>>>[Musique d'ambiance]<<<


Depuis combien de temps cette situation durait ? Comment tout avait basculé ? Assis au somment d’un immeuble, les jambes dans le vide,il n’avait même pas prit la peine de se changer sous sa forme de loup. Jin regardait les gens s’affairer dans la rue en contrebas, vaquant à leur vie banale, ne se préoccupant que de leur petite personne, sans jamais considérer le combat constant des héros et de la justice contre les centaines de vilains qui pouvaient frapper à tout instant. Ils étaient si insouciants que Jin les enviait. Pendant que tous ces gens allaient ça et là, ne se posant pas d’autres questions que ce qu’ils allaient manger ce soir, lui était seul sur son perchoir, la pluie ne faisant que retranscrire physiquement le poids du fardeau qui pesait sur son âme.

Il y a encore quelques mois pourtant, tout semblait aller pour le mieux. Malgré un évènement terrible qui avait failli coûter la vie à Ziendra, les deux amants justiciers semblaient avoir trouvé leur voie. Jin l’avait demandée en mariage, elle avait dit oui, et malgré la nécessité d’avorter leur enfant à naître, Jin s’était alors sentit heureux. Et pourtant, ce soir là, tout s’était comme effondré. Ziendra était revenue salement amochée du tournoi des vilains, mais ses blessures n’étaient clairement pas uniquement physiologiques. Son moral, son mental en avaient tous deux prit un coup, et elle semblait sombrer à nouveau vers l’extrémisme que Jin lui avait connu lors de leur rencontre. Comme si tout ce qu’ils avait vécu entre temps n’avait été qu’une bulle de bonheur, une pause utopique, un rêve éveillé durant lequel Jin avait pu vivre une vie fantasmée, avant que la froide pointe de l’aiguille qu’était la réalité ne vienne détruire ce monde parfait, le laissant alors chuter brusquement pour un retour au réel des plus abrupts.

Il regarda alors son téléphone, lui indiquant qu’il était déjà trois heures du matin. Cela faisait donc déjà cinq heures qu’il était parti faire sa « ronde », bien qu’au final il était resté là, immobile, perdu dans ses pensées, assaillit par la peur et le doute. Il était temps de rentrer. De toute manière, il n’était bon à rien, ce soir. Il ne pourrait même pas arrêter un simple cambrioleur de supérette s’il en croisait un alors autant rentrer. Le canapé l’attendait.

Il retourna alors vers la porte qui menait à la cage d’escalier et quitta son perchoir pour retourner chez Ziendra, car il ne s’y sentait plus réellement chez lui depuis quelques temps. Le trajet du retour fut un moment hors du temps, ni long, ni court. Juste … un  trajet. Une fois arrivé, il ouvrit la porte sans faire trop de bruit, au cas où Ziendra serait là et en train de dormir, puis balança négligemment ses vêtements trempés dans la douche avant d’enfiler un simple short de pyjama sec et d’aller s’allonger sur le lit. Alors, allongé sur le dos, il contemplait le plafond, incapable de trouver le sommeil, et décida donc de prendre ses écouteurs pour tenter de se vider la tête avec un peu de musique. Il lança alors une playlist au hasard et se laissa bercer par la musique … Et lentement, il ferma les yeux, se laissant aller au sommeil pour ne se réveiller que le lendemain matin, quand les rayons du soleil vinrent chatouiller ses paupières.

Il se redressa alors et se frotta les yeux, regardant autour de lui. Ziendra était-elle là ? Aucune idée, mais il avait besoin d’un café et surtout … il avait faim. Il se dirigea alors vers la cuisine pour se préparer un breuvage chaud et sorti un steak cru du frigo qu’il mordit à pleines dents, trop affamé pour prendre le temps de le préparer. Pour le moment il était encore seul, mais il redoutait déjà le moment où il devrait faire face à Ziendra… et la très probable prochaine dispute qui allait avoir alors lieu.

Musique d'ambiance:

La pluie s'était arrêté, laissant place à une ruelle reprenant vie tout autour de la Dragonne qui regardait inlassablement le vide, comme absente. Sa queue ne remuait plus, trainant dans une flaque d'eau sans que cela semble l'a dérangeait, ses yeux étaient vidés d'énergie positive : ils ne reflétaient plus qu'une haine et colère, ce fameux regard qui regard devant, si loin sans jamais s'arrêter.

Un regard de haine à la Endeavor... Mais pour des raisons bien différentes.

