cellules de Tartarus. Abolir ce système bien trop restrictif et encourageant à l'égarement était ce qu'il y avait de mieux à faire, même si ça plaçait d'office Skye dans la catégorie des anarchiques, alors qu'elle se refusait pleinement à être associé à cette mouvance qui avait fini par corrompre ses parents.

« Excusez-moi monsieur, loin de moi l'idée de vous opportuner. »

Elle préféra donc tempérer la situation, ne sachant pas à qui elle avait affaire. Dans ces quartiers, on pouvait tout aussi bien tomber sur un criminel meurtrier sans trop pouvoir l'anticiper. Cependant, ça n'empêcha pas la jeune fille d'ajouter une pointe d'ironie et de condescendance à sa voix, histoire de montrer à cet inconnu qu'elle n'était pas le genre de jeune fille à se laisser marcher sur les pieds par le premier venu. Car si elle gardait toujours en tête qu'elle appartenait aujourd'hui à une instance plus grande qu'elle – à savoir le système héroïque – ses bas instincts de fille ayant été élevé par des malfrats et fréquentés pas mal de vilains durant sa jeunesse faisaient facilement surface. Hors de question donc que quelqu'un puisse penser d'elle qu'elle était sans défense et que le moindre badaud pouvait aisément s'en prendre à elle.

« Dis moi … C’est à toi ça, non ? »

Skye était en train de se dire qu'elle n'avait peut-être pas pris la meilleure des décisions en provoquant ouvertement cet homme à l'allure suspecte. Sous l'emprise de son pouvoir qui l'empêchait de bouger d'une quelconque manière, elle n'avait rien pour se défendre, ne pouvant que l'observer revenir vers elle en lui montrant bien haut son téléphone portable. Il ne démordait pas de son sourire dément, et la jeune fille commençait à ressentir une certaine angoisse à le voir s'approcher de plus en plus, jusqu'au point où leurs visages pouvaient presque se toucher. De là, Skye pouvait presque voir chaque aspérité de sa peau, mais elle avait autre chose en tête que de penser à regarder les pores dilatés de ce mec.

« C’est très malpoli de lancer des objets sur les gens comme ça, tu sais … ? »

Au ralenti, son corps alourdi, la jeune Matanabe vit le coup-de-poing arriver mais ne pus réagir. Elle eue beau forcer son corps à esquiver, il refusait totalement de bouger, ou tout du moins pas assez rapidement pour éviter l'impact. Le poing de son agresseur la percuta en pleine pommette, lui heurtant la mâchoire au passage. En soi, il n'avait pas frappé assez fort pour que la jeune héroïne en formation soit mise hors-jeu, mais en tombant, son corps heurta le sol avec une telle force inhabituelle qu'elle fut sonnée un moment. Elle sentit sa bouche se remplir d'un goût de fer, signe qu'elle était en train de saigner. Le garçon avait sûrement dû lui casser une dent ou deux, si ce n'était plus grave. Avachie sur le dos à même le bitume, la tête dans les étoiles et le corps endolori, elle n'avait d'autre choix que d'observer le fou se baisser lentement vers elle pour déposer sur son épaule le portable qu'elle lui avait jeté quelques instants plus tôt.

« Je vais donc devoir t’enseigner les bonnes manières, gamine ! Tu vas voir, on va bien s’amuser tous les deux ! »

Skye voulait réagir, consciente qu'elle était dans une très mauvaise posture, mais elle ne pouvait littéralement rien faire. Autour d'elle, les quelques passants détournés le regard, ne voulant sûrement pas s'immiscer dans un conflit de rue comme en voyait souvent dans ces bas-fonds. De toute manière, Skye ne leur en voulait pas : la société actuelle faisait que tout le monde se reposait sur le système héroique, et personne n'avait vocation à agir par lui-même pour défendre l'autre, sous réserve d'un permis d'agir. Pour autant, dans une telle position de faiblesse, Skye n'eu d'autre solution que d'observer le dément sourire, tandis que la pression sur sa propre épaule était en train de s'alourdir. Étrangement, alors qu'il ne pesait que quelques grammes, le téléphone de Skye était en train de lui provoquer une vive douleur à la clavicule. Le fou aux cheveux de jai avait-il sûrement utilisé son pouvoir bizarre sur le téléphone, comme il l'avait fait sur son corps pour l'empêcher de bouger. En augmentant le poids – ou la gravité, Skye n'arrivait plus à être sûre ni à penser correctement – sur le petit objet électronique, il espérait que celui-ci s'alourdisse assez pour qu'il en vienne à lui démettre le bras.

