Pour une fois, je n’avais pas été en retard ce matin. Ni même absente. Un véritable exploit aux yeux de mes camarades de classe et de mes professeurs. Sans doute devaient-ils penser que ça y est, j’avais décidé de me « reprendre en main », de devenir enfin une élève assidue et studieuse, qui respectait le règlement et les horaires imposées par mon emploi du temps. D’un côté, je ne pouvais pas trop leur en vouloir de penser comme ça, parce que de leur point de vue, c’était sans doute l’impression que je leur donnais. Mais d’un autre côté, savoir qu’ils devaient très probablement tous penser comme ça, profs comme élèves, ça me mettait un peu en rogne.
Je m’étais bien gardée de parler des problèmes que j’avais dans ma vie privée. Après tout, on en a tous, et ado ou pas, j’en aurai toujours des problèmes personnels. Si j’étais pas fichue de gérer mes études en même temps, est-ce que ça valait vraiment le coup que je bosse pour une agence de héros ? Bon, c’est vrai que dit comme ça, c’était un peu stupide comme réflexion … Mais bon merde, j’ai que 18 ans, je suis encore qu’une gamine. C’est pas comme si c’était facile de parler de mes problèmes aux autres … Et puis c’était la faute à mon père aussi, cet adorable imbécile qui m’avait faite aussi têtue et bornée que lui, à jamais vouloir baisser les bras et à avoir tellement d’orgueil que je mettais un point d’honneur à tout réussir par moi-même.
Enfin, tout ça pour revenir à la raison qui faisait que je n’étais pas en retard aujourd’hui. Non, si j’étais à l’heure c’est parce qu’à la place de ma première heure de cours, j’avais été convoquée dans le bureau d’un de mes professeurs. Autant dire que la journée commençait bien. Et sans surprise, je me pris une belle gueulante. Enfin, gueulante, le mot est un peu fort, mais l’esprit y est. Sans rentrer dans les détails, tout ce qu’il s’était contenté de me rabâcher pendant la grosse demi-heure qui constitua une sorte de procès envers moi-même, c’était que mon attitude désinvolte, mes absences répétées et mes résultats qui dégringolaient en flèche n’étaient pas admissible pour une étudiante d’une académie aussi prestigieuse que UA. Et bla bla bla, et bla bla bla … à part acquiescer en hochant la tête et en lâchant régulièrement des « oui monsieur » d’une toute petite voix.
Au bout du compte, il me libéra et me somma de retourner en cours au plus vite. C’est sans doute ce que j’aurais dû faire, oui. Vu le savon que je venais de me prendre, j’avais tout intérêt à filer droit et ne plus faire le moindre faux pas, mais dans l’immédiat, je ne pouvais tout simplement pas m’y résoudre. Non je pouvais pas retourner en classe dans mon état, et montrer à tout le monde qu’en fait, on pouvait m’atteindre, me faire du mal, alors que je m’efforçais depuis mes débuts à UA de paraître comme celle qui était forte, le roc qui ne se brisait pas, l’arbre que nul vent ne pouvait faire ployer, celle sur qui on pouvait compter.
Je passai alors aux toilettes pour m’asperger un peu d’eau sur le visage. En arrivant ainsi devant le miroir qui surplombait le lavabo, je pouvais contempler ce visage déformé par les larmes que seuls mes parents avaient pu voir. Ne pouvant pas supporter la vue d’une telle faiblesse de ma part, je pris mon sac que je jetai contre le mur, poussant un cri de colère avant d’essuyer mes yeux d’un revers de la manche. Contemplant mes affaires éparpillées autour de mon sac ouvert, gisant au sol, je sanglotai encore quelques instants avant de prendre une grande inspiration et de tout ramasser. Je rangeai alors l’ensemble de mes affaires dans mon sac avant d’aller mouiller un peu mon visage avec de l’eau fraîche, puis je pris la direction de la porte, décidée à attendre la fin de la première heure de cours dans le parc.
« Ouais, pas question que je retourne en cours maintenant. J’ai besoin de prendre un peu l’air. »
Ni une ni deux, je me dirigeai alors vers l’extérieur. Il faisait beau, ce jour là, alors autant en profiter un peu. Une fois dans le parc, je me trouvai un banc sur lequel m’installer, et je penchai alors la tête en arrière, observant le ciel d’un bleu immaculé, les bras étendus sur le dossier, perdues dans mes pensées. Je savais pas trop quoi faire. Certes, je devais réussir mes études, pour ensuite me faire engager dans une agence de super héros, et gagner ma vie, être capable de me débrouiller toute seule … Mais surtout, avoir accès à du matos de pure folie, des technologies de pointes et ainsi pouvoir réaliser mon rêve : participer aux activités des héros et aider à sauver des vies. Et puis, par la même occasion, je pourrai aussi aider mon père avec son bras. Lui fabriquer ce gadget, cette prothèse qui le soulagerait définitivement de la douleur et qui lui rendrait l’usage de son bras.
« Papa … Je sais que tu baisserais pas les bras … mais sincèrement … Comment je peux faire pour tenir le coup ? »
Je réfléchissais à cette question pour le moins cruciale, cherchant des solutions pour allier mon emploi du temps et mes désirs de solidarité. Parce qu’il était évident que je ne pouvais tout simplement pas laisser tomber mes travaux de recherches pour mon père, je me devais de trouver un moyen de concilier mes projets personnels avec mes études … Je pensais alors à Hanami. Peut-être qu’elle pourrait m’aider, me conseiller ? Oh mais reprends toi, Hitomi, c’est toi qui lui offre ton épaule pour pleurer d’habitude, c’est toi la grande sœur, bon sang ! Non, non et non. Elle avait déjà assez à faire et à gérer comme ça avec ce fichu tournoi. D’ailleurs, je devais encore travailler sur des gadgets pour l’aider à mieux tirer parti de son alter … Autrement dis, j’avais encore aujourd’hui de l’eau dans un verre déjà plein en essayant désespérément de l’empêcher de déborder.
« RAAAAH HITOMI ! T’es vraiment qu’une pauvre cruche ! » hurlai-je alors à voix haute, pensant être seule dans le parc à cette heure-ci.
Pourvu que j’avais raison et que personne ne m’avait vue ou entendu dans cet état …
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Première journée que je mettais l'uniforme de cette école de renommée. Ma foi, cela manquait de couleur à comparer de mes habits que je portais de coutume et sur le coup je trouvais la jupe un peu courte, mais c'était sans doute juste une mauvaise perception de ma part.ne voulant pas être en retard pour mon premier cours de la journée, je m'étais réveillée d'avance afin de pouvoir trouver le local du cours et explorer davantage l'école. Oui je l'avais déjà visitée auparavant par curiosité. Cependant, je le voyais aujourd'hui sous un autre angle. J'étais à présent une étudiante de cette école et une partie de moi voulait faire une bonne impression dès son arrivée ou du moins je ne voulais pas trop partir mes études du mauvais pied avec les autres étudiants de ma classe.