La Rouge se releva, rabaissant sa capuche avant de se mettre en route, les mains dans les poches, vers l'appartement où devait l'attendre encore une fois le fameux Jin.

Jin...

D'abord ennemi combattu dans une ruelle, finit dans un échange musclée dans un lit, une relation des plus étranges autour d'un combat contre la sociétée super-humaine délabrée et des idéologies différentes. Une prise de conscience, un désir différent, l'amour. Un amant capable de grande chose, d'une force exacerbée qui le rendait admirable. Homme qui l'avait demandé en marriage, et à qui elle dit oui : sans savoir qu'aujourd'hui elle ne serait sûr de rien.

Oui, aujourd'hui, sa remise en questions de ces différents choixs autour de Jin qui l'ont changé profondément et fait changer de chemin... Est terrible. Elle n'est plus sûre de vouloir suivre ce tracée, de se limiter, de ne pas agir comme elle le souhaitait au début, de ne plus assumer qui elle est vraiment au fond : une partisanne de Stain, quelques peu extrême certes, mais oeuvrant pour un monde meilleur.

Ces questions repoussaient alors jusqu'à sa relation, l'existence même de celle-ci et de sa stabilité. Il était de temps de discuter et de mettre les points sur les i.


Ainsi, elle arriva dans son appartement, refermant sans délicatesse sa porte comme à son habitude. Ziendra fixa un instant le loup qui prenait son déjeuner, sans parler, avant de jeter sa veste contre le canapé en soupirant, les yeux toujours aussi... Vitreux.
Son amant la regardait, comprenant de mieux en mieux que rien n'allait, et qu'un orage se préparait dans cette même petite pièce qu'ils partageait depuis un moment.

Ziendra croisa ses bras en le voyant vouloir s'approcher, alors que sa queue vint se mettre sur sa route, signalant qu'il s'arrête, alors que son regard presque meutrier traversait Jin.

“Il faut qu'on parle” Lâcha t-elle d'une voix dénudée d'émotions positives. “Je vais faire au plus court, car je n'ai pas que ça à faire.”

La Dragonne touna les talons, laissant Jin rejoindre le canapé s'il le voulait, pendant qu'elle se tenait à une fenêtre, enlevant sa fausse corne pour la regarder quelques instants dans le silence lourd qui se posait ici. Sa queue fouetta le sol, suivit d'un lourd grognement : contre elle-même.

“J'ai faiblis. Je suis devenue faible, et indécise. Cette position ne me plaît pas. Je me pose trop de questions, et j'en deviens incapable de faire les choix qui me semble juste.”

Dès la fin de sa phrase, on put l'entendre écraser avec son bras draconnique sa fausse corne, comme un choix d'assumer probablement ce qu'elle était, laissant les débris retomber sur le sol, avant de reprendre un bras normal.

“Je ne compte pas m'attarder, car je dois me renforcer. Je dois tout réfléchir, tout revoir, comprendre, accepter ou rejeter. Qu'importe. L'heure est venue pour moi d'avoir mes décisions qui ne sont plus coincée dans les griffes des sentiments.” Grogna t-elle. “Je ne suis plus moi, je ne me reconnais pas. Et cette faiblesse, je la hais. Pour cela je vais quitter les lieux, aussi longtemps qu'il faudra. Tu pourras vivre ici, en réalité je m'en fiche. Tu fais ce que tu veux, tu es grand.”

Elle vint à lui, déposant la bague ôtait de son doigt sur la table de la cuisine, où elle finit son trajet toujours dos à lui, puis attrapant un couteau elle coupa le reste de ses cheveux trop long sans aucune hésitation.
Les mèches tombèrent au sol, ne laissant que sur sa tête une coupe très court et décoiffé pendant qu'elle rangeait délicatement le couteau.

“Je te demanderai de ne pas me chercher, de me laisser trouver mes réponses par moi-même, dans ma solitude d'avant, et qui j'étais. Je dois me retrouver, et me comprendre. Je ne sais qu'elle sera ma décision final, alors jusque là, je te veux à distance.”

Cette fois-ci la Rouge se retourna vers lui, le fixant de ses yeux sans vie, sans peur, mais toujours aussi colérique. Ses mains sur ses hanches, elle ne semblait pas prête à entendre un refus, ou de le voir résister... Et au vue de son regard, elle serait prête à se battre pour fuir si elle le devait, pour atteindre son objectif.

