Un regard noir et une marque de brûlure, c'est ce qu'on retient toujours de lui. C'est comme si son petit mètre soixante-six était rempli de cinquante-trois kilos de pur haine, bien sombre. Palpable dès le premier coup d'œil, on peut commencer par dire qu'il n'est pas d'allure accueillante ! De sa chevelure jusque ses yeux on ne voit que du noir. Mi-longs, rasés sur le côté, ténébreux et sauvages, sa coiffure est rebelle à l'instar de sa personne. On associe sa crête lisse à une queue de loup à défaut du cheval, animal qui sied mieux à son caractère. Son visage paraît pourtant si jeune. On aimerait caresser ces joues et l'on s'en trouverait abasourdi tant elles peuvent être douces. Il n'y a que cette bande irrégulière qui traverse son nez à l'horizontal en partant de sa joue droite qui lui fait défaut. Enfin, c'est un bien grand mot. Pour lui cette cicatrice n'est pas laide. Elle représente un temps où il était une larve, un temps qu'il aime à se remémorer maintenant qu'il est un papillon de nuit sinistre et duveteux. Elle lui donne un air dur. Une balafre suffit parfois à faire d'un homme un criminel... Il ne sourit jamais. Vraiment, quand il est heureux alors au mieux il reste stoïque. Sinon, sa bouche pleine de dents pointues fait la moue, grogne ou montre les crocs, ce qui a pour effet d'intimider le commun des mortels.

Il a quelques autres marques de brûlures sur le corps, baigné par le feu, il s'y est blessé à maintes reprises et cache les séquelles sous des vêtements amples. Il aime avoir les mouvements libres, quand il manipule ses flammes il est tel un danseur infernal qui utilise la passion comme un accessoire. Il est un peu fagoté comme un étudiant, assez étrangement. Un uniforme tout noir lui va très bien même s'il déteste l'idée d'ordre et de conformité que renvoie un vêtement comme celui-là, c'est qu'il n'est pas du genre à trop se colorer pour sortir. Il fait déjà des folies avec son kimono léger à manches courtes, un par-dessus violet qu'il porte tout le temps. On lui trouve un style assez traditionnel. Ses pieds sont vêtus de chaussettes blanches et de savates simples, on comprend vite qu'il n'est pas du genre fashion victime et que sa tenue se veut être plus pratique qu'esthétique.
Faisant généralement profil bas, le Pyromane a pour habitude d'avoir plusieurs longs manteaux à capuche noirs dans son placard. Il faut dire que son apparence n'est pas forcément la plus commune - son visage reconnaissable le trahirait aussitôt. Il agrémente le déguisement d'un masque blanc en forme de tête de renard, créature fréquemment associée au feu, aux espiègleries et à la malice. C'est une petite touche poétique mais ce n'est pas un luxe quand on a une grosse alarme en plein milieu du visage.

Les flammes. La passion. Des synonymes et pourtant les associer devient dangereux. Antero l'Anti-Héros est un fils des Enfers, il est empreint d'une malveillance qui passerait pour innée tant elle est maîtrisée. C'est le point d'ancrage de toute sa vie ; un rebelle dans l'âme, Kajikoi est du genre à tout contredire et à tout contester. Aussi chaud que le brasier, il part au quart de tour et n'a pas la main difficile quand il s'agit de régler un désaccord : le premier qui fait feu à gagner, c'est ça ? Mais cela dit il lui arrive de faire preuve de tenue, seulement quand les enjeux en valent la peine. Il aime n'en faire qu'à sa tête. Quand le peuple veut ci, lui veut ça. Si il faut aller à droite, il ira à gauche. Puisque tout le monde veut devenir des héros, alors il deviendra le vilain. Peut-être inconsciemment pour maintenir un équilibre prophétique entre les forces mais surtout parce qu'il est resté comme figé dans son esprit de contradiction. Un grand enfant, on peut le trouver immature quand on le voit saccager des vies pour son petit plaisir, amusé comme s'il s'agissait d'un jeu. Il est comme les Flammes, ravageur. Partout où il passe, il ne peut s'empêcher d'y semer un chaos exquis à son goût.