Je me promenais dans les couloirs de l'école en observant les kanjis qui indiquaient les classes une par une. Certes, je me débrouillais mais je m'étais sans doute pas trouvée dans la bonne section de l'école. Du moins j'avais cette impression ou se doute qui prenait de plus en plus le dessus. J'allais rebrousser chemin lorsque j'entendais non loin dans l'un des locaux ce qui semblait être une dispute. Aie, de ce que je pouvais entendre, l'étudiante était dans une situation délicate. Ne voulant pas en entendre plus et ne voulant pas non plus être en retard à mon cours, je tournais donc les talons pour enfin trouver mon local.
Premier cours de management à U.A se passait bien. Je prenais le temps de me présenter devant le groupe. J'avais eu des réactions variées sans doute par mon accent qui me trahissait ou encore à ma couleur de peau, mais je me contentais de sourire et de prendre place à mon pupitre. Le premier cours allait se faire à l'extérieur du local en faite. Ce qui était ma foi une bonne idée vu que la température était parfaite et qu'il faisait beau dehors. Notre professeur nous demandait de se rendre au parc avec un carnet de dessin. Sans demander, tous les élèves et moi-même prenaient notre cahier pour suivre notre enseignant qui nous expliquait avant d'entrer dans le parc que nous aurions un trente minutes pour mettre en valeur un objet ou de quoi qui se trouverait dans le parc au moment où l'on y mettrait les pied.
Comment commencer son entrée en douceur. Tout le monde partait à la course une fois que le professeur avait fini d'expliquer. Les gens étaient tous partis chacun de leur bord alors même si quelqu'un se trouvait déjà dans le parc, celui-ci ou celle-ci pourrait à peine entendre les bruits de pas des étudiants qui venaient d'entrer dans le parc. Je marchais lentement avec mon carnet contre moi. Je ne voulais pas l'échapper et je ne voulais pas non plus prendre la première chose que j'allais trouver. Je marchais donc un peu plus loin dans le parc pour apercevoir une fille.
Je gardais mes distances vu qu'elle semblait être dans une bulle ou plus tôt que sa carapace était sur le point de s'ouvrir pour montrer un grand moment de faiblesse. Alors qu'elle se criait a elle-même, j'avais décidée d'ouvrir mon carnet et de gribouiller ce moment. Un moment où une personne était si vulnérable. Cela allait être plus original qu'une fleur pas vrai ?
J’avais le regard perdu dans le vide. Je contemplais le ciel, observant quelques oisillons voleter dans les airs. Sans doute leurs premier battements d’ailes hors du nid. En les regardant virevolter dans les airs, librement, je les enviais un peu. Ils étaient libres sur tous les points. Pas de devoirs à rendre, pas de responsabilités, pas de pression quant à leur avenir … Non ils pouvaient juste se contenter de voler, ça et là, librement, sans penser au lendemain. Ah comme je les enviais, parfois. Moi aussi des fois, j’aurais voulu me sentir aussi libre que ces petits oiseaux. M’envoler loin, dans le ciel, sentir le vent balayer caresser mon visage et balayer au loin tous mes soucis, ne serait-ce qu’un court instant.
Pendant mes rêveries, je n’avais pas remarqué l’arrivée de toute une classe d’élèves dans le parc. En revenant les pieds sur terre et le cul sur mon banc, je les observais l’air intriguée. Vu leur dégaine, ils n’étaient clairement pas en filière héroïque. Et puis leur carnets de dessins … Non ça ne pouvait pas être des étudiants en filière support, même de deuxième ou première année. Ils avaient clairement tout l’attirail pour faire des croquis artistiques, pas des plans brouillons de machines à fabriquer. Et puis, qu’est-ce qu’une classe de support viendrait faire comme cours dans un parc ? d’accord, il faisait beau, mais l’intérêt était quand même absent.
Je les observai avec leur professeur. Ils devaient sans doute trouver un truc sympa à dessiner sur leur feuille. Le mettre en valeur, en tirer le meilleur parti … C’était leur boulot après tout, en filière management. Ils devaient vendre l’image des héros. C’était aussi grâce à eux qu’une agence gagnait en popularité. Une bonne campagne de pub, une bonne communication avec le public, ça pouvait aider à donner une bonne image des héros et de leur agence. Bref, c’était un peu un boulot de strass et de paillettes mais bon … Il fallait de tout pour faire un monde, non ?
Baladant mon regard de gauche à droit, je remarquai alors une jeune fille un peu à l’écart du groupe, tout aussi affairée que les autres sur son carnet. Ses yeux émeraudes étaient envoûtants et captèrent un moment toute mon attention. J’observai alors les traits de son visage. Elle n’était clairement pas japonaise, ou du moins pas de naissance. Elle avait des traits bien trop différents de la plupart des élèves. Elle était là pour le tournoi ? Possible. Ou bien elle avait décidé de se faire transférer ? Bizarre vu qu’on était quand même pas si loin que ça de la fin de l’année scolaire.
« Chouette … comme si j’avais besoin de me le rappeler. Mais quelle conne, c’est pas vrai … »
Je me mis un coup sur la tête, pestant contre moi-même. Après tout, j’étais la seule à qui je pouvais en vouloir. C’était moi qui n’était pas capable de gérer ma vie privée et mes études. C’était moi qui passait des nuits blanches à travailler sur des dizaines de prototypes de prothèses et autres objets en tout genre pour aider mon père. C’était moi qui me rajoutait du boulot en proposant à Hanami de lui construire des gadgets pour l’aider à mieux utiliser son alter. Me prenant la tête dans les mains, je fixai le sol en y laissant couler quelques larmes. Et alors que je jetai un rapide coup d’oeil vers la fille aux yeux verts, je sursautai en la voyant me fixer.