« On va commencer en douceur, tu vas dire "je suis désolée, monsieur.", d’accord ? Et je veux que ce soit sincère. Allez, je t’écoute. »

À part se morfondre et crier, Skye n'avait pas vraiment d'alternative ni de moyen de subsistance. Comprenant maintenant l'erreur qu'elle avait fait en provoquant un homme sans connaître sa réelle puissance ni ses réelles intentions, elle se mordait les doigts d'avoir agi comme une héroïne alors qu'elle n'en était pas encore une. Positionnée ainsi contre le sol, à se mordre les lèvres pour ne pas donner à son ennemi la satisfaction de l'entendre crier ou s'excuser, elle maudit son alter qui ne lui servait pas à grand chose actuellement. Le dos contre le béton, elle ne pouvait pas l'utiliser, puisque celui-ci fonctionnait sur le principe même de rotation autour de son corps, ou d'orbite plus précisément. Si les objets dont elle se servait ne pouvait effectuer un tour complet autour d'elle, son pouvoir ne se mettait pas en action et elle était totalement démunie. De plus, en prenant par surprise d'assaut les capacités physiques de la jeune fille – alors que c'était son principal atout en combat – l'homme l'avait incapacité en assez peu de temps pour qu'elle ose trouver une solution.

Les yeux larmoyant sous la douleur que lui provoquait le téléphone, et se remettant tout juste du coup-de-poing et de la chute qui avait suivi, elle n'arrivait pas à rassembler correctement ses idées pour espérer se défaire de l'emprise. Pour autant, et sans vraiment en prendre conscience au départ, la pression de son propre corps semblait s'alléger au fur et à mesure que le téléphone portable gagnait en masse. Elle pouvait maintenant bouger ses membres un peu plus facilement, mais ça ne lui servait pas à grand chose vu que le portable l'empêchait de bouger désormais, étant devenu si lourd que son épaule n'allait pas tarder à céder. Alors, un peu désespoir de cause, elle se dit que ce qu'il lui restait, c'était la parole. Elle pouvait être drôlement utile dans certaines situations, même si son tempérament versatile ne lui permettait pas de toujours l'utiliser à bon escient.

« Tu... t'es vraiment...une sacrée enflure pour t'en prendre ainsi à une jeune fille sans défense. »

En parlant, Skye se forçait à sourire, espérant que la provocation suffise à énerver le jeune homme et lui permette par la même occasion de trouver une faille dans ses défenses. De toute manière, c'était là l'unique moyen qu'elle avait pour le déstabiliser. Cependant, et afin de ne pas se laisser surprendre plus qu'elle ne l'était actuellement, elle avisa le pied de son adversaire, qui se trouvait à hauteur de son visage. Se forçant à bouger l'unique bras encore valide qu'elle avait à ce moment-là, elle vint utiliser son coude afin d'écraser proprement les orteils du fou sur le sol. En espérant que l'emprise sur son pouvoir cesse, elle allait profiter de cet instant de faiblesse pour se relever, à condition que l'homme n'ai pas d'autres parades sous la main pour lui faire passer d'autres mauvais moments.

« Lui ficher la paix ? Il est bien mignon, c'est lui qui a commencé à m'agresser. », pensa Skye en essayant de faire fit de la vive douleur qui était en train de lui déchirer l'épaule. Elle entendait tout juste les paroles haineuses de son opposant, tandis qu'elle se concentrait pour ne pas tomber dans l'inconscience. Là, allongée sur le sol, à la merci d'un homme aux capacités supérieures aux siennes, elle prenait conscience de son impuissance. Elle avait agi trop vite, trop impulsivement. Comme à son habitude, sauf que généralement, ça lui permettait de surprendre son adversaire. Là, c'était elle qui s'était laissé surprendre, et elle n'avait alors aucun moyen de se défendre ni de sauver sa vie. L'homme avait pris le dessus sur elle en si peu de temps qu'elle n'arrivait déjà plus à retrouver correctement son souffle, en proie à la peur. Rares étaient ceux qui lui avait ressentir, mais cet inconnu avait réussi en seulement quelques minutes d'échange.

Le poing de son adversaire vint la cueillir en plein visage, alors qu'elle ne s'y attendait pas. Misérable sur le sol, elle n'eut d'autre choix que d'encaisser, sentant le liquide rouge imbiber une nouvelle fois sa bouche, tombant également en cascade de ses narines tuméfiées. Il n'avait pas frappé très fort – du moins pas assez pour Skye, qui possédait tout de même une certaine résistance au corps-à-corps – mais la douleur sur son épaule ne cessait de s'aggraver. Des craquements sourds étaient en train de lui arriver aux oreilles, signe que sa clavicule était doucement en train de céder. Une douleur pire que la torture. En combat singulier, son épaule aurait été démise d'un seul coup, provoquant une blessure rapide et nette. Là, soumise au pouvoir du dément, Skye pouvait ressentir chaque os de son épaule s'étioler un par un, et elle n'avait comme unique solution que de subir. Pour autant, elle ne donnait toujours pas à son agresseur le plaisir d'un cri, fermant les yeux et se concentrant sur des choses heureuses afin de ne pas hurler à la mort, ce qui aurait certainement ravi l'homme qui lui faisait face.