Les autres ne sont que des éléments du décor pour ce type qui se croit seul au monde. Pourquoi se soucier des autres avec un ego qui fait plusieurs fois le tour de la Terre ? Il faut dire qu'Antero ne pense qu'à sa gueule. Tant qu'à lui ça semble correct, il n'y a rien qui lui fera changer d'avis. Les discours à la mord-moi-le-nœud sont à éviter ! Il ne veut pas qu'on l'aide. Il ne veut pas qu'on le comprenne. En fait, le fait qu'il y ait des gens à qui s'opposer, c'est tout ce qui le fait triper. Ça n'aurait aucun sens sans les héros, le gouvernement ... Ce serait comme devenir maître du monde après avoir tué tout le monde, à quoi bon ? C'est une relation complexe qu'il entretient avec le monde. Il déteste et il aime. Qui aime bien châtie bien, le jeune incendiaire veut marquer le système au fer rouge pour la vie qu'il lui a donné. Rancunier au possible, il n'oublie jamais le mal qu'on lui a fait. En bon belliqueux, sa revanche à lui est un plat qui se mange brûlant ! Sans cesse attiré par l'excès, le malheureux vous tuera lentement, profitant de chaque cri comme un vrai sadique. C'est le genre de souillure d'une société qu'on pense n'exister que dans les fictions. Un monstre, une chimère, une créature effrayante qu'on invente pour que les petits finissent leurs légumes. Mais ils sont bien réels. Comme de gros poissons dans le fin fond des abysses, ils rôdent et ils ont faim.

D'ailleurs, en ce qui concerne la nourriture et la cuisine et aussi surprenant que cela puisse paraître, Kajikoi est un connaisseur. Il sait apprécier la bonne cuisine et est lui même un diable aux fourneaux. Comme quoi, ces monstres là, ils sont bien humains hein ? Il incorpore son talent pour la cuisine dans sa vie de tous les jours - il a par exemple appris à utiliser son alter comme s'il utilisait une cuisinière à gaz. Feu Doux, Feu Moyen, Feu Vif, même en combat il cuisine son adversaire selon son palais raffiné et et, selon s'il le veut saignant ou à point. Enfin, vous avez compris le truc.

Un jour on m'a dit : "La lampe d'aucun homme ne brûle jusqu'au matin" ... J'ai alors répondu que je ne suis pas un Homme, je suis un démon des Enfers et là-bas, nos flammes sont vives en été comme en hiver.
Je suis Antero, l'Anti-Héros.

J'ai commencé mon périple il y a de cela vingt soleils brûlants. Mes malheureux géniteurs étaient miséreux, misérables, si bien qu'ils n'ont pas énormément d'importance dans ma vie, à part me l'avoir donné, n'ont-ils rien fait de bien plus utile. Bois sans soif, belliqueux, vicieux et paresseux, l'homme était une loque humaine qui aimait me brûler avec ses mégots quand je refusais de lui obéir. Faible, droguée et prostituée, la femme n'était pas beaucoup mieux, plus préoccupée par sa prochaine dose que par notre prochain souper. Nous vivions dans une chaumière de bois et pour ne pas plus abusée de votre temps, allons à l'essentiel : elle a brûlé. C'est comme si le ciel, ce coquin vicelard, avait déjà écrit pour moi une histoire démoniaque qui débute dès mes cinq ans. C'était à cause d'une cigarette mal éteinte et ils ont tous les deux péri. Le seul survivant, c'était ce rejeton du Malin qui émergeait du feu alors qu'on pensait tout perdu.
Je sortais d'un Enfer et j'étais accueilli par une foule de spectateurs, certains inquiets et d'autres heureux. Mais ils ne me regardaient pas moi, les secours m'ont pris et m'ont emmené mais les yeux étaient rivés sur le Héros qui arrivait - bien tard - pour stopper l'incendie.

Encore choqué, j'étais le seul à savoir ce qui s'était passé. Je suis le seul à avoir vu mes parents lutter contre la mort aussi inéluctable soit elle, à les voir échouer et hurler, leur corps pris par des assassins infernaux. J'étais le seul à avoir vu mon alter également. Flame Master m'a permis de me frayer un chemin sans trop comprendre, j'avais seulement l'esprit rivé sur la sortie. Quelque part, même si je ne le comprenais pas encore, j'avais une deuxième chance au grand jeu de la vie. Et dans cette nouvelle vie je serais....