Ni une ni deux, je me redressai, me mettant assise bien droitement sur le banc et fixant le vide, droit devant moi. Je sentais quelques gouttes de sueur perler sur mes temps, tandis que mon coeur commençait à tambouriner dans ma poitrine. Bon sang, non, elle m’avait vu dans cet état ? Et merde, moi qui ne supportait pas qu’on puisse voir sous ma carapace …
Je jetai un rapide coup d’oeil en coin vers elle, pour la voir toujours affairée à dessiner. C’est sûr, son sujet de croquis, c’était moi. Elle allait me dessiner en train de pleurer et de me morfondre, et le montrer à toute sa classe. Punaise, tout le monde allait sans doute me prendre pour une pauvre guimauve, une faiblarde. C’est vrai qu’en temps normal, je me moquais pas mal du regard des autres, mais principalement parce que tous pensaient que j’étais une montagne de joie inébranlable. Je faisais d’ailleurs tout pour le laisser paraître. Il était hors de question pour moi d’être celle qui avait besoin d’aide. J’avais beaucoup trop d’orgueil pour ça. Mais si cette fille rendait son dessin, tout ça risquait de voler en éclats. Je me levai donc du banc, avançant lentement vers elle avant d’engager la conversation.
« Euh … Salut ! Moi c’est Hitomi. Il … il fait beau aujourd’hui non ? Haha ! »
Bravo Hitomi. Bien joué. On dirait une gamine qui parle à son crush. Super je dois sans doute passer pour une imbécile de première de cette façon. Bon, allez, inutile de prendre des gants, soyons directe.
« J’ai pas pu m’empêcher que tu m’observais tout en griffonnant ton carnet … Tu ferais pas un dessin de moi par hasard … ? »
Bon, quand je me disais ne pas prendre de gants, j’allais pas non plus la menacer. Elle avait pas l’air non plus méchante, et elle avait sans doute simplement voulu trouver un truc à dessiner un peu plus original d’un arbre ou un par-terre de fleurs … Mais j’avais pas non plus envie qu’on puisse exhiber au grand jour la facette la plus fragile et secrète de ma personnalité. Alors il fallait que je lui demande ce qu’elle comptait faire de son dessin une fois terminé.
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Je me concentrais sur le dessin. Je voulais m'assurer d'avoir captée l'essence ou l'énergie qui émanait de la fille. J'effaçais un peu la ligne de base qui m'avais servit pour faire la tête et j'allais enlever les autres lignes de base avant de finaliser le tout. J'étais assez contente du résultat. Certes, ce n'était qu'un brouillon mais je croyais avoir bien démontrée dans ce croquis le ressentiment de colère que la demoiselle avait criée tout à l'heure ainsi que le moment de vulnérabilité avec les larmes qui perlaient sur le bord des yeux. J'étais tellement fière qu'un grand sourire pouvait apparaître sur mon visage.
C'était seulement après avoir bien travaillée sur le croquis que je m'étais rendu compte d'une chose. La blonde m'avait remarquée. Est-ce qu'elle le savait que c'était elle le sujet de mon dessin ? Celle-ci se levait de son banc pour venir me rejoindre lentement pour débuter une conversation. La discussion débutait avec Hitomi qui se présentait et qui parlait de la météo. Cela se voyait que la situation était délicate pour elle. Je gardais toujours un joli sourire alors qu'elle finissait par me demander directement si j'avais fais un dessin de sa personne.
Alors elle l'avait remarquée. Pas que je ne voudrais pas que cela soit le cas. Au contraire, cela permet de parler avec elle plus facilement sur le sujet. Cela aurait été étrange de lui demander à la toute fois si cela était correcte avec elle. Puis, je n'avais pas l'intention de lui mentir non plus sur le sujet.
Enchanté Hitomi. Je me présente , je m'appelle Astrid et oui j'étais entrain de te dessiner. Je voulais capter quelque chose d'unique et aussi mettre le tout en valeur. J'espère que tu ne m'en veux pas trop.
Alors que je riais légèrement de nervosité. Je ne savais pas trop comment Hitomi allait réagir à tout cela. Je lui tendais alors mon croquis pour qu'elle puisse le voir. Qu'elle puisse s'auto-analyser d'une certaine sorte.
En temps normal, j’aurais sans doute été beaucoup plus virulente dans mes propos, mais le contexte et la façon dont cette fille m’avait répondu m’avait fait me retenir. Elle semblait un peu nerveuse, sans parler de son accent étranger assez prononcé, bien que son japonais était vraiment très bon. Je la regardait rire avec un peu de gêne tandis qu’elle me tendait le portrait qu’elle avait fait de moi, et le moins que je pouvais dire, c’était que j’étais sans voix. C’était bien simple, on aurait presque pu croire à une photographe tant le soucis du détail était poussé loin. Sans parlé de l’émotion qui s’en dégageait … Une émotion forte qui ne manquait pas de me rappeler mon état et de me mettre un peu mal à l’aise.
« Je … Non je t’en veux pas, t’en fais pas … ton dessin est vraiment superbe … C’est juste que … »
Demandant poliment, je m’assis à côté d’elle sur le banc, arrangeant mes cheveux plus par nervosité que par coquetterie, ce dernier trait ne faisant clairement pas partie de mon caractère. Je la regardai successivement elle et son croquis, me demandant bien pourquoi il avait fallu que ça tombe aujourd’hui, et sur moi.
« Je … ça te dérangerait de pas le montrer à tout le monde ton croquis ? J’ai pas trop envie d’être exposée … surtout … surtout dans cet état … »
Je baissai honteusement la tête, mon orgueil étant touché de plein fouet. J’avais tellement de fierté, tellement ce besoin de paraître comme un roc, un solide rocher indestructible. Oui, je me moquais du regard des autres, tant que je pouvais leur faire voir que j’étais parfaitement inébranlable. On pouvait se moquer de moi, me dire que j’étais hideuse, que ma stature était anormale pour une femme, je m’en fichais totalement, du moment qu’ils me voyaient comme quelqu’un d’intouchable. « Peu importe que le vent souffle, la montagne jamais ne ploie devant lui. » C’était ce petit proverbe complètement cliché qui me définissait pourtant si bien. Alors l’idée que cette facette plus fragile de moi soit exposée aux yeux de tous, ça me terrifiait.
« Tu vois … en temps normal, c’est moi qui réconforte les autres quand ils font cette tête … Je suis l’épaule sur laquelle tu peux venir pleurer, je suis le roc inébranlable qui ne cède jamais et qui sera toujours la pour te soutenir … Alors … J’ai ma petite fierté et j’ai pas envie qu’on puisse voir cet aspect plus fragile de moi … Tu comprends … ? Je sais que ça risque de t’embêter pour ton cours, mais si tout pouvais garder ce dessin pour toi … ça m’arrangerait beaucoup … »
Tch. Si j’avais pu me voir de l’extérieur, je pense que je me serai trouvée bien pathétique. Me voilà qui était limite en train de la supplier de ne pas exhiber ma face la plus cachée à tout le monde comme une gamine qui suppliait son père de ne pas la gronder. Ridicule … Et pourtant, je ne pouvais pas m’en empêcher. La simple idée que quelqu’un puisse me voir comme ça … C’était déjà assez gênant et difficile de se dire qu’Astrid m’avait vu sous un jour peu glorieux. Même Hanami ne m’avait jamais vu dans cet état. D’ailleurs, j’avais toujours pris soin de lui cacher mes problèmes personnels et ne lui avait jamais parlé de la situation de mon père ou de mes notes qui chutaient un peu plus chaque semaine … Non, elle avait déjà assez à penser avec le tournoi pour que je vienne l’embêter avec mes problèmes personnels … Et puis c’était mon rôle d’aider les autres, bon sang !