L'homme se releva, posant par la même occasion son pied sur la cage thoracique de la jeune fille. Il n'appuya pas très fort, mais cela suffit pour Skye ai du mal à retrouver son souffle. Suffoquant, elle ne pouvait qu'observer le fou et son regard empli de démence, alors même qu'il semblait jubiler de la voir ainsi en position de faiblesse. Tout son corps lui faisait mal et il lui semblait qu'on était en train de tricoter avec des aiguilles chauffées à blanc dans son estomac. Une sensation bizarre, qu'elle mettait sur le coup de son esprit qui était probablement en train de lâcher prise.

« Allez, t’as pas totalement tort. C’est pas marrant de s’en prendre à toi. T’es même pas foutue de riposter. T’as de la chance que je sois de bonne humeur. Je te laisse en vie pour cette fois. Par contre, si tu essaie encore de m’attaquer où que je te revois, je ne serai pas aussi clément, c’est compris gamine ? »

Et, apparemment peu au fait quant aux questions d'honneur ou de galanterie, l'homme donna un violent coup de pied dans le flanc de la jeune, la faisant par la-même se replier en deux, les mains sur le ventre. Ainsi en position fœtale, elle eue tout le loisir de remarquer que la pression sur son épaule ainsi que celle qui entravait son corps avait disparue, même si ça ne lui servait pas à grand chose puisque la douleur qui l'éprenait était si vive qu'elle était maintenant incapable de bouger par elle-même. Entre les deux chocs au niveau de la tête, celui au niveau de ses côtes et le fait de la pression sur son corps, la jeune fille avait rarement subi telle humiliation. Il lui en coûtait de le reconnaître, mais cet homme avait réussi à la vaincre, sans trop de mal et sans subir lui-même la moindre égratignure. Certes, il l'avait pris en traître, mais Skye aurait dû se méfier. Après tout, prendre les gens en traître, c'était l'adage des vilains, qui ne se basaient ni sur l'honneur, ni sur le respect quand il s'agissait de s'en prendre aux héros. Au grand mot, les grands remèdes, Skye avait choisi d'intervenir la plupart du temps de la même manière, usant des méthodes apprises auprès de ses parents pour surprendre les vilains qui voulaient s'en prendre à elle.

Mais, incapable d'agir, elle n'avait plus rien. Elle ne pouvait que regarder l'homme contempler son œuvre, bien trop content d'avoir le dessus sur une nouvelle victime. Combien en avait-il à son actif ? À combien de personnes ferait-il subir la même torture ? S'il était capable de s'en prendre ainsi à une gamine, Skye ne pouvait s'imaginer ce qu'il pouvait faire d'autre à des adultes où à ceux qu'il avait en horreur. C'est pour cela qu'elle avait agi : pour l'empêcher de commettre d'autres méfaits, puisqu'il semblait particulièrement louche et avide de douleur. Pour autant, elle aurait dû se douter qu'une héroïne en formation ne serait jamais assez puissante pour se défaire d'un vilain toute seule. Elle aurait dû appeler des renforts. Elle aurait dû contacter un quelconque héros des alentours. Elle aurait même pu appeler Lizaring, ce héros des bas-quartier auprès duquel elle avait effectué son stage. Mais elle n'avait rien fait. Elle avait laissé l'impulsivité la guider, comme elle le faisait trop souvent, et elle s'en mordait les doigts alors qu'elle était avachie sur le sol.

Mais cet instinct héroïque, celui qui pousse les gens à se dépasser et à donner le meilleur pour les autres, prenait souvent le dessus sur la raison. Au sol, et alors que tout instinct de survie lui criait de rester sur place et de faire la morte le temps que l'homme s'en aille, Skye ne pus s'empêcher de prendre appui sur le seul bras encore valide à son actif. Un genou sur le bitume, la tête au bord de l'explosion et le visage en sang, la jeune fille devait avoir piètre allure. Elle, toujours si droite et parfaite, n'avait plus la superbe de ses grandes heures. Ses cheveux se battaient entre eux, s'emmêlant en quelques bouloches malvenues. Son corps, désormais capable de bouger malgré la douleur, elle tentait de se remettre sur pied avant de comprendre qu'elle n'y arriverait. Alors, dans cette position inconfortable entre la position assisse et accroupie, elle regarda l'homme droit dans les yeux, toute sa détermination dans cet unique échange oculaire.