Un fils de héros. Après longues délibérations judiciaires et un séjour en orphelinat, j'ai été adopté par une famille de supers qui m'a vendu du rêve, la famille Seidō. Brève présentation, Hiyoke et Karashina Seidō mieux connus sous leurs noms de héros, Good Rif le Héros Pompier et Eden l'Héroine botanique étaient mes nouveaux père et mère. Ils avaient deux enfants, l'aînée, une fille du nom de Shikkyuondo affectueusement surnommée Shikkyu et le cadet un garçon du nom de Hisago. Ils seront bien entendu des apprentis héros, Bryophyta l'Héroine humide et Mainstream le Héros Citerne.
Ils ont été de parfaits hôtes, m'ont même expliqué précisément pourquoi ils ont pris cette décision. Parce que ce sont des Héros. Des gens avec du cœur. Et en voyant la tragédie, ils n'ont pas pu s'empêcher d'y voir une opportunité de sauver une vie, la mienne. Ils m'ont offert une enfance que je n'aurais pas espéré dans mon ancienne vie. D'ailleurs, Good Rif étant spécialisé en combat d'incendie, il se trouvait le mieux placé pour me former. Toute la famille suivait cette dynamique, en fait. À la maison, j'avais un cadre idéal pour grandir correctement mais en dehors, c'était tout autre chose. À l'école, on me dénigrait, on me traitait de criminel parce que la rumeur de certains enfants dit que je suis le responsable de l'incendie qui a tué mes parents biologiques. On dit même que je suis "un criminel qui s'en est tiré haut la main" puisque j'ai eu droit à une deuxième chance. Je les détestais. Même les jeunes voyous qui me voulaient dans leur bande pour de mauvaises raisons, je les détestais aussi. Ils étaient tous stupides. À cause de ce climat, et de mon questionnement personnel sur cette famille qui est très bien, mais qui n'est pas la mienne, comme si je ne m'y sentais pas à ma place, j'ai fini par perdre le contrôle et j'ai blessé deux autres élèves. Il ne fallait pas jouer avec le feu, et l'un des caïds qui m'embêtaient avait un briquet.

J'ai été grassement réprimandé, j'ai eu droit au conseiller d'orientation alter, au psychologue et bien entendu au sermon parental lequel dans la famille Seidō s'avérait sévère. Blesser quelqu'un avec son alter est tout le contraire de ce qu'un héros devrait faire et donc, pour un de leurs enfants, c'est inadmissible. J'ai été châtié - corvées, entraînements supplémentaires, privé de sorties... je me suis encore une fois vu traité comme un déviant. Dans mon esprit fertile d'enfant de huit ans, c'était comme de semer les graines d'un chaos lointain. Les héros pour moi n'ont que bien peu de valeur ; d'abord ils n'ont pas pu sauver mes parents, puis j'ai dû me sauver moi-même et enfin, ceux qui me servent de parents adoptifs se comportent comme de vrais extrémistes bornés. Je ne les aime pas. Je ne les aime pas mais pourtant ils vont me servir. Après mon bagne, j'ai pris au sérieux les exercices de Père. Je lui ai dit que j'avais compris la leçon et que je voulais apprendre à contrôler les flammes pour sauver des vies. Il en était ravi.

Il m'a donc formé comme un de ses bons petits soldats, sans se douter qu'en fait, je voulais acquérir cette force pour mon propre compte - parce que je suis mon propre héros. Je voulais devenir la personne de mon choix et refuser qu'ils me l'imposent. Avec cette ambition, j'étais parfaitement satisfait. Souriant chaque nouveau jour même si je devais faire semblant, je ne pensais qu'à ce beau jour où je n'aurais plus à me cacher, comme s'il s'agissait du jour de Noël. Malheureusement avec mon dossier entaché par l'incident, je ne pourrais rejoindre les écoles de héros les plus prestigieuses. Adieu Yuei, Shiketsu... mais j'ai tout de même trouvé un établissement qui m'acceptait sur gage de mes flagrants progrès au collège. Là-bas, ils admiraient ma ferveur, la flamme qui m'anime... formidable ! J'ai été un élément avec du potentiel quoi que je devenais de plus en plus excité par le feu. Grâce à ces fausses études, j'ai pu obtenir un costume pratique et de l'équipement.