Je regardai alors Astrid en souriant, essuyant les quelques larmes qui perlaient encore au bord de mes paupières. Elle avait un beau visage, qui transmettait une tendresse naturelle. Ses yeux verts comme deux émeraudes étaient presque hypnotisant tant il était peu commun d’en voir de la sorte. Elle avait vraiment l’air sympathique et je me doutais qu’elle n’avait pas la moindre mauvaise intention …
« Pardon de te dire ça comme ça mais … J’ai pas pu m’empêcher de remarquer ton accent – même si ton japonais est vraiment excellent, attention hein ! - mais du coup … Tu viens d’où ? Au vu de ton accent, je serais tentée de dire que tu viens des États-Unis, je me trompe ? Tu es là pour le tournoi international du coup ? »
Allons bon. Quitte à blablater avec elle, autant essayer d’en apprendre un peu plus sur elle. Qui sait, peut-être que je pourrais me faire une nouvelle amie. Ça en fera toujours une de plus avec Hanami, ce qui fera passer la liste de mes amis au nombre incroyable de … deux.
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Je n'allais pas quatre chemins puis cela aurait servis à quoi de mentir ou de tourner autour du pot ? Sans doute des ennuis, mais là en prenant le temps de lui dire ce que je faisais et en prenant le temps de montrer mon croquis, celle-ci semblait se retenir. Juste par cette simple observation, je pouvais deviner qu'en général elle était peut-être moins douce.
J'étais soulagée d'entendre que la blondinette qu'elle ne m'en voulait pas et qu'elle trouvait mon travail superbe. Seulement, elle cessa de parler pour s'installer sur le banc non loin de nous pour se replacer les cheveux et sûrement se mettre à l'aise avant de reprendre cette conversation qui n'était pas aisé pour Hitomi.
Je restais un moment debout. J'étais plus à l'écoute de ce qu'elle m'exprimait. Elle me demandait si je pouvais ne pas dévoiler mon dessin à tout le monde. C'était quand sa tête se baissait de honte que je prenais le temps de m'assoir à ses côtés et de déposer délicatement ma main droite sur son épaule la plus proche.
En temps normal, c'était elle qui remontait le moral des autres et malgré son état, celle-ci s'inquiétait pour mon cours. Je trouvais ça tout simplement adorable et cela devait paraître sur mon visage. Le fait d'avoir vidé son sac semblait aider Hitomi à aller mieux. Au point où elle changeait carrément de sujet pour parler de mon accent et de deviner que je venais des États-Unis. Ça se voyait tant que ça ? Mais bon avant de répondre à tout cela, j'ouvrais mon cahier de dessin pour me rendre à la fameuse page dont elle ne voulait pas que personne ne le voit. Je mettais mes mains sur le bord de la feuille et commençait à le retirer pour lui tendre.
Tiens je te le donne. Et ne t'en fais pas pour mon cours, je trouverai bien d'autre chose.
Tout en gardant le sourire sur mes lèvres.
Pour répondre à tes questions. Oui je viens des États-Unis et je venais pour le tournoi puis voir si le Japon pourrait être un meilleur endroit pour m'épanouir en tant qu'étudiante en management.
Je devais faire peine à voir. Et bon sang, qu’est-ce que j’avais horreur qu’on me voit dans une position de faiblesse ! J’étais le pilier soutenant les autres, le mur porteur, celle sur qui on peut toujours compter ! Si je vacillais, si je cédais … tout le reste suivrait. Tout s’écroulerait ! Je ne pouvais pas me permettre d’avoir ainsi des instants de faiblesse. J’avais le regard baissé, honteux de me dévoiler ainsi, comme une fleur fragile, moi qui m’était toujours vu comme un chêne robuste, certes portant les stigmates des morsures du vent de la vie, mais toujours debout, qui ne fléchissait jamais. Et alors, je sentis sa main sur mon épaule. Son geste était d’une grande douceur, tout comme son expression. Elle avait quelque chose d’apaisant, de rassurant. Elle me faisait un peu penser à ma mère, quand elle me rassurait plus petit après que j’avais fait un cauchemar.
Puis elle détacha délicatement le dessin de son carnet avant de me le tendre, précisant qu’elle se débrouillerait pour trouver un autre sujet à dessiner pour son cours. Je pris alors le dessin entre mes mains, l’observant longuement. J’analysais les moindres détails, chaque coup de crayon, chaque trait, chaque trace de gommage … Elle était vraiment douée. J’avais presque l’impression qu’elle venait de me tendre un miroir. Un miroir qui me confrontait à ce que je ne voulais pas voir, à ce que je cachais habituellement au plus profond de moi-même.
Pendant que je continuai de me plonger dans mon propre regard, je l’écoutai également répondre à mes questions. Elle était donc bien américaine, comme je l’avais supposé. Et elle était là à l’occasion du tournoi. Encore une fois, bien vu, Hitomi, même si pour le coup, c’était pas non plus le truc le plus difficile à deviner.
« Pourquoi tu voudrais vivre ailleurs ? Il s’est passé un truc chez toi pour que tu veuilles partir ? Et puis … le Japon, c’était juste le hasard du tournoi où c’était réfléchit ? Parce que personnellement, si j’avais pas ma famille et mes amis ici, je pense que j’irais volontiers voir ailleurs comme le monde tourne. »
Je gardais le dessin posé sur mes jambes tandis que je m’étirais, tendant les bras en l’air derrière ma tête et attendant la réponse de mon interlocutrice.
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Alors que je venais de m'installer à ses côtés, je prenais le temps de retirer le dessin que je venais de faire de sa personne et de lui tendre. Je ne voulais pas la mettre dans une situation plus catastrophique ce qu'elle pouvait être. Puis ce n'était qu'un simple cours comme les autres. J'allais me trouver autre chose et rapidement. Me connaissant, même si je le fais au dernier moment ce dessin, je risque d'en faire un résultat remarquable. Pas que je sois une véritable artiste. Disons que j'avais confiance en mes talents de management et le dessin ou la récolte d'information pour la conception d'un projet pouvait en faire partie.
