Vilain, entrainement contre un élève, un héro ? Vengeur ? Qu'importe, je peux m'adapter ~ il suffit de demander
Les ruelles défilent, déformées par les tremblements de sa course, il n’y a ni pluie, ni vent, pourtant le froid qui vient brûler ses poumons atteste de la température. Tout semble figé à l’exception du cœur battant de Kirishima qui se précipite, en haleine à la poursuite d’une ombre. Une ombre qui a pris de l’avance et dont les délits sont connus. S’il n’est pas encore un héros officiellement, il a choisi son camp et ignorer le crime n’est pas dans les habitudes du boutentrain. La rage alimente ses mouvements, faisant accélérer le pas de l’apprenti. Ne voulant alerter personne sur ce comportement, malgré ses sourcils froncés et son air plus que sérieux dans son costume de héros, le faux roux ne prend pas la peine d’intervenir verbalement pour ordonner à sa cible de se calmer. Inutile de perdre un peu plus son endurance dans un effort qu’il savait vain. Lui qui criait d’ordinaire pour se faire entendre avait décidé de privilégier la discrétion pour une raison bien précise : ce n’était pas une cible comme les autres.
Le temps ralenti enfin et l’air qui anesthésiait sa gorge s’échappait lourdement dans une fumée blanche. La graine de héros trainait maintenant le pas, bloquant la seule issue possible. Sa voix perce, rocailleuse, mais assez forte pour que la distance se réduisant prudemment ne soit pas une gêne. « Bon, on est assez loin maintenant, on va pouvoir commencer les choses sérieuses ou tu préfères encore courir ? » Son sourire carnassier pourrait en dissuader plus d’un, mais pas cette personne. L’échauffement avait été revigorant, réveillant tous ses sens tandis qu’il prenait confiance et durcissait ses poings à présent. Le jeu du chat et de la souris prenait fin, place au combat qu’il ne redoutait pas, au contraire, excité à l’idée de pouvoir combattre sans risquer une réprimande. Une idée particulière, dans une impasse, déserte et leur permettant d’user de leurs alters à leur guise, les voilà parés à jauger leurs forces et à s’apprivoiser. La nature plutôt dynamique de Kirishima en plus de sa sociabilité avaient provoqué cette chance de l’affronter. Il l’avait saisi rapidement à peine proposé, comme une promesse, une envie d’en découdre, tout était bon à prendre pour ne pas reproduire inlassablement les mêmes erreurs, quitte à essayer quelque chose de nouveau.
Il avait suffi de quelques mots échangés pour échauffer les esprits et faire d’une conversation animée une situation rentable pour tous deux.
Mes premiers jours furent dédiés à ce que je dirais de la découverte et de la surprise. L’excentricité des costumes héroïques est un défaut mondial dirait-on. Ce fut néanmoins leur grand nombre qui me perturba un court instant. Et qui m’effrayait. Avais-je fait le bon choix ? Je me suis repris plus tard dans la soirée avec un peu d’alcool. Boisson tant pour récupérer que pour fêter mon arrivée dans l’appartement miteux mais discret des bas quartiers. Il était trop tard pour faire machine arrière. Et même si, je serai connu comme l’être le plus lâche au monde.
Deuxième jour, j’ai pris un malin plaisir à prendre mon temps dans la préparation de mon costume autant que dans la réflexion des possibles répliques. C’était le grand soir ! Il fallait que je sois magnifique !
Je me suis plongé un peu plus dans le centre-ville pour faire du repérage, connaître un peu plus les environs et les lieux pour d’éventuels braquage. Mes premières rues, mes premiers passages piétons ou regards croisés. Le stress montait certes, mais, le fait qu’il était presque normal de voir des gens en costume dans la rue me permettait de presque faire partie du décor. Alors que je respirais un bon coup d’air frais, profitant de cette soudaine paix et début d’habitude un choc survint et mit radicalement fin à ce doux instant. Je titubais un bref moment en arrière, terriblement surpris. Je regardais autour de moi et les gens s’écartaient tandis qu’un des leurs s’inclinait continuellement devant moi en hurlant des excuses. Je savais bien ce qu’il s’était passé. Je ne voulais pas y croire, pas le voir. Je le sentais, liquide chaud et odorant. Mon front s’inclinait pour permettre à mes yeux d’observer avec attention la grande tache brunâtre du café au beau milieu de ma poitrine élégamment habillée de mon blanc si parfait.