[Musique d'ambiance]:

« Alors c’est comme ça, hein … ? Tu vas juste partir comme ça, sans cérémonie ? »

Ces mots, il ne les avait pas réfléchis. Ils étaient sorti d’eux-mêmes, du cœur, sans même qu’il n’ait le temps d’y penser. Il ne reconnaissait plus la personne qu’il avait en face de lui. Ce n’était pas la Ziendra dont il s’était épris, c’était quelqu’un d’autre. Une personne qui n’avait plus rien en tête à part une quête de puissance futile. Quelqu’un qui, à l’image de cette bague qu’elle avait abandonné là, sur cette table, et ces mèches de cheveux négligemment coupées qui traînaient au sol. Sentant une profonde colère et une tristesse extrêmement douloureuse monter en lui, il jeta violemment la tasse de café contre un mur, tandis que sa respiration se faisait progressivement plus rauque … plus animale.

« Après tout ce qu’on a traversé, après toutes ces promesses, tu vas juste foutre le camp, là comme ça, parce qu’un type a été plus fort que toi ? Mais merde, redescend sur Terre, tu crois vraiment qu’en te retrouvant seule, tu deviendras plus forte ? C’est vraiment ce que tu crois ? »

Jin était furieux. Furieux car il avait l’impression de s’être fourvoyé, d’avoir été bercé d’illusions. Quelque part, il se demandait : avait-elle été sincère avec lui ? L’aimait-elle vraiment au final ? Ou bien n’avait-il été au final qu’une distraction, un pion, un outil dans son combat ? Il n’était plus si sûr de la réponse, aujourd’hui, et il n’était clairement pas capable de trancher la question. Il avança alors vers la porte, prenant la bague dans sa main au passage, et fit barrage de son corps.

« Et c’est ça que t’appelle parler ? Tu rentres, tu me dégages de ta vie sans plus de cérémonie et tu m’ordonnes froidement de ne pas essayer de te retenir ? » Jin marqua une pause, prenant une grande inspiration et refusant de laisser transparaître la moindre once de tristesse, bien qu’il n’était pas difficile de deviner que sa colère n’était là que pour la cacher. Puis il prit la main de Ziendra et y déposa la bague. « Cette bague, c’était plus qu’un simple bijou … En l’enlevant, tu m’as fait comprendre quelque chose … Alors garde-la, je veux plus la voir. T’auras qu’à la vendre, ça pourra toujours te payer à manger. »

Puis il s’écarta de la porte, allant chercher son manteau trempé dans la salle de bain pour l’enfiler. Il rassembla alors les quelques affaires qu’il avait encore dans l’appartement, les fourra grossièrement dans un sac et alla à la porte. Il grelottait à cause ses vêtements qui étaient trempés, mais il s’en fichait pas mal. Il ouvrit alors la porte et sortit dans le couloir. Il n’avait même plus envie d’essayer. Des mois qu’il se battait, pour elle comme pour lui, des promesses en l’air, tout ça pour rien. Il se retourna vers elle une dernière fois.

« Va, poursuis donc ta quête de justice sanglante. Mais si un jour, le sang que tu auras sur les mains te pèse sur la conscience, tu ne me trouveras pas ici pour te consoler. En abandonnant cette bague, tu m’as abandonné moi. Je ne te chercherai pas, mais si nos chemins se croisent à nouveau, je te barrerai la route. »

Puis il parti, son sac sur l’épaule. Il s’était montré froid, dur, en colère, mais au fond, il était juste découragé, las et triste. Il n’en était même plus à une simple peine de coeur, il était complètement démoli, détruit. Mais à quoi bon se démener sans relâche pour renforcer les fondations d’une tour si celle-ci ne demande qu’à sombrer ? Il en avait assez de se battre contre des moulins à vents, alors il baissait les bras. Il allait avoir besoin de temps, lui aussi. De temps pour se retrouver, tout comme elle. L’ennui, c’est qu’il avait l’impression que le jour où leurs routes se croiseraient de nouveau, ils reprendraient ce fameux combat là où ils l’avaient laissé … mais que le dénouement ne sera alors pas aussi joyeux.

« Au revoir Ziendra. J’espère que tu trouveras des réponses à tes questions. »

Musique d'ambiance:

Elle le fixait, entrain de vider son propre sac, une boule de colère pur et dur, qui se cachait derrière ses grognements. Mais elle ne le lâchait pas du regard, tout du long de son discours, car malgré ses airs froids et distants : elle écoutait. Attentivement.

Voici la réaction de quelqu'un qu'on brise, que ce soit intentionnelle ou non. Elle aurait cru autre chose. Au fond d'elle, la Rouge avait espéré qu'il se lève et tente au moins quelques choses, quitte à se mettre des baffes.
Mais il en était tout autre chose à sa grande surprise. Et au fond de son coeur déjà meurtris de Doute, elle sentit celui-ci se déchirait un peu plus alors que sa propre colère refaisait surface, devenant plus en plus dangereuse.