Je prenais donc le temps de répondre à ses questions qu'elle me posait avant ça. Ce qui concernait mon origine ainsi que ma raison de ma venue ici au Japon. Je gardais toujours ce léger sourire aux lèvres alors qu'Hitomi continuait de me parler avec la tête baissée et le dessin dans les mains. Quand elle me demandait le pourquoi je voudrais vire ailleurs ... et qu'elle creusait dans mon passé que j'avais mis une certaine carapace pour ne plus y avoir accès. Ma main qui se trouvait sur son épaule s'enlevait lentement et je restais silencieuse. Ma main qui était délicate il y a peu se serrait. Pas de façon agressive mais plus tôt comme la continuité du mouvement. Mouvement qui pouvait démontrer ma fermeture à ce niveau. Mais, je me secouais rapidement la tête pour montrer de nouveau un sourire. Certes, sans doute moins prononcé que le précédent. Mais, il était présent.
Est-ce que je devrais tout balancer à une simple inconnue ? Je n'y arrivais juste pas. Juste à l'idée de devoir en parler. Ma gorge se nouait presque d'elle même. Je prenais une grande respiration avant de tenter une réponse à celle qui venait de finir de s'étirer.
On peut dire ça comme cela. Le tournoi était pour moi une occasion rêvée. Une possibilité pour moi de réellement briller dans mon futur métier de manageuse pour un étudiant ou une étudiante. Tu comprends ?
Suite à ma question, je remarquai qu’Astrid avait lentement retirer sa main de mon épaule et commençait à légèrement se crisper. Son expression avait aussi changé. Pendant un instant, elle avait perdu son sourire, et même s’il était revenu peu de temps après, j’avais l’impression qu’il était différent, comme en demi-teinte. Je compris alors que j’avais sans doute poser une question un peu trop personnelle, et qu’elle ne souhaitait pas y répondre pour une raison précise. Ne la connaissant que depuis très peu, je n’étais donc pas en droit d’insister sur le sujet. Elle avait néanmoins prit la peine de me répondre, au moins en partie. Si elle avait éludé la première partie de ma question, ce qui tendait à confirmer qu’il s’était effectivement passé quelque chose chez elle pour la pousser à changer d’environnement, elle avait toutefois confirmé que sa présence était en lien avec le tournoi.
« C’est vrai que c’est pas un évènement qui a lieu tous les ans, un tel tournoi, alors j’imagine que c’est une occasion à ne pas manquer. Et du coup, tu penses quoi du Japon jusque là ? J’imagine que tu as quand même pu faire un peu de tourisme, non ? »
Allez, Hitomi, change de sujet. Oriente la conversation sur des banalités, sur sa vie au Japon. Habile, ma vieille. Bien joué. Inutile de creuser davantage dans un passé qu’elle semblait clairement décidée à garder pour elle. Au vu de sa réaction, il était clair qu’il s’agissait là de quelque chose d’important, et qu’elle ne pourrait en parler qu’avec une personne digne de confiance, une véritable amie. Ce que je n’étais clairement pas, évidemment. Cela dit, plus la discussion passait, plus j’oubliais l’état dans lequel je me trouvais il y a encore quelques minutes, et les raisons qui m’avaient amenée ici. Je regardai alors le croquis qu’elle m’avait donné, toujours dans mes mains, scrutant cette Hitomi que peu de personnes avaient eu la chance de voir. Astrid faisait donc partie des privilégiés. Puis je repensai à ma question, ou plutôt ma supplication. Tout en observant ce visage triste qui avait prit vit sous les coups de crayon, je me disais « Au final … Je m’en balance. »
Je tendis alors le croquis à Astrid, lui souriant amicalement.
« Tiens, finalement, garde-le. C’est un super dessin, et tu as beaucoup de talent, ce serait dommage de ne pas en profiter pour rafler une bonne note à ton exercice, tu ne crois pas ? »
Ouais, au final, je m’en balançais pas mal du regard des autres. Peu importe qu’ils me voient dans un moment de faiblesse, à moi de l’assumer et de le revendiquer. De cette façon, on ne pourra jamais s’en servir contre moi.
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Je retrouvais le sourire même si cela était moins véritable que le précédent, je prenais quand même la peine de répondre un tant soit peu à Hitomi. Sans ce tournoi , je serais encore là-bas ou pire ... je me secouais rapidement la tête pour ne pas penser à ce genre de chose qui pouvait rapidement chavirer dans le négatif pour entendre ce que cette étudiante me disait. En effet, le tournoi n'était pas de quoi de courant enfin pas un tournoi de cet ampleur alors , je devais en saisir l'occasion pour me faire valoir en tant que management. Mon plan avait commencé. Il fallait juste que je reste contrée et que je donne mon maximum pour la suite des choses.
Elle parlait la suite du côté plus touristique du Japin. Est-ce que j'avais eu le temps de visiter un peu le coin ? Hum, avec les études, ce n'était pas évident de faire du tourisme. Mais avant mon inscription, j'avais eu l'occasion de visiter un lieu.
J'ai été dans un bar une fois, sinon. Je dois avouer que je suis à fond dans mes études alors le tourisme prend un peu le bord.
Je rigolais un peu alors que je détournais mon regard. Qu'est-ce que je pourrais bien dessiner pour mon cours ? J'ouvrais donc mon cahier pour commencer à gribouiller quelque chose quand je voyais soudain, le dessin ? Je me retournais donc pour remarquer qu'elle me le rendait au bout du compte. Elle avait changé d'avis sur le sujet ? Je souriais de nouveau alors que je prenais le dessin tout en écoutant ce qu'elle me disait.
et bien. Merci c'est gentil.
Je prenais le temps de ranger mon dessin dans le cahier pour être certaine de ne pas le perdre quand j'allais devoir revenir à l'école avec le groupe.
Tu es étudiante à U.A aussi ?
On avait parlé pas mal de moi, il serait peut-être temps d'en apprendre plus sur elle non ?
J’avais vraiment la désagréable sensation d’avoir fait une boulette au vu de sa réaction. Je commençai peu à peu à enfouir profondément en moi mes soucis et les raisons qui m’avaient mises dans cet état peu de temps auparavant pour redevenir la Hitomi que tout le monde connaissait : celle qui s’occupait toujours des autres et jamais d’elle-même. L’altruisme à l’état pur, me diriez-vous ? Il y avait un peu de ça, mais c’était surtout de la couardise vis à vis de mes propres problèmes. J’étais tout simplement incapable de faire face de front à mes propres démons.