Si blanc et parfait, tu parles !
Enfin je l’écoutais ce lourdaud:
« Sumimasen ! Mes excuses monsieur le héros, je ne vous ai pas vu. Veuillez accepter mes excuses je vous en prie ! »
« Grrrrmmph. » Mon soupir faisait bien comprendre à mon auditoire que mon exaspération et frustration étaient bien présente. Néanmoins, je devais le remercier d’avoir ainsi bien introduit mon entrée dans leur monde. Maintenant, à mon tour.
« Pressé de rentrer ? »
« Oui ! Monsieur ! »
« Voiture ou taxi ? »
« Ma voiture monsieur, juste là. Vous souhaitez que je vous dépose quelque part ? »
« Ce ne sera pas nécessaire mon bon ami. Par contre, il y a un problème avec ton moteur. Je le sens jusqu’ici. Mon alter me permet de ressentir les défauts partout ! »
Que du baratin bien entendu. J’avance avec assurance vers sa machine à quatre roues en enlevant le gant de ma main droite. Prenant une matraque comme levier, je force son capot à s’ouvrir. Et touche son moteur en activant mon alter. Chaleur réconfortante et douce, je la sens me traverser pour chercher les atomes de ce que je touche, l’énergie que je révèle grandit. Je n’ai pas beaucoup de temps, je le sens.
Faisant demi tour je m’éloigne le plus possible du véhicule qui, après quelques secondes se met à exploser. Le souffle explosif m’ayant propulsé plus loin, dans les micro-secondes sans toucher le sol je pu voir l’assassin de mes innocent habits. Je l’ai vu se faire lécher par quelques flammes avant de crier de douleur plus tard, également envoyé plus loin. Le sourire qui s’étire sur mon visage me surprends malgré moi, je ne voulais pas faire de mal à quiconque. Juste me faire connaître. Le plaisir qui grandit en moi à cet instant m’effraie comme m’excite également.
Mais attends ! Ils ignorent comment je m’appelle !
Me relevant péniblement je lance d’une voix forte:
« Voici ce qui arrive.. à quiconque ! Tache ! Le costume de LIGHT MASK »
Je m’étire et me masse les zones touchées mais surtout je prends soin de mon image en frottant toute la poussière et la cendre de mon costume. C’est alors que des pas frénétiques se firent entendre non loin de moi, au croisement d’une rue. Un jeune homme coure vers la zone dévastée. Il est habillée comme un héros.
Hm. Boulette.
Je me mets alors à courir. Je cours et je cours. J’essaie de passer d’une rue à l’autre, escalader une ruelle. Je feinte des mouvements mais sans grand résultat, il ne cesse de me rattraper.
Et soudain ça y est, inéluctablement. Je suis bloqué.
« Bon, on est assez loin maintenant, on va pouvoir commencer les choses sérieuses ou tu préfères encore courir ? »
Ce gamin en veut, d’où lui vient cette assurance ? De son alter sûrement. Je le sens mais alors pas du tout. Il me faut autre chose que mon pouvoir.
Improvise !
Je m’installe sur le sol et fait mine de vérifier les environs, nous sommes seuls.
« Bravo, tu m’as enfin rattrapé. Oui, ici nous serons tranquille et à l’abris des regards et oreilles indiscrètes pour parler librement. »
Lui tendant la main.
« Light Mask, héros sous couverture. Pour te servir, petit. »
Quand un élève croise un vilain qui prétend être un héros, que se passe-t-il ?