Ziendra serrait ses mains autour de ses bras, sa queue se contractant pour se retenir de le frapper, le laissant aller jusqu'au bout de ses idées et insultes. S'il croyait cela, c'était qu'il n'avait donc pas de confiance en elle.

Pas confiance en elle.
Pas confiance en ELLE.

Ceci la retourna alors qu'il déposa la bague dans le creux de sa main, après avoir commencé à réunir ses affaires. La jeune femme avait certes ses doutes et questions à combattre, mais la certitude de l'amour de Jin venait d'être vriller en morceaux, laissant un tourbillon noir envahir son âme. C'était ainsi, il n'avait pas envie de se battre.
C'était trop demander, peut-être, mais c'était le seul qui avait pu l'aider. S'il changeait d'avis, alors, plus rien ne pourrait la retenir.

Alors qu'il s'apprêtait à partir après tout ces crachats, pendant qu'elle redéposer la bague sur la table de cuisine, la haine vint aveugler la Dragonne qui ne pouvait comprendre sa réaction, jugeant cela aussi comme une profonde trahison de celui qui avait promis de tout faire.
C'était contradictoire, mais tel était la dragonne en plein doute.

Ainsi elle se glissa agilement devant la porte, les yeux rougit de veines sanglantes, tant la colère était monté. Elle choppa Jin par le haut de son col et le fixa intensivement.

“Alors c'est ta réaction ! Médiocre et pathétique ! Tu crois que je n'ai pas réfléchis, rien fait pour toi ? Que j'ai mentis, jouer ?! POUR QUI ME PRENDS TU, ABRUTIT DE LOUP.”

Son poing décolla sans qu'elle s'en rende compte, venant s'aplatir sur le torse du loup dans sa forme de dragon pour le forcer à reculer. Sans trop de dégât.

“Je n'ai jamais menti, ou jouer une comédie... De bout en bout, j'ai tout changé juste pour toi ! Je ne réfléchis pas à cause d'une seule défaite ! Mais de TOUTES ! Je me suis fais tabassé vivante ! Je n'ai pas su réagir ! J'ai perdu ma dignité ! Et même en me battant, je n'y arrivais plus ! Je n'arrivais plus à faire ce que je savais toujours faire ! Depuis que je t'ai rencontré tout a changé, et j'ai tout fais pour être digne !” Elle frappa, juste du poing cette fois, à plusieurs reprises. “J'ai tout fais ! Tout tenté ! J'ai lu des heures entières et regarder des émissions que je haïssais pour te joindre ! Etre digne et suivre la voie que tu me montrais.” Elle frappa, une larme coulant. “Mais tu es loin devant ! Tout devant ! Je te ralentis, je n'avance pas, je ne m'améliore pas, car je ne sais même pas ce que je suis censé penser par moi-même !” Elle frappa à nouveau. “JE NE SAIS PLUS QUI JE SUIS DEPUIS QUE TU ES LA ! De quoi je suis digne ou non ! Je ne me vois que comme un boulet, un déchet que tu portes avec toi trop gentiment ! JE NE SUIS PAS DIGNE NI FORTE NI RIEN.”

Cette fois-ci elle s'éloigna, les larmes coulant, sa voix tremblant avec son corps entiers dans une rage qu'elle ne pouvait plus contrôler. Ce sentiment de faiblesse, d'être inférieur et inutile, d'être une source de problème et de malheur, de ne plus rien réussir, de ne plus savoir jamais quoi faire seule.

Jin n'avait pas idée à quel point elle avait tout changé pour lui, et à quel point elle s'en était meurtri à le voir toujours devant et protecteur, souffrir à cause d'elle qui n'atteignait jamais le niveau. Un niveau qu'elle juger inaccessible tant qu'elle ne pouvait pas accepter ses doutes et questions, qu'elle ne s'affronter pas elle-même et son passé.
Tant qu'elle ne faisait pas sa mise au point.

“Mais à quoi bon, si tu abandonnes finalement... C'était ça la réponse depuis le début. Tu es fatiguée de me gérer, d'apprendre, et de me voir rater. De ne pas savoir. J'aurais dû me douter que ce n'était qu'une vulgaire tentative de me changer sans rien ! C'est toi le menteur ! TU NE TIENS PAS TES PROMESSES NON PLUS ! TU MENS !” Puis en grognant , les crocs tout dehors. “TU N'AS RIEN D'HEROIQUE, JIN, TU FUIS LA QUEUE ENTRE LES JAMBES COMME TOUS CES FOUTUS PRETENTIEUX FACE AUX VRAIS DILEMNE. TU NE PEUX DONC PAS AVOIR CONFIANCE ! Alors je n'aurai plus confiance...”