J’observai alors la jeune femme qui me souriait. Elle semblait peu à peu retrouver son air doux et rassurant. La sincérité revenait peu à peu dans son regard, et elle me posa d’ailleurs une question qui me prit légèrement de cour.
« Si je suis à U.A ? Ah oui, c’est vrai que j’ai pas mon uniforme aujourd’hui, vu que j’avais que des cours pratique … Mais oui, je suis en troisième année. Filière Assistance ! C’est moi qui bricole, rafistole et bidouille des costumes et des gadgets pour les héros ! »
J’avais dis ça en bombant légèrement le torse, le poing levé et sur un ton volontairement théâtral et exagéré. Je pense que si j’avais pu voir la scène de l’extérieur, je me serai sans doute ouvertement moquée de moi-même tellement je devais avoir l’air ridicule. Mais bon, savoir se tourner en dérision et se donner en spectacle, ça faisait partie de mes atouts. Je regardai alors Astrid avec un grand sourire.
« Je voulais entrer en filière héroïque à la base. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai une carrure pareille : mon père est un ancien boxeur pro et il m’a coachée pour me sculpter un corps d’athlète. Sauf qu’avec l’alter que je me paie, j’ai vite fini par me rendre compte que ce serait trop dangereux, pour moi comme pour les autres, que je devienne une héroïne. Du coup, j’ai décidé de devenir la bricoleuse de service, et au final, j’adore ça. »
Et c’était vrai. Même si au fond de moi, j’avais toujours ce léger regret lié à mon abandon de la filière héroïque, au final, j’étais on ne pouvait plus heureuse de là où j’étais. Car avec le recul, je contribuais tout autant à sauver des vies de cette manière que si j’avais été parmi les héros professionnels. Le sourire que j’adressai alors à Astrid était tout ce qu’il y avait de plus sincère.
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Hitomi restait silencieuse et m'observait alors que je lui demandais si elle était une étudiante de U.A. Elle me portait pas l'uniforme mais oui elle était belle et bien étudiante dans cette école aussi. Avec le temps, cela pourrait faire une collègue d'école. Qui sait peut-être qu'elle allait devoir coopérer ensemble pour des projets varier pour les cours. Juste l'idée me faisais garder le sourire au visage.
Le moment où Hitomi se bombait le torse avec le poing lever ma fait rire un peu. Pas que je riais d'elle directement, mais simplement que la situation pouvait être cocasse. Je l'imaginais presque comme un soldat ou un homme qui était vraiment très confiant de lui. Cela me faisait du bien de voir qu'elle allait beaucoup mieux qu'au début de notre rencontre.
Elle commençait à me raconter sa vie. Enfin des petits détails comme qu'elle aurait voulu être dans le cursus héroïque et que cela pouvait expliquer son physique. Physique qui sortait de l'ordinaire, mais cela lui allait bien. Je ne me voyais vraiment pas avec cette morphologie. Elle expliquait que cela était du à de l'entraînement avec son père, mais qu'avec son alter cela allait être dangereux pour les autres et elle si elle avait continuer ce chemin là. Elle avait quoi comme alter dans ce cas ? Cela m'avait traversée l'esprit, mais j'attendait qu'elle finisse de dire qu'elle adorait ça d'aider les gens en bricolant les choses avant de prendre la parole à nouveau.
Je n'ai jamais eu cette envie de devenir héroïne. Frêle comme je suis, je ne ferais pas long feu. Alors j'ai opté pour le management pour mettre de la l'avant ceux qui on le courage de le faire et je ne le regrette aucunement et je suis contente de savoir que tu adores ce que tu fais. Juste une petite question par pure curiosité. C'est quoi ton alter au juste ?
Elle pouvait me le dire si elle le voulait, mais si elle préférait éviter la question. Cela serait parfaitement compréhensible.
Ce que m’avait répondu Astrid ne m’avait pas vraiment surprise, je devais l’admettre. Il était vrai que rien qu’en la voyant, on se doutait qu’elle n’était pas taillée pour le métier de héros. Elle était toute en finesse, une silhouette longue et élancée qui, combinée à sa gestuelle douce et délicate, lui donnait des airs de jeune princesse tirée d’un conte de fée. Sans parler de son visage doux et angélique. Après, de mon point de vue, ça ne suffisait pas à vous écarter définitivement de la voie de héros, mais je devais aussi admettre que tout le monde n’avait pas spécialement envie d’avoir un physique comme le mien. De plus, on voyait clairement que tout comme moi, elle s’était fait une raison et avant choisi d’aider à sa manière. Une manière plus accessible, moins risquée. Puis elle me demanda quel était mon alter.
« Eh ? Mon alter ? Ah oui, je l’appelle la Vision d’Aigle. En fait, mes yeux sont aussi performants que ceux d’un aigle, ce qui fait que j’ai une vue incroyablement détaillée. Par exemple, tu vois l’étudiant là bas ? Et bah je peux te dire avec certitude qu’il a une tâche de sauce soja sur sa manche gauche, pile à cet endroit. »
Je pointai alors un élève qui se trouvait au moins à une bonne cinquantaine de mètres. Une distance à laquelle il était impossible pour un humain à la vue lambda de voir un aussi petit détail. Mais pour moi, c’était comme si j’étais à côté. Tandis que mes pupilles changeaient radicalement de couleur, passant d’un bleu saphir à une teinte dorée et n’avait alors plus rien d’humaines, je continuai alors à décrire quelques minuscules détails que je pouvais noter sur des personnes ou des objets trop loin pour qu’Astrid ne puisse les percevoir.
« Et du coup, avec un alter pareil, à la base, je voulais devenir une spécialiste du renseignement et de l’espionnage. C’est pour ça que je me suis sculpté un physique aussi … atypique. Je voulais compenser le manque d’agressivité de mon alter par ma force brute. L’ennui, c’est que là où ma vue est surhumaine, ma force elle ne l’est pas. Face à n’importe quel alter un tant soit peu offensif, je serais alors totalement sans défense. Par exemple, imagine que je tombe face à un alter comme celui d’Endaevor … Je me ferais transformer en rôti en moins de deux. Bref … Au final, je me suis rendu compte que ma vue exceptionnellement détaillée m’était utile pour bricoler, puisque du coup je peux scruter mes créations dans le moindre détail, même quand elles sont portées par des étudiants. Je peux du coup tout de suite voir ce qui ne va pas, ce qui doit être améliorer, tout ça … Enfin voilà. C’est ça mon alter. »
Je regardai toujours au loin, le regard un peu perdu dans le vide. Je regardai le ciel, les nuages passer. Je me sentais déjà mieux, le fait d’avoir eu quelqu’un pour parler et vider mon sac m’avait fait du bien. Je savais cela dit pertinemment que dès le lendemain, je redeviendrai la Hitomi que tout le monde connaissait, celle qui s’occupait toujours des autres avant de prendre soin d’elle-même. Mais bon, c’était normal chez moi. Puis je reportai mon attention sur Astrid.
