Encore une nouvelle mission pour Grim. Mais celle-là était particulière, vu qu’il ne s’agissait pas d’un assassinat. Non, cette fois-ci, Ghost devait entrer dans le bureau d’un homme pour y cacher un mouchard. Le problème était qu’il n’existait qu’une seule entrée, la porte. La pièce ne disposant pas de fenêtre. Autre souci, le seul moyen de déverrouiller la porte serait en tapant un mot de passe. Élément donc essentiel pour la réussite de la mission. Mais étant, malheureusement, inconnu du client. Frédérick devait donc trouver un moyen d’entrer dans la demeure, trouver le mot de passe et entrer dans le bureau sans se faire voir.
D’abord il avait eu du mal à se décider de l’approche à utiliser. Allait-il prendre son costume de vilain et utiliser le toit et les fenêtres pour s’infiltrer ? Où allait-il se mêler aux invités ? Bien sûr, il préférait éviter que son visage soit vu…Mais heureusement, l’hôte des lieux organisait une soirée costumée. Soirée sur le thème du carnaval de Venise. Cela l’arrangeait. Ainsi, il pouvait toujours masquer son identité.
Ainsi donc était le plan, il devait se mêler à la foule, trouver un moyen d’obtenir le mot de passe et s’infiltrer dans le bureau. La deuxième partie était de loin la plus difficile.
Frédérick avait réussi à trouver un costume. Une belle tenue noir et blanc, des gants blancs, un chapeau noir et un masque argenté, joliment décoré.
C’était une tenue assez simple qui pouvait rappeler les médecins à l’époque. Mais il n’avait trouvé que ça.

Le soir même, Ghost arriva devant le portail du manoir. Des gardes réceptionnaient les invités en échange d’une invitation. Derrière se trouvait un immense jardin, rempli d’individus déguisés pour l’occasion.
L’ex-flic s’approcha d’un garde qui lui demanda son invitation. Heureusement, son client avait pensé à lui en remettre une. Frédérick lui présenta donc l’invitation. Le garde le laissa entrer et Ghost se dirigea instinctivement vers le buffet. Première étape terminée.
L’assassin s’empara d’un verre de champagne et observa les invités. Ils parlaient de tout et de rien. Frédérick n’aimait pas ce genre de fête, il ne se sentait pas dans son élément.
Cependant parmi toutes les silhouettes, une attira son attention. Une femme. Ghost était persuadé de l’avoir déjà vu quelque part…Un tatouage égyptien lui permit d’identifier la femme immédiatement. C’était elle…La femme avec qui il avait été forcé de faire équipe ! Il avait fait des recherches sur elle…Il était temps de les utiliser…

Frédérick se dirigea vers la jeune femme d’un pas assez lent, comme à son habitude. Une fois à sa hauteur, sans même prendre la peine d’afficher un sourire, il attira son attention avec une voix basse.

Bonsoir Madame N…À moins que vous ne préfériez que je vous appelle Anket Nepheret ?

Grâce à plusieurs contacts il avait découvert que cette femme se faisait appeler « Madame N ».
Il avait interrogé pas mal de monde pour remonter la piste. Il tourna en rond un moment cependant. Ghost avait donc décidé de demander à d’anciens collègues de la police. Le profil de la jeune femme appartenait à une certaine Anket Nepheret qui a dû témoigner pour la mort de son père. Le peu qu’il avait vu du caractère de la femme, lui donnait l’impression que toute l’histoire n’avait pas encore été découverte…Il n’y avait aucun élément qui pouvait impliquer la jeune femme. Pourtant…l’ex-flic avait un gros doute là-dessus. Il était convaincu que la jeune femme était impliquée d’une façon ou d’une autre…À quel point ça par contre il n’avait aucune idée.
Une chose était sûr, la belle Égyptienne semblait troublée. Frédérick attendit donc qu'elle reprenne ses esprits, puis but une gorgée de son verre.

J’espère que vous passez une agréable soirée.