Et elle choppa la table de la cuisine, la faisant voler contre un mur, la laissant s'exploser, alors que la bague roula sous le canapé échappant au regard de la Rouge en furie, blessé, meurtri, bien plus qu'auparavant.
Abandonnée.

“Pars, si c'est ce que tu veux, ma confiance vient d'être anéanti. Je pense qu'on en a finis. Tu m'as bien craché dessus, j'ai répondu, on a plus rien à se dire. Je choisirai ma voie, et je ne tiendrais plus compte de toi, et tes mots. J'effacerai... J'EFFACERAI TOUT. J'AI PAS BESOIN DE TOI.... D'UN MENTEUR QUI NE COMPRENDS RIEN ET NE FAIT QUE M'ECRASER !”

La Dragonne brisa une vitre, laissant le sang prendre son poing nue, puis elle sera celui-ci, dos au loup.

Trahis
Trahis
Trahis

Voilà tout ce qu'elle ressentait maintenant, et ses objectifs devenant plus sombre encore.

Quand elle se planta là, devant lui, et commença à lui hurler dessus et le frapper, il ne broncha pas. Il encaissa les coups, reculant d’un pas à chaque fois, la laissant déverser sa rage. Il soupirait intérieurement, son coeur se serrant à chaque mot, chaque coup. Elle croyait quoi, qu’il allait revenir sur sa décision gentiment et implorer son pardon ? Qu’il le fasse ou non, rien ne changerait. Sa décision était prise, elle allait partir. Alors non, sa réaction n’avait été une tentative de manipulation pour la forcer à parler et dire ce qu’elle avait sur le coeur, mais d’un côté, il était content qu’elle l’ait finalement. Lui qui avait lutté depuis des mois pour y parvenir, finalement, il avait suffit de quelques mots pour briser sa coquille. Une fois qu’elle eut finit de lui hurler dessus et de le frapper, il reprit la parole.


« C’est toi qui me parle de fuir la queue entre les jambes ? Tu te fous de moi ?! Ça fait des mois que je me bats inlassablement pour que tu t’ouvres à moi comme tu viens de le faire !! DES MOIS ZIENDRA ! Mais tu restes muette, tu ne me dis rien, tu ne me parles pas de tes tourments ! Si au moins, à force de discussions j’avais compris que je ne pouvais rien faire pour t’aider à te retrouver, j’aurais accepté sans sourciller que tu partes ! Au fond, que tu partes, ce n’est pas ça le problème ! Je comprends parfaitement pourquoi tu as pris cette décision. Mais ne viens pas me traiter de menteur ou d’égoïste quand tout ce que j’ai fait ces derniers mois a été d’être à tes côtés et de tout faire pour que tu puisses te soulager de tes problèmes. Il te suffisait de me parler Ziendra, mais tu as choisi de te fermer à moi. Je t’ai tendu la main, et toi tu as choisi de rester seule dans les ténèbres. »

Jin, emporté par ses émotions, se changea malgré lui en loup, et sous le coup de la colère, souleva le canapé pour l’envoyer s’écraser et se brise à l’autre bout de la pièce. C’est alors qu’il vit la bague qui avait roulé sous ce dernier. Il se pencha pour la ramasser et la contempla, ne retenant alors plus aucune émotion. Colère, tristesse, peur. Ces trois émotions explosèrent en lui et le poussèrent à parler, à lui aussi déballer tout ce qu’il avait.

« Comment peux-tu croire que je ne t’ai jamais fait confiance ? Que je n’ai pas vu tout ce que tu as fait pour moi ? À quel point tu as pu changé POUR moi ? Tout ce que tu as fait par amour pour moi, je l’ai vu ! Comment tu peux dire que tu n’es pas digne de moi alors que de nous, c’est toi qui a le plus changé ? Si l’un d’entre nous n’est pas digne de l’autre, c’est moi ! Je n’ai fait que vouloir te modeler pour adopter ma vision des choses ! J’ai rejeté en bloc ta perception du monde et j’ai tout fait pour que toi seule change ! Et pourtant, tu l’as fait, sans broncher ! Tu es beaucoup plus digne que ce que tu crois, Ziendra. »

Jin tomba à genoux, fixant toujours la bague dans le creux de sa main velue. Puis il ferma le poing et frappa le sol. Encore. Et encore. Il frappait de douleur, de désespoir, puis reprit de plus belle.

« Je n’ai jamais voulu partir. C’est ton silence qui ne m’ont laissé que cette option pour espérer une réaction de ta part. »

Il se leva alors, serra son poing avec la bague dedans, et avança vers la dragonne. Il prit alors son poing ensanglanté et l’enlaça dans ses pattes de loup. Jin se préparait mentalement à recevoir un violent coup de poing en plein visage, ou bien dans l’estomac. Ou pas. Il ne savait pas comment elle réagirait, et lui non plus ne savait pas comment il allait réagir. Tout était confus dans son esprit, ses émotions embrumaient ses pensées, et il n’arrivait plus à réfléchir.

« Mais peut-être que c’est de ma faut, après tout. Peut-être que c’est moi qui n’ait pas su trouver les mots justes. Tu avais raison au moins sur un point … Moi qui n’était pas là pour te protéger quand tu as failli te faire tuer, moi qui n’ait pas su tenir la promesse que je t’ai faite … Tu as raison. Je n’ai rien d’un héros. Je ne suis qu’un bouffon, un imposteur qui se voile la face derrière de grands idéaux creux. Je représente tout ce que tu as juré de combattre. »

Jin marqua une pause. Là, tout de suite, si elle décidait de reprendre ses idées de purge et de commencer par lui, il n’était même pas certain d’opposer la moindre résistance. Après tout, elle avait raison : il n’était en rien un héros. Un héros n’aurait pas baissé les bras comme il l’avait fait. Un héros aurait continué malgré tout à se battre. Il l’aurait retenue, il lui aurait parlé. Mais lui avait fini par laisser tomber, fatigué, brisé, exténué.

« Je ne suis pas un héros, je ne suis qu’un homme … Un homme qui s’est cru plus fort qu’il ne l’était. Mais à défaut d’être un héros, j’ai essayé de devenir le tien … Mais au final, j’ai échoué. Alors vas-y, fais moi ce que tu veux. Frappe-moi, insulte-moi, déteste moi. Je ne mérite plus ta confiance. Mais accorde moi une dernière faveur. Même si ça te prendra des années … Pardonne-moi. »

Musique d'ambiance:

La dragonne avait bien écouté, malgré ses tremblements de rages. Chaque mot, chaque phrase, chaque action. Analysé, remis en question, tournant dans son esprit ravagé. Pour le moment, elle laissait l'étreinte se faire, sans savoir que répondre, perdu dans ses pensées à nouveau.

Il était vrai qu'elle n'était pas du genre à s'ouvrir, dévoiler ses points faibles : elle haïssait plus que tout ce sentiment d'être inutile ou un poids. Mais le voir enfin réagir ralluma en elle une étincelle... Celle d'un petit espoir. Encore léger, car la colère troubler les choses, mais bien présent.

Ziendra soupira, repoussant doucement le loup et remettant une légère distance entre eux, cette fois-ci le regard déposé sur le côté, n'osant plus probablement lui faire face entièrement. Ses mains vinrent frotter son visage, et ses yeux, avant de se plonger dans ses poches.

“On a tous les deux besoins de repos. De réflexions.” Soupira t-elle finalement. “Pas que moi, mais toi aussi. Beaucoup de chose sont aller vite, et cela ne peut pas toujours bien finir. Il faut parfois faire le point, et revoir ses positions.”

La jeune femme se frotta la nuque, regardant vers le plafond, à nouveau perdu et en conflit avec elle-même. C'était trop difficile de réfléchir correctement dans de tel conditions, surtout imaginer devoir s'engueuler chaque jour en tentant de s'entre-aider ? Ce n'était pas possible. Il se fallait être réaliste : Chacuns avaient des doutes, et des choses à digérer. L'instabilité de leurs relations dû à sa naissance presque incroyable rendait les choses difficiles.

“Tu... n'es pas un mauvais héros... Juste parfois t'es con, et ça m'énerve... Tu fonces toujours tête baissé, comme dans les combats, et c'est très difficile de parler avec toi. Comme je l'ai dis, je t'admire. Tu es fort, résistant, et tu doutes moins : tu AS ta voie, ton chemin.” Sa main se déposa vers son coeur. “Moi, j'ai passé des années cachés, à lire et rassembler des informations, haïssant le monde un peu plus chaque jour, sans jamais avoir la force de quoique ce soit. Tu as été quelques choses que j'ai poursuivis, mais je ne peux pas t'atteindre, comme je le souhaiterai.”

S'approchant de lui, la jeune Dragonne lui prit la main, la caressant de ses pouces, les larmes coulant de nouveau le longs de ses joues.

“Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas ce que je veux. Et, malgré l'amour que j'ai, je sais que je dois m'exiler. Pour ton bien, et le miens. Aussi douloureux cela puisse être, je dois réfléchir, et faire de vrai choix. Je dois arrêter de me reposer sur toi. De te copier. Je dois me trouver, Jin, mais n'ayant aucune idée de ce que je serai, je ne veux juste pas ... te donner de faux espoir.” Elle soupira longuement. “Mon amour est réel, et je doute qu'il change qu'importe la situation... Mais j'ai besoin... J'ai besoin de ce temps. Accorde moi deux semaine, et je t'autoriserai à venir me chercher, avec qui tu veux si tu le souhaites.”

Elle se mit à genoux, pleurant et tremblant, serrant la main du loup de ses forces amoindris, dévoilant le côté anéantis de son esprit qui ne s'était jamais remus de son agression, semble t-il.

“Laisse moi me redécouvrir, savoir où aller, et peut-être... Peut-être serais-je prête à tout ! Et nous pourrons être heureux, quand je saurais comment être ! J'ai besoin... J'en ai plus que besoin ! Je n'ai jamais dis que je voulais te perdre sur ce trajet, mais je ne peux pas réfléchir si tu es là, je suis ... Dans le brouillard avec toi, car je n'arrive pas à réfléchir. Je t'en prie, laisse moi une chance de saisir qui je suis, attends moi, et viens me chercher le temps écouler !”

La Dragonne le suppliait...

[Musique d'ambiance]:

Si Ziendra semblait se sentir inutile, comme un boulet pour lui, Jin avait la même sensation. À la différence que lui, plutôt que de la ralentir et de l’empêcher d’avancer, il avait l’impression de l’avoir traînée de force sur un chemin qu’elle n’était finalement pas sûre de vouloir emprunter. Au final, le fait qu’elle veuille partir, il arrivait à le comprendre. Elle avait besoin de temps. Du temps pour remettre les choses en perspective. Que ce soit pour elle-même, pour leur avenir ou la voie qu’elle voulait emprunter. Ça, il le comprenait. Ce qu’il avait du mal à encaisser, c’est de réaliser que malgré tous ses efforts, elle n’avait pas besoin de lui pour ça. Bien au contraire, elle devait le faire seule. Et il ne lui en voulait pas, au fond. Il s’en voulait à lui de ne pas être capable de l’aider. Il s’en voulait de vouloir toujours tout faire pour elle, à sa place.

Quand elle vint prendre ses mains, sur lesquelles vinrent se déposer quelques larmes de la dragonne, Jin la regarda, toujours incapable de quitter son apparence de loup. Se recentrer, redéfinir qui elle était. Et ne pas lui donner de faux espoirs. Il la laissa finir son discours, se mettant à son niveau lorsque les jambes de la dragonne cédèrent et qu’elle se mit à pleurer à chaudes larmes. Elle le suppliait de la laisser partir. Elle l’implorait de tout son être.

« Ziendra … Quoi qu’il arrive, je t’aimerai toujours. Je comprends que tu veuilles partir. Alors … ». Sa gorge se serra un peu, mais il prit une grande inspiration, et alors qu’il parvenait à se calmer, il reprit peu à peu sa forme humaine. « Alors prends le temps qu’il te faut. Cherche tes réponses, et trouve-les. Mais ce ne sera pas moi qui viendrait te chercher. Si tu as vraiment besoin de te remettre en question, alors je ne viendrai pas à toi. Quand tu auras obtenu ce que tu cherchais, c’est toi qui viendra à moi. Et en attendant … » Jin déposa alors la bague dans la main de Ziendra, retenant tant bien que mal ses larmes, sa voix tremblant un peu plus à chaque mot. « Garde ça avec toi. Garde là de côté, et le jour où on se reverra, je saurai. Simplement avec cette bague, je saurai. Maintenant … va. Je ne vais pas te retenir plus longtemps. »

Jin l’embrassa alors une dernière fois, l’enlaçant des ses bras, avant de l’aider à se relever, puis se dirigea vers la porte, ramassant son sac au passage. Il s’arrêta alors dans l’encadrement, dos à Ziendra, et resta immobile un moment, regardant ce couloir qui avait aujourd’hui l’air totalement différent. Puis il se retourna vers la dragonne.

« Je ne resterai pas ici. Je vais rentrer vivre un peu chez ma mère, et je chercherai un nouveau travail. Mais sache une chose : peu importe le temps que ça te prendra, je t’attendrai. Et si tu en ressens le besoin, tu peux m’appeler. Je serai toujours là pour toi. Car c’est la promesse que je t’ai faite : on affrontera tous les obstacles sur notre route ensemble. Au revoir, Ziendra. »

Jin fit alors le premier pas en dehors de l’appartement, qui symboliquement était très dur. Il laissait la dragonne derrière lui, et il n’avait alors aucune garantie de la retrouver un jour, ni dans quel état. Peut-être était-ce la dernière fois qu’ils se parlaient, peut-être que la prochaine fois, ils seraient ennemis. Seul l’avenir lui donnera ces réponses, mais il savait une chose : il devait attendre. Le temps qu’il faudra. Et même s’il avait voulu paraître fort devant la dragonne, au final, son coeur était en miettes. Cette séparation lui faisait atrocement mal. Et même s’il savait qu’elle était inévitable et sans doute la meilleure chose à faire, il avait quand même mal.

Alors qu’il n’avait fait qu’un pas, il se retourna une dernière fois pour plonger son regard dans les yeux d’ambre de la dragonne, lui souriant mélancoliquement et lui disant, peut-être pour la dernière fois : « Je t’aime. »

Un échange, un dernier, suivit simplement du geste de se relever, tous deux. Alors qu'elle n'avait plus de mots, juste de légers tremblement, elle le fixa faire et parler. Le regardant s'approcher de la porte de sortie lentement mais sûrement, avec ses affaires, assurant qu'il n'interviendrait pas.

Les yeux de la Dragonne vinrent se poser sur la bague dans le creux de sa main, qu'elle rangea lentement dans sa poche avant de frotter son regard d'ambre et de fixer une dernière fois Jin qui partit sous des derniers mots doux, et la porte se referma.

Comme à son souhait, elle était seule maintenant, dans un appartement un peu délabrée par la dispute, mais dans lequelle de toute façon elle ne comptait pas rester.
Le plus dur avait été fait, le plus gros morceau. Mais la Rouge n'avait pas pensé que cela serait aussi... Difficile. Mais ainsi les choses devaient se dérouler. Pour que maintenant, elle puisse avancer en étant sûre de ses propres pensées.

Sa queue frottait le sol, avant qu'elle ne fasse quelques pas dans cette demeurre qu'elle allait abandonné. Faisant le tour de ses papiers, de ses dossiers et photos, de ses recherches. Ses affaires ? Ziendra n'en avait que faire, mais elle ne pouvait laisser pourrir ses années de travails toutefois. Sortant une malette solide, elle y fourra le plus important.

Saissisant l'un des dossiers, elle prit place sur son lit, le relisant, pour s'imprégner de ce qu'elle fut, et chasser la tristesse. Cela prit plusieurs longues heures, où notre dragonne, refaisait le tour de ses enquêtes avec un regard de plus en plus froid.
Son regard abandonné sa douleur, la remplaçant par cette aveugle colère et haine de la société qu'elle avait besoin pour se bouger. Reprendre la réalité en face, sa faiblesse, et l'hérésie dans les héros.

Après ces longs instants, elle se releva, se fixant dans une glace un instant. Caressant sa corne brisé un instant, lui rappelant ce qu'elle était et ses échecs. Dans un élan de rage supplémentaire, la jeune femme attrapa sa corne valide dans la gueule de dragon qui avait remplacé son poing... Et sous la puissance, la folie, la brisa à son tour.
Un hurlement, une respiration halétante, et un regard vers le miroir. Voilà qui lui ressemblait déjà plus : une lamentable dragonne sans corne.

Puis, pour finir, elle éclata le miroir au sol pour reprendre son calme. Cette journée était la plus difficile, il fallait avaler rapidement les pilules, avançaient, sans cesse. Pas le temps encore à une entière réflexion : pas temps qu'elle sera pas loin d'ici et de ce qu'elle fut.

Ziendra se changea, reprenant des vêtements frais, quelques peu différents, avant d'attraper sa mallette. Maintenant, il était l'heure de chasser, comme avant, pour apaiser les nerfs brûlants de cette dernière, et ainsi ouvrir un véritable chemin d'apaisement et de réflexion.
Notre Dragonne se refusa de prendre la porte, sortant par la fenêtre initialement brisée, avec agilité et force.