« Je... Je... Je ne cesserai pas de te traquer. Je serai celle qui te foutra derrière les barreaux de Tartarus. T'as entendu ça, crétin ? »

Elle ne savait pas bien si cette ultime provocation allait faire revenir l'homme vers elle – signe de sa mort assurée par la même occasion - - ou s'il allait tout simplement l'ignorer. De toute façon, c'était plus une promesse pour elle-même que pour ce dément. Alors, un peu en désespoir de cause et ne sachant pax bien ce qui allait lui arriver par la suite, Skye ferma la yeux, attendant le dernier coup qui pourrait mettre un terme à sa courte carrière d'héroïne en herbe.

« Et quand tu seras suffisamment forte pour me battre, alors je t’affronterai avec grand plaisir. »

Skye, à genoux devant son grand bourreau, ne pouvait qu'observer son dithyrambique discours lui intimant de devenir assez puissante pour espérer un jour le stopper. Un véritable éloge à sa propre gloire, qui n'était pas sans rappeler à la jeune fille les propagandes mises en place par les vilains pour convaincre les foules de se rallier à leur cause. Ce mec était décidément un véritable danger pour la société, ou tout du moins était en train d'en devenir un. Un jour, il allait finir par se faire connaître, c'était sûr, mais sûrement pas de la bonne façon. Ce défi qu'il venait de lui lancer n'était que les prémices d'une traque qui allait possiblement durer des années. Gargantua – car c'était le nom qu'il s'était choisi – était en passe d'être une figure importante de ce monde. Avec un nom pareil, attribué à un géant à la faim inassouvie et innarêtable, allait parfaitement de pair avec l'attitude qu'il se donnait. Un véritable mec affamé de sang, de souffrance et de défi.

L'homme aux cheveux noirs affichait encore ce sourire charieur, légèrement empli de folie. Elle n'avait même plus la force de lui répondre, ni même celle de s'offusquer pour ses provocations. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était ployer misérablement sous le poids de son propre corps, qui lui faisait atrocement mal. Elle venait de subir une défaite d'une telle ampleur qu'elle se demandait si elle pourrait un jour s'en remettre. Physiquement, peut-être, mais mentalement, ça risquait d'être compliqué. Son ego venait d'en prendre un sacré coup. Résignée à devoir laisser l'homme partir, elle usa de ses dernières forces pour une dernière phrase. Sa mâchoire avait du mal à continuer à bouger, mais elle articula distinctement les mots pour que ceux-ci résonnent longtemps dans l'esprit de son ennemi

« Je... Je te traquerai Gargantua. N'oublie pas le nom d'Orbital, car c'est celui de l'héroïne qui mettra un frein définitif à tes ambitions ! »

Puis, tout juste consciente, Skye tomba mollement sur le sol, ne pouvant que laisser sa proie s'enfuir dans le lointain. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes que des passants vinrent à sa rescousse. Ils l'aidèrent à se relever, à se remettre sur pied. Son corps était endolori, son épaule sûrement fracturée. Elle avait mal à la mâchoire, et son visage devait présenter quelques ecchymoses peu réjouissantes. Une vieille dame lui proposa de la ramener jusqu'à l'académie UA à l'aide de sa voiture, ce que la jeune fille accepta sans trop rechigner. Vu son état, il lui était pratiquement impossible de marcher correctement, encore moins de faire le trajet jusqu'à son lycée. Une fois devant les grilles, elle remercie gracieusement sa bienfaîtrice avant de lui tourner le dos, pour se rendre au plus vite à l'infirmerie de Recovery-Girl.

Une fois sur un des lits de camp, après avoir reçu les soins adéquats, elle signala à ses professeurs l'incident qui venait de se dérouler, donnant les informations les plus précises possibles sur ce fameux Gargantua. Certes, cet homme devait avoir l'habitude de se cacher, mais elle espérait qu'il soit retrouvé avant qu'il ne fasse trop de mal, même s'il y avait peu d'espoir. De toute façon, une fois sur pied, elle se chargerait elle-même de commencer la traque. Et ce malgré sa faiblesse actuelle. Il y avait peu de chance qu'elle s'en sorte en combat singulier contre ce mec un jour, mais cela lui donna l'ambition de se renforcer. Pour combattre des vilains de sa trempe, elle n'avait d'autre choix que de faire mûrir son corps, son pouvoir et ses techniques. Hors de question qu'elle subisse une nouvelle défaite aussi humiliante que celle qu'on venait de lui infliger.

Allongée sur son lit, elle repensait aux provocations de Gargantua. Il lui avait demandé de devenir plus forte. C'était presque un ordre, et même si ça lui coûtait d'obéir aux commandements d'un vilain, elle se fit la promesse de respecter la volonté de l'homme. Il ne le savait sûrement pas, mais en la laissant en vie, il avait commencé à forger la lame qui servirait sa chute. Peut-être pas de suite, peut-être pas dans les prochains mois, mais un jour. C'est une promesse qu'elle se fit à elle-même, un nouvel objectif à mettre dans la liste déjà longue de ceux qu'elle s'était fixée.