Parfois, il nous arrive de marcher dans la rue sans réelles convictions. Nous croisons des gens, toute sorte de gens, des beaux et des moins beaux, certains au physique banal, parfois des excentriques, des marginaux.

Emiko c'est typiquement la personne que tu croises dans la rue en te disant « waouh, elle est belle, mais elle est... spéciale. » avec sa chevelure bleue claire, longue jusqu'à la moitié de son dos, et ses grands yeux vairons. Une petite bouche rosée et discrète orne le bas de son visage, cachant ses dents qu'on ne voit pratiquement jamais de part son sourire presque inexistant. De ses prunelles azures et écarlates, elle observe le monde du haut de son mètre cinquante huit, souvent habillée à l'aide de vêtements trop grands, tantôt blancs, tantôt noirs, et parfois roses, mais vous savez ce qu'on dit ; le confort avant tout. Parfois, elle se permet de porter des vêtements un peu plus féminins et chics, mais ce n'est pas sa préférence première.

Habituellement coiffée de deux couettes, ou simplement pas coiffée du tout, cette jeune fille est une beauté au naturel -et heureusement d'ailleurs, vu comment elle ne prend pas la peine de soigner son apparence, elle n'en a pas besoin-, même si la beauté reste subjective.

Emiko a une peau pâle et presque aucune imperfection, elle serait presque flippante si elle ne possédait pas un peu de couleur sur ses pommettes. Elle ressemble à une petite poupée, une poupée à la fois mignonne et étrange...

Firefly. Un nom doux, mélodieux. Qui pourrait penser qu'il appartiendrait à une vilaine ?Difficile à croire, non ? Et pourtant.

Emiko est une demoiselle charismatique, malgré son physique excentrique, elle dégage quelque chose de gracieux, de mélancolique. Pourtant, la jeune femme est complètement apathique, introvertie, à la limite du je-m'en-foutisme de l'extrême. C'est le genre de personne que l'on croise, et qu'on a l'impression de ne jamais voir sourire, qu'il s'agisse de joie ou de malice.

La vilaine est très centrée sur elle-même. Si on ne l'emmerde pas, elle se tient tranquille, il est même possible de l'aborder, en réalité. Mais lorsqu'elle est dérangée par quelqu'un, elle peut devenir impitoyable. N'allons pas jusqu'à dire sadique, mais elle n'aime pas qu'on l'emmerde, peu importe la façon, que ce soit volontaire ou non. Emiko possède sa propre justice. Parfois, elle agit selon ses propres idéaux, et se fiche complètement de la légalité ou de l’illégalité de ses gestes. C'est un témoin neutre. Elle peut prendre le parti d'un innocent, tout comme d'un criminel. Cela dépendra de sa vision des choses. Emiko est imprévisible, et parfois ambivalente.

Firefly n'est pas non plus sans cœur. Elle a des émotions, comme n'importe quel être humain en vie. Simplement, elle les refoule, cela en est devenu un art, elle ne le fait même pas exprès. Elle conserve ses émotions jusqu'à ce que la goutte d'eau fasse déborder le vase. Dans ces moments, la jeune femme froide et apathique devient une bombe à retardement. Elle peut alors éclater en sanglot ou frémir de colère noire, et dans tous les cas, ce n'est pas un spectacle agréable à observer.

Emiko a cette manie de faire de l'origami pour s'occuper les mains. Un drôle de passe-temps, en effet. C'est sa manière de s'exprimer sans un mot, de faire quelque chose d'autre que de errer sans réels convictions. Elle utilise beaucoup son alter aussi, pas forcément pour attaquer les autres, mais simplement parce qu'elle le trouve beau, et qu'il fait office de lumière dans l'obscurité de la nuit.

Parfois, on n'a pas de chance dans la vie. C'est comme ça, on y peut rien. Ce n'est pas de notre faute, on a rien demandé, hm ? Alors pourquoi sommes-nous les cibles de cette vie dégueulasse qui nous est destinée ? La société ne veut pas que les vilains existent, que d'hypocrisie. Si vous souhaitez la paix, la beauté dans ce monde, alors rendez ce monde beau. Ne le pourrissez pas. Aidez les gens dans le besoin avant qu'il ne soit trop tard.