Avoir des contacts grâce à mon bar nocturne de qualité, le Denderah, avait ses avantages. Un client, satisfait de mes loyaux services dans mes locaux personnels, habitué de mes lieux, m'avait contactée en personne, enfin, était venu me voir pour m'offrir l'invitation VIP de sa petite fête, et en plus, c'était déguisé. J'adorais ces mises en scène de devoir se camoufler, se cacher, être proche de tout le monde sans être reconnu.

J'eus un petit rire le soir de ma préparation. Je m'habillais alors d'une robe bleu nuit, avec des bandoulières et fils dorés qui trahissaient mes envies égyptiennes. J'avais moins de bijoux sur moi mais suffisamment pour ceux qui me connaissaient bien. Je mis une longue queue-de-cheval parfaite, un masque vénitien qui cachait la moitié de mon visage, laissant visible mon tatouage égyptien. J'avais pris pour cela un éventail en dentelle dans des couleurs semblables à mes habits. Je me déplaçais dans un cliquetis sonore, causé par mes bijoux mais essentiellement mes talons.

J'arrivai et montrai fièrement mon invitation, l'homme m'eut regardée et je souris. J'étais désirable mais mon corps n'était pas donné au premier venu. Bref, je n'étais pas là pour cela, j'étais là pour me vider la tête et profiter. Je me servis d'un champagne exquis, humai son parfum pour déguster d'une mince gorgée appréciable.

Je pris un des petits fours offerts et faits maison -et il valait mieux-.

« Quel délice... »

Mon masque tenait seul, je m'éventais d'une main en tenant mon verre de l'autre.

Je tournai le regard vers quelqu'un qui m'interpellait. Je gardai un petit sourire avant de le perdre soudainement. Je clignai des yeux.

Qui avait osé donner des informations ? The Artist avait disparu, il n'y avait que lui et moi. Il était impossible qu'on sût qui j'étais. Je secouai légèrement la tête.

« Vous êtes adorable, mon petit assassin. Mais je vais vous dire quelque chose... »

Je repris un sourire sincère en me mettant face à lui, des lames sortirent par les petites bandes de bois qui tenait le tissu. Les lames étaient contre sa gorge.

« … osez m'appeler encore une fois ainsi, et ce sera votre dernière parole. Soyez-en sûr. »

Je reculai en rangeant d'un geste maîtrisé les lames.

« Je passais une bonne soirée avant de vous rencontrer. Pour quelle personne êtes-vous ici, ce soir ? »

Dis-je, lasse, en buvant une nouvelle gorgée.

« Vous êtes adorable, mon petit assassin. Mais je vais vous dire quelque chose... »


Ainsi donc, elle l’avait reconnu…Cela ne le surprenait même pas ! Ghost avait compris dès leur première rencontre que cette femme était beaucoup plus dangereuse qu’elle ne voulait le prétendre…Comme à son habitude, la jeune femme lui présenta un sourire angélique. Mais celui-ci semblait plus menaçant. Anket avait simplement approché son éventail près du visage de l’ex-flic et soudainement, Frédérick sentit des lames caresser sa gorge. L’éventail de la jeune femme était en fait une arme. Elle lui correspondait plutôt bien d’ailleurs ! Mais Ghost ne réagit absolument pas.

« … osez m'appeler encore une fois ainsi, et ce sera votre dernière parole. Soyez-en sûr. »

La jeune femme recula et rangea son arme comme s’il s’agissait d’un vrai éventail. Ghost avait apparemment touché une corde sensible. Il était bon de savoir que même elle pouvait se sentir un minimum vulnérable…

« Je passais une bonne soirée avant de vous rencontrer. Pour quelle personne êtes-vous ici, ce soir ? »
« Aaah ainsi donc vous savez ce que j’ai ressenti lorsque vous m’aviez gêné la dernière fois… Oh et je préfère vous prévenir d’une chose également… »

En disant cela, Grim s’était rapproché de la jeune femme, présentant toujours un visage stoïque et avait posé sa main sur son dos. Au niveau de la manche, une petite lame était cachée, titillant le dos de la jeune femme. L’homme approcha légèrement son visage de l’oreille de la belle Égyptienne.

