Les parents de ce brave petit se sont rencontrés pendant qu'ils effectuaient une mission chacun de leur côté. J'était plus jeune alors, je ramenais encore des poissons dans mes filets. Sa mère, une héroïne dynamique et efficace comme on en fait plus, Medusa c’était son nom de scène, toujours à défendre la veuve et l’orphelin, surtout la veuve d’ailleurs, c’était une sacrée féministe cette jeune femme, elle s’appelle en réalité Ruby. Bon au moins ils ne se foulent pas pour les prénoms dans cette famille. Son père, je ne me souviens plus de son nom de héros, mais en tant que civile il s’appelle Ryan Shell, il était moins connu que sa femme à l’époque, et il traquait encore les vilains. Bref, 2 ans après, les voilà mariés, ils partirent alors roucouler leur lune de miel sur un tour du monde fantastique, un truc pas croyable d’une année entière ! Ruby m’a montré les photos. Je pense que les beaux parents ne doivent pas raquer sur les dépenses…
Toujours est il qu’au retour de cet idylle, la mariée revins un mignon petit poupon dans les bras… enfin mignon, qu’on s’entende, c’était un bébé, et on dit qu’ils sont mignons uniquement pour faire plaisir aux parents hein… Bref le petit Cody était né.
A l’époque, ses cheveux étaient d'une couleur bien plus clair, mais il rattrapait ça en devenant tout rouge par moment, un vrai feu de signalisation le petiot. Mais sans les coups de klaxons s’il vous plait ! Je ne l’ai jamais entendu crier, même quand je le gardais chez moi, un vrai petit ange. Oh, il geignait bien quelques fois, mais à peine, et il se calmait assez vite. Non vraiment c’était pas un gamin pénible cette crevette. Aussi en grandissant, il garda cette habitude…
Mais ne me faisait pas dire ce que je n’ai pas dit ! Il était loin d’être sage, il en a fait des bêtises, surtout des escapades dans les bois, puis dans les récifs, parfois alors même que du grain s’annonçais, quand mon genou me lançait de tous les diables. Il rentrait en général avec des blessures, plus ou moins graves, mais grâce au ciel, Cody s’en remettait toujours rapidement. Il se faisait enguirlander comme pas possible et après il venait se réfugier chez moi pour profiter du dîner, la canaille… Non ce que je veux dire c’est que Cody n’était absolument pas capricieux ou plaintif.
Je le connaissais bien l’animal, comprenez, il passait beaucoup de temps chez moi jusqu’à ses onze ans, tant qu’il était encore scolarisé sur l’île. Car ses parents, même s’ils avaient pris leur retraite de héros vers les 5 ans de leur fils, ils s’étaient reconvertis, et étaient assez occupés. Ryan en garde-côte, où il était le chef, et Ruby en océanologue. Ils s’occupaient de leur enfant croyez-moi, mais je jouais un peu le rôle de grand-mère, les parents de Ruby étant décédés.
Après ses onze ans je l’ai moins vu, même si Cody me rendait toujours visite, mais il est allé au collège à Brisbane, sur le continent australien. Il ne rentrait que le weekend sur la petite île non loin des récifs.
C’est dans cet établissement qu’il a rencontré la petite Shelby, une jeune fille adorable, je sais qu’ils ont fait les quatre-cents coups ensemble. Ils étaient très proche pour sûr, je crois même que Ryan, le père de Cody espérait qu’ils se mettent ensemble, ce qui bien sûr n’arriva pas, et n’arrivera pas, envers et contre tout. Vous voyez, Shelby était l’alter ego de Cody, elle n’était simplement pas du bon genre… Il ne l’a pas encore dit à ses parents, mais moi je l’ai su, tout simplement à la manière dont il regardait l’un de ses amis, James…
Un garçon au grand cœur ce James, un tantinet chevaleresque, peut être à cause de son côté français ? Il est devenu ami avec mon petit Cody pendant l’été qui à précéder son entré en dernière année de collège, une histoire d’emménagement récent en Australie, un accent français qui m’aurait fait oublier mes quatre-vingt-dix-huit belles années ! Mais c’est ma crevette qui a ravi son cœur, bien à son propre insu à vrai dire. Je les ai vu se tourner autour, Cody était complètement aveugle à ce moment-là, il n’avait absolument aucune idée que James avait le béguin pour lui, alors que lui-même aurait donnait son cœur à ce jeune homme.