Mais cela n'est qu'un rêve. Ma vie a été complètement pourrie. Mes parents ne voulaient même pas d'enfants. Ils m'ont laissé seule à mon sort lorsque j'avais à peine huit ans. Je ne me souviens plus d'eux, à part qu'ils se fichaient de moi la plupart du temps. Ils se contentaient de me nourrir, de me loger, et ils m'ont donné un prénom. Emiko. Je n'ai jamais compris ce que voulaient mes parents. Je ne sais même pas pourquoi ils ne m'ont pas abandonné dès ma naissance, au lieu d'essayer d'effectuer un rôle de parents aussi pitoyable que leur propre existence.

Quoi qu'il en soit, j'ai été recueilli par des vilains errants. Je les ai suivi depuis ma tendre enfance. J'ai vu des vilains se faire attraper par des héros, alors je ne m'attachais pas à eux. À quoi bon, ils allaient tous partir, de toute façon.

Je suis allée à l'école. Un vilain avait réussi à m'y inscrire, je ne saurais dire de quelle façon. J'ai toujours fait comme si j'avais une vie normale. Une petite famille, une maison, tout ce qu'il y a de plus banale. Lorsqu'on a appris que ma maison était les rues et les ruelles de la ville, on pourrait croire que les autres enfants m'ont soutenu, m'ont réconforté.

Que de foutaise. Je n'ai reçu que des moqueries, des preuves que devoir prouver que nous sommes meilleurs que les autres est beaucoup trop important dans notre société. Ils étaient bien contents d'être meilleurs que moi, d'avoir une vie paisible. Je n'ai jamais compris ce comportement, mais j'ai fini par l'accepter. Au temps pour moi, j'ai commencé à agir en petite garce avec eux, mais qui s'en préoccupait ? Ils étaient insupportables, alors je le devenais aussi. C'est ce que j'ai toujours appris.

Heureusement, j'ai pu acquérir de la culture. Mais j'ai continué à errer dans les rues, sans avoir de réel chez moi. C'est épuisant, vous savez, d'être nomade. J'ai découvert mon alter avant d'aller en cours, alors ce n'était pas un souci pour moi. J'ai appris à le gérer comme je le pouvais, avec l'aide que j'ai pu avoir, mais surtout par moi-même.

Aujourd'hui, j'en suis à ma vingtième année. Je commence à me dire que je devrais prendre ma vie en main, mais d'un autre côté je me dis... à quoi bon ? J'ai commis des infractions, j'ai fait du mal à des gens qui, selon moi, le méritaient. Il était désormais trop tard. Je ne pouvais plus reculer, désormais. Je ne pouvais qu'accepter ce que j'étais, ce que j'étais devenue. De toute façon les héros, ils s'en fichent, de notre sort. Ils n'essayent pas de comprendre ce qui s'est passé... avant. Ils veulent simplement la gloire.

Moi je ne cherche pas la gloire. Je cherche une vie un minimum agréable à vivre. Il faudrait que je réfléchisse à un quelconque moyen d'atteindre cet objectif pathétique qui résume bien ma vie pitoyable. Mais en attendant, me voilà assise sur le toit d'un immeuble, écrivant mon histoire sur un bout de papier. Je ne sais même pas pourquoi je fais ça. Peut-être qu'un jour, quelqu'un tombera dessus et comprendra la souffrance de ce monde. La souffrance que certaines personnes peuvent vivre dans l'ombre.

Qui sait, peut-être.

Emiko fit un avion avec la feuille de papier sur laquelle elle venait d'écrire ces mots qui, pour elle, ne signifiaient pas grand chose désormais. Enfin, parfois, se vider l'esprit peut être une source d'apaisement. Elle lança l'avion et, à l'aide du vent, il entama un voyage qui se terminera nul ne sait où. Qui sait, peut-être était-ce le début d'une nouvelle vie pour Emiko.

Peut-être, qui sait ?