C'est alors que Shikkyu, ma sœur adoptive, commençait à avoir des soupçons. Elle devait m'avoir entendu ruminer dans ma chambre ou alors lorsque je m'entraîne seul... Mais ce n'était pas bien grave, elle est venue me confronter directement et j'ai réussi à me faire passer pour agneau. De justesse, mais je savais que je l'aurais sur le dos, alors j'ai fomenté un coup - puisqu'elle me prenait en filature je l'ai menée droit dans la gueule du loup.
C'était un vieux bâtiment, laissé à l'abandon dans l'attente d'un nouveau souffle, c'était aussi un repaire pour des voyous de bas étage, je le savais parce que je m'entrainais parfois sur le terrain vague juste à côté jusqu'à ce qu'ils m'en chassent. J'y suis entré par une ouverture dérobée, il fallait grimper pour y arriver et la connaissant, Shikkyu n'aurait pas résister. Une fois à l'intérieur, je lui ai enfin révélé la vérité. Elle avait bien raison, la rage que je crache avec mes flammes est belle et bien dirigée vers le monde et non seulement contre les criminels. En premier lieu, elle a essayé de me parler, de me comprendre. Je salue ce geste parce qu'il m'a permis de comprendre également. Elle a mentionné notre famille, mais ce n'est pas la mienne. Nos carrières, mais là mienne n'était qu'un mensonge. Nos moments de joie et de bonheur et là, bien que ceux-ci étaient réels, j'ai déclaré que le seul sentiment que je connaisse est la Flamme. Mais qu'est-ce que la Flamme.. ? C'est ainsi que je perçois cette sensation brûlante qui me rend si impulsif. Ce saut d'humeur qui fait que je peux devenir violent à tout moment. Je vacille comme une flamme et quiconque s'en approche se réduit en cendres. Je ne peux pas rester auprès d'eux, donc...
Mais ils ne sont pas si différents que ça. Elle-même s'est énervée et s'est mise en tête de m'arrêter par la force. C'était aussi ce que je voulais ; un test à ma hauteur. Bien qu'elle soit plus âgée de trois ans, il me fallait voir ce que je valais après avoir autant sué. Bryophyta, son alter Mousse lui permet de faire pousser des mousses végétales gorgées d'eau grâce auxquelles elle aurait pu m'avoir. Mes flammes... elles n'ont pas dévoré toutes ses plantes, j'étais grandement déçu. Elle avait plus d'expérience, de technique. J'allais me faire prendre à mon propre piège mais j'avais prévu la chose. En cas de pépin, il me fallait enflammer une bonbonne pour que toute la bâtisse parte en fumée. La présence des affaires des voyous a permis de porter le blâme sur leur petit groupe - les médias ont rapidement mis leur tête à prix et moi j'ai fait profil bas. En fait, j'ai même fait le deuil avec le reste de la famille. En prenant sa mort pour prétexte, j'ai pu gagner un peu de temps, avant de quitter le navire parce que le mensonge ne subsiste jamais éternellement. Toute cette famille est faite pour me stopper. Le Héros Pompier et son épouse l'Heroine Botanique ont promis de me conduire en justice mais ils essaient encore.

Au départ je vivais au jour le jour mais j'ai trouvé un.. foyer. Une bande du crime organisée qui avait eu vent de mes faits d'incendiaires et m'ont engagé. J'étais comme leur lance-flammes portatif et honnêtement cette fonction ne me déplaisait pas. J'étais ravi d'avoir pu trouver du travail, la preuve que je n'avais pas besoin de vivre conformément à la société. Je pouvais faire ce que je voulais. Mais mes nouveaux compagnons d'armes me le disent souvent ; je suis encore jeune. Je n'ai pas encore subi la vie. J'ai cessé de m'entêter à leur dire que si, mon histoire reste un conte de fée à côté de ce qui se fait en ville. Je côtoie des tueurs qui me font prendre conscience de certaines choses. Un en particulier. Un ancien prêtre qui a traversé des épreuves qui l'ont mené sur cette voie.