Il y a eu un passage où Cody a été très jaloux de Shelby, car il pensait que celle-ci avait une relation avec James. Il s’est sentit trahit au-delà du possible… ce fut une très mauvaise période pour lui, il a commis quelques bêtises que seule la position de ses parents a pu rattraper. Et heureusement pour lui, car son brillant avenir aurait pu lui échapper, et il ne serait plus en cycle héroïque maintenant, je… je me demande même jusqu’où il aurait pu aller, si il aurait fini par basculer de l’autre côté… Mais tout est revenu dans l’ordre, la petite Shelby était juste devenue la confidente de James, et après une bonne crise de larmes et de cris, les deux ont enfin pu se trouver. Cependant un autre incident a de nouveau ébranlé ce pauvre Cody, et son couple…
Cette année-là, ce fut une année El-Niño, vous savez quand les alizées s’inversent, de grandes sécheresses et des incendies à perte de vue s’abatte sur toute l’Amérique du sud, tandis que des tempêtes et des pluies diluviennes ravagent l’Océanie pacifique… Les vagues ont déferlé sur l’île, j’ai cru que le Grand serpent arc-en-ciel avait décidé que nous devions disparaître, beaucoup d’arbres sont tombés… dont plusieurs sur ma maison, dans laquelle je me trouvais…
Cody n’a jamais vraiment voulu être un héros, bien qu’il arrivât à se convaincre du contraire, il voulait inconsciemment faire plaisir à ses parents je crois, enfin jusqu’à cette nuit, à la fin de l’année scolaire. Ce que je vais vous raconter, c’est la petite Shelby qui me l’a dit. Cody était inquiet, il a eu un présentiment, dans sa chambre, à l’internat. Cela faisait plusieurs jours que s’abattait les pluies, Cody est un enfant brillant, il a vite compris que les services de secours ne pourraient pas intervenir avec le vent violent qui balayait la région. Shelby l’a surpris dans le hall de l’internat, alors qu’il allait sortir. Elle m’a dit qu’elle ne l’avait jamais vu aussi sérieux, elle n’a pas eu le temps de le retenir, Cody s’était élancé dans la tempête…
Cody a essayé de traverser la mer à la nage. Chose que je peine encore à croire aujourd’hui. Son alter ne le rend pas meilleur nageur, mais il peut respirer sous l’eau, c’est ce qui lui a permis de ne pas se noyer. Autrement, il serait tout simplement mort.
Il n’a jamais pu atteindre l’île. Ses parents alertés par Shelby et James lui sont venus en aide, en déployant tous les moyens dont disposait les secours, pour récupérer leur fils… Rameutant les équipes de secours à force de leur ancien contacts.
Entre temps, les arbres s’étaient effondrés sur ma demeure, qui n’était plus une pour ce que ça valait, et je me suis retrouvée coincée sous les décombres. Je ne me suis réveillée que le surlendemain, dans un lit d'hôpital. Les parents de Cody m'avaient secourue, hélas à mon âge, ça ne pardonne pas...
L'incident a tellement chamboulé le pauvre petit qu'il lui a donné une nouvelle ambition, une vrai volonté de devenir un héros, à l'image des ses parents non pas pour leur faire plaisir, mais parce qu'il a réellement compris leurs véritables ambition, sauver les vies humaines, au prix de sa propre vie ! C'est donc pour ça qu'il s'est lancé dans le programme héroïque, pour développer son plein potentiel... Etant le meilleur de son établissement, il réussi sans peine a s'y faire accepter. Mais malheureusement pour Cody, et heureusement pour sa mère, Ruby se vit proposer un poste par une compagnie nippone, quelque chose de très bien payé, et d'extrêmement stimulant intellectuellement à se qu'il parait... Le problème, fut que le poste en question impliqua un déménagement manu militari au Japon. J'ignore ce que Cody aurait préféré, toujours est il que leur famille s'est envolée pour le pays du soleil levant, et que James est resté, seul.
Des lettres que j'ai reçu, j'ai compris que mon petit avait été accepté à U.A, une prestigieuse académie formant des héros. Cela fait maintenant un an qu'ils sont au Japon, et ma crevette entame sa deuxième année dans cette école. Il était également question dans la dernière lettre que Cody viendrait passé l'été prochain chez moi. Je n'ai pas eu le courage de lui dire que j'ignorais si je serais encore là pour l'accueillir
-Wallalla, Vielle aborigène et grand mère adoptive de Cody-
La vielle dame ferme ses yeux, épuisée, un faible soupir s'échappe de ses lèvres, un rayon de soleil éclaire son visage buriné et travaillé par les ans...