« Évitez de pointer une arme sur moi ou de me menacer…C’était mon premier et dernier avertissement. La prochaine fois je répliquerais aussitôt. »

Après ces paroles, Ghost s’éloigna de la jeune femme et avala ce qu’il lui restait de champagne.

« Sinon je ne viens pour personne cette fois-ci, disons plutôt qu’on m’a demandé de déposer quelque chose dans le bureau de notre hôte…Mais j’aurais besoin d’un mot de passe…Vous avez envie de retravailler avec moi ? Je suis certain que vous avez un certain talent pour obtenir ce que vous voulez…

Eh bien, il était aussi armé que moi. Et cela me faisait rire intérieurement.

« Nous nous serions entre-tués. Quelle ironie. »

La seule chose qu'il ne savait pas, et cela, j'en étais sûre : Mon Alter. Mon Alter aurait évité que la lame ne s'enfonçât trop profondément, je l'aurais tué, moi juste blessée. Mais les autres auraient été témoins donc j'étais perdante dans tous les cas.

Quoi qu'il en fût, je ricanai légèrement. Je l'écoutai en buvant une nouvelle gorgée.

« Un mot de passe ? Votre formulation est touchante et provocante, après que vous ayez osé m'interpeller ainsi. Mais votre formulation, est ouverte car vous n'avez pas demandé de revenir sous vos ordres, car cette pauvre femme est décédée parce-que je le voulais aussi. »

Je soupirai légèrement.

« Malgré une rapide mort impressionnante, donner une mort gracieuse n'est pas de votre essor, vous m'avez déçue sur ce point. »

Je me rappelais des meurtres de The Artist, lui au moins, avait une mise en scène incontestable et inégalable.

Je plissai le regard.

« Convainquez-moi, cher assassin. »

Bien évidemment, notre discussion était discrète aux autres, et si quelqu'un se rapprochait par inadvertance, je me taisais ou murmurais, ou j'imitais une autre discussion.

La jeune femme ricanait. Elle ne le prenait pas au sérieux. Elle était persuadé pouvoir le vaincre…Anket avait sans doute raison. Face à une personne maîtrisant son alter, à la perfection, Ghost n’avait aucune chance. Il serait obligé de battre en retraite. Le plus dangereux est qu’il ne connaissait pas l’alter d’Anket…Mais elle non plus n’avait aucune idée du sien. Grim se demandait même si elle ne le prenait pas pour un sans-alter.

« Un mot de passe ? Votre formulation est touchante et provocante, après que vous ayez osé m'interpeller ainsi. Mais votre formulation, est ouverte car vous n'avez pas demandé de revenir sous vos ordres, car cette pauvre femme est décédée parce-que je le voulais aussi.
Malgré une rapide mort impressionnante, donner une mort gracieuse n'est pas de votre essor, vous m'avez déçue sur ce point…Convainquez-moi, cher assassin. »

Ce fut au tour de Grim de soupirer. Elle le prenait pour un artiste alors que lui s’était la sensation de danger ou la traque qu’il adorait. De base il s’était dirigé vers elle pour gagner du temps et quitter cet endroit le plus vite possible, mais elle lui en faisait plus perdre qu’autre chose. Bien qu’il en était sûr de base, ce caprice que lui présenta la jeune femme confirma une chose. Elle n’était pas digne de confiance.

Je ne suis pas un artiste…et je ne compte pas le devenir. Je suis venu vers vous car je n’avais aucune envie de perdre mon temps ici…Donc j’imagine que cela mets, définitivement fin à notre collaboration…enfin si on considère qu’il y en a eu une.

L’assassin déposa son verre sur le plateau que portait un des serveurs et en reprit un autre à la place avant de s’éloigner de la belle Égyptienne pour se diriger vers l’intérieur du bâtiment histoire de repérer les lieux.

Je vous dis : à jamais…