C’était éreintant, mais rien en comparaison des entraînements de leur professeur principal. Un programme acharné que Kirishima avait accepté pour avoir déjà pris des mesures drastiques à sculpter son corps pour entrer dans cette école en particulier. Sa chance il l’avait eu et à plusieurs reprises s’était déçu lui-même de n’avoir pas été digne ou à la hauteur de la réputation qui précède l’établissement autant que ceux qui en sortent. Alors, lorsqu’il est question de se rattraper et de faire preuve d’héroïsme en attendant les renforts, il n’hésite pas et se lance à la poursuite des vilains. Inutile de dire qu’une explosion avait éclaté non loin de là où il se trouvait, provoquant la panique en plus d’un son assourdissant. Mais plus que tout : il y avait eu des blessés, tous ceux pris à proximité de ce qu’il restait d’un véhicule apparemment. Kirishima avait à peine eu le temps de voir un homme s’enfuir qu’il s’était lancé à sa poursuite.
Le reste, inutile de le rappeler, il est dorénavant confronté au présumé coupable, décrit par les civils témoins qui avaient soit reconnu qui il était, soit le prenaient déjà pour un héros, ce qui n’était pas faux puisqu’il détenait sa licence provisoire désormais.
Il pouvait enfin inspirer de toute sa carrure et laisser entendre qu’ils avaient suffisamment courus à présent. Rien ne servait de fuir, il fallait assumer et ça, le roc était prêt à parier que tous les vilains regrettaient d’en être lorsqu’ils se faisaient prendre. Enfin, ce mot sonna comme une moquerie et fit froncer les sourcils épais et taillés du faux roux dans une moue vigilante. Parler était une option qui permettrait à cet homme de gagner du temps, mais aussi de lui ôter un doute. Le costume était d’un blanc épatant, cependant taché par du brun et quelques points grisâtres qu’il devinait être en lien avec l’explosion. Pourtant, il lui tendait la main et immédiatement, plus vif qu’il ne l’aurait cru, l’alter de l’étudiant s’activa pour parer tout éventuel piège. Ce ne serait pas la première fois après tout. La présentation fut remarquable, mais étonnamment, c’était un peu difficile à avaler, si au départ il avait à son tour présenté sa main de pierre, il la retira presque aussitôt le bout des doigts de l’inconnu touchés. « Hey, mais si vous êtes un héros sous couvertures, y’aurait pas eu de blessé… » à moins qu’il ne tourne pas rond et qu’il soit naïf de croire que les dommages collatéraux existaient et servaient de couverture à des héros… mais ça, c’était même pour de vrai justiciers difficile à avaler. La vie des civils, personne ne la mettrait en jeu au profit d’une seule personne.
Le piquant avait beau être une tête de mule assez crédule, lorsqu’il se donnait la peine, il faisait fonctionner plus de neurones qu’on voulait bien lui en prêter. Il ne s’en félicita cependant pas, se méfiant d’autant plus de l’adversaire. « Vous êtes qui au juste ? Pourquoi avoir fait exploser une voiture ? »
Que je te loue ! Masque magnifique et présent. Toi qui me cache, efface mes réactions ou mes tics nerveux de cet être emplit d’assurance. Allons, il n’agit pas. Le doute l’assaille, ce qui veut dire que le stratagème semble fonctionner jusqu’ici. Calme. Il faut rester calme. Commençons par gagner du temps.
Je ne peux m’empêcher néanmoins d’expirer profondément. J’évite néanmoins que cela ne se remarque trop facilement. D’ailleurs, il ne répond nullement à ma main tendue. J’échappe un léger soupir d’exaspération en ramenant cette dernière vers une de mes poches intérieures et sortir une petite brosse. Me redressant, je prends soin de faire partir toutes poussières, cendres bien présentes ou imaginaires. Profitant de ce moment pour réfléchir.
Toutes personnes, en général, ont tendances à se fier à ceux qui ont des comportements semblable aux leurs. Quelqu’un qui croise des bras prêtre une plus grande attention à une autre personne qui à son tour et « naturellement » croisera des bras.
Il me faut être semblable à lui. Sans pour autant l’imiter comme un singe... Bon, les paris sont lancés !
« Dis-moi, petit. Où est donc l’honneur et la discipline quand on ne répond pas à la salutation et présentation d’une personne ? »
Je me redresse, range ma brosse et .. claque des dents ? Oh non pas maintenant. J’inspire profondément et poursuis ma tirade en le fixant bien dans les yeux.
« As-tu déjà été sous couverture ? As-tu déjà connu la pression ? Ou l’expérience d’être continuellement observé afin de vérifier la valeur de tes engagements ? Si j’ai choisi de te parler ici même, c’est pour avoir justement ce répit nécessaire. Mais à présent, qui me dit que tu n’es pas mon ennemi ? Es-tu un véritable héros ? Ou un autre de ces sbires ridicules chargés de me conduire à ma perte ? Si tel est le cas, sache une chose, inconnu. Je ne suis pas venu de si loin pour échouer si prêt du but ! »
Je me mets en position défensive, dans des appuis solides et posture intermédiaire.
Tout est dans le personnage..Tout est dans le personnage..Tout est dans le personnage..Tout est dans le personnage..
Vilain, entrainement contre un élève, un héro ? Vengeur ? Qu'importe, je peux m'adapter ~ il suffit de demander
La main se rétracte dans un geste vexé et Kirishima garde son regard intrigué, toujours sur la défensive malgré un discours qui le déstabilise assez. Il incline sa tête, un sourire carnassier dessiné de toutes ses dents, décidé à faire honneur à ce présumé héros qui laissait derrière lui des blessés. Le cœur pur du jeune homme se déchirait entre les dires des civils et la conduite de son opposant. S’était-il trompé de cible ? Dans le doute, il garde ses positions. « C’est pas que j’en manque, mais… j’ai pas mal de doute sur vous, Monsieur Light Mask »
Drôles de manières qui plus est d’avoir une brosse pour que la moindre imperfection sur son costume disparaisse. Il n’allait rien dire, quand il voyait parfois Aoyama faire des manières parce que son costume ne brille pas autant, la question ne se posait plus. Il fallait de tout pour faire un mode et en l’occurrence un héros. Le discours change aussitôt, devenant menace face à ce comportement qu’il avait eu. Réprimer être un héros, ça n’avait surement rien de facile pour lui qui apprenait à en devenir un et qui commençait à en avoir les réflexes. Aller vers les victimes, les protéger, empêcher qu’il y en ait plus, c’était son crédo. L’homme n’avait pas sourcillé, fuyant dès lors qu’il avait aperçu une personne en costume. Un comportement qui était bel et bien celui d’un vilain, mais une argumentation qui n’indiquait rien de ce genre. C’était perturbant, assez pour que l’apprenti idiot se sente lui aussi offusqué. « Ça dépend, vous chassez qui ? Moi c’est les vilains en général, vous, si vous en chassez un en particulier, j’aimerai bien connaître son nom » il y en avait des tonnes, il pouvait servir n’importe lequel d’entre eux, excepté que le hasard ne faisait pas bon ménage avec les évènements récents. Une voiture transformée en bombe, ce n’était pas dans les rangs de tous les vilains…
Toujours sur ses gardes, le faux roux ne comptait pas laisser s’échapper le héros présumé sous ce seul prétexte. Personne n’était encore venu à sa poursuite, mais personne ne l’avait réprimandé non plus pour avoir pourchassé cet individu précisément. Son chargé de stage ne devrait pas être bien loin accompagné d’un autre étudiant bien plus qualifié que lui, il n’en doutait pas. La ruse était si vicieuse qu’il n’y était pas encore habitué. Il était beaucoup plus rentre-dedans et n’avait jamais été confronté à ce genre de cas. « Ça n’a pas eu l’air d’être trop difficile pour vous de faire des dégâts dans la foule… la priorité d’un héros, même sous couverture, c’est pas d’essayer d’en faire le moins possible, voire pas du tout ? » était-ce seulement possible ? C’était un domaine qui lui était totalement inconnu, mais il allait devoir se renseigner très rapidement pour qu’on ne puisse jamais le berner.
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