« Et toi, tu as un alter ? Il fait quoi ? »
Question idiote : personne n’espérait entrer à U.A sans avoir d’alter. Mais par courtoisie, je préférai demander, puisqu’elle était en filière management. Une filière dans laquelle un alter n’était donc pas forcément une nécessité.
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Je venais de lui demander ce qu'était son alter. Je m'attendais pas vraiment à une réponse de sa part. Comme si cela pouvait être un sujet un peu tabou à parler, mais bien au contraire, elle semblait ouverte à en parler. La vision de l'aigle cela semblait sympa comme alter. Elle avait donc une vision accrue. Cela pouvait être pratique pour observer au loin sans que les gens te remarque. Elle me montrait ensuite un étudiant. Étudiant que j'arrivais à peine à voir et elle pouvait me dire clairement qu'il avait une tâche de sauce sur la manche.
Il aurait pu nettoyer sa manche avant d'aller en cours.
Je riais un peu de ma remarque avant de lui dire que j'aimais bien son alter. Je l'écoutais ensuite me parler de d'autre petit détails qu'elle voyait à gauche à droite. Je voyais aussi que ses pupilles avaient changées de couleur. Une couleur qui ressemblait aux yeux ambrés mais en plus étincelants. À croire que ses yeux étaient véritable doré lorsqu'elle utilisait son alter. Hitomi m'expliquait ensuite comment elle voyait sa carrière de héros. Enfin jusqu'à temps qu'elle réalisait que son alter ne ferait pas le poids contre un alter puissant comme Endaevor. Puis, que son alter pouvait être pratique pour les bricoles qu'elle faisait en support.
Avec cet alter, tu dois être la meilleur de ta classe.
Lui disais-je alors qu'elle avait le regard dans les nuages. Elle prenait le temps de me demander à son tour qu'elle était mon alter.
Je voudrais bien te le montrer, mais cela est pas mal moins discret que le tien. Je l'appelle Lifestream. Cela me permet de créer ma propre source d'eau et de la contrôler.
L’alter d’Astrid avait l’air assez particulier. Pouvoir générer sa propre source d’eau et la manipuler, c’était plutôt amusant comme alter. Mais comme moi, elle estimait qu’il n’était pas adapté au métier de héros. Je n’étais pas forcément du même avis, avec de l’entraînement, aussi bien au niveau de son physique que de son alter, j’étais persuadée qu’elle aurait pu devenir une héroïne talentueuse. Mais c’était son choix, et il était vrai qu’avec le caractère dont elle avait fait preuve jusque là, je la voyais mal foncer dans la bataille et castagner du vilain.
« Ton alter doit être pratique en été, quand t’as soif. Ou alors pour arroser des plantes ! » dis-je sur un ton amusé, mais non moqueur.
Quand Astrid évoqua mon niveau en classe, je me rappelai soudainement pourquoi j’étais venue aussi tôt au lycée ce matin, et pourquoi je m’étais retrouvée en larmes sur ce foutu banc. En théorie, j’avais toutes les clefs en mains pour être la meilleure de ma promotion. Et sans vouloir me vanter, je pense que c’était le cas. Je pensais réellement avoir une longueur d’avance sur la plupart de mes camarades. Mais pourtant, mes notes ne suivaient pas. Je regardai alors mes pieds, un peu honteusement.
« Je pourrais être la meilleure, sans doute … Je pense que j’en ai clairement les moyens, mais … Quand tu m’as dessinée tout à l’heure, j’étais dans cet état car je me suis faite engueulée. On m’a passé un savon parce que mes notes ont "drastiquement chuté depuis le début de l’année" et que mon "comportement désinvolte et mes absences répétées sont inadmissibles de la part d’une élève de U.A", et ce genre de trucs … »
À chaque fois que j’avais cité les dires de mes professeurs, je m’étais appliquée à le faire sur un ton ridicule, grimaçant et accentuant chaque syllabe de manière volontairement exagérée afin de donner un air parodique à la scène. Même si au fond de moi, je savais qu’ils avaient raison, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire qu’ils me foutaient en rogne, alors que si je décrochai peu à peu de mes études, c’était parce que j’essayai de donner le meilleur de moi-même aussi en cours qu’à la maison. Je devais être au top, je n’avais pas le droit à l’erreur. Et si sur le plan théorique et disciplinaire, on pouvait me faire pas mal de reproches, quand il s’agissait de cours pratiques, j’étais toujours la meilleure.
« Le soucis, c’est que j’ai beaucoup trop de travail … Non pas que les profs m’en donnent plus que les autres, mais … je travaille aussi beaucoup sur mes propres projets. Et comme je peux pas faire ça sur le temps des cours, je fais ça sur mon temps libre. Mais là encore, souvent, les après-midi, soit je sors avec mes amies, soit j’aide mes parents à la maison. Enfin surtout mon père. »
Je marquai une pause, un sourire légèrement mélancolique se dessinant sur mon visage.
« Il a perdu l’usage de son bras droit il y a quelques temps, au cours d’un accident sur un chantier où il travaillait. Du coup, j’essaie depuis de lui fabriquer une prothèse, un truc qui pourrait l’aider à s’en resservir, ou un moins à lui faciliter la vie au quotidien … Mais du coup, j’ai que la nuit pour travailler dessus, alors je dors pas beaucoup … et donc parfois, ou même plutôt, souvent, je loupe le réveil, je suis en retard, je dors en cours … Bref, je décroche peu à peu des études et je t’avoue que je sais pas trop comment m’en dépatouiller … »
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Je venais d'expliquer mon alter à mon tour. Le commentaire d'Hitomi face à mon alter me faisait rire un peu.
C'est vrai qu'il est bien pratique en été. Quand j'étais petite, je l'utilisais pour aider ma mère avec les fleurs justement.
un petit sourire en coin sur mon sourire. Ce qui me rappelait les bons souvenirs que j'avais eu avec elle d'ailleurs. Comme s'ils passaient tous dans ma tête comme un film juste avant que l'étudiante qui se trouvait à mes côtés commence à répondre à ce que j'avais dis un peu avant l'explication de mon alter. Je ne pensais pas qu'en lui disant cela, qu'elle allait tout me raconter ce qui venait de lui arriver. Elle c'était fait engueuler la pauvre. Le ton ridicule me disait que cela l'avait profondément touchée. Je déposais de nouveau ma main sur Hitomi mais cette fois-ci sur la jambe pour tenter de la supporter comme je le pouvais alors qu'elle m'expliquait la situation. Elle avait beaucoup de travail entre les études et ce qui se passait à la maison. Pauvre papa, il avait beaucoup de chance d'avoir une fille aussi déterminée pour trouver une solution à son problème. Je trouvais cela vraiment attachant.
Hum ... est-ce que tu as déjà pensée à parler de ton projet pour ton père à l'école ? Comme cela, tu pourrais démonter que tout ce que tu apprends à l'école est mise en pratique même à l'extérieur que tous ses comportements et absences sont explicables et avec de la chance, les professeurs pourraient être un peu plus souple. Montre de quoi tu es capable. Toi Hitomi, montre tous les projets que tu as en cours. Montre que tu n'as pas l'intention de te laisser abattre par une simple engueulade. Montre qui est la plus forte !
Un pue plus, je me voyais avec des pompons de pompom girl pour l'encourager et cela me faisait sourire de nouveau.
Je me sentis d’abord un peu soulagée. J’avais eu brièvement peur que ma remarque ne blesse Astrid, mais elle l’avait prise dans le bon sens : une petite pointe d’humour et non une moquerie. Je serai d’ailleurs bien la dernière à venir me moquer de quelqu’un, que ce soit par rapport à leur physique ou leur alter, en ayant moi-même un peu pratique et efficace d’un point de vue héroïque.
Astrid m’écoutant attentivement quand je lui parlai de mon parcours scolaire un peu chaotique, lui expliquant les raisons qui m’avaient amenée à entrer dans un lent processus de décrochage scolaire et ainsi valu le droit de me faire bien gentiment remonter les bretelles. Sur son visage, on pouvait y lire une profonde empathie, qualité qui était, j’en avais parfois la sensation, bien trop rare, alors même que nous vivions dans une société super-héroïque. Heureusement, je savais que cette vision n’était pas vraie. Des personnes altruistes, empathiques et profondément bonnes, il y en avait toujours. Simplement, ce n’était pas toujours facile de s’en rendre compte au premier abord.
La jeune femme prit alors la parole pour me proposer une solution à mes soucis, et je devais admettre que l’idée n’était pas totalement dénuée de logique. Montrer l’avancée de mes recherches et de mes travaux sur la prothèse de bras que je tentais de fabriquer pour mon père pouvait en effet leur montrer que je ne me tournais pas les pouces, et que malgré les apparences, je ne négligeais pas mes études comme mes professeurs semblaient le penser, mais d’un autre côté, j’émettais des réserves.
« C’est pas une idée stupide, loin de là. Ils verraient effectivement que je me démène et que je mets en pratique tout ce que j’apprends en cours, mais … Je les vois déjà d’ici, à me rétorquer que mon projet aurait plus sa place dans les hôpitaux, et pas dans un lycée de super-héros. Que je devrais davantage me concentrer sur la création d’équipements de combat que des prothèses médicales. » Je marquai une pause, soupirant de lassitude. « D’un côté je comprends. Le but de mes études, c’est de devenir une ingénieure au service d’une agence de héros, ou en freelance. Mais le but, c’est avant tout de fabriquer des équipements pour les héros, pour les aider à faire leur job. Et pourtant … Dans un monde où presque tout le monde a des supers pouvoirs, j’ai l’impression qu’on a tendance à oublier qu’avant tout ça, les premiers héros qu’on a eu, c’étaient les pompiers, les policiers, les médecins, les infirmières, les ambulanciers … La liste est encore longue, mais eux aussi, ce sont des héros. Ils l’ont toujours été. Avant même que les alters n’apparaissent, ils étaient déjà là, n’hésitant pas à sacrifier leur vie pour sauver celle des autres. Alors … Je pense qu’il est de mon devoir d’aider absolument tous les héros. Pas seulement ceux qui portent un cape. Tu ne crois pas ? »
Je regardai alors Astrid en souriant. Il était vrai que mon objectif de carrière était toujours d’intégrer une agence après mes études, mais mon but premier, ma vraie motivation, c’était avant tout d’aider mon prochain, peu importe sa situation ou sa condition. Car avant tout, moi aussi, à ma manière, je voulais être un héros.
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Je venais de proposer une idée qui à mon avis pourrait l'aider. Enfin, je lui proposais cette idée car c'était ce qui m'avait traversée l'esprit à ce moment précis et un côté de moi souhaitait qu'elle puisse finir ses études et avoir le droit de travailler dans ce qu'elle voulait.
Elle prenait le temps de m'explique que c'était bien. Cependant, elle y voyait bien un soucis. Quand elle me le disait, je pouvais bien comprendre le doute qui semait en elle. Un projet de type médical n'était peut-être pas le bienvenue dans une école dit pour héros. Mais, elle avait sans doute d'autre projet qui pourrait attirer l'attention des professeurs. Puis, je trouvais cela honorable de sa part de vouloir aider le plus de monde possible y compris nos anciens héros qui était mis de côté depuis l'apparition des alters.
Je te crois totalement. Il ne faudrait pas les oublier ces héros d'antan.
Je disais en gardant toujours le sourire.
Peut-être que tu as d'autre projet qui pourrait les intéresser. Je ne sais pas moi... un projet que tu aurais fais pour des étudiants de U.A durant tes périodes libres.
Je pouvais entendre au loin mon professeur qui demandait au groupe de venir le rejoindre. Il était déjà rendu l'heure de rentrer à l'école ? Je me levais donc de mon banc voyant bien que mon groupe se dirigeait vers la sortie de cet endroit pour se diriger sûrement dans nos locaux. J'entendais l'enseignant crier mon nom. Est-ce que j'étais la seule qui avait prit plus de temps pour aller le rejoindre ? Je lui criais que j'allais être là dans deux minutes. Après tout, je voulais quand même prendre le temps de dire un bye bye à Hitomi avant de retourner à mon cours.
Tu trouveras bien une solution. J'en suis certaine. Ça été un plaisir de te rencontrer Hitomi et j'espère que l'on pourra se revoir.
Je la serrais rapidement dans mes bras avant de m'éloigner et de lui faire un salut de la main pour rejoindre enfin mon groupe au déplaisir de mon prof qui commençait à s'impatienter. Cette rencontre fut courte, mais agréable. Je lui souhaitais tout le bonheur du monde et surtout une réussite dans